Parfois il vaut mieux ne pas savoir. (Darlene)

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Parfois il vaut mieux ne pas savoir.

La journée avait été longue, Isobel n’était pas mécontente de pouvoir rentrer chez elle et se reposer un peu. On pourrait croire que le travail de secrétaire n’était pas épuisant, mais il l’était sincèrement. Et d’autant plus quand son patron n’était pas au meilleur de sa forme. Isobel ne reprochait évidemment rien à Henry Shaw, bien au contraire, elle aimerait être capable de le soutenir et de lui apporter son aide. Malheureusement ce n’était pas possible, elle ne pouvait rien faire et elle devait réussir à palier ses soucis de moral. Même si on ne lui demandait évidemment pas de prendre grand-chose en charge non plus, il ne fallait pas se leurrer, elle n’était qu’une femme après tout. Mais sa charge de travail était quand même importante et l’ambiance du bureau n’était pas la plus heureuse.

Alors, ça lui faisait du bien quand elle pouvait quitter son bureau et prendre le chemin menant à son appartement, quand bien même une fois qu’elle se retrouvait seule… elle avait toujours peur de son ombre et de ce dont elle était capable de faire. Mais ce jour-là, la jeune femme n’avait pas l’intention de rester longtemps chez elle. Elle avait l’intention de se rendre à l’église dans la soirée, afin de participer à une messe bien sûr, mais également faire toutes les bonnes actions qu’elle pouvait envisager de faire. Elle sentait qu’elle en avait besoin, elle craignait ce dont elle avait été capable de faire ces derniers temps.

Mais alors qu’elle marchait sur le chemin du retour, son regard tomba sur Darlene de l’autre côté de la rue. Isobel afficha un sourire en la voyant, mais elle sentit aussi son cœur se serrer. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas eu de nouvelle de Darlene, alors qu’elles s’entendaient bien. Elles ne s’étaient plus vus depuis un moment (sans que Isobel ne se rende compte qu’elles s’étaient bel et bien croisé plus tard qu’elle ne l’imaginait), et elle n’avait à présent aucune nouvelle de son amie. Ça ne voulait peut-être rien dire, mais en même temps la jeune femme ne pouvait pas s’empêcher de se sentir attristée. Prenant son courage à deux mains, la jeune femme décida de traverser la rue dans le but de rejoindre la jeune femme.

« Salut Darlene. » Dit-elle en arrivant à sa hauteur. Si elle connaissait la vérité, peut-être qu’elle n’aurait pas pris le risque de venir lui parler, mais elle était loin de se douter de ce qui s’était passé. Alors qu’elle pourrait peut-être le faire quand même, qu’elle se connaissait malheureusement beaucoup trop. « Comment tu vas ? » Demanda-t-elle innocemment.

En espérant quand même sincèrement que son amie allait bien. Elle appréciait énormément Darlene, elles se connaissaient depuis un moment maintenant. Isobel tenait beaucoup à la jeune femme, qu’elle ait eu des nouvelles d’elle récemment ou non ne changeait pas cet état de fait. Elle espérait donc sincèrement qu’elle allait bien, qu’elle n’avait pas eu de soucis et que donc ce n’était pas à cause de souci qu’elle n’avait pas eu de nouvelle d’elle depuis un moment.

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Parfois il vaut mieux ne pas savoir.

D

arlene n'avait pas beaucoup d'amis, mais elle estimait que leur nombre n'était rien, c'était leur qualité qui comptait, et c'était justement parce qu'elle prenait soin d'accorder le plus de temps et d'attention possibles à ses amis qu'elle en avait finalement peu, mais qu'elle ne négligeait jamais. Elle s'arrangeait toujours pour les voir aussi régulièrement que possible (bon, dans le cas de Wade, ce n'est pas bien difficile, en même temps, ils se voyaient forcément tous les jours, et elle en était heureuse), et pour être présente pour eux afin de ne jamais passer à côté de ce qui pourrait se produire d'important dans leurs vies respectives. Elle y mettait un point d'honneur, et en temps normal, elle s'y tenait. Cela pouvait lui arriver d'avoir quelques frictions avec certains de ses amis, parfois (encore que c'était plutôt rare, Darlene restait douce, docile et conciliante de nature et ne supportait pas l'idée de se prendre la tête avec des personnes qu'elle appréciait), mais généralement, l'on finissait par arrondir les angles, et tout se passait bien.

Généralement. Avec Isobel, les choses ne s'étaient absolument pas passé ainsi. Mais il faut dire que la dernière fois qu'elles s'étaient vues, Darlene ne l'avait absolument pas reconnue, c'était... simplement comme si elle se trouvait en présence de quelqu'un d'autre, même sa manière de s'adresser à elle avait été différente. Darlene était ressortie de leur conversation déçue, vexée, bouleversée. Et décidée à ne plus adresser la parole à Isobel, du moins pas tant que cette dernière ne lui aurait présenté des excuses. C'est que Darlene avait le défaut d'être particulièrement rancunière. Elle avait le coeur sur la main, elle donnait facilement son attention et sa confiance, mais quand elle se sentait trahie... sa réaction était la colère, le plus souvent. Et en l'occurrence, elle gardait de sa dernière conversation avec Isobel une rancoeur certaine, qui la mit d'assez méchante humeur quand elle croisa cette dernière en pleine rue, qui ne trouva rien de mieux que de s'adresser à elle, tout sourire, comme il ne s'était absolument rien passé, comme si tout était normal et qu'elle n'avait absolument rien à se reprocher.

-Donc tu penses vraiment qu'on va se reparler comme si de rien n'était ? observa Darlene en croisant les bras.

Pour elles, il n'en était pas question. Déjà qu'il fallait qu'elles se croisent en pleine rue pour qu'elle ait des nouvelles d'Isobel alors qu'elle aurait largement préféré que cette dernière vienne la trouver pour lui présenter ses excuses en bonne et due forme. Elle espérait bien au moins qu'Isobel allait lui donner des explications. Elle la trouvait singulièrement culottée de s'adresser à elle de cette façon, comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes, comme si elles ne s'étaient pas brouillées la dernière fois qu'elles s'étaient vues.

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Isobel était ravie de revoir Darlene qu’elle avait le sentiment de ne pas avoir vu depuis une éternité. C’était un peu comme si le destin avait décidé de les mettre sur la même route, puisqu’elles avaient la chance de se croiser dans la rue. Du moins, c’était ainsi que la jeune femme voyait les choses, même si elle était bien loin de se douter de la réalité des événements. Ce ne fut pas bien difficile de se rendre compte que quelque chose n’allait pas, dès que la jeune femme prit la parole. Elle lui rétorqua visiblement agacer qu’elle pensait qu’elles allaient se parler comme si de rien n’était. Isobel fut surprise de la réaction de la jeune femme sous ses yeux, ne s’attendant pas du tout à quelque chose de cette nature. Elle qui avait cru d’ores et déjà que Darlene allait afficher un sourire, qu’elles allaient être contentes de se croiser et donc qu’elles allaient pouvoir profiter de ce concours de circonstance pour passer du temps ensemble. Mais visiblement, ce n’était pas le cas.

« Eh bien… » Isobel était tellement étonnée et mise devant un fait qu’elle ne comprenait absolument pas, qu’elle n’avait aucune idée de comment répondre à la remarque de Darlene. Elle ne voyait pas pourquoi elles ne pourraient pas se parler comme si de rien n’était, parce qu’elle ne voyait pas ce qui pouvait potentiellement empêcher le fait qu’elles se parlent. « Je ne comprends pas, qu’est-ce qu’il se passe ? Pourquoi on ne se parlerait pas normalement ? » Demanda-t-elle, mise à mal devant les propos de son amie.

Isobel ne comprenait vraiment pas ce qui était en train d’arriver. Et même si elle avait conscience que sa vie était quelque peu complexe et qu’il lui arrivait un tas de chose étrange, elle était bien loin de se douter que son amie avait eu l’occasion de la voir sans qu’elle ne soit capable de s’en rappeler. Alors que c’était quelque chose qui arrivait souvent. Cela dit, la jeune femme avait une « chance » de ne pas avoir énormément d’amies et donc de ne pas avoir tant que cela de risque que ces personnes n’aient pas la chance de tomber sur elle dans ses beaux jours. Et ce n’était pas comme si elle était furax simplement parce qu’elle avait ses règles, ça allait évidemment bien plus loin que tout cela. Dans le cas de Darlene, c’était allé d’ailleurs particulièrement loin, sans que la jeune femme ne soit capable de le savoir, qu’elle soit même capable de l’imaginer.

Au final, elle se retrouvait devant son amie, voyant son bonheur de la retrouver complètement piétiné par ses propos, sans être capable de comprendre de quoi il était question. Avec un fond, ce désir que tout cela ne soit qu’une mauvaise blague, mais ça serait bien trop beau que ça en soit une. Et malheureusement, elle n’allait pas avoir réellement de possibilité d’expliquer la situation, parce que c’était une situation qu’elle ne s’expliquait pas elle-même…

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Parfois il vaut mieux ne pas savoir.

I

sobel semblait s'étonner sincèrement de la réaction de Darlene. C'était la meilleure, ça, pour un peu, elle aurait le sentiment que son amie essayait de la faire passer pour une folle ! Mais Darlene gardait un souvenir cuisant de leur dernière conversation, elle savait pertinemment qu'elle ne se serait jamais imaginé quelque chose d'aussi déplaisant juste pour le plaisir. Au-delà du fait que ce n'était de toute façon pas son genre. Elle détestait le conflit. Si elle devait y faire face, elle ne prenait pas la fuite, certes, mais ce n'était définitivement pas une chose qu'elle aimait. Et c'était ce qu'elle avait le sentiment qu'Isobel était en train de faire : fuir, prétendre en espérant que ça passe. Et le pire, c'est qu'elle était particulièrement convaincante. Darlene ne lui soupçonnait pas de tels talents d'actrice. C'était d'autant plus insultant pour elle, pensait-elle. C'était n'accorder ni respect, ni crédit à leur amitié, et c'était une chose qu'elle acceptait difficilement. Pour le moment, elle se contentait d'accuser le coup, mais c'était définitivement la rancoeur et la déception qui primaient.

Si Isobel avait dû lui présenter ses excuses d'entrée de jeu, Darlene n'aurait pas franchement été aux anges, mais la pilule serait déjà mieux passée. Cela n'aurait pas excusé le fait qu'elle ait tant tardé à se faire pardonner, pas plus que son attitude de départ, mais ça aurait été un début. Elle aurait pu avancer des raisons à ses propos, elle aurait pu la convaincre ne pas avoir pensé ce qu'elle disait ou... qu'importe, lui donner le sentiment de regretter, au moins. Mais rien de tout ça. C'était comme si Isobel ne réalisait même pas à quel point elle avait pu la blesser. C'est fou, quand même ! Darlene voulait bien admettre être une jeune femme sensible, mais elle ne pensait pas réagir exagérément en tenant encore rigueur à son interlocutrice de la teneur de leur dernière discussion.

-Vraiment, tu te poses la question ? rétorqua Darlene, plus refroidie que jamais.

C'est qu'elle accusait une double déception. Son amie l'avait déçue précédemment, quand elle s'était comportée auprès d'elle de façon innomable, et elle recommençait à présent, en jouant les innocentes, en faisant comme si elle n'avait rien dit ou fait de grave. Darlene refusait de passer l'éponge et de faire comme si rien ne s'était passé. Il ne fallait pas compter sur elle pour ça, hors de question. Elle méritait un minimum de respect, tout de même, et c'était un respect qu'Isobel, avait-elle en tout cas le sentiment, ne lui adressait vraiment pas à l'heure actuelle. Si elle estimait que ce qui s'était passé n'était pas grave, c'était encore pire, parce que cela voulait dire qu'elle ne connaissait vraiment pas la jeune femme qui lui faisait face.

-Tu m'as insultée, tu m'as humiliée, et maintenant tu vas faire comme si rien ne s'était passé ?

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Elle se posait bel et bien la question, vraiment. Isobel se posait la question, parce qu’elle ne comprenait pas du tout pourquoi Darlene réagissait de cette manière avec elle. Que s’était-il passé pour qu’elles en arrivent à ce stade, pour que son amie s’étonne de la voir lui parler normalement. Isobel avait le sentiment de jouer aux montagnes russes, elle était montée haut en voyant Darlene, heureuse de pouvoir la croiser pour lui parler, heureuse de la retrouver après un temps long tout de même où elles ne s’étaient pas parlés. Et maintenant, elle tombait de très haut parce que Darlene ne partageait en aucun cas sa joie de la croiser. Isobel ne comprenait pas… elle ne comprenait vraiment pas ce qui se passait.

La jeune femme ne comprenait définitivement rien à ce qui se passer et ça lui faisait peur. Quand Darlene reprit la parole, elle se senti blanchir en entendant les propos de son amie. Elle l’avait insultée, elle l’avait humiliée et maintenant elle faisait comme si rien ne s’était passé. Un long frisson parcourut son échine en entendant les paroles de son amie, qui ne donnait vraiment pas le sentiment de mentir. En même temps, Isobel connaissait suffisamment Darlene pour savoir que la jeune femme n’était pas du genre à mentir, surtout pour ce genre de chose. Alors… qu’est-ce qui avait pu se passer. Forcément, la jeune femme se posait la question, elle se demandait vraiment ce qui était arrivé mais surtout… elle commençait à croire que tout c’était de sa faute. Elle se sentait faiblir en se disant qu’elle avait pu faire des choses à Darlene sans s’en rappeler, comme ça pouvait arriver bien souvent. Et si… et si ce qui se trouvait souvent chez elle avait agit contre sa volonté avec Darlene ? Elle ne saurait pas l’expliquer et elle avait le sentiment de perdre pied. Elle ne savait plus du tout quoi penser de tout ça.

« Je t’assure que je… enfin, j’en… je m’en rappel pas du tout Darlene. » Dit-elle la voix tremblante. Elle pourrait se contenter de nier les faits, de dire qu’elle n’avait pas fait une telle chose, mais au fond d’elle, elle se disait justement que ce n’était pas complètement impossible justement. Malheureusement, elle se disait que c’était parfaitement possible, qu’une part d’elle avait pu faire ça sans le vouloir. Et ça lui faisait peur. C’était une preuve en plus qu’elle n’était pas elle-même, qu’elle avait quelque chose qui n’allait pas. En plus de ses absences… ces absences qui avaient visiblement des conséquences. Elle se sentait mal parce qu’elle prenait en pleine poire une conséquence de ces absences et qu’elle s’en voulait tellement d’entendre autant de reproche de la part de Darlene, elle s’en voulait de se dire qu’elle avait pu lui faire du mal, lui dire des choses horribles. « Je suis désolée Darlene, ce n’est vraiment pas ce que je voulais. Ce n’était… je n’étais pas moi, je n’aurais jamais fais ça. »

Non, jamais elle n’aurait pu insulter ou humilier son amie, jamais.

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Parfois il vaut mieux ne pas savoir.

I

sobel paraissait parfaitement confuse, au point que Darlene ne savait plus vraiment quoi penser de cette situation. Est-ce qu'elle devait croire son amie (si elle l'était encore) sur parole et supposer qu'elle avait été victime d'un accès de folie suivi presqu'aussitôt d'une amnésie fulgurante ? Peut-être bien, mais ça semblait absolument ridicule, comme explication. Isobel avait beau semblait entièrement sincère, et Darlene avait beau se dire qu'il n'était pas dans la nature de la jeune femme de mentir, elle ne présumait plus de quoi que ce soit, dorénavant. Elle avait vu son amie sous un jour que jamais elle n'aurait soupçonné, et elle ne pouvait pas faire tout simplement table rase et prétendre que tout ça n'avait jamais eu lieu alors que les propos qu'elle lui avait tenus la dernière fois avaient été terriblement vifs et violents, et avaient quelque part donné à Darlene l'impression de n'être jamais qu'une moins que rien.

Après cette discussion, Darlene avait mis du temps à se remettre, très honnêtement. Elle s'était posée des centaines de questions, avait même fini par remettre en cause son propre comportement, se demandant si elle avait pu réellement dire ou faire quelque chose de susceptible de contrarier son interlocutrice. Elle était complètement perdue autant qu'agacée de l'attitude d'Isobel. Si au moins cette dernière s'était d'office confondue en excuse !! Darlene ne lui aurait peut-être pas pardonnée, en tout cas pas tout de suite, mais elles auraient tout de même pu repartir sur des bases un peu plus saines et plus solides. Là, la jeune femme se sentait honnêtement... perdue. Et d'autant plus perdue que son amie semblait l'être tout autant. A ce stade, comment démêler le vrai du faux et en prendre son parti ?

-Mais tu l'as fait, Isobel. Elle marqua une pause. Je ne sais pas à quoi tu joues, si tu es sérieuse ou pas, mais qu'est-ce qui me dit que dans deux minutes, tu ne vas pas te remettre à me traiter de moins que rien et à cracher sur notre amitié ? Peut-être que tu n'as aucun souvenir de ce que tu m'as dit - mais franchement j'en doute -, mais tu as été blessante. J'ai attendu que tu viennes me présenter des excuses pendant des semaines. Je me suis demandé ce que j'avais bien pu faire pour que tu me traites comme ça... Je ne sais pas ce qui t'as pris ni même si tu te fous de moi en ce moment ou si tu es sincère, mais si c'est le cas, tu as un vrai problème.

Si vraiment elle pouvait insulter ses amis la veille et ne pas s'en souvenir le lendemain, il fallait qu'elle se soigne, elle avait un souci d'ordre psychiatrique, et Darlene n'avait pas à subir cela.

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Isobel était tout simplement en train de vivre son pire cauchemar. Elle avait toujours eu peur de se retrouver dans une telle situation, où elle comprenait qu’elle avait fait des choses sans s’en rappeler. À force, elle avait bien que par moment elle faisait des choses contre sa volonté, qu’elle oubliait des grandes parties de sa vie. Elle avait toujours eu peur de se retrouver donc dans une situation où une personne lui reprochant son attitude, sans pour autant avoir la moindre excuse possible. Isobel se doutait bien que quoi qu’elle dise, Darlene n’allait pas du tout comprendre ce qui s’était passé. En même temps, elle ne savait même pas elle-même ce qu’elle avait fait. Elle la croyait quand elle lui disait qu’elle avait horrible. Qu’elle avait bel et bien faire quelque chose.

Isobel était tout simplement sans voix devant les reproches de Darlene, elle avait envie de dire quelque chose, elle avait envie de se défendre donc. Mais elle ne pouvait pas le faire, parce qu’elle n’avait aucun moyen de se défendre parce qu’elle ne savait même pas ce qu’elle avait dit, à quel point elle avait été horrible. Même si Darlene lui expliquait bien ce qu’elle avait pu faire, à quel pont elle avait été blessante, qu’elle s’était même elle-même remise en question par conséquence. Ce qui serrait quand même énormément le cœur de la jeune femme, elle n’avait aucune envie de lui faire du mal mais clairement elle l’avait fait…

Et elle avait raison, Darlene, en affirmant qu’elle avait un souci et qu’elle ne pouvait pas être sûre qu’elle n’allait pas bientôt se retrouver de nouveau dans une autre… situation, qu’elle allait de nouveau la traiter comme une moins que rien.

« Tu… Tu as raison. » Dit-elle, la voix tremblante. Elle avait raison en effet, elle avait clairement un problème. Isobel n’aimait pas se dire qu’elle avait un souci, mais en même temps elle était quand même bien obligée de s’en rendre compte. Elle avait un gros souci dans la vie et elle avait quand même envie de protéger ses amis, ses proches, de tout ça. Malheureusement, elle ne pouvait visiblement pas le faire. « J’ai… j’ai un problème. » Avoua-t-elle. Elle ne savait pas si Darlene allait la croire, mais elle espérait bien parvenir quand même à lui fournir un semblant d’explication. Darlene allait sans doute trouver qu’elle jouait une carte trop facile en avouant qu’elle avait un souci, mais en même temps elle n’avait pas le choix. Elle n’avait aucun autre moyen d’expliquer tout ça et elle n’avait évidemment pas envie de perdre son amitié avec Darlene. « Je sais que ça peut paraitre étrange mais… enfin, j’ai… des soucis. Il m’arrive parfois de ne pas me rappeler de certaines choses dans ma vie. Je sais que ça peut sembler complètement fou, mais je t’assure que je ne me souviens de rien et que je n’avais aucune envie de te faire du mal. »

Elle n’en dit pas plus, elle tournait autour du pot, mais elle n’arrivait pas à poser des mots sur ce qui lui arrivait.

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D

arlene avait vidé son sac, et ça faisait du bien. Et maintenant ? Quoi qu'Isobel puisse avoir à lui dire, la jeune femme n'était vraiment pas convaincue du fait qu'elle serait bel et bien capable de pardonner son interlocutrice. Elle n'avait pas de bonne excuse. Elle ne pourrait pas lui en donner. Mais entendre des excuses tout court, malgré tout, ferait du bien à la jeune femme, même si elle n'était pas sûre pour autant d'être capable de croire quoi que ce soit de ce que son amie pourrait bien lui dire. Isobel avait perdu son estime et sa confiance le jour où elle l'avait moquée et humiliée comme si des années de confiance et de complicité n'avaient tout à coup plus compté du tout.

D'abord, Isobel admit que Darlene avait raison. Quelque part, c'était un bon début. Ce n'était pas assez, certes, mais c'était un bon début néanmoins. Est-ce que ça pardonnait quoi que ce soit ? Non, définitivement pas... mais cela ressemblerait presque à des excuses, et Darlene en avait terriblement besoin. Isobel avait donc un problème... Elle avait des sautes de mémoire, et il lui arrivait de ne plus se rappeler du tout ce qu'elle avait bien pu dire ou faire. Bon, peut-être, d'accord... Mais ça excusait au mieux le fait que son amie (si elle l'était encore) n'ait pas compris de quoi Darlene lui parlait. En revanche, ça ne justifiait absolument pas son comportement. Et quel comportement ! Qu'elle ait oublié les faits n'excusaient pas les faits en soi... Et encore, ça, c'était si on admettait que l'excuse d'Isobel tenait la route... Ce dont Darlene doutait plus que fortement.

-Je sais pas si je dois te croire, répondit Darlene, qui préférait se montrer prudente. Elle était naïve, mais elle n'était certainement pas crédule. L'expérience lui avait appris à se montrer méfiante. Et par la même, elle avait plutôt tendance à se montrer rancunière. On obtenait pas son pardon en quelques secondes seulement. Il fallait ramer pour cela, et s'en montrer digne, ce qui n'était jamais franchement gagné. Mais si c'est le cas, tu devrais sans doute consulter un médecin, ajouta-t-elle alors.

Il y avait quand même cette part d'elle qui s'inquiétait à son amie et qui voulait s'assurer qu'Isobel allait bien. Enfin, dans tous les cas, oui, si Isobel avait un problème, elle devait clairement faire ce qu'il fallait pour le résoudre. Plutôt que d'en subir ensuite les conséquences.

-Mais même si tu as des trous de mémoire, ça n'excuse franchement pas ton comportement. Je te jure, tu as vraiment été odieuse, avec moi, ça m'a fait mal.

Et ça, la jeune femme tenait à ce que son interlocutrice en ait bien conscience. Elle avait souffert, vraiment, d'une amitié qu'elle avait cru brisée. Et même maintenant, elle ne savait pas si elle l'était vraiment ou non.

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En soit Isobel ne pouvait pas en vouloir à Darlene de ne pas savoir si elle devait la croire ou non. Elle ne pouvait pas lui en vouloir, mais en même temps elle avait sincèrement envie que son amie la croix, parce que c’était la première fois qu’elle se confiait à ce point. Elle n’aimait pas parler de tout cela, elle n’aimait pas dire qu’elle avait un problème, elle faisait du mieux qu’elle pouvait pour s’en sortir… mais visiblement ce n’était pas suffisant. En soit, elle ne disait rien de vraiment précis non plus, mais ce qu’elle disait était quand même suffisamment personnel pour que ça compte énormément pour elle. Alors, elle espérait bien que son amie allait parvenir à la croire et peut-être donc lui pardonner pour ce qu’elle avait fait, même si elle n’avait aucune idée précise de ce qu’elle avait fait, tout en se doutant que ça avait dû être très loin.

Isobel senti son cœur battre plus rapidement quand elle entendit Darlene affirmer qu’elle devrait consulter un médecin. Si seulement ça pouvait l’aider, mais ce n’était pas le cas. Personne ne pouvait l’aider sans doute, sans qu’elle ne comprenne pourquoi elle était à ce point perdue, pourquoi on lui en voulait à ce point. Ce qu’elle avait bien pu faire à ce monde pour se retrouver dans une telle situation, alors qu’elle faisait de son mieux pour être une bonne personne. C’était évident que la médecine ne pourrait rien pour elle, mais elle avait le sentiment que rien ne pourrait faire quelque chose pour elle.

« Je suis tellement désolée Darlene. » Répondit-elle sincèrement quand son amie lui affirma que ça n’excusait en rien ce qu’elle avait pu faire, les propos qu’elle avait tenus et la manière dont elle lui avait fait du mal. Isobel se doutait que ce n’était clairement pas avec de simples paroles qu’elle allait pouvoir arranger les choses, mais en même temps elle espérait quand même pouvoir… elle ne savait pas réellement, trouver une solution ? Elle avait envie que son amie comprenne, qu’elle lui pardonne, qu’elle ne lui reproche rien. Alors qu’elle avait évidemment de bonnes raisons de lui reprocher beaucoup de chose… même si Isobel ne savait pas précisément ce qui avait pu se passer. « Je t’assure Darlene, je suis vraiment désolée, jamais je n’aurais voulu te faire du mal. » Même si c’était précisément ce qu’elle avait fait. « J’ai… j’ai déjà essayé de trouver de l’aide, mais je ne suis pas sûre que ça soit possible. C’est… c’est comme s’il y avait quelque chose en moi qui me forçait à faire d’horrible chose, contre mon gré. Comme s’il y avait un… » Elle n’osait pas prononcer les mots. « Comme s’il y avait un être qui s’était emparé de moi. »

Elle allait définitivement passer pour une folle, ce qu’elle n’avait pas envie évidemment. Mais elle tenait vraiment à donner toutes les cartes à Darlene de lui pardonner. Même si ça ne changerait rien à la situation et que dans tous les cas, elle avait fait du mal à son amie.

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D

arlene sentait de la sincérité dans la voix de son amie quand elle lui assurait être désolée, mais quand bien même elle lui paraissait authentiquement navrée de ce qui était arrivé, ce n'est pas pour autant que la jeune femme s'imaginait capable de pardonner. Elle n'oubliait pas les mots prononcés, ni l'humiliation. C'était un peu facile, à ses yeux, de s'en sortir juste avec quelques phrases toutes faites. Bien sûr que Darlene avait envie de pardonner juste comme ça, en un claquement de doigts, et de passer à autre chose, mais ce n'était pas possible. Et ça ne devait pas l'être, surtout pas. La jeune femme était du genre rancunière, et elle n'acceptait pas les excuses en bonne et due forme s'il ne devait s'agir que de mots, elle avait besoin de preuves concrètes, de quelque chose qui savait se résumer en actes bien plus qu'en propos, et pour le moment elle ne trouvait rien de tel dans le discours de son interlocuteur.

-C'est trop facile, t'as bien conscience de ça, n'est-ce pas ? répliqua Darlene en croisant les bras, bien déterminée à ne pas lâcher l'affaire si facilement.

Elle se montrait peut-être injuste mais elle n'avait aucune intention d'inverser les rôles. Et quoi encore ? Elle devrait d'un seul coup lui adresser toute la compassion du monde ? C'était un peu trop facile de changer l'ordre des choses en prétendant qu'elle était malade, ou possédée, ou elle ne savait quoi encore. Prétendre chercher à se soigner et ne rien faire de particulier pour ce faire, prétendre qu'elle était une cause désespérée, ce n'était vraiment pas juste, définitivement pas.

-Je dis pas que t'étais pas dans un état second, ou je ne sais quoi, mais prétendre que tu n'es pas responsable de ce qui s'est passé, désolé, mais je ne peux pas y croire. C'était bien toi, c'était ta voix, c'était ton corps, c'était bien toi que j'avais face à moi, et de ce que j'ai pu en juger, tu étais en pleine disposition de tes moyens. Elle marqua une pause. Désolée, je veux pas que ça finisse par te servir de prétexte pour passer tes nerfs sur moi chaque fois que l'envie te prendra.

Elle pourrait admettre, pourtant, que certaines choses dépassaient l'entendement humain. Elle devrait être la mieux placée pour le savoir, elle qui savait l'existence des sorciers et de la sorcellerie, mais elle n'imaginait pas du tout que quoi que ce soit de surnaturel puisse réellement être à l'origine du comportement de son amie... même si ce serait tentant de pardonner, elle ne voulait pas se faire avoir. Elle gardait à l'esprit les mots qu'on lui avait adressés, et qui étaient encore brûlants, cuisants à son oreille.

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Isobel ne prenait jamais la peine de parler de tout ça à quiconque. Elle n’arrivait pas à en parler, parce que c’était juste complètement dingue. Elle ne devait pas en parler, parce que c’était risqué, elle n’avait aucune envie qu’on la prenne pour… une folle. Ce qu’elle était peut-être, en soit, puisqu’elle ne comprenait pas ce qu’elle avait, elle craignait juste un peu trop d’avoir des réponses. Alors, elle gardait ça pour elle, elle n’en parlait jamais à quiconque sauf… en cet instant précis avec Darlene, parce qu’elle tentait de lui expliquer quelque chose qui était inexplicable. Mais ça ne marchait pas comme ça, c’était trop facile… Isobel sentit son cœur se serrer en entendant son amie lui dire qu’elle ne pouvait qu’avoir conscience que c’était trop facile.

Non, ça n’était pas si facile que ça. Ce qu’elle lui disait là, ce n’était en aucun cas facile. Bien au contraire, elle était en train de lui parler de quelque chose qu’elle n’abordait jamais, donc on ne pouvait pas vraiment dire que c’était facile non. Elle se sentait blessée que Darlene ne parvienne pas à le comprendre, mais en même temps elle ne pouvait pas non plus le lui reprocher vraiment. Sauf que ça n’arrangeait pas vraiment ses affaires…

Darlene reprit, affirmant qu’elle pouvait accepter qu’elle était dans un état second, mais ça ne changeait rien pour elle sur sa responsabilité. Elle ne pouvait pas la considérer non responsable de ses actes, alors que c’était bien sa voix, son corps, et qu’elle lui avait dit ce qu’elle lui avait dit. Qu’elle était en pleine disposition de ses moyens. Ce n’était pas vraiment le cas, en vérité, mais Darlene ne parvenait pas à le comprendre, parce qu’elle ne pouvait pas se mettre à sa place non plus. Personne ne pouvait, personne ne pouvait la comprendre et savoir ce qu’elle vivait.

« Ce n’est pas un prétexte de quoi que ce soit… » Ne put-elle s’empêcher de dire, même si elle se doutait que ça ne changerait rien à la situation. Ça n’allait pas empêcher Darlene de lui en vouloir et de lui reprocher son attitude. Et Isobel n’avait pas le droit de lui en vouloir, même si elle ne savait pas exactement ce qu’elle lui avait dit, elle avait conscience que quand elle ne se rappelait pas de ce qu’elle avait fait, c’était toujours dans des extrêmes. Autant dire qu’elle pouvait aisément deviner que ça avait été dur, mais elle ne se ressentait pas responsable pour autant. Ce que Darlene ne comprenait pas, sans que Isobel ne puisse lui faire changer d’avis surement. « Je ne sais pas ce que je pourrais faire pour me faire pardonner. »

C’était difficile de se faire pardonner quelque chose qu’elle ne se souvenait pas avoir fait. Mais elle avait envie d’arranger les choses, elle n’avait aucune envie de perdre Darlene. Mais elle ne pouvait pas la forcer à l’accepter non plus...

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Messages : 170 Date d'inscription : 03/09/2019

Parfois il vaut mieux ne pas savoir.

I

sobel avait beau prétendre que ce n'était pas un prétexte, qu'elle ne se cherchait pas des excuses, Darlene ne pouvait pas juste laisser couler et fermer les yeux comme si de rien n'était, c'était tout simplement impossible. Elle avait en partie envie de laisser le bénéfice du doute à son interlocutrice, mais elle n'était vraiment pas sûre que ça en vaille la peine. On lui avait menti tellement de fois, elle avait si souvent été déçue... Elle tenait à ne pas être déçue une nouvelle fois. Et donc, elle préférait rester sur ses gardes. D'autant que rien ne lui garantissait qu'une situation du genre ne se reproduirait pas et ne la mettrait pas de nouveau dans une situation où elle se sentirait au trente-sixième dessous parce qu'une personne qu'elle considérait comme une amie l'aurait traitée comme une moins que rien. C'était ainsi, elle était tout à fait incapable de juste tourner la page. Si Isobel attendait de sa part un pardon inconditionnel, elle allait être déçue, car ce n'était clairement pas ce que Darlene avait l'intention de lui offrir, ni maintenant, ni plus tard.

-Honnêtement, je n'en sais rien non plus, répondit-elle alors, d'un ton d'une neutralité tranchante.

Non, elle ne savait pas ce qu'Isobel pouvait faire pour se rattraper, car ce n'était pas comme si elle pouvait revenir sur les mots qu'elle avait prononcés, c'était impossible. Ce qui avait été dit avait été dit, ce qui avait été fait avait été fait, et ce n'était pas comme s'ils pouvaient revenir en arrière pour y faire quoi que ce soit. Alors elle se sentait coincée. Elle n'avait pas envie de perdre son ami, ça non, mais elle était du genre rancunier. Elle n'était clairement pas de nature à donner son pardon au premier venu, ce n'était pas son genre, loin de là, et elle n'allait pas donner à Isobel la clé pour se faire pardonner, elle allait devoir faire en sorte de la trouver par elle-même, ce n'était pas Darlene qui allait lui apporter les réponses qu'elle attendait tant, comme surgies de nulle part, ça ne fonctionnait pas comme ça.

-N'attends pas de moi que je te donne une solution que de toute façon je n'ai pas. C'est toi qui m'a insultée, c'est toi qui a fait une erreur, c'est à toi de trouver le moyen de la réparer, tout simplement.

En ce qui la concernait, elle était partie pour rester sur ses gardes pendant encore un bon moment. Peut-être que ça lui passerait... Peut-être pas. Dans tous les cas, elle ne comptait pas forcer une situation qu'elle ne maîtrisait pas et dont elle estimait être la victime. Non, vraiment, elle allait rester sur ses gardes quoi qu'il en soit. Elle estimait que ça vait mieux comme ça.

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