Phineas Nigellus Black II ~ Tenere non potes, potes non perdere diem ~

Dans mes jeunes années, il m’a été dit une fois qu’un nom ne définit pas qui nous sommes mais que ce sont nos actes qui nous définissent. J’ai longtemps pensé que cette maxime était pour les autres et non pour ma personne. Lorsqu’on grandit dans une famille comme la mienne, on pense qu’on n’a pas le choix. Était-ce si pire de naître au sein des miens ? Je pense que porter un jugement aujourd’hui au regard de ce que j’ai vécu ne serait pas juste, ni pour eux, ni pour moi. Et pour être franc, si je n’avais pas choisi mon propre chemin, sans doute que jamais je n’aurais eu de dissension avec eux.

J’ai grandi dans une famille qui brille par elle-même et vous façonne dans un moule estampillé Black. Une famille qui s’est toujours targuée de suivre la maxime de son blason avec rigueur et droiture  :  « Toujours Pur ». Lorsque l’un d’entre nous déviait, il était tout simplement oublié, effacé… Un point brûlé sur la tapisserie familiale. Une erreur n’ayant jamais existée.

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Je suis Phineas Nigellus Black II, fils autrefois parfait, portant fièrement le même nom que son père pour en assurer la continuité, un numéro en plus. Présenté comme un fils prodige même si j’étais le deuxième mâle né, après Sirius, de mon père Phineas Nigellus Black et de sa femme, ma mère, Ursula Flint, j’eus par la suite un frère Cygnus, une soeur Belvina et un dernier petit frère Acturus. Des dignes représentants de la belle, noble et très ancienne famille des Black.
Comme mon frère avant moi, je fus inscrit avant même ma naissance à l’école de sorcellerie la plus réputée du royaume. Cette école portait le nom de Poudlard. Il était bien entendu impossible qu’un Black naisse sans pouvoir et ne fusse une honte pour la famille. Heureusement je ne fus pas cette tâche aux yeux de mes géniteurs et dès mon plus jeune âge des manifestations de mon aisance magique eurent pour témoin, avec plus ou moins de joyeuseté, les elfes de maison-nounou.

J’ai été aimé, je ne pourrai jamais prétendre le contraire même s’il fallait sauver les apparences et afficher un certain standing en extérieur. Je n’étais pas un enfant turbulent mais j’observais, j’ai toujours beaucoup observé les gens, les êtres. Je ne peux pas dire que je n’ai jamais fait de bêtises cela dit… Mais je préfère les taire aujourd’hui. C’est ce qu’il y a de bien quand on raconte une histoire, on peut occulter certains faits.

Lorsque j’eus sept ans, on me présenta à la haute société du monde magique et aux côtés de mes parents et de mon frère ainé, je devais parader de réception en réception. C’est ainsi qu’un Sang Pur est introduit au monde et c’est aussi ainsi que les liens entre les familles se créent, se soudent et se resserrent. Il fallut peu de temps avant que je ne sois fiancé avec la fille des Selwyn, première avant son frère mais ne pouvant porter, bien sûr, son nom à sa descendance. Il lui fallait un beau mariage et j’étais un parti de choix. Elle était un an plus jeune que moi et n’était même pas présente lorsque le contrat fut signé entre nos deux familles. Quant à moi ? La notion de fiançailles à cet âge m’était encore totalement abstraite. Mes préoccupations étaient bien loin de celles-là et il ne fallait pas se leurrer, quoi que j’aurais pu en penser, je n’aurais pas eu mon mot à dire. On ne demandait pas vraiment l’avis des enfants en ce temps-là.

Les années passèrent à une vitesse folle, et vint le temps de faire ma grande entrée à l’école de sorcellerie. Moi, pourtant fils du monde magique, j’ai été impressionné comme un né-moldu par la grandeur et la beauté de Poudlard lorsque je l’ai vue pour la première fois. C’est aussi la première fois que je me sentais enfin empreint d’une certaine liberté loin des clivages familiaux… enfin dans une relative mesure car tout ce qui doit être secret à Poudlard ne le reste jamais bien longtemps. Je savais que de par ma famille je ne serai jamais vraiment libre. Les idéaux, la réputation d’une famille, cela a beaucoup trop d’importance dans le monde sorcier. Mais je crois qu’en cela le monde moldu n’est pas si différent.

Comme mon frère ainé, Sirius, je fus réparti dans la maison Serpentard dont il paraîtrait que le sang coule dans les veines des Black. Enfin ce n’est pas tout à fait exact… Le Choixpeau m’a laissé le choix, j’étais ce qu’on appelle un Chapeauflou… Gryffondor ou Serpentard, telles ont été mes propositions. Serpentard a été ma voie. Le Choixpeau pensait que j’aurais pu devenir autre à Gryffondor, m’épanouir et m’affranchir des miens, mon histoire prouvera que je n’avais pas besoin de ça… même s’il me fallut sûrement plus de temps pour l’accomplir.

Durant mes années Poudlard, j’étais ce qu’on peut sans nul doute qualifier d’élève brillant, excellant particulièrement en Métamorphose, Sortilège et Défenses contre les Forces du Mal. Dès mon plus jeune âge, je fus également doté d’un professeur particulier de Dumstrang pour ce qui n’était pas enseigné à Poudlard et je passais mes vacances à y apprendre les méandres des magies plus obscures ainsi que celles des duels. Je me révélais finement doué en ces deux matières et il me regrettait de ne pouvoir plus les approfondir au cours de l’année.

J’aurais voulu en troisième année prendre l’étude des Moldus mais jamais cela n’aurait pu passer au sein du clan familial qui réprouvait tout ce qui pouvait avoir un lien avec les no-majs. Pourtant, moi, ils me fascinaient, j’étais persuadé qu’on pouvait faire de grandes choses avec eux et d’en apprendre tout autant. J’optais pour l’étude des Runes et le Soins aux créatures magiques. Pour le reste, j’étais bien décidé à en apprendre plus par moi-même. Je ne compte pas le nombre de fois que je me suis absenté de l’école par des chemins détournés pour me perdre dans les villages environnants ou lors de mes vacances. J’en ai lu aussi des livres mais tellement étaient des ramassis de bêtises que j’ai bien vite laissé tombé, les romans des moldus par contre me plaisaient énormément et j’en ai cachés pas mal dans mes appartements par la suite.

La Réserve de la bibliothèque de Poudlard a toujours été un endroit fascinant pour les élèves, particulièrement lié au fait que peu d’élus pouvaient y accéder. J’en eus le droit à partir de ma quatrième année grâce à quelques professeurs qui m’estimaient grandement mais dès ma deuxième année, je m’y étais déjà glissé.
C’est ainsi que je l’avais rencontré, lui… cet élève deux ans plus âgé que moi, cet élève qui ne m’avait pas dénoncé. C’est ainsi que mon amitié a débuté avec Albus Dumbledore. Je me souviens très bien de cette nuit où il m’avait surpris plongé dans un traité de magie flirtant avec les limites de la noirceur… extrêmement bien même puisque je n’avais pas le droit d’être là au contraire de lui. Il m’avait évité de me faire surprendre par un professeur, il m’avait caché.

J’ai toujours pensé qu’il n’y avait pas de véritable mauvaise magie. Que la magie n’est ni bonne ni mauvaise, mais qu’elle est ce qu’on en fait. Je ne pense pas que la magie présente en un sorcier ne le pousse à agir d’une telle ou d’une telle manière. C’est l’Homme avec un grand H qui est bon ou mauvais… enfin chaque humain a ses propres teintes et nuances, bien sûr. Je ne suis pas manichéen. Cela étant, je me dis que la Magie Pure a peut-être une forme de pensée quelque part… mais trouver une source de Magie Pure est… une quête de longue haleine me semble-t-il.

Au fur et à mesure du temps que je passais avec Albus, je me mis à nourrir une certaine affection à son égard. J’étais attaché à lui et si je n’ai jamais fait un pas en ce sens, je crois que lui aussi se sentait plus proche de moi que de quiconque. Durant nos années d’études et jusqu’à ce qu’il quitte l’école, notre relation a toujours été empreinte de non-dits et d’ambigüité. Aujourd’hui encore je crois que ce sentiment ne nous a jamais vraiment quittés, même s’il a dû tout comme moi vivre d’autres passions. Si nous n’avons jamais perdu contact, nous n’avons bien sûr pas pu tout nous dire et nos rencontres se sont bien trop espacées.

Dans le plus grand des secrets, c’est avec lui que j’ai préparé ma transformation en animagus au sein même de notre école, au nez et à la barbe de nos professeurs et directeur. Et si lui n’a jamais voulu tenter l’expérience, il m’a aidé à chaque fois qu’il le pouvait dans mon avancée et m’a soutenu. C’est devant lui que je me suis transformé la première fois, arborant les traits si caractéristiques des Corvus corax plus communément appelés Grand Corbeau mais avec les yeux verts propre à ma nature originelle. Vous n’imaginez pas le bonheur de survoler le monde à l’aide de ses propres ailes sans balais, sans rien pour vous soutenir. La liberté dans le ciel est telle que parfois je voudrais ne jamais avoir à me poser. Lorsque le monde devient trop terre-à-terre et que j’ai envie de m’évader, c’est là que je vais. Je vole jusqu’à la limite de mes forces, presque jusqu’à ce que mes ailes me lâchent et enfin je retrouve la terre et ma pauvre enveloppe humaine. Enfin… Je l’aime bien aussi cette forme… Mais parfois je me sens un peu à l’étroit dans ce monde et j’aspire à d’autres choses. Parfois je me sens juste étranger, étranger à ceux que j’appelle humains, comme si j’étais au fond de moi d’une autre espèce.

Lorsque nous n’étions pas ensemble avec Albus, il m’arrivait de m’enfermer dans cette petite salle étrange qui semblait ne s’ouvrir que pour moi et dévoilant mille livres intéressants et une salle d’entrainement. Combien de fois n’ai-je pas été dans cette salle qui me fournissait tout pour m’améliorer encore et encore en duel et autres joyeusetés pas vraiment enseignées dans une école qui se targuait pourtant de former les meilleurs ?

Quant à ma fiancée, je ne peux pas dire que je l’aie vraiment côtoyée durant toutes ces années, tout au plus nous voyions nous quelques jours lors des vacances et lors des grandes réceptions se tenant durant celles-ci. Elle était jolie, racée comme une jeune pouliche et sans doute très fringante mais si j’ai pu nourrir une certaine amitié avec elle, je n’ai jamais envisagé de l’aimer. Quant à elle ? Je crois qu’elle en est venue à tomber dans le piège tissé par nos parents. Quoi qu’il en était et quoi que je pouvais en penser, la fin était écrite alors je n’ai pas cherché à lutter. Je savais simplement qu’un jour le réveil serait sans doute brutal pour elle. L’ai-je quelque fois utilisée en couverture pour mes parents ? C’est possible, mais en tout bien tout honneur, à peine quelques baisers sans saveur étant donné son chaperon veilleur.

A la sortie de l’école, mes Buses en poche, je pris une année sabbatique pour voyager de par le monde et les mondes. J’étais avide de m’affranchir véritablement et de m’établir. Cette année finit par se prolonger de deux ans où je multipliais mes contacts. Ainsi je pris des parts dans des sociétés aussi bien magiques que non magiques et lorsque je revins en Angleterre, j’entrais au Ministère au Département de la Coopération Magique Internationale, plus exactement dans le secteur de l’Organisation Internationale du Commerce Magique. Gravissant petit à petit les échelons, je devins également un des proches conseillers du Ministre de la Magie en place. Oh comme mon père en était fier, comme je brillais pour la famille Black à cette époque. Surtout quand je pris la direction de mon département.

Vingt ans. Il était plus que temps de me marier et nos familles nous pressaient à nous établir en tant que nouvel union. Mes excuses ne tenaient plus, pas plus que mes tentatives fuyardes. Eleanor Selwyn, ma belle promise ne voulait pas plus attendre, c’était bien moi qui tentait de retarder l’évidence, et cette cruelle échéance. Mais comment lui expliquer à elle et à ma famille que me marier avec elle n’était pas une option de rêve pour moi ? Comment briser ce contrat sans jeter l’opprobre sur ma famille et surtout pour proposer quoi ? Jamais je n’avais trouvé une personne qui me transportait vraiment, personne digne de tenir la comparaison et surtout nulle femme… Des personnes de passage, ce n’était pas ce qu’on présentait à sa famille, et un homme encore moins. Qui aurait osé montrer à sa mère, son père, ou ses ancêtres qu’il voulait faire sa vie telle une abomination du genre humain ? Je ne pensais pas que mes choix de vie faisaient de moi un monstre mais je ne savais que trop que le prix à payer pour vivre ainsi était la mort ou la prison. L’Antiquité et ses permissions étaient depuis longtemps oubliées dans l’esprit des Hommes.

Annuler ce mariage aurait été ma première incartade à l’éthique de ma famille. À l’aubage de ma vie, je ne pouvais me le permettre. Je la menais donc à l’hôtel, comme il le convenait, un matin clair de printemps. Je me souviens comme si c’était hier de la douceur de ce mois d’avril et du parfum des cerisiers en fleur. Mais le destin nous joue parfois des tours à sa façon et alors que je m’étais résigné, il changea ses cartes pour mieux les redistribuer.
Les cris, les sorts qui volent et les corps qui jonchent le sol, ce ne sont pas là les fruits d’un mariage réussi. Nous subîmes une attaque, un groupuscule anti-sans purs. Je me battis ce jour-là comme une chimère furieuse. Cela ne fut pas suffisant. Un instant d’inattention faillit me coûter la vie, il lui coûta la sienne lorsqu’elle se jeta entre un sort vert et moi. Son visage figé par la surprise de la vie qui l’avait quitté me hante encore aujourd’hui. Je ne peux m’empêcher de penser que si je n’avais pas souhaité que quelque chose n’arrive pour contrecarrer ce mariage, elle serait toujours là à virevolter parmi les fleurs de cerisiers en fleurs non tachées de sang.

C’est à l’âge de trente ans que j’osais affirmer lors d’un repas familial que les Moldus avaient des ressources et des savoirs qu’il convenait d’estimer et de défendre. J’ai osé affirmer qu’ils n’étaient pas à bannir, exterminer ou asservir comme le prétendait ma famille, mais qu’il était possible de collaborer avec eux, et même d’apprécier, de considérer, certaines de leurs avancées et projets. Ces dires n’étaient qu’infamies aux yeux des miens. Cela faisait pourtant plus de dix ans que je collaborais et investissait dans le monde moldu en secret. Je les connaissais bien maintenant, mais je savais qu’exprimer cela à voix haute lors d’un repas en famille ne m’apporterait pas la consécration. On me demanda de me réprimer, on me demanda de m’amender, de revenir sur mes paroles et à la raison, surtout. Mais je tins bon. Enfin.
On brûla mon nom sur la tapisserie familiale devant mes yeux et on me renia devant tous les Black présents en ce jour de fête de Noël. On ne me laissa qu’une heure pour vider mes dernières possessions encore sur place.

Être renié ne fait pas soudainement de vous quelqu’un d’autre mais la manière dont vous êtes perçu ensuite est tout autre. Heureusement je n’étais pas sans ressources. Grand bien m’en était fait, je n’avais pas joué cette carte à ma famille sans en avoir d’autres dans la manche. J’aurais pu quitter le pays, me faire oublier et recommencer une nouvelle vie ailleurs, mais je n’en fis rien. Mes entreprises aussi bien magiques que moldues étaient florissantes et mon travail au ministère me semblait satisfaisant. Seulement…j’avoue que ne faire que rester en Angleterre me pesait. J’aimais les voyages et les découvertes… C’est sans doute pour cela que j’étais dans le commerce international d’ailleurs… Une ville surtout m’avait appelée au plus profond de mon être : Montréal. Et c’est ainsi qu’à la suite de mon bannissement, je m’y étais établi. Ce qui ne m’empêchait pas de chaque matin me rendre au travail par portauloin. Il était heureux que je puisse moi-même en produire pour l’international… Cela me facilitait grandement la tâche. Me rendre chaque matin dans un centre de Cheminette International aurait été bien moins plaisant.

Six mois après mon reniement, j’eus l’étrange surprise de découvrir dans mon salon, un matin, une elfe de maison que je connaissais bien pour l’avoir moi-même nommée à sa naissance du temps où je n’étais encore qu’un enfant : Zip. Il était peu probable qu’elle fut envoyée pour moi par l’un des membres de mon ancienne famille et surtout, il y avait quelque chose d’étrange avec cette elfe, quelque chose qui me dérangeait et sur laquelle je n’arrivais pas à mettre le doigt.

«  Zip… Mais qu-est-ce que tu fais là ? »

« Zip s’est fait renvoyer Monsieur, Zip n’a pas arrêté de parler de Monsieur à sa famille alors Zip a été renvoyée »

C’était cela qui m’avait gêné. Zip n’était pas vêtue cette fois d’une taie d’oreiller aux armoiries des Black. Elle n’avait qu’une pauvre taie sale et vierge. Zip était une elfe libre maintenant et cela m’étonnait beaucoup qu’elle ait souhaité cette voie, elle qui était si dévouée à notre famille depuis sa naissance.

« Pourquoi as-tu fait ça Zip ? Ma mère aurait pu te tuer »

« Zip voulait vous servir vous Monsieur, si Monsieur veut bien encore de Zip »

« Zip nous sommes dans le monde moldu ici, si quelqu’un te voit… »

« Zip sait se faire discrête Monsieur, personne ne saura ici que Monsieur est un sorcier, personne. Zip peut… Zip peut devenir l’elfe de Monsieur ? »

« Oui Zip, nous allons faire le serment »

C’est ainsi que je gagnais une elfe pour ma maison… Une elfe qui m’avait choisi… C’était sans doute le type d’elfe le plus fidèle dont un sorcier pouvait rêver. Beaucoup de sorciers méprisaient les elfes de maison, mais ceux-ci avaient pourtant de très grands pouvoirs et il était bien heureux qu’ils soient à notre service plutôt que contre nous.

Les années passant, j’envisageais d’autres horizons alors que les prémices de la guerre faisaient leur apparition. Aussi bien sorciers que moldus étaient concernés et la peur commençait à être palpable lorsque je me promenais dans les rues de Londres. A Montréal la guerre était loin des esprits et c’était presque incongru de sentir tant de légèreté chez les gens alors que l’Europe, elle, était en souffrance. J’avais un poste assez important au ministère mais c’était un travail civil. Certains connaissaient mes compétences dans d’autres branches et on me demandait de faire montre de mes talents en tant qu’auror. Auror, poste où j’hésitais à m’engager principalement de par les suspicions qui se nourrissaient à mon égard. J’étais né Black et bien que renié par les miens, les tendances sombres de ma famille étaient plus que connues, on ne me faisait pas totalement confiance. De plus obtenir une laisse autour de mon cou comme un bon petit chien-chien du ministère n’était pas ce à quoi j’aspirais. Je finis par décider de prendre quelque distance et de partager mon temps entre mon poste au ministère et celui de professeur d’Arts Noirs à l’école de Dumstrang pour les deux  dernières années comme me l’avait proposé mon ancien professeur. Ce dernier souhaitant lever un peu le pied dans ses fonctions eu égard de son grand âge et de sa santé déclinante. Cela ne pouvait bien sûr durer qu’un temps et on me pressa au plus fort de la guerre d’embrasser d’autres fonctions. Je passais en service actif et je vis en première ligne la guerre des moldus s’éteindre. Je ne pus pas quitter directement les nouvelles fonctions que j’avais embrassées et je restais ainsi cinq ans chez les aurors avant de retourner pleinement à mes postes passés. Certains me regrettèrent, d’autres beaucoup moins assurément, et moi-même eus bien du mal à reprendre le train-train quotidien de ma vie, mais il le fallait.

Voilà trois ans que ma vie se partage à nouveau entre mon poste de Directeur du Département de la Coopération Magique Internationale au Ministère de la Magie Anglais, ma fonction de conseiller du Ministre de la Magie, et celui de Professeur d’Arts Noirs pour la 6ième et la 7ième année à Dumstrang.
Un an seulement après que j’aie quitté les aurors, de nombreux meurtres eurent lieux en Europe et on me demanda de reprendre du service. Ce n’était pas tant que l’envie m’était absente, mais je ne voulais pas être si vite à nouveau pieds et poings liés avec cette laisse autour de mon cou. Je savais que Gellert Grindelwald n’était pas un enfant de chœur, mais avait-t-il vraiment tort sur tout comme le prétendait le ministère ? Albus partageait sa vision autrefois et moi je ne savais plus vers où le vent comptait me porter.  Cela ne dura pas et durant deux ans, on entendit plus parler de ses frasques.

Aujourd’hui, la rumeur prétend qu’il serait sur le continent américain, et plus particulièrement à New York, ville où naissent en ce moment de nombreux troubles tant parmis les sorciers que les no-majs que nous appelons chez nous Moldus. Avec ma demeure au Canada voisin, il semblerait que je sois bien placé pour enquêter, mais le veux-je vraiment ? Je repousse le moment de mon choix. Présentement j’attends et j’observe. Tel le corbeau sur sa branche je cherche aujourd’hui quelle voix sera la plus brillante pour moi. Ce qui ne veut pas dire que je ne vais pas me perdre dans leurs rues, après tout… il y a une créature étrange qui semble m’y faire de l’œil, une créature sombre que je n’ai pas vue depuis longtemps : un Obscurus.

Demander à un corbeau de décrire son maître ? Voila une chose bien étrange… Mais il est vrai que je passe beaucoup de temps en sa compagnie et que les corvidés sont connus pour leur intelligence et leur sagacité. Croac.

Phineas est un homme complexe qui est difficile à définir, et je crois que bien peu peuvent se targuer de connaître véritablement le fond de sa pensée. Il n’est pas un homme dans lequel il est facile à lire mais je peux vous dire qu’avec moi et mes comparses animaux, il a toujours été bon.

Talentueux, il a su montrer l’étendue d’une ambition certaine en gravissant les échelons du Ministère de la Magie jusqu’à devenir directeur de son propre département et conseiller du Ministre en place. Il est persévérant et n’aime pas abandonner quelque chose avant d’aboutir à ce qu’il désire. En cela il flirte parfois jusqu’à ses limites et il lui est arrivé de les dépasser. Bon corbeau ne saurait mentir, j’en ai été le témoin privilégié. Croaac.

Il semble avoir un certain charisme lui permettant de faire graviter nombre de personnes autour de lui, ainsi qu’un jugement sûr lui ayant permis de se constituer une petite fortune personnelle et c’est heureux pour lui puisque de part certaines de ses convictions, il a été dépossédé de tout éventuel héritage de sa famille d’origine : Les Black.

Il est sans nul doute doté d’une certaine capacité de manipulation qu’il entend utiliser aux fins d’obtenir ce qu’il souhaite et on ne peut certainement pas dire qu’il n’a pas un petit côté calculateur. Il a aussi la parole facile et manie la langue avec dextérité.

Indépendant, il a construit sa vie à la seule force de ses capacités, mais il est resté sensible au regard des autres et à ce que l’on peut penser de lui. Aussi étonnant que cela puisse être au vu de ses réussites, Croac il n’a pas toujours confiance en lui et aime à ce qu’on approuve les décisions qu’il a pu prendre. S’il devait un jour trouver personne à ses côtés, sans doute chercherait-il son approbation comme il la cherche auprès de ses pairs sans vraiment le montrer.

Malheureusement s’il peut sembler assez ouvert et permettant avec facilité qu’on se lie à lui, lui-même ne se lie pas facilement car il n’accorde pas facilement sa confiance aux gens. Il a une certaine capacité à rapidement couper les liens avec ceux qui ne méritent pas qu’il se consacre à eux, ou ceux qui ont osé un jour le trahir.

Il a l’humour assez facile et taquine souvent, plus encore sans doute ceux qui lui sont vraiment proches. Certaines de ses piques ne sont pas toujours bien perçues, ce qui lui a valu par le passé certaines inimitiés.
Il est assez généreux et pour peu que vous soyez dans son cercle, il vous viendra en aide et vous soutiendra, soyez-en certain. Croac.

Il est aussi joueur que moi, et je crois qu’il aime un peu trop mettre sa vie en jeu. Fou de l’adrénaline ? Je ne sais pas, mais vous devriez le voir dans le ciel… Il a une dextérité sans nulle autre pareil…Je crois qu’il adore s’y trouver avec ou sans balais. Dommage qu’il ne puisse rester éternellement corbeau. Il en ferait bon à n’en point douter Crooooac. Sachez encore que c’est un être épris de liberté qui n’aime être contraint ou bridé. Parfois je le trouve même trop entier, et pourtant c’est un homme qui essaye de prendre sur lui, de se taire et d’attendre. Sachez que s’il sait longtemps attendre son heure, ce n’est pas toujours bon… pour vous.