Matildus Heizenbert

Rien ne saurait justifier le tempérament cruel et les crimes odieux dont Matildus, non sans une certaine fierté au passage, s'est rendue responsable, mais tâchons de nous y essayer tout de même. Matildus est née ici, à New York, au sein d'une famille sorcière et surtout sans le sou. Ce serait un doux euphémisme que d'affirmer que l'enfance de cette femme a été malheureuse : elle a été proprement affreuse. Sa mère, une alcoolique notoire, avait la fâcheuse tendance à oublier qu'elle était une mère et Matildus ne dénombrait même plus la quantité d'anecdote qui les mettait en scène, elle et sa génitrice, et qui faisaient la preuve de la négligence absolue de cette dernière. Quand à son père : absentéiste, il ne rentrait à la maison que pour se donner la peine de flanquer un coup ou deux à sa bonne à rien de femme. Et quand l'envie lui en prenait, sa fille mangeait aussi : pas de jaloux. Dès sa plus tendre enfance, vous l'aurez compris, Matildus n'eut qu'une seule idée : se tirer de là à tout prix.

Intégrer Ilvermorny et fuir le plus loin possible de ses parents, ça a été une libération, pour elle. Est-ce que, pour autant, elle a fait l'effort d'être une élève agréable et assidue ? Non, pas du tout. L'enfant terrible resta terrible, mais elle apprit tout du moins à se sociabiliser. Encore qu'elle n'eut jamais pour la plupart de ses camarades une grande estime. Elle savait juste dans les petits papiers de qui être, et ça lui facilita la tâche. Oh, elle était capable d'avoir des amis, oui, mais dans la mesure de son égoïsme flagrant.

Un tel coeur de pierre, se dira-t-on, n'a jamais dû battre pour aucun homme. Et pourtant... Alors qu'elle atteignait sa majorité, qu'elle s'échappait du cocon familial et se cherchait une place dans la vie, elle tomba amoureuse. Une sacrée connerie. Surtout qu'au lieu de jeter son dévolu sur le premier sorcier bien propre sur lui, elle tomba amoureuse d'un no-maj. Pour lui, elle prit tous les risques, et surtout celui d'enfreindre la loi en le fréquentant... Ils s'installèrent ensemble... et un jour, elle tomba enceinte. Evidemment, elle ne pouvait plus lui cacher la vérité. Quand Matildus avoua à son amant qu'elle était une sorcière en même temps que sa grossesse, il accueillit la nouvelle avec une vive horreur. Il la jeta dehors, refusa catégoriquement de la revoir. Matildus ne voulait pas prendre le risque de mettre au monde un enfant, encore moins s'il devait ressembler à son père. Elle avorta... dans des conditions déplorables qui devaient lui interdire d'avoir des enfants à nouveau.

Dès lors, elle nourrit une haine toute particulière pour tous ceux de l'espèce de l'homme qu'elle avait quitté. Et dans la foulée, elle se trouva une façon très lucrative (quoique dangereuse) de gagner sa vie. Elle laissa le nom de Matildus au passé, elle n'en voulait plus. Dans le milieu de la pègre qu'elle côtoie souvent, on l'appelle Billie. Le reste du temps, elle change de nom en fonction de l'identité qu'elle veut se donner, de l'homme qu'elle veut attraper dans ses filets. Des hommes riches et bien installés, elle en a fait tomber plus d'un dans ses filets, et ensuite, sans vergogne, elle les a tués. C'est devenu une habitude, une mécanique bien rodée...

Puis un jour, elle s'est fait choper... Et a perdu deux ans de sa vie à la prison pour sorcières de New York. Heureusement, en compagnie de deux de ses camarades de cellule, elle est parvenue à s'évader. Aujourd'hui, elle a une chance de repartir de zéro, et son mode opératoire n'a pas changé. A la différence près que, aujourd'hui, Billie oeuvre au service de Grindelwald. Et elle serait capable de lui donner sa vie.

Billie est une femme de poigne et de caractère, c'est le moins que l'on puisse dire. Quand elle veut quelque chose, elle sait exactement quoi faire pour l'obtenir. Et pour peu que l'on refuse de lui céder, elle peut se montrer particulièrement désagréable et hargneuse. Billie ne recule devant rien quand il est question de satisfaire à ses intérêts, et ces derniers passeront toujours avant le reste. En effet, elle est terriblement égoïste. Si elle a bien quelques amis, elle fera malgré tout toujours passer ses intérêts avant ceux de tous les autres. C'est dans ses principes. Et si elle doit trahir son prochain pour ça, pas de scrupule.

Billie est une femme cruelle et qui assume l'être. Elle n'a pas braucou de limites, et il y a bien longtemps qu'elle a renoncé à suivre la voie de la morale et de la décence. Elle agit comme bon lui semble et sans se soucier des conséquences du moment que celles-ci ne lui sont pas fatales. Sensibilité et sensibleries ne l'ont menée absolument nulle part, aussi a-t-elle également depuis longtemps renoncé à faire preuve de considération et d'empathie pour autrui. On n'est jamais mieux servi que par soi-même, ça elle l'a bien compris. Et elle prend un malin plaisir à l'appliquer à la lettre.

Féroce, violente, rancunière, si vous voulez rester en un seul morceau, prenez garde à ne pas vous en faire une ennemie. Cela pourrait vous coûter cher, et ce n'est définitivement pas peu de le dire.