All the good girls go to hell || Zelda & Milla

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illa n'était pas la personne la plus fiable du monde. Faire des coups bas en douce, manipuler autrui à sa guise afin d'obtenir ce qu'elle voulait, cela ne lui posait aucun problème. Elle avait toujours vécu ainsi, et s'en était toujours bien sortie de cette manière, alors elle ne changerait certainement rien à sa manière de vivre et de faire. Mais pour autant, si la jeune femme n'était pas quelqu'un de fiable envers beaucoup de ses interlocuteurs, elle était d'un soutien et d'une loyauté sans faille envers les personnes qui comptaient vraiment. Elles n'étaient pas nombreuses, certes, mais celles-ci savaient quoi qu'il en soit qu'elles pouvaient compter sur elle, inconditionnellement, et sans redouter le moindre revers de bâton. Autant, dans les affaires, Milla était de nature à penser que l'on n'avait rien sans rien, autant elle pouvait se montrer très généreuse, en amitié comme en amour. Et en l'occurrence, c'était une amie qu'elle venait trouver.

Zelda et elle s'étaient donné rendez-vous au Blind Pig, ce qui convenait parfaitement à Milla. La jeune femme y avait ses habitudes, et pour cause, il n'était pas rare qu'elle passe du temps à cet endroit, que ce soit pour y rencontrer des clients ou pour parler affaire avec Gnarlak, qu'elle espérait ne pas rencontrer ce soir-là, ceci dit. Ce soir, hors de question de parler ou penser travail. Même si son travail (que beaucoup refuseraient de considérer comme tel) était presque un hobbie pour elle tant elle y prenait du plaisir, et même si les affaires étaient particulièrement florissantes ces derniers temps, décrocher ne faisait jamais de mal.

C'était donc Zelda qu'elle était venue voir, Zelda qu'elle considérait comme une véritable amie. Elle n'allait pas le cacher, dans un premier temps, en venant vers elle, elle espérait surtout faire chier Eric (ce qu'il lui rendait bien en règle générale, alors elle estimait que ce n'était jamais qu'un échange de bons procédés), mais elle avait découvert en elle, à force de conversations, une jeune femme passionnée et passionnante, qui avait bien plus à donner au monde que son corps. Qui sait, un jour, elle y parviendrait peut-être. Avant qu'on ne la trouve trop décrépite pour le métier et qu'on fasse d'elle une mère maquerelle, s'entend.

Elle la retrouva déjà assise à une table, et elle avait commandé pour elles deux. Parfait. Milla la gratifia d'un sourire avant de venir s'installer face à elle.

-J'ai rarement été aussi bien, répondit honnêtement Milla, quand Zelda lui demanda comment elle allait. Et toi ?

Elle pouvait comprendre que Zelda ne veuille pas s'étaler sur ses états d'âme, mais Milla se faisait sincèrement du souci pour elle, alors elle espérait que son amie accepterait de lui adresser une réponse franche et sans détours.
   
   

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illa grimaça en entendant la réponse pas le moins du monde convaincante de son amie. Elle tolérait le mensonge dans de larges proportions et en comprenait entièrement l'utilité, mais il lui était toujours plus difficile, en revanche, de le tolérer quand ce mensonge touchait à ce que l'on pourrait qualifier pourtant de petits rien, mais qui à ses yeux avaient une immense importante. Zelda n'allait pas bien, voilà ce qu'elle entendait dans sa réponse pourtant positive. Ce n'était pas une surprise, Milla se demandait si Zelda elle-même savait à quand remontait la dernière fois où elle s'était sentie réellement bien, il n'empêche qu'elle aurait préféré l'entendre franchement. Mais chaque chose en son temps. La jeune femme saurait la faire parler, en attendant, Zelda s'appliquait à orienter la conversation dans sa direction, et elle allait faire avec. Ce n'était pas comme si parler d'elle-même avait un jour posé franchement problème à la jeune femme.

Elle hocha la tête quand Zelda supposa que les affaires marchaient bien, rien que la façon qu'elle avait de le dire suggérait que ce n'était pas réellement une question mais une information, aussi, cela ne valait sans doute pas la peine de s'épancher trop sur la question. Zelda était de toute façon au courant de l'essentiel. Elle savait qu'elle avait son occamy, et Milla lui avait parlé de ses dernières transactions, y compris des plus dangereuses (surtout des plus dangereuses). Tout se passait bien de ce côté-là, clairement, même si Milla aurait tout intérêt à ne plus faire la fine bouche trop longtemps et à mettre fin aux enchères incessantes pour se décider sur un client. C'était amusant de faire durer le suspense, mais il ne faudrait pas non plus que sa poule aux oeufs d'argent lui file entre les pattes.

Non, sa vie "professionnelle" n'était pas la plus palpitante à commenter, quand bien même elle était mouvementée. Sa vie sentimentale, en revanche, c'était autre chose. Et Milla avait bien trop envie d'en parler pour jouer la carte du mystère. Elle savait qu'elle avait tout intérêt à ne pas crier sous tous les toits qu'elle fréquentait un Auror, et fiancé qui plus est, ça pourrait bien lui retomber dessus. Mais Zelda était digne de confiance, elle ne pensait vraiment pas courir le moindre risque en lui parlant.

-Eh bien, il y a quelqu'un, répondit-elle avec un sourire. Enfin, on va dire que c'est compliqué. Disons qu'en plus d'être un Auror, il a le fâcheux défaut d'être fiancé.

Mais elle ne voyait pas cela comme des obstacles insurmontables. Elle avait déjà réussi le plus difficile : elle avait attiré Ethan dans son lit, enfin. Le reste, c'était davantage... des détails à peaufiner, disons.
   
   

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illa ne put s'empêcher de sourire en entendant la remarque de Zelda, quand celle-ci affirma qu'elle était toujours attirée par l'interdit. C'était presque mot pour mot ce qu'Ethan lui avait dit lui aussi, ce à quoi elle avait rétorqué qu'elle était, des deux, celle qui ne faisait rien de mal. Mais c'était une réponse bien simpliste. Car quand on connaissait Milla, on savait et sans se tromper que la jeune femme avait toujours détesté la facilité. Ce n'était pas pour rien qu'elle avait choisi la voie qu'elle avait choisie, et qu'elle ne reculait jamais devant aucun défi, même les plus dangereux ou tordus.

Est-ce qu'Ethan l'aurait autant intéressé s'il avait été libre comme l'air et un homme lambda, sans carrière au MACUSA ? C'était simple de prétendre que oui, dans sa situation, mais il était probable que Milla n'aurait même pas posé son regard sur lui si tout ne lui hurlait pas que cet homme était de ceux qu'elle ne devait surtout pas avoir, parce qu'il ne se contentait pas "juste" d'être un Auror en passe de se marier. Il enquêtait sur elle, par-dessus le marché. Alors oui, physiquement, elle le trouvait parfaitement à son goût, ça aurait été le cas dans tous les cas. Mais elle ne se serait pas forcément tant échinée à le séduire en d'autres circonstances.

Est-ce que cela voulait dire pour autant qu'elle n'aimait que l'idée de séduire un homme inaccessible, qu'il n'y avait rien de plus entre eux. Est-ce que si, par miracle, Ethan quittait Elizabeth, elle perdrait tout l'intérêt qu'elle avait pour cet homme ? La question était simple. La réponse peut-être pas tant que ça, et pourtant, Milla était sûre d'elle, convaincue de ce qu'elle ressentait... ce dont Ethan doutait, à juste titre peut-être, mais selon Milla, parce que ça l'arrangeait aussi, également.

-S'il n'était qu'une conquête parmi tant d'autres, je ne prendrais pas la peine de t'en parler, répondit-elle simplement.

Ce qui était vrai. Pas qu'elle dissimule à Zelda ses conquêtes, elle était très transparente sur le sujet, d'ailleurs. Et des hommes, elle en avait connus, beaucoup, et elle ne s'en cachait pas. Elle aimait séduire, elle aimait avoir un homme dans son lit, de préférence jamais le même. Mais Ethan avait changé la donne. Oui, elle était amoureuse de lui. Dans le cas contraire, coucher une fois avec lui aurait suffi. Mais non, elle voulait cet homme en elle et à elle toutes les nuits de sa vie. Ca ne lui était jamais arrivé avant, et elle se sentait faible de le penser. Alors elle n'était pas capable de prononcer ces mots simples : je l'aime. Pourtant, c'était vrai.
   
   

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