Le goût de la vie l’emporte sur celui du meurtre... parfois // Ft. Borys

Le goût de la vie l’emporte sur celui du meurtre... parfois

Borys n’était pas quelqu’un de particulièrement serviable, mais il pouvait le devenir quand on lui promettait quelque chose en échange. Ils vivaient une époque difficile, et Borys ne roulait pas sur l’or. S’il arrivait tout de même à gagner sa vie avec le cirque pour vivre correctement, il ne pouvait pas non plus se permettre de faire des folies sept jours de suite. Alors mettre un peu plus d’argent dans ses poches, ce n’était jamais de refus. Bon, il n’était pas non plus prêt à faire tout et n’importe quoi, il avait ses limites, et il n’était pas au bord du désespoir, mais il arrivait tout de même à s’y retrouver, et à augmenter ses fonds, ce qui était l’objectif premier. L’avantage, c’était ce qu’il avait à proposer n’était pas à la portée de tous, ce qui faisait que lorsque l’on avait besoin de ses talents, c’était souvent vers lui qu’on se tournait, pour son plus grand bonheur.

Il ne faisait pas n’importe quoi donc, mais il n’était pas non plus très regardant. Il était surtout prêt à faire certaines choses pour certaines personnes, qu’il ne ferait pas avec d’autres. Mais il demandait toujours une compensation financière, il ne fallait pas non plus lui demander la charité. Il connaissait Eleanora depuis un moment maintenant, même si elle avait été envoyée en prison. Justifié ou non, il ne se mêlait pas de ça, il n’était pas juge et s’occupait de son propre cas avant de s’attaquer à celui des autres. Mais il était tout de même content de pouvoir la revoir, parce qu’il l’appréciait, mais aussi parce qu’elle lui trouvait parfois des occasions de se faire de l’argent.

Non pas qu’il se mette soudainement à avoir une ambition de devenir tueur à gage, ce n’était pas du tout le cas. D’ailleurs, Borys n’avait jamais tué personne, et il ne comptait pas s’y mettre. Son truc c’était l’hypnose, et il ne comptait pas en changer pour l’instant, étant donné que ça marchait toujours aussi bien. Mais Eleanora lui demandait parfois de l’aide justement pour qu’il vienne hypnotiser ses futures victimes. Ça le rendait peut-être un peu complice, d’accord, mais il ne tuait personne, et il n’assistait pas non plus à la mise à mort, ce n’était pas du tout son truc les macchabés et les meurtres.

-C’est lui. Arrange-toi juste pour qu’il soit aussi doux qu’un agneau et je me charge du reste.

Borys observa l’homme silencieusement. Il ne savait pas ce qu’avait ce type, il ne savait même pas comment il s’appelait, mais il s’en fichait, il ne voulait rien savoir de lui. Rien ne garantissait que l’hypnose soit un succès chez les gens. Il pouvait toujours y en avoir qui n’y étaient pas sensibles, même si Borys n’en avait encore jamais rencontré, ce qui était une chance pour lui, et une occasion d’assoir un peu plus son talent dans ce domaine.

« Je connais ma partie. »

Il n’ajouta rien de plus, et s’avança calmement vers l’homme, espérant que ça marche. Il n’avait aucune certitude, mais il fallait tout de même qu’il ait confiance en lui. Il engagea la conversation et tenta l’hypnose, ce qui fonctionna, une fois qu’il n’eut plus besoin de le reformater, il sortit, les mains dans les poches pour rejoindre Eleanora.

« J’ai terminé. »

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C’est sûr que ce n’était vraiment pas le genre de boulot que Borys préférait, mais bon, ça payait bien, alors il n’allait pas trop faire le difficile. Bon, il étai clairement complice de meurtre, d’accord, mais pour lui, ce n’était pas vraiment le cas. Il hypnotisait les gens, après, ce que faisait Eleanora derrière… il n’était pas censé savoir ce que c’était. Bon, il ne savait pas si cela marcherait auprès d’un jury cette excuse, mais c’est sur ça qu’il basait sa potentielle défense, s’il lui arrivait des bricoles un jour à cause de cette seconde activité.

Enfin, il ne le faisait pas tous les soirs non plus, cela restait vraiment très occasionnel, et il aimait autant. Même s’il appréciait la somme qu’il récoltait une fois la mission effectuée, il n’avait pas envie que cela prenne trop de place dans sa vie, il voulait que cela reste tout de même assez rare, parce qu’il n’avait pas choisi de s’engager sur la voie du crime. Il était très bien là où il était, c’est-à-dire, au cirque Arcanus, même s’il admettait que Skender n’était pas toujours très clair, et que Borys fermait les yeux parce qu’il n’avait pas vraiment le choix, mais bon… enfin, peu importe, ce n’était pas le sujet.

-Attends-moi là, dans ce cas, je gère ça vite fait et ensuite je t'offre un verre, d'accord ?

Borys se contenta de hocher la tête et la laissa partir en direction du type qu’il venait d’hypnotiser. Il s’alluma une cigarette, ne sachant pas trop combien de temps cela allait prendre. Assez vite il espérait, il n’avait aucune envie de s’éterniser ici. Mais l’idée de prendre un verre avec Eleanora, c’était tentant. Il ne devrait peut-être pas prendre autant de risques, parce qu’elle était recherchée par le MACUSA, mais il la savait assez intelligente pour fréquenter des lieux qui étaient plus ou moins sûrs pour elle. Et donc, probablement pas très fréquentables, mais Borys n’était pas un enfant de cœur, et il n’avait pas froid aux yeux. La preuve, il aidait clairement son amie à tuer un type.

-C'est monsieur qui paye !

Borys lui adressa un sourire, amusé. De toute évidence, elle avait tiré le gros lot. Et puis, elle n’avait pas mis trois plombes, alors il était satisfait, il n’avait même pas eu le temps de terminer sa clope, c’est pour dire. Il recracha une nouvelle fois la fumée, tout en l’observant, attendant qu’elle lui dise où elle voulait l’emmener, puisqu’il avait choisi de l’accompagner, et de se laisser guider par la même occasion.

« Quelle générosité, j’espère que tu ne prends tout de même pas sur ma part, mais bon, je te fais confiance. Alors, on va où princesse ? »

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Borys n’avait rien contre prolonger un peu leur entrevue. S’il n’appréciait pas un temps soit peu Eleanora, il ne travaillerait même pas avec elle, alors passer un plus de temps avec elle n’avait rien de déplaisant pour lui. Surtout si c’était elle qui invitait. Enfin, l’homme qu’elle venait de tuer, peu importe, cela revenait un peu au même à présent. Borys n’était pas quelqu’un de radin, mais disons qu’il appréciait faire des économies. Il n’était pas du tout de ceux qui dépensaient sans compter. Il ne pouvait pas se permettre de faire ça, parce que même s’il gagnait assez bien sa vie (encore qu’il soupçonnait parfois Skender de lui faire un peu à l’envers au niveau salaire) il ne roulait pas non plus sur l’or. Alors il fallait qu’il fasse un peu attention, mais là, c’était le genre d’invitation qu’il ne se verrait jamais refuser.

-J'ai découvert un bar clandestin l'autre jour, je pense qu'il devrait te plaire.

En soit, Borys n’était pas du tout difficile pour ce qui était des bars. Tant que la boisson y était bonne, et la compagnie pas trop dégueulasse, il n’allait pas jouer les emmerdeurs. Il faisait confiance à Eleanora pour l’emmener dans un établissement qui réunirait ces deux conditions là, mais elle n’aurait aucun intérêt à aller dans un endroit totalement pourri, dans tous les cas, puisqu’elle aussi allait consommer.

Il se laissa faire quand elle le fit transplaner avec elle, et regarda l’établissement d’un œil curieux, avant de la suivre à l’intérieur. Il n’était jamais venu ici, mais pour le moment, cela ne lui semblait pas trop craignos, donc cela devrait aller. Il s’installa avec elle, et commanda lui aussi, regardant un peu autour de lui. Il n’y avait pas foule, mais ce n’était pas plus mal. Borys détestait quand il devait crier pour couvrir le bruit pendant une discussion, et là, ils allaient pouvoir discuter sans se briser les cordes vocales et devenir sourds.

-Tout cet exercice, ça m'a donné soif. Putain, qu'est-ce que ça m'avait manqué, ça ! En prison, y en avait qui essayaient de fermenter du jus de fruit ou de faire passer de vieilles bouteilles frelatées en douce, mais c'était pas la même. Alors, qu'est-ce que tu deviens depuis la dernière fois ?

Borys n’avait jamais fait l’expérience de la prison, et pourtant, il avait été délinquant depuis son plus jeune âge. Et il ne comptait pas s’y rendre un jour, mais il voulait bien croire que ce ne soit pas le luxe là-bas, en même temps, c’était logique. Si la vie en prison était connue pour être paradisiaque, tout le monde chercherait à se faire arrêter. Ce qui n’était pas le cas. Il haussa tout de même les épaules, quand elle lui demanda ce qu’il devenait et s’alluma une autre cigarette.

« Ma situation n’a pas tellement changée. Je bosse toujours au cirque, et je me fais pas mal de fric maintenant, même si je ne suis pas non plus une super richesse. Je m’y plais bien, c’est facile. Et sinon, j’ai pas grand-chose d’autre à dire. Toujours célibataire mais pas malheureux de l’être. »

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Borys n’allait pas se plaindre. Et il trouvait sa stabilité dans son instabilité assez rassurante, pour tout dire. La vie de forain n’était pas quelque chose de stable, et de durable, mais Borys avait su s’y adapter, et cela lui plaisait assez. Il avait réussi à trouver un certain équilibre dans cette vie. Ce ne fut pas bien difficile, parce qu’il n’avait jamais eu une vie stable. Depuis son enfance, il galèrait, il avait été élevé par l’école de la rue, et il avait réussi à s’en sortir grâce à ses dons, et il en était aujourd’hui très fier. Non, c’est sûr qu’il n’avait aucune envie d’échanger sa place avec qui que ce soit à l’heure actuelle.

Il était heureux. Il avait un travail, un salaire, et il gagnait plutôt bien sa vie. Il avait des amis, des conquêtes… que pourrait-il demander de plus ? Borys n’était pas un homme exigeant, et il s’enivrait des plaisirs qu’offrait la vie. Il espérait simplement que cela allait durer le plus longtemps possible. On ne savait jamais de quoi demain était fait. Et si le cirque Arcanus était dans une forme olympique, les choses pourraient très bien changer. Mais Borys saurait toujours atterrir sur ses pattes, alors il ne se faisait pas trop de soucis.

-Tout va bien dans le meilleur des mondes, dans ce cas. Je dois bien avouer que si d'un coup tu m'avais appris que tu t'étais rangé, que t'avais pris un boulot plan-plan dans un endroit chiant à crever de type MACUSA, que t'étais marié et que t'avais dix gosses, j'aurais frôlé la crise cardiaque.

Borys sourit, avant de tremper ses lèvres dans son verre. Evidemment, il n’était pas du tout le genre de personne à annoncer un mariage ou une future paternité. Ce n’était pas le genre de vie qui pourrait lui convenir. Non pas qu’il n’était pas capable d’aimer, parce qu’il pensait tout de même avoir aimé Joanna (et d’ailleurs, ce n’était pas totalement terminé même s’il ne l’avouait pas) mais la stabilité personnelle, ce n’était pas vraiment son truc.

« Tu m’étonnes. Ma vie est trop atypique pour qu’elle ne ressemble aux chiants du MACUSA. Pour qui me prends tu voyons. Bon alors et toi, t’as des projets précis ou tu te contentes de buter du salopard ? »

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Borys appréciait discuter avec Eleanora. C’était une fille sympa, avec qui il passait toujours de bons moments, mais ce n’est pas pour autant qu’il passerait tout son temps avec elle. Non parce que mine de rien, elle était tout de même recherchée par le MACUSA, et pas pour avoir volé une miche de pain sur le marché. Il n’avait donc aucune envie de se mettre en danger. Il le faisait déjà en étant complice parfois, même s’il n’avait jamais tué personne, et il ne voulait pas avoir d’ennuis. D’ailleurs, il espérait qu’elle ne le trahirait pas si les choses tournaient mal pour elle, et qu’elle ne le balancerait pas aux Aurors pour avoir une petite réduction de peine. Même si étant donné qu’elle s’était évadée, aucune négociation ne sera envisagée pour elle, mais bon.

En tout cas, il ne lui souhaitait en aucun cas de se retrouver à nouveau en prison, ce serait dommage qu’il ne puisse plus partager d’agréables moments comme celui-là. Quoiqu’il en soit, ce n’était pas vraiment le sujet, puisqu’elle avait tenue à en apprendre plus sur lui. Mais il avait fait son petit numéro, à raconter quelques conneries, tout cela pour dire qu’il se laissait porter au gré du vent et de ses envies. Maintenant, il avait envie d’en apprendre un peu plus sur les futurs projets de la jeune femme, du moins, si elle en avait bien sûr.

-Avoir des projets précis ? Il y a rien de pire. Je suis de retour sur le marché, je prends un peu tous les contrats qui me passent sous la main, et ça marche pas si mal, finalement.

Borys afficha un sourire amusé. Avoir des projets était-il quelque chose de précis ? Il estimait que cela dépendant. Par exemple, avoir le projet d’être riche était une très bonne chose, ou avoir le projet de passer une nuit en excellente compagnie. C’était des projets que Borys appréciait pour sa part, mais évidemment, tout le monde ne pensait pas forcément de cette façon. Mais dans tous les cas, s’il comprenait bien, Eleanora n’avait pas de but précis, et si elle n’en avait pas besoin, c’était tant mieux pour elle, évidemment, il n’allait pas dire le contraire.

-Pour le reste, je me laisse vivre. Je veux surtout pas avoir d’attaches. J’ai cru que le rythme de la prison allait me tuer.

Et elle avait bien raison. Borys n’avait jamais fait de prison (et il ne comptait en aucun cas à remédier à cela) mais c’était bien le dernier endroit où il avait envie de se rendre. Toujours vois les mêmes personnes, être enfermé… quelle horreur. Même si, son ego lui intimait que ce serait intéressant de voir s’il était capable de s’en sortir grâce à son hypnose, il n’avait aucune envie de tenter le diable.

« Je suis content que les choses marchent pour toi. Et se laisser vivre sans attaches, ce n’est pas mal comme politique. En même temps, quelle idée de se faire coincer aussi. »

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Borys n’était pas vraiment du genre à se mêler des affaires des autres. Il avait sa part de curiosité, comme tout le monde évidemment, mais il n’était pas non plus intrusif, et il avait déjà sa propre vie à gérer, et ce n’était pas peu de travail. Mais il en était tout de même satisfait, tout comme il était vraiment heureux de savoir que les choses allaient bien pour Eleanora. Même si elle était une fugitive, une meurtrière, une criminelle et tout ce qui allait avec, c’était une fille qu’il appréciait. Il n’avait jamais eu un grand sens de la morale de toute façon, enfin… cela dépendait pourquoi, mais il estimait qu’il y avait bien pire que les tueurs à gage dans ce monde.

Il n’était pas surpris de savoir que la jeune femme n’avait pas vraiment de plan, si ce n’était vivre au jour le jour. Après tout, Eleanora avait toujours été un électron libre, et il n’y avait pas tellement de raisons pour que cela ait changé durant son petit séjour forcé derrière les barreaux. Au contraire, quand on nourrissait déjà une certaine indépendance, et joie de liberté, la prison devait être un enfer. Et retrouver cette dite liberté une priorité. La preuve, puisque la jeune femme s’en était évadée. Et ce qui était absolument certain, c’est qu’il était absolument hors de qu’il y mette un jour les pieds. Sa collaboration avec Eleanora pourrait l’y mener, il le savait, mais il n’y avait pas de preuves, et il lui faisait assez confiance pour ne pas le balancer.

-Je sais, je sais vraiment pas ce qui m’a pris. Mais j’ai retenu, la leçon, ça n’arrivera plus. Et puis, dans le pire des cas, je sais comment repartir aussi vite que je suis arrivée, maintenant.

Il afficha un léger sourire. Il se doutait bien qu’elle n’avait jamais eu l’idée de se faire attraper. Personne n’avait envie de se faire coincer, même si dans ces métiers-là, le risque était grand. Le principal, c’est qu’elle avait réussi à s’en tirer, même si maintenant, elle avait devoir faire deux fois plus attention à ses déplacements et ses agissements. Histoire de ne pas attirer l’attention des mauvaises personnes, à savoir le MACUSA. Mais bon, pour l’heure, ils avaient d’autres chats à fouetter avec Grindelwald et tout le merdier que c’était.

« Et si ce n’est pas trop demandé… est-ce que je pourrai avoir l’épopée de cette évasion ? J’ai très envie de savoir comment tu as fait. »

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Borys était un homme curieux, c’était dans son caractère. Alors il était normal qu’il demande à Eleonora de quelle manière elle avait procédé pour s’évader de prison. Il savait qu’elle n’avait pas fait ça toute seule, étant donné que d’autres noms étaient placardés dans les rues de New York pour les mêmes raisons. Mais il était curieux. Ce que les évadés avaient fait, cela relevait d’un exploit. Ce n’était pas tous les jours que l’on s’évadait de prison, surtout ce genre de prisons. Il espérait que la jeune femme voudrait bien lui raconter la vraie histoire, cela pourrait s’annoncer divertissant, surtout pour Borys, et au moins, elle aurait un auditoire intéressé, et concentré.

L’avantage qu’elle avait, si on voulait, c’était qu’elle pouvait lui dire n’importe quoi, il ne pourrait pas vraiment aller vérifier. Mais bon, il espérait tout de même qu’elle ne lui raconterait pas n’importe quoi. Au nom de leur affaire fructueuse, et de leur amitié, il espérait tout de même qu’il aurait droit à la vérité, c’était la moindre des choses. Après tout, il lui était d’une grande aide, alors elle pouvait bien accepter de lui dévoiler l’histoire de son évasion.

-La chance que j'ai eu, c'est de tomber sur deux camarades de cellule aussi malines si ce n'est plus que moi. On a tout millimétré à l'imprévu près. L'idée, c'était d'entrer comme on est venus, par la grande porte. On a passé des mois à tout intégrer, à la fin, on connaissait la vie des mâtons par coeur. Le plus chaud, c'était de faire passer en douce au fur et à mesure les ingrédients du polynectar... et ensuite pour le préparer en douce dans les chiottes, je t'explique pas la galère, surtout l'étape où on avait besoin d'une baguette, ça a failli tout faire foirer. Mais on a réussi à échanger nos places pile à temps lors du changement de ronde. Les gardiens ont mis deux heures avant de comprendre ce qui s'était passé, ça nous a largement laissé le temps de nous évaporer dans la nature.

Borys écouta avec attention ce que lui dit Eleanora. C’était donc ça, elles avaient créé du polynectar. Astucieux, mais risqué. Le polynectar était l’une des potions les plus compliquées à effectuer. Dans des conditions comme celles-là, si elles avaient mal fait les choses, les conséquences auraient pu être dramatiques. Rien de tel qu’une potion mal préparée pour causer d’importants dégâts. Mais visiblement, elles s’en étaient toutes trois sorties. En soit, le plan était ingénieux, mais ce n’était pas vraiment… épique. Cela avait juste été un tour de passe-passe au final. Il ne jugeait pas, à leur place, il n’aurait peut-être pas fait mieux, mais il ne s’était pas attendu à cette histoire pour autant.

« Oui, j’imagine totalement les difficultés rencontrées. En tout cas, vous vous en êtes sorties, c’est le principal. »

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Borys ne savait pas vraiment ce qu’il aurait préféré entendre, ou à quoi s’attendre tout simplement. Il n’avait jamais mis les pieds dans cette prison, et ne le ferait jamais, alors peut-être que leur petit tour de passe-passe avait été une action incroyable, mais il n’allait pas feindre l’admiration et la fascination. Il reconnaissait que cela avait tout de même dû ne pas être aussi simple que de dire bonjour, mais bon, voilà. Enfin, bon comme il avait dit, le principal pour elles, c’était qu’elles aient réussi à sort de la prison. Lui ça ne lui faisait pas grand-chose, mis à part Eleanora il ne connaissait pas les autres, et Borys s’intéressait bien plus à sa vie qu’à celle des autres, alors qui était en prison, qui ne l’était pas, il n’en avait strictement rien à faire.

Il est vrai qu’Eleanora était une jeune femme qu’il appréciait, avec qui il passait parfois de bons moments, mais il n’avait pas été effondré en apprenant qu’elle s’était faite enfermée. Il avait trouvé cela dommage pour elle, mais elle avait joué avec le feu, elle s’était brûlée, voilà. Ce n’était pas comme si sa peine avait été déméritée, loin de là, pour les crimes qu’elle avait commis, et qu’elle continuait à commettre. Il n’allait pas la blâmer, chacun gagnait sa vie comme il l’entendait, et parfois, l’appât du gain appelait au risque, mais il ne fallait pas s’étonner par la suite, quand les choses se passaient mal, finalement.

-Désolée de te décevoir, je vois bien que tu espérais autre chose. Je travaillerai à une histoire plus épique la prochaine fois que je la raconterais. Si tu as des suggestions, d'ailleurs...

Des suggestions ? Non pas vraiment. Borys n’était pas un conteur, et ce n’était pas vraiment son truc d’inventer des histoires pour se donner un genre. D’autant qu’il n’était pas vraiment déçu, il était juste… il aurait pensé qu’il y aurait eu plus d’action. Mais bon, inutile d’en débattre durant des heures, ce n’était pas si important que ça. Il préférait passer un agréable moment en compagnie d’une femme qu’il appréciait, et qu’il avait plaisir de revoir.

« Oula, tu ne t’adresses pas à la bonne personne pour ça. Ton histoire est bien, je ne suis pas déçu, je suis juste difficile à impressionner, j’en ai vu tu sais. »

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Bon, Borys n’était pas aussi bon public qu’il pourrait l’être en cet instant. Il était un peu dur envers Eleanora. Il est vrai qu’il n’était pas donné à tout le monde de pouvoir s’échapper de prison, et Eleanora, ainsi que ses comparses, méritaient une approbation positive. Mais peut-être que Borys n’était tout simplement pas de son humeur la plus charmante. Il est vrai qu’il se serait attendu à un récit un peu plus rocambolesque, mais ce qu’elles avaient fait, était un exploit en soir. Borys ne savait pas s’il aurait été capable d’autant de discernement, et de réussite à leur place.

Il aurait très certainement tenté d’user de ses talents d’hypnose, mais cela n’aurait pas garanti un succès non plus. En tout cas, il espérait ne jamais avoir à tenter cette option, il n’avait aucune intention de se retrouver en prison. Il savait qu’au regard de la loi, ce qu’il faisait avec Eleanora, c’était de la complicité de meurtre, mais lui ne tuait personne, et n’avait jamais couvert ses mains de sang. Alors non, il refusait d’être vu comme un criminel.

-Je sais, mais c'est moi que tu décevrais si tu prétendais que tu en aies vu beaucoup des comme moi, je tiens le haut du panier, c'est mon devoir de m'assurer que tu gardes bien ça en mémoire.

Le jeune homme afficha un petit sourire. Eleanora n’était pas n’importe quelle femme, il voulait bien l’admettre. Le haut du panier, cela dépendait du panier, mais elle était assez unique en son genre. Etant donné qu’elle était son amie, il se permettait de la charrier, et de la taquiner un peu. Ce n’était pas bien méchant. Borys n’était pas un expert, dans le milieu criminel, et de la pègre. Certes, il le fréquentait un peu, et ce qu’il faisait n’était pas toujours très illégal, mais il n’était pas un délinquant, et n’avait pas de réputation, autre que celle qu’il avait acquise grâce au cirque. Alors les concurrents directs de la jeune femme, il ne les connaissait pas. Mais il se doutait qu’elle était l’une des meilleures dans son domaine.

« Mais je n’ai jamais remis en compte le fait que tu es une femme exceptionnelle Eleanora. Ni même que réussir à t’évader de la prison est un exploit considérable. »

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Borys n’abusait jamais vraiment des compliments. Il s’en servait dans des situations bien précises. Mais en présence de ses amis, il estimait que ce n’était pas nécessaire. Cela ne voulait pas dire qu’il n’avait rien de bien à dire sur la jeune femme. Pas du tout. Eleanora était une femme admirable, bien plus qu’admirable, mais elle le savait déjà, alors à quoi bon le lui dire. Oui, oui… les femmes aimaient les compliments, surtout venant des hommes. Il le savait, mais Eleanora, il n’avait pas besoin de la complimenter de trop, puisqu’il la connaissait déjà bien.

Mais bon, c’était peut-être un peu de mauvaise volonté de sa part, pour le coup. La jeune femme avait accompli beaucoup de choses, et elle n’était pas inconnue de tous. En même temps, avec quelques exploits à son actif, on ne restait généralement pas trop à l’ombre. Même si pour l’heure, elle ferait mieux d’y rester, histoire de ne pas se faire attraper une seconde fois, ce serait tout de même rudement dommage, après tous ces efforts fournis pour sortir de prison. Et puis, il n’avait pas non plus envie de la voir y retourner.

-Non, mais tu modères beaucoup trop ton enthousiasme à mon goût. Tu sais que je goûte davantage les compliments que les brimades même affectueuses. Je pense que j'ai bien mérité davantage que des "j'en ai vu d'autres" de ta part. Après tout, je ne crois pas avoir jamais été la dernière à avoir su faire l'éloge de tes talents.

Il afficha un léger sourire. Il ne la pensait pas vraiment vexée. Eleanora était une femme fière, évidemment. Et elle avait raison de l’être, mais il n’était pas certain qu’elle était du genre à être susceptible pour si peu. Puisqu’au final, il n’avait rien dit d’insultant, ou d’offensant. Il comprenait bien qu’elle attendait qu’il la caresse dans le sens du poil, mais ce n’était pas vraiment son genre de faire ce genre de choses. Et elle devrait le savoir, depuis le temps qu’ils se connaissaient. Mais c’était sans doute le cas, elle tentait juste d’obtenir gain de cause, mais ce n’était pas comme ça qu’elle l’aurait.

« Je m’en doute, tu es une femme, tu aimes que les hommes te complimentent c’est ça ? Mais tu sais, je ne m’adonne à ce genre de jeux que dans des situations précises. Quand j’ai envie de charmer de jolies demoiselles, ou quand j’en ai besoin professionnellement parlant. Après tout, te complimenter ne serait pas insinuer que tu n’es pas au courant de ta grandeur ? »

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-Les femmes aiment autant les compliments que les hommes, c’est seulement que les femmes, elles, l’assument. Et les hommes intelligents le savent et savent comment parler aux femmes intelligentes comme moi.

Le jeune homme afficha un sourire amusé. Il ne pouvait pas lui donner tort. Les hommes aussi aimaient être brossés dans le sens du poil, mais c’était de notoriété publique, que les femmes raffolaient de compliments, et d’attentions. En même temps, qui n’aimait pas cela ? Enfin, leur conversation n’avait pas de réelle profondeur dans tous les cas, puisqu’aucun d’eux n’était complètement sérieux. Du moins, Borys ne cherchait pas du tout à froisser la jeune femme, ou à la vexer. Eleanora était une amie, et il ne voulait pas que les choses finissent par s’envenimer entre eux.

« J’espère que tu n’es pas en train d’insinuer que je suis complètement stupide ? »

Borys lui lança un regard entendu, un sourcil relevé. Borys ne s’estimait pas être le plus intelligent des hommes, mais il avait au moins la chance d’être quelqu’un de malin, et cela devait être apporté à son crédit, quoiqu’on en dise. Mais bon, Eleanora avait peut-être à cœur de le chambrer, cela restait une possibilité tout à fait recevable après tout, n’est-ce pas ?

-Il n’y a pas besoin de vouloir charmer pour se montrer poli et courtois, tu sais. C’est ce qu’on appelle la galanterie, et elle t’apporte beaucoup de choses dans l’existence. Par ailleurs, quand on veut rentrer dans mes bonnes grâces, il est préférable de ne jamais renoncer au fait de vouloir me charmer, même quand on espère pas me séduire. A moins que je te révulse au point de ne même pas envisager de me séduire. Mais je n’y crois pas un seul instant. Je suis terriblement au courant de ma grandeur, mais j’aime à l’entretenir. Elle ne vaut pas grand-chose, en fin de compte, s’il n’y a que moi pour me flatter.

Borys savait tout cela, mais ce n’était pas vraiment le genre d’homme à être galant s’il n’avait pas une idée derrière la tête. Il faut dire aussi qu’il n’avait pas vraiment reçu d’éducation alors il y avait certains comportements qu’il mettait de côté. Cela ne voulait pas dire qu’il ne savait pas se comporter en société. Il faisait un métier qui le mettait sans cesse au contact des autres, alors il avait fini par apprendre sur le tas. Et il trouvait, de son point de vue, qu’il s’en sortait plutôt bien.

« Oh tu sais, dans la rue on n’apprend pas vraiment la galanterie. Et puis, je pensais que j’étais déjà dans tes bonnes grâces, étant donné mon aide précieuse et vitale dont tu te sers pour tes petites affaires. Mais je t’apprécie trop pour me résoudre à te séduire, ça gâche toujours tout ce genre de choses dans une amitié. »

-Et va prétendre que tu n’aimes pas qu’on te fasse des compliments, toi. Pourtant, je suis convaincue que tu ne doutes jamais de ta grandeur.

Il est vrai que Borys avait plutôt une haute estime de lui-même. Il n’allait pas le nier. C’était comme ça, il avait appris à faire avec, et il n’en avait pas franchement honte. Dans tous les cas, Eleanora aussi avait une haute opinion d’elle-même, alors il ne voyait pas pourquoi il jouerait les faux modestes, ce n’était pas du tout son genre d’agir ainsi, c’était une perte de temps.

« Effectivement, j’aime les compliments, et j’ai conscience de ma grandeur. On se ressemble sur de nombreux points, mais c’est aussi pour ça qu’on est capable de voir l’autre à sa juste valeur. »

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