Quand on ne sait pas vers qui se tourner. [pv Vinda :33]

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ueenie tentait de faire bonne figure. Elle savait combien Tina souffrait de la voir mal, et elle ne voulait surtout pas que sa soeur s'inquiète pour elle plus que de raison. L'ennui, c'est que la jeune femme n'avait jamais été bonne comédienne, et elle avait toutes les difficultés du monde à se composer une attitude que l'on puisse qualifier de véritablement convaincante. Elle n'y pouvait rien, c'était plus fort qu'elle. Elle ne réussissait pas à enterrer ses sentiments. Elle n'avait pas envie d'enterrer ses sentiments. Elle avait connu un amour fort, vif, puissant, inégalable, elle n'avait pas envie de prétendre que ce n'était rien, elle n'avait pas envie de faire comme si elle était réellement capable de le supporter, elle n'aimait pas faire comme si Jacob ne lui manquait pas... c'était comme trahir sa mémoire. Une mémoire que, pour la peine, elle était seule à porter pour eux deux. Qu'elle lui avait fait la promesse de porter pour eux deux.

De toute façon, ce n'était pas qu'une affaire de volonté. C'était une affaire d'impossibilité. Queenie aimait Jacob, elle ne pouvait pas oublier de l'aimer, comme ça, du jour au lendemain, sous prétexte que ça lui ferait moins mal. Oui, elle était malheureuse, oui, le jeune homme lui manquait si atrocement que cette seule pensée lui tordait le coeur. Mais elle avait le sentiment de n'avoir rien été avant de croiser son chemin, alors elle ne négligerait jamais l'importance qu'il avait eue, qu'il avait pour elle. Et puis ce n'était pas si mal, au fond. Parfois, repenser à un moment précis de leur histoire lui décochait un sourire, une pensée agréable. Elle devait seulement faire abstraction de l'envie puissante qu'elle avait de se rendre sur le pas de sa porte pour le retrouver. Elle y songeait bien souvent, à se balader simplement, nonchalamment, dans les rues qu'il avait l'habitude de fréquenter, juste histoire de le croiser "comme de par hasard", pour le voir seulement, pour s'assurer qu'il allait bien... avec l'espoir tout de même qu'en un regard, il soit capable de la reconnaître, qu'en un regard, la mémoire lui revienne.

Queenie avait besoin d'en parler, impérieusement besoin d'en parler. Mais elle ne pouvait pas parler à Tina. Elle savait pertinemment ce qu'elle lui répondrait, et enne n'était pas capable de l'accepter. Alors son réflexe de se rendre chez Vinda, qui lui avait laissé son adresse. Elle avait le sentiment que cette femme la comprenait mieux que personne. Et puis, il y avait quelque chose de plaisant à ne réussir à lire dans ses pensées qu'un amas incohérent de mots français. Oui, il fallait qu'elle lui parle, et donc, sans s'être annoncé, elle prit la décision de frapper à sa porte. Pourvu qu'elle soit là.

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inda sembla surprise de la trouver sur le pas de sa porte, et pour cause, Queenie ne s'était pas anoncée, elle avait décidée de venir sur un coup de tête. Elle ne savait toujours pas si c'était vraiment une bonne idée, mais en tout cas, elle ne pouvait plus garder ses pensées pour elle, elle avait besoin de partager, et Vinda était la seule personne à laquelle elle estimait pouvoir se confier à l'heure actuelle. Elle avait su se montrer si attentive, si compréhensive avec elle. Comment ne pas lui faire confiance ? En tout cas, Queenie se laissait totalement duper par l'attitude de la jeune Française à son égard, sans être à même de soupçonner quoi que ce soit. Surprise, oui, Vinda avait l'air de l'être en effet, mais disposée malgré tout à lui accorder du temps, et c'était tout ce qui importait pour Queenie à l'heure actuelle. Elle fut tentée, par automatisme, de répondre que tout allait bien, oui, mais ce serait mentir, évidemment. Non, tout n'allait pas bien, tout n'allait pas bien du tout, bien au contraire, et c'était justement pour cette raison qu'elle se retrouvait ici, désemparée, ne sachant plus réellement vers qui elle pouvait encore se tourner à l'heure actuelle.

-Pas vraiment..., admit-elle doucement. J'espère que je ne te dérange pas, ajouta-t-elle.

Mais Vinda semblait toute disposée à lui consacrer du temps, puisqu'elle l'invita à entrer et lui offrit de prendre place dans le salon, ce que la jeune femme fit sans aucune hésitation, contente de ne pas devoir rebrousser chemin. Elle aurait compris que Vinda ait des impératifs et ne soit pas disposée à la recevoir, mais elle avait vraiment besoin de lui parler, c'était important. Alors elle appréciait n'avoir aucun besoin de faire machine arrière et de repartir chez elle bredouille.

-J'avais besoin... de parler à quelqu'un, et tu es la seule à qui j'ai envie de parler de tout ça.

Enfin non, ce n'était pas vrai. La première personne à laquelle elle aurait envie d'en parler, c'était Tina... Elle n'aimait pas l'idée de garder pour elle une détresse que sa soeur voudrait connaître et devinait dans tous les cas très bien. Mais elle ne pouvait pas se lamenter, ce serait briser inutilement le coeur de son aîné. Et puis, la solution était insoluble dans tous les cas... Elle avait juste envie de parler à quelqu'un qui serait à même d'affirmer que sa relation avec l'Auror n'avait pas été une erreur, et qu'elle avait eu raison de croire en cette histoire et de la vivre jusqu'au bout, même si elle avait été bien évidemment vouée à l'échec. Oui, Vinda, pensait-elle, serait capable de la comprendre, de l'écouter, sans l'ombre du moindre jugement, et avec une bienveillance bienvenue.

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ueenie afficha une très légère esquisse de sourire en entendant sa nouvelle amie lui assurer u'elle avait bien fait de venir. La jeune femme le pensait également, mais elle ne pouvait en être certaine pour autant. Elle savait pertinemment que la situation était particulière. Elle ne connaissait pas Vinda depuis très longtemps, et même si elle se sentait proche d'elle, ce n'est pas pour autant qu'elle pouvait s'assurer d'avoir raison de lui confier absolument tout ce qu'elle avait sur le coeur. Peut-être que l'avenir lui donnerait tort (oui) mais en attendant, si la jeune femme ne se confiait pas à quelqu'un, elle allait tout simplement exploser. Elle contenait trop d'émotions, et c'était tout sauf une bonne chose.

Supporter les émotions des autres lui demandait un effort considérable en soi, mais quand sa détresse était si forte qu'elle prenait le pas sur tout le reste, c'était encore pire. Elle aimerait que Tina puisse entendre ce qu'elle avait à dire en se contentant de l'écouter, mais aussitôt ses pensées feraient barrage à toutes ses bonnes intentions. Les pensées de vinda lui restaient hors d'accès, et c'était honnêtement un soulagement certain. La jeune femme devait maintenant, accepter de passer aux aveux, et c'était encore une autre paire de manches évidemment. Elle ne pouvait bien sûr pas revenir en arrière à présent, et elle n'en avait pas envie non plus.

-Est-ce que tu peux me promettre de garder un secret ?

Lui parler de Jacob, ce n'était pas rien. Même si la situation avait été réparée et qu'elle avait par conséquent fait amende honorable auprès du MACUSA, ce qu'elle pensait encore de Jacob, l'envie puissante qu'elle avait d'aller le retrouver, tous les jours, ce n'était définitivement pas quelque chose qu'elle devrait partager, même armée des meilleures intentions du monde. Alors elle préférerait que le contenu de leur conversation ne soit pas ébruité... même si elle ne voyait pas vraiment auprès de qui, en vérité. Dans le fond, elle ne risquait pas grand-chose à se confier, mais ce qu'elle avait à dire était si important, si personnel pour elle qu'elle ne pouvait que vouloir s'assurer que toutes ses confidences demeureraient des confidences dans tous les cas.

Queenie, ceci dit, posait la question mais savait déjà la réponse. Elle avait une entière confiance en Vinda, même si elles se connaissaient depuis peu. Elle avait déjà, par le passé, trouvé les mots nécessaires afin de la soutenir et de la rassurer. Des mots qui l'avaient soulagée, qui lui avaient fait le plus grand bien, des mots qui l'avaient remise d'aplomb. Et si elle ne pouvait lire ses penser, elle croyait pouvoir jauger sa sincérité et ses intentions, et elle ne se méfiait absolument pas de son interlocutrice. Bien au contraire, même, elle ne demandait qu'à écouter et croire ses conseils.

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ueenie avait besoin de se confier, elle avait besoin d'exprimer tout ce qu'elle avait sur le coeur, et sans craindre d'être jugée. Tina resterait toujours la meilleure amie de Queenie, mais il leur était impossible d'aborder le sujet de Jacob sans que sa soeur lui rétorque qu'elle était responsable de son malheur, qu'elle n'aurait pas dû donner sa chance à Jacob en premier lieu. Bien sûr, il y avait une part de vérité dans les paroles de son aînée, et cette dernière cherchait avant tout à la protéger. Mais Queenie n'avait pas envie d'être protégée, elle avait juste envie d'embrasser sa douleur sans se sentir coupable de l'éprouver. Et elle avait le sentiment qu'avec Vinda, c'était possible. Cette dernière, jusqu'ici, s'était toujours montrée attentive, à l'écoute de ses états d'âme... alors elle avait envie de la croire sur parole quand elle lui disait, avec une douceur qui en elle-même était déjà agréable, qu'elle pouvait lui parler de tout sans craindre d'être jugée.

Evidemment, le fait de ne pas avoir accès aux pensées de Vinda, articulées dans une langue qu'elle était incapable de déchiffrer, devrait peut-être aiguiser sa défiance ou l'inviter à se tourner vers quelqu'un d'autre, mais en fait, c'était tout l'inverse qui se passait chez Queenie. Oui, elle avait plutôt tendance à trouver apaisant le fait de ne pas avoir à entendre ce que son interlocutrice penserait de ce qu'elle avait à dire. Elle avait suffisamment donné, déjà, à ce sujet, et elle en était fatiguée. Elle avait besoin d'un soutien inconditionnel, qui s'épargnerait tout jugement, elle avait besoin qu'on la laisse avoir mal tant qu'elle avait mal, jusqu'à ce qu'elle se sente capable d'aller de l'avant. Pas de tourner la page, bien sûr, c'était une chose qu'elle ne se résignerait jamais à faire, mais d'aller de l'avant, oui, et elle pensait réellement qu'elle le pouvait, elle croyait véritablement que c'était possible. Elle hocha doucement la tête en réponse à Vinda.

-Je sais... Ou du moins, elle pensait le savoir. Et pour le moment, ça lui suffisait, sans qu'elle réalise que c'était une immense erreur de sa part. C'est au sujet de Jacob, le no-maj qui était avec nous quand Newt et Tina étaient recherchés. Elle lui avait parlé en surface de tout ça, mais pas en détails. Et bien sûr, elle avait mis de côté le sujet le plus important. Je suis tombée amoureuse de lui. Et maintenant je l'ai perdu pour toujours.

Il n'y avait pas d'autre manière de le dire, pas d'autre façon de le résumer. Elle était tombée amoureuse d'un No-maj qui, maintenant, n'avait même pas conscience du fait qu'elle existait. et cette pensée lui fendait le coeur.

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ueenie ne se sentait pas mieux, mais du moins soulagée que depouvoir parler avec Vinda, parce qu'elle avait le sentiment d'être entendue, elle avait l'impression d'être comprise... Certes, Vinda n'avait rien à voir avec ses histoires, mais elle lui prêtait une oreille attentive, elle compatissait. Elle lui offrait, au fond, tout ce qu'elle attendait de la part de Tina sans l'obtenir pour autant. C'était peut-être parce que Vinda était française, qu'elle avait grandi en Europe et que la culture là-bas était différente, quand Tina pour sa part travaillait pour le MACUSA et ne pouvait que respecter leurs codes et leurs lois, fussent-elles injustes. Dans tous les cas, elle était la première personne à laquelle elle avait voulu s'adresser après sa soeur, et au vu de sa réponse, elle ne regrettait absolument pas. Ce n'était pas cette discussion qui allait changer cette situation, mais peut-être améliorer son moral, déjà... qui était au plus bas, c'est rien de le dire.

L'incompréhension de Vinda était totale, et elle faisait du bien à Queenie, même si cette dernière, au fond, comprenait les mesures qui avaient été prises. Elle n'avait jamais remis en question les lois qui tenaient à l'écart no-majs et sorcers, elle admettait que c'était pour le bien commun. Mais... enfin, disons que c'était avant d'avoir une vraie conversation avec l'un d'entre eux. Jacob et elle, c'était une évidence, il y avait quelque chose, entre eux. c'était plus fort qu'eux... et maintenant, elle avait tout perdu. Comme on dit, la loi a beau être injuste, c'est la loi.Et personne, malheureusement, n'y déroge. Jamais. Elle fit doucement non de la tête quand son interlocutrice observa que pour Jacob, au nom de l'aide qu'il avait apportée, ils auraient pu faire une exception.

-Ce n'est pas comme ça que les choses fonctionnent ici... Il n'y a pas de traitement de faveur, pour personne.

A mesure qu'elle prononçait ces mots, sa voix tremblait de plus en plus. Avant même qu'elle ait le temps de s'en rendre compte, elle éclatait en sanglots. Queenie était trop émotive, c'était l'un de ses plus grands défauts, et ces derniers temps, elle en souffrait beaucoup. Elle prenait sur elle, constamment, pour rester forte, pour donner l'air de rien, mais à chaque fois, elle craquait. Il lui manquait trop, elle avait trop mal. C'était comme si on lui arrachait une partie du coeur, ou même le coeur tout entier.

-Je ne sais plus quoi faire. Ca fait si mal... J'aimerais en parler à Tina, mais elle ne comprend pas. Pour elle, tout est de ma faute.

Elle extrapolait peut-être les choses, mais dans l'état d'extrême fragilité où elle se trouvait, c'était ainsi qu'elle interprétait les choses.

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L

eur étreinte faisait définitivement du bien à Queenie, elle en avait besoin. Besoin d'être soutenue, besoin de sentir qu'on était de son côté, besoin d'une amitié qu'elle ne se sentait plus capable de trouver auprès de Tina, avec qui son amitié naturelle se faisait de plus en plus difficile à mesure qu'elles peinaient toutes deux à se comprendre. Vinda, cette amie providentielle, était tombée à pic dans sa vie, et même si Queenie la connaissait encore très peu, elle se sentait rassurée de l'avoir auprès d'elle. Là pour l'encourager, là pour l'aider, pour la soutenir, pour l'écouter. Et aussi pour, il est vrai, l'encourager dans ses mensonges et, par la même occasion, entretenir des certitudes qu'elle aurait en vérité tout intérêt à perdre.

Queenie aimait, oui, entendre Vinda lui assurer qu'elle n'était responsable de rien. Elle le pensait aussi. Après tout, elle n'avait eu aucune prise sur ses sentiments, et elle ne voyait pas où était le mal à avoir voulu les exprimer. Mais tout de même, c'était soulagement d'entendre en fin qu'on la comprenait, qu'on réussissait à se mettre à sa place. Elle hocha doucement la tête. Elle avait toutes les peines du monde à contenir ses larmes tant elle ressentait le besoin de les verser, et avec Vinda, elle avait l'impression de ne pas avoir besoin de se retenir. Elle pouvait ouvrir les vannes, tout simplement, et ça faisait un bien incroyable. Bien sûr, ça ne résolvait absolument pas sa situation, elle demeurait toujours aussi inextricable, mais la jeune femme avait l'impression que sa vie en elle-même était moins désespérée, et c'était déjà quelque chose de fort, pour elle.

-Il n'y a rien à faire, j'en ai peur, répondit Queenie entre deux sanglots étouffés du mieux qu'elle le pouvait.

Et pourtant, elle était une personne positive et optimiste en temps normal. Elle avait envie de croire en l'avenir, en la chance, au bonheur. Jusqu'au tout dernier instant, elle avait vraiment eu envie de croire qu'elle s'en sortirait, qu'elle parviendrait, avec Jacob, à trouver une solution, que leur histoire pourrait véritablement avoir une issue heureuse. Mais non, ça n'avait pas été le cas. Elle avait perdu énormément, et la douleur de cette perte restait une blessure ouverte sur son coeur, qui n'était pas prêt de se refermer. Mlheureusement, elle était contrainte de voir la vérité en face. Sa seule option était de survivre à l'absence de l'homme qu'elle aimait, et qui resterait, à tout jamais, à ses yeux, le seul pour quoi son coeur ait jamais battu. Et pour qui son coeur battrait jamais, pensait-elle, dans elle était sûre et certaine de ne jamais retrouver un jour un homme qui lui correspondrait de nouveau autant.

-Mais tu en fais déjà beaucoup pour moi. Tu es là, tu m'écoutes, tu n'imagines pas à quel point ça compte pour moi.

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ueenie esquissa un fin sourire en entendant Vinda lui assurer qu'elle serait toujours là pour elle. Ces mots lui faisaient un bien fou. Cela ne guérissait rien de ses blessures, bien sûr, mais Vinda, avec sa gentillesse et sa capacité d'écoute, déposait un baume rassurant sur son coeur meurtri. C'était vraiment important, pour elle, de se sentir écoutée et soutenue. Bien sûr, elle voudrait qu'une étreinte similaire la rapproche de Tina, elle voudrait la même conversation, exactement la même, avec sa grande soeur, de qui elle s'éloignait à regret, mais elle savait se contenter de cette amitié neuve, et qui tombait à pic.

Elle ne savait vraiment pas ce qu'elle aurait fait si elle avait dû se retrouver seule avec cette douleur opressante, avec cet étau qui lui comprimait la poitrine. Elle ne savait pas si ça partirait un jour, elle avait l'impression que ça ne partirait jamais, mais Vinda réussissait, sur le moment, à lui apporter ce dont elle avait besoin, ou du moins ce dont elle avait besoin et qu'elle pouvait vraiment se permettre d'obtenir. Car ce dont elle avait réellement besoin, c'était évidemment de Jacob, de sentir son coeur battre contre le sien, de goûter à ses lèvres une fois de plus, d'entendre le ton de sa voix... Oh, comme il lui manquait, il lui manquait terriblement... Le simple fait d'en parler... ça lui fausait du bien en partie, parce qu'elle avait besoin de parler de lui, mais ça lui faisait du mal, aussi... Elle hocha la tête, un peu dépitée, quand Vinda lui demanda si elle avait déjà songer à revoir Jacob. Elle ne devrait pas s'engager sur ce terrain-là. Il suffirait d'une personne, une seule pour l'encourager à passer le pas, et elle le ferait sans plus la moindre hésitation. Pourtant, il ne fallait pas, ça ne mènerait dans tous les cas nulle part, et ça lui ferait sans doute plus de peur que de mal.

-J'y pense constamment, admit-elle d'une voix un peu tremblante. Les larmes avaient cessé de couler, mais elle était encore fébrile, et elle avait bien du mal à contenir l'émotion puissante qui la portait encore. J'aimerais juste... Pouvoir le voir de nouveau, même de loin, même sans quil me voie, pour m'assurer qu'il va bien, pour être sûre qu'il est heureux.

Mais elle serait, dans le fond, incapable de l'observer à distance sans vouloir aller lui parler. Sans oublier que ce serait forcément source de problèmes et de douleur. Le voir "une dernière fois" ? Il y aurait forcément une fois suivante, puis encore une ? Ils s'étaient dit adieu. Leur histoire avait eu droit à son point final. C'était une chance et elle le savait pertinemment. Elle n'avait pas le droit de rebattre les cartes, de rejouer l'histoire. Mais par Merlin, ce qu'elle en mourrait d'envie !

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ueenie ne saurait exprimer à Vinda combien sa présence lui était devenue indispensable au fil du temps, et ces dernières semaines. Leur rencontre était improbable, elles se connaissaient depuis bien peu de temps, et pourtant, la jeune femme ne se verrait pas du tout affronter la situation dans laquelle elle se trouvait actuellement si elle ne l'avait pas à sa côté pour l'aider, pour la guider, pour la consoler... elle faisait partie de ces personnes qui, à l'instar de Jacob, avaient pris une importance incroyable dans sa vie en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire - ce qui était tout sauf une bonne chose et qui devrait lui apprendre qu'il ne faudrait pas qu'elle s'attache aussi rapidement ni aussi facilement à qui que ce soit. Et elle en avait besoin. Elle était ce petit démon sur son épaule qui lui soufflait précisément ce qu'elle avait envie d'entendre, sans qu'elle soit capable de le comprendre comme tel, quand Tina était le petit ange posé sur son autre épaule, pleine de raison, et que Queenie réussissait de moins en moins à écouter tant elle était obsédée par l'envie de revoir Jacob, et un peu plus malheureuse à chaque seconde passée loin de lui.

Oui, pour ce qui était de dire à Queenie précisément ce qu'elle avait envie d'entendre, Vinda n'avait pas son pareil, et elle le lui prouvait clairement en cet instant, alors qu'elle lui soufflait plus ou moins d'aller voir Jacob, pas forcément d'aller lui parler non plus, mais au moins d'aller jeter un oeil de son côté, pour s'assurer qu'il allait bien, pour se rassurer quant au fait qu'il était heureux malgré tout. Newt avait bien pu le revoir au moment de lui confier ses oeufs d'occamy, lui, même si ça avait duré une microseconde. Pourquoi n'aurait-elle pas le droit à sa propre microseconde, elle ? Elle en avait tant besoin, pourtant ? Un besoin impérieux et cruel à la vérité.

-Tu crois ? demanda Queenie qui n'attendait que de Vinda qu'elle le lui confirme.

Est-ce que ça lui ferait du bien ? La question se posait. Sur le moment, c'était au-delà d'évident, oui, elle serait forcément heureuse de pouvoir poser les yeux sur lui, mais ensuite ? Le voir ne lui rappellerait-il pas beaucoup trop cruellement qu'elle ne pouvait pas être avec lui, qu'elle ne le pourrait jamais ? C'était vraiment, vraiment dur à accepter, ce serait sans doute plus dur encore à endurer. Et pourtant... Pourtant, elle priait intérieurement pour que Vinda insiste, qu'elle la conforte dans une position qui était d'ores et déjà la sienne.

-Mais si je me contente de le voir... Je sais que je vais vouloir lui parler. Et si je vais lui parler, je n'arriverai pas à le quitter une deuxième fois.

Même s'il le faudrait puisque Jacob ne la reconnaîtrait pas.

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C'

était si agréable, si rassurant, de pouvoir parler de ce qu'elle pensait, de pouvoir dire librement ce qu'elle ressentait, de pouvoir se livrer à une personne qui ne semblait pas vouloir la juger ou lui reprocher quoi que ce soit des élans irrépressibles de son coeur. Vinda écoutait, elle n'était jamais dans le jugement, elle était, bien au contraire, dans l'encouragement perpétuel... chose qui devrait peut-être mettre la puce à l'oreille de Queenie, mais ce n'était absolument pas le cas : la jeune femme était si désespérée de trouver du soutien autour d'elle qu'elle n'était tout simplement pas capable d'entendre les arguments les plus solides qui se profilaient à l'encontre de ses plans. Elle cherchait une échappatoire, quelqu'un pour approuver ses erreurs et lui assurer qu'elles n'étaient pas si graves que ça, que ce n'était même pas des erreurs en fin de compte. A ce titre, Vinda était définitivement l'interlocutrice idéale. Elle ne se contentait pas de lui dire qu'elle comprenait dans le vide, elle recherchait activement des solutions, elle lui proposait bel et bien de faire quelque chose, pas de ronger son frein.

Et surtout, elle trouvait très précisément le mots que lui adressait son interlocutrice à la hauteur de sa propre perception de la situation. Non, ce n'était pas exagéré, à ses yeux, d'affirmer que Jacob et elle étaient des âmes soeurs. Quelle exagération pourrait-il bien y avoir dans l'énonciation de la plus pure et stricte vérité ? Elle était entièrement d'accord avec cet état de fait : leurs âmes avaient été faites pour se trouver, et par conséquent, il était cruel, presque inhumain, de faire le choix de les séparer. D'une manière ou d'une autre, leur histoire devait être vécue, méritait d'être vécue... Et Queenie ferait tout ce qui était en son pouvoir pour qu'elle le soit bel et bien.

-Tu as raison, répondit Queenie qui ne demandait il est vrai qu'à donner raison à Vinda, dans un hochement de tête. Je vais au moins m'assurer qu'il va bien.

Comme si, vraiment, elle était capable de ne faire que ça... Elle irait forcément lui parler. Mais est-ce qu'il la reconnaîtrait ? Oui, elle était sûre de ça. Ils n'avaient pas besoin de se connaître pour se reconnaître ? Ils s'étaient reconnus dès leur première rencontre. C'était quelque chose qui allait bien au-delà des mots ou de toute considération du genre. C'était en eux.

-J'ai déjà pensé... à juste partir, avec lui, en Europe. En Angleterre, on pourrait se marier, vivre notre vie librement... Oui, elle avait beaucoup cogité sur la question, elle ne pouvait définitivement pas faire comme si elle n'avait pas tourné et retourné le sujet en long, en large et en travers. Mais ça briserait Tina, si je faisais ça.

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ueenie baissa le regard. Elle ne voudrait pas trouver autant de vérité dans le discours de son interlocutrice, malheureusement, c'était entièrement le cas. Oui, c'était on ne peut plus vrai : ce n'était pas juste son coeur qui était en miettes, c'était un tout. Elle se sentait, purement et simplement, à bout de forces et à bout d'options, et elle avait le sentiment qu'elle ne parviendrait jamais à se sentir mieux et à remonter la pente. On l'avait privée d'une part d'elle-même beaucoup trop importante pour qu'il puisse vraiment faire autrement. Son interlocutrice voyait immédiatement cela en elle, ses émotions étaient beaucoup trop transparentes, elle le savait : mais pourquoi faudrait-il qu'elle s'en cache, en même temps ? Déjà qu'elle devait supporter ce fardeau, comment faire pour s'en cacher ? Non, elle ne le pouvait pas : c'était plus fort qu'elle, un point c'est tout.

-Mieux vaut moi qu'elle, répondit tout de même Queenie avec un fin sourire.

Et c'était une chose qu'elle pensait bel et bien. Oui, Queenie aimait sa soeur de tout son coeur, elle avait toujours été sa priorité, tout comme elle savait qu'à l'inverse, Tina avait toujours fait d'elle sa priorité. Si elle n'avait pas été là après la mort de leurs parents, elle n'aurait tout simplement pas été capable de le supporter, elle l'aurait vraiment trop mal vécu, sans pouvoir s'en cacher. Oui, elle était prête à avoir mal pour que Tina n'ait pas mal de son côté, même si elle savait qu'elle lui faisait tout de même du mal, indirectement, parce qu'elle ne savait pas tourner la page et penser à autre chose. Malheureusement, c'était inconcevable pour elle. Elle ne se verrait pas oublier Jacob, à moins de l'oublier de la manière dont Jacob l'avait oubliée, elle. Autant lui demander d'arrêter de respirer, ce serait du pareil au même.

Queenie commettait l'erreur de croire son interlocutrice sur parole quand elle affirmait qu'elle aurait voulu que les choses se passent différemment pour elle. C'était ainsi, elle ne pouvait s'empêcher de croire en leur amitié, et leur dernière lui était si précieuse. Vinda lui donnait l'impression d'être totalement comprise, elle lui refusait ce jugement que Tina lui adressait, et ça lui faisait un bien fou.

-Je sais que je n'ai qu'une solution, et c'est de choisir entre Tina et Jacob. Et si je dois faire ce choix, alors je dois choisir Tina. Tu n'imagines pas à quel point elle est importante pour moi... je ne peux vraiment pas l'abandonner.

Même si une part d'elle se disait qu'elle pourrait juste avoir les deux si sa soeur n'était pas à ce point bornée. Oui, Tina devait être son choix de coeur. Mais cela impliquait, en effet, qu'elle s'éteindrait inexorablement. Elle aimait Jacob de tout son coeur : comment faire autrement ?

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ueenie avait trop désespérément besoin d'une amie, surtout à l'heure où les liens entre elle et sa soeur étaient à ce point distendus, si bien qu'elle se laissait totalement prendre au jeu de son interlocutrice sans y voir l'ombre de la moindre malice. Deux raisons à cela : Vinda Rosier était une très bonne actrice et Queenie, de son côté, était particulièrement désespérée. La jeune femme avait besoin d'un repère, de conseils, elle avait besoin que l'on compatisse à son sort. Elle devrait peut-être se méfier de ces pensées formulées dans une langue étrangère, qui faisaient qu'elle n'était pas capable de les comprendre, mais elle décidait de n'y voir que du feu, vraiment. Queenie avait juste besoin d'une oreille attentive, et qu'on lui dise très exactement ce qu'elle avait envie d'entendre. Et ce qu'elle avait envie d'entendre, ici et maintenant, c'était qu'elle pouvait encore être soutenue, et que le dilemme qu'elle traversait était de ceux que l'on pouvait comprendre sans porter de jugement sur ses choix et sur ses sentiments. Pour cette raison, Vinda lui faisait le plus grand bien.

-La vie n'est pas toujours juste, c'est ainsi..., répondit doucement Queenie.

Bien sûr qu'elle trouvait, elle aussi, que la vie était proprement injuste avec elle, bien sûr qu'elle voudrait ne pas avoir à choisir entre l'amour de sa vie et sa précieuse soeur, mais elle choisirait Tina malgré tout, et tant pis si cela devait la rendre malheureuse : elle ferait avec, puisqu'elle n'avait pas le choix. Peut-être qu'elle parviendrait à panser ses blessures, avec le temps. Peut-être bien que non, ce qu'elle savait néanmoins, c'est que les choix les plus douloureux resteraient toujours douloureux, et qu'il fallait l'accepter. Le naturel optimiste de Queenie ne pouvait pas outrepasser cette réalité pour autant. Elle était dans l'obligation de faire avec, ne lui en déplaise. Quels autres choix pouvait-elle bien avoir, n'est-ce pas ?

-Je n'ai pas la force de changer le monde, répondit-elle avec un sourire triste. Mais si ça doit arriver, fais-moi signe, dit-elle doucement.

Elle voulait se battre pour Jacob, bien sûr, mais ce n'est pas comme si elle imaginait que le monde et les lois changeraient en un claquement de doigts. Non, il n'y avait vraiment pas la moindre raison pour que les choses changent sous sa propre impulsion. Queenie ne verrait pas quel rôle elle pourrait jouer à ce titre. Elle était au fond du gouffre, et oui, elle se sentait prête à renoncer, elle avait l'impression que rien n'était possible, à présent.

-Tu en parles comme si c'était vraiment possible, ajouta-t-elle malgré tout, rattrapée par une curiosité qu'elle ne pouvait certainement pas nier.

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