Un verre entre amies [pv Debrah :33]

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arlene n'était pas de nature à se plaindre. Non, elle était plutôt une femme que l'on pourrait qualifier de docile, qui avait tendance à dire oui à tout, pas tant parce qu'elle était d'accord que parce qu'elle ne voulait surtout pas fâcher qui que ce soit. Alors, quand on lui donnait du travail supplémentaire, sans être payée pour cela ça va sans dire, elle ne protestait pas, elle ne bronchait pas, elle se contentait de s'exécuter. Ce soir-là, elle avait donc quitté le cabinet d'avocats pour lequel elle travaillait une bonne heure au-delà de ses horaires habituelles. Elle n'en était pas particulièrement ravie, mais elle prenait la situation avec tout de même une certaine philosophie. Après tout, ce n'est pas comme si elle détestait son métier non plus quoi qu'il en soit, elle était heureuse de se rendre utile et de rendre service par la même occasion. Seulement, elle aurait aimé avoir le temps de rentrer chez elle, de prendre une douche, de se changer... d'échanger quelques mots avec Wade avant de repartir. De toute évidence, elle pouvait oublier. Elle avait rendez-vous avec Debrah dans un peu plus d'une heure, repasser par chez elle lui ferait faire un trop grand détour.

Tant pis, Darlene était d'un naturel conciliant, et quand une situation n'interférait pas en sa faveur, elle s'arrangeait pour changer le négatif en positif. En l'occurrence, cela allait lui permettre de faire quelques emplettes avant de rejoindre son amie au café où ils s'étaient donné rendez-vous, ce n'était pas si mal. Elle occupa donc son temps de latence en achats divers et variés, et arriva presqu'en retard (mais finalement pile à l'heure au rendez-vous). Debrah et elle devaient dîner ensemble dans un restaurant de Brooklyn dont elles affectionnaient toutes deux la cuisine, et Darlene était impatiente. Elle avait toujours aimé la compagnie de Debrah, elle la trouvait agréable, intelligente... leurs conversations filaient toujours comme l'éclair tant elles étaient stimulantes.

Et dernièrement Darlene mettait d'autant plus un point d'honneur à être présente pour Debrah qu'elle savait pertinemment que la vie n'était pas simple pour elle. Et pour cause. La pauvre avait perdu son fiancé dans de terribles et incompréhensibles (peut-être pas tant que ça selon les connaissances de Darlene, mais elle n'avait pas le droit d'en parler) circonstances. Ca aurait de quoi rendre fou et mal n'importe qui. Darlene avait seulement dû souffrir la rupture d'un homme qui était parti sans dire mot, et elle en avait encore le coeur brisé, alors elle n'osait imaginer l'insupportable souffrance que devait être celle de Debrah. Elle faisait de son mieux pour être là pour elle, pour l'aider et la soutenir... Sans être sûre que ça suffise. Quand elle arriva sur place, Debrah était déjà là. Elle la gratifia d'un sourire.

-Salut Debrah, comment vas-tu ?

   
   

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ebrah lui assura qu'elle allait bien, Darlene choisit de la croire sur parole. Oh, elle se doutait que, dans tous les cas, la jeune femme ne devait pas être au meilleur de sa forme, mais la jeune femme ne pensait pas qu'elle mentait malgré tout. On ne se remettait sans doute jamais vraiment de la perte de quelqu'un qu'on aimait, d'une manière ou d'une autre, cela nous hantait, qu'on le veuille ou non. Mais au moins, Debrah ne se morfondait pas sur son sort, elle essayait d'aller de l'avant quoi qu'il advienne, et c'était la bonne démarche à suivre. Ce n'est pas pour autant que Debrah négligeait la mémoire de Henry, ce n'était pas pour autant qu'elle le déshonnorait, non... Mais la meilleuremanière d'honnorer sa mémoire restait encore de continuer de vivre, il n'aurait pas voulu qu'elle se morfonde ou perde goût à tout, et Darlene avait envie de croire que la jeune femme faisait ce qu'il fallait pour contribuait à son bien-être. Donc, entendre qu'elle allait bien, et qu'elle était relativement sincère en le désant, ça la soulageait, ça la rassurait.

-Oh tu sais, une journée comme les autres. J'ai eu pas mal de travail, mais rien d'exceptionnel.

Elle n'irait certainement pas dire que son travail de dactylo était le métier le plus difficile ou le plus éprouvant qui existe au monde, mais il est vrai qu'il était accaparant, et qu'on lui demandait de beaucoup de son temps et de son attention. Ceci dit, elle était satisfaite. Elle aimait travailler, elle aimait se rendre utile, elle aimait être indépendante financièrement. Et il fallait qu'elle le soit. Même si ses parents seraient sans doute heureux de l'aider, elle voulait être capable de payer ses courses et son loyer, et encore plus maintenant que Wade vivait avec elle. Elle voulait qu'il ne s'inquiète pas de sa situation financière, qu'il ait le temps de se concentrer sur ses projets sans ressentir aucun pression de sa part. Elle croyait en lui, c'était aussi simple que ça.

-Et toi, qu'est-ce que tu as fait, aujourd'hui ? demanda Darlene, autrement plus intéressée.

Elle doutait fort que le blabla administratif qu'elle retranscrivait pour le cabinet d'avocats qui l'employait n'éveille en elle le moindre intérêt, et elle le comprenait. Car c'était définitivement quelque chose qui n'intéresserait pas Darlene non plus si elle était à la place de Debrah. Même pas du tout, en réalité. Elle préférait qu'elles parlent de petites choses du quotidien, et de manière générale, quand elle en était sortie, elle préférait ne pas parler du travail. Elle gardait cela pour la journée. Le soir, elle voulait juste se détendre et passer un bon moment avec les personnes qui comptaient pour elle, ça et rien d'autre, c'était à ses yeux largement assez.

   
   

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arlene avait espéré une autre réponse de la part de son amie, mais elle n'était malheureusement pas surprise pour autant. La vie de Darlene était ponctuée par des journées de travail longues et monotones, elle n'avait donc pas grand-chose à dire de ses journées de manière générale, mais Debrah, elle, était une jeune femme brillante, intelligente, autonome, et qui avait tout le temps libre qu'elle voulait dans sa journée, il pourrait donc s'y passer un ou deux événements disons plus... tapageurs. Mais de toute évidence, il n'en était rien.

Et non, ce n'était pas une surprise, car depuis le décès de son fiancé, Darlene voyait bien que son amie se renfermait sur elle-même, et elle n'aimait pas ça. Certes, elle comprenait, bien sûr, que la jeune femme ait besoin de temps pour se remettre sur ses pieds, pour aller de l'avant. Darlene ne connaissait pas le deuil amoureux, elle n'avait souffert que d'une séparation brutale, et déjà elle en avait bavé, alors elle se doutait qu'on ne se remettait pas du jour au lendemain de la perte de l'homme qu'on aime. Seulement, elle ne voulait pas que son amie s'enferme dans le désarroi ou dans le chagrin. C'était bien la dernière chose qu'elle puisse vouloir pour elle. C'était pour ça que les soirées qu'elles passaient ensemble étaient importantes. Bon, elles l'étaient dans tous les cas, bien sûr, mais elles l'étaient d'autant plus qu'il était important que Debrah comprenne combien sa vie sociale était importante, qu'elle devait continuer à voir du monde, ne pas s'isoler. Malheureusement, Darlene ne pouvait pas être là constamment pour Debrah non plus, et parfois, elle le regrettait, comme en cet instant, en entendant que son amie avait passé la journée à attendre qu'elles se voient.

Certes, elle appréciait la remarque, et elle aussi avait attendu qu'elles se voient avec impatience, c'était même ce qui avait su rendre sa journée de travail un peu moins pénible. Mais si elle avait eu du temps libre avant ça, elle savait que le temps serait passé plus vite, parce qu'elle aurait fait des courses, lu, cuisiné, bavardé avec Wade, tout ce qui occupait des journées que Debrah elle n'avait consacré qu'à des affaires à régler. Et à ses yeux, il ne faisait aucun doute que toutes ces affaires à régler concernaient, sans exception, de la paperasse concernant son défunt mari. C'était indispensable, évidemment... mais ça n'allait pas facilement lui sortir la tête de l'eau non plus.

-J'aime pas que tu restes enfermée à t'ennuyer chez toi, répondit Darlene, très honnête. Tu sais quoi ? Tu devrais t'inscrire à un club, quelque chose comme ça. Ou bien te promener, aller au musée ?... Désolée, tu dois en avoir marre qu'on te sorte ce genre de discours.

Elle passait peut-être pour moralisatrice. Elle voulait pourtant simplement que son amie aille mieux.
   
   

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arlene afficha un sourire, soulagée que son amie ne lui reproche pas ses propos. Elle ne connaissait pas le deuil, elle ne l'avait encore jamais expérimenté, et elle priait toutes les divinités qui pouvaient bien exister (il fallait bien qu'il y en ait pour organiser ce monde de fou, pas vrai) pour que cela n'arrive pas de sitôt, alors c'était forcément difficile pour elle que de passer à côté de certains lieux communs et ne pas sombrer dans des écueils qui devaient fatiguer Debrah bien plus qu'ils n'étaient susceptibles de l'aider réellement. Elle était là pour elle, c'était tout ce qui importait, et d'une façon ou d'une autre, elle réussirait bel et bien à le lui prouver.

Et puis, au bout du compte, Debrah ne lui donnait effectivement pas complètement tort, constatant en effet que cela lui ferait bel et bien du bien de se trouver une activité qui l'empêcherait de tourner en rond comme c'était le cas pour elle en ce moment. Elle s'était donnée corps et âme à son époux, elle s'était entièrement dévouée à lui et à sa carrière, forcément, il était difficile de revenir d'une chose pareille. Ce serait facile de jouer les moralisatrices et de prétendre que, dans la vie, il était préférable de ne dépendre de personne et de se construire soi-même et uniquement soi-même, mais rien ne fonctionnait jamais selon une logique à ce point simple et évidente, ça se saurait, sinon. Malgré tout, Darlene voulait croire que son amie réussirait à rebondir. Elle était intelligente, belle, brillante, elle avait de la ressource. Les événements avaient émoussé sa force et ses convictions, mais il ne tenait qu'à elle de les récupérer et de ressortir plus déterminée encore des événement, elle en était parfaitement capable, elle avait beaucoup de choses pour elle. Et si ce dont elle avait besoin avant tout, c'était que l'on croie en elle, alors Darlene s'en donnerait à coeur joie pour que tout soit fait précisément pour que la jeune femme se ressaisisse et aille de l'avant, pas dans l'optique d'oublier l'homme qu'elle avait tant aimé - c'était de toute façon une chose impossible, mais dans l'optique de vivre pour lui, de lui survivre.

-Peut-être que tout ça, les projets de campagne de Henry... ça peut être un bon point de départ, tu ne crois pas ? De toute évidence, vous aviez des valeurs communes, tous les deux, tu pourrais peut-être t'appliquer à essayer de réaliser certains des rêves que vous aviez en commun et qu'il n'a pas eu le temps de mener à bien.

Bien sûr, Debrah n'allait certainement pas pouvoir devenir sénatrice puis changer le monde, mais elle avait tout de même une fortune, un réseau, des contacts, de l'influence. Pour ce qui était de faire respecter ses volontés communes avec son défunt fiancé, c'était plutôt un bon début.
   
   

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arlene pourrait difficilement prétendre avoir toujours été raccord avec la mentalité politique d'Henry Shaw Jr., qu'elle avait bien souvent jugé d'un conservatisme un peu trop forcené. Son combat pro-prohibition, par exemple, lui avait toujours semblé relativement vain. Pas que cette dernière changeait quoi que ce soit à sa vie à elle, mais elle avait toujours défendu des valeurs un rien plus libérales. Cela dit, cela ne l'avait jamais empêché de s'entendre à merveille avec Debrah et de respecter ses propres convictions et son soutien inconditionnel à son défunt fiancé. En l'occurrence, ce qu'elle trouvait d'important dans cette situation, ce n'était pas tant d'inciter Debrah à poursuivre des idéaux politiques dans lesquels elle ne se retrouvait pas complètement que de l'aider à remonter la pente à titre personnel. Elle avait besoin d'un objectif, de quelque chose qui la motive au quotidien, elle avait besoin de faire quelque chose qui l'aiderait à moins tergiverser, à focaliser ses pensées sur autre chose que le départ brutal de cet homme qu'elle avait tant aimé.

Et Darlene se sentait ravie d'avoir pu aiguiller son amie dans une direction qui semblait lui convenir. En effet, à la perspective de suivre la voie tracée pour elle par Henry Shaw Jr. (même si elle ne serait jamais qu'une femme de l'ombre, c'était un peu le destin de toutes les femmes, à vrai dire - elles étaient loin de la mentalité sorcière où les femmes pouvaient accéder au poste de présidente), elle semblait revigorée. Restait à savoir si elle allait bel et bien agir ainsi ou prendre une autre direction, faire d'autres choix. Ce qui restait important, c'était que Debrah n'abandonne rien. Elle avait plus d'une excellente raison de vivre. Debrah était une femme merveilleuse, brillante, intelligente. Sa vie ne devait pas s'arrêter en même temps que celle de Henry. Elle devait avoir du mal à le penser pour le moment, mais Darlene restait convaincue que son amie finirait par se trouver d'autres buts à poursuivre, de vraies raisons de croire et d'espérer, de vraies raisons d'aller de l'avant. Et qui sait si, en chemin, elle ne retrouverait pas l'amour ? même si ça devait lui sembler tout à fait inconcevable pour le moment. Mais la vie vous réserve parfois des surprises plus qu'inattendues.

-Oh, ma belle..., répondit doucement Darlene, émue, quand son amie lui confia qu'Henry lui manquait. Comme elle le comprenait. Elle souffrait de l'absence d'Emmett alors que ce dernier (aux dernières nouvelles) était ce qu'il y a de plus vivant, elle n'imaginait pas quelle douleur ce devait être de perdre définitivement l'homme qu'on aimait. Elle serra sa main par-dessus la table. Je sais que ça va te sembler bateau, mais je le pense vraiment... D'où qu'il soit, il doit être vraiment fier de toi. Tu te bats pour lui, pour lui survivre. C'est le plus beau cadeau que tu puisses lui faire.

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a souffrance de Debrah était si évidente, si tangible, qu'il était absolument impossible pour Darlene d'y demeurer insensible. Empathique de nature, elle ne savait qu'éprouver une profonde et sincère tristesse quand elle voyait son amie dans cet état. Le temps passait, mais la blessure ne guérissait pas. Bien sûr, le décès de son fiancé était encore récent, il était normal qu'elle n'ait pas fait son deuil, mais Darlene, en grande romantique, pouvait comprendre que son amie n'en ait pas complètement envie non plus. Après tout, c'était un peu comme... renoncer à une part d'elle-même. Darlene croyait dans le fait qu'on avait, dans la vie, une personne qui était complètement faite pour nous, et pour qui on était faite. Et quand les événements, la tragédie, vous séparaient de cette personne, il était évidemment plus que difficile de passer outre et de faire complètement son deuil. La plupart des gens n'y arrivaient sans doute jamais, d'ailleurs.

Elle estimait qu'il n'y avait pas de mal à ce que Debrah porte aussi puissamment la mémoire de l'homme qu'elle aurait dû épouser. C'était lui rendre hommage, quelque part, et c'était aussi lui rendre justice, et l'un et l'autre étaient infiniment importants, vraiment. Bien sûr, il ne fallait pas qu'elle s'empêche de vivre pour autant, il fallait qu'elle trace sa propre voie, mais Darlene n'était pas de nature à penser qu'oublier était la seule solution valable et efficace. Elle estimait, bien au contraire, que cette solution ne pouvait qu'être considérée comme infiniment dangereuse. Non, elle avait raison de douter, elle avait raison... d'être malheureuse, quelque part. Il fallait juste qu'elle sache faire de cette souffrance quelque chose de positif, et qui l'aide vraiment à progresser... Darlene, bien sûr, ne voulait surtout pas que son amie se morfonde et soit malheureuse, mais la douleur était parfois impérieusement nécessaire à la construction de soi. On ne pouvait tout simplement pas passer outre. Et chercher à le faire serait, manifestement, une erreur des plus absurdes, à éviter à tout prix.

-Moi je le sais..., répondit doucement Darlene avec volonté, en espérant insuffler à son amie une énergie dont celle-ci aurait sans doute grandement besoin pour réussir à aller de l'avant. Tu vas porter haut et fort toutes les valeurs qui lui tenaient à coeur, et il survivra à travers toi. Tu n'es pas seule, une part de lui sera toujours avec toi. Il ne te quittera jamais vraiment.

Peut-être que c'était déprimant de présenter les choses comme cela ? La jeune femme l'envisageait vraiment sous un angle positif pour sa part. Elle voulait le bonheur de son amie, ni plus ni moins, et celui-ci passait sans doute par le fait de trouver une autre place, importante mais différente, à donner à son amour perdu dans sa vie.
   
   

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arlene était heureuse de savoir conseiller son interlocutrice, elle était heureuse de ne pas se contenter de lui dire des phrases bateaux qu'elle aurait attendu cent fois. Elle ne pouvait pas prétendre savoir ce que traversait son interlocutrice. Elle avait perdu Emmett, mais il n'était pas mort, elle avait perdu son frère, mais c'était comme s'il n'avait jamais existé. La position de Debrah était complètement différente. Il lui faudrait sans doute beaucoup de temps pour se remettre, mais Darlene voulait croire que ça finirait forcément par arriver. D'une façon ou d'une autre. Elle devait juste adopter la bonne position, afin de rendre hommage et de faire honneur à cet homme qui comptait tant pour elle.

Oui, elle était heureuse que son interlocutrice estime qu'elle avait raison, et ce n'était pas uniquement parce qu'elle adorait avoir raison (mais qui n'aimait pas ça, hein ?). Elle estimait lui devoir cela, et qu'il le méritait complètement. Clairement, Darlene n'en savait pas assez sur Henry Shaw Jr. pour savoir si c'était vrai, mais il était important que Darlene continue à le penser, c'était ainsi qu'elle parviendrait à dépasser l'épreuve du mieux possible, véritablement.

Elle pouvait comprendre que Debrah ne veuille pas que son ancien fiancé la quitte complètement. Elle n'y connaissait pas grand-chose elle-même, mais elle pensait tout de même le comprendre sans mal. La jeune femme avait envie que son fiancé survive à travers elle, et Darlene ne pouvait s'empêcher de trouver cela tout particulièrement honorable, vraiment.

-Je ne pense pas que ce soit impossible, répondit doucement Debrah. Je pense que la vie peut continuer, et ce n'est pas parce qu'elle continue que tu dois oublier Henry ou que tu insulteras sa mémoire. Au contraire, il faut que tu continues à vivre pour lui.

Est-ce que Henry Shaw Jr. voudrait ça ? peut-être pas. Elle ne connaissait ni sa nature, ni son caractère, en fin de compte. Mais ils s'aimaient, pas vrai ? Oui, aux yeux de Darlene, ça crevait clairement les yeux, qu'ils s'aimaient tous les deux. Et parce qu'ils s'aimaient, tous les deux, ils devaient vouloir le meilleur l'un pour l'autre peu importe les circonstances. Il n'aurait sans doute pas voulu qu'elle se morfonde ou vive dans son souvenir, il aurait sûrement voulu qu'elle refasse sa vie. Darlene, elle, voulait croire qu'un jour, son amie trouverait quelqu'un de bien, la bonne personne, et à ce moment-là, elle se ressaisirait.

Même si c'était plus facile à dire qu'à faire, et assez hypocrite de sa part, en vérité. Parce qu'elle était du genre à croire qu'on avait qu'un seul grand amour dans sa vie. C'était même une chose en laquelle elle croyait dur comme fer, en réalité... Alors si Henry avait été son grand amour...
   
   

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