Première approche | Nagini & Cassandra

L

a liberté avait un prix. Nagini l'avait su avant même d'être libre... Ce qu'elle estimait être, tout en sachant pourtant que cette liberté avait ses limites... ce qui faisait peut-être qu'elle n'était pas véritablement ce que la maledictus voulait qu'elle soit. Qu'importe. Même si vivre dans les conditions difficiles qu'étaient les leurs n'était pas toujours simples ou agréables, il suffisait à Nagini de songer à son quotidien au service de Skender pour ne plus avoir le moindre doute, le moindre regret.

Qu'importe ce qu'était sa vie d'aujourd'hui, qu'importe la faim, le froid, la misère. Elle était libre de ses actes, de ses pensées et de ses souhaits. Contrainte à la prudence, certes, limitée par les aspirations de Credence... mais heureuse tout de même, et c'était ce qui comptait, après tout.

Nagini avait hâte de quitter New York, tant qu'ils resteraient ici, elle ne se sentirait pas en sécurité... Mais elle allait devoir attendre, et elle l'avait bien compris. Credence ne pouvait pas s'en aller tant qu'il n'aurait pas obtenu de l'horrible femme qui lui avait servi de mère adoptive la vérité sur ses origines... ou du moins un semblant d'indice.

En attendant, ils se cachaient. Ils se séparaient rarement, dans l'intention de protéger l'autre, par peur de ne pas se retrouver ensuite, mais il était des occasions où Nagini, seule, se faufilait dans les rues de la ville. Quand il s'agissait de voler de la nourriture, agir seul les rendait moins repérables. Elle revenait d'un marché où elle avait réussi à dérober quelques victuailles. Pas grand chose, mais assez pour se remplir le ventre convenablement.

Elle était en chemin pour retrouver Credence quand un voix féminine la figea au sol. Elle tourna son regard vers cette femme, cette femme qu'elle n'avait jamais vu et qui pourtant semblait la connaître. Elle se crispa, prête à fuir à tout instant, à se défendre si nécessaire, à se transformer si elle devait ne pas avoir le choix... Qui était cette femme ? Est-ce qu'elle travaillait pour Skender ? Si elle en avait après elle... ou après Credence... mieux valait savoir à qui elle avait affaire.

-Qu... Qu'est-ce que vous me voulez ? demanda-t-elle, mi-angoissée, mi-agressive, prête à faire face (ou en tout cas elle l'espérait) à tout danger potentiel... sans être sûre qu'il y en ait véritablement un.

   
 

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N

agini, qui était déjà au comble du stress, se tendit encore davantage quand elle entendit son interlocutrice lui apprendre qu'elle était voyante, et que ses visions lui avaient appris qu'elle était accompagnée d'un garçon. Ce n'était donc pas elle que cette femme voulait véritablement voir, c'était Credence, et cette information ne lui disait vraiment rien qui vaille. Devait-elle croire cette femme ? Etait-il possible qu'elle soit bel et bien voyante ? Oui, sans doute... mais ce n'était pas garanti, peut-être avait-elle appris la nouvelle par un autre biais ? Et si cette femme était au courant du fait que Credence était toujours en vie, est-ce que ça ne signifiait pas que d'autres l'avaient appris également ? L'étau se resserrait autour de son ami, et elle qui s'était jurée de le protéger, et dans une situation comme celle-ci, elle avait vraiment peur, très peur d'échouer.

Cette femme avait observé leur détresse, elle ne pouvait malheureusement pas la contredire sur ce point. Ils n'avaient presque rien, et s'ils étaient heureux tous les deux d'avoir trouvé auprès de l'autre une liberté dont ils avaient très longtemps été privés, et quelqu'un qui sache vraiment comprendre ce qu'ils subissaient ou avaient subi, ils était clairement dans une position compliquée. Obtenir l'aide d'une personne bienveillante leur serait d'un grand secours, et cette femme semblait l'être, bienveillante... Mais la jeune femme se méfiait malgré tout. Parce que même s'ils avaient besoin d'aide, elle ne voulaiit pas prendre des risques dont les répercussions concerneraient immédiatement Credence bien plus qu'elle-même. Elle le savait, son sort était accessoire... Celui de Credence, c'était autre chose.

Si l'on devait apprendre qu'il était en vie, elle ne présumait rien de qui exactement allait se trouver dans leur sillage. Que ce soit les hommes du MACUSA ou ceux de Grindelwald, d'un côté comme de l'autre, si l'obscurial était retrouvé, le sort qu'on lui réserverait avait de quoi susciter son inquiétude.

-J... Je ne sais pas de quel garçon vous parlez, dit-elle, mentant effrontément, tentant le tout pour le tout. Elle se devait d'essayer de protéger Credence, même si elle craignait fort que son mensonge ne soit pas du tout convaincant. Si cette femme lui parlait de lui, c'est qu'elle savait pertinemment qu'il était là. Et vous ne pouvez rien faire pour moi.
   
 

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O

ui, Nagini cherchait à protéger Credence, et de toute évidence, elle le faisait très mal. Ses mensonges étaient transparents, limpides, et elle regrettait profondément de ne pas savoir mieux mentir, même si, avec son interlocutrice, cela n'aurait pas changé grand-chose. Elle la perçait à jour, et la jeune maledictus ne savait trop de quelle façon, précisément, y réagir. Elle savait seulement que si une mauvaise interprétation des faits coûtait à Credence sa vie ou sa liberté, jamais elle ne se le pardonnerait. Il était sous sa responsabilité, elle l'avait choisi, elle l'avait décidé, et elle refusait catégoriquement qu'il lui arrive quoi que ce soit.

Alors, c'est vrai, cette femme aurait peut-être pu s'adresser directement à Credence, si elle lui voulait du mal. Mais si elle voulait endormir sa défiance, passer par elle, qui était à l'heure actuelle la seule personne (en dehors de ses soeurs) à qui Credence fasse encore confiance, c'était peut-être s'assurer plus facilement qu'il écoute et se laisse berner, parce qu'il se fierait à son jugement à elle. Mais en même temps... en même temps... si cette femme voulait vraiment les aider, ne fallait-il pas qu'ils saisissent cette opportunité. Ils ne pourraient survivre éternellement à ce qu'était leur mode de vie actuellement... Il faudrait peut-être envisager d'accepter les mains tendues qui se présentaient. Mais comment distinguer seulement les bonnes intentions des mauvaises ?

Est-ce que cette femme comprenait vraiment ce qu'ils ressentaient ? Avait-elle vraiment à coeur de les aider par pure empathie, comme elle semblait le suggérer ? Ce n'était pas impossible, au fond... Il n'y avait pas toujours de vraies justifications à nos actes, juste un sentiment, une cetitude. Pourquoi Nagini avait-elle décidé d'aider Credence alors qu'elle le connaissait à peine ? Et pourquoi lui avait-il accepté son aide sans rien savoir ou presque d'elle ? La similitude de leurs situations jouait, bien sûr, mais ne justifiait pas tout pour autant.

-Pourquoi vouloir nous aider ? demanda-t-elle, toujours sur ses gardes, mais ne prétendant plus ne pas connaître Credence ou ne pas savoir où il était. A quoi cela pouvait servir ? Elle avait très bien compris, elle savait pertinemment ce qu'il en était.

Nagini ne savait toujours pas quoi penser de cette situation, elle ne comprenait toujours pas à qui elle avait affaire. Mais ce qu'elle savait, dans tous les cas, c'est qu'elle devait rester sur ses gardes, et réussir à comprendre autant que possible.
   
 

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agini avait peine à croire dans les gestes désintéressés et dans la générosité qui ne se teinterait pas d'ambitions entièrement individualistes. La compagnie prolongée de Skender n'avait sans doute pas aidé cette vision des choses, mais le fait est que quand elle se trouvait face à une étrangère qui lui promettait son aide sans que la jeune femme soit à même d'y voir ce qu'elle serait capable d'y gagner, la maledictus se méfiait. Refuser une main tendue, si elle pouvait vraiment changer les choses, si elle pouvait vraiment leur permettre d'évoluer dans le bon sens, y compris dans ces recherches qui avaient tant d'importance aux yeux de Credence... ce serait sans doute une erreur. Mais l'accepter trop vite sans prêter attention aux risques, ce serait de la folie, et une folie dans laquelle elle plongerait d'office son seul et unique ami, qu'elle s'était pourtant jurée de protéger envers et contre tout.

Son interlocutrice avait, cela dit, de très bons arguments. Si on admettait qu'elle était bel et bien une voyante, ce qui semblait effectivement être le cas, alors la jeune femme avait voulu donner du sens à ses visions, et c'était une démarche que Nagini était capable de comprendre... dans une moyenne mesure. Elle ne pouvait rien pour son futur à elle. Ces mots ne la blessaient pas, elle le savait depuis bien trop longtemps pour espérer après l'aide de quiconque. Elle ne cherchait pas à donner du sens à ce qu'elle deviendrait, mais elle cherchait à donner du sens à qui elle était maintenant, et cela passait par le soutien inconditionnel qu'elle adressait à Credence.

Et comment aider Credence ? Là-dessus, elles étaient d'accord, pour l'aider, il fallait faire la lumière sur ses origines, comprendre d'où il venait, qui étaient ses parents... Nagini avait bien compris que le jeune homme ne trouverait jamais la paix d'esprit, ni aucune perspective tant qu'il n'aurait pas levé le voile de cet épais mystère... ce qu'elle pouvait comprendre, même si le passé pouvait être douloureux à creuser. Il y avait certaines vérités enfouies sous la terre qu'il serait préférable de ne jamais en déloger. Pour sa propre santé d'esprit. Si cette femme était capable de leur apporter de vraies réponses à ce sujet, lui tourner le dos serait une erreur, mais...

-Vous savez peut-être son avenir, mais comment pouvez-vous savoir quoi que ce soit de son passé ? demanda-t-elle, toujours sur la réserve.

Devait-elle croire en une opportunité ? Ou prendre la fuite. Elle n'en savait rien. Nagini n'avait aucun pouvoir sur le passé ou l'avenir de Credence... mais elle en avait un sur son présent. Et elle voulait le préserver.
   
 

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S

ans rien comprendre à la divination, Nagini pouvait consentir à admettre que passé et futur étaient forcément intimement liés. L'avenir vers lequel chacun se dirigeait ostensiblement était la somme, par exemple, de ses actions passées... L'avenir tout tracé de la maledictus était du même acabit. Il dépendait entièrement d'un passé dont elle était tributaire bien malgré elle, du sang qui coulait dans ses veines, de la malédiction que sa mère lui avait transmise, et sa mère avant elle. Malédiction qu'elle était bien décidée à ne transmettre à personne pour sa part.

Alors oui, peut-être que cette femme était capable de lire dans le passé de Credence tout comme elle était peut-être capable de lire dans son avenir... Mais elle restait inquiète. Serait-ce une bonne idée de lui présenter cette femme ? Elle avait peut-être la réponse à toutes les questions qui lui tourmentaient le coeur. Mais peut-être aussi ne ferait-elle que le troubler davantage... Elle ne voulait pas faillir à sa promesse envers lui en ne le guidant pas vers quiconque serait capable de l'aider sincèrement. Mais comment être certaine des bonnes intentions de cette femme ? Y avait-il seulement une seule personne en ce bas monde qui soit sincèrement armée d'intentions que l'on puisse qualifier de bonnes, d'ailleurs ? Elle se mordilla la lèvre inférieure, partagée. Elle avait peur de commettre une erreur... Cette femme semblait honnête mais... Combien de personnes qu'ils avaient cru honnêtes avaient-elles croisé leur route et les avaient-elle finalement déçus.

-Je ne sais pas..., dit-elle, doucement. Faut-il qu'il soit présent, pour que vous obteniez ces réponses ? demanda-t-elle alors.

Et s'il était possible de se passer de lui ? Si elle voulait vraiment le bien de Credence, peut-être consentirait-elle à ne pas l'approcher, à lui transmettre à elle les réponses dont il avait tant besoin lui. Et elle, est-ce qu'elle les lui transmettrait, peu importe ce qu'elle apprendrait ? Oui, elle y était décidée... Même si ce qu'elle découvrirait pourrait éventuellement arracher le coeur de Credence, ou l'éloigner d'elle. Qui il était n'avait sans doute rien à voir avec d'où il venait, mais il avait besoin de savoir, et elle le comprenait. Pour évoluer, pour avancer, on a parfois besoin de rebrousser chemin, de remonter jusqu'à ses racines. Il était bien possible que ce soit le cas du jeune obscurial.

   
 

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L

a voyante donna à Nagini la réponse qu'elle n'avait pas voulu entendre tout en sachant pertinemment que ce serait elle, malgré tout, qu'elle lui donnerait. Il aurait sans doute été illogique que Credence ne soit pas présent au cours du processus, mais... lui faire rencontrer cette femme, c'était potentiellement le mettre en danger. Ou potentiellement l'aider. Comment savoir ? Et quel pouvoir de décision pouvait-elle avoir sur une rencontre qui pourrait modifier fondamentalement l'avenir de Credence ? Est-ce qu'elle pourrait seulement tracer sa route et faire comme si cette conversation n'avait jamais eu lieu dans l'espoir de protéger son ami ? Non, elle ne pourrait pas lui cacher ça, et en même temps, lui en parler... ce serait sans doute le voir foncer tête baissée dans cet espoir obsessionnel de comprendre ses origines. Si elle devait devenir celle qui l'avait jeté droit dans la gueule du loup, elle ne se le pardonnerait jamais.

Nagini ne savait pas quoi faire. Avec nervosité, elle triturait les manches de sa robe, l'esprit embrumé de questionnements... Toutes ces questions, elle pourrait sans doute les poser directement à Cassandra, mais comment être sûre que, en retour, elle lui dirait la vérité ? Elle regrettait de n'avoir aucun de ces pouvoirs utiles en ces circonstances... A ce titre, Nagini savait que Credence aurait été mieux loti en compagnie de vrais sorciers, de personnes qui auraient été capable de l'aider plus activement, plus concrètement, de personnes qui ne finiraient pas par ne plus en être...

Des personnes comme Cassandra, peut-être ? Lui donner l'occasion d'avoir d'autres alliés qu'elle, c'était la démarche la plus sincère et la moins égoïste qu'elle pouvait avoir envers lui. Mais là encore, comment savoir. Le mieux, c'était d'essayer, à son échelle, de démêler le vrai du faux, même si ce n'était pas chose facile. Ensuite, ce serait à Credence de décider de ce qu'il voulait faire ou non, en fonction de ce qu'elle lui répéterait. Dans tous les cas, elle serait à ses côtés. Et si la situation devait se compliquer, elle n'avait pas beaucoup d'armes à sa disposition, mais elle en avait au moins une, et qui n'était pas du tout négligeable.

-Et comment ça marche... ce processus ?

Etablir un certain contact, qu'est-ce que ça signifiait exactement ? A quoi est-ce qu'elle devait s'attendre exactement ? A quoi est-ce qu'elle allait exposer Credence, s'ils devaient se rencontrer ? Elle avait besoin d'entendre et de comprendre tout ça.

   
 

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C

assandra lui adressa une réponse qui avait le mérite d'être précise, et qu'elle pourrait par conséquent répéter à Credence, même si cette même réponse soulevait en elle plus d'hésitation qu'autre chose encore, car elle ne savait toujours pas sur quel pied danser ni quoi penser précisément de cette situation, de la proposition de son interlocutrice et de ce qu'elle devait en faire.

La voyante lui apprit qu'elle devait réussir à connaître au mieux la personne concernée, en l'occurrence Credence, donc, et déjà, la jeune femme estimait que c'était une démarche bien aventureuse que d'envisager qu'il puisse être possible, même après quelques instants de conversation avec le jeune homme, de le cerner et de comprendre le fond de son désir.

C'était sans doute prétentieux que de l'affirmer, mais Nagini estimait être la seule à posséder ce don. Credence était secret, incompris, et elle pensait être la seule à avoir jamais su lire réellement en lui. Chose qu'ils devaient à leurs tempéraments, émotions, trajectoires communes. Elle ne pensait pas qu'il suffirait d'une seule conversation entre cette femme et Credence pour qu'elle parvienne à creuser son personnage. D'un autre côté, ne pas lui laisser le bénéfice du doute, ne pas lui donner l'occasion d'essayer...

-Je ne sais pas..., dit doucement Nagini qui avait le sentiment de ne dire que cela depuis sa rencontre avec Cassandra.

Mais cela, au fond, résumait plutôt bien ce qu'elle avait à l'esprit à l'heure actuelle. Elle ne se voyait pas adresser une réponse hâtive à son interlocutrice alors qu'elle-même ne savait pas sur quel pied danser. Elle craignait, encore et toujours, de mettre Credence dans une position terrible et regrettable et d'être la seule responsable d'un sort qu'elle ne supportait même pas d'envisager pour celui avec qui elle était en cavale, et sans qui elle ne savait tout simplement pas ce qu'elle deviendrait.

-Je vais lui en parler, décida-t-elle finalement. Mais il va sans doute refuser de vous rencontrer.

Parce qu'elle le mettrait en garde, parce qu'elle avait beau être sincère en affirmant qu'elle allait bel et bien lui parler (parce qu'elle ne se voyait pas lui dissimuler une telle conversation), elle avait toujours peur qu'il fasse un choix qui lui coûterait terriblement cher. Et en l'occurrence, ce serait entièrement sa faute. Et elle le redoutait d'autant plus qu'elle savait que Credence s'agripperait très certainement à n'importe quelle opportunité d'en découvrir plus sur ses origines... même une opportunité dangereuse.

   
 

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assandra, manifestement, sans avoir jamais rencontré Credence, le connaissait déjà très bien. La Maledictus ne saurait trop dire si c'était bon ou mauvais signe. D'un certain point de vue, c'était plutôt rassurant, au sens où cela prouvait qu'elle ne la menait pas en bateau quant à ses compétences... mais cela pouvait aussi la rendre d'autant plus dangereuse. Pour autant, force lui était de reconnaître qu'elle avait effectivement raison. Credence n'avait que trop besoin de faire la lumière sur ses origines. Et pour y parvenir, il ne reculerait devant rien... quitte à prendre des risques, qui semblaient malheureusement indispensables à la possibilité même de progresser sur la voie de la vérité.

Si elle ne lui mentait pas sur elle (mais en même temps, mentir sur quelqu'un dont on savait si peu de choses était un exercice complexe et presque inévitable, mais Nagini voyait très bien où elle voulait en venir, et elle se demandait même si son interlocutrice ne lisait pas dans ses pensées) ou sur leur discussion, il accepterait effectivement de la rencontrer. Mais pour quelles circonstances ? Elle n'aimait pas que cette inconnue prétendre connaître Credence mieux qu'elle-même, mais... Elle était obligée de voir la vérité en face malgré tout.

La voyante avait des arguments plus que convaincants. Voulait-elle grossir les rangs de tous ceux qui avaient toujours voulu décider à la place de son ami ? Non, bien sûr que non. Et être comparée en la circonstance à Grindelwald ou Mary Lou Barebone était une pensée déplaisante. Mais elle n'avait pas tort, elle n'avait pas le droit de décider à la place de Credence, il devait agir en son âme et conscience. Ceci dit, où tous les autres avaient voulu imposer leur volonté au jeune obscurial pour l'utiliser, elle ne demandait qu'à toujours le protéger... et c'était encore le cas maintenant. Mais là encore, Cassandra avait ses arguments, des arguments que Nagini était obligée d'entendre, qu'ils lui plaisent ou non : à commencer par le fait qu'elle ne pourrait pas être éternellement auprès de Credence. Il devrait se faire ses propres armes par lui-même. Mais elle avait si peur de le perdre... C'était sans doute égoïste mais... Oui, ça l'était. Et elle n'avait pas le droit d'être égoiste, elle le savait bien, au fond.

-Je lui parlerai, se contenta-t-elle de répéter. Mais cette fois, elle était sincère. Comment est-ce que je peux vous recontacter ?

   
 

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a voyante avait visiblement pensé à tout. Nagini ne savait pas si ça devait la rassurer ou non. En attendant, elle était bien contrainte de réfléchir plus posément à toute cette situation... et d'en parler à Credence. Certes, elle ne lui mettait pas le couteau sous la gorge non plus, mais elle ne pouvait de toute manière pas garder tout ça pour elle. Elle récupéra le carnet que lui tendait son interlocutrice tout en écoutant les explications de son interlocutrice. L'usage de ce carnet semblait on ne peut plus simple, et la maledictus ne devrait avoir aucun mal à s'en sortir avec. Malgré tout, elle ne savait pas si elle faisait bien de vraiment accepter ce "cadeau".

Elle ne connaissait toujours pas si bien que ça son interlocutrice. Qui sait si ce carnet n'avait pas d'autres pouvoirs qu'elle ne soupçonnait pas. Nagini ne s'était jamais servi d'une baguette, elle ne savait même pas si elle en serait capable, d'ailleurs. Peut-être que non. Probablement que non. Alors elle aurait bien du mal à déterminer la portée magique de cet objet, et de toute évidence, Credence ne le pourrait pas davantage.

Qui sait si ce carnet ne servirait pas à les localiser ? Ou les mettraient plus en danger qu'ils ne l'étaient déjà ? Ou peut-être qu'elle devrait cesser de voir le mal partout et accepter l'idée que certaines personnes se souciaient véritablement d'eux et avaient à coeur de les aider ? Dans tous les cas, elle était en danger, ils étaient en danger, et il fallait l'accepter. Faire avec les risques et admettre que certains d'entre eux pourraient bien, qui sait, se changer en opportunités. Bien sûr, ça n'avait absolument rien de certain mais... qui sait ?

-D'accord, répondit-elle en considérant encore un instant le carnet avant de reporter toute son attention sur son interlocutrice. Merci.

Peut-être devrait-elle attendre pour la remercier, attendre de savoir plus précisément à quoi allait aboutir cette conversation, si elle devait aboutir à quelque chose, mais il était de toute manière trop tard pour reprendre ces mots. Elle avait pris une décision. Sans doute dangereuse, certainement mauvaise, mais il était trop tard pour y revenir. Cassandra avait réussi à gagner sa confiance, ou du moins suffisamment de confiance pour que la maledictus accepte de prendre un risque réel, sans réaliser que le piège était en train de se refermer sur elle. Et par conséquent, sur Credence aussi.

-Je... vais y aller.

   
 

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