Qui est pris en chasse cède sa place (Percival)

♔

Percival & Theseus

“ Qui est pris en chasse cède sa place ”

e suis plus nerveux que je veux bien l'admettre à la perspective de ce rendez-vous. Je ne sais pas vraiment à quoi m'attendre, ni exactement face à qui je vais me retrouver. J'ai cru avoir un jour rencontré cet individu en personne, je me suis sincèrement imaginé lui avoir parlé en face à face, et il n'est pas simple encore pour moi d'admettre qu'il n'en a rien été, même si l'évidence à parler. Je m'en veux de ne rein avoir remarqué, et je sais que je ne suis pas le seul. Percival Graves et moi-même avions longuement correspondu quand j'étais encore en Angleterre, j'admirais beaucoup son travail et ses compétences, un exemple à suivre pour moi. Et aujourd'hui, je ne sais tout simplement pas quel homme va me faire face.

Celui à qui j'ai écrit, certainement, mais plus certainement encore un homme éprouvé par des tortures que je suis à peine capable d'imaginer. Son témoignage est important, c'est pour ça qu'il me faut le rencontrer, mais au-delà même de cela, j'estime cette rencontre très officielle vraiment nécessaire. Ne serait-ce que parce que je me tiens à présent derrière un bureau qui a pendant très longtemps été le sien. Je m'y suis senti à ma place, porté par la certitude de devoir arrêter Grindelwald à tout prix, et cette certitude est toujours bien présente. Mais à présent que je sais Percival encore en vie, j'ai le net sentiment d'usurper sa place. La situation, on l'aura compris, est sincèrement compliquée, délicate. Mais la meilleure manière de la dénouer est encore d'y faire face, en fin de compte.

Je lui ai donné rendez-vous dans ce bureau. J'y ai mis les formes. Je sais qu'il a déjà subi suffisamment d'interrogations pour toute une vie, bien assez pour avoir peine à supporter qu'on le replonge dans un supplice encore récent. Pour moi, cette conversation doit surtout être informel, et j'espère qu'il l'aura compris ainsi. Dans tous les cas, je serai vite fixé. L'heure du rendez-vous est enfin arrivée. Et Percival Graves se montre ponctuel, frappe à la porte de mon bureau à l'heure que nous nous sommes fixés.

-Monsieur Graves, merci d'être venu. Ravi de vous rencontrer enfin.

Même si j'ai toujours cette mauvaise impression de déjà le connaître, que je dois oublier.

Même si Percival a pris la décision (et elle a été plus que mûrement réfléchie) de ne plus travailler pour le MACUSA, ou en tout cas de ne pas reprendre ses fonctions tant qu'il ne se serait pas remis, physiquement et psychologiquement, il avait tout de même le sentiment de passer presque autant de temps dans les locaux du MACUSA qu'à l'époque où c'était sa deuxième maison. Il ne s'en plaignait pas, au contraire, il le cherchait. Percival en avait terriblement besoin, en fait, car même s'il n'était jamais inactif quand il restait seul chez lui, c'était plus simple d'agir concrètement, ou en tout cas de s'en donner le sentiment, quand il était entouré d'Auror, d'anciens collègues de confiance, de personnes qui pouvaient vraiment faire la différence. Son objectif, son seul et unique et objectif à l'heure actuelle, c'était d'arrêter Gellert Grindelwald. Parce que c'était nécessaire, oui, mais par souci de vengeance; il devait bien l'avouer. Et donc, pour cette fois encore, Percival se rendit dans les locaux du MACUSA.

Et la rencontre qu'il devait y faire était assez particulière. Il le sentait. Cela lui faisait un effet tout de même très étrange de se trouver devant ce bureau qui avait été le sien. Il savait que Theseus Scamander avait été en charge de le remplacer, et c'était un choix qu'approuvait Percival. Tous les deux, ils avaient beaucoup correspondu quand ils se trouvaient chacun d'un côté et l'autre de l'océan. Il avait suivi de près son parcours, ses exploits, il savait qu'il avait su diriger les Aurors d'une main de maître lors de l'attaque de l'obscurus. Il saurait vraiment faire la différence, et cette rencontre, toute étrange qu'elle était, se révélait plutôt logique, bien sûr.

Theseus et lui avaient beaucoup de choses à se dire, c'est évident, mais Percival ne savait pas précisément quelle allait être la teneur de la discussion. Il espérait surtout ne pas réentendre ces mêmes questions auxquelles il avait déjà répondu cent fois... Mais ils verraient bien. Dans tous les cas, après des années de correspondance, leur rencontre allait de soi, et elle avait donc lieu, ici et maintenant.

"Ravi également", répondit sincèrement Graves. "Même si j'aurais souhaité que nous nous rencontrions dans d'autres circonstances."

Il n'ajouta rien. Car, pour le moment, il pensait que c'était à Theseus de guide la discussion. Même s'il était plutôt dans les habitudes de Percival de le faire.

♔

Percival & Theseus

“ Qui est pris en chasse cède sa place ”

e hoche la tête avec gravité quand mon prédecesseur, cet homme que j'estime beaucoup et qui a vécu le pire, observe qu'il aurait préféré que nous nous rencontrions dans d'autres circonstances. C'est mon cas également. Jamais je n'aurais pu vouloir que la situation prenne cette tournure. On pourra prétendre qu'elle m'a arrangé, puisque j'occupe à présent les fonctions qui ont incombé à mon interlocuteur, mais mes fonctions au service du ministère de la Magie brittanique me convenaient tout à fait. Le poste de directeur du département de la justice magique, je ne l'ai pas brigué, les circonstances m'y ont fait une place, mais je ne veux pas que mon interlocuteur me perçoive comme l'optimiste que j'estime ne pas être...

Cela n'a pas l'air d'être son état d'esprit, de ce que j'en vois, en tout cas. Il se montre respectueux et civilisé. En même temps, je le tiens pour un homme poli. Nos échanges épistolaires m'ont assuré de son respect de la bienséance, en tout cas à mon adresse. Mais il y aurait pu avoir dans ses paroles une rancoeur renfermée. Après tout, si moi-même je devais me retrouver à sa place, j'aurais bien du mal à présumer de la manière dont je réagirais. Le traumatisme a dû être si violent... impossible de savoir exactement ce qui en découlerait. En tout cas, notre échange doit se faire, semble-t-il, sous le prisme du respect mutuel et de la diplomatie. Ce qui me convient. Ce que je préfère.

-C'est mon cas également, je réponds avec sincérité. Je regrette profondément ce qui vous est arrivé. Je ne compte pas l'interroger, le replonger dans le cauchemar, je sais que plusieurs de mes collègues s'en sont déjà chargés, et que toutes les informations que je pourrais vouloir recueillir appartiennent déjà au rapport des Aurors concernés. Je voulais vous faire savoir que si votre intention, sur le long terme, est de reprendre vos fonctions, ce bureau est le vôtre, et je cèderai ma place dès l'instant où vous le déciderez.

Dès l'instant où il se sentira prêt, j'ai envie d'ajouter, mais je n'ai pas envie de mettre l'accent sur une fragilité dont il a forcément conscience à l'heure actuelle, sans avoir besoin de l'aide de personne pour le lui signaler. Je veux juste lui faire comprendre que je ne suis pas l'ennemi, et veut au contraire me positionner comme un allié.

♔

Percival & Theseus

“ Qui est pris en chasse cède sa place ”

e hoche simplement la tête lorsque j’entends mon interlocuteur me répondre qu’il n’est pas dans ses ambitions (et sans doute pas dans son intérêt) de récupérer son poste pour le moment. Je n’en suis pas étonné, après ce qu’il a traversé, je devine qu’il serait sans doute trop tôt pour lui pour revenir sur le terrain. Je ne peux pas présumer de ce qu’il a vécu, ni de l’impact que cela aura précisément eu sur lui, mais je pense en savoir assez… Suffisamment en tout cas pour ne pas prendre la chose à la légère. S’il avait voulu récupérer son poste, je l’y aurais encouragé certes, je n’en aurais pas fait la rétention, mais j’aurais été inquiet, pas de ma propre position, qui est plus un concours de circonstances qu’autre chose, mais de ce que l’homme serait capable d’encaisser ou non.

Même si je remets beaucoup de choses en question de notre relation, à présent que je sais qu’une part d’elle a été en partie factice, je réussis encore à le considérer en ami. Grindelwald a su poursuivre notre correspondance sans que je me doute de rien, mais c’est lui qui, tout de même, pour commencer, l’a initiée.

J’incline la tête avec un très léger sourire quand Percival affirme qu’il apprécie de me savoir à sa place. Cela me rassure. Je ne me sens pas entièrement légitime au poste que j’occupe. A nouveau, les circonstances et l’urgence de la situation ont décidé pour moi, et tant que Grindelwald sera en Amérique, je ne voudrais pas être ailleurs. Je ressens comme rôle et vocation de faire régner la justice, que je m’y applique ici ou ailleurs ne change rien. Mais évidemment, être adoubé par mon prédécesseur me rassure. Je me ressens davantage de légitimité, ce qui est loin d’être un moindre luxe.

-Bien entendu, je réponds quand Percival demande à être tenu informé de nos progrès.

Ce genre de faveur ne sont pas accordées à n’importe quel civil, mais Percival Graves n’est pas n’importe quel civil, et j’estime que nous lui devons ce genre de faveur, en réalité. Même s’il faut espérer qu’il ne jouera pas les chevaliers solitaires et n’en profitera pas pour élaborer sa vengeance seul dans son coin, ce serait hautement contreproductif.

-Que comptez-vous faire à présent ? je me permets de demander, incapable de contenir davantage ma curiosité, et conscient que la réponse à cette question est dans tous les cas à prendre en considération.

Par ailleurs, c’est un fait, je m’intéresse aussi par pure amitié.

♔

Percival & Theseus

“ Qui est pris en chasse cède sa place ”

e simple fait que Percival Graves soit incertain quant à la suite en dit long, vraiment long sur ce qu'il a dû endurer. Il est difficile pour moi de faire encore la distinction entre ce que je sais de cet homme et ce que j'ai cru en savoir, comme de faire la distinction entre les moments où nous avons vraiment parlé ensemble et ceux où je croyais m'adresser à lui tout en me confiant en réalité à l'ennemi.

Mais je pense en savoir assez tout de même, pour savoir du moins combien celui qui m'a précédé à mon poste a toujours été sûr de lui, force de décision, comme il n'a jamais douté de sa place et de ce qu'il devait dire ou faire. Graves a toujours eu toute mon estime pour cela, et continuera de l'avoir, même si je sais aujourd'hui que peu importe qui il a été avant, et peu importe qui il a été quand on se faisait passer pour lui, l'homme qui me fait face n'est aucune de ces deux personnes. Seulement un homme malmené par l'existence, en souffrance, qui peine à savoir lui-même qui il est encore.

Pour preuve, il me répond qu'il doit encore se réapproprier son identité. Je hoche la tête avec gravité. Je ne peux pas prétendre le comprendre, car je pense que personne au monde n'est à même d'entièrement se mettre à sa place et de réellement comprendre ce qu'il a traversé. Ce complexe processus de reconstruction, nous ne pouvons, nous, personnes extérieures, que tenter de l'analyser. Ce serait une erreur que de chercher à s'y identifier, ou même de croire que cela puisse vraiment être possible.

-Je pense que vous avez raison, je reconnais quand Graves m'affirme qu'il pense que son retour au MACUSA à l'heure actuelle serait prématuré notamment pour cette raison, le fait qu'il ne soit pas dans les dispositions nécessaires pour vraiment reprendre ses fonctions alors qu'il a besoin de faire la paix avec lui-même et de se reconstruire. Et si vous avez besoin de quoi que ce soit, si je peux vous être d'une aide quelconque, sachez que vous pouvez compter sur moi.

C'est une certitude, et je veux qu'il le comprenne. Même si nous nous connaissons très peu, je veux qu'il me considère en allié, pas en ennemi. Même si pour lui, tout le monde est peut-être un ennemi potentiel à l'heure actuelle.

Dans la position où se trouvait Theseus, on pourrait faire remarquer qu'il était bien simple de choisir de lui donner raison, étant donné que lui donner raison, c'était conserver son poste au MACUSA plus longtemps, mais il pensait le Britannique sincère. Il voyait mal quel intérêt Theseus pourrait bien avoir à mentir, en réalité. Le caresser dans le sens du poil ne servait à rien, et il ne pensait pas que le jeune homme avait réellement pour plan de carrière de rester à New York. Il le faisait par acquis de conscience, par sens de la justice. Une carrière tout aussi prometteuse l'attendait au ministère de la Magie anglais, mais c'était ici qu'il avait pris la décision de rester et d'exercer l'influence qu'il pouvait avoir, et de déployer les talents à sa disposition.

Donc non, s'il était capable de céder à la paranoïa, il ne le faisait certainement pas dans des circonstances qui ne l'exigeaient pas du tout. Il avait bien assez de sujets de défiance dans sa besace sans éprouver le besoin ou la nécessité d'ajouter celui-ci à la liste. En tout cas pas pour le moment. Il resterait malgré tout très attentif aux actions et aux décisions de son successeur... mais ça, c'était une affaire de principe, et il ne pensait pas qu'on puisse décemment le blâmer pour cela.

"J'en prends note", lui confirma Percival qui accepterait peut-être la main tendue de Theseus en temps et en heure.

Peut-être était-ce parce que l'on compatissait au sort qu'il avait enduré, ou en souvenir de ses années de bons et loyaux services au sein du MACUSA, en tout cas, il ne faisait aucun doute qu'il avait de la chance dans son malheur : la présidente en personne ainsi que le nouveau directeur du département de la justice magique lui accordaient une marge de manoeuvre dont beaucoup d'autres n'auraient certainement pas bénéficié autrement à sa place. Il avait l'intention de s'en servir à bon escient; Il était des confiances qu'il n'avait pas la moindre intention de trahir, qu'importe les circonstances.

"Pour l'heure, je me contente d'observer, de me tenir au courant, il est encore trop tôt pour que j'envisage quoi que ce soit."

Même si le temps pressait, malheureusement.

♔

Percival & Theseus

“ Qui est pris en chasse cède sa place ”

affiche un léger sourire quand mon interlocuteur m’assure qu’il prend bonne note de ce que je viens de dire. Je veux bien croire qu’il va s’imaginer que j’en fais trop, et je ne pourrais pas prétendre que ce n’est pas le cas. Oui, ça l’est sans doute, mais c’est parce que je me sens redevable envers lui, pour une raison que je n’explique pas tout à fait. Je sais bien sûr ne pas être responsable du sort qui lui est arrivé, et je sais à présent qu’il ne me reproche pas de l’avoir remplacé au poste qu’il occupait auparavant. Mais je ne peux m’empêcher de me dire que j’aurais peut-être pu éviter cette situation. D’une façon ou d’une autre, j’aurais dû me montrer capable d’anticiper cette situation et d’agir en conséquence. Mais ça n’a pas été le cas. Ça n’a pas été le cas du tout. J’ai été incapable de voir l’évidence avant qu’il ne soit trop tard. Maintenant, je tente de me rattraper du mieux que je le peux. Peut-être maladroitement, mais en toute bonne foi, néanmoins.

Pour l’heure, il se contente d’observer et de se tenir au courant. Cela peut n’avoir l’air de rien, mais je me doute que c’est déjà beaucoup et pourra nous servir. Même si j’ai été dupé un temps, je pense tout de même savoir qui est Percival Graves, et Percival Graves est un homme intelligent, observateur, dont l’esprit d’analyse fut autrefois légendaire. Je ne peux en aucun cas douter de ses compétences ni de l’énergie qu’il déploiera afin d’arrêter notre ennemi commun. Tout ce qu’il a pu voir ou constater pourra nous servir. Oui, je suis certain que l’esprit de collaboration, en ces temps troublés, est ce que nous avons de plus précieux, et c’est une chose que nous ne devons surtout pas négliger, peu importe les circonstances.

-Je comprends, je reconnais dans un hochement de tête.

C’est effectivement la vérité, je comprends bel et bien sa démarche, et je ne demande qu’à en observer les effets. Nos cartes en mains ne sont pas forcément les meilleures. Difficile d’en juger complètement alors que la partie est si peu avancée, pas assez, c’est certain, pour réussir à se positionner convenablement, en tout cas. Mais mieux vaut être optimiste dans tous les cas.

-Et pour le moment, avez-vous observé quoi que ce soit qui retienne votre attention ?

♔

Percival & Theseus

“ Qui est pris en chasse cède sa place ”

e reste attentif, aux aguets, quand mon interlocuteur me confirme que deux ou trois points ont bel et bien attiré son attention. Je suis prêt à prendre note mentalement de tout ce qu'il aura à me dire afin d'agir immédiatement en conséquence, mais je comprends bien vite qu'il ne va pas être question de cela. J'ignore finalement si j'ai toute la confiance ou non de mon interlocuteur. Je l'ai cru pour commencer, puisque ce dernier me laisse occuper son poste, mais je n'en suis plus si certain à présent. Cette méthode, la rétention d'informations dont il décide de faire preuve, ne me met pas très à l'aise. Je peux comprendre sa défiance comme son point de vue, nous nous devons même d'avoir la même à son égard. Mais j'aurais préféré qu'il estime que je fais exception. A l'instar de la présidente, à qui semble-t-il il veut se confier en priorité, et qu'il veut comme seule interlocutrice pour le moment.

Est-ce que je comprends ? Oui et non. Honnêtement, le fait qu'il choisisse de s'adresser à la présidente et uniquement à la présidente me vexe un peu. Mais je ne vais pas commencer à réclamer à ce que l'on brosse mon ego dans le sens du poil, la situation est bien trop urgente pour s'embarrasser sincèrement de considérations comme celle-ci. Bien sûr, j'ai le sentiment qu'on me met des bâtons dans les roues et que je ne peux faire mon travail qu'à moitié, par conséquent, mais il ne sert à rien non plus d'en faire toute une histoire, je le sais très bien. L'essentiel, c'est que mon interlocuteur ne garde pas pour lui des informations cruciales et ne nous fasse pas une Dumbledore bis. Tout ceci est bien assez compliqué, pas la peine que les uns et les autres compliquent encore l'affaire en s'arrogeant le droit de décide de ce qui peut être dit et de ce qui ne peut pas l'être. Les choses n'ont pas à fonctionner de cette manière.

-Soit, je réponds, incapable de cacher le fond de mécontentement que je ne réussis qu'à éprouver en cet instant. Je n'ai pas mon mot à dire, encore moins si la présidente est d'accord avec ça, ce qui peut tout à fait être le cas. Et y a-t-il tout de même quelque chose que vous voudiez me dire directement ?

Percival sentait bien que son discours avait quelque peu contrarié son interlocuteur, mais il ne comptait pas s'en excuser pour autant. Il n'avait pas le temps, l'énergie ou la patience de combiner avec les sensibilités des uns et des autres. Il respectait le travail de Theseus, il le pensait vraiment, et il avait la ferme intention d'encourager son travail et de l'aider, mais obtenir son estime et obtenir sa confiance, c'était là deux choses très différentes, et pour le moment, ne lui en déplaise, tout ce qu'il avait à dire passerait d'abord par Mrs Picquery, libre à elle ensuite de garder l'information pour elle-même ou de la diffuser. Dans un cas comme dans l'autre, celui qui il n'y a pas si longtemps se tenait à la place qu'occupait Theseus admettrait la situation en l'état.

Bref, quoi qu'il puisse en être, il faudrait que le jeune Scamander prenne sur lui. Et de toute évidence, il en avait effectivement la ferme intention, puisque même si sa contrariété s'observait dans son comportement, il resta malgré tout suffisamment distant pour qu'ils n'aient pas à rentrer dans un débat bien trop stérile à ce sujet, qui les aurait tous les deux ennuyés au bout du compte. Pour le moment, ils étaient en bons termes, Percival tenait à ce que les choses restent ainsi, et Theseus conviendrait sans doute du fait que cela vaudrait mieux, pour l'in autant que pour l'autre.

"Pour le moment non", confirma Percival dans un léger hochement de tête. "Mais je gage que nous aurons de nombreuses occasions de nous revoir et d'approfondir les sujets qui nous concernent."

Une fois que, d'un côté comme de l'autre, leurs enquêtes auraient progressé, quand la lumière aurait été faite sur certains détails en particulier. Mais en attendant, il semblait relativement vain, et même parfaitement inutile de prolonger une discussion qui ne pouvait pas aller plus loin, Percival avait dit tout ce qu'il avait à dire.

"D'ailleurs, je pense que j'ai pris suffisamment de votre temps, déjà, je sais combien il est précieux à ce poste." Il se leva et serra sa main dans celle de son interlocuteur en signe d'au revoir. "Je vous remercie de m'avoir accordé votre temps", ajouta-t-il pour prendre congé.