Le pain d'hier est rassis, le pain de demain n'est pas cuit, merci Merlin pour le pain d'aujourd'hui. [Jacob]

La boulangerie marchait… marchait plutôt bien. Non, en fait, elle marchait du tonnerre. Jacob avait le sentiment de ne pas avoir été aussi heureux que depuis que sa boulangerie était ouverte. Un rêve se réalisait enfin, il était juste au comble du bonheur. Parce qu’il avait cru pendant un temps que ce rêve ne serait qu’un rêve, alors qu’il osait le toucher du doigt et qu’on lui mettait des bâtons dans les roues. Mais au final, ce rêve était bel et bien là. Il avait enfin pu monter son commerce, il avait enfin son avenir en main et ça marchait bien. Mine de rien, c’était quand même une très grande fierté que sa boulangerie marche, cela prouvait qu’il avait eu raison de se battre et qu’on aurait dû croire en lui dès le début. Par moment, Jacob ne pouvait pas s’empêcher de penser aux banquiers qui n’avaient pas accepté de le suivre dans son aventure, se disant qu’ils regrettaient peut-être ou… eh bien, qu’ils s’en moquaient sans doute, mais au moins il savait qu’ils avaient eu tort.

Tout n’était pas parfait cela dit, bien sûr. Jacob ne savait pas trop comment se positionner par rapport à Mildred qu’il avait revu, il ne savait pas quoi penser de ce qu’elle lui avait dit. Et… il y avait ce petit quelque chose, comme s’il lui manquait un… il ne savait quoi. C’était vraiment un sentiment lointain, comme s’il manquait quelque chose dans sa vie, sans qu’il ne puisse réellement comprendre pourquoi. Mais quand il se trouvait en train de travailler, il ne pensait pas à tout cela et se concentrait uniquement sur son travail. Ses créations semblaient plaire à la jeune clientèle qui venait dans sa boutique. Il ne savait pas d’où lui venait quelques idées, mais elles lui venaient alors il faisait avec. Au vu de la manière dont les choses se passaient, Jacob avait même pu envisager d’engager un apprenti. Ce qui était fait, alors que sa boulangerie n’était pas ouverte depuis si longtemps, mais il avait suffisamment de travail pour tout le monde.

Pour l’heure, son apprenti n’était pas là, il était le seul à s’occuper de la clientèle. Jacob vivait sa meilleure vie, tout simplement… il était heureux, léger, il se trouvait dans son élément. Que demander de plus ? S’il se rappelait de certaine chose, il en aurait à demander plus. Il venait de servir une cliente qui quittait à peine la boulangerie, quand un homme s’approcha du comptoir.

« Effectivement, c’est bien moi. » Répondit-il, dans un large sourire, appréciant quelque peu les propos de ce client. Ce n’était pas grand-chose sans doute, mais il se sentait gonflé d’une grande fierté. « Que puis-je vous servir ? » Demanda-t-il alors, de son ton le plus aimable.

Sans qu’il n’ait besoin de se forcer. Il ne se forçait pas souvent de toute façon, mais là il était juste dans la meilleure des vies possibles.

Jacob afficha un large sourire en entendant l’homme – qui donnait l’impression d’être quand même d’un certain âge, même s’il n’avait pas l’intention de le souligner – affirmer qu’il était difficile de se décider sur ce qu’il avait envie de prendre. Forcément, c’était agréable d’entendre un client affirmer que c’était difficile de se décider parce que tout avait l’air délicieux. Surtout quand en prime, l’homme qui se trouvait devant lui n’était pas n’importe qui.

Le jeune homme était loin de se douter que l’homme était quelqu’un d’important dans le monde magique, ce monde qui avait pour le moment quitté ses souvenirs. Mais il considérait quand même que ce n’était pas n’importe qui, pour la simple et bonne raison que cet homme lui apprit être français. Il n’y avait pas plus stressant pour lui que de se retrouver devant un français de pur souche. La France est clairement l’un des pays les plus incroyable à ses yeux, il avait envie de parcourir les rues de ce pays et de rentrer dans toutes les boulangeries possibles. Et si un français entrait dans sa boulangerie et approuvait son travail, Jacob ne pourrait que considérer qu’il avait tout gagné. Même si en soit, il n’avait pas vraiment de raison de douter de son succès, sa boulangerie n’était pas ouverte depuis si longtemps que ça, et elle fonctionnait déjà bien. Mais ça faisait toujours du bien de recevoir des compliments.

« Oh ça ! » Commença-t-il quand l’homme lui demanda d’où lui venait ses idées. Ce n’était pas la première fois qu’on lui posait la question et il répondait toujours de la même façon. « Elles me viennent tout simplement. » Dit-il en gardant un grand sourire sur le visage.

Il n’avait pas vraiment d’autres explications possibles, c’était comme ça, ces idées lui arrivaient tout simplement et il se laissé guider par elles. Il y avait peut-être une autre explication, quelque chose de plus profond, mais il n’en avait pas du tout conscience.

« Est-ce que cela vous dit que je vous fasse gouter plusieurs échantillons, ainsi vous aurez l’occasion de vous décider ? » Proposa-t-il alors, avant de commencer son petit trafic pour proposer à son interlocuteur un pèle mêle de différentes choses qu’il pouvait trouver dans sa boulangerie. Jacob devait bien avouer qu’il avait quand même envie que cet homme goûte plusieurs choses, histoire de pouvoir lui donner son avis. Il avait la chance d’avoir un français dans sa boutique, il allait en profiter, c’était quand même une occasion à ne pas rater.