Médecin, soigne-toi toi-même. [pv Brivael]

L'

agitation qui avait succédé aux événements du Nouvel An s’était quelque peu dissipée pour laisser place à un calme malgré tout relatif, mais tangible. Les médicomages de l’hôpital sorcier de New York avaient été sur tous les fronts depuis ce terrible épisode qui avait fait de trop nombreux blessés, dont certains qui n’avaient malheureusement pas pu être sauvés… Marlon avait à peine eu le temps de rentrer chez lui, de prendre du temps pour lui, de voir sa femme… Très vite, il fallait repartir à l’assaut de nouveaux maux qu’il n’était pas toujours possible de guérir. A la guerre comme à la guerre… cette expression avait rarement à ce point fait sens.

La situation s’était calmée, donc, mais ce n’est pas pour autant que Marlon avait le temps de se reposer ou même de gamberger (ce qui, à dire vrai, l’arrangeait plutôt). Bien au contraire, il était sollicité à tout instant, et voyait les heures défiler sans plus envisager d’avoir le temps de ne serait-ce que souffler un peu. Qu’importe, il ne comptait pas s’en plaindre quoi qu’il en soit, il aimait son travail, et dans des moments comme celui-ci, il savait qu’il avait une utilité réelle pour cette société qu’il voyait à chaque instant décliner… ce qu’il espérait pouvoir changer, de par ses nouvelles allégeances. Il avait besoin de se rendre utile, en toute circonstance, et son métier l'y aidait... Et il savait par ailleurs que l'hôpital sorcier était le lieu idéal, ou l'un des lieux idéaux en tout cas, quand on espérer dénicher des informations de première main. Il s'agissait d'un centre névralgique au coeur du monde sorcier américain, et il y prenait une part active... ce qui ne l'empêcherait pas de prendre une part tout aussi active à ses choix extraprofessionnels quand viendrait le moment de retirer sa blouse de médicomage pour accomplir les tâches que lui décernerait Grindelwald.

Il avait eu une journée chargée, oui, et elle n'était pas encore finie... ceci dit, il disposait d'une petite heure de pause avant la reprise, juste le temps de se restaurer et de reprendre des forces. Un luxe qu'il écourtait bien souvent mais qu'il savait malgré tout nécessaire : ce n'était pas en tirant sur la corde que l'on donnait le meilleur de soi-même. Non, il fallait savoir s'adapter et répartir son énergie de la manière la plus équilibrée possible. Il lui avait fallu du temps pour retenir cette précieuse leçon, et il en connaissait un autre qui devrait en prendre de la graine. Brivael était un médicomage brillant, soucieux d'apprendre et de bien faire son travail, il irait loin, c'est sûr, mais il avait du mal à s'arrêter, ça Marlon l'avait bien vite constaté. Mais il semblait avoir pris sur lui quand même, puisque ce fut dans la salle de pause de l'hôpital que Marlon retrouva le jeune homme.

-Brivael qui s'autorise à faire une pause, qui l'eut cru ? le chambra gentiment Marlon, qui en vérité avait beaucoup d'affection et d'estime pour le médicomage qu'il avait formé. Tu vas bien ?

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arlon affiche un air concerné en attendant la réponse de son interlocuteur. Il avait plaisanté en partie sur le fait que Brivael ne se reposait pas assez, mais ce qu'il venait d'apprendre donnait une consistance beaucoup trop concrète à ce qui n'aurait pu être qu'un sympathique rappel à l'ordre. Brivael était surmené - ou du point se surmenait au point d'en tourner de l'oeil. Marlon connaissait ça. Il avait été au bord du burn out à une période de sa vie et en avait ressenti les premiers signes à la période du Nouvel An, quand il prenait à peine le temps de rentrer chez lui pour se reposer quelques heures dans son lit. Il était difficile de prioriser, de ne pas se donner corps et âme à ce travail quand on le considérait comme une vocation (et il ne voulait pas croire que ce ne puisse pas être le cas de tous ses collègues). Mais si on ne levait pas le pied, on ne pouvait plus rendre service à personne.

Marlon observa plus attentivement son jeune interlocuteur, à qui il n'avait jamais qu'adressé un regard rapide en rentrant dans la pièce. Et en effet, on sentait qu'il était encore fragile. Il avait toujours eu une carnation très pâle, mais là, il en serait presque transparent. Pour le coup, il trouvait que c'était un réel manquement de la part de leur supérieur de n'avoir qu'envoyé Brivael en salle de repos. Si ça n'avait tenu qu'à Marlon, il aurait exigé qu'il rentre chez lui sur le champ. Mais bien sûr, ce n'était pas lui qui tenait les rênes de l'hôpital, ça se saurait.

-Et comment tu te sens, maintenant ? On a vérifié ta tension ? Ton taux de glycémie ? Tu as mangé quelque chose ?

Inquiet, il en oubliait la question que lui avait posé son interlocuteur. En même temps, il ne voyait pas d'intérêt à y répondre. Il allait bien, il n'était pas au bord de l'évanouissement, et même, il pensait avoir trouvé son meilleur rythme de croisière (et il espérait que Brivael aurait la même chance). Pour le moment, il préférait se concentrer plus largement sur l'état de santé de son interlocuteur. Il ne serait pas un médecin digne de ce nom s'il s'était contenté d'entendre la réponse de son interlocuteur sans intervenir. Il regrettait même de ne pas l'avoir supervisé, Il aurait voulu éviter de le retrouver dans cet état.

-Il faut que tu te ménages. Je sais à quel point il est difficile d'abandonner son poste, mais la fatigue et la faiblesse physique ne sont jamais bonnes conseillères. Mieux vaut être reposé et efficace qu'épuisé et au ralenti.

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arlon s'agaça intérieurement du laxisme de leur supérieur qui avait préféré envoyer Brivael en salle de pause "le temps que ça passe" plutôt que de s'intéresser plus sérieusement à son cas et de s'assurer qu'il serait bel et bien d'attaque pour revenir travailler. Et ça se disait médecin ! Il était honnêtement affligé de constater que l'on puisse faire preuve de si peu de professionnalisme, pour sa part, surtout que même si Brivael était un très bon médicomage, il n'en restait pas moins humain, si on tirait trop su la corde, elle cèderait, il n'y avait pas besoin d'avoir fait dix ans de médecine pour le savoir.

Et le pire, c'est que celui qui avait été son apprenti cautionnait complètement ce discours, et devait totalement se penser d'attaque après "une bonne tasse de thé" alors qu'il avait quand même tourné de l'oeil l'instant d'avant. Oh, il voulait bien croire que ça allait mieux à présent qu'il faisait ne serait-ce que mine de se reposer, mais une fois remis dans le feu de l'action, serait-il aussi prêt à se jeter dans la mêlée qu'il ne le pensait ? Marlon ne pariait pas là-dessus. Oui, des patients l'attendaient, et ils étaient tous débordés, mais ils réussiraient à s'en sortir. Malheureusement, ce n'était pas Marlon qui avait la main sur cette décision. Il voudrait bien.

-Non, ce qui n'est pas correct, c'est de te faire rester alors que tu as tourné de l'oeil il y a moins d'une heure, c'est n'importe quoi..., s'emporta Marlon, pas du tout contre Brivael mais contre son supérieur qui s'amusait à les épuiser sans jauger les conséquences d'une telle décision. Je me demande si ce n'est vraiment pas moi qui devrait te le donner, ce fameux coup derrière la tête...

Il poussa un léger soupir. Evidemment que Brivael était têtu, aussi têtu que lui, et Marlon le savait, il admirait cela chez lui... et parfois, comme maintenant, parce que la situation ne l'arrangeait guère, il ne savait que s'en agacer.

-Bon, je t'accompagne pour les heures qu'il te reste, mais est-ce que tu m'autorises au moins à te faire passer un examen standard ? qu'on soit sûr et certain que tu peux tenir jusqu'à ce soir.

Brivael se fiait à son ressenti, à son intuition, et c'était très bien. Mais en matière de santé, le ressenti et l'intuition ne suffisaient pas toujours, et c'était là qu'il devenait judicieux que des tierces personnes interviennent.

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M

arlon afficha un sourire en entendant Brivael affirmer qu'il aurait préféré que ce soit lui son supérieur. C'étaient des mots qu'il appréciait d'entendre, bien évidemment, d'autant qu'il espérait bien accéder à un poste de plus haute autorité tôt ou tard, mais en attendant, il n'était jamais qu'un médicomage parmi tant d'autres au sein de l'hôpital. Ses années d'expérience lui avaient permis de former son jeune interlocuteur, mais au moment de prendre les décisions, ce n'était plus sur lui qu'il fallait se reposer. Et il n'avait sans doute pas tort, on avait sans doute estimé en haut lieu que le fait qu'ils s'entendent vraiment bien pourrait finir par les distraire et entacher la qualité de leur travail. Marlon avait tendance à trouver cela positivement absurde, pour tout dire. Il ne voyait définitivement pas comment son affinité amicale pourrait être perçue comme négative alors qu'une bonne entente au travail permettait justement selon lui une meilleure cohésion.

Mais bon, ce n'était malheureusement pas lui qui ferait bouger les choses en haut lieu. Bien sûr, il le voulait, bien sûr, il l'espérait, mais en attendant, il restait limité dans ses actions, et bien conscient de cela. Il ne pouvait pas faire ni espérer de miracles, c'était ainsi. Et il allait falloir qu'il s'y fasse et fasse avec, même si la perspective n'était pas plaisante, et même s'il s'inquiétait sincèrement pour l'état de Brivael, qu'on laissait s'épuiser jusqu'à potentiellement perdre connaissance sans envisager malgré tout de prendre les mesures qui devraient très largement s'imposer à ce sujet. Inutile de débattre, ils n'allaient pas faire évoluer le système en place dans tous les cas.

En revanche, ce que Marlon avait le pouvoir de faire, ici et maintenant, c'était de s'assurer que Brivael serait capable de tenir la cadence jusqu'à la fin de son service, et pour cela, il n'y avait pas mille manières de faire. Un petit check-up, même rapide, serait un bon début. Insuffisant malgré tout, ça Marlon en était à peu près certain, mais un début tout de même. Alors il s'éclipsa le temps de récupérer ce qu'il fallait de matériel médical et vérifia son pouls, sa tension, examina ses pupilles... quand on en venait à ces examens basiques, il n'y avait pas de grande différence avec la médecine des no-majs. C'était davantage dans les traitement des maux et dans leur nature que leurs travaux différaient plus que largement.

-Bon... de toute évidence, tu as du sommeil à rattraper, mais ça a l'air d'aller... Tu vas prendre une potion énergisante juste avant de retourner travailler, ça devrait t'aider à tenir sur pied jusqu'à ce soir. Mais après ça, je veux que tu prennes quelque jour de congés et que tu te reposes. Pour de vrai. C'est bien compris ?

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ux yeux de Marlon, l'avis d'un jeune médicomage comptait tout autant que celui de n'importe qui d'autre. Et preuve en était de son discours qu'il dénigrerait presque en pointant du doigt son "inexpérience" (très relative vu son investissement et tout le travail qu'il fournissait - on ne pouvait pas vraiment le qualifier encore de débutant). Il avait tout )à fait raison : il faudrait vraiment qu'ils révisent les choses de fond en comble pour améliorer les conditions de travail au sein de l'hôpital et c'était inenvisageable sans dialogue ni écoute. Malheureusement, les employés de l'hôpital sorcier les moins gradés n'avaient pas vraiment voix au chapitre, ce qui pouvait d'autant plus vous donner le sentiment de n'être qu'un pion, une entité disposable dont les patrons pouvaient bien faire ce qu'il voulait. Râler un bon coup y changerait peut-être quelque chose. Ou pas. Marlon ne prendrait pas le risque pour sa part. Il y avait bien des choses à changer et à améliorer, c'est vrai, mais en attendant, il adorait son travail et ne se verrait pas en changer. Encore moins en ce moment : ses récentes allégeances exigeaient qu'il occupe un poste le plus stable possible, et il le devait autant à Cassandra qu'à lui-même.

-Tu n'as pas l'intention de repartir directement après avoir bu la potion, rassure-moi, dit Marlon qui commençait à envisager que Brivael finissait peut-être sa pause alors qu'il commençait la sienne.

Il ne comptait pas faire dans l'excès de zèle, et comptait bien prendre tout le temps de pause nécessaire, mais il apprécierait de le faire en compagnie de Brivael. Avec le travail, ils se voyaient évidemment beaucoup (parfois, Marlon se disait qu'il voyait même ses collègues de travail plus qu'il ne voyait sa propre femme, si ça ce n'était pas un comble), mais ils n'avaient pas si souvent que ça l'occasion d'avoir de vraies conversations, d'autant que bien souvent, comme maintenant d'ailleurs, ils étaient si obnubilés qu'ils ne savaient pas parler d'autre chose que de leur travail. Pourtant, Brivael n'était pas qu'un jeune collègue qu'il avait en partie formé aux yeux de Marlon, il était aussi son ami, et il avait envie de connaître son quotidien, de savoir comment se passait sa vie en dehors des murs de l'hôpital. Mais si Brivael devait retourner travailler très rapidement, eh bien... il faut croire que ce serait pour plus tard, du coup. Ou pas, il avait peut-être mal interprété.

-De toute façon, il faut attendre que la potion fasse effet.

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on, dix minutes, c'était encore beaucoup trop peu aux yeux de Marlon, mais il préférait tout de même entendre cela plutôt que de découvrir que le jeune homme devait retourner immédiatement travaille. Cela laisserait à la potion le temps de faire effet, c'est sûr, mais une potion d'énergie ne faisait pas tout non plus. Le seul remède au mal qui risquait fort de ronger Brivael, à la longue, c'était un repos total et des vacances, et ce ne serait pas le remède le plus facile à prendre pour le forcené de travail qu'était le jeune homme... Même s'il en était tout à fait capable, il suffisait de savoir avancer les bons arguments, voilà tout.

Brivael profita de ce temps qui lui était imparti pour parler un peu plus de lui, et de toutes les questions qui le tiraillaient dernièrement. Rien d'illogique à cela. Il fallait du temps à chacun pour se trouver complètement, et tout jeune qu'il était, il en était encore certainement encore aux grands tiraillements et aux grands questionnements existentiels. Il avait des doutes, aussi bien sur lui que sur son travail, et visiblement, son malaise avait été un élément déclencheur. Au fond, tant mieux si cela l'aidait à s'interroger sur lui-même. Il était bien sûr dommage d'en arriver à de tels extrêmes, mais parfois, il faut ce qu'il faut.

-C'est aussi pour ça que je pense que tu devrais prendre quelques jours de congé, prendre un peu de distance sur toi et sur ton travail. Crois-moi, je suis le mieux placé pour savoir à quel point ce métier épuise ton temps et ton énergie, et comme il est difficile de savoir faire la part des choses. Même encore maintenant, j'ai souvent du mal, à vrai dire. Mais je suis sûr et certain que tu finiras par trouver ton équilibre.

Après qu'il eut prononcé ces mots, Brivael constata combien il tournait constamment autour du même sujet. Difficile de l'en blâmer, surtout après ce qui était arrivé. Et justement, c'était bien parce que la médicomagie était devenue toute sa vie qu'il avait autant de mal à faire un pas de côté. Pour des dizaines de raisons, ce métier vous prenait aux tripes, c'était difficile de faire la part des choses. Mais Brivael tenta tout de même de changer de sujet en lui demandant ce qu'il comptait faire une fois qu'il en aurait fini.

-Eh bien, j'ai bien l'intention de dîner avec Cassandra. Ces derniers temps, j'ai l'impression de ne faire que la croiser tous les jours. J'ai envie de profiter de sa présence.

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Marlon hocha la tête en signe d’approbation quand Brivael lui confirma qu’il allait demander un congé le soir même… C’était une excellente chose, vraiment. Maintenant, il fallait que leur supérieur soit suffisamment raisonnable et intelligent pour admettre la nécessité de ce congé. Ceci dit, s’il devait faire la forte tête ou autre, Marlon comptait bien lui dire directement ce qu’il en pensait. Il n’était pas question de laisser Brivael se tuer à la tâche. L’expression pouvait sembler excessive, mais le médicomage considérait que ce n’était pas tant le cas que cela en fin de compte. L’épuisement physique était réel. Et quand le corps se met à flancher, le reste flanche également, inexorablement. Cela dit, le bon sens devrait quand même guider leur chef. Il l’avait vu s’évanouir, il n’allait pas prétendre que Brivael faisait son cinéma. Et par ailleurs, comme le jeune homme le soulignait lui-même, il n’avait pas pris des vacances depuis des lustres : autant dire que c’était donc la moindre des choses.

-En tout cas, je n’ai pas souvenir de t’avoir un jour vu prendre des vacances, remarqua Marlon avec un fin sourire. Et s’il doit faire des siennes, j’irai lui dire le fond de ma pensée.

Ceci dit, depuis que Brivael avait démarré, il n’était pas sûr d’en avoir pris non plus. Pourtant, ce n’était pas faute, avec son épouse, d’avoir de nombreux projets de voyages, de nombreuses destinations en perspective, mais ils ne prenaient jamais le temps de s’y pencher aussi convenablement qu’il le faudrait. Il faut dire que Cassandra aussi était une acharnée de travail, et avec la parution de son dernier livre, leurs projets avaient été en suspens… Et leurs plus haut projet, à présent, c’était Grindelwald et ses idées, cela n’aidait pas non plus.

-Une promotion, j’aimerais bien, ajouta-t-il quand Brivael suggéra que c’était éventuellement ce qui l’attendait. Mais j’en doute un peu, pour tout dire. Depuis le temps que je travaille ici, personne n’a semblé envisager de me promouvoir ou au moins de m’augmenter… Pour le travail qu’ils fournissaient, pour toutes les vies qu’ils sauvaient, les médicomages étaient vraiment payés une misère, ça c’était dit.

-Tu n’as personne qui t’attend, mais tu as peut-être quelqu’un en tête ? suggéra Marlon qui, plutôt que de se plaindre, décidait de passer à un sujet de conversation plus léger.

Brivael était jeune, il avait tout le temps de trouver la perle rare, mais Marlon le lui souhaitait, en tout cas. Il ne s’était pas imaginé à quel point avoir une compagne de vie pouvait être une chance. Mais à présent il le savait, et il ne pourrait se passer de leur vie à deux.

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arlon n'allait pas lutter davantage contre le besoin compulsif de Brivael de se rendre indispensable au sein de l'hôpital, tout comme il n'allait pas non plus discuter plus longuement de ses possibilités de promotion. Il se doutait que si son ami en avait le pouvoir, il appuierait cette décision sans l'ombre d'un doute. C'était une chose qui s'était très vite imposée entre eux : ils se serraient les coudes, ils se tiraient vers le haut, et ce n'était pas du luxe dans un milieu comme les autres. On pourrait croire que les médicomages, qui avaient décidé de dévouer leur vie aux autres, étaient tous des exemples d'altruisme, mais on découvrait bien vite tout le contraire quand on y regardait de plus près. Bref, autant ne plus discuter de tout cela et aborder plutôt un sujet plus léger.

Et par sujet plus léger, il entendait donc la vie sentimentale de son interlocuteur, même si c'était peut-être présomptueux que de partir du principe que c'était un sujet facile. Comme il ne savait vraiment pas grand-chose de la vie personnelle de Brivael - ils avaient tout de même tendance à parler majoritairement de travail, ce qui était après tout très logique -, il ne pouvait pas trop savoir s'il mettait les pieds dans le plat ou non. Il savait seulement, aux dernières nouvelles du moins, que son interlocuteur était célibataire, tout comme ce dernier savait que Marlon était marié (en même temps, il ne s'écoulait pas une heure sans qu'il ne finisse par mentionner le nom de sa femme... il n'y pouvait rien, il l'aimait à ce point-là).

Mais donc, il n'y avait apparemment pas grand-chose à dire. Brivael était seul, il n'avait personne en tête, au point, s'amusa-t-il à ajouter, qu'il avait oublié ce que cela faisait d'être en couple, exactement. Comme Brivael avait l'air de bien le vivre, Marlon ne se voyait pas en faire une maladie, loin de là, ceci dit, il trouverait dommage que son ami parte défaitiste sur la question, alors qu'il avait techniquement de bonnes raisons d'intéresser le sexe opposé (même si le sexe opposé ne l'intéressait pas, chose que Marlon ignorait).

-Oh, je ne m'inquiète vraiment pas pour toi, tu es jeune, tu as de la ressource, tu es intelligent, ces demoiselles seraient bien stupides de ne pas tenter leur chance.

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arlon ne trouvait pas le moins du monde que la manière de voir les choses de Brivael était clichée, bien au contraire. Il avait plus de difficultés à comprendre celles et ceux qui papillonnaient et passaient de partenaire en partenaire sans aucun intérêt pour le grand amour, voire même sans s'autoriser à y croire. Mais il est vrai que son opinion sur la question était forcément biaisée. Pour sa part, il avait rencontré la femme de sa vie très tôt, il avait rencontré "la bonne" à l'heure où il ne la cherchait pas. Et donc, il n'avait pas eu à se poser plus de questions.

En revanche, si sa rencontre avec Cassandra lui avait confirmé quelque chose, c'est que la destinée n'était pas juste une vue de l'esprit (en même temps, avec une épouse voyante, il ne pouvait pas ne serait-ce que se permettre de penser différemment) mais bel et bien quelque chose de plus fort et de plus profond, qui méritait de s'y intéresser et de s'y attarder. Il pensait donc bel et bien qu'il y avait une personne pour attendre chaque personne en ce bas monde, et il ne pensait pas différemment quand il était question de son interlocuteur, qui après tout avait encore largement le temps de trouver chaussure à son pied.

-Au moins, si le métier de médicomage finit par te lasser, tu pourras toujours te reconvertir dans l'élevage animalier, s'autorisa à plaisanter Marlon puisque son interlocuteur le faisait lui-même.

Mais il lui souhaitait tout de même de ne pas avoir un tel vide sentimental à combler. Il savait que certaines personnes supportaient mieux le célibat que d'autres, mais dans tous les cas, il voulait surtout que son interlocuteur soit épanoui et heureux dans la vie. Que pouvait-on souhaiter d'autre à un ami en même temps ?

-Il va tout de même falloir que je te fasse sortir de cet hôpital de temps à autre, ajouta-t-il d'un ton léger. Il ne faut pas s'étonner que tu ne rencontres personne si tu passes ton temps entre ces quatre murs, et je ne te conseillerais pas de t'enticher d'un de nos patients. Je n'ai jamais entendu aucune histoire avec de tels prémices qui se soit bien terminée.

Là encore, il prenait surtout plaisir à plaisanter, ceci dit, il tenait tout de même à encourager son interlocuteur à sortir et à se détendre. C'était en prenant du temps pour lui qu'il réussirait aussi à être plus attentif aux autres.

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