Porpentina Goldstein (Terminée)

Il y a autant de façons de conter une histoire qu’il y a d’histoires. Celle de Porpentina Goldstein n’était pas particulièrement plus importante que celle d’un autre. Mais quelques fois, des évènements exceptionnels impliquent des personnes qui devaient être ordinaires. Alors il est nécessaire de raconter leur histoire, le chemin qui les a menées jusqu’à ce moment particulier où leur destinée croise celle du monde.

Porpentina Esther Goldstein est issue d’une famille de sang-mêlés, chose rare dans les Etats-Unis d’Amérique, car très tôt, la frontière entre le monde non-maj et le monde sorcier avait été clairement définie et renforcée par les textes fondateurs du MACUSA. La famille Goldstein, immigrée de Pologne, faisait donc figure d’exception. Ainsi, son père était un sorcier, de confession juive. Il rencontra son épouse, sorcière américaine, par un étrange fruit du hasard… qu’il ne convient pas de raconter ici.

Quoiqu’il en soit, de cette union, naquit deux enfants. Porpentina fut la première, en 1901. Queenie, la seconde, trois ans plus tard. L’enfance des deux sœurs auraient pu être celles de petites magiciennes ordinaires. Mais alors que Tina n’avait pas dix ans, leurs deux parents moururent de la Dragoncelle, brutalement. Comme ont peu aisément l’imaginer – ou bien mal l’imaginer, car la perte ne se comprend jamais bien que lorsqu’elle est ressentie – les deux orphelines restèrent marquées à vies de cette disparition.

Très vite, pourtant, il fallut s’adapter. Tina décida très vite de reprendre la place qu’occupait ses parents. Elle se débrouilla pour que les orphelinats ne se mêlent pas de leur situation, à elle et à sa sœur. A juste titre sans doute, car au début des années 1900, les maisons de ce genre n’étaient ni réputées pour leur douceur de vivre ni pour leur caractère accueillant… Les sorciers avaient beau se prétendre implicitement supérieurs aux No-Majs, la condition des orphelins ne différaient pas tant d’un monde à un autre… Porpentina apprit donc très vite à maîtriser les sortilèges élémentaires, utilisant la magie sans baguette afin de pourvoir à leurs besoins les plus primaires. Elle prenait soin de son petit rayon de soleil de sœur, du mieux qu’elle le pouvait, et malgré tout, ensembles, elles étaient heureuses. Elles avaient besoin l’une de l’autre.

Ce fut tout de même un soulagement lorsqu’elle atteint ses onze ans et qu’Ilvermorny la prit sous son aile. Elle supplia le directeur actuel de prendre sa sœur en tant que pensionnaire. Lequel refusa tout d’abord, mais Porpentina se montra si obstinée, qu’il finit par céder. Les deux sœurs ne furent donc pas séparées. Tina fut répartie dans la maison Thunderbird. Trois ans plus tard, Queenie rejoignit les Pukwudgie. Elles passèrent toutes deux une scolarité tranquille et heureuse. Tina travaillait d’arrache-pied afin d’offrir à sa petite sœur un avenir radieux. Très vite, elle se hissa aux premiers rangs de sa classe. Elle montra très vite d’excellentes dispositions en Défenses contre les forces du Mal et en Duel.

Par conséquent, à la sortie de l’école, elle eut l’honneur de rejoindre le prestigieux corps des Aurors du MACUSA. Grâce à son nouveau salaire, elle prit un petit appartement pour y accueillir sa sœur à sa sortie de l’école. C’était un petit coin cosy, un abri et un foyer comme elles en avaient eu autrefois. Tina commença une carrière brillante. L’on disait déjà dans les hautes sphères qu’elle était destinée à être l’une des sorcières policières les plus prometteuses de sa génération. Son sens de l’intégrité, sa ténacité et ses dons de duellistes faisaient l’admiration de tous. Jusqu’à l’incident.

Cela faisait quelques mois qu’on l’avait assignée à la surveillance des fidèles de Salem. Elle savait que les choses qui s’y déroulaient n’étaient pas propres. Elle voyait bien dans quel état de terreur la meneuse mettait les enfants. Cela la rendait folle. Elle renforça sa surveillance, de son propre chef. C’est alors que cette « mère » voulut corriger violemment, une nouvelle fois sans doute, l’un des orphelins. Etait-ce parce qu’il n’était qu’un enfant ? Etait-ce parce que cette femme représentait tout ce que Tina pouvait mépriser ? Etait-ce parce que l’adolescent ne se défendait même pas ? Etait-ce en tant qu’orpheline qu’elle avait réagi, horrifiée parce que pouvait endurer ses semblables et ce qu’on aurait pu faire subir à sa sœur Queenie si elles avaient échoué dans ce genre de famille adoptive ?

Quoiqu’il en soit, elle s’interposa entre la terrible Mary Lou et Credence. La mère Barebone fut assommée. Elle s’approcha du garçon terrifié pour le rassurer. Elle aurait voulu pouvoir faire davantage. Le MACUSA s’en mêla immédiatement. Ils oubliettèrent la mère et le fils. Tina fut jugée, rétrogradée, humiliée. On ne fit rien pour ce garçon.

Tina se retrouva au bureau délivrant les permis baguettes, autrement dit, un véritable placard, pour lequel elle était surqualifiée. Une belle imbécilité, doublée d’injustice, à son humble avis… Elle ne servait à rien ici, elle s’ennuyait, elle songeait presque à quitter le MACUSA en désespoir de cause. Le comportement étrange de Percival Graves à son endroit n’arrangeait rien, pas plus que la déception qu’elle représentait aux yeux de la Présidente… Elle devait absolument reprendre son poste.

C’est pourquoi, alors qu’elle continuait à surveiller les fidèles de Salem, lorsqu’un étrange jeune britannique se précipita pour récupérer son Niffleur, elle se lança immédiatement à sa poursuite. A la suite d’un échange de valises particulièrement « cliché », il perdit le reste de ses créatures, qui se dispersèrent dans tout New-York. Coltinée d’une tête en l’air incorrigible (Newt) et d’un non-maj perdue dans ce monde inconnu (Jacob), Tina dut promettre de les aider à retrouver les animaux – peut-être cela lui permettrait de récupérer sa place. Au terme d’un course-poursuite endiablée, ils crurent arriver au bout de leur peine. Malheureusement, alors qu’elle ramenait le sorcier et sa valise au MACUSA, le conseil les condamna à mort, croyant à tort qu’ils étaient à l’origine des déchaînements de magie noire dans la ville et de la libération d’un Obscurus…. Sauvée de justesse par le Démonzémerveilles de Newt, Queenie et Jacob, Tina se retrouva de nouveau entraînée dans une course folle… mais cette fois, c’était la cavale, et ils couraient pour leur vie.

Qui sait ce qui allait bien pouvoir arriver désormais…

En général, les gens pensent que Porpentina Goldstein est une personne… disons, ennuyante. Chiante, diraient les plus honnêtes. A plus ou moins juste raison. D’abord, on la voit peu sourire en public. Elle semble toujours sur le qui-vive, méfiante, presque paranoïaque. Presque impossible d’échapper à son regard perçant et à sa manie de se mêler de ce qui ne la regarde pas vraiment. Si quelque chose l’effraie ou lui déplait, sa baguette jaillit de son manteau. Non pas qu’elle ait vraiment le sang-chaud… disons plutôt qu’elle est assez nerveuse et qu’il ne vaut mieux pas la croiser lorsqu’elle s’est levée du mauvais pied. Et en plus, elle n’est pas toujours d’une patience d’ange – doux euphémisme.

Si elle monte vite sur ses grands chevaux, cela ne veut pas forcément dire qu’elle manque de bon sens. Au contraire, Tina est pleine de bon sens. C’est une personne pragmatique, ferme, organisée. La fantaisie, ce n’est pas vraiment ce dont elle a l’habitude. Mais elle a l’esprit vif et pratique. Difficile de lui raconter des bobards sans qu’elle s’en rende compte. Il y en a qui ont essayé, ils ont eu des problèmes… Déterminée, obstinée, et même têtue, n’ayons pas peur des mots, elle lâche rarement une affaire une fois qu’elle l’a eu entre les mains. Souvent autoritaire, peu sont ceux qui arrivent à lui échapper. Ambitieuse, d’une certaine façon, elle désire plus que tout reprendre sa place en tant qu’Auror afin de faire régner l’ordre au sein de New Yord – en ces temps troublés, cela lui semble être une priorité…

Après ce portrait relativement peu flatteur, l’on pourrait se dire que Goldstein n’est qu’une fonctionnaire aigrie, dévorée par l’ambition et un sens de l’ordre un peu trop prononcé. Mais l’on finit par ne pas se fier aux apparences dans le monde magique. Car Tina est tout sauf un cœur de pierre. C’est d'abord parce qu’elle est guidée par un sens aigu de la morale qu’elle souhaite reprendre sa place d’enquêtrice. Porpentina est quelqu’un de droit, compatissant. Profondément humaine, malgré sa froide façade. Elle ne supporte pas la violence que l’on exerce sur les plus faibles et dès que l’un d’entre eux est en danger, elle perd tout sang-froid pour courir à son secours. A plusieurs reprises, elle a désobéi aux ordres de ses supérieurs pour faire ce qu’elle croit profondément être juste. Elle est quelqu’un de très fidèle, une fois sa confiance acquise, elle fera tout pour protéger ceux à qui elle tient. Par ailleurs, elle aime sa sœur Queenie plus que tout et donnerait sa vie pour lui offrir une vie heureuse.

Parfois, quand le souci quitte brièvement ses pensées, on la voit sourire d’émerveillement et de bonheur. Il semblerait que ce sourire-là devienne de plus en plus fréquent depuis l’arrivée d’un certain Newt Scamander en ville…