Les bonnes causes inspirent ceux qui les défendent. [pv Debrah :33]

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Les bonnes causes inspirent ceux qui les défendent.

L

a situation avait échappé à tout contrôle. Mary Lou l'avait toujours su, ou du moins l'avait deviné. Il y avait chez Credence quelque chose de mauvais, d'anormal, de dangereux... Un quelque chose lié à sa naissance, bien sûr, ça ne faisait aucun doute... mais elle avait cru, malgré tout, avoir la situation bien en mains... mais ça, c'était avant que la chef de file des fidèles de Salem n'accuse le contrecoup de l'agression que Credence avait considéré de trop. Cela avait été violent, brutal... C'était un miracle que Mary Lou s'en soit sortie indemne. Elle n'avait pas voulu aller à l'hôpital. elle s'était soignée avec les moyens du bord. Ses différentes cicatrices devaient lui servir d'argument à l'encontre de quiconque oserait encore remettre en question ses croyances, plus acérées que jamais. D'autant que la situation ne semblait pas s'être tant que cela améliorée... Langdon était venu lui parler, en détails, de tout ce qui s'était passé, de tous les événements dont il avait été témoins. Mais il n'y en avait eu trace nulle part. Ce qui aurait dû faire la une des journeaux avait été remplacé par un article dénué du moindre intérêt sru la météo. New York était tombée en ruines, et on l'avait ranimé de ses cendres. Ou presque... Son église, qui avait été dévastée par l'attaque de Credence, était toujours en ruine. Preuve était faite, donc, que son initiative dérangeait bel et bien. C'était une victoire. Mais bien maigre cependant, car le prix que lui coûteraient les rénovations de ces lieux avait de quoi décourager n'importe qui.

Mais surtout pas elle, bien sûr. Plus on tenterait de l'intimider, plus elle s'évertuerait à se donner raison... Elle avait le sentiment que l'ennemi perdait doucement le contrôle. Elle avait perdu Credence, mais ce n'était pas grave, c'était au final une épine que l'on retirait de son pied (même si elle n'oubliait pas de jouer les mères angoissées chaque fois qu'on lui demandait ce qu'il était advenu à son fils adoptif). Elle, elle continuerait, coûte que coûte, et elle comptait sur les quelques relations qu'elle possédait pour progresser dans la meilleure direction possible.

Elle savait qu'elle avait besoin du soutien d'Henry Shaw, mais face aux réticences (pour ne pas parler de mépris) de l'influent patron de presse, elle pouvait en attendant compter sur son fils... et potentiellement sur celle qui aurait dû devenir sa belle fille, puisque Langdon lui avait présenté Debrah, la fiancée du défunt Henry Shaw Jr. Une jeune femme fortunée, suffisamment du moins pour peut-être participer à la rénovation de son église. C'est là qu'elle lui avait donné rendez-vous, et ce n'était bien sûr pas sans raison, le but étant de lui faire mesurer l'étendue des dégâts.

-Miss Burton, l'accueillit-elle quand Debrah vint au rendez-vous. Je vous remercie d'être venue.

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Debrah avait appris ce qui était arrivé à l’église des Barebone et la première chose qu’elle avait fait c’était rendre visite à Langdon afin de s’assurer qu’il allait bien. Et suite à cela, ils avaient eu une conversation concernant la nuit du nouvel an. Debrah ne se souvenait de rien, mais apparemment il s’était passé des choses. L’état de l’église des fidèles de Salem en était un peu la preuve au final. Enfin, la jeune femme n’en était pas entièrement sûr, cela dit elle devait bien reconnaître qu’elle était capable de croire un peu à n’importe quoi depuis la mort de Henry. Et le fait qu’ils soient sur la même longueur d’onde avec Langdon ne pouvait pas lui permettre de réellement mettre sa parole en doute. Elle avait rendez-vous à l’église d’ailleurs, avec Mary Lou qui l’avait contacté dans le but de la voir. La jeune femme ne savait pas exactement ce que cette femme lui voulait, mais Debrah n’avait aucune raison de ne pas se rendre à ce rendez-vous.

Elle ne savait pas toujours quoi réellement penser des fidèles, mais dans tous les cas, à l’heure actuelle il était évident qu’elle ne pouvait que se rendre à ce rendez-vous, afin de discuter avec cette femme. Quand elle arriva sur place, elle ne manqua pas d’être effaré des dégâts. Elle en avait entendu parler, elle avait su que c’était grave, mais en même temps elle ne s’était pas douté que c’était à ce point non plus. Il était clair que l’église avait pris un sacré coup, ça ne devait pas être évident pour les Barebone de vivre convenablement.

« Mrs. Barebone. » La salua-t-elle en retour quand Mary Lou Barebone lui remercia d’être venue. « Je suis navrée d’apprendre ce qui est arrivé à votre église. » Affirma-t-elle sincèrement, parce qu’elle n’avait aucune raison de mentir. C’était le cas, elle était vraiment navrée de découvrir dans quel état se retrouvait cette église où toute la famille Barebone vivait. Ce n’était pas ce qu’il y avait de décent maintenant. Et justement, elle ne se rendait pas encore compte que le fait que Debrah soit touché par le sort de la famille était une bonne nouvelle pour Mary Lou, que c’était un peu ce qu’elle cherchait. « Comment allez-vous ? » Demanda-t-elle, en se posant vraiment la question.

Cette question était un peu générale, elle se posait la question concernant la femme sous ses yeux, mais elle incluait aussi les enfants de cette femme. Elle savait que Langdon n’était pas sur place quand il y avait eu l’accident, si on pouvait appeler les choses de cette manière. Elle se faisait du souci pour les enfants de la femme sous ses yeux effectivement, elle espérait qu’il n’y avait pas eu de blessé grave. Quand bien même, elle pouvait quand même constater que la femme sous ses yeux avait déjà eu quelques blessures. Ce qui ne pouvait que rajouter un peu plus dans le fait que Debrah puisse être capable de se sentir concerné par leur sort.

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M

ary Lou adressa en réponse à son interlocutrice un sourire contrit. Elle appréciait à leur juste valeur les propos de son interlocutrice. Pas seulement parce qu'elle affichait de la compassion à son adresse et à l'adresse des fidèles de Salem (même si cela jouait forcément), mais parce que c'était exactement l'effet qu'elle avait recherché. Mary Lou n'était pas le genre de femme à vouloir attirer la compassion et la pitié sur elle. Elle s'en était toujours très bien tirée par ses propres moyens et n'avait aucune envie que cela change, certainement pas. Elle s'était toujours relevée, peu importe les coups, et cela continuerait, mais il fallait aussi, de temps à autre, avoir l'humilité d'admettre que l'aide d'autrui pouvait être bienvenu.

Et en l'occurrence, si la compassion qu'affichait Debrah Burton à son adresse pouvait la convaincre de faire un geste et de participer financièrement à la rénovation de l'église, elle aurait absolument tout gagné. Ceci dit, elle savait très bien qu'il ne fallait pas précipiter les choses. Elle n'avait pas la moindre intention de poser la question de but en blanc, c'était même hors de question, ce serait beaucoup trop risqué, car peut-être qu'en évoquant l'aspect pécuniaire de la situation, la jeune femme se refermerait comme une huître. Non, chaque chose en son temps. Le moment viendrait bien assez vite de discuter de tout cela. Et le moment venu, elle saurait bien évidemment y mettre les formes. Même si le combat de Mary Lou n'était pas simple et qu'elle avait accumulé plusieurs échecs, Mrs Barebone considérait tout de même posséder un esprit de persuasion et un talent oratoire relativement efficaces.

-J'ai connu des jours meilleurs, comme vous devez vous en douter, soupira la chef de file des fidèles de Salem.

Le but de la manoeuvre était bien évidemment de l'apitoyer une fois de plus. Ceci dit, elle n'avait pas réellement besoin de forcer le trait. Car il est certain en effet qu'elle avait connu des jours meilleurs. Elle avait fait un détour par l'hôpital, elle avait eu de la chance d'être toujours en vie, et Credence avait disparu, on ne pouvait pas dire que le bilan était vraiment glorieux pour les Barebone... Quand bien même Mary Lou parvenait à en tirer le meilleur parti. Notamment en se disant que l'effondrement de l'église était la preuve matérielle la plus percutante qu'elle ait jamais eu à sa disposition pour plaider sa cause... quand bien même d'autres preuves pourtant tout aussi percutantes - la mort du sénateur Shaw, par exemple, n'avaient pas suffi de leur côté.

-Vous savez peut-être que Credence a disparu ? ajouta-t-elle d'une voix légèrement tremblante, un tremblement tout calculé évidemment, afin d'ajouter encore un peu au pathos.

Elle ne lésinait clairement pas sur les moyens.

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Quand Mary Lou Barebone affirma qu’elle avait connu des jours meilleurs, Debrah comprenait évidemment ce qu’elle voulait dire par là. C’était évident qu’elle avait connu des jours meilleurs, on ne pouvait pas dire qu’elle vivait la période la plus agréable. La jeune femme venait voir son interlocutrice en sachant parfaitement qu’elle ne vivait pas les moments les plus agréables de son existence et c’était justement parce qu’elle avait connu mieux qu’elle se trouvait là aujourd’hui. Debrah ne savait pas toujours quoi penser de la femme, des fidèles de Salem. Elle avait besoin de Langdon, elle avait le sentiment que celui qui aurait dû devenir son beau-frère était le seul capable de la comprendre, de ressentir ce qu’elle ressentait et ce qu’elle subissait depuis la mort de son fiancé. Et forcément, puisqu’elle soutenait le jeune homme, elle s’était un peu intéressé aux fidèles, sans pour autant trop savoir quoi penser d’eux et de leurs actions.

Cela dit, qu’elle ne sache pas exactement quoi penser d’eux, ça ne voulait pas dire qu’elle ne pouvait pas être touché par ce qu’il vivait. Personne ne méritait de se retrouver dans un tel état. L’église dans laquelle ils vivaient était un désastre maintenant, ce n’était pas vivable tout simplement. Mais ce n’était pas la seule chose qui arrivait, malheureusement.

« Oui, j’ai appris la mauvaise nouvelle. » Dit-elle avec énormément de compassion, quand la femme sous ses yeux lui apprit que son fils avait disparu. Instinctivement, Debrah ne put s’empêcher de prendre la main de Mary Lou dans la sienne, dans un geste de soutien, quand bien même elle savait parfaitement que ça ne changerait rien. Rien ne pourrait changer la disparition de quelqu’un, rien ne pouvait soulager une personne de souffrir de la perte d’un membre de sa famille, d’un être aimé. Elle en savait quelque chose, ce n’était pas simplement en lui tenant la main qu’elle pouvait guérir de sa peine d’avoir perdu Henry. « Je suis tellement désolée. » Et elle était sincère dans ses propos, elle les pensait absolument. « Savez-vous ce qui est arrivé ? »

Elle n’avait pas envie de tourner le couteau dans la plaie, mais en même temps elle ne pouvait pas s’empêcher d’être curieuse. La destruction de leur église, la disparition de Credence, ça faisait quand même beaucoup d’un coup. Et forcément, la jeune femme ne pouvait pas s’empêcher de se dire que ça avait forcément un rapport l’un envers l’autre… et donc peut-être également un rapport avec autre chose. Avec tout ce que Langdon croyait, avec tout ce que Mary Lou essayait de faire comprendre aux autres, avec la magie donc. Ça semblait fou, mais en même temps, il n’y avait toujours aucune explication logique à la disparition de son fiancé, rien qui puisse réellement permettre à Debrah de savoir qui était responsable, ce qui était arrivé. Alors… peut-être qu’elle devrait simplement croire en la magie, dans le combat de Mary Lou et dans les croyances de Langdon.

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ary Lou vit immédiatement que son petit jeu avait fonctionné à la perfection avec son interlocutrice. Elle avait su la prendre par les sentiments, mais en même temps, ce n'était pas quelque chose de bien difficile. Se servir des sentiments des autres pour en tirer profit, c'était pour le moins sa marque de fabrique... Et c'était encore plus facile avec les personnes d'ores et déjà fragiles. C'était le cas de Langdon, et c'était également le cas de Debrah.. parce qu'ils avaient perdu récemment un être cher (le même d'ailleurs), chose qui les rendait fragiles et influençables...

Que son interlocutrice en soit pas insensible à sa prétendue détresse était donc une excellente chose même si, en réalité, cette détresse n'avait absolument rien de véritable... Tout était plus simple sans Credence, qui de toute façon commençait à lui échapper. Les conséquences de son "départ" l'intéressaient bien plus que sa disparition en elle-même, qui ne représentait définitivement rien à ses yeux. Quand son interlocutrice lui demanda si elle avait une idée de ce qui s'était passé, la femme comptait bien évidemment en tirer son parti pour embrigader la jeune femme. Elle ne serait peut-être pas aussi simple à convaincre que Langdon mais tout était possible, après tout. Les circonstances actuelles avaient tendance à rassembler certains camps, à diviser également, et c'était bien sûr (et forcément) la meilleure des choses, sans aucun doute possible.

-Comme vous devez le savoir, j'ai été agressée, cette même nuit, aussi n'ai-je aucun souvenir de ce qui s'est passé précisément, répondit-elle en jouant par la même occasion la carte de l'appitoiement. Rappeler le fait que elle aussi avait été attaquée lui paraissait être une très bonne chose au regard de ses ambitions, une façon de garder le contrôle quoi qu'il advienne sur une situation certes désarmante, mais de laquelle il semblait essentiel de tirer dorénavant le meilleur parti possible. Quand je me suis réveillée, l'église était dévastée, et Credence avait disparu. Elle marqua une légère pause. Une jeune femme aussi intelligente que vous aura certainement su en tirer ses propres déductions, ajouta-t-elle alors simplement, n'oubliant jamais de caresser ses interlocuteurs dans le sens du poil quand il le fallait. Les fidèles de Salem se sont fait beaucoup d'ennemis... Et il est évident que l'intention ici a été de nous faire taire pour de bon.

Mais ça n'avait pas été efficace, bien sûr. Mary Lou n'était que d'autant plus déterminé à défendre sa cause et à se servir de ce qui lui est arrivé comme d'un argument massue qui saurait entièrement justifier son combat et les raisons pour lesquelles elle choisissait de le mener avec tant de ferveur. Quoi qu'il advienne, elle n'en démordrait évidemment pas, et parvenir à convaincre Debrah de sa bonne foi serait sans nul doute une excellente chose.

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Debrah avait su en effet que la femme sous ses yeux avait été agressée la même nuit où son église avait été dévastée et où son fils avait disparu. Apparemment, cette agression ne lui permettait donc plus d’avoir des souvenirs vraiment exacts de ce qui s’était passé. La jeune femme mentirait si elle affirmait ne pas être touchée par les propos de Mary Lou Barebone, surtout qu’elle savait parfaitement comment apitoyer les foules. Debrah ne savait pas toujours quoi penser de cette femme, comme elle ne savait pas vraiment quoi penser de son message, mais en même temps elle ne pouvait pas nier les faits actuels… Mary Lou Barebone avait bel et bien été agressée et son église mis à sac. Elle n’avait même plus réellement d’endroit décent pour vivre et l’un de ses enfants avait disparu. Autant dire qu’elle ne pouvait pas ignorer les événements.

Quand la femme sous ses yeux s’était réveillée donc, elle avait découvert son église dans cet état et son fils avait disparu. Debrah ne pouvait même pas imaginer ce qu’elle vivait, ce qu’elle devait ressentir. Même si la jeune femme avait perdu son fiancée et l’homme qu’elle aimait, ce n’était pas une situation comparable. Parce qu’elle avait vu Henry mourir sous ses yeux, elle l’avait vu partir… Mary Lou ne savait même pas ce qu’il en était pour son fils. Est-ce que Debrah avait ses propres conclusions de l’affaire… forcément, la jeune femme ne pouvait pas ignorer le discours que Mary Lou Barebone propageait dans toute la ville et c’était donc une coïncidence… troublante. Langdon avait l’air si sûr de lui quand il était question de croire que les sorciers étaient responsables de la mort de son frère, est-ce que c’était bel et bien le cas ? Debrah ne pouvait pas s’empêcher d’être encore un peu septique, mais contrairement à Henry Sr, la jeune femme se montrait bien plus apte à laisser le bénéfice du doute. Et si cette femme avait raison sur la magie ? Cette attaque contre son église en était peut-être la preuve au final. On avait pu chercher à les faire taire, parce qu’ils s’étaient attirés les foudres des mauvaises personnes. Et si on avait cherché à les faire taire, c’était que ce qu’il disait avait du sens.

« Je dois bien avouer que tout cela est… troublant. » Elle ne savait toujours pas ce qu’elle devait croire, mais mine de rien les paroles de Mary Lou la faisaient énormément réfléchir. Et elle ne pouvait pas être complètement insensible au sort de celle-ci. « Comment allez-vous faire ? Vous avez un endroit pour vivre ? »

Sorcier ou pas, magie ou non, dans tous les cas cette famille se retrouvait dans une situation vraiment précaire et Debrah ne parvenait pas à en être insensible, d’autant plus qu’elle savait qu’ils comptaient énormément pour Langdon. Et dans tous les cas, ils n’avaient toujours pas de réponse pour la mort de Henry alors… en soit, peut-être que c’était ce chemin là qu’il fallait suivre.

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ary Lou retint son exaspération en entendant la réponse de son interlocutrice. En soi, elle ne pouvait pas réellement la lui reprocher non plus, mais elle devait bien reconnaître qu'il était usant de voir tout le monde chercher une explication rationnelle constante à ce qui ne s'expliquait pourtant que d'une seule manière. Certes, au moins Debrah ne rejetait pas d'emblée son récit, elle admettait que la situation était "troublante", et c'était une bonne chose. Mais l'adjectif choisi semblait bien faible à la chef de file des fidèles de Salem qui de son côté aurait choisi tout autre chose pour s'exprimer sur la situation, à choisir. Oui, la situation était troublante, mais elle était alarmante, car cela signifiait que les sorciers étaient en train de gagner du terrain. Est-ce qu'elle était vraiment la seule à le remarquer, à le comprendre ?

Elle espérait que non, tout de même, mais par moments, elle était si désespérée d'entendre quelqu'un qui s'intéressait même de loin à sa cause l'adopter complètement que c'en était épuisant. Oh, il y avait quelques exceptions, bien sûr, comme Langdon, par exemple, mais des exception qui ne seraient pas dépressives et à fleur de peau ne lui feraient quand même pas de mal non plus, à choisir. Enfin, c'était son rôle, son devoir même, que de faire entendre la vérité à ses pairs, et elle ne devait surtout pas passer à côté. Donc elle devait faire quoi qu'il en soit preuve de magnanimité et de patience, même si la situation lui avait forcément rendu la tâche plus difficile, pour le coup. Elle n'en était pas ressortie totalement indemne, c'était un fait, et cela avait peut-être encore abaissé son seuil de tolérance. Ceci dit, la jeune femme était peut-être à deux doigts d'être convaincue, et elle n'avait pas envie de passer à côté de cette éventualité.

Chaque chose en son temps, au moins, Mary Lou appréciait d'entendre son interlocutrice l'interroger sur ce qui allait se passer à présent, sur ce qu'ils comptaient faire, l'endroit où elle et ses filles adoptives avaient l'intention de vivre. C'était la preuve qu'elle se souciait au moins d'eux à titre personnel, et c'était une chose à exploiter un maximum, tant qu'à faire.

-Nous n'en avons pas la moindre idée, reconnut Mary Lou d'un ton qu'elle faisait volontairement désemparé. Ce qui lui était chose facile, en réalité, car elle n'était pas franchement au clair avec la situation, et elle s'en inquiétait tout de même. Nous n'avons pas les moyens de nous reloger ailleurs, ajouta-t-elle alors.

Ce qui, une fois de plus, était vrai, et même si les fidèles de Salem avaient dû lui rapporter quelque revenu que ce soit, elle ne les aurait pas investis dans un nouveau logement. Mais Debrah, elle, était issue d'un milieu aisé. Elle pourrait peut-être les aider ?

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Debrah était toujours mal à l’aise avec l’idée de la sorcellerie, mais en même temps elle ne pouvait pas non plus tout rejeter. Elle avait besoin de rationalité, elle avait besoin d’explication et c’était bien pour ça qu’elle cherchait à comprendre comment son fiancé était mort. Elle n’était pas toujours à l’aise avec le discours de la femme sous ses yeux, mais ça ne voulait pas dire qu’elle ne pouvait pas se poser des questions vis-à-vis de son sort, qu’elle ne pouvait pas s’inquiéter pour elle et sa famille. Elles venaient quand même de vivre un moment horrible, elles se trouvaient dans une situation vraiment atroce. Mary Lou Barebone affirma qu’elle n’avait pas la moindre idée de comment elles allaient faire maintenant que l’endroit où elles vivaient été clairement dévasté.

Mary Lou ajouta qu’elle n’avait pas les moyens de se reloger. Debrah n’avait jamais eu de soucis d’argent dans sa vie, parce qu’elle venait d’une famille riche et que ces derniers subvenaient pleinement à ses besoins. Ses fiançailles lui auraient d’ailleurs permis également d’avoir une très bonne situation. Elle ne savait pas ce que c’était de se retrouver du jour au lendemain sans rien, et elle ne souhaitait ça à personne évidemment.

« Je peux vous aider. » Dit-elle alors. Ce n’était pas parce qu’elle n’était pas entièrement à l’aise avec son discours, qu’elle ne savait pas si elle pouvait le croire ou pas, qu’elle ne pouvait pas compatir au sort de la famille et surtout les aider. C’était évident que sans Langdon, la jeune femme n’aurait pas vraiment pris la peine de parler avec la famille Barebone, elle n’aurait pas approché cette femme autant qu’elle le faisait et sans doute qu’elle ne lui serait pas venue en aide. Mais en même temps, elle se trouvait ici et maintenant, devant la détresse de cette famille et donc elle ne pouvait pas ne rien faire. « Je vais vous donner de quoi vous installer quelque part, le temps que vous puissiez entamer des travaux pour retaper votre église. »

Elle n’avait pas non plus l’intention de subvenir à tous les besoins de Mary Lou Barebone, mais son geste était sincère. Elle avait vraiment envie de leur venir en aide, elle avait vraiment envie de faire quelque chose. Au moins, si elle pouvait leur permettre à cette femme et à ses filles de vivre dans un endroit un peu décent après ce qu’elles avaient vécu, c’était quand même déjà beaucoup. La jeune femme ne reviendrait pas en tout cas sur sa décision et par chance, elle pouvait vraiment faire ce qu’elle voulait de son argent. Ce dernier ne dépendait pas entièrement d’elle, mais elle pouvait quand même faire suffisamment ce qu’elle voulait avec. Heureusement d’ailleurs, parce que ces derniers temps elle ne lésinait pas du tout sur les dépenses, entre l’argent qu’elle donnait à Eric Sangster et qu’elle allait donner maintenant à Mary Lou Barebone. Mais c’était pour la bonne cause, elle ne pouvait pas laisser ces femmes dans la rue.

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ary Lou afficha un sourire qu'elle voulut faire plus reconnaissant que satisfait quand son interlocutrice s'empressa de lui assura qu'elle pouvait leur venir en aide. Bien évidemment, c'était à cela que se résumait tout son petit manège. Elle avait espéré que la riche jeune femme accepterait de lui donner les moyens de leur procurer un toit digne de ce nom plutôt que de les laisser rester dans cette église qui menaçait de s'effondrer au-dessus d'elle chaque jour que Dieu faisait. En son esprit, elle avait déjà rassemblé nombre d'arguments destinés à convaincre son interlocutrice du bien-fondé de sa décision, mais finalement, il n'y avait aucun besoin de se perdre d'arguments en arguments, Debrah semblait déjà décidé à mettre la main au porte-feuille. La cheffe de file des fidèles de Salem était ravie. Elle était parvenue à ses fins sans avoir besoin de fournir un monumental effort. Il y avait suffisamment d'affaires qui nécessitaient à l'heure actuelle toute son attention et toute son énergie, elle était plutôt satisfaite de ne pas avoir à se concentrer plus longtemps sur celle-ci.

-Vous feriez cela pour nous ? demanda-t-elle d'une voix où elle laissa trembler une pointe d'émotion toute calculée.

Le jour où Debrah était entrée dans sa vie était définitivement une bénédiction, et elle avait bien l'intention d'exploiter jusqu'au bout le deuil et la générosité de cette femme, tout comme elle n'oubliait jamais d'exploiter le deuil de Langdon depuis la mort brutale du sénateur Henry Shaw (en ne les manipulant tous deux qu'à moitié - bon d'accord, à deux tiers -, car après tout, cela restait vrai à ses yeux que les sorciers étaient à l'origine de la mort de cet homme, tout comme c'étaient les sorciers qui s'étaient attaqués à sa très chère église).

-Vous nous sauveriez la vie !

A nouveau, le propos était à peine exagéré. Mais ceci dit, il pourrait se rapprocher de la réalité, car au vu de l'état de délabrement avancé de l'église en question, il n'y aurait rien de surprenant à ce que cette dernière s'effondre à tout instant, il faut bien le dire. Dans tous les cas, sa proposition méritait bien qu'elle fasse mine de chanter ses louanges et de faire l'éloge de sa si grande générosité.

-Bien sûr, je vous rembourserai dès que j'en aurais l'occasion.

Autant dire que cela n'arriverait jamais, mais c'était bien évidemment une manière pour elle de faire mine de sa prétendue bonne foi. Cela ne l'engageait à rien que de l'affirmer, car elle était convaincue que Debrah n'en attendait pas tant de sa part dans tous les cas. autant dire qu'elle prenait un risque très limité à exposer les choses de la sorte. Alors cela ne la dérangeait pas outre mesure que de s'inventer une dette factice avec son interlocutrice.

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Debrah avait largement de quoi aider la famille Barebone à se reloger quelque part dans le but de vivre dignement. Elle en avait les moyens, alors elle décidait d’aider cette famille. Elle les prenait en pitié, clairement, ce qui en soit n’était peut-être pas réellement valorisant pour les Barebone, mais en même temps Debrah ne se doutait pas que c’était de toute façon ce que Mary Lou cherchait. Quand elle lui demanda si elle allait vraiment faire ça pour eux, la jeune femme entendit comme un tremblement dans la voix de son interlocutrice. Elle avait bien conscience qu’elle les aidait beaucoup. Elle n’avait pas réellement besoin que Mary Lou Barebone précise qu’elle allait leur sauver la vie, elle se doutait que forcément leur était d’une grande aide.

Parce que la femme Barebone n’avaient plus un toit décent pour vivre, alors c’était évident que Debrah en les aidant, leur évitait d’avoir de gros ennuis. Mais la jeune femme ne le faisait pas que dans le but de se faire mousser. Bien sûr, c’était gratifiant en un sens de se dire qu’une personne comptait beaucoup sur soi pour s’en sortir, que sans son aide, cette personne ne s’en serait pas sorti. Mais Debrah ne le faisait pas pour ça, elle voyait bien dans quelle détresse la famille se trouvait et donc elle ne pouvait pas rester indifférente. Même si Henry quand il était encore en vie pouvait par moment la trouver un peu trop tendre, un peu trop gentille, elle n’avait pas l’intention de faire autrement. Elle tenait à aider Barebone.

« Ne vous préoccupez pas de cela, ce n’est pas la priorité. » Dit-elle, quand la femme lui affirma qu’elle allait lui rembourser cette somme dès qu’elle en aurait l’occasion. En réalité, Debrah n’était pas du genre à compter son argent – surtout depuis la mort de Henry, elle avait même tendance à le dépenser beaucoup trop –, elle n’avait pas réellement besoin de revoir la couleur de cet argent qu’elle allait prêter à son interlocutrice. Surtout qu’en réalité, c’était pour la bonne cause et la famille Barebone avait fort à faire dans tous les cas. Elle devait se concentrer sur la reconstruction de son église, son foyer, sur le combat qu’elle menait. Un combat que Debrah avait un peu tendance à ne pas comprendre avant, qu’elle aurait sans doute jugé de la pire des façons autrefois. Mais maintenant, et en grande parti parce qu’il y avait Langdon, Debrah voyait les choses autrement. « Vous avez plus important à faire, concentrez vous sur ça et ne vous préoccupez pas du reste. Je m’occupe de vous offrir un endroit décent pour vous et vos filles. »

Ces femmes venaient de perdre un membre de leur famille, elles avaient perdu leur maison… elles avaient bien d’autres choses à gérer que de devoir rembourser une personne qui avait quand même largement de quoi vivre dans tous les cas. Ça n’allait pas changer grand-chose pour Debrah de donner de l’argent à la famille Barebone, elle n’allait pas se priver pour ça.

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ary Lou afficha un sourire de gratitude à l'adresse de son interlocutrice. Elle n'avait même pas besoin de le forcer ou de jouer la comédie. Elle éprouvait une sincère reconnaissance à l'adresse de cette femme qui était prête à les reloger et à les soutenir financièrement, comme il se devait. Certes, elle estimait que n'importe qui d'un tant soit peu sensé devrait prendre conscience de la situation et par conséquent soutenir leur cause, mais puisque ce monde était manifestement fou (alors qu'elle-même était bien sûr tout à fait saine d'esprit, cela va sans dire, hein), il fallait savoir se montrer reconnaissant envers ceux qui embrassaient sa cause et décidaient d'agir en conséquence.

Par ailleurs, cela l'arrangeait bien, évidemment, de ne pas avoir à payer tout de suite son interlocutrice. Il faut dire que d'ici à ce que les fidèles de Salem aient quelque moyen que ce soit, il y avait le temps de voir venir. Mais elle ne doutait pas d'obtenir le succès à un moment ou à un autre. Ce succès qui méritait bien que l'on s'endette. A vrai dire, il serait logique à ses yeux qu'on la paie sans dédommagement au regard de tout ce qu'elle cherchait à accomplir. La face du monde allait changer, ce n'étaient pas là les élucubrations d'une femme dépassée qui cherchait absolument à se faire entendre, c'était la pure et stricte vérité. Et elle estimait que Debrah Burton saurait donner du poids à son argument. Et surtout des moyens conséquents. Et elle ne serait pas déçue. Après tout, elle ne la manipulait pas. Elle cherchait bel et bien à venger Henry Shaw Jr. et à venger tous ceux qui avaient péri de la main de sorciers et périraient encore.

Debrah voyait juste dans ses priorités et dans son combat. En effet, Mary Lou avait plus urgent à faire pour le moment. C'était déjà le cas auparavant, ça l'était encore davantage à présent. Les fidèles de Salem avaient été attaqués très directement. En plus de préparer une attaque massive contre les sorciers, il fallait également préparer une nouvelle défense contre ceux qui, peut-être, chercheraient à réattaquer de nouveau, en constatant qu'ils n'étaient pas parvenus à atteindre leur cible.

-Je vous remercie sincèrement, répondit Mary Lou d'une voix émue. Vous n'imaginez pas à quel point cela compte pour nous. Vous agirez pour une noble cause, en nous aidant, vous pouvez en être convaincue. Maintenant, il fallait s'assurer que la jeune femme ne changerait pas d'avis. Qu'elle ne se laisserait pas retourner le cerveau par son entourage. Et par Henry Shaw, pour commencer, qui de toute évidence avait une sérieuse dent contre elle et contre les fidèles de Salem, pour des raisons plus ou moins valables, qu'il avait lui-même provoquées aux yeux de Mary Lou. Vous savez que votre décision va se confronter à la désapprobation de certains, n'est-ce pas ?

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Debrah afficha un sourire sincère quand la femme sous ses yeux la remercia sincèrement. Elle lisait l’émotion dans sa voix, qui ne pouvait que la faire croire qu’elle était particulièrement touchée par son geste. Ce qui était le cas bien sûr. Mary Lou Barebone affirma que ça comptait beaucoup pour elle, pour elles même puisqu’il était quand même question d’elle et de ses filles, et qu’elle agissait pour la bonne cause. Debrah était un peu plus sceptique sur ce point précis. Même si elle avait eu une longue discussion avec Langdon à ce sujet, elle n’était quand même pas vraiment sûr de pouvoir croire à ces histoires de sorcier. C’était quelque chose qu’elle ne pouvait pas entièrement mettre de côté. Elle ne savait pas trop quoi penser de tout ça, mais donc… ce qu’elle savait c’était qu’elle ne pouvait dans tous les cas pas laisser une famille sans logis, même si cette famille pouvait être un peu controversée.

Et d’ailleurs, Madame Barebone ne manqua pas de lui demander si elle avait bien conscience que cette décision n’allait pas plaire à tout le monde. Debrah ne pouvait pas être si sûre que cela qu’elle comprenait de qui elle parlait, mais en même temps ça pouvait quand même sembler logique. La famille Barebone n’était pas forcément bien vu de tout le monde et pas de Henry Shaw sénior justement…

« J’en ai bien conscience en effet. » Dit-elle en affichant un léger sourire. Elle avait bien conscience de ce qu’elle risquait, elle se doutait que si son ancien beau-père – ancien futur beau-père donc – devait apprendre qu’elle avait décidé de payer un logis pour la famille Barebone, il était évident qu’il le prendrait mal. Mais de toute façon, l’homme et elle avaient une relation bien plus éloignée à présent. Elle ne savait pas si c’était le directeur du magasin, ou elle-même, qui avait changé, mais il était évident que quelque chose s’était brisé. Il était loin d’être aussi agréable avec lui, elle avait le sentiment qu’il ne la considérait plus réellement comme un membre de sa famille. Alors qu’à ses yeux, Henry n’avait peut-être pas été son époux, mais elle l’avait aimé tout comme et elle aurait dû porter le nom de Shaw si les circonstances ne l’avaient pas empêché de le faire. « Cependant, cet argent que j’utilise pour vous aider m’appartiens. Je ne souhaite pas laisser quelqu’un me dicter la manière dont je vais m’en servir. Vous l’avez dit vous-même, c’est pour une bonne cause, je le fais en mon âme et conscience. »

Elle était sûre d’elle et elle n’avait pas l’intention de changer sa décision. Peu importait ce que pouvait bien penser son beau-père, si elle pouvait réellement le considérer comme cela de toute façon. Elle ne savait pas si la famille Barebone pouvait la mener à une réponse concernant son fiancé, mais dans tous les cas il lui était impossible de ne pas les aider. Mary Lou Barebone pouvait être une personne particulière, mais ses filles ne méritaient pas de vivre dans la vie après tout.

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ary Lou ne cherchait certainement pas à dissuader son interlocutrice de faire preuve de générosité comme elle avait donc pris la décision de le faire, loin d'elle cette décision incongrue alors que l'aide de son interlocutrice allait pouvoir permettre aux Barebone et aux fidèles de Salem de rebondir. Non, elle n'avait pas l'intention de la faire changer d'avis, mais elle voulait s'assurer, en revanche, du fait que Debrah Burton agissait bel et bien en son âme et conscience. Et pour cause, si elle devait se raviser, les retombées pourraient être difficilement acceptables. Par ailleurs, elle voulait s'assurer par la même de la scission qui se créerait, lentement mais sûrement, entre Henry Shaw Sr. et le reste de son entourage. Son fils encore vivant, la jeune femme qui devait devenir sa belle-fille, bientôt sa secrétaire. Dans le sillage du patron de presse, on se ralliait immanquablement à la cause de Mrs Barebone... peut-être Henry Shaw finirait-il par en prendre son parti et à agir en conséquence. Mary Lou n'y plaçait pas tous ses espoirs, certes, mais elle reconnaissait tout de même que c'était là un point que l'on pouvait difficilement qualifier d'autre chose que de motivant.

Bref, Debrah acceptait en son âme et conscience de la soutenir financièrement, et bien évidemment, la cheffe de file des fidèles de Salem acceptait sans broncher, et avec le plus grand plaisir. Elle en avait besoin, concrètement. Les fidèles de Salem auraient eu besoin bien plus tôt d'une donation providentielle, mais dans une telle situation de crise, c'était d'autant plus évident. Debrah Burton estimait agir pour la bonne cause, et Mary Lou elle-même considérait que c'était le cas. Aussi, tout était très bien comme c'était, et il n'y avait absolument rien à y redire, certainement pas.

-En ce cas, je ne peux que vous remercier. Vous ne sauriez imaginer l'ampleur de ma gratitude. Elle marqua une pause. S'il me sera difficile de vous rembourser pour le moment, je tiens tout de même à faire quelque chose pour vous, vraiment. Vous pouvez me demander n'importe quoi.

N'importe quoi ou presque, il ne fallait pas exagérer non plus. Si Mary Lou appréciait plus que largement la générosité de Debrah, ce n'était pas pour autant que Mary Lou était prête à toutes les concessions. Elle comptait, à vrai dire, sur l'altruisme et le désintéressement de Debrah pour ces considérations matérielles afin de se donner le beau rôle tout en faisant mine de se sentir redevable à l'adresse de son interlocuteur. C'est ainsi que les échanges de bons procédés fonctionnaient, c'était de cette manière qu'on pouvait les qualifier comme tels, même si souvent, l'accord tacite relevait bien davantage de l'absence d'accorsque de quoi que ce soit d'autre en fin de compte, tout simplement.

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Debrah afficha un fin sourire quand son interlocutrice la remercia. Elle pouvait, forcément, la remercier. Elle devait même le faire au vu de la situation. Elle ne réalisait peut-être pas à quel point Mary Lou Barebone se sentait soulagé de pouvoir compter sur une aide financière, mais elle imaginait quand même assez bien sa gratitude. Forcément, dans une telle situation, elle osait croire que son aide était la bienvenue quand même. Et elle espérait en effet bien que la femme se rendait compte de sa générosité, parce qu’elle prenait la peine de l’aider, en dépit de la situation et du fait que celui qui aurait dû devenir son beau-père serait absolument contre son acte. Mais justement, malgré tout le respect qu’elle portait encore pour Henry Sr, ce dernier n’était pas son beau-père finalement et l’argent qu’elle offrait venait de sa propre richesse. Qu’elle aurait utilisé pour soutenir Henry si ce dernier n’avait pas subit le sort qu’il avait subi.

Mary Lou reprit en affirmant que pour le moment, cela lui était forcément difficile de la rembourser. Évidemment, sinon elle n’aurait pas besoin de cet argent. Debrah n’attendait pas spécialement que la femme la rembourse, cet argent elle l’avait et elle n’en avait pas forcément besoin. Cela dit, les bons comptes faisaient les bons amis, ce serait sans doute une bonne chose donc qu’elle rembourse sa dette, mais pour l’heure Debrah n’était en aucun cas pressée. Cela dit, visiblement, Mrs Barebone avait l’intention de faire quelque chose pour elle quand même, qu’elle pouvait lui demander ce quelle voulait. Debrah n’attendait rien d’elle, elle n’avait pas besoin qu’elle lui donne quoi que ce soit en échange de son argent. Après tout, si elle décidait de lui donner cet argent, c’était dans le but de l’aider parce qu’elle se trouvait quand même, avec ses filles, dans une situation particulièrement délicate avec un lieu de vie invivable. Elle n’attendait donc rien d’elle, mais en même temps, peut-être qu’elle pouvait quand même obtenir de l’aide de Mrs Barebone.

« Je ne suis pas certaine que vous puissiez faire quoi que ce soit pour moi. » Répondit-elle. Ce n’était pas dit sur le ton où Mrs Barebone n’aurait absolument rien à lui apporter, ce n’était pas ainsi qu’elle entendait les choses. Mais bien plus parce que la jeune femme n’avait besoin que d’une seule chose dans sa vie actuellement et elle n’était pas sûre que cette femme puisse l’aider. À moins que ces histoires aient un rapport direct avec la mort de son fiancé – ce qui était le cas sans qu’elle ne le réalise encore –, mais elle n’était pas encore capable de le réaliser. « À moins que vous ayez des preuves concernant la disparition de Mon fiancé, je n’ai besoin de rien. »

Et c’était vrai, elle n’avait besoin de rien d’autre que de connaître enfin la vérité sur la mort de son fiancé, de qui lui avait pris l’homme qu’elle aimait. Elle avait tout ce qu’il lui fallait dans la vie au final, sauf celui qu’elle devait épouser.

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ary Lou ne pouvait qu'être d'accord avec son interlocutrice quant au fait qu'elle ne pouvait sans doute pas faire grand-chose pour son interlocutrice, ce qui en réalité l'arrangeait bien, elle qui comptait après la générosité de la jeune femme sans grande intention de réciprocité. Elle estimait son petit numéro nécessaire, c'est certain, mais elle n'avait aucune intention de faire plus que nécessaire. Elle n'avait jamais été ni généreuse, ni altruiste. Elle savait prétendre l'être quand et si nécessaire, notamment quand elle affirmait au et clair à qui voulait bien l'entendre qu'elle ne prévenait le monde de l'existence de la sorcellerie que dans l'espoir de protéger les siens d'une menace terrible, mais la vérité, la vérité certaine, c'est que ses motivations étaient loin d'être pures. Elle n'avait pas son pareil pour le nier, mais ce n'en était pas moins le cas. Alors oui, elle ne pouvait pas faire grand-chose pour son interlocutrice, et n'avait pas l'intention de faire grand-chose par ailleurs, ce qui l'arrangeait très largement. Elle allait malgré tout rester sur cette lignée et revenir de temps à autre, mais pas trop souvent quand même, sur l'éventualité d'un quelconque remboursement si cela était susceptible de lui donner le beau rôle auprès de son interlocutrice.

-Si j'avais ces preuves concrètes à ma disposition, elles vous seraient parvenues dans la seconde où je les aurais moi-même obtenues, lui garantit la cheffe de file des fidèles de Salem sans aucune hésitation au creux de la voix.

Ce n'était pas entièrement faux. C'étaient des informations de poids qu'elle aurait alors, et son but ne serait certainement pas de les garder pour elle-même. Elle les ferait à savoir à son interlocutrice, c'était certain, mais pas seulement elle. Le cas de Henry Shaw était du pain bénit pour elle, c'en était véritablement. Car cet homme avait été sénateur, c'était un homme influent dont l'amour avait laissé beaucoup de monde sans voix, dont le nom était suffisamment connu pour que son sort ne passe pas inaperçu et que tout le monde s'en émeuve, et c'était bien son intention. Prouver que des sorciers étaient à l'origine de son meurtre, ce serait parfait, elle aurait les grands pontes du monde politique à ses côtés, et l'un des géants de la presse américaine. Mais pour le moment, les suppositions étaient nombreuses, et en dépit d'un témoignage de première main, à savoir celui de Langdon, l'on ne pouvait pas dire que des preuves concrètes aient vraiment été trouvées. Non, ce n'était pas le cas, et il allait falloir batailler davantage pour les obtenir. Mary Lou commençait même à se demander s'il ne faudrait pas falsifier certaines de ces preuves pour se donner plus de chances.

-Mais nous les obtiendrons, soyez-en sûre.

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La générosité pouvait être une qualité, comme un défaut en certaines circonstances. Debrah savait bien que si Henry était encore là, il considèrerait qu’elle usait de son argent bêtement en aidant Mary Lou Barebone. Sauf que justement, Henry n’était plus là, et la jeune femme considérait qu’elle se devait d’aider cette femme afin de résoudre les ennuis qu’elle rencontrait. Sans attendre réellement quelque chose d’elle, bien évidemment, sinon ce ne serait plus de la générosité. Debrah n’oubliait bien sûr pas ses principes, qui ressemblaient quand même à ceux de Henry, mais il y avait certaines circonstances où elle devait revoir un peu son jugement.

De toute façon, sa décision était prise et elle avait parfaitement conscience que la famille Barebone n’allait pas pouvoir lui rembourser cette somme d’argent dans l’immédiat. Elle ne l’attendait pas, elle n’avait pas forcément besoin d’un remboursement rapide de toute façon (c’était l’avantage d’avoir suffisamment d’argent pour vivre plusieurs vies). Mais en soit, éventuellement, si ça pouvait amener cette femme à lui apporter des réponses… Même si elle ne devrait sans doute pas compter là-dessus, elle ne devrait pas croire que cette femme pouvait avoir des réponses. Mais Debrah était prête à les chercher partout, juste parce qu’elle avait besoin de connaître la vérité, même si celle-ci pouvait donner le sentiment d’être complètement irrationnelle.

« Vous semblez si sûre de vous. » Répondit-elle quand son interlocutrice affirmer qu’ils obtiendront des réponses. Debrah avait envie d’y croire, mais elle n’était pas capable de réellement s’en convaincre. Parce qu’elle avait conscience qu’elle ne pouvait pas croire en tout, qu’elle devait se préserver un peu pour ne pas tomber encore plus de haut. Et en même temps, l’espoir lui permettait quand même d’avancer un peu. « Partons là-dessus alors… » Reprit-elle. « Je ne vous demande aucun remboursement, mais je tiens à être tenue au courant de toutes informations que vous pourriez obtenir au sujet du décès de mon fiancé. » La jeune femme marqua une pause. « Je pense que ça me semble un bon marché. »

Debrah savait pertinemment qu’elle était loin d’être gagnante dans ce marché, mais en même temps ce n’était pas quelque chose qu’elle attendait. Au fond, c’était sans doute un investissement légèrement onéreux, afin de pouvoir potentiellement avoir des réponses à ses questions. Elle ne comptait pas complètement sur cette femme pour lui trouver la vérité, mais elle savait qu’elle ne pouvait pas minimiser la moindre piste alors… elle se donnait les moyens de pouvoir connaître enfin le fond de cette histoire. Parce qu’elle avait parfaitement conscience qu’elle ne serait pas capable d’avancer tant qu’elle n’aurait pas obtenue enfin ces réponses. Autant dire que tout ça n’aurait aucun prix.

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ary Lou ne pouvait pas se permettre d'être à ce point sûre d'elle, après tout, ce n'est pas du tout comme si elle maîtrisait vraiment la situation. Elle ne pouvait que prétendre la maîtriser, mais elle avait affaire à des forces supérieures, et qui lui donnaient du fil à retordre. Seulement, si elle devait ne serait-ce que prétendre se retrouver impuissante quant aux événements, elle perdrait déjà une partie du rare avantage qu'elle possédait déjà. Tout, dans sa démarche et dans son combat, reposait sur l'affirmation d'être sûre d'elle, et d'en avoir l'air, plus que sur une assurance totale. Ceci dit, elle ne comptait pas partager cela avec son interlocutrice. Elle comptait bien rester cette figure assurée et rigide qu'elle était aux yeux de beaucoup, il n'y avait que de cette manière qu'elle parviendrait, qui sait, à faire entendre sa voix.

-Je semble sûre de moi uniquement parce que je le suis, et parce que j'ai toutes les raisons de l'air, assura-t-elle comme si cela pouvait vraiment couper court à tout argument, peu importe sa nature.

Elle n'en dit pas davantage et laissa Debrah reprendre, alors que celle-ci affirmait qu'elles allaient agir comme c'était prévu. Bien sûr, à la longue, il faudrait peut-être plus que des mots pour convaincre la jeune femme, mais Mary Lou Barebone voulait croire que, d'ici là, la situation aurait forcément évolué, elle ne pouvait qu'évoluer quoi qu'il en soit. L'heure était grave, et s'ils n'avançaient pas leurs pions rapidement, il serait trop tard pour reconnaître qu'elle avait eu raison depuis le tout début.

-Vous pouvez compter sur moi, à la moindre information, vous serez la première au courant... et même la seule dépositaire de cette information si vous souhaitez que celle-ci ne soit pas partagée.

Là-dessus, elle faisait une promesse qu'elle ne tiendrait peut-être pas, mais chaque chose een son temps. Déjà, il faudrait qu'elle mette la main sur la moindre preuve probante, et c'était loin d'être gagné encore. Pour le reste, elle n'insista pas quand au fait de ne pas rembourser son interlocutrice. On ne va pas se mentir, ça l'arrangeait très largement.

-C'est un excellent marché, je vous le confirme, affirma-t-elle de ce ton assuré qui lui convenait si bien. Y a-t-il autre chose que je puisse faire pour vous ? demanda-t-elle alors tout en se doutant qu'elle ne pourrait pas offrir plus à son interlocutrice que ce qu'elle attendait d'ores et déjà de sa part.

C'étaient le genre d'échanges de bons procédés dont elle avait le plus grand besoin afin de voir sa situation évoluer le plus loin possible, même si ce n'était peut-être pas possible au bout du compte.

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