#Sujet: Un Noël tardif et quelques surprises (poppey) Dim 17 Fév - 10:51
Un Noël tardif et quelques surprises.
Dans le rayon des mauvaises idées, il en tenait là une sacrée couche. Cette pensée n'était pas liée au petit paquet qu'il s'évertuait de cacher dans sa poche intérieure de veste. L'Irlandais pensait ainsi à cause de la dite veste et de tout le reste. Aisling qui n'avait jamais donné de l'importance à ses vêtements se trouvait actuellement sur ce qu'on pouvait appeler son trente et un. Pour le pantalon, il n'avait aucun problème puisqu'il s'agissait d'un des siens. Là où sa clochait était au niveau du haut. À cause de sa carrure, il n'avait pas trouvé de chemise et de veste parfaitement à sa taille pour un prix correct. Aisling faisait déjà un effort en s'habillant de manière correct, il n'allait pas débourser une somme folle pour que se soit nickel, surtout que pas mal d'argent était déjà parti dans ce fameux paquet. Sur le moment, cette logique avait un sens. Maintenant... Il commençait sérieusement à en douter.
Tout en marchant, le cracmol ne pouvait s'empêcher de se passer un doigt autour de son col de chemise ou de chipoter à sa cravate. La veste pouvait donner le change, il fallait faire attention au niveau des manches pour remarquer qu'elle était légèrement trop petite. La chemise, en revanche, était assez serrer. Serrer au point qu'un bouton au niveau du torse semblait être au supplice. Chose qu'il s'évertuait à cacher en plaçant la cravate devant. Une cravate extrêmement mal mise puisque l'Irlandais n'avait jamais fait un noeud de cravate de sa vie. Tout cela parce qu'il avait un entretien pour un emploi, un emploi honnête ce qui constituerait un revirement à 180 degrés pour lui si cela se concrétisait. Il s'y rendrait dès qu'il en aurait fini avec un autre rendez-vous en rapport direct avec le paquet qu'il transportait.
Plus nerveux et mal à l'aise que jamais, Aisling se dirigeait vers le café où Poppey l'attendait. Au café habituel, à l'heure habituelle. Mine de rien, ce petit détail était déjà un sacré changement dans sa vie. Le cracmol avait toujours fui les habitudes. Il aimait les paris, les jeux et l'alcool mais ne c'était jamais mis un calendrier en se disant que tel jour était dédié à telle activité, et, de la même manière, il n'avait pas de "bar préféré". Parce que si vous commenciez à avoir ce genre de petites manies fixe, c'était le genre d'informations qui pouvait vite circuler et tomber dans les oreilles de, disons, certaines personnes qui veulent vous retrouver et pas pour vous dire des mots d'amours. Déjà avoir une adresse fixe était dangereux, alors l'Irlandais n'allait pas en remettre une couche avec des habitudes. C'était ce qu'il s'était toujours dit.
Pourtant, il commençait à avoir une sorte de rituel avec celle qu'il continuait toujours d'appeler "chipie" même après un an à la côtoyer. C'était commode d'avoir un point de rendez-vous, c'est tout. C'est ce qu'il se disait et c'est ce qu'il disait quand on laissait entendre que c'était devenu leur truc ou le signe qu'il s'attachait à la petite. Un mensonge peu convaincant auquel il s'accrochait pourtant. C'était peut-être aussi pour cela qu'il s'arrangeait toujours pour arriver légèrement en retard. Une manière de se persuader que ce n'était pas si importante.
Quoi que, aujourd'hui, niveau retard, il avait fait fort. Ce n'était même pas à cause de sa tenue, en plus ! Le responsable était ce foutu emballage cadeau. Aisling avait percuté juste avant de partir qu'un cadeau devait être emballé. Alors que le paquet traînait depuis un mois dans son appartement. Pour sa défense, faire des cadeaux n'était pas dans ses habitudes. Il avait pesté et juré tout au long de l'opération pour aboutir à un résultat aussi "correct" et chiffonné que sa tenue.
Aisling pressa le pas, tout en vérifiant régulièrement que le paquet ne se faisait pas la malle dans sa poche. Bien qu'il ait fait un effort d'un point de vue vestimentaire, il ne se n'était ni rasé, ni décrassé (son visage portait encore les coups de la bagarre de la veille) et, détail qui jurait définitivement avec les efforts fournis, une cigarette coincée entre sa tempe et son oreille indiquait qu'il avait la ferme intention de s'en griller une avant l'entretien. Il était sobre, ce qui constituait un petit miracle en soi.
Le pire ? Il avait cru que son changement allait passer inaperçu auprès de la rouquine qu'il était venu voir. Voir, d'arriver à lui faire la surprise. Il s'était installé à la table et l'avait gratifié d'un "salut, Chipie." Comme d'habitude. Il remercia la serveuse, comme d'habitude. Puis il se concentra sur son café, y ajoutant sucre et cognac, après avoir filé le biscuit d'accompagnement à Poppey. Comme d'habitude. Peut-être qu'il essayait de la bluffer. Si c'était le cas, il avait lamentablement échoué. Sans doute l'avait-il pressenti, parce qu'il n'avait pas croisé son regard même alors qu'il se décida à prendre la parole. "Au fait, hum, Joyeux Noël en retard." Dit-il un peu maladroitement. Avec les derniers événements du mois de décembre qui avait chamboulé la ville, ils n'avaient pas eu le temps de fêter dignement Noël. "J'ai un petit truc pour toi..." Commença-t-il en faisant un mouvement vers l'intérieur de sa veste pour se saisir du fameux paquet. Il s'interrompit en croisant enfin le regard de la rouquine. "Quoi ? Pourquoi tu me regardes comme ça ?" Commenta-t-il avec l'attitude du type qui disait : je n'ai rien fait monsieur l'agent, ce n'était pas moi. Une formule qu'il avait eu beaucoup d'occasions de dire.
#Sujet: Re: Un Noël tardif et quelques surprises (poppey) Lun 18 Fév - 13:48
It never ends, it's just the beginning of a great adventure —
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Invité
#Sujet: Re: Un Noël tardif et quelques surprises (poppey) Jeu 21 Fév - 11:58
Un Noël tardif et quelques surprises.
Bon. Avec le recul, il réalisa que c'était une mauvaise idée de faire celui qui n'avait rien remarqué. C'était peut-être même une mauvaise idée tout court. Il aurait dû arriver à l'heure, partir plus tôt, faire un saut à son appartement puis seulement enfiler la tenue pour son autre rendez-vous. Quoi que... La réaction de la serveuse lui souffla qu'il ne s'était peut-être pas trompé sur toute la ligne. Aisling lui lance un sourire tandis qu'elle s'excuse pour le café en rougissant. Ensuite, il se concentre sur le café en y ajoutant son cognac et en lançant le biscuit à sa fille. Un autre détail qui était devenu une habitude. Depuis que la rouquine était entré dans sa vie, le biscuit ou le chocolat d'accompagnement lui était systématiquement donné.
L'Irlandais eut un petit claquement de langue satisfait en agitant la cuillère dans son mélange habituel. L'air de dire qu'il avait hâte d'y goûter. Sauf qu'une main bloqua son mouvement. Aisling leva les yeux avec une expression exaspérée. Il joua la carte de l'innocence, une carte qui ne marchait déjà pas avec les flics et qui n'était pas prête de fonctionner sur Poppey. "Mais rien !" Protesta-t-il avec l'agacement que seules les personnes se sentant coupable pouvaient avoir. Nouvel échec, Poppey était visiblement lancé dans ses tentatives d'explications. L'histoire de détrousser le petit con de bureaucrate lui arracha un sourire, puis arriva le passage des boutons. Le temps que le chat traverse la table et son sourire disparu pour faire place à de l'angoisse. "Merde. ça se voit à ce point-là ?" S'alarma-t-il en baissant la tête. "Je croyais que la cravate camouflerait le truc." En tout cas, il ne pouvait pas espérer le cacher en refermant la veste, parce que ce serait faire subir le même supplice à ses boutons-là qu'aux autres. Enfin, peut-être pas, ils avaient l'air plus costaud. Dans le doute, il n'essaya pas.
Bizarrement, Aisling se raccrochait à l'idée que de continuer à nier les faits plutôt que d'avouer la vérité finirait par payer. C'était certainement la même logique qui le poussait encore et encore à miser sur les équipes perdantes dans les paris sportifs. "il n'y a rien de mal à..." Il desserra sa cravate, mal à l'aise. Du moins, il essaya. Son noeud était assez récalcitrant. "à faire un peu gaffe à son look, non ?" Acheva-t-il sur un ton innocent qui ne lui allait pas du tout.
Le rouquin se passa la langue sur ses lèvres en détournant le regard. Vite, il devait dévier la conversation. Une occasion, n'importe quoi. Le retour de la serveuse lui en offrit une sur un plateau. De nouveau, un petit échange de sourire. "Merci." Dit-il, il ouvrit la bouche pour ajouter quelque chose lorsqu'une toux grossière vint l'interrompre. Comme d'habitude, la chipie ne passe pas par quatre chemins pour exprimer son ressenti. L'Irlandais poussa un soupir en voyant la serveuse partir à reculons. "Moi, je vois, qu'y a que toi qui te plains, chipie." Un petit regard en direction de la serveuse et il reporta son attention sur sa fille, en jouant des sourcils avec un sourire et un regard malicieux, l'air de dire : tu as vu que j'ai une touche ?
En dernier recours, Aisling se réfugia vers le sujet cadeau, se disant que cette tentative-là serait une meilleure diversion. Il posa le paquet comme un messager déposerait un gage de paix. Elle avait elle aussi déposée un sac en papier, ce qui piqua immédiatement la curiosité du cracmol. Voir ce sac lui faisait une impression bizarre, bien qu'il cherchât à le camoufler sous une attitude bourrue. ça datait de quand, son dernier cadeau de Noël ? À peine avait-il pu faire un geste en direction du sac qu'elle le reprit brusquement. Il jura en gaélique. "Très bien ! je vais le dire !" Finit-il par dire avec agacement. Long soupir et nouveau juron. "J'ai un rendez-vous pour un job et je voulais me fringuer correct pour faire bonne impression. Voilà ! Tu es contente ?" Lâcha-t-il avec exaspération. Il s'agissait d'un aveu difficile. Il se sentait honteux et fautif. Un drôle de mélange qui le poussa à fuir le regard de sa fille tout en se saisissant de sa tasse. "C'est bon ? je peux boire mon café où tu as un autre commentaire à faire ?" Demanda-t-il, cynique et mordant, comme à chaque fois qu'il était sur la défensive.