Si votre ennemi a faim, donnez-lui à manger. [pv Jane :33]

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Si votre ennemi a faim, donnez-lui à manger.

L

es trois fugitives de l'institut pénitantiaire de New York n'était pas la priorité du MACUSA, et ce pour une excellente raison. Les Aurors en sous-effectifs se devaient avant tout d'arrêter l'ennemi principal, qui était bien évidemment Grindelwald. Seulement, il fallait malgré tout rester à l'écoute des intentions et des mouvements de chacun (en l'occurrence chacune). Rien ne garantissait que ces femmes, qui avaient affiché des comportements anti-moldus particulièrement clairs (qui avaient fini par les mener en prison), ne décident pas de réitérer à présent qu'elles étaient libres, et de répandre ainsi les idéaux du mage noir, que ce soit directement ou indirectement. Même si elles n'étaient pas la priorité, donc, quand une piste se présentait qui pouvait leur permettre de se rapprocher de ces individus dangereux et de les remettre derrière les barreaux, il ne fallait surtout pas la négliger et, au contraire, la prendre très au sérieux. Et c'était ce qui était arrivé.

Le signalement de la dénommée Jane Miraforum lui avait été communiqué, et Achilles savait qu'il était donc temps d'agir. Il pouvait ne s'agir que d'une fausse piste, il le savait bien, mais il avait déjà commis par le passé l'erreur de se reposer sur ses acquis plutôt que de se fier à son instinct, et il était tout à fait hors de question qu'il recommence sur cette même lignée. Non, on ne l'y prendrait pas deux fois, c'était complètement hors de question, et à plus d'un titre. Alors, sans savoir où ça le mènerait, Achilles s'était rendu sur les lieux qui lui avaient été signalés. Il se retrouvait à présent dans un complexe industriel désaffecté, qui tenait lieu de squatt à de nombreuses âmes en peine qui n'avaient nulle part d'autre où aller. Certaines de ces âmes en peine méritaient en effet d'être sauvées... d'autres non. Dans le cas de Jane Miraforum, l'opinion d'Achilles était vite faite. Il se moquait, en soi, du caractère déviant de la relation qu'il avait entretenue avec une no-maj, en revanche, la nature horrifiante du crime qu'elle avait commis, il ne l'oubliait pas, et elle était loin, bien loin d'avoir purgé sa peine à ce sujet.

Adossé à un mur à proximité, il attendait donc, guettait le moindre signe, le moindre mouvement. Il y eut plusieurs fausses alertes, assez souvent provoquées par des chats errants qui s'échappaient des poubelles surchargées alentours. Il restait aux aguets. Il espérait simplement ne pas perdre son temps. Dernièrement, la moindre seconde qu'il ne consacrait pas concriètement à renverser Grindelwald lui paraissait être du temps perdu. Pourtant, il fallait bien en passer par là, il savait tout de même aussi que la moindre petite action pouvait importait. Et au final, il sembla que sa patience devait payer, car la jeune femme qu'il vit sortir d'un bâtiment voisin ressemblait bien à celle qu'il traquait. Achilles serra sa baguette entre ses doigts et se rapprocha.

-Mademoiselle ? l'interpella-t-il d'un ton faussement innocent.

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Jane se montrait prudente, évidemment, elle n’avait pas le choix. Elle était en cavale quand même, il était hors de question que le MACUSA lui tombe dessus une nouvelle fois et la renvoie en prison… la jeune femme ne se laisserait jamais emmener en prison, il était hors de question qu’elle y retourne. Les moments qu’elle avait passé dans le pénitencier avaient été horrible et sans Billie et Eleonora, la jeune femme n’aurait clairement pas tenue. En grande partie parce qu’elle y serait encore d’ailleurs, mais ce n’était pas réellement la question. Dans tous les cas, ça avait été atroce et il était donc hors de question qu’elle y retourne.

Par chance, Grindelwald était dans la place. Ce n’était pas seulement une chance parce que la jeune femme avait eu l’occasion de rejoindre ses rangs, ce qu’elle considérait être comme la meilleure des décisions – même si elle aimerait bien que Eleanora se décide enfin à les rejoindre pour qu’elles soient de nouveaux réunies toutes les trois avec Billie –, mais parce que le MACUSA était concentré sur le fait que le grand mage noir était dans la nature quelque part dans la ville. Bon, l’un n’était pas différent de l’autre, parce que Jane se trouvait dans les rangs du mage noir, mais la jeune femme savait que forcément ils avaient d’autres choses en tête, des poissons plus gros à essayer d’attraper. Ce qui n’enlevait pas le fait qu’elle devait quand même être la plus prudente possible, ce qu’elle était. Ce qu’elle pensait être.

C’était pour cela qu’elle s’était rendu dans un complexe abandonné qui servait de squatt à des personnes peu fréquentables, en se disant qu’elle était prudente justement et qu’il n’y avait donc pas de soucis. Elle avait quelques affaires à régler. Ce n’était pas parce que Billie leur avait procuré un appartement en or que Jane pouvait se reposer sur ses lauriers, elle avait besoin d’argent et le meilleur moyen de se faire de l’argent, c’était de reprendre les affaires. Elle s’y était rendu donc dans le but de faire des affaires de contrebande, parce qu’on ne perdait pas une équipe qui gagnait. Elle n’avait pas encore obtenu ce qu’elle voulait, mais c’était bien partie. Pour l’heure, elle n’avait pas grand-chose de plus à faire, alors elle décidait de rentrer chez Billie (qui était aussi chez elle, mais elle considérait quand même cet appartement comme celui de son amie). Elle sortait à peine du bâtiment, quand on l’interpela. Jane se retourna vivement, observant l’inconnu. Elle ne se souvenait pas l’avoir déjà vu quelque part, mais évidemment Jane devait se montrer vraiment prudente. Ça pouvait être juste un no-maj, mais il pouvait aussi être un sorcier du MACUSA.

« Oui ? » Se contenta-t-elle de répondre, sur la défensive. Elle ne pouvait pas juste prendre ses jambes à son cou et transplaner, elle devait se montrer plus prudente que cela. Mais elle ne pouvait pas non plus baisser ses défenses, ce n’était pas le moment de se faire arrêter de nouveau.

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M

ême si la jeune femme se montrait sur la défensive, elle ne semblait pas sur le point d'attaquer. L'Auror savait qu'il avait une marge de manoeuvre très limitée, il devait à tout prix éviter d'inquiéter la jeune femme, ou elle lui filerait entre les doigts en transplanant directement. Il allait devoir être extrêmement précis et rapide. Ce qui ne revenait pas à fondre sur elle et à l'attaquer tout de suite, mais plutôt à la mettre en confiance afin qu'elle baisse sa garde et ne constate que trop tard la menace qu'il représentait pour la jeune femme. L'appréhension première d'Achilles avait été de voir la jeune femme attaquer d'office, mais ce n'était pas le cas. Aussi attendrait-il avant de dégainer.

Les mains dans les poches, il gardait tout de même les doigts serrés autour de sa baguette, prêt à intervenir à tout instant. Cela allait lui demander de sacrés réflexes, mais en même temps, Achilles n'en manquait pas. Il était un Auror expérimenté, qui savait très précisément ce qu'il faisait dans tous les cas. Même s'il n'était pas à l'abri d'une bévue. Ce qui serait la dernier chose dont il avait besoin à l'heure actuelle. Mais qui se souciait de ce dont il avait besoin ou non ? L'univers poursuivait sa marche, inéluctable, c'était ce que les récents événements lui avaient appris, à grand renfort de désillusions diverses et variées.

-Je suis désolé de vous déranger, dit-il en affichant son air le plus innocent et le plus égaré, un sourire contrit aux lèvres.

Il aurait pu faire mine d'être rebuté par le ton défensif de la jeune femme, mais il avait autre chose à l'esprit. Il avait voulu tout d'abord s'assurer qu'elle ne le reconnaissait pas en tant qu'Auror. De toute évidence, c'était le cas, si elle avait la moindre idée de qui il était, elle attaquerait ou décamperait. Et donc, il devait en profiter. Il allait donc, le temps qu'il faudrait, se faire passer pour un No-Maj égaré, qui cherchait simplement son chemin, et qui n'avait pas la moindre idée d'à qui il avait affaire.

-Est-ce que vous sauriez où on est ? Je cherchais Time Square mais, de toute évidence, je me suis perdu en chemin...

Il prenait les airs un peu inquiet de celui qui a atterri par accident dans un endroit mal famé. Achilles était un homme d'une grande honnêteté. Le mensonge n'était pas un exercice dans lequel il se sentait très à l'aise. Mais s'il fallait mentir pour parvenir à attraper une criminelle en fuite, alors il estimait que c'était la moindre des méthodes, et que personne ne pourrait la lui reprocher. De toute façon, à l'heure actuelle, il se sentait capable de tout pour défendre les intérêts du MACUSA et du monde magique.

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Jane ne pouvait en soit pas se méfier de tout et de tout le monde, cela dit il était clair et net qu’elle devait être la plus prudente possible. La jeune femme ne se contentait pas d’avoir des choses à se reprocher, elle était quand même une criminelle recherchée. Elle avait quitté la prison avec ses deux amies et depuis, sa tête était recherchée. Alors, elle devait se méfier et s’assurer que les personnes qui l’abordait – comme le faisait l’homme sous ses yeux – n’étaient pas des employés du MACUSA. Forcément, Jane ne pouvait pas le savoir d’un seul coup d’oeil, mais par moment elle pouvait voir des signes qui lui ferait dire qu’elle avait en face d’elle un Auror, un sorcier tout simple, ou bien un no-maj. Mais forcément, cela, la jeune femme ne pouvait pas le savoir en un seul coup d’oeil.

Elle ne devinait donc pas que l’homme sous ses yeux était un Auror du MACUSA et qu’en prime, il savait parfaitement qui elle était. Et qu’il avait donc bel et bien l’intention de l’arrêter. Pour l’heure, elle ne devinait rien donc. L’homme s’excusa de la déranger, elle ne répondit rien à cette remarque se contentant d’observer attentivement son interlocuteur pour y voir un signe quelconque. Ce n’était pas parce qu’elle ne devinait pas que l’homme était un membre du MACUSA qu’elle baissait la garde pour autant, au contraire. Elle était prête à agir s’il le fallait, pour s’enfuir, se défendre et même attaquer si besoin.

« Ah oui, vous vous êtes clairement perdu en chemin vous. » Lança-t-elle, quand l’homme lui apprit qu’il cherchait Time Square, autant dire que ce n’était pas du tout la bonne direction. Est-ce que l’homme était vraiment perdu ? Disons qu’il donnait vraiment l’air d’être inquiet, alors pourquoi pas ? Elle ne pouvait pas savoir surtout. « On est à Staten Island là, Time Square c’est de l’autre côté de la ville. » La jeune femme marqua une pause. « C’est pas à pied que vous allez pouvoir y arriver. »

Clairement pas à pied s’il se contentait d’être un no-maj. Forcément, Jane ne pouvait pas avoir si l’homme sous ses yeux était un sorcier ou un no-maj. S’il était un sorcier, il pouvait facilement s’y rendre en se montrant évidement le plus discret possible (parce qu’il y avait ce truc comme quoi les sorciers devaient se cacher des no-majs, ce qui était quand même parfaitement ridicule). Mais s’il était un no-maj, il était évident qu’il allait avoir un sacré souci pour se rendre à Time Square. Ce qui en soit ne regardait pas vraiment Jane, elle n’était pas vraiment passionné par le sort de cet inconnu. Elle avait bien d’autres chats à fouetter et de soucis sur les épaules.

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O

ui, de toute évidence, il s'était effectivement perdu en chemin, c'est le moins que l'on puisse dire, si l'on partait du principe que son mensonge tenait bel et bien la route. Quiconque maîtrisait ne serait-ce qu'un peu la géographie de la ville ne pouvait que constater à quel point il devait être techniquement paumé... C'est vrai qu'à bien y réfléchir, Achilles aurait peut-être dû évoquer un lieu plus proche que Times Square, surtout que ce n'était pas comme s'il n'était pas familier de la ville de New York, il y vivait depuis toujours et la connaissait comme sa poche. Mais il avait simplement évoqué le premier lieu touristique qui lui était venu à l'esprit... et dans le fond, il ne s'y était peut-être pas si mal pris que cela, car son interlocutrice n'avait pas l'air de se méfier outre mesure.

Ou bien, si elle se méfiait, elle savait très bien le cacher, et Achilles n'y voyait définitivement que du feu. Dans tous les cas, l'Auror n'était pas là pour pratiquer un mensonge élaboré, il essayait surtout de se mettre son interlocutrice dans la poche, d'endormir sa défiance afin d'éviter qu'elle ne lui transplane entre les pattes. Même s'il avait potentiellement des chances de l'attraper au vol, la désartibulation pouvait engendrer plus de paperasse que le MACUSA n'avait réellement besoin d'en gérer en ces temps de crise. A un moment donné, il allait bien falloir qu'il se serve de sa baguette et cherche au moins à l'immobiliser le temps de la conduire au bureau des Aurors, mais pour l'instant, la rue étit trop passante et les risques trop nombreux... Il allait donc continuer son petit numéro en espérant les mener au passage sur un terrain plus isolé, qui faciliterait un rien ses manoeuvres.

-Ah mince..., dit-il alors, continuant de jouer les touristes un peu idiot, se grattant l'arrière de la tête d'un air déconcerté. Je ne voudrais pas abuser... mais vous accepteriez de m'accompagner ? jusqu'au métro le plus proche, je veux dire... A ce rythme-là, je ne rejoindrai jamais mon hôtel à temps.

La bouche de métro la plus proche n'était pas tout à côté, ce qui pourrait éventuellement lui donner plus d'opportunités de la "prendre en charge" sans avoir à gérer des civils, et encore moins des civils no-majs, qui forcément compliqueraient encore l'affaire et nécessiterait l'intervention d'autres départements du MACUSA qu'Achilles préférerait ne pas avoir à solliciter si l'occasion lui en était donné. Ils étaient sur des charbons ardents, dernièrement, alors la moindre erreur pouvait leur coûter cher. Ils ne pouvaient permettre que cela arrive. Ils devaient à tout prix s'arranger pour empêcher tout débordement qui n'avait pas nécessité à en être. Il y en avait suffisamment qui échappaient à leur contrôle comme cela.

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Si votre ennemi a faim, donnez-lui à manger.

Cet homme donnait vraiment le sentiment d’être perdu, ce qui n’arrangeait pas spécialement Jane. Cela dit, la jeune femme pourrait très bien se contenter de s’en aller en souhaitant une bonne journée, sans se préoccuper du sort de l’homme. Mais même si Jane n’était clairement pas la personne la plus gentille du monde, elle n’était pas non plus du genre à rejeter entièrement les autres. Bon, elle avait autre chose à faire que d’aider cet homme aussi, mais en même temps ce n’était pas comme si elle avait un emploi du temps si chargé que ça depuis qu’elle avait quitté la prison. Elle devait se méfier, elle devait rester sur ses gardes à longueur de temps, mais cet homme jouait clairement bien la comédie.

Quand elle lui apprit que l’endroit où il devait se rendre était à l’autre bout de New-York, il sembla vraiment peiné, n’appréciant pas de le découvrir. Jane observa sa façon de se gratter la tête. Elle se faisait clairement avoir par son jeu d’acteur, ne se doutant pas une seule seconde qu’il était un Auror du MACUSA. Même si, en même temps, ça n’enlevait pas le fait qu’elle était quand même un peu sur ses gardes, elle n’avait pas le choix.

« Disons que j’ai des choses à faire… » Répondit-elle dans un soupire, quand l’homme lui demanda – gentiment quand même, elle ne pouvait pas lui enlever ça – de l’accompagner jusqu’à la plus proche bouche de métro, pour qu’il puisse être sûr d’arriver à bon port. Au vu du fait qu’il était quand même perdu assez loin de l’endroit où il devait se rendre (et de son hôtel apparemment), c’était évident qu’il avait clairement besoin d’aide. Jane hésita un instant, elle ne devrait sans doute pas… mais elle arrivait à le prendre en pitié. « Bon, je veux bien vous accompagner, sinon vous n’allez jamais vous en sortir. »

Jane baissait clairement sa garde. Elle ne devrait pas le faire, mais elle ne pensait pas que cet homme puisse être une menace. Elle se trompait évidemment. Cela dit, ça n’enlevait pas le fait qu’elle avait quand même sa baguette toujours à portée de main. C’était la base dans son cas, elle pouvait quand même se retrouver dans une mauvaise situation très rapidement.

« Suivez-moi. » Dit-elle alors, en faisant signe à l’inconnu la direction qu’il valait mieux qu’ils prennent pour rejoindre une bouche de métro. Par chance, elle connaissait bien la ville, ça lui était déjà arrivé de prendre le métro, même si elle préférait largement transplaner. Sauf que quand on voulait se fondre dans la masse et éviter les sorciers, il fallait s’avoir se mêler aux no-majs. Et quand elle passait du temps avec Cherryl, elle passait beaucoup de temps entouré de no-majs, ce qui l’avait conduit à bien des soucis d’ailleurs. Jane sortie une cigarette de sa poche, proposant une à son interlocuteur, pourquoi pas après tout. « En fait, je m’appelle Jane. » Dit-elle alors. Tant qu’à marcher un peu ensemble, autant discuter un peu.

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Si votre ennemi a faim, donnez-lui à manger.

A

chilles redouta la réponse de son interlocutrice. Si cette dernière refusait définitivement de l'accompagner, l'obligeant de fait à trouver un autre prétexte pour lui tenir la jambe, il allait avoir toutes les difficultés du monde à ne pas éveiller ses soupçons, or il la souhaitait parfaitement docile et ignorante de ses intentions. Au moindre faux mouvement, la jeune femme transplanerait, et il faudrait repartir de zéro, avec la difficulté, qui plus est, de devoir gérer les no-majs alentour qui auraient assisté à la scène. Mais la jeune femme sembla décider, finalement, de l'accompagner, lui laissant davantage de marge. Contrairement à ce qu'il prétendait, le jeune homme connaissait bien le quartier, et quand bien même il n'avait aucun intérêt à emprunter le métro, il savait déterminer à quelle distance se trouvait la station la plus proche. Il allait avoir une marge de manoeuvre restreinte. Il n'avait qu'une petite dizaine de minutes devant lui, mais ça restait jouable.

Si le moindre doute était encore permis, il était cette fois exclu quand la sorcière - et donc la criminelle notoire - se présenta sous son vrai prénom. Jane. Si elle déclinait sa véritable identité, ça voulait bien évidemment dire qu'elle ne le soupçonnait pas de vouloir lui causer du tort. Il était possible, bien sûr, qu'elle se pense simplement plus forte que lui, mais il choisissait de croire qu'il jouait bien son jeu. Et pour continuer sur cette lancée, il était hors de question qu'il dévoile ses cartes. Peut-être que son nom à lui ne lui dirait rien, mais dans le doute, il était préférable qu'il ne dise rien de qui il était vraiment, et donc, il n'était pas question de décliner son nom et son prénom.

-Glenn, dit-il, choisissant le premier nom qui lui venait à l'esprit.

S'il s'était contenté de donner son prénom, peut-être que ça n'aurait rien éveillé de soupçon chez son interlocutrice, mais Achilles n'était tout de même pas un nom si courant. Et le premier nom qui lui était venu, c'était évidemment celui de son frère. Cela ferait bien l'affaire.

-Qu'est-ce que vous faites dans la vie, Jane ? demanda-t-il tandis qu'ils marchaient côte à côte.

Peu importe les mensonges qu'elle lui donnerait en réponse, il meublait surtout la conversation tandis qu'il réfléchissait à la façon la plus discrète et la plus efficace de l'arrêter afin de la mener au MACUSA en toute sécurité et dans le respect des règles et des codes édictés par l'organisme auquel il avait prêté allégeance. Ceci dit, et même s'il devait n'accorder aucun intérêt à la réponse de la jeune femme, il comptait y être attentif malgré tout. Qui sait si sa réponse ne contiendrait pas l'une ou l'autre information qui serait susceptible de vraiment lui servir, voire de l'aider à mettre la main sur ses deux complices.

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L’homme s’appelait donc Glenn. En soit l’information n’était pas forcément utile, mais c’était quand même bien plus agréable de mettre un prénom sur un visage. Cela dit, Jane n’avait pas réellement l’intention de s’éterniser. Elle allait conduire celui qu’elle prenait pour un no-maj complètement perdu vers la bouche de métro la plus proche et ensuite, elle allait tranquillement reprendre le cours de sa journée. C’était ce qu’elle pensait, incapable de se douter une seule seconde de la supercherie. Elle était méfiante de nature, quand on sortait de prison il fallait bien, mais en même temps elle devait aussi reconnaître que par instant elle était un peu inconséquente. Elle ne se méfiait donc pas réellement de cet homme, elle se disait qu’elle allait simplement perdre un peu de temps à le conduire à la bouche de métro, tout simplement.

Et sans que cela ne soit réellement surprenant, l’homme la questionna sur ce qu’elle faisait. Ce n’était guère surprenant non, parce qu’il se contentait simplement de faire la conversation comme elle-même quand elle avait pris la peine de se présenter. Quitte à marche ensemble, autant qu’ils en profitent pour discuter, ce serait quand même beaucoup moins gênant. Même si le discours de Jane allait forcément comporter de nombreux mensonges, mais c’était normal dès qu’il était question de no-maj.

« Oh vous savez, je fais pas mal de chose. On peut dire que je vadrouille. » Répondit-elle en prenant soin de ne pas entrer dans les détails. La jeune femme ne répondait clairement pas à la question de son interlocuteur, mais ce n’était pas comme si c’était possible pour elle de dire réellement ce qu’elle faisait dans la vie. Elle aurait pu se contenter de dire un mensonge, affirmer qu’elle était secrétaire de quelque chose par exemple, mais en soit elle appréciait quand même de ne pas complètement mentir non plus. De se contenter de broder légèrement la vérité, de ne pas entrer dans les détails. « Et vous ? » Demanda-t-elle en aillant évidemment aucun scrupule à retourner la question. « Comment avez-vous fait votre compte pour vous perdre de la sorte ? » Demanda-t-elle en prime, curieuse.

L’homme ne s’était pas retenu de lui poser des questions et de se montrer donc curieux, Jane n’avait pas l’intention de se retenir non plus de son côté. Ce n’était pas dit que ça l’intéresse réellement cela dit et ce n’était pas dit du tout qu’elle se rappel de tous ces détails une fois que leur marche sera terminée. Dès le moment où Glenn aurait trouvé son chemin, ils allaient se contenter de poursuivre leur vie chacun de leur côté sans que Jane ne se préoccupe plus de cet homme. C’était ce qu’elle pensait vraiment, bien loin de se douter que Glenn avait de bonne raison de se préoccuper de son sort à elle. Et que cette marche n’allait pas avoir si peu de conséquence de son côté, qu’elle n’avait pas du tout le même but. Elle allait s’en mordre les doigts, mais elle n’en savait rien encore.

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a réponse de la jeune femme était particulièrement évasive, mais en même temps, Achilles ne s'attendait pas réellement à ce que son interlocutrice lui apporte une réponse un tant soit peu sincère, ce serait bien stupide de sa part, et l'Auror devinait que son interlocutrice n'avait rien de stupide, bien au contraire. Alors il allait devoir se contenter d'une réponse certes logique mais néanmoins frustrante : elle vadrouillait... Soit, ce n'était pas forcément de bon ton pour une femme de se présenter en ces termes, et plus mal tombée, elle aurait peut-être pu en faire les frais. Ceci dit, Jane Miraforum ne devait pas craindre ce genre de choses. Elle savait, de toute évidence, se défendre comme il se doit, et de la meilleure manière possible. Sans compter que son style à part entière était susceptible de dissuader n'importe qui de l'approcher de trop près.

-Eh bien, comme vous avez dû le remarquer, je ne suis pas du coin.

N'importe qui d'un tant soit peu New-Yorkais saurait localiser Times Square en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Là-dessus, il pensait s'être montré relativement crédible. Bien sûr, Achilles mentait comme un arracheur de dents, il était né dans cette ville et il y mourrait très probablement, mais passer pour un sympathique ignare était sans doute le mieux à faire, en fin de compte, pour soutenir comme il se doit un mensonge pas très élaboré qui lui servait surtout à gagner du temps. Il était un peu pris au dépourvu par les circonstances, mais il avait le sentiment de ne pas s'en sortir trop mal néanmoins, et il comptait bien poursuivre sur cette droite lancée, autant que possible.

-J'envisage de déménager ici, j'ai trouvé du travail dans le quartier, mais pour l'instant, je dors à l'hôtel. Mon hôtel qui est à Times Square où, comme vous avez dû le remarquer, je suis infichu de me rendre par mes propres moyens, dit-il avec le sourire de celui qui se voulait agréable même dans la manière dont il se révélait tout bonnement incapable de se repérer comme un humain normalement constitué. Bien sûr, je vous dédommagerai pour votre gentillesse. J'imagine que vadrouiller ne paie pas grand-chose.

Il espérait que Jane, ou le personnage qu'elle se créait au même titre qu'il s'en créait un lui-même en s'adressant à elle ne prendrait pas ombrage de ses propos. Ils ne se connaissaient pas, elle pourrait éventuellement se vexer en lui imaginant des arrière-pensées. Et des arrière-pensées, il en avait, juste pas celles que l'on pourrait s'imaginer. Il pensait seulement tenir là un bon moyen de la tenir à distance du regard de quiconque pour pouvoir accomplir son métier comme il se doit, sans éveiller l'attention des No-Majs alentours.

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Oui, Jane avait bien remarqué que l’homme n’était pas du coin. Quand on ne connaissait pas la grande ville de New-York, ce devait être facile de se perdre. Jane était dans son élément ici, elle connaissait bien la ville, alors elle était loin d’être impressionnée. Mais forcément, quand on n’était pas du coin, la jeune femme se doutait que ça ne devait pas être évident. Mais cet homme, Glenn donc puisque c’était le nom que l’homme lui avait donné, allait sans doute pouvoir se familiariser à force avec la ville, puisqu’il avait décidé de déménager ici. Il avait trouvé du travail dans le quartier, mais pour l’heure son hôtel se trouvait donc près de Times Square. Au moins, à force, il allait très clairement parvenir à se repérer à New-York.

Jane ne se rendait compte de rien, elle ne se rendait pas compte que cet homme était en train d’allonger son mensonge et qu’il la menait très clairement en bateau. Il jouait parfaitement la comédie. En soit, la sorcière était adepte de ceux qui jouaient la comédie, de son côté elle devait le faire à longueur de temps. Cela dit, elle le faisait beaucoup moins et ça risquerait sans doute de lui causer beaucoup de tort à force si elle ne se montrait pas suffisamment prudente. Jane avait conscience qu’elle devait faire attention et rien que pour ça, elle n’aurait même pas dû accepter d’aider cet homme, ce qui allait surement la mener à sa perte. Et encore une fois, elle ne manqua pas de prendre encore plus de risque.

« Oh non, vous embêtez pas à me dédommager. » Elle ne prit pas mal les propos de l’homme quand il affirma qu’il imaginait que vadrouiller ne payait pas grand-chose. Jane avait volontairement décidé de ne pas se montrer trop précise au sujet de ce qu’elle faisait de sa vie. Elle aurait mieux fait d’inventer un bobard, mais elle avait décidé de se montrer en partie honnête. Comme elle le fit encore une fois. « Je vie chez une amie, je n’ai pas de loyer à payer, alors franchement de toute façon je n’ai pas besoin de gagner grand-chose. »

C’était faux, elle disait ça légèrement, mais en vérité Jane aimait trop l’argent pour ne pas avoir envie de se faire un paquet d’argent. Cela dit, elle disait vraiment sur le fait qu’elle n’avait pas vraiment de dépense et que l’argent qu’elle gagnait se rendait presque directement dans sa poche. Elle partageait quelques frais avec Billie bien sûr, mais elle n’avait pas de loyer à payer déjà, c’était une sacrée économie. Une économie que Eleanora pourrait bien faire aussi, si elle daignait accepter enfin de venir vivre avec elles. Jane ne disait rien de précis donc, elle ne pensait pas se mettre en danger. Mais il était évident qu’elle en disait quand même beaucoup trop au vu de la situation. Elle ne devrait pas agir aussi légèrement, elle ne savait pas sur qui elle pouvait tomber. Et justement, elle se faisait prendre dans les mauvais filets.

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L

a rémunération n'aurait pas vraiment été un problème pour Achilles s'il n'imaginait pas cette conversation ne se solder que par un retour en prison pour Jane Miraforum, mais il fut quelque part étonné que la jeune femme ne saisisse pas cette occasion de se remplir les poches à moindre effort. D'un autre côté, Achilles n'aurait techniquement, s'il était bel et bien son personnage, que de l'argent no-maj à lui donner, et il est certain que l'ancienne prisonnière ne pouvait pas se pointer à la banque sorcière la bouche en coeur pour faire ses petites transactions (encore qu'il était convaincu qu'elle et ses camarades avaient leurs propres voies, tout à fait illégales, pour réussir ce genre de choses. Quoi qu'il en soit, donc, elle semblait, par son refus d'être payée, du moins accepter de l'accompagner, ce qui allait lui laisser non seulement le temps de mieux peaufiner son plan mais aussi, qui sait de lui extorquer quelques informations précieuses. Et en effet...

Quand Miraforum lui apprit qu'elle vivait chez une amie, l'Auror fut d'office convaincu qu'il ne s'agissait pas d'un mensonge. Ce pourrait être le cas, bien sûr, mais l'information était très spécifique, et surtout, elle collait beaucoup trop bien à ce qu'il savait de la criminelle. A l'évocation de l'amie en question, il songea forcément à l'une des deux acolytes de la jeune femme, qui s'étaient évadées en même temps qu'elle : Eleanora Shanks et Matildus Heizenbert. Et il penchait plutôt pour la seconde option. Pour ce qu'il savait du profil de ces deux criminels, la première n'était pas forcément de nature à se trouver un logement et une situation, pas plus qu'à s'installer avec ses anciennes voisines de cellule, une soif d'indépendance qui la rendait plus difficilement détectable mais plus facilement attrapable. Donc il s'agissait sans doute d'Heizenbert. Cela signifiait-il qu'Achilles pourrait bien être capable de réussir deux prises pour le prix d'une seule ? Dans ce cas, il était évident qu'il ne devait surtout pas se précipiter. Décider d'emmener Miraforum au MACUSA tout de suite n'était pas une bonne idée. Il avait plus de chances de récolter des informations dans ce contexte qu'en faisant passer un interrogatoire musclée à sa jeune interlocutrice.

-Vous êtes bien chanceuse... Achilles songea à une nouvelle approche. Il connaissait le passé de Miraforum, y compris ses inclinations. Il ne les cautionnait pas franchement, mais aux grands maux les grands remèdes. Elle accepterait sans doute davantage de se confier si elle le pensait comme elle ? J'ai vécu un temps chez un ami, après que mes parents aient... décidé qu'ils ne voulaient plus avoir affaire à moi, mais ça ne s'est pas vraiment passé comme je l'aurais voulu.

C'était bas, presque malsain... mais si ça pouvait marcher pour la mettre en confiance.

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Messages : 134 Date d'inscription : 26/04/2019 Age du joueur : 35

Si votre ennemi a faim, donnez-lui à manger.

Elle était chanceuse oui, Jane n’allait pas dire le contraire. Au vu de la situation, il était évident qu’elle s’en sortait bien. Elle avait quitté la prison, elle était enfin libre, elle vivait avec Billie et elle avait de la chance de pouvoir compter sur sa meilleure amie. Tout n’était pas parfait, elle aimerait bien pouvoir avoir Cherryl dans sa vie, elle avait envie de pouvoir reprendre son histoire avec la femme qu’elle aimait en oubliant ce qui était arrivé quand justement elle avait été arrêté et envoyé en prison. Mais ce n’était pas possible, ce n’était pas aussi simple. Elle devait simplement se contenter de la chance qu’elle avait de son côté, de la chance qu’elle avait de pouvoir compter sur les autres.

L’inconnu qu’elle accompagnait avait donc bien raison de lui dire qu’elle avait de la chance, sans qu’elle ne se doute une seule seconde qu’elle offrait à Achilles la possibilité de la piéger et de la prendre à son propre jeu, parce qu’il la connaissait avec son dossier. Quand l’homme reprit la parole, ce fut pour lui apprendre qu’il avait vécu pendant un temps chez un ami, après que ses parents aient décidé de ne plus avoir affaire à lui, mais que cette situation ne s’était pas bien passée. Jane commença à se poser énormément de question en entendant ces simples mots. Ça ne la regardait pas bien sûr, mais ils discutaient de leurs vies respectives – Jane cachant quand même une grande partie de sa vie, par évidence –, et l’homme lui parlait de ça, donc elle ne pouvait pas s’empêcher d’avoir envie d’en savoir plus. Ses parents l’avaient abandonné. Pour quelle raison ? Et pourquoi ça ne s’était pas bien passé avec son ami ?

« Je suis vraiment navrée pour vous. » Dit-elle alors, pour commencer, en étant sincère. Elle ne connaissait pas du tout cet homme, elle ne savait rien de lui et sans doute qu’ils ne se parleraient jamais après cette « promenade », mais elle était sincère en affirmant qu’elle était navrée pour lui. « Je… je me montre très curieuse et vous n’êtes pas obligé de me répondre mais… qu’est-ce qu’il est arrivé avec vos parents ? » Elle posa cette première question, mais elle en avait d’autres en réserve. « Et… votre ami ? »

D’accord, elle en faisait vraiment trop, mais elle ne pouvait pas s’en empêcher. Après tout, ça n’était pas grand-chose en soit non ? L’homme avait commencé à parler de son histoire de lui-même, c’était qu’il ne devait pas être complètement réfractaire à l’idée de lui en parler. Après, si jamais l’homme ne voulait pas parler de tout cela, qu’il lui faisait comprendre, elle n’insisterait pas davantage. Même si elle ne pourrait pas s’empêcher de se montrer frustrer. Après tout, ce n’était pas rien d’avoir des parents qui nous abandonnaient. Par chance, ce n’était pas quelque chose qui arrivait forcément tous les jours.
anger. Mais il était évident qu’elle en disait quand même beaucoup trop au vu de la situation. Elle ne devrait pas agir aussi légèrement, elle ne savait pas sur qui elle pouvait tomber. Et justement, elle se faisait prendre dans les mauvais filets.

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Messages : 240 Date d'inscription : 22/01/2019

Si votre ennemi a faim, donnez-lui à manger.

A

chilles était quelqu'un d'intègre et de très sincère, il détestait la dissimulation, le mensonge... Pour lui, l'honnêteté devrait toujours être la clé, mais dans certaines situations, il fallait admettre que le mensonge et la dissimulation valaient mieux que la franchise. Dans le cadre de son métier, oui, il était parfois préférable de savoir manipuler son monde. Il n'était pas fort ni à l'aise dans cet exercice, loin de là, mais il songeait au résultat. S'ils pouvaient mettre Miraforum, Billie et Shanks derrière les barreaux, il aurait absolument tout gagné. Il devait à tout prix le prendre en considération, quoi qu'il advienne. Alors oui, il brodait son mensonge au fur et à mesure qu'il le déroulait, sans trop savoir si cela aboutirait. Il voudrait vraiment faire autrement, mais il était trop tard, et à présent, il fallait qu'il s'y tienne.

Il était parvenu à un premier résultat, à savoir qu'il avait su endormir la confiance de Jane, voire même sa compassion. A présent, il fallait qu'il se tienne à sa version, et qu'il fasse en sorte que l'équivoque ne soit plus vraiment possible, histoire d'inviter la miss à se confier davantage. S'en faire une prétendue amie pour extorquer sa nouvelle adresse, et par conséquent mettre la main sur ses complices, ce serait un beau coup, il ne pouvait certainement pas l'ignorer, loin de là, même.

Achilles esquissa un léger sourire qui voulait dire "Ce n'est rien" quand elle dit être navrée, mais un sourire qui devait sembler douloureux, pour son bon plaisir. Elle enchaîna en lui posant la question qu'il attendait. Oui, il voulait qu'elle se montre indiscrète, car plus il consentirait à ses indiscrétions, plus elle consentirait éventuellement aux siennes quand viendrait son tour de lui poser des questions. Des questions qui se permettraient d'exiger des réponses précises.

-C'est... difficile à expliquer, prétendit-il en détournant le regard. Il espérait passer pour honteux, la vérité, c'était surtout qu'il voulait éviter de lui mentir droit dans les yeux, il oublierait sans doute d'être crédible dans le processus, et il valait mieux que ses mensonges ne soient pas mis à jour maintenant, il aurait bien du mal à se rattraper. Ils n'approuvaient pas mes choix de vie, mes... préférences. Il marqua une pause. Et mon ami... Il esquissa un sourire. Je ne lui reprocherai jamais ce qui s'est passé. On subissait beaucoup de pression, je l'obligeais à vivre dans le mensonge, et il ne l'a pas supporté.

Il était presque trop explicite, mais il savait qu'il pouvait se permettre de l'être en présence de Jane. Il fallait que cette dernière estime sans équivoque qu'ils appartenaient à la même "communauté". Dès lors, un sentiment de confiance devrait aussitôt s'instaurer et l'aider à creuser davantage, avec un peu de chance.

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Messages : 134 Date d'inscription : 26/04/2019 Age du joueur : 35

Si votre ennemi a faim, donnez-lui à manger.

Jane ne devrait sans doute pas se faire de fausse idée, mais elle avait le sentiment que l’homme sous ses yeux et elle avaient des points en commun. Rien ne pouvait le lui garantir bien évidemment, mais son discours le lui laissait clairement entendre en tout cas. Le fait que l’homme détourne son regard, comme s’il était en train de parler de quelque chose de honteux, ne faisait que lui rappeler le même regard qu’elle avait pu avoir parfois, qu’elle avait même encore par moment. Jane ne pouvait pas penser autre chose en entendant Glenn affirmer que ses parents n’avaient pas approuvé ses choix de vie… ses préférences.

La jeune femme ne pouvait que comparer tout cela avec sa propre histoire. C’était évident que quand l’homme sous ses yeux lui parlait de ses préférences, c’était le même genre de préférence qu’elle-même. Et cet ami… ça ne pouvait pas juste être un ami. Jane était d’avis que les personnes comme eux étaient capables de se reconnaître. Mais ça c’était quand l’une des personnes n’était pas en train de manipuler l’autre, quand on ne se servait pas de l’histoire de Jane pour en inventer une. En tout cas, en cet instant précis, Jane ne pouvait pas s’empêcher d’être particulièrement touchée par le discours de son interlocuteur, plus que ce qu’elle devrait être touchée bien évidemment, mais elle ne pouvait pas s’en empêcher.

« Qu’est-ce qu’il a fait votre… ami ? » Demanda-t-elle, incapable de ne pas se montrer plus curieuse encore, allant directement dans sa curiosité. Elle n’avait pas besoin de revenir sur les parents de l’homme, elle pensait comprendre parfaitement ce qu’il entendait par là.

Elle avait envie de savoir ce que le soit disant ami de son interlocuteur avait fait, à force de ne pas pouvoir supporter la situation dans laquelle il se trouvait, à force de ne pas pouvoir vivre au grand jour, de devoir constamment se cacher dans les mensonges. Jane savait que les histoires comme les leurs – puisqu’elle était vraiment persuadé que cet homme vivait le même genre d’histoire que la sienne – n’étaient pas évidente et qu’elles avaient tendance à se terminer dramatiquement. Preuve en était de la sienne, même si on pouvait dire qu’elle avait aussi fait très fort de son côté.

Jane savait parfaitement qu’elle en demandait sans doute trop, qu’elle ne devrait pas se montrer si curieuse, mais elle ne pouvait pas s’en empêcher, elle avait besoin d’en savoir plus. Et puisque l’homme était enclin à li répondre – ce qui devrait en soit déjà lui mettre la puce à l’oreille –, elle insistait encore. La jeune femme se doutait que la situation n’était pas optimale concernant l’homme et cet ami, sinon il ne parlerait pas de cette histoire avec autant de tristesse. Et c’était justement parce que Jane sentait que rien n’allait, qu’elle avait envie d’en connaître plus de détail.

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Messages : 240 Date d'inscription : 22/01/2019

Si votre ennemi a faim, donnez-lui à manger.

A

u fonc, Achilles n'était pas vraiment à l'aise avec ce petit jeu. Il le savait bien, la fin justifiait les moyens, et il ne devait pas se laisser attendrir par celle qui, après tout, n'était jamais qu'une criminelle notoire, et qui avait certainement, et à plus d'un titre, mérité son sort, et mériterait le sort qui lui serait réservé ensuite. Mais Achilles n'était pas un manipulateur né, loin de là, devoir mentir à son interlocutrice comme il était en train de le faire exigeait un effort réel de sa part tant tout ceci n'avait absolument rien de naturel à ses yeux.

Il voudrait bien affirmer que c'était monnaie courante, et qu'il était capable du détachement émotionnel nécessaire, mais ce serait un évident mensonge, en l'occurrence. Non, il n'avait que trop tendance à se complaire dans des jeux qui ne tardaient jamais à lui coûter cher d'un point de vue moral. Mais il s'était aventuré trop loin, il ne pouvait pas se permettre de rebrousser chemin : c'était impossible. Alors il devait aller au bout du mensonge qu'il improvisait au fur et à mesure.

Une des choses qui le mettaient mal à l'aise dans cette manière de faire était définitivement cette insulte indirecte à ces individus auxquels il ne pouvait pas s'identifier réellement. Comme tout le monde, il était le fruit d'une éducation et des moeurs de son temps, mais il avait fini par caresser une certaine indulgence et une certaine empathie pour ceux dont il était en train de dérober la voix en se faisant passer pour ce qu'il n'était pas, en s'inventant une histoire qui n'était pas la sienne et en se prétendant victime d'injustices qu'il n'avait jamais rencontrées et ne rencontrerait jamais. Ceci dit, il était trop tard pour faire marche arrière ou dire quoi que ce soit, il ne pouvait pas revenir sur son histoire, il devait au contraire apprécier le fait que Miraforum ait l'air d'y adhérer si facilement, et sans qu'il ait besoin d'en rajouter non plus.

-Il s'est retourné contre moi, m'a affiché publiquement et il est parti... Il marqua une pause, légèrement mal à l'aise. Je le comprends. La pression était trop dure à supporter. Je crois qu'il faut plus de courage pour renoncer pour toujours à qui l'on est que pour l'assumer, mais moi je n'en suis pas capable. Il marqua une pause et observa un instant son interlocutrice. Vous comprenez de quoi je parle, n'est-ce pas ? suggéra-t-il, car bien sûr, il attendait de son interlocutrice qu'elle se dévoile, une marque de confiance supplémentaire qui ferait qu'elle serait en mesure de lui manger dans la main et de lui assurer de savoir la ramener où était sa place légitime, c'est-à-dire en prison.

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