Qui se connaît une prison connaît aussi la liberté. // FT. Jane

Jane ne devrait pas prendre trop de risque en sortant de l’appartement que Billie lui avait trouvé, enfin leur avait trouvé, mais en même temps elle ne supportait pas de rester enfermée. La jeune femme s’était retrouvée pendant si longtemps enfermée, qu’elle ne supportait tout simplement pas de rester trop longtemps enfermée. Elle avait besoin de sortir, elle avait besoin de prendre de l’air, elle avait besoin… elle avait juste besoin de respirer, tout simplement. Alors dès qu’elle le pouvait, la jeune femme sortait. Elle n’avait pas spécialement eu de raison de sortir en réalité, parce qu’elle n’avait d’affaire à régler, mais ce n’était pas un souci. Billie était absente de toute façon, elle était allée elle ne savait trop faire quoi pour se trouver un nouveau pigeon, autant dire qu’elle avait encore moins de raison de rester enfermée.

La jeune femme avait vogué pendant un moment dans les rues de New-York en se montrant évidemment prudente. Ce n’était pas le moment de se faire repérer par des Aurors et terminer de nouveau en prison. Elle ne le supporterait pas dans tous les cas, Jane préférait clairement mourir que de retourner en prison…
Alors, elle se montrait prudente, mais elle profitait quand même de la vie. La jeune femme fini par atterrir dans un de ces bars clandestins sorciers, où elle pensait pouvoir boire un peu sans se soucier de devoir se cacher. Bon, en même temps, elle devait quand même être prudente même quand elle se trouvait dans un bar tel que celui-ci, ce n’était pas pour rien qu’elle avait observé un peu les personnes présentes quand elle avait décidé de s’installer. Elle pensait passer du temps seul, tranquillement… en pensant un peu à tout et rien, enfin surtout à Cherryl, il ne fallait pas s’en mentir. Mais ses pensées furent vite coupées quand une jeune femme approcha d’elle… Eleanora !

Jane afficha un énorme sourire en voyant son amie, sa sœur de cœur, qui lui manquait terriblement depuis qu’elles avaient réussi à retrouver leurs libertés toutes les trois avec Billie. La jeune femme ne se retint pas et se leva dans le but de prendre Eleanora dans ses bras. Bon, c’était peut-être un peu trop, mais ça faisait trop longtemps qu’elle n’avait pas eu l’occasion de la voir et elle lui manquait terriblement.

« Comment tu vas ? » Demanda-t-elle vivement.

Forcément, Jane se posait la question, elle se demandait si Eleanora allait bien et surtout si elle n’avait pas eu de soucis dernièrement, depuis qu’elles ne s’étaient pas vues parce qu’elles n’avaient pas suivi le même chemin. Au vu de leur situation, il était évident qu’elles risquaient gros toutes les deux au quotidien. Le simple fait de se promener dans la rue c’était dangereux pour elles, parce qu’elles pouvaient se faire arrêter à tout moment. Même si, forcément, Grindelwald était quand même un plus gros poisson qu’elles.

Jane profitait pleinement de l’étreinte qu’elle partageait avec Eleanora. Elle était si heureuse de pouvoir la sentir contre elle, elle lui manquait tellement depuis qu’elles avaient quitté la prison. Évidemment, la sorcière était plus heureuse que jamais d’être libre, de ne plus se trouver en prison, mais ça n’enlevait pas le fait que son amie, sa sœur de cœur, lui manquait chaque jour. Surtout qu’elle avait la possibilité de passer énormément de temps avec Billie, d’autant plus qu’elles vivaient ensemble, et Eleanora lui manquait tout simplement. C’était son regret depuis qu’elles avaient quitté la prison, c’était qu’elles ne pouvaient plus se voir. Du moins, pas autant qu’elles ne se voyaient avant, même si évidemment c’était mieux qu’elles soient libres et que jamais Jane ne voudrait retourner en arrière.

La jeune femme afficha un large sourire en entendant son amie affirmer qu’elle allait très bien, que ses affaires reprenaient gentiment. Jane en était heureuse pour Eleanora. Elle appréciait d’entendre que son amie reprenait les choses en main, que ses affaires reprenaient. C’était la seule chose que Jane souhaitait, c’était que Eleanora aille bien, qu’elle s’en sorte. Même si forcément, elle aimerait bien aussi qu’elles puissent vivre… ensemble. Sauf que ça, c’était plus complexe.

« Je vais bien. » Répondit-elle, puisque c’était le cas. « Je suis vraiment heureuse d’être libre. Je reprends un peu mes affaires aussi, je m’en sors bien. » Elle n’avait pas autant besoin de travailler qu’avant, même si c’était quelque chose qu’elle faisait quand même parce qu’elle ne pouvait pas rester sans rien faire. Mais elle avait la chance de vivre dans un appartement vraiment sympa, avec l’aide de Billie. « Je vis avec Billie. » Elle ne savait pas si Eleanora était au courant ou non, elle savait que leur amie commune avait envie de la faire venir chez elle, de la faire rejoindre Grindelwald, mais elle savait aussi que c’était le point de rupture de leur relation. Alors, elle ne savait pas vraiment ce que son amie savait ou non. « Mais… tu me manques tellement ! »

Elle n’allait pas le cacher, c’était un fait. Elle avait besoin de le lui dire, parce que c’était le cas. Eleanora lui manquait terriblement, qu’elle avait envie de l’avoir dans sa vie, elle avait envie de la retrouver. Elle la retrouvait en cet instant précis bien sûr, elle avait l’intention de profiter de sa présence autant qu’elle le pourrait, mais elle savait aussi que ça n’allait pas durer éternellement. Contrairement à ce qu’elle voudrait. Et d’ailleurs… Jane se permit de parler de ce qu’elle ressentait, de formuler quelque chose à quoi elle tenait, même si elle se doutait que ça allait être un sujet délicat.

« Il y a de la place chez nous… pour toi. »

Billie lui avait dit que Eleanora finirait pas venir avec elle, par les rejoindre, et même si elle lui faisait confiance, Jane se doutait que ça n’allait pas être si évident que ça. À moins, qu’elle n’arrive à la convaincre elle de son côté.

Entendre Eleanora affirmer qu’elle lui manquait également, ça avait quand même le don de la rassurer un peu. Oh, elle se doutait bien que son amie tenait à elle évidemment, mais c’était quand même agréable de l’entendre le lui dire, de l’entendre lui dire clairement qu’elle lui manquait. Parce que c’était important pour elle, parce qu’elle tenait énormément à sa sœur de cœur et qu’elle aurait été triste d’apprendre que la réciprocité n’était pas là. Elles avaient un lien que personne ne pouvait comprendre, elles avaient vécu toutes les trois avec Billie dans cette cellule, presque constamment ensemble, elles avaient dû se soutenir. Elles s’étaient soutenues du mieux qu’elles pouvaient et elles avaient réussi à s’en sortir. C’était justement parce qu’elles avaient été ensemble toutes les trois, qu’elles avaient pu compter l’une sur l’autre, qu’elles avaient réussi à s’en sortir. Rien ne pourra briser ce lien, même si elles n’étaient plus aussi proches qu’avant.

C’était difficile pour Jane, elle avait ce besoin d’avoir Billie et Eleanora dans sa vie, de les avoir avec elle constamment. C’était aussi simple que ça, elle avait juste besoin d’elle. Et quand Eleanora ne se trouvait pas avec elle, quand elle se retrouvaient avec Billie chez elle, Jane ne pouvait pas s’empêcher de sentir un manque. C’était bête sans doute, elle devait se contenter de laisser son amie vivre sa vie comme elle l’entendait, mais en même temps, elle avait besoin de Eleanora autant qu’elle avait besoin de Billie et elle ne pouvait pas s’empêcher de se sentir un peu égoïste pour le coup. Comme quand son amie reprit la parole en affirmant qu’elle n’aimait pas vivre au même endroit pendant trop longtemps, parce qu’elle s’ennuyait ferme. La jeune femme savait bien qu’elle lui exprimait tout simplement le fait qu’elle n’avait pas envie de vivre avec elle et Billie et ça avait le don de l’attrister. Elle en voulait un peu à Eleanora de ne pas juste s’installer avec elles, de les abandonner… elle avait peur d’être abandonnée tout simplement.

Mais au moins son amie lui demanda où elles s’étaient installées et ça avait le don de la réchauffer un peu. La jeune femme n’avait pas vraiment envie de forcer Eleanora de vivre avec elles non plus, mais elle avait vraiment envie de la convaincre. Si la jeune femme venait chez elle, peut-être qu’elle allait se laisser convaincre. Ce qui était une bonne chose.

« Tiens je te donne l’adresse. » Dit-elle immédiatement en sortant un parchemin de son sac et une plume pour noter l’adresser. « C’est dans un beau quartier de New-York, tu verras c’est plutôt classe. C’est Billie qui a trouvé l’appartement. »

Elle le précisa, même si ce n’était pas forcément nécessaire. Sans Billie, Jane aurait sans doute pu s’en sortir, parce qu’elle avait de la ressource quand même, mais bien plus difficile.

« Tu t’en sors toi ? » Demanda-t-elle alors, quand bien même elle se doutait de la réponse.

Jane afficha un sourire en entendant Eleanora affirmer que les affaires avaient reprises et qu’elles ne se portaient pas trop mal. La jeune femme était heureuse pour elle, qu’elle puisse retomber sur ses pattes quand même. Au vu de la situation et du fait qu’elles avaient quand même passé pas mal de temps au trou, il aurait été normal qu’elles aient du mal à s’en sortir une fois dehors. Mais Eleanora était une battante et Jane était vraiment rassurée d’apprendre que ses affaires marchaient. Même si, si jamais elle avait eu des soucis pour s’en sortir, elle aurait eu un poids en plus pour la convaincre de venir s’installer avec Billie et elle. Eleanora s’était montrée claire et la jeune femme n’avait pas forcément envie d’insister outre mesure, mais ça n’enlevait pas le fait qu’elle avait quand même toujours envie qu’elle vienne s’installer chez elles. Que cet appartement soit à elles, toutes les trois. Mais elle ne devait pas trop insister, sinon elle savait que sa sœur de cœur allait se braquer et ce n’était évidemment pas ce qu’elle désirait.

De toute façon, là, Eleanora décida de lui parler de Grindelwald. Le grand patron. Ça aussi c’était un sujet qui éloignait ses deux meilleures amies. Billie n’avait pas eu besoin de convaincre pendant longtemps Jane avant qu’elle ne décide de le suivre en effet et en revanche Eleanora refusait de le rejoindre. Ce qui faisait un peu de mal à Jane, elle devait bien le reconnaître, elle avait le sentiment que sa sœur de cœur coupait purement et simplement les ponts avec elles.

« Elle n’a pas eu besoin de le faire. » Répondit-elle en haussant les épaules. Elle mentait un peu, c’était Billie qui l’avait entrainé dans tout ça en effet, mais en même temps depuis elle avait rencontré Gellert Grindelwald et elle était convaincue que sa place était à ses côtés. « Je crois… vraiment qu’il peut changer beaucoup de chose. Tu sais, il comprend tellement. Il a vraiment à cœur de nous aider à être libre, de nous aider à vivre comme on a envie de vivre. » Jane était plus sentimentaliste que ses amies, son histoire parlait d’elle-même et Grindelwald avait su exactement où appuyer pour que ses mots résonnent dans sa tête. « Il ne me juge pas, il me comprend même. Tu l’as déjà rencontré ? Tu devrais au moins essayer de lui parler, juste une fois. »

Oui, parce que si en prime Jane pouvait convaincre Eleanora de rejoindre Grindelwald, elle n’allait pas considérer que c’était du luxe. Dans son monde idéal, Eleanora, Billie et elle vivraient ensemble dans le même appartement luxurieux, elles travailleraient ensemble pour Grindelwald et rien ne sera plus jamais capable de les séparer. Malheureusement, Jane avait tendance à être un peu naïve sur ces points. Elle avait simplement besoin de ses sœurs de cœur auprès d’elle, puisqu’elle ne pouvait pas avoir d’autres personnes.

Bien sûr Jane adorait vraiment d'entendre sa sœur de cœur lui dire qu'elle l'adoration, c'était quelque chose qu'elle ne pouvait qu'apprécier, mais en même temps elle savait bien que qu’amie ne disait pas cela pour rien. Et justement, elle lui disait cela dans le but de lui dire qu'elle se trompait. La jeune femme n'aimait pas entendre Eleanora lui dire qu'elle avait tort mais en même temps ce n'était pas quelque chose de si étant que ça, c'était évident que les deux jeunes femmes n'étaient pas sur la même longueur d'onde. Jane n'aimait pas entendre une telle réponse, mais elle ne pouvait pas réellement lui en vouloir non plus parce qu'elle n'était pas si étonnée que ça. Elle avait envie de la convaincre, de lui faire changer d'avis mais elle savait bien que ce n'était pas si facile que ça.

Jane serra légèrement des dents en entendant son amie affirmer qu'elle n'avait pas encore de rencontrer Gellert Grindelwald parce qu'elle savait qu'il était capable de lui laver le cerveau à elle aussi. Sous-entendu que la jeune femme venait donc de se faire laver le cerveau. Elle n'arrivait pas à le croire, ce qu'elle voyait seulement c'était que cet homme ne le jugeait pas et lui donnait l'espoir de pouvoir retrouver la femme qu'elle aimait. Il était hors de question qu'elle puisse considérer que ce n'était que vent. Eleanora modéra cependant un peu ses propos en précisant que cet homme que Jane avait décidé de suivre (considérant que cela venait seulement d'elle même si au final sans Billie elle n'en serait sûrement pas là) était capable de faire de grande chose mais qu'il était hors de question qu'elle se mette au service d'aucun maître. La jeune femme comprenant bien que ça ne servait à rien qu'elle insiste. Elle avait envie, comme elle espérait bien pouvoir convaincre la jeune femme de venir s'installer avec elle et Billie, mais elle savait que sa sœur de cœur était beaucoup trop têtue pour ça.

« Il ne m'a pas lavé le cerveau tu sais… »

Elle n'avait aucune envie de de vexer des propos de son amie mais elle sous entendait quand même que cerveau avait été lavé. Elle n’aimait pas le fait qu’on puisse considérer qu’elle n’était pas capable de prendre ses propres décisions par elle-même, qu’elle suivait juste Billie et qu’elle s’était fait amadouer par Grindelwald.

« Je ne veux pas te forcer à quoi que ce soit bien sûr, c’est la dernière chose que je souhaite. » Ajouta-t-elle doucement. C’était bien la dernière chose qu’elle souhaitait en effet, parce que la liberté était sans aucun doute la chose la plus précieuse au monde. Elle ne tenait pas à forcer sa sœur de cœur de faire quoi que ce soit contre sa volonté. « Et je ne veux pas que tu crois que… je ne fais que suivre bêtement les autres. C’est… je sais ce que je fais. Il faut que je le fasse. »

Parce que c’était sans doute la seule solution pour qu’elle puisse retrouver une partie de sa vie d’avant.

Le sujet de Grindelwald aurait été sans doute mieux de côté, parce que c’était très clairement le grand point de divergence entre elles. Ça faisait si longtemps qu’elles n’avaient pas pu passer du temps ensemble avec Eleanora et voilà que maintenant, elles se retrouvaient avec cette conversation qui ne présagerait rien de bon. Parce que Jane ne changerait pas d’avis et qu’elle savait que sa sœur de cœur non plus. En attendant, elle n’avait pas spécialement envie de se faire insulter, de constater à quel point Eleanora ne savait pas… qui elle était. Alors qu’au contraire, Eleanora était sans doute celle qui avait la capacité de la voir sombrer là où elle ne devrait pas aller, parce que de son côté, elle s’était définitivement laissé manipuler par Grindelwald. Jane n’avait clairement pas envie que Eleanora la considère faible – elle ne supportait pas l’idée de l’être –, qu’elle pense qu’elle n’était qu’un mouton. Elle faisait ses propres choix (ou pensait le faire en tout cas), elle avait décidé de suivre Billie parce qu’elle avait envie de la faire, parce qu’elle l’aimait comme une sœur et que sans elle, elle serait encore en prison. Elles seraient toutes les deux encore en prison.

« Je veux être libre. » Rétorqua Jane à la question de sa sœur de cœur, quand elle lui demanda plus de précision sur les raisons de faire ce qu’elle faisait.

Il y avait des choses qu’elle désirait par-dessus tout et elle savait que le maître qu’elle avait décidé de suivre était la solution pour qu’elle puisse obtenir tout ça. Même si les concepts de maître et de liberté ne collaient pas réellement ensemble, c’était même tout le contraire. Jane ne voyait pas les choses de cette façon, elle obéissait à Grindelwald parce qu’il allait les conduire dans un monde où elles seraient libres. Elle lui donnait sa fidélité, pour pouvoir être libre ensuite.

« J’en ai… j’en ai assez de devoir me cacher constamment. » Reprit-elle pour étoffer un peu sa réponse. « Même si on est dehors, on doit encore se cacher, on a encore le risque de retourner là-bas. Il est hors de question que je retourne là-bas. » Sa voix se brisa légèrement sur la fin de sa phrase. Elle ne supportait pas l’idée de retourner en prison, elle préfèrerait mourir que d’être enfermée de nouveau. Aujourd’hui elle était dehors, mais loin d’être réellement libre, elle ne pouvait pas avoir la vie libre qu’elle espérait. Parce qu’elle ne se cachait pas que des autorités, elle devait cacher sa nature profonde également. Il y avait pour ça qu’elle espérait un jour être libre. « Il peut me rendre… tout ce que j’ai perdu. Grâce à lui, je peux envisager d’avoir la vie dont j’ai toujours rêvé. »

Ce que Billie ne comprenait pas de son côté, et que Jane se doutait qu’Eleonore ne comprendrait pas non plus. Mais Grindelwald la comprenait sur ce point, elle savait qu’il pouvait l’aider. Un jour, Jane ne se cacherait plus du tout.