Quand le chat n'est pas là // FT. Edouard

Messages : 397 Date d'inscription : 31/01/2019

Quand le chat n'est pas là...
Ft. Edouard & Eleanora

Les affaires reprennent. Ce n'est plus aussi facile qu'avant, mon curriculum a été légèrement entaché par mon petit détour par la case prison, mais j'ai des ressources, et j'aime à penser que je retombe toujours sur mes pattes peu importe les circinstances. Je sais quelles erreurs j'ai commises et quelles erreurs je ne dois plus commettre. On apprend à tout âge, comme on dit.

Je ne reviendrais en arrière pour rien au monde, mais j'admets que mon passage éclair par le pénitencier pour sorcières de New York a eu le mérite de remettre certaines choses en perspective. J'ai toujours accordé une grande valeur à ma liberté, j'ai toujours été une hédoniste dans l'âme, mais tout ça est exacerbé, à présent. Je suis bien déterminée à croquer la vie à pleine dent, à ne m'imposer aucune limite, et à vivre plus pleinement encore que je ne le faisais précédemment.

J'ai donc chopé un contrat plutôt juteux, qui devrait me permettre de me refaire un petit nom dans le milieu sans me demander un effort monumental pour autant. C'est de nouveau d'un no-maj qu'il est question. Un politicard un peu crétin, rien d'insurmontable. J'ai pas cherché à connaître le détail de l'affaire, le pourquoi du comment mon client veut à ce point refroidire le non-magique dans les plus brefs délais, mais dans le fond, je m'en cogne, complètement. Je suis juste heureuse de remettre la main à la patte et de retrouver ma petite routine de chasseuse à gage trop longtemps bridée.

Pour l'instant, je suis en phase d'observation. Je suis impatiente d'agir, mais je sais que je dois vraiment pas me planter si je veux redorer mon blason, alors j'y vais mollo. Donc j'ai enclenché la phase classique de stalkage de base. L'avantage, c'est que le bonhomme est du genre routinier, métro-boulot-dodo, un train de vie chiant comme la pluie, ce sera vraiment un jeu d'enfant. Adossée à un mur, la clope au bec, je zyeute le bâtiment où le type devrait quitter son job d'un instant à l'autre. Si monsieur continue d'être emmerdant comme un jour sans sel, il va aller boire son café au troquet du coin puis se rentrer dans son immeuble minable de la quatorzième rue.

Trop attentive à ma cible, je capte pas directement que des pas se rapprochent de moi. J'apprendrai la prudence un autre jour.

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Quand le chat n'est pas là...

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Chaque acte de la vie d’Édouard Blum se devait d'être joué d'une différente manière. Il était entré dans le premier comme un enfant normal, l’enfant naïf, un Blum qui se baladait toujours la tête dans les nuages et le cœur ouvert. Il était alors ce fils chéri, petit Édouard pour sa mère, futur grand homme pour son père. Puis était advenue une tragédie, un malheur qui harassa tous les acteurs de cet acte. Père disparu, mère devenu odieuse avec lui. En grandissant, il s’était alors penché dans une certaine débauche. Contre le monde entier, il ne se devait plus d’être seulement un homme et à lui-même, comme les mains levées vers le ciel, il s’était fait une promesse ; la promesse d’entrer dans ce jeu qu’était la société, pour en devenir un ennemi, l’Homme qui tuerait ses démons et s'en débarrasserait tels des cadavres de chiens galeux. Le voilà donc, Édouard Blum, un homme estimable, brillant. On le dit charmant, tendre, quoi que parfois un peu présomptueux. Il charme, comme un serpent. De sa langue fourche, il dépose quelques illusions dans les esprits. Un splendide aspect d’un charme manipulateur se pose sur sa victime et de là, elle ne peut que se soumettre, bien trop heureuse de son sort. Voilà le jeu d’Édouard, voilà comment, cœur après cœur, il déposait quelques pétales d’addiction. D’ une certaine manière, le jeu avait toujours fait parti de la vie d’Édouard. Très jeune, son père lui avait appris à jouer au poker, au grand dam de sa mère qui n'approuvait pas du tout ce genre d'éducation. Son père lui avait appris à ne pas montrer ses émotions et il avait gardé cette faculté. Il l’avait même assouplie. Non seulement elle lui servait à ne pas se dévoiler mais elle était aussi ce masque et ce sourire derrière lequel il pouvait jouer à être un autre. Mais pas avec Eleanora. Elle, elle arrivait à le cerner, à voir qui il était réellement. Les deux avaient d'ailleurs fini par adorer se jouer l'un de l'autre.

***

En ce jour, nous étions un mercredi. Édouard, appuyé contre un mur à l'angle d'une rue, observait les alentours. Il était en mission. Une mission particulièrement ennuyeuse, il faut bien le dire : protéger un non-magique. Si le sorcier avait bien quelque chose en horreur, c'était bien d'être mêlé à une histoire avec un no-maj. La dernière fois, il avait dû surveiller les agissements des fidèles de Salem et s'il ne devait pas faire attention à garder sa couverture au sein du MACUSA, il aurait été ravi de pouvoir éliminer deux ou trois de ces êtres abjectes. Seulement voilà, Édouard ne pouvait pas se permettre la moindre bavure pour le moment. Il lui fallait absolument gagner la confiance de Theseus Scamander, le nouveau directeur du Département de la justice magique depuis le départ de Graves, enfin plutôt Grindelwald. Le moindre faux pas risquerait irrémédiablement de le trahir. Même si sa réputation aux États-Unis avait été refaite grâce à Grindelwald lorsque ce dernier se trouvait encore sous les traits de Graves, les hauts placés du MACUSA étaient loin de lui faire tous confiance.

Donc, il avait été chargé de protéger un certain Charles Wyndam-Matson, un politicien sans grand intérêt dans le monde non-magique, plutôt miséreux même. Le MACUSA soupçonnait certains sorciers de vouloir sa mort, et il était donc de son devoir de se charger de l'affaire. Édouard avait alors joué le rôle du bon Auror à merveille, surveillant depuis maintenant quelques jours les habitudes de l'homme. Le plus curieux, songeait-il, c'était que cet homme n'avait vraiment pas l’étoffe d'un politicien, mais ressemblait plutôt à un clochard du Queens, un ivrogne a qui on aurait fait prendre un bain, donné des vêtements neufs, administré un bon coup de rasoir, une coupe de cheveux, avant de l'envoyer dans le vaste monde se forger une vie nouvelle avec quelques sous en poche. Le vieillard avait des manières de faible, comme si le moindre interlocuteur représentait un ennemi potentiel à ces yeux. "Ils m'auront", semblait dire son attitude.

Tout en attendant que le vieil homme daigne sortir du bâtiment dans lequel il se terrait pratiquement tous les jours, Édouard jetait quelques regards sur les gens qui passaient devant lui. Il s’ennuyait sérieusement et rien ne semblait vouloir briser ce quotidien bien trop monotone à ses yeux. Pourtant…

Édouard plissa les yeux lorsque son regard circulaire se posa sur une femme qui se trouvait un peu plus loin, légèrement dans l'ombre. Il l’aurait reconnu entre mille. Elle était immobile, observant comme lui le bâtiment dans lequel se trouvait l’homme qu’il attendait. Que faisait-elle ici ? Aux dernières nouvelles, elle avait fini par se faire prendre et séjournait en prison. Il semblerait donc qu'elle en est finie avec le pénitencier pour sorciers de New York.

Tout en regardant le bâtiment, puis Eleanora, Édouard ne mit pas longtemps à comprendre ce qui l'amenait ici, et c’était un problème. Ainsi donc, les craintes du MACUSA étaient fondées. Il marcha le long du trottoir et s’enfonça dans une ruelle sombre. Il tourna à gauche, puis à droite et resta un moment immobile, collé à un mur. Puis, lentement, il se risqua à jeter un regard en avant et la vit, de dos. La fumée qui s’élevait au-dessus d’elle lui indiqua qu’elle était en train de fumer. Édouard l’observa quelques instants de cette façon, en souriant. Il était doué pour ce qui était de la discrétion et même s’il ne doutait pas des talents d’Eleanora, il la connaissait bien assez pour savoir la surprendre, et il y prenait un malin plaisir à chaque fois. Il se décida enfin à sortir de sa cachette et marcha vers elle d’un pas décidé. Sa présence était devenue clairement audible mais il ne comptait pas s’amuser à l’espionner éternellement ici.

- Bonsoir Eleanora.

La voix était chaleureuse, amicale. Édouard était plutôt heureux de la revoir. Depuis qu'elle était en prison, il s'était même surpris à se languir de la revoir en liberté. Il jeta un coup d’œil au bâtiment dans lequel se trouvait encore Charles Wyndam-Matson pour lui faire comprendre qu’il connaissait parfaitement les raisons de sa présence ici et poursuivit :

- On dirait que ton petit séjour en prison ne t’a pas servi de leçon. Tu comptes vraiment remettre ça ?

La réponse était évidente, Édouard le savait. Il poussa un soupir et lui dit :

- Tu sais, si ça ne tenait qu’à moi je te laisserais volontiers mettre un terme à l’existence de ce non-magique pathétique…

Il fit un pas vers elle.

- Mais j’ai pour mission d’assurer sa protection, et le MACUSA serait très mécontent d’apprendre que j’ai échoué. J’ai une réputation à préserver, tu te doutes bien.

Il rit doucement, une main dans la poche de son manteau où se trouvait sa baguette. Il n’avait nullement l’intention de faire du mal à Eleanora, mais le geste avait été instinctif.

Oh oui, leur petit jeu lui avait bien manqué.

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Ft. Edouard & Eleanora

Je pourrais maudire mon erreur de débutante quand une voix m'interpelle directement, mais ce n'est pas le cas, en vérité. Car je reconnais cette voix. Et, dois-je le reconnaître, elle m'avait manqué. Je n'ai pas revu Edouard depuis mon passage par la case prison. Evidemment, le fait qu'il soit un Auror, et que je doute qu'il soit là par hasard, devrait sans doute m'alarmer, mais je ne saurais être plus indifférente au risque que j'encours. Nous jouons de la même manière, tous les deux, aussi je sais qu'il ne me réexpédiera pas au pénitencier, ou pas dans la seconde en tout cas, ça manquerait beaucoup trop de panache. Cela ne ressemblerait à aucun de nous deux.

J'affiche un sourire quand mon interlocuteur remarque que, de toute évidence, mon séjour à l'ombre ne m'a apporté aucune leçon durable. C'est sûr, je pourrais jouer les repentantes qui a tout compris au sens de la vie derrière les barreaux. Mais si c'était le cas, j'aurais accepté mon sort et je n'aurais pas pris la poudre d'escampette. Je n'ai aucune intention de changer mon train de vie. Ce serait changer qui je suis, et ça m'emmerderait sévère, pour être honnête.

C'est sans aucune réserve qu'il évoque l'absence d'intérêt que lui inspire ce no-maj. Avec moi, il sait qu'il peut parler sans filtre, c'est pas comme si ma parole pourrait lui être compromettante. Et c'est pas non plus comme si je pouvais avoir l'intention de le balancer. Quand il ajoute qu'il doit assurer la protection de ce pauvre type sans intérêt, je devrais m'agacer. Après tout, je le connais, je sais qu'il est définitivement capable de me mettre des bâtons dans les roues. Mais en fait, dans ses paroles, j'entends comme un défi. A celui qui l'emportera le premier. Mais en l'occurrence, il faut que ce soit moi, je suis sévèrement à sec, là, j'ai même nulle part où crécher, c'est pas le moment pour moi de laisser un contrat juteux me filer sous les doigts, et puis il en va de ma réputation.

-Mais moi aussi je prends soin de ma réputation, je réponds en souriant. J'ai aucune intention de lâcher l'affaire. Je lui adresse un regard appuyé. Qu'est-ce que tu comptes faire contre moi, exactement ?

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Eleanora sourit. Ce sourire qu'il ne connaissait que trop bien. Ce sourire espiègle, taquin, avec une lueur de défi dans les yeux. Ce sourire qui dit : "Essaie un peu pour voir, tu ne m'auras pas", ce sourire qui avait manqué à Édouard. De toute évidence, elle n'avait pas l'intention de retourner bien gentiment vaquer à des occupations disons plus... Légales. Édouard était d'ailleurs bien mal placé pour lui dire quoi que ce soit à ce propos, lui-même baignant dans l'illégalité au point de se noyer dedans. Il n'en attendait pas moins d'elle de toute façon ; il aurait été très déçu si la sorcière ne jouait plus. En fait, il était même soulagé de voir que malgré la case prison, elle n'avait pas du tout changé.

Qu'allait-il faire d'elle ? Il n'en avait pas la moindre idée. Il pourrait la livrer aux autorités, elle croupirait en prison bien plus longtemps cette fois mais Édouard ne voulait pas qu'elle y retourne, et Eleanora devait probablement s'en douter, sinon elle n'aurait pas posé sa question de cette façon. Si elle s'était sentie en danger, elle aurait immédiatement agi en conséquence, soit par la manière forte, soit par la fuite. Il préféra donc jouer la carte de l'honnêteté, dans un premier temps.

- Je n'ai aucune intention de t'envoyer en prison une seconde fois. Mais ça, tu le sais parfaitement, pas vrai ?

Il regarda le bâtiment. L'homme n'était toujours pas sorti. Les idées fusèrent dans l'esprit d’Édouard. Il fallait empêcher Eleanora de vouloir commettre ce meurtre qui pourrait coûter très cher à l'Auror. Il s’imaginait, rentrant au Congrès magique en expliquant que le no-maj était mort, et qu'il en était responsable. Hors de question que les choses se passent de cette manière. Édouard ne supportait pas l'échec et même s'il jouait un double jeu avec le MACUSA, il accordait un soin tout particulier au travail bien fait. En quête d'inspiration, Édouard alluma une cigarette et resta silencieux un moment. Après quelques spirales de fumée, la cigarette pendant au menton, il ajouta avec un air malicieux :

- Bon, et si nous discutions un peu toi et moi, comme au bon vieux temps ? Le no-maj ne semble pas vouloir sortir dans l'immédiat, on pourrait échanger jusqu'à ce qu'il se décide à sortir et à ce moment-là, eh bien... Il sourit, amusé. Nous aviserons.

La situation ne se prêtait pas vraiment à la discussion, mais Édouard s'en fichait. Le sorcier soufflait toujours la fumée de la cigarette qui avait tendance à effacer un côté de son visage, tel un masque qu'il serait en train de porter. Il engagea alors la conversation le premier, en essayant de détendre l'atmosphère qui s'était quelque peu refroidie.

- Alors, que deviens-tu depuis la dernière fois ? Ça commence à remonter un peu mais tu n'as pas changé, toujours aussi ravissante.

Les compliments. Édouard savait en donner des tas, mais rarement sincères. Celui-ci était un vrai. Tout en attendant la réponse de la sorcière aux cheveux noirs, il n'omettait pas de jeter un coup d’œil au bâtiment. Toujours aucun signe du non-magique. Il fallait encore gagner du temps.

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Ft. Edouard & Eleanora

Je souris de plus belle quand mon interlocuteur m'assure qu'il n'a aucune intention de me renvoyer en prison. Il ne faut pas forcément que je me permette de le croire sur parole... mais je ne pense pas qu'il me baratine. Aussi, oui, je ne m'inquiète pas du mal qu'il pourrait éventuellement me faire, et à la place, je m'amuse d'une situation qui m'avait manqué, et je suis convaincue qu'il fait de même. Nous avons nos objectifs à titre personnel, et ni l'un ni l'autre ne lâcherons l'affaire, c'est une certitude. Mais en attendant, ce n'est pas comme si nous devrions nous priver de nos retrouvailles, en tout cas pour ma part, j'ai la ferme intention d'en profiter.

D'ailleurs, la manière avec laquelle il embraye me prouve que nous sommes bel et bien sur la même longueur d'onde tous les deux. Suggérant qu'on discute un peu. Je ne vais pas lui dire non. L'autre abruti a l'air parti pour cuver un long moment à l'abri du froid, ce sera toujours beaucoup plus intéressant... et stimulant, on ne va pas se le cacher, de se taper la causette avec lui que de rester seule dans mon coin. Alors oui, je ne vais pas perdre de vue mon objectif, surtout que je sais qu'il ne perdra pas de vue le sien de son côté. D'ailleurs, je suppose qu'il essaye entre autres de me détourner de mon premier objectif. C'est une possibilité, mais ce serait me sous-estimer. Ceci dit, je me dis qu'il est possible qu'il se laisse prendre à son propre jeu, et à cette idée, je trouve l'enjeu encore plus intéressant. Et si je me récupère quelques compliments au passage.

-Tu ne te défends pas trop mal non plus, réponds-je en l'observant avec attention. Mais pas trop longtemps tout de même. Parce que je dois zyeuter régulièrement ma cible si je ne veux pas faire le pied de grue pour rien. Bon, Edouard représente une contrepartie intéressante, mais ce n'est pas ce qui va mettre du beurre dans mes épinards. Donc tu es toujours Auror. Qu'est-ce que tu attends pour sauter définitivement de l'autre côté de la barrière ?

©️ Belzébuth

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Édouard fut ravi qu’Eleonora accepte de discuter avec lui. L'heure était pour le moment aux retrouvailles, les hostilités prendraient place un peu plus tard. Sa cigarette était à présent terminée. Il soupira en l'écrasant contre le mur et la jeta par terre. Il faudrait peut-être qu'il songe à arrêter un jour mais pour l'instant cela lui permettait d'être plus détendu. Ce constat l'incitait à penser que l'arrêt de sa consommation ne faisait pas encore parti de ses priorités.

Le trentenaire sourit de plus belle suite à la réplique de la sorcière. Elle allait toujours droit au but, sans tergiverser. C'était ce qu'il aimait chez elle. Aussi ne fut-il pas surpris lorsque cette dernière le questionna d'emblée sur le moment où il quitterait définitivement le MACUSA pour s'afficher en tant que fidèle de Grindelwald. Le fait qu'Eleanora sache pour ses agissements ne lui posait pas de problème. D'une part parce que malgré certains différends, il lui faisait confiance, et d'autre part parce que la jeune femme était recherchée et qu'elle ne pourrait pas aller le dénoncer au MACUSA. La parole d'une fugitive face à celle d'un Auror respectable, le verdict était facile à savoir. Finalement, la situation l’arrangeait bien.

Bref, la question d'Eleanora, il y avait très souvent réfléchi mais il n'avait jamais trouvé de réponse. Il se savait utile à son maître dans la position qu'il occupait actuellement car elle lui permettait d'avoir accès à des informations que le mage noir ne pouvait pas se procurer ailleurs. Si un jour Grindelwald lui ordonnait de le rejoindre au grand jour, il s'exécuterait immédiatement. Pour l'heure, il restait dans les rangs du Congrès Magique, à exécuter les missions comme un Auror exemplaire. Edouard était doué pour jouer la comédie et sa place au sein du MACUSA n'était plus à prouver désormais. Certes, quelques éléments ne lui faisaient pas totalement confiance mais il ne doutait pas que ce n'était qu'une question de temps. Il se délecterait alors des visages déchirés qu'il provoquerait lorsque l'heure serait venue pour lui de faire tomber son masque et de se révéler.

- J'attends tout simplement le bon moment.

En ce moment même, il attendait précisément le bon moment pour agir. Les traits de son visage ne laissaient pourtant rien paraître de ses doutes actuels quant à la meilleure manière de régler la situation. Il se surpris à espérer que l'homme mette une éternité encore avant de sortir du bâtiment pour passer plus de temps avec Eleanora, mais le temps, justement, était compté. Il demanda à la sorcière, après un bref instant de silence :

- Et toi, pourquoi est-ce que tu continues à vivre cette vie ?

Une vie de fugitive, cela ne devait pas être amusant tous les jours. Bien sûr, certains de ses patrons devaient la payer une forte somme car il ne doutait pas des talents d'Eleanora pour exercer le métier de tueuse. Une femme comme elle savait s'y prendre pour supprimer un individu. De plus, en étant actuellement recherchée, Eleanora aurait du mal à se trouver un autre travail et à se ranger dans une petite vie tranquille et "normale". Édouard le savait mais il était tout de même curieux de savoir si la jeune femme avait songé un jour à mener une vie plus paisible, sans la crainte d'être recherchée par les Ministères. Mais en fait, il se doutait qu'elle préférerait dans tous les cas poursuivre la vie qu'elle menait, avec son taux d'incertitude et d'adrénaline plutôt que de vivre une petite vie bien rangée et ennuyante.

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Ft. Edouard & Eleanora

Un sourire s’affiche au coin de mes lèvres quand j’entends la réponse de mon interlocuteur. Je sais, bien évidemment, qu’il ne le pense peut-être pas vraiment, qu’il cherche à me mener en bateau, ce qui est un peu notre spécialité à tous les deux, mais je doute fort que ce soit le cas, pourtant. Parce que je sais ce qu’il y a en lui, je sais qui il est vraiment. Ce qui ne veut pas dire que je suis à même de lire le fond de ses pensées, de savoir ses ambitions ou quoi que ce soit de ce goût-là. Mais les personnes de… notre nature se reconnaissent entre elles. Et je sais, dans le fond, que nous sommes tout sauf différent tous les deux.

Et quelque part, je suis impatiente de le voir sauter le pas, rejoindre l’autre côté de la barrière, justement. Impatiente et en même temps non. Je ne pense pas que notre petit jeu s’arrêter même si l’homme choisissait de quitter pour de bon le service de la loi, mais j’ignore si je trouverais la forme qu’il prendrait aussi satisfaisante que celle qu’elle a pour le moment. Impossible de le savoir pour l’instant. Et je me contente sans mal de ce que j’ai pour l’instant, parce que nos échanges me plaisent, et je le réalise d’autant plus que je m’en suis privée durant un temps que je découvre à présent bien trop long maintenant que je peux en profiter de nouveau.

La question d’Edouard me fait sourire, dans le fond, je suis certaine qu’il connaît déjà la réponse, mais j’aime bien, quelque part, qu’il prétende… même si c’est pour faire diversion, même si c’est pour me faire oublier l’homme que je dois buter. Je préviens, ça ne marchera pas. Ou si, ça marchera. On verra. Pour le moment, je me satisfais très bien de ce qui se joue ici et maintenant.

-En dehors du fait que j’ai un casier judiciaire longue comme le bras et que je devrais encore être à l’ombre, tu veux dire ? je demande d’un ton amusé, question toute rhétorique, qui n’exige évidemment pas de réponse de sa part. Tu sais très bien pourquoi, j’ajoute en m’avançant d’un léger pas, comme si nous n’étions pas suffisamment proches. Je pourrais pas vivre autrement. Sans… ce frisson. Tu verras, toi aussi tu voudras jamais revenir en arrière.

Sauf que lui aurait eu une occasion de mener effectivement une vie paisible et bien rangée. Ce qui n’a pas été mon cas. Dès la naissance, je suis née sous le sceau du crime.

©️ Belzébuth

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La réponse d'Eleanora était évidente, sans surprise. Malgré la tension présente, elle se permettait encore de faire de l'humour, caractère typique de la brune. Elle avait un don pour prendre les sujets les plus sérieux à la légère et c'était une chose qu’Édouard appréciait. Avec elle, il n'avait pas besoin de se prendre la tête. Malgré leur petit jeu des apparences, Édouard et Eleanora se comprenaient, ils étaient complémentaires l'un et l'autre. Même si le sorcier se complaisait à tenter de garder son masque, Eleanora n'était pas dupe et ne se laissait guère tromper facilement. Parfois, Édouard songeait que la vie aurait été bien ennuyeuse si elle ne lui avait pas fait rencontrer Eleanora.

Bien sûr que la sorcière ne pouvait pas mener une autre vie que celle qu'elle menait actuellement. Il se doutait d'ailleurs qu'elle voyait clair dans son jeu de vouloir gagner du temps. Pourtant, cela ne l'embêtait plus vraiment.

Lorsqu'elle lui fit constater qu'il avait eu, lui, l'occasion de mener une autre vie, il remarqua qu'elle n'avait pas tord. Édouard avait été un élève particulièrement brillant et apprécié. Il aurait très bien pu se ranger dans une vie propre et soumise aux lois. Seulement voilà, cette vie ne lui était pas destinée et il avait en horreur de devoir se soumettre à des ordres qu'il ne cautionnait pas. En France, peu de sorciers lui avaient fait confiance, en réalité. La plupart de ceux qui s'étaient rangés de son côté l'avaient uniquement fait parce qu'ils voyaient en Édouard un allié de taille du fait de sa puissance, mais pas un allié du fait de ses idéologies. D'ailleurs, quand le Ministère français avait commencé à le soupçonner d'attiser la haine envers les non-magiques, la plupart de ses "alliés" s'étaient alors détournés de lui. Leur hypocrisie avait fait comprendre au jeune sorcier que le monde était gouverné par les individus de pouvoir, et que peu importait si ce pouvoir était juste ou non, l'essentiel était de le détenir pour que les gens le suivent. Puisqu'il était parfaitement en adéquation avec les idéaux de Grindelwald, il se confortait dans l'idée que lorsque le mage noir serait au pouvoir, plus personne ne le considérerait comme une menace, mais comme un sauveur.

Elle fit un pas vers lui. A présent, ils étaient très proches, si proches qu’Édouard sentit son souffle sur lui. Il la dévisagea, intrigué. Le sorcier se laissait difficilement aller aux sentiments. Pourtant, Eleanora avait un pouvoir sur lui qu'il ne pouvait nier, même s'il le voulait. La fierté du sorcier en prenait toujours un coup, lui qui se qualifiait sans arrêt d'invincible, d'insensible. Il serra les poings pour les empêcher de glisser dans les cheveux noirs de jais de la sorcière. Il sentait le regard de cette dernière, ses yeux qui perçaient chacune de ses défenses. Il était à présent intimement certain qu'elle pouvait voir tout ce qu'il ressentait vraiment.

La vue de l'homme sortant du bâtiment lui fit brusquement reprendre contact avec la réalité. Il le vit très clairement fermer la porte derrière lui et marcher ensuite dans la rue. Charles Wyndam-Matson disparut à l'embouchure d'une ruelle, certainement pour aller dans le café du coin qu'il appréciait. Édouard se dit qu'Eleanora avait, comme lui, parfaitement bien cerné les habitudes du vieil homme et qu'elle n'aurait aucun mal à le retrouver. Cependant, il n'était pas question pour Édouard d'échouer dans sa mission. Protéger un no-maj était l'un des pires affronts qu'il pouvait faire à son maître mais il savait que cette mission était particulièrement bénéfique pour lui. S'il rapportait au MACUSA qu'il avait réussi à protéger ce non-magique aujourd'hui, il ne pourrait que bien se faire voir.

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Ft. Edouard & Eleanora

J'aime jouer... Et quand on aime jouer autant que moi, il fallait accepter de perdre à certaines occasions... normalement. Mais ce n'est pas parce que j'aime jouer que je suis bonne joueuse... ou que je ne prends pas la peine de tricher quand la situation le permet. Mais là, il faudra bien que je le reconnaisse... j'ai loupé mon coup. Dans mon intention de troubler mon interlocuteur comme j'estime si bien savoir le faire, j'ai détaché mon regard d'une autre sorte de cible que je n'aurais pas dû perdre de vue. Je n'ai pas vu ma future victime quitter le bâtiment. C'est le silence soudain qui s'impose entre nous qui me met la puce à l'oreille. Je détourne le regard de mon interlocuteur et cherche un signe de ma cible... c'était mon créneau, le moment où il m'aurait été le plus accessible... Maintenant, et surtout avec Edouard dans les pattes (quoique je ne fasse que prétendre que ce dernier point me dérange vraiment), je n'ai aucune chance de l'avoir ce soir. Mais je n'aime pas baisser les bras... peu importe les circonstances. Mes yeux sombres se reportent sur mon interlocuteur.

-Ce serait vraiment si grave pour toi, si je bute ce crétin ? Je n'envisage toujours pas de réduire la distance entre nous. Je pense cerner ce que l'intensité du regard qu'il m'a adressé plus tôt peut bien vouloir dire... même si j'y injecte forcément, bien évidemment, une part de mes propres désirs, je le reconnais. Tu ne voudrais pas faire une petite entorse à tes habitudes, pour une fois ? Pour moi ?

Oh, je le sais, il ne m'a pas attendu pour trahir les principes supposés le guider en tant qu'Auror. J'ai entièrement conscience de cela. Je sais tout aussi pertinemment qu'il doit avoir de bonnes raisons de vouloir rester campé sur ses positions. Et je peux accepter, voire apprécier la concurrence. Mais j'ai besoin de ce contrat, j'ai besoin de me refaire un nom dans le milieu... On parle des repris de justice et de la difficulté qu'ils ont à se réinsérer, mais croyez bien que la tâche n'est pas beaucoup plus simple pour les criminels sortis de prison sans intention de repentir.

-Je te laisserai participer, si tu veux...

:copyright:️ Belzébuth

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A la demande d'Eleanora de mettre un terme à la vie du no-maj, la réponse était sans appel du côté d’Édouard. Du moins, c'est ce qu'il pensait dans un premier temps.

Elle savait jouer avec ses sentiments, c'était évident. Déjà, elle avait pleinement conscience de l’intérêt qu'il lui portait. Ensuite, elle connaissait la haine qu'il éprouvait pour les non-magiques et s'il n'était pas Auror actuellement, il n'aurait eu aucune hésitation à participer à l'assassinat de Charles Wyndam-Matson. En plus, le faire avec Eleanora aurait été plutôt amusant. La proposition de la jeune femme était alléchante, le mage devait le reconnaître. Tuer un no-maj pouvait être une activité satisfaisante. Se salir les mains "pour le plus grand bien" était quelque chose de jouissif. Toutefois, il n'était pas en mission pour le mage noir en ce moment mais pour le MACUSA. En tant qu'agent double, il devait impérativement surveiller ses arrières et mener les missions qui lui étaient confiées le mieux possible était le meilleur moyen pour lui d'assurer la confiance qu'il avait durement acquise au sein du Congrès Magique des États-Unis. D'un autre côté, il ne pouvait pas se voiler la face et il lui fallait admettre malgré lui que seule Eleanora pouvait être en mesure de le détourner de ses fonctions, quand bien même il s'agissait d’œuvrer pour Grindelwald. C'était une faculté dangereuse.

- Je dois admettre que ton offre est... Très tentante.

Impossible de le nier. Cela aurait sonné faux s'il avait refusé tout net la proposition de son interlocutrice. Garder son objectif en vue était de plus en plus compliqué pour lui et il s'en voulait terriblement. Une voix dans sa tête n'arrêtait pas de lui murmurer que les répercussions seraient très néfastes s'il se laissait aller de la sorte. Voir périr le non-magique pourrait être satisfaisant sur le coup, mais sur le long terme cela ne l'arrangerait pas. Que devait-il faire alors ? Il ne savait pas vraiment quelle était la bonne décision à prendre. S'il était tombé sur un autre sorcier voulant tuer le no-maj, il se serait fait une joie de l'arrêter. Le fait que ce soit Eleanora n'arrangeait pas du tout ses plans, et le fait qu'elle en ait conscience ne l’arrangeait pas non plus.

- Mais je ne peux pas...

Sa voix n'avait plus le même ton assuré qu'avant. Les paroles de la sorcière le faisaient douter et cela l'agaçait. Pourtant, il savait au fond de lui que la meilleure chose à faire était d'empêcher Eleanora de parvenir à ses fins. Il partait avec un sérieux handicap en refusant de l'arrêter pour la mettre de nouveau derrière les barreaux.

- Bon, je ne peux pas te laisser faire et tu ne peux pas abandonner ton contrat. Nous voilà bien emmerdés. Quelle solution nous reste-t-il à ton avis ?

Ses yeux perçants cherchaient une faille chez la jeune femme. La chose qui le tourmentait le plus en réalité n'était pas le moldu, ni sa mission, mais le regard insistant qu'Eleanora posait sur lui. Si elle voulait jouer avec lui, Édouard pouvait en faire autant de son côté. Il savait en revanche que dans ce petit jeu, il y avait une part de sincérité.

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Il pourrait simplement faire comme si ma petite proposition n'éveillait en lui aucune forme d'intérêt. Ce n'est pas le cas. Quand il me dit être tenté, je le crois aisément sincère. Et ça me plaît. Même si sa réponse ressemble bien à un refus. Oh, au fond, je savais que ce ne serait pas si simple, qu'il ne me suffirait pas de lui faire les yeux doux pour qu'il cède à mon offre. Il n'empêche... ça ne m'aurait pas déplu. Pas déplu du tout, même. Mais soit, au fond, je comprends. Il a ses raisons. J'ai les miennes.

Et elles ne sont pas compatibles. Dommage. Car je crois qu'en vérité, pour ce qui est de la compatibilité, il y a des signes qui ne trompent pas. Je sens bien qu'il ne faudrait pas grand-chose pour qu'il puisse, en dépit de ce qui l'affirme. En attendant, chaque chose en son temps. Nous nous trouvons face à un dilemme, mais il n'a rien de cornélien, je pencherais plutôt pour une sorte de concurrence relativement excitante, même si l'enjeu de celle-ci ne doit pas être pris à la légère.

-Je suppose que tu devrais m'arrêter, réponds-je, sans le lâcher des yeux. J'aime l'insistance de son regard, j'aime l'intensité qu'il affiche quand il me toise de la sorte. Je sais qu'il ne m'arrêtera pas. Sinon ce serait déjà chose faite. Ou bien je devrais te tuer.

Je le ferais sans doute si ce n'était lui. Il n'est pas seul à trahir ses habitudes en présence de l'autre. Tuer un Auror, c'est trop risqué, je l'ai jamais fait, mais si on devait me mettre des bâtons dans les roues ou chercher à me renvoyer en prison, je me défendrais, c'est légitime, non ? Mais non, je ne tuerais pas Edouard.

-Pour ce soir, c'est cuit de toute manière, je reconnais quand même en haussant les épaules. Je ne vais pas agir sous le nez de mon interlocuteur, j'ai tout de même certaines limites. On se les gèle, ici, non ? Tu m'invites à boire un verre ?

Et quoi ? D'accord, il va falloir que je révise ma stratégie, mais quitte à baisser temporairement les bras, autant me consoler comme je le peux. Je n'ai aucune envie que notre conversation s'arrête tout de suite.

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Tête penchée, il enregistrait, analysait, cataloguait. Difficile de déterminer le rôle des deux personnages présents ; lui, l'Auror en mission pour le MACUSA, chargé de protéger un no-maj. En face, Eleanora lui donnant la réplique sous les traits d'une tueuse, prête à tout pour honorer son contrat. Convaincant, mais pas parfait. Il y avait une note d’intérêt, enfouie là quelque part, une curiosité qui surpassait le reste. Un éclat sombre s’illumina dans les yeux d’Édouard, satisfait. Elle se disait prête à le tuer, mais ses mots, aussi calmes et posés soient-ils, sonnaient creux à ses oreilles. La menace n'avait pas la moindre chance d'être véritablement prise en considération du côté du sorcier. A tord, peut-être, enfin il connaissait Eleanora pour savoir qu'elle ne pourrait rien tenter contre lui non plus.

Bon, il devait l'avouer, il ne s'attendait pas à ce qu'elle lui propose d'aller tranquillement boire un verre. C'était en revanche un bon compromis car il était évident que les deux sorciers n'auraient pas ce qu'ils cherchaient ce soir. Inutile de tenter des deux côtés quoi que ce soit en présence de l'autre, c'était perdu d'avance. Un verre donc, était une bonne idée et il était vrai que le froid devenait de plus en plus insupportable. Quitte à discuter encore avec Eleanora, autant le faire au chaud. Il hocha alors la tête et déclara :

- Voilà une excellente idée.

Boire un verre, d'accord, mais pas n'importe où. Édouard n'allait quand même pas débarquer dans un bar avec une criminelle recherchée. Si quelqu'un les voyait ensemble, il pouvait dire adieu à son travail et il n'en était pas question. Le point positif, c'était qu'ils se trouvaient au Bronx, quartier réputé pour être mal famé. Les honnêtes gens évitaient soigneusement de se balader ici et le risque de croiser des Aurors étaient quasiment nul car Édouard savait qu'il était le seul en mission dans ce secteur à l'heure actuelle. Cela ne voulait cependant pas dire qu'il ne pouvait pas tomber sur une connaissance, quand bien même les chances étaient minimes. Édouard devait se montrer prudent.

- Mais tu sais bien que je ne peux pas me pointer dans un bar avec toi.

En plus, théoriquement, il était toujours en service puisque sa journée n'était pas terminée. Toutefois, ne pouvait-il pas faire une entorse à son rôle, ne serait-ce qu'un moment, pour passer un peu plus de temps avec Eleanora ? Oui, il le pouvait. Il lui suffirait de rédiger un rapport qu'il remettrait le lendemain à son bureau stipulant que pour l'heure, le danger qui pesait sur le no-maj était écarté mais qu'il soupçonnait bien que des sorciers tenteraient de nouveau de s'en prendre à lui. Il n'allait pas faire part de ce rapport avec Eleanora, elle était assez grande pour se débrouiller toute seule si jamais un autre Auror venait lui mettre des bâtons dans les roue.

- Si tu veux boire un verre, nous le boirons chez moi.

C'était le lieu le plus sûr. Au moins là-bas, aucun risque de tomber sur quelqu'un. Les bars clandestins n'auraient pas été une meilleure solution car il voulait à tout prix éviter qu'on le surprenne dans de tels endroits. Les rumeurs allaient vite et si elles remontaient jusqu'au MACUSA, son supérieur n'apprécierait pas vraiment de savoir qu'il fréquentait ce genre de bar.

***

Et la voici en territoire ennemi. Son territoire. Édouard alla saisir deux coupes, emplies d'un riche champagne. Lui tendant l'une des coupes, il souffla d'une voix amusée :

- Bien, il ne nous reste plus qu'à boire à notre échec concernant la protection et le meurtre de ce no-maj.

Il porta ensuite la coupe de champagne à sa bouche et en goûta le contenu. Puis, il s'assit sur une chaise et posa le verre sur la table, ne tenant pas à en boire d'avantage pour l'instant.

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Une excellente idée, je n'en suis pas certaine. Pour lui comme pour moi, c'est un peu trop jouer avec le feu. Mais justement, c'est ce qui nous plais, jouer avec le feu. En ce qui me concerne, en tout cas, mais je pense avoir suffisamment bien cerné Edouard pour pouvoir parler à sa place, du moins sur ce point spécifique. Alors soit, nous boirons ce verre, et puisqu'il ne veut pas être vu en public avec moi (ce qui est au fond très compréhensible), nous irons chez lui. Je n'avais pas forcément pensé à ça, mais ça me plaît d'autant plus. Investir son espace privé, découvrir l'endroit où il se terre, me retrouver seule à seul avec lui dans un cadre plus intimiste, tout cela ne peut que lui plaire en tout point. Alors je n'oppose évidemment aucune résistance.

Et nous nous retrouvons chez lui. Une fois à l'intérieur, je ne me prive pas de tout observer, scruter, analyser... Je suis intriguée par ce que je pourrais découvrir ici. Me retrouver dans l'appartement d'Edouard Blum était bien la dernière chose que je m'imaginais faire ce soir, mais j'aime qu'on me surprenne, et en l'occurrence, je ne regrette pas d'avoir donné au no-maj insignifiant dont la tête est mise à prix un délai de vie supplémentaire. Il peut bien attendre, j'irai le cueillir plus tard. Sauf si on m'en empêche.

Il me tend une coupe de champagne, je ne fais pas dans la boisson aussi distinguée en règle générale, mais ça me plaît... Tout dans cette situation trahit mes habitudes (même si j'en ai quand même très peu, la routine est une ennemie), et j'adore ça, j'adore terriblement ça.

-A notre échec ou à ma victoire, qui te dit que je n'étais pas juste là pour faire diversion et t'éloigner pendant qu'un complice prenait soin du no-maj ? je suggère dans un sourire avant de porter la coupe de champagne à mes lèvres. C'est un tissu de conneries, bien sûr, et je ne cherche pas vraiment à être convaincante. La stratégie n'aurait pas été mauvaise, mais j'ai toujours agi seule. Et je pense qu'il le sait. C'est pas si mal, chez toi, j'ajoute en jetant un regard circulaire autour de moi, ça a de la gueule.

En même temps, c'est pas tous les jours que je mets les pieds dans un vrai appartement, je peux difficilement me payer ce genre de luxe.

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Édouard la laissait jauger son appartement. Elle était visiblement agréablement surprise de la situation présente, ce qui était une bonne chose. En lui tendant la coupe de champagne, il avait bien remarqué que ça ne devait pas faire partie des habitudes de la criminelle de boire ce genre de boisson gazeuse. Après tout, Eleanora ne devait pas rouler sur l'or à cause de son statut de fugitive. Elle devait désormais vivre à droite à gauche, sans domicile fixe. En tout cas, elle accepta avec plaisir le breuvage.

Elle lui suggéra ensuite la possibilité d'avoir laissé un complice s'occuper du no-maj. Il la regarda en plissant les yeux. Eleanora n'aimait pas le travail en équipe, elle préférait s'occuper seule de ses missions. Il ne croyait donc pas un traître mot sur cette diversion, mais ne dit rien pour le moment.

Sa remarque sur son appartement le fit sourire. Édouard habitait au dernier étage d'un immeuble dans un quartier chic de New York. Son appartement, de grand standing, respirait l'élégance. Évidemment, ce n'était pas tous les jours qu'elle devait se trouver dans un endroit pareil.

- Tu savoures un privilège que je n'accorde pas à la légère.

Les personnes qui pénétraient dans son appartement étaient des personnes que le sorcier estimait dignes d’intérêt. Les intérêts variaient : passer du bon temps avec une femme, échanger avec d'autres fidèles de Grindelwald sur l'avancée du mage noir, convaincre des futurs partisans.

Lorsqu'elle porta la coupe de champagne à ses lèvres, il la fixa sans rien dire. Édouard avait connu une Eleanora plus suspicieuse. Étrange qu'elle est acceptée de boire dans le verre qu'il lui avait donné sans prendre soin de vérifier qu'il ne contenait pas une quelconque drogue, un quelconque poison.

Tout en reprenant une gorgée de champagne, il étudia son interlocutrice du regard, la décortiquant scrupuleusement. Elle débordait toujours d'assurance, le provoquant même dans son propre appartement. Passionnant. Définitivement intéressant. Elle allait très certainement continuer ce petit jeu, peut-être même tenter de le dominer... C'était là un match qu'il aimait beaucoup... Sa résistance pourrait peut-être s'avérer solide... Solide et donc des plus amusantes. Eleanora avait une cervelle qu'elle savait très bien faire cogiter. Elle faisait une distrayante joueuse.

- Tu m'amuses, Eleanora.

Ça, elle le savait. Plongeant son regard dans le sien, comme s'il cherchait à lire au plus profond de son âme, Édouard reprit d'une voix douce :

- Toutefois, tu devrais revoir ta stratégie. Un joueur qui croit mener le jeu est facilement malléable.

Jouant à son tour, il lui demanda :

- Par exemple, qui te dit que je n'ai rien caché dans ton verre pour ensuite pouvoir te livrer tranquillement au MACUSA ?

Heureusement pour elle, Édouard laissait ce genre d'agissement vicieux à d'autres. La soirée des retrouvailles était trop belle pour la gâcher de cette façon.

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Un privilège qu'il n'accorde pas à la légère, hein ? J'ignore si c'est vrai ou s'il me mène en bateau, mais en tout cas, l'idée me plaît, alors je ne compte pas la balayer d'un revers de manche. Dans tous les cas, privilège ou non, il est vrai que je le savoure, et je n'envisage pas de me retenir. Je continue mon examen minutieux de son appartement quand mon interlocuteur reprend la parole. Je l'amuse. Je le sais. Ce n'est que justice. Je l'amuse, il m'intrigue. Je pense que c'est quelque chose d'assez équitable au bout du compte.

Je daigne tourner les yeux vers lui quand il évoque la coupe de champagne que je sirote. Je n'aurais de toute façon pas pu me soustraire à son regard tant il est pénétrant, alors je le soutiens, et un sourire en coin s'affiche sur mes lèvres quand il me fait remarquer qu'il aurait tout à fait pu droguer ou empoisonner mon verre.

Peut-être que j'aurais pu m'en inquiéter, mais ce n'est pas le cas. Comme il doit savoir pertinemment que je n'ai pas de complice, je devine qu'il ne me ferait pas un coup pareil. Je reconnais que cette présomption repose sur des bases assez peu solides, car au final, je n'en sais pas tant que ça sur mon interlocuteur... Pourtant, je suis vraiment sûre de ça. Non, il ne m'a pas droguée, et comme pour bien faire comprendre à Edouard que son propos n'éveille en moi aucune forme d'inquiétude, je bois une plus large gorgée de mon verre.

-Voyons, Edouard, dis-je en soutenant son regard qu'il a plongé dans le sien. Je sais très bien que ce ne sont pas tes méthodes.

Je le dis comme une certitude, alors même que je ne sais pas grand-chose de ses méthodes en question. Mais de toute façon, au point où j'en suis, je ne crains pas grand-chose à y aller au culot. S'il a vraiment drogué mon verre, ce n'est pas comme si je pouvais encore y faire quoi que ce soit à l'heure actuelle.

-Et puis, tu n'as pas besoin de ce genre de procédés pour m'avoir à ta merci, j'ajoute, ne choisissant évidemment pas mes mots au hasard.

Techniquement oui, il a l'expérience, les réflexes, c'est un Auror aguerri, et j'ai beau être débrouillarde, je ne ferais pas long feu face à lui sans qu'il ait besoin d'agir comme il le fait. Pour ce qui est de nos objectifs contraires, je sais que nous sommes capables de nous mettre des bâtons dans les roues, mais je sais aussi qu'il y a des limites que nous ne franchirons pas, sinon pourquoi ne pas l'avoir déjà fait. Il ne me livrera pas au MACUSA, je ne révèlerai rien de sa part obscure à ceux qui n'en ont aucune idée. Un marché implicite que je trouve plutôt honnête.

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Effectivement, l'empoisonnement ne faisait pas parti de ses méthodes. Édouard était satisfait de voir qu'elle n'était pas tombée dans le panneau. En même temps, il aurait été fort déçu si elle s'était laissée avoir.

Confortablement installé sur sa chaise, il croisa les jambes et sortit son étui à cigarettes. Il en alluma une et en offrit une autre à Eleanora. Tous deux s'analysaient. C'était un jeu de pression, de pouvoir. Son jeu. Édouard était un expert dans ce domaine. C'était ce qui lui valait d'effrayer autant que de fasciner ses pairs, ses collègues, les personnes qu'il avait pu fréquenter au cours de son existence. L'existence était une longue et délicate partie d'échecs, durant laquelle le sorcier, en joueur professionnel, déployait ses atouts et protégeait ses faiblesses avec dextérité et réflexion.

Il croisa de nouveau le regard d'Eleanora pour apercevoir son âme au travers de ce miroir limpide. Édouard éprouvait un malin plaisir à ancrer ses yeux dans ceux de ses interlocuteurs, quitte à créer une forme de malaise. On pouvait lire tant de choses dans le regard d'autrui... On y devinait l'incertitude, la crainte, le besoin d'être rassuré, une supplique permanente...

Édouard puisait au sein de tous ces regards les informations nécessaires pour lui permettre de mener sa meilleure stratégie. La spontanéité ? Une forme d'expression bien rare pour l'auror, qui préférait mille fois maîtriser chaque aspect de ce qu'il pouvait renvoyer, de ce que les autres percevaient de lui... Permettre à la chance et au hasard de diriger sa vie, cela le conduirait inévitablement à la défaite. Au chaos.

Il ne lisait pas de faiblesse dans le regard d'Eleanora. Comme lui, elle était sûre d'elle et semblait décidée à lui prouver quelque chose. De différentes manières, ils jouaient au même jeu. Mais leurs stratégies divergentes les menaient finalement à un but semblable : parvenir à tirer leur épingle du jeu de la façon la plus efficiente possible.

Édouard étira un sourire sur ses lèvres. Ils semblaient voués à se jouer l'un de l'autre constamment, en sachant pertinemment leurs véritables intentions respectives. Ils étaient égaux. Et Édouard était bien décidée à le lui faire comprendre. Qu'elle sache où se trouvait sa place et ne se sous-estimait plus. Édouard répliqua après la remarque d'Eleanora, entre deux bouffées de cigarette :

- Tu te sous-estimes, là. S'il y a bien une personne qui n'est pas à ma merci, c'est bien toi.

Et pourtant, Édouard aurait bien aimé pouvoir se vanter de compter Eleanora parmi ses trophées, une autre victime de ses manipulations. Car des victimes, il en comptait beaucoup. Le trentenaire savait déceler les faiblesses chez les autres et les exploiter. Un autre sourire naquit sur ses lèvres, tandis qu'il se remémorait les personnes qui étaient tombées dans ses filets... Bon nombre d'entre eux avaient continué à l'aimer sans même réaliser à quel point il les manipulait. Certains, dont il avait pourtant précipité la chute, l'avaient même remercié. N'était-ce pas délicieusement ironique ?

Certes, il avait l'avantage physique sur elle. En tant qu'Auror, Édouard avait été entraîné à vaincre des adversaires bien plus coriaces que la jeune femme, et pourtant elle faisait une adversaire redoutable. Elle était aussi douée que lui pour la ruse, et il avait du respect pour elle. Elle était... Fascinante. C'était le premier mot qui lui venait à l'esprit lorsqu'il pensait à elle. Fascinante. Elle n'était pas comme tous ces gens qu’Édouard avait l'habitude de côtoyer et de jauger pour finalement les dominer. Elle était probablement faite du même bois que lui, bien que leurs méthodes et leur perception de la vie différaient.

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J'aspire une bouffée de cigarette avec un certain contentement. Je dois bien dire que je me sens comme un poisson dans l'eau, ici et maintenant. Je savoure un excellent champagne, fume une cigarette de bonne facture, le tout dans un appartement luxueux en compagnie agréable et captivante. Je n'aurais pas pu mieux occuper mon temps. Ou si, en tuant le no-maj encore en vadrouille auquel j'ai donné pour la peine un répit absolument pas mérité. Mais ce n'est vraiment pas sur celui que je continue de considérer comme une future victime que je souhaite me concentrer. Je préfère très largement m'intéresser à l'heure actuelle sur la personne la plus susceptible de saborder ce projet pour de bon.

-Tu n'aurais pas un discours différent si tu cherchais justement à me dominer en me caressant dans le sens du poil.

Et pourtant, je suis convaincue de sa sincérité. Une fois encore, je me contente de me fier à mon instinct, et je ne peux en aucun cas affirmer que ce dernier est effectivement fiable à cent pour cent. Ceci dit, j'aime penser ainsi : je ne suis pas à sa merci, il n'est pas non plus à la mienne. Comment le pourrions-nous ? Deux forces équivalentes qui se jaugent, se plaisent sans doute également, mais n'ont pas réellement d'ascendant l'une sur l'autre. Ce qui rend peut-être notre rivalité de façade d'autant plus vaine. Mais aussi beaucoup plus divertissantes. Un jeu où nos chances de gagner sont si équivalentes que le match sera peut-être toujours nul. Et quelque part, dans le cas inverse, la satisfaction du gagnant finirait presque par devenir amère.

-Mais j'apprécie.

Je tire une nouvelle latte de ma cigarette. Je ne l'ai pas lâché des yeux un seul instant, ça fait bien évidemment partie du jeu. Je laisse passer un temps de silence, puis je reprends la parole.

-Qu'est-ce qu'on fait, maintenant ?

Question qui peut sembler surgir de nulle part, mais n'est pas posée sans intention, volontairement ouverte à toutes les perspectives possibles et à toutes les interprétations imaginables, une fois encore non sans raison. Je n'en dis pas plus, j'attends, et dans l'attente, je me sers sans attendre qu'on m'y invite une nouvelle coupe de champagne. Non, les bulles ne me monteront pas trop vite à la tête, j'ai une descente plus que convenable.

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En jetant un coup d’œil à la fenêtre, Édouard aperçut qu'une pluie battante s'était mise à tomber au dehors. Cela n’étonna guère le trentenaire car depuis quelques jours maintenant il faisait ce temps de chien, mais il ne put s’empêcher de lâcher un soupir puisqu’il détestait la pluie. Fort heureusement, il passait un excellent moment en bonne compagnie, au chaud, avec un délicieux champagne. Une soirée agréable donc, et Eleanora semblait penser la même chose que lui. En effet, elle avait l’air particulièrement à l'aise dans cet appartement ; la manière dont elle savourait son champagne et sa cigarette le montrait.

Pour répondre au sorcier, elle suggéra que ses paroles ressemblaient justement à celles de quelqu’un qui souhaitait la manipuler par des flatteries. Ce n'était pas le cas, il pensait sincèrement ce qu'il lui avait dit. Eleanora l’avait bien compris puisqu’elle rajouta après avoir marqué une pause qu’elle appréciait la remarque. L'auror se montrait difficilement franc avec autrui, seules quelques rares personnes de son entourage pouvait le cerner parfaitement. Eleanora faisait partie de ces personnes, bien qu'il se méfiât toujours un peu de cette femme. Après tout, il ne savait jamais vraiment à quoi s'attendre avec elle.

Elle se permit de se resservir un verre sans attendre qu'il lui en repropose un, mais il ne s’en offusqua pas du tout. Même si Édouard avait le sens des bonnes manières, cela ne le dérangeait pas que son invitée fasse comme chez elle. Il décida de la suivre en remplissant son propre verre et prit une petite gorgée de l’excellent breuvage qui lui procura une agréable sensation de picotement dans la gorge. En général, il n’était pas un très grand amateur de champagne et préférait discuter en sirotant un verre rempli d’un délicieux whisky Pur Feu, mais il avait choisi d’ouvrir sa bouteille de champagne en songeant qu’Eleanora devait certainement préférer cette boisson au whisky.

En demandant ce qu'ils allaient faire à présent, Édouard se mit à sourire mais ne répondit pas immédiatement. Le sorcier était parti pour continuer à discuter avec elle encore un bon moment, tout en sirotant quelques verres mais visiblement la jeune femme avait une autre idée en tête.

- Je crois que tu ne pourras pas sortir de cet appartement avant au moins une longue heure, dit-il en faisant référence au temps dehors. Il affichait toujours un sourire lorsqu'il se leva pour se diriger vers elle.

- Il va falloir trouver une distraction qui puisse nous occuper un moment…

Lorsqu’il arriva au niveau d’Eleanora, il glissa une de ses mains dans ses cheveux, l'autre sur sa joue et l'embrassa. Il n’avait pas vraiment songé en emmenant la jeune femme dans son appartement que les choses pourraient évoluer de cette manière mais maintenant qu’il s’était lancé, autant aller jusqu’au bout.

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Dehors, le temps s'est gaté, la pluie tombe dru. Il en faudrait plus pour me dissuader de mettre le nez dehors si vraiment je le décidais... mais je suis bien ici, la fumée, les vapeurs d'alcool, le regard d'Edouard sont autant d'arguments qui plaident en la faveur de cet instant et ne m'invitent en rien à disparaître où que ce soit, une longue heure. Nous voilà coincés ici, présume-t-il, pour au moins une longue heure. Mon sourire s'élargit. Pas besoin d'être legilimens pour lire clair dans son jeu. Et son jeu est aussi le mien. Je pourrais peut-être décider, pour l'amour du jeu, de le laisser en plan, ici et maintenant... c'est dans mes méthodes parfois. Pas ce soir. Là, j'ai aucune envie d'être ailleurs. Je me languis de la suite. Et elle ne tarde pas.

Ce qui devait arriva. Il se rapproche de moi. Ses lèvres se posent sur les miennes. Je ne recule pas, j'enroule mes bras autour de sa taille, me presse contre lui, prolonge son baiser. On ne va pas se le cacher, ça fait un bail que j'en ai envie. En même temps, seul un aveugle pourrait nier qu'il est attirant. Mais en l'occurrence, ce n'est pas que physique. Il m'attire pour ce qu'il est. Je connais peu d'hommes comme lui... et quelque part, c'était inévitable. Est-ce que ça veut dire que, dans un instant, on cessera de se mettre des bâtons dans les roues, est-ce que ça veut dire que je lui cède du terrain ? C'est pas comme ça que je vois les choses. En même temps, je crois bien qu'on s'en fout, pour l'instant, pas vrai ?

-Je ne suis pas certaine qu'une heure soit assez, dis-je dans un fin sourire, un regard intense plongé dans le sien, mon souffle déposé sur son visage.

Et je n'attends pas davantage pour m'emparer à mon tour de ses lèvres. Je n'attendais pas un tel retournement de situation, mais peut-être que je l'attendais un peu dans le même temps, et je compte bien mettre à profit la situation telle qu'elle est actuellement, sans me soucier de l'impact qu'elle saura avoir - ou non - sur notre relation dans l'avenir.

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Eleanora ne refusa pas ses avances, bien au contraire. Il n’était pas étonné : depuis le début, les deux sorciers ne pouvaient échapper à l'attirance qu'ils avaient l'un envers l'autre. Édouard sourit suite à la remarque de la jeune femme. Il imaginait parfaitement qu'il n'était plus possible pour lui comme pour elle de refréner l'ardeur montante et qu'ils allaient passer toute la nuit ensemble. Cela lui convenait très bien.

- Effectivement… murmura-t-il d'une voix essoufflée par le baisé, avant de partir de nouveau explorer les lèvres de la sorcière. Ils basculèrent sur le canapé, s'étreignirent de plus bel, se lovèrent l'un contre l'autre avec cet incontrôlable désir, celui de sentir l'autre.

Corps contre corps. Chaleurs et caresses. Plaisir et désir. Cet ensemble de mots les qualifiait, Eleanora et lui, à la perfection. C’était comme s’ils étaient seuls en ce bas monde. Et en l'instant, c'était bien cette impression qui régnait autour d’eux. La pluie n'était plus qu'un vague souvenir même si elle venait encore tomber contre les fenêtres.

***

Il ouvrit les yeux. La nuit agitée avait laissé place à un faible soleil comme en témoignaient les rayons lumineux qui perçaient par les volets. Il se releva lentement du lit et regarda à côté de lui la silhouette encore endormie d’Eleanora. Un coup d’œil à son horloge lui indiqua qu’il était presque en retard à son travail. Ce n’était pas très grave, il n’avait aujourd’hui aucune affaire urgente à régler, mis à part remplir son rapport sur sa mission concernant le no-maj. Cette mission était déjà pour lui de l'histoire ancienne, il avait des choses plus importantes à régler au MACUSA et il refusait de jouer les gardes du corps pour cet être inférieur encore longtemps.

Le sorcier s’habilla et se prépara prestement. Il déchira une feuille de son carnet de notes et écrivit dedans :

Bonjour Eleanora. Bonne nouvelle pour toi : je ne suis plus sur l’affaire Charles Wyndam-Matson à partir d’aujourd’hui. Considère cela comme un petit cadeau de ma part. Je te souhaite une bonne chasse.

Puis, il déposa le papier sur la table du salon. Il quitta ensuite son appartement, laissant la tueuse seule. Il accordait sa confiance à la jeune femme. Peut-être à tort. En tout cas, au vu de la soirée qu’ils venaient de passer, certaines choses avaient changé pour eux. Désormais, ils étaient bien loin de leur habituel jeu du chat et de la souris.

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Je dors d’un sommeil de plomb, ça faisait un bail que je n’avais pas aussi bien dormi. Faut dire aussi que ça faisait un bail que je m’étais pas retrouvé dans un pieux aussi confortable. Je crois bien que j’aurais pu m’enfoncer dans ce putain de matelas et m’y laisser mourir. La soirée de la veille ? à la hauteur de mes espérances. Peut-être même au-delà de mes attentes, en fait. Edouard est un homme… plein de surprises. Et si je n’avais pas exactement planifié qu’il devienne mon amant, c’était quelque part… logique. C’est ce que nos corps semblaient tout aussi bien nous signaler. C’était logique.

Je ne m’étonne pas, quand j’ouvre les yeux, de constater qu’il n’est pas là. Je ne l’ai pas entendu partir, mais contrairement à moi, il ne peut se permettre de traîner au lit jusqu’à ce qu’il estime que ça a suffi. Pour moi, c’est pas loin d’être une première. Généralement, je tire mon coup et je me taille, matelas tout confort ou pas. Pas cette fois.

Je prends tout mon temps pour me réveiller et m’extirper du lit, je prends mes aises sans gêne, comme si j’étais chez moi. C’est l’avantage de ne pas avoir de chez-soi. De fait, on est à la maison n’importe où, le monde nous appartient. Je me lève finalement, sans envisager de me rhabiller. Je fais le tour du propriétaire, trouve la salle de bains, épuise toute l’eau chaude, fouille ses placards pour m’improviser un petit déjeuner.

Quand je tombe sur le petit mot qu’il m’a laissé, un sourire satisfait orne mes lèvres. Pas que ce stupide moldu ait encore grande importance. Pas qu’il en ait jamais eu d’ailleurs (même si le pactole que je vais en retirer me fera pas de mal). Mais ça en dit plus que ce qui est inscrit là. Et n’est jamais que très factuel. Je déniche un stylo, je vais une place à mon écriture fine et serrée pour lui répondre. Juste trois mots.

J’ai gagné.

Ça ne fait plus vraiment partie du jeu, je n’ai plus vraiment de mérite, mais ça, il le comprendra de toute manière. Je préfère ça à un bête merci. Je rassemble finalement mes affaires, je claque la porte derrière moi, et je me demande s’il y aura d’autres nuits comme celle-ci. Non, en vérité, je me demande quand il y aura d’autres nuits comme celle-ci.
Et je file.

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