Violetta Beauvais [Fini]

Violetta est née en Louisiane, à l'aube de l'année 1891, de parents sorciers. De parents au pluriel c'est vrai, même si Violetta n'a plus aucun souvenir de son père. Christian Beauvais, brillant entrepreneur spécialisé dans les rapeltout, est décédé, foudroyé par la dragoncelle, alors qu'elle avait cinq ans. Depuis, elle a tout oublié de lui, sa voix, son rire, son visage... Elle a quelques photos en réserve pour se souvenir de lui, mais ce n'est pas vraiment assez. Sa mère, après le décès de son mari, est devenue inconsolable. Andréa Beauvais n'a pas été la meilleure des mères pour sa fille. Ce n'est pas qu'elle n'a pas été assez présente, c'est au contraire qu'elle a été beaucoup trop étouffante. De là est né dans l'esprit de Violetta un besoin d'indépendance qui n'aurait pas forcément été si fort si sa mère s'était contentée de l'aimer sans l'encercler.

Alors, quand elle reçut sa lettre d'admission à Ilvermorny, Violetta fut aux anges. Elle fut acceptée dans la maison Thunderbird, et elle adora sa scolarité. Pourtant, elle ne se fit pas beaucoup d'amis. Violetta n'était pas vraiment une adolescente abordable et populaire. Plutôt que d'assister aux matchs de Quidditch ou de flaner allègrement dans les couloirs en flirtant avec l'un ou l'autre camarade, Violetta préférait largement rester dans son coin, pas spécialement par misanthropie, mais parce qu'elle aimait jouer les inventrices, essayer d'ensorceler des objets, tenter d'inventer des sortilèges. Elle n'était pas très douée, mais elle essayait, en tout cas. Elle passa bien vite pour une tronche, la fille bizarre qui passe son temps à lire ou à marmonner dans son coin, sa baguette à la main. Elle goûta pour la première fois aux rumeurs et à la sale réputation qu'il est si facile de se faire. Et ça l'amusa.

Son diplôme en poche, Violetta n'avait qu'une idée en tête : partir, le plus loin possible, et faire sa vie comme bon lui semblait. C'était sans compter sur sa mère, dont la dépression ne faisait que s'aggraver avec le temps. A contrecoeur, elle comprit qu'elle ne pouvait pas la laisser seule, mais ce n'est pas pour autant qu'elle comptait rester passive, à vivre comme sa mère sur l'héritage du père décédé. Elle mit du temps à trouver sa voie et enchaîna les petits boulots, jusqu'à faire une rencontre décisive.

Johannes Jonker exerçait depuis dix ans en tant que fabricant de baguettes magiques, et avait acquis sa petite réputation. C'était auprès de lui que Violetta avait décidé de remplacer sa baguette brisée après une expérience on va dire malheureuse. Ils avaient parlé, beaucoup parlé, ils s'étaient plus. Ils s'étaient fréquentés, et s'étaient aimés. Il l'a initiée à l'art de la création des baguettes, et elle a tout appris à ses côtés. Jusqu'à la séparation. Le coup classique. Il voulait des enfants, elle surtout pas. L'exemple de sa mère ne lui donnait pas envie de tenter l'expérience pour elle-même.

Ils faillirent se marier, annulèrent leurs noces peu de temps avant la date annoncée, et depuis, Violetta fait tout son possible pour se tenir aussi loin qu'elle le peut de Johannes. Elle a créé sa propre boutique de baguettes, cela fait quinze ans. Et même si les affaires ont commencé doucement, elle a sa petite réputation... Pas très bonne, au passage. Et ce n'est pas pour rien. Elle entretint le mystère tant qu'elle le put, refusa de dire de quoi ses baguettes sont composées. Mais tout finit par se savoir. Depuis que l'on sait que ses baguettes sont faites de poils de rougarous, les rumeurs vont bon train. Ses baguettes se nourriraient de magie noire. Cette rumeur lui a fait perdre plus d'un client, mais Violetta s'en amuse. Aujourd'hui, elle adore l'entretenir auprès de qui veut l'entendre... Ses clients sont pour beaucoup assez suspects, mais elle s'en moque, un client est un client.

Sa vie est partagée entre la Louisiane et New York, où en ce moment tout se passe... La curiosité de Violetta y est pour beaucoup. Gellert Grindelwald possèderait la baguette la plus puissante qui existe. Forcément, ça l'intéresse.

Violetta n'est pas une femme que l'on trouvera agréable ou encore facile d'accès. En général, les gens qui ont affaire à elle préfère ne pas s'attarder très longtemps à son côté. Sa petite réputation n'aide pas non plus, d'autant plus qu'elle s'amuse volontairement à préserver le mystère et à faire courir les pires rumeurs à son propre sujet. Elle a bien compris que le scandale fait vendre, alors elle n'hésite pas à en jouer.

Certains la trouvent folle. C'est vrai qu'elle a souvent la tête ailleurs et son habitude à être à côté de la plaque n'aide pas. Pourtant, elle est une femme sérieuse et plutôt intelligente. Là encore, elle s'amuse à cultiver l'excentricité comme une partie intégrante de son personnage, mais en vérité, la plupart des gens seraient sans doute déçus de découvrir l'envers du décor. Mais pour cela, il faut que vous puissiez la connaître mieux, et ce n'est pas une tâche facile. Violetta se préserve de l'amitié, elle se préserve de l'amour, elle en a bien assez souffert pour ne pas vouloir retenter l'expérience. Elle se sert de sa réputation pour tenir les autres à l'écart, éviter de s'attacher autant que possible.

Violetta aime intriguer, elle aime déranger. Elle n'est ni timide ou réservée, être au centre de l'attention ou de la polémique ne la dérange pas du tout et l'amuse plus qu'autre chose. Elle a d'ailleurs un sens de l'humour très particulier, grinçant et cynique, qui n'est pas du goût de tout le monde.

Curieuse et ambitieuse, Violetta ne supporte pas qu'une question reste sans réponse. Dans ce cas, elle fera tout ce qui est dans ses capacités  pour lever le mystère, pour obtenir des réponses. Pour ça, elle est un peu tête brûlée. Elle n'a pas de notion du danger suffisamment aigue pour ne pas s'engager parfois sur des chemins sinueux, un peu trop dangereux pour elle.