Vivre sans illusions, c'est le secret du bonheur. [pv Jacob :33]

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arfois, Darlene se sentait privilégiée, privilégiée parce qu'elle gardait un secret fantastique, incroyable, puissant, qui changeait toute sa perception de l'univers, et elle était heureuse d'avoir passé ce côté de la barrière, d'avoir conscience de ce que ce monde recelait de merveilleux, de sublime... de magique. Et parfois, elle se sentait maudite. Maudite parce qu'elle ne pouvait en parler à personne, y compris à ceux qui mériteraient le plus de connaître la vérité. Illan le lui avait bien fait comprendre, elle ne devait sous aucun prétexte apprendre la vérité à qui que ce soit, ce serait le mettre, lui, en danger. Et elle avait respecté cela. Enfin presque... elle en avait parlé à Wade, c'est vrai. Mais elle ne considérait pas qu'il compte vraiment. Il était son meilleur ami, son confident, elle vivait avec lui... Elle ne se serait pas vu lui cacher une chose pareille. Mais pour tous les autres, elle gardait ses lèvres closes. Et parfois, c'était vraiment, vraiment difficile de ne pas tout simplement cracher le morceau.

Ca avait été le cas en ce qui concernait Cherryl, par exemple. Elle ne disait pas qu'elle comprenait tout à sa situation et à son... inclination particulière pour celles du même sexe, mais dans tous les cas, elle savait que son amie méritait d'être heureuse, et elle trouvait injuste qu'elle ne puisse pas l'être avec Jane... même si la suite de l'histoire était plus sordide, mais Darlene n'en savait pas autant, elle ignorait que Jane n'était pas étrangère à la mort des parents de cette pauvre Cherryl. Et ça avait été le cas en ce qui concernait Jacob, également.

En ce qui concernait ce dernier, elle ne savait rien de sa romance avec Queenie Goldstein, elle ne savait pas précisément à quel point il avait été impliqué émotionnellement dans toutes ces histoires, mais Illan lui avait parlé de Newt Scamander, de sa valise pleine d'animaux fantastiques (encore une de ces choses incroyables dont son frère réussissait à parler comme si c'était une des choses les plus normales au monde), du fait que Jacob avait été à ses côtés jusqu'à l'attaque de l'obscurial, avant d'être oublietté. Elle savait que c'était sans doute pour le mieux, que c'était une bonne chose que tous ces no-majs aient perdu la mémoire après le Nouvel An, mais quand même. Elle se disait que Jacob avait été comme lui, il avait goûté au monde de la magie un temps suffisant pour qu'il soit éprouvant de se dire seulement que l'on pouvait d'un coup d'un seul tout oublier. Alors certes, une fois qu'on a oublié, ça ne nous fait plus mal, après tout, mais quand même.

En tout cas, Darlene était incapable d'oublier tout ceci alors qu'elle venait frapper à la porte de Jacob. Elle n'avait pas résisté à l'envie d'aller le trouver. Certes, il y avait ces histoires de mémoire perdue, mais aussi et avant toutes ces histoires, Jacob était son ami, et elle avait envie de passer du temps avec lui.

-Salut, je te dérange pas j'espère ?

   
   

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arlene savait qu'il était moyennement poli que de s'incruster chez les autres comme elle était en train de le faire, mais il n'y avait aucune malveillance là-derrière, juste l'envie sincère de voir son amie. Elle aurait pu s'annoncer, c'est vrai, mais quand bien même elle n'en donnait pas toujours le sentiment, la jeune femme pouvait se montrer parfois très impulsive, trop impulsive peut-être. C'était le cas en cet instant. Elle n'avait pas pu s'en empêcher, elle avait voulu voir Jacob, et peut-être qu'elle n'aurait pas été aussi pressée de le faire si elle n'avait pas eu connaissance de son histoire, histoire que le pauvre jeune homme, de son côté, avait totalement oubliée (encore qu'elle n'en connaissait pas tous les détails non plus... certains ne lui seraient sans doute pas inutiles en la circonstance).

L'avantage, avec Jacob Kowalski, c'est que cet homme était certainement la personne la plus agréable, la plus adorable qui existe. De bonne composition, elle savait qu'en frappant à sa porte, elle n'accuserait aucun reproche. Ils partageaient tous deux le même sens de la sociabilité. Et en effet, Darlene fut heureuse de constater que Jacob avait le sourire aux lèvres en lui ouvrant. C'était rassurant, aussi, quelque part. Une expérience telle que celle qu'il avait vécu aurait peut-être pu réveiller quelques traumas enfouis, apparemment c'était le cas parfois, mais il avait l'air d'aller bien, il avait l'air ravi de la voir. Il avait l'air... d'être resté lui-même, tout simplement, et c'était un vrai soulagement pour Darlene. Elle ne se fit pas prier pour entrer quand il lui proposa de lui faire, avant de lui demande ce qui lui valait le plaisir de sa visite. Avant toute réponse, elle lui adressa un sourire.

-Oh, rien de particulier, prétendit-elle. J'étais dans le coin, et j'avais envie de te voir, ça faisait beaucoup trop longtemps. Ce qui restait vrai. Bon, elle n'était pas véritablement dans le coin, mais c'est vrai qu'ils n'avaient pas vraiment eu l'occasion de se voir et de passer du temps ensemble dernièrement, alors Darlene était définitivement heureuse de pouvoir remédier à cela par la même occasion. Tu vas bien ?

Elle attendait beaucoup de la réponse à cette question, qui pouvait sembler anodine mais ne l'était en fait pas le moins du monde. Elle espérait vraiment qu'il allait bien. Au-delà de ces histoires d'amnésie qui normalement ne sauraient pas le préoccuper, il y avait le reste. Darlene savait que Jacob n'était pas épanoui dans son travail, et à côté de ça, il y avait aussi sa rupture avec Mildred, que Darlene ne cautionnait pas du tout au passage, convaincue que ses deux amis devaient se remettre ensemble (même si elle n'avait techniquement pas son mot à dire). Alors elle ne demandait qu'à en apprendre plus.
   
   

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arlene ne put s'empêcher de sonder Jacob du regard, en essayant d'être la plus discrète possible, tout de même, afin qu'il ne trouve rien d'anormal à son attitude, quand il lui assura qu'il allait plutôt bien. Il avait l'air sincère, et elle avait envie de le croire. Surtout, elle voulait qu'il soit heureuse quoi qu'il advienne. Mais forcément, en toute conscience de la vérité, elle ne pouvait s'empêcher de s'interroger, d'essayer de voir au-delà de ce qui était visible, de ce qu'il était capable de voir lui-même. Il avait dû vivre des moments éprouvants, des moments forts, des moments puissants, et il ne se rappelait rien de tout cela.

Comment savoir à quel point cela l'avait affecté inconsciemment ? Malheureusement, elle n'en saurait rien, et elle devrait sans doute ne pas insister. Malgré tout, elle gardait cette pensée dans un recoin de son esprit, tout en acceptant néanmoins de passer sous silence cet aspect, même si à contrecoeur. Il allait plutôt bien, c'était le principal. Elle savait que sa vie sentimentale n'était pas au beau fixe (et elle le déplorait d'autant plus que Mildred était aussi son amie, et qu'ils formaient un si beau couple...), mais il semblait se rattraper sur le plan professionnel, et la jeune femme en était sincèrement contente pour lui. Il avait avancé dans son projet, lui apprit-il, mais elle n'en savait rien, et elle brûlait d'en apprendre davantage. Mais le jeune homme lui retourna la question avait qu'elle ait eu le temps de dire quoi que ce soit.

-Je vais très bien, merci, répondit-elle sans se faire prier. Je travaille toujours au même endroit. Je ne dirais pas que c'est vraiment épanouissant, mais ça ne me déplaît pas, et ça me fait du bien d'avoir un rythme, et de pouvoir être autonome, aussi. J'habite toujours avec Wade, et ça aussi, ça se passe bien... En fait, rien n'a vraiment bougé depuis la dernière fois.

Si ce n'est qu'elle voyait à présent régulièrement un frère dont elle avait oublié l'existence, découvert l'existence de la magie, et par conséquent ouvert son existence tout entière à un océan de perspectives qu'elle rêvait de partager avec son ami... sans pouvoir le faire, si bien qu'elle avait le sentiment de ne pas être suffisamment honnête avec lui. Mais elle faisait du mieux qu'elle le pouvait. Et en attendant, mieux valait ne pas se concentrer sur elle. Dans sa vie, il n'y avait donc rien de nouveau, mais ce n'était pas le cas pour Jacob, et par conséquent, elle avait très envie d'en entendre davantage.

-Dis-m'en plus sur ton projet ! Tu as trouvé les fonds pour ouvrir ta boulangerie, ça y est ?

Pour elle, c'était forcément ce que ça devait signifier, mais elle voulait en savoir plus. Où ? Quand ? Comment ? Elle ne voulait perdre aucun détail.
   
   

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arlene ne pouvait s'empêcher de sourire en entendant le récit de Jacob, d'une part parce qu'elle sentait bien que son ami était heureux de pouvoir enfin accomplir son rêve, et si quelqu'un méritait de réussir ses objectifs et d'obtenir tout ce qu'il avait toujours désiré, c'était bien lui. D'autre part parce qu'elle savait ce qu'impliquait le mystère qui entourait la fortune miraculeusement acquise par son ami. Elle ne connaissait pas les détails, bien sûr, mais si elle se fiait à ce que Illan lui avait appris de Jacob et de Newt Scamander, alors elle se doutait que l'ami bienfaiteur qui lui avait confié ces oeufs en argent était cet expert en animaux fantastiques qui avait engendré tant de remous dans la vie de son ami. Il ne semblait définitivement pas se souvenir de quoi que ce soit... C'était tant mieux, sans doute, mais pour Darlene, il était vraiment difficile de tenir sa langue alors qu'elle avait le sentiment d'en savoir plus sur Jacob que le principal concerné, par la force des choses.

-Un peu dingue ? C'est complètement dingue, oui ! remarqua Darlene avec enthousiasme, parce que, bien évidemment, ça l'était, et même quand on avait comme elle connaissance du monde de la magie et de ce que ça impliquait, toute cette situation ne devenait pas moins dingue pour autant. Tout ça, c'était de la pure folie, mais dans un sens attrayant, qui pouvait peut-être être dangereux, mais dont la jeune femme préférait constater la beauté plutôt que d'observer la dangerosité. Mais c'est génial, en même temps ! reprit-elle, toujours décidée à manifester plus d'enthousiasme que de crainte face à cette situation complètement hors du commun.. qui commençait pourtant à doucement s'intégrer à son quotidien à elle. Tu en as encore, de ces oeufs en argent ? Et cet ami, tu n'as pas la moindre idée de qui ça pourrait bien être ?

Oui, elle ne pouvait pas confier la vérité tout d'un bloc à Jacob, ou lui dire la vérité tout court, mais peut-être qu'en l'orientant un peu, qu'en lui faisant se poser les bonnes questions, elle réussirait à, disons, tricher un tantinet ? Ce n'était pas une méthode qu'Illan approuverait, elle en était certaine, mais Darlene, qui elle-même avait si longtemps été la victime d'un sortilège d'amnésie sans le savoir, ne pouvait certainement pas observer d'autres amnésiés sans avoir envie de leur ouvrir les yeux à la réalité. Et cette réalité, si elle était terrifiante, n'en était pas moins belle... Jacob le comprendrait forcément s'il pouvait tout redécouvrir. De toute évidence, le sorcier qui l'avait aidé à réaliser son rêve avait été son ami et son allié, une personne devenue précieuse en peu de temps. Ce genre de relation ne devrait jamais s'éteindre.
   
   

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arlene n'était pas étonnée de la réaction de Jacob, au sens où c'était tout lui, en vérité. Il n'était certainement pas de nature à s'angoisser. Ce n'était pas qu'il était insouciant, mais il était, disons, capable de s'adapter, ce qui était une très belle qualité, que la jeune femme admirait beaucoup. Face à une situation exceptionnelle, et qui sortait de l'ordinaire, le jeune homme restait malgré tout capable de composer avec les faits sans se faire de mouron inutile. Il était sans doute très intrigué par cette situation (à moins qu'il en sache plus que ce qu'il voulait bien lui en dire ? - Mais elle ne pensait pas, sans quoi il se serait sans doute abstenu de parler des jeux d'argent, qui pouvaient justement susciter trop facilement des interrogations qui n'étaient pas souhaitables), mais il en prenait son parti. Et au bout du compte, il fallait bien reconnaître que toute providentielle était cette aide généreuse, elle lui permettait de réaliser ses rêves. Que pouvait-on demander ou espérer de plus ? C'est sur que le timing était impeccable, bien trop impeccable pour tenir du hasard. Il y avait anguille sous roche, et si Jacob voulait faire la lumière sur ce qui s'était passé, Darlene serait définitivement la première à l'y encourager, et avec plaisir. Mais il était bien peu probable que les choses se passent ainsi.

-Oui, c'est sûr que ça n'aurait pas pu mieux tomber, constata la jeune femme avec un sourire.

Et elle devrait sans doute s'arrêter là. Pas besoin d'en dire plus ou d'en rajouter non plus. C'était très bien comme c'était, et Jacob avait l'opportunité de réaliser son rêve. Tout s'ordonnerait à la perfection dans sa vie : son commerce serait sans doute un franc succès, et qui sait si ces événements ne le réconcilierait pas avec Mildred ? En bref, il avait tout à y gagner en soi. Mais une partie de nous nous manquait toujours quand on ne savait pas la vérité, toute la vérité. En tout cas, c'était une chose que Darlene ressentait profondément. Elle aurait pu continuer de vivre sans se poser de questions et sans s'interroger sur l'existence de son frère. Mais il lui aurait toujours manqué quelque chose, quand bien même elle n'aurait certainement pas su quoi.

-N'empêche. Bon, elle avait fait son choix, elle ne s'arrêterait manifestement pas là où elle en était. Je ne sais vraiment pas comment tu fais. A ta place, je remuerais ciel et terre pour retrouver ce fameux bienfaiteur, découvrir qui il est et avoir l'opportunité de le remercier.

Est-ce qu'elle suggérait que Jacob devrait faire de même ? Non, ce n'est pas ce qu'elle disait. Mais oui... il était bien possible tout de même qu'elle le pense effectivement, et que ce soit une invitation déguisée.
   
   

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arlene ne devrait peut-être pas mettre ce genre d'idées dans la tête de Jacob... peut-être pas. Mais c'était plus fort qu'elle. Quand on savait quelles merveilles renfermaient ce monde, on ne pouvait que trouver injuste le fait que les autres ignorent tout. Même si elle ne commettrait jamais l'erreur d'apprendre la vérité à toutes les personnes qui l'entouraient (Wade était sa seule exception, mais c'est comme ça, elle ne se serait pas vue ne pas lui en parler), même si son frère lui avait suffisamment expliqué pourquoi le secret magique existait et devait à tout prix être entretenu, cela ne l'empêchait définitivement pas de vouloir pousser les autres, même indirectement, à emprunter le même chemin qu'elle. Dans le cas de Jacob, qui plus est, c'était d'autant plus tentant qu'il avait été tout à fait capable d'entendre et d'assimiler cette situation. Alors quel mal y aurait-il à ce qu'il se souvienne, hein ? Mais bien sûr, ce n'était pas à elle d'en décider. Elle pouvait faire le choix de guider, au moins un peu, le boulanger sur des pistes qu'elle estimait qu'il devait explorer, mais elle ne pouvait pas réellement faire davantage pour lui, malheureusement.

Si son bienfaiteur ne lui avait pas tout avoué, c'était bien évidemment parce qu'il n'en avait pas le droit (et Newt Scamander s'était attiré bien assez d'ennuis comme cela, si Darlene avait bien compris). Mais en attendant, elle estimait que ce n'est pas parce que ce dernier estimait que l'anonymat valait mieux que cela en faisait une réalité valable pour autant, loin de là. Quand Jacob lui en disait plus long, Darlene commençait à comprendre où il voulait en venir, et même à réussir à se mettre à sa place. Elle comprenait également qu'il n'avait peut-être pas tout oublié, tout compte fait - contrairement à elle dont la mémoire avait été si radicalement effacée que même en y consacrant tous les efforts du monde, elle ne retrouverait jamais de souvenirs liés à Illan qui n'aient pas de rapports avec ceux qu'ils partageaient depuis qu'il était venu la trouver. D'une manière ou d'une autre, il avait peut-être des réminiscences de tout ce qu'il lui était arrivé, et à présent, il redoutait, en creusant davantage, d'être finalement déçu.

-Tu sais... parfois, ce n'est pas parce qu'on ne doit pas certaines choses que c'est pour autant qu'il faut y obéir. Je veux dire... certains interdits sont absurdes et nous rendent malheureux, alors pourquoi est-ce qu'on devrait à tout prix les respecter ? Elle s'enfonçait sacrément, elle le savait bien, mais voilà, c'était tout bonnement plus fort qu'elle au bout du compte. Et si ce n'était pas juste un rêve, tu ne regretterais pas de n'en avoir jamais eu le coeur net ?
   
   

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arlene ne pouvait pas contredire son interlocuteur quant au fait que la déception serait sans doute immense, en effet, s'il devait découvrir avoir seulement imaginé tout ceci, mais elle ne pouvait pas l'encourager à se montrer à ce point rationnel. Elle le pouvait d'autant moins que, de son côté, elle savait bien que ce n'était pas la déception qui l'attendait au tournant, mais quelque chose de bien différent. Elle estimait qu'il était impératif que Jacob s'autorise à vivre ce qu'il avait à vivre, sans se laisser diminuer par la crainte que ses attentes finissent par être trompées, d'une façon ou d'une autre. Elle, de son côté, avait fini par comprendre que l'insistance servait toujours à quelque chose, même quand on avait le sentiment que ça ne servait à absolument rien.

-Il y a la satisfaction et il y a le bonheur, les deux sont très différents, remarqua Darlene, qui ne pouvait s'empêcher d'exposer à Jacob le fond de sa pensée le plus sincèrement possible.

Oui, elle devrait peut-être ne pas insister, mais c'était plus fort qu'elle. Et en effet, la jeune femme estimait que si ses conseils pouvaient permettre aux personnes autour d'elle d'être heureuses, c'était forcément important. Certes, elle-même avait tendance à ne pas franchement appliquer ses propres conseils. Mais ça ne l'empêchait pas d'y compter pour les autres.

-C'est le "ou presque" qui change tout, dit-elle avec une fine esquisse de sourire.

Elle ne voulait pas non plus donner l'impression de se montrer trop insistante non plus, mais en même temps, elle estimait le faire pour la bonne cause, ce n'était pas juste pour répéter son point de vue encore et encore, mais parce qu'elle pensait véritablement que cette situation pourrait tourner autrement. Jacob souffrait sans savoir pourquoi, et tout ce qu'il pourrait faire pour compenser cette douleur ne suffirait jamais à l'altérer complètement, parce que quoi qu'il advienne, il manquerait toujours quelque chose, naturellement, c'est l'évidence, et Darlene qui avait conscience de ce qu'était ce quelque chose, ne pouvait s'empêcher d'y penser, loin, très loin de là.

-On ne devrait pas se contenter de ce qu'on a en se disant que ça peut être suffisant quand on sait qu'on pourrait avoir davantage. Tu as le droit d'être comblé dans tous les aspects de ta vie. Même, ce n'est pas seulement que tu en as le droit, tu le mérites. Elle adressa un fin sourire à Jacob, elle espérait que son discours ne le mettrait pas mal à l'aise, ce n'était absolument pas son intention. Je crois que tu peux avoir tout ce que tu veux dans la vie : sans le "ou presque".

Et elle le pensait vraiment, tout comme elle espérait qu'il le croyait également.


   
   

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