J'ai demandé à la Lune... [pv Albus :33]

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hacune de ses transformations étaient une épreuve pour Perpetua, mais la dernière avait été... particulièrement marquante. C'était comme si, à plus elle cherchait à mettre le monstre en cage, à dominer la part la plus sombre et inacceptable d'elle-même, plus elle rivalisait d'imagination pour se manifester dans tous les cas et la confronter à elle-même, à la triste réalité de ce qu'elle était et serait pour toujours, quoi qu'elle veuille et quoi qu'elle décide. C'était à peine acceptable, c'était insupportable, mais c'était ainsi... Oui, la cage qu'elle avait élaborée pour la maintenir à l'abri de toute victime éventuelle fonctionnait effectivement bien, mais si dans un premier temps, la créature semblait ronger son frein et accepter son sort, sa prison nocturne, elle réalisait, à chaque réveil de pleine lune, dernièrement, que le loup s'était acharné plus que la fois précédente. Comme si la rage et la faim réveillait en elle une force et une volonté toujours plus puissante, sur laquelle elle avait de moins en moins de contrôle. Un jour, c'est certain, elle n'en aurait plus du tout.

Ce matin-là, elle s'était réveillée avec l'angoissant goût métallique du sang au creux de la gorge, une sensation un peu trop familière qui l'avait terrifiée. Il lui avait fallu un certain temps pour se rassurer et comprendre qu'elle n'avait pas quitté sa cage. Pour autant, il y avait du sang, oui... Le loup, de rage, s'était vengé de son sort sur lui-même. Elle s'était rongé la patte presque jusqu'à l'os. Elle avait perdu beaucoup de sang... Grâce aux quelques sortilèges de soin qu'elle connaissait, elle avait réussi à limiter les dégâts, mais le résultat n'était pas pour autant très probant.

Son état nécessitait sans doute la visite d'un médicomage, mais pour Perpetua, c'était bien sûr hors de question. Elle ne voulait pas éveiller l'attention sur sa condition. Elle avait eu une pensée pour Nicolas, vers qui elle avait tendance à se tourner en ce genre de circonstances, mais il était si loin... Elle avait envie d'en parler à Jamie, également, mais elle refusait de l'inquiéter. Ne lui restait plus qu'un choix, un choix de raison. Elle s'en voulait d'accaparer le temps et l'attention d'Albus avec des problèmes personnels, mais elle avait besoin d'aide... Alors elle lui avait demandé expressément de la rejoindre, pas chez elle, Jamie les verrait, mais sur un lieu de rendez-vous où elle savait qu'ils seraient normalement tranquilles. Transplaner lui avait fait plus de mal que de bien, elle se sentait très faible. Mais quand elle arriva, elle fut soulagée de voir que l'homme l'attendait déjà.

-Merci d'être venu, le remercia-t-elle d'une voix faible avant de lui montrer son bras recouvert de bandages sanguinolents. Je ne savais pas vers qui me tourner...

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e fut un soulagement pour Perpetua de ne serait-ce que s'asseoir. Elle tremblait de tous ses membres et la tête lui tournait. L'angoisse, l'urgence, l'adrénaline avaient fait que, bien que se sentant faible, elle avait minimisé la douleur et ne s'était pas vraiment rendu compte de ce qu'elle enduirait réellement... mais là, de pouvoir s'asseoir un peu, et de pouvoir enfin se reposer sur quelqu'un d'autre, elle ne pouvait que réaliser à quel point la douleur l'élançait, c'était tout bonnement insupportable. Heureusement, le professeur de Poudlard était attentif et compréhensif, il ne lui en voulait pas de s'être tournée vers lui... car oui, ça avait été une de ses peurs. A la place, il détacha ses bandages avec douceur. Perpetua serra les dents tandis qu'il révélait l'étendue des dégâts. Le geste lui faisait mal, mais il était nécessaire.

Perpetua parvint à afficher une fine esquisse de sourire quand Albus observa que ce n'était pas beau à voir. Elle le croyait sans difficulté. Elle s'était bandée les yeux mi-clos. Ce pouvait sembler absurde étant donné sa condition, mais elle ne supportait pas la vue du sang, alors celle de la chair à vif... Heureusement, et bien qu'il n'était pas médicomage, le professeur savait y faire. A force de sortilèges de soin, Perpetua sentit qu'elle allait déjà mieux. Ce n'était pas la grande forme, surtout, elle allait avoir besoin de repos et de se requinquer, mais elle sentait qu'elle allait se remettre, et rien que ça lui suffisait largement. La jeune femme voulut protester mais n'en fit rien quand Albus affirma qu'il faudrait qu'elle aille voir un spécialiste. Elle avait envie de rétorquer qu'elle ne le ferait pas, que c'était impossible, inenvisageable, mais au fond, elle n'avait pas besoin de le dire, ce serait formuler une évidence : oui, en effet, ce n'était pas envisageable, mais Albus savait que ça ne l'était pas. Ou en tout cas pas à ses yeux, surtout pas.

-Merci beaucoup..., se contenta-t-elle de souffler doucement avant que son interlocuteur ne l'interroge sur la cage. Elle a tenu bon... Mais je ne suis pas sûre qu'elle fera l'affaire la prochaine fois. Je n'ai pas pris le temps de l'examiner en détail, mais... Elle baissa le regard. C'est comme s'il était toujours plus nerveux, comme si j'étais toujours plus nerveuse, enragée. J'ai l'impression que ça ne pourra aller qu'en empirant.

Et ça, même si elle ne devrait pas le partager, peut-être, elle le pensait de plus en plus et était de moins en moins capable de le nier. Elle ne parvenait qu'à considérer cette situation avec le plus grand pessimiste. Surtout alors qu'elle se sentait à ce point épuisée moralement. A un point inimaginable.

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erpetua afficha un sourire sceptique quand son interlocuteur suggéra qu'elle devrait se reposer. Bien sûr, dans les faits, il avait effectivement raison, mais la jeune femme savait d'avance qu'elle en serait tout à fait incapable. Elle avait beau savoir que ce serait mieux pour elle, ce n'est pas pour autant qu'elle s'en pensait capable, bien au contraire. Même quand elle essayait de se reposer, ce n'est pas pour autant qu'elle y arrivait. Elle était constamment rattrapée par ses pensées et ses angoisses qui ne l'autorisaient pas à fermer les yeux. Et quand elle parvenait à s'assoupir finalement, elle était rattrapée par des cauchemars à répétition qui ne lui laissaient aucune forme de répit. Autant le dire tout net : c'était positivement insupportable, et elle n'était pas sûre d'être capable de se sortir de ce cercle vicieux... Sans compter que le temps de se remettre de la pleine lune précédente, la suivante arrivait à grand pas.

-Ce n'est pas faute d'essayer, se confia-t-elle à son interlocuteur, mais je n'y arrive pas, je ne sais pas comment faire.

Et elle refusait d'en passer par des mesures plus radicales. Peut-être qu'en s'abreuvant de somnifères, elle parviendrait à trouver un semblant de sommeil, mais elle avait tendance à éviter les potions de toute sorte, qu'elle assimilait un peu trop à des drogues dans son esprit. Elle voulait se préserver à tout prix de toute addiction potentielle... c'était un danger qu'elle préférait ne pas même effleurer. Elle sourit en considérant le chocolat que lui tendit Albus après l'avoir fait apparaître avec sa baguette. Voilà au moins une drogue qui ne lui faisait pas peur.

-Merci, répondit-elle avec plus de gratitude que n'en exigeait son geste peut-être, mais parce qu'elle ne le remerciait pas uniquement pour le chocolat, mais pour tant d'autres choses en réalité qu'elle serait bien incapable de toutes les dénombrer. Vous savez... Elle mordit dans son chocolat. Dans des circonstances comme celle-ci, je ne crois pas que l'heure soit au repos dans tous les cas, confessa-t-elle doucement. Je veux bien que vous regardiez la cage, vous verrez sans doute quelque chose qui m'a échappé.

Perpetua était une grande inventrice, mais elle n'était pas infaillible, loin de là. Au contraire, elle avait même beaucoup de défauts à corriger et elle en avait tout à fait conscience. Elle n'était pas toujours capable de prendre les meilleures décisions, sans oublier qu'elle était forcément biaisée par son propre vécu. Elle avait besoin d'un point de vue extérieur quand elle-même n'était plus forcément à même d'avoir les idées suffisamment claires pour faire plus exactement ce qu'il conviendrait qu'elle fasse. Par ailleurs, elle avait face à elle le sorcier le plus brillant de son temps, évidemment qu'elle lui accordait autant d'attention que l'exigeaient les circonstances.

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