Le chasseur et sa proie (pv Jeshua)

Enfin, il avait une piste solide. Retrouver Dougal semblait presque accessoire, en fin de compte, étant donné tout ce qui se passait autrement, mais ça restait une priorité pour Newt. Certes, retrouver toutes ses créatures n'allait pas lui octroyer le droit de repartir en Angleterre, il l'avait bien compris (et il n'avait pas forcément envie de repartir tout de suite, il n'était pas si pressé de faire ses adieux à Tina), mais il se faisait du soucis pour son demiguise, et par conséquent, il estimait essentiel de le retrouver, pour le soigner, pour s'assurer qu'il allait bien.

Et c'était chose faite. Il n'en revenait pas lui-même tant l'entreprise avait été périlleuse. Il faut dire que courir après une créature invisible n'était pas une mince affaire. Mais Dougal allait bien, il allait très bien, même. Il semblait s'en être très bien sorti par ses propres moyens. Et surtout, il n'avait pas été la cible de quelconques braconniers. Les poils de demiguise étaient très prisés pour la confection de capes d'invisibilité plus vraies que nature... Il n'aurait pas été étonné de ne pas retrouver l'animal qu'en un seul morceau.

Mais il allait bien, et il était à présent de retour dans sa valise... Tant mieux. Sa valise refermée et consolidée à l'aide d'un assemblement de ceintures qui devaient l'empêcher de se faire la malle, il était à présent impatient d'apprendre la nouvelle à Tina. Il songea aussi que Jacob aurait été ravi de connaître le dénouement de cette histoire et de voir le demiguise de ses propres yeux, lui qui en avait tant entendu parler. Mais bien sûr, ce n'était pas possible...Il pensait souvent à lui, avait déjà été tenté de jeter un oeil du côté de sa boulangerie, qui allait probablement ouvrir bientôt, maintenant, mais là encore, c'était un risque inutile. Alors il se réjouirait de la nouvelle avec les soeurs Goldstein, même si Queenie n'était plus d'humeur à se réjouir de grand-chose ces derniers temps, malheureusement.

Tout n'était pas encore fait, ceci dit. Il restait l'occcamy. L'avantage, c'est qu'il savait où il était. Le désavantage, c'est qu'il était presque inaccessible tant sa "propriétaire" s'était appropriée son butin avec férocité dans l'espoir de le revendre au meilleur prix. Mais il ne désespérait pas de le récupérer.

Tout à ses considérations, Newt, comme à son habitude relativement maladroit, et perdu dans ses pensées, ne fit pas attention à qui se trouvait face à lui et bouscula sans le vouloir un homme qui ne le connaissait que trop bien, faisant tomber sa valise au passage.

"Désolé, je ne faisais pas attention..."

« J’ai du mal à comprendre comment avec ce genre de… d’attitude, vous avez pu échapper au MACUSA et à tous les chasseurs de primes à votre trousse. »

Tout à ses propres réflexions, Newt fut totalement pris au dépourvu par les propos de son interlocuteur, lui qui s'était seulement attendu à passer son chemin sans plus de cérémonie, en entendant potentiellement l'inconnu accepter vaguement ses excuses. Mais non, le type en avait, des choses à lui dire, et le magizoologiste le considéra avec un mélange de curiosité et d'embarras. Qui était-il donc, cet homme qui semblait donc savoir parfaitement qui il était ?

Bon, ce n'était pas vraiment une surprise qu'il le reconnaisse, Newt avait un physique assez atypique, et sa tête avait été placardée sur des avis de recherche partout dans la ville pendant plusieurs semaines, mais il ne s'attendait vraiment pas à une telle entrée en matière, qui le laissait plus ou moins sans voix.

Qui était-il ? Un Auror frustré de ne pas l'avoir vu derrière les barreaux ? Ou bien un de ces chasseurs de prime qu'il évoquait ? Il est vrai que, tout distrait qu'il savait être, on pouvait s'étonner que personne n'ait jamais su mettre la main sur lui, mais c'était bel et bien le cas. Le jeune homme savait être prudent quand nécessaire, imprudent quand nécessaire. Il avait tendance à penser que nombre de situations exigeaient plus d'imprudence que l'inverse, au bout du compte.

« Vous devriez faire attention pourtant, vous avez causé suffisamment d’ennuis depuis votre arrivé. »

"Ceux qui m'étaient imputés n'étaient pas de mon fait, sinon je serais toujours recherché", répondit Newt, mal à l'aise, mais dans l'intention de souligner qu'il n'était plus un hors-la-loi.

Même si une telle affirmation dissimulait un fond manifeste de mauvaise foi, car il n'avait pas non plus était étranger à certains des troubles qui avaient perturbé la ville de New York dernièrement. Mais en l'occurrence, ce n'était absolument rien en comparaison des dommages causées à cause de Grindelwald et, par extension, de Credence.

"Vous êtes un chasseur de primes ?" pensa-t-il deviner, convaincu dans tous les cas de ne pas apprécier la réponse de son interlocuteur. Ce n'était pas le genre de choix de carrière avec lesquels il se sentait capable d'être en accord.

« Exact. »

Au moins, Newt ne pouvait pas reprocher à son interlocuteur son absence d'honnêteté, mais il n'était pas très à l'aise à l'idée de se retrouver en présence d'un homme dont il ne pouvait que mépriser les aspirations et les méthodes.

Newt, tout comme il n'avait aucune forme d'appréciation du métier d'Auror, estimait également que celui de chasseur de prime était particulièrement déshonorant... Il dévoilait toutes les dérives de l'appât du gain : ce n'était pas une chose que le magizoologiste pouvait apprécier ou cautionner.

« Et j’avais bien eu l’intention d’empocher la prime qui se trouvait sur votre tête. Mais étonnement, vous avez réussi à échapper à ceux qui vous cherchez. »

Etonnamment, Newt s'était douté de cela sans avoir besoin des explications de son interlocuteur, mais il l'écouta tout de même. Il pouvait ressentir du cynisme et de l'amertume dans le propos de son interlocuteur. Et ça ne lui disait rien qui vaille... Est-ce que cet homme serait capable de s'en prendre à lui par pure frustration ?

Il n'avait pas de raisons de se défendre de ce qui s'était passé, il n'avait pas la moindre envie de se défendre de ce qui s'était passé, mais il tenait malgré tout à remettre l'église au milieu du village.

"Vous dépensiez votre énergie à courir après la mauvaise personne", répliqua-t-il seulement.

Car c'était vrai, plutôt que de consacrer tant de temps et d'énergie à partir à sa poursuite, ou encore celle de Tina, c'était Grindelwald et ses sbires qu'il aurait fallu pourchasser plutôt que de s'en prendre à eux.. mais ça, bien sûr, c'était un débat qui n'avait plus lieu d'être, même si Newt, de son côté, continuait de croire que cette même énergie pouvait continuer d'être dépensée à bon escient.

« Vous faites quoi encore à New-York ? »

"Vos amis du Macusa ne vous ont pas renseigné à ce sujet ?" demanda Newt non sans afficher une certaine forme de mépris à son adresse. "Je n'ai pas le droit de quitter le sol américain, vous devez bien être au courant de cela, non ? A moins que vous ayez imaginé que je passerai outre les directives du gouvernement magique ? Tout le monde n'est pas aussi peu scrupuleux que vous."