le Chat & la Souris | -PV- Caleb Verger

le Chat & la Souris

Je l'ai vraiment échappé belle quand j'y pense. Mes vacances auraient pu avoir une conclusion des plus tristes et déplorables si on ne m'avait pas trouvé. Le problème que j'ai à présent c'est, une dette de vie sur le dos. Le code dit que si on est sauvé par une personne, on se doit de sauver cette personne, peu importe les circonstances. Un second problème se pose du coup, Phineas réside en Russie et je réside à New York. La distance se calcule en milliers de kilomètres bien que je puisse Transplaner. Ce problème est quelque peu épineux voyez-vous ? Parce que peut être que je n'aurais pas la chance de repartir là-bas.

Cette pensée m'a clairement maudit la nuit, j'ai très mal dormi et je crains d'être d'une humeur exécrable. Depuis l'accident, j'ai quelques soucis de santé supplémentaires comme par exemple, de la difficulté à me réchauffer, un appétit beaucoup moins gros et quelques autres malaises dérangeants. Je ne sais pas si c'est parce que je suis resté trop longtemps inconscient dans la neige avant que l'on me retrouve où si c'est un décalage horaire bien trop fort. Je me redresse lentement sur mon lit et masse ma nuque avant de souffler un grand coup. Une bonne douche me fera le plus grand bien. Et puis j'irais déjeuner à l'extérieur. C'est un bon programme.

Je quitte enfin mon domicile, j'ai un peu traîné pour choisir mes vêtements. Direction Manhattan pour un bon petit déjeuner au calme. J'ai pris soin d'emporter mes découvertes pour les retranscrire sur mon carnet prévu à cet effet. Après mon déjeuner, j'irais peut-être à Central Park pour continuer mes dessins dans un environnement reposant. Je ne mets pas bien longtemps pour rejoindre mon café préféré et m’installe en terrasse.

- Bien le bonjour Monsieur Sullivan, vous prendrez comme d’habitude ?
- Bonjour à toi, Steve. Effectivement, je vais prendre comme d’habitude avec un petit supplément de jus d’oranges, s’il te plaît. Merci bien.
- Parfait, je m’en occupe.

Très serviable ce jeune homme, comme à son à chaque fois que je viens ici. C’est aussi en grande partie pour cet accueil que ce café-restaurant est mon préféré. J’ai ma table réservée et Steve s’occupe de me servir. C’est plaisant. Je sors mes affaires de mon sac et commence à travailler dessus mais avant, je prends soin de me prendre une cigarette, rien de tel pour arranger les choses.

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Oh, can't you see ? You belong to me. How my poor heart aches. With every step you take. Every move you make, every vow you break. Every smile you fake, every claim you stake, I'll be watching you

Repoussant du pied le soutien-gorge que Rowena…non, Regina…ou Ramona peut-être, bref, que la poule d’hier soir a oublié en partant en trombe ce matin, je me lève en étirant mes muscles pour me servir un café. Les efforts de la nuit m’ont laissés fourbu mais je ne crois pas être le plus à plaindre… Bref, ce fut somme toute assez décevant mais je pense lui avoir donné plus de plaisir que son mari. Maigre exploit si vous voulez mon avis. Le plancher craque sous mes pieds nus et je m’amuse à sautiller un instant dans l’espoir de faire tomber un peu de poussière sur le voisin du dessous qui n’a pas dû fermer l’œil. Ca lui apprendra à pisser dans ma boite aux lettres, vieux débris.

La journée commence de façon grise, il ne me reste plus de café et j’ai impérativement besoin d’énergie alors tant pis, je vais me planter à une terrasse et débourser quelques pièces mais au moins, je n’aurais pas à boire de jus de chaussette ou, pire, de l’eau. N’écoutant que mon courage, je m’habille donc rapidement non sans avoir lancé à mon reflet un clin d’œil joueur. Avec mes yeux bleus et ma tête de « mauvais garçon », on ne peut pas dire que je m’ennuie souvent et pourtant, je n’ai pas encore atteint le but que je m’étais fixé en arrivant ici, dans cette ville où tout le monde court et s’inquiète pour des stupidités politiques. Cependant je ne perds pas espoir, je suis chanceux et j’obtiens toujours ce que je veux alors ma sucrerie que je vise me tombera dans le bec, tôt ou tard. De préférence tôt, je déteste attendre.

Une cigarette entre les dents et les mains dans les poches, je me donne l’impression d’être l’un de ces poètes français, tel un Arthur Rimbaud du Nouveau siècle déambulant dans Manhattan comme s’il était chez lui. Au fond, je me sens comme lui, génial, léger, ne cherchant qu’à retrouver la passion vécue, courant de frisson en frisson. Ou peut-être que je me trompe totalement sur ce personnage, peu importe. J’aurai tout le temps de relire ses poèmes une fois dans ma boutique mais pour le moment, je n’aspire qu’à sentir sur ma langue la chaleur rugueuse d’un bon café. Une terrasse me fait de l’œil, je m’approche et m’installe sans réellement faire attention à mon environnement. A cette heure ne doivent traîner que les vieux pompeux et les saoulards et je n’ai pas besoin d’argent pour le moment. Quant à la deuxième catégorie…très peu pour moi. Le serveur s’approche, je commande un café noir avant de tendre l’oreille, captant un timbre familier. Le sang pulse plus fort dans mes membres et sans craindre de paraître fou, je me retourne. Un sourire large illumine mes traits, la chance est réellement de mon côté. Voilà que mon cher, mon tendre, mon délicat petit Brivael est juste à côté de moi, à cette terrasse.

Mon ange noir ? C’est bien toi ?!

Le surnom est ressorti tout seul, avec sa douceur naturelle et ses cheveux de jais, quel autre patronyme pourrait-il mieux porter ? Bon sang…il est chaque jour plus appétissant, à croire qu’il doit avoir autre chose dans les veines que du simple sang de sorcier. Ne cachant pas ma joie, j’approche ma chaise en posant une main sur son épaule, évitant de me montrer plus tactile en public (pour le moment). Je n’arrive pas à croire qu’il est là, devant moi, je croirais rêver.

Je suis tellement heureux de te voir ! Qu’est-ce que tu deviens ?

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Finalement, faire comme les Moldus de temps en temps c'est reposant. Je veux dire, ne pas utiliser la Magie, retourner aux sources mêmes d'une vie banale, ça a du bon. Et en plus, je vais aussi vite que si je faisais usage de mes dons. Un sourire satisfait prend place sur mon visage, j'ai quasiment tout fini, je vais pouvoir dessiner le monde qui m'entoure. Sauf que je me rends compte d'un détail, et pas des moindres : l'oubli de mon autre carnet de croquis. Fichtre, quel idiot je fais ! Bon, je vais devoir aller faire quelques emplettes dans ma boutique Moldue préférée afin de me dégoter un joli carnet.

Je fais une petite pause pour déjeuner un peu, je suis en partie venu pour ça. Mon estomac me remerciera. Un nouvel élément perturbateur, me fait presque cracher ma boisson. Une voix que je ne connais que trop bien, m'interpelle et une main se pose sur mon épaule. Je lève les yeux vers mon interlocuteur. Caleb. Je ne sais pas si je suis heureux ou non de le voir. Il a tendance à etre un peu trop collant alors que j'ai mis fin à notre histoire.

- Bonjour Caleb.

Je reste poli et courtois mais, ma méfiance est revenue au galop. Il s'installe à ma table sans y avoir été invité. C'était prévisible...

- Toujours fidèle à toi-même à ce que je vois... Ce serait aimable de ta part de ne pas m'appeler par ce vieux sobriquet... Qu'est-ce que tu fais là ?

Je connais la réponse : moi. Il est ici parce qu'il a retrouvé ma trace, j'ai été négligent mais soit, on va faire comme si de rien n'était.

- Pour répondre à ta question, je n'ai pas abandonné ma carrière de Medicomage, j'ai offert mes services ici, à New York comme je t'avais dit avant de partir.

Je souris poliment. Nous sommes des hommes civilisés, qui ont une discussion des plus banales. Des retrouvailles entre camarades de classe.

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Le visage du jeune homme ne traduit pas la même joie que moi mais je ne pouvais pas m’attendre à ce qu’il m’accueille à bras ouverts, c’est lui qui a mis fin à notre histoire. Le pauvre doit être très surpris et perdu de me voir ici, il doit essayer de garder la face. Sans doute pense-t-il qu’il vaut mieux rester distant après avoir rompu mais ce n’est pas utile, je ne lui en veux pas du tout alors il peut bien le montrer, que ma présence ne lui est pas désagréable. Il grimace devant le surnom et je hausse les épaules, nullement gêné même si je vais essayer de l’appeler par son prénom en public. C’est probablement ça qui le gêne, à moins qu’il n’aime plus tant ma façon de l’appeler. A une époque, ce sobriquet lui allait si bien… Mais pour le moment, nous ne sommes plus ensembles alors il faut que je modère mes ardeurs, ne serait-ce qu’un petit peu.

Toujours fidèle à toi-même à ce que je vois... ce serait aimable de ta part de ne pas m'appeler par ce vieux sobriquet... qu'est-ce que tu fais là ?

Oh, Brivael, cette froideur ne te va pas au teint, pas du tout. J’affiche un air légèrement triste devant sa politesse, il est clair que nos deux attitudes s’opposent pour le moment mais en avançant chacun dans un sens, nous finirons par nous croiser, je le sais. Quant à la raison de ma venue, je vois dans ses prunelles claires qu’il l’a devinée mais ça n’a pas d’importance, je ne me cacherai pas. Déjà à l’école, j’avais du mal à me cacher du regard des autres pour lui prendre la main, pour chercher ses lèvres dans l’obscurité d’une alcôve. J’ai passé tant d’années sans savoir qui j’étais que je refuse que l’on me muselle, que l’on me frustre. Je suis qui je suis et je devrais pouvoir l’exposer au grand jour, qu’il s’agisse de mes goûts ou de mes dons. Quand je pense qu’il n’y a pas si longtemps, je devais veiller sur ce petit Poussoufle pour lui éviter d’être blessé. On n’imagine pas à quel point ce garçon est fragile. Mais heureusement, je veille.

Il me dit être médicomage, proposer ses services dans la belle ville de New-York et je ne peux que sourire tant ça lui ressemble. Mon cher Brivael qui cherche toujours à aider les autres au détriment de lui-même, une attitude altruiste et stupide que je ne comprendrai sans doute jamais mais qui fait partie de son charme. Quand il a décidé de franchir l’Atlantique, quasiment sur un coup de tête, ça m’a fait un choc mais aujourd’hui, je comprends mieux pourquoi il a voulu découvrir les Etats-Unis. Il y a une liberté et un parfum de scandale ici qui ne laisse pas indifférent. Et puis, dans l’anonymat de cette ville immense où chacun se presse, il sera peut-être plus facile de reprendre où nous en étions, sur de nouvelles et bonnes bases. Je bois une gorgée de café avant de passer la main dans mes cheveux, essayant tant bien que mal de diminuer le sourire heureux qui illumine mes traits. Il ne sait déjà que trop bien combien je me réjouis de nos retrouvailles mais je ne voudrais pas lui faire peur.

Médicomage, hein ? Je suis sûr que tu dois te surmener… Sans vouloir te vexer, tu as l’air fatigué. Mignon mais fatigué.

Je retiens ma main qui brûle de se glisser dans les cheveux du sorcier pour l’attirer contre moi et l’embrasser ou peut-être juste pour caresser sa peau pâle, la faire rougir un peu (sous les baisers, pas sous les claques). C’est fou comme de le retrouver, de le voir si près fait remonter en moi les sentiments du passé. Bien sûr, je sais qu’il a rompu parce que je ne lui convenais plus, j’ai ma part de défauts mais je suis prêt à tout recommencer, en mieux. Il ne se rend pas compte des efforts que je fais, je l’ai même laissé parler de lui en premier. Maintenant, il faut quand même que je lui dise ce que je fais, que la discussion continue normalement. Et de fil en aiguille, notre alchimie va revenir. Je compte bien sur les conseils d’Aileen pour y arriver plus vite.

New-York est une ville surprenante, les gens y sont très différents des anglais ou des français. Je travaille dans une librairie à quelques rues d’ici, si tu as envie de passer regarder les ouvrages ou discuter…

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Je suis dans une situation bancale et complexe à cet instant. Je ne peux pas l’éconduire à grands cris car il y a du monde, je ne peux pas quitter les lieux parce que je me suis beaucoup trop étalé sur ma table. Que faire ? Je connais vaguement ses intentions mais, peut-être que je me trompe lourdement. Malgré qu’il m’ait nommé par le surnom qu’il m’a offert pendant que nous étions un couple, il ne semble pas vouloir aller trop loin à mon grand soulagement. Bon, je suppose que je peux lui accorder un peu de mon temps libre. J’espère juste qu’il ne me suivra pas après. Il m’annonce me trouver fatigué, c’est juste. Je suis fatigué mais j’aurais tout le temps de me reposer cet après-midi.

- En cette période critique, je n’ai pas d’autre choix que de me lancer corps et âme dans mon travail. La fatigue n’est qu’un détail que l’on peut effacer avec quelques… boissons puissantes. Et puis, je pourrais aisément me reposer cet après-midi en rentrant chez moi. Et donc, tu travailles dans une librairie du coin ? Intéressant. Je passerais peut-être pour faire quelques recherches sur la Sibérie.

Quand je repense à mon séjour sibérien, un sourire niais glisse sur mon visage alors que mon regard se perd dans le vague. Phineas Black. Il est dans ma tête depuis ces vacances-là. Il m’a sauvé la vie, certes mais, je sens bien qu’il y a autre chose qui me trotte. Je secoue la tête pour effacer ces pensées et reprends un air sérieux et concentré.

- New York a davantage d’attraies que notre bonne vieille Angleterre. On y rencontre des personnes de partout. C’est une ville très touristique et, elle fait en sorte de nous surprendre chaque jour qui passe. Je ne m’en lasse pas !

Je tire un peu sur ma cigarette et termine mon jus de fruits. Je fais signe à Steve de s’approcher.

- La note ainsi que celle de monsieur, je vais tout régler cette fois.
- Bien, Sir. Tout de suite.

Je le laisse s’éloigner puis fixe Caleb.

- Mon geste est purement amical, en souvenir du bon vieux temps. Ne va pas t’imaginer des choses insensées.

Lorsque Steve revient, je règle l’ensemble des consommations et entreprends de terminer ma boisson chaude tout en rangeant quelques affaires.

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Sous le crâne de mon bel ange, je suis sûr que ça chauffe à plein régime comme une locomotive à vapeur, je peux presque voir les engrenages de son cerveau tourner à toute vitesse. Comme j’aimerais lire de l’amour et non de la panique dans le fond de ses yeux. J’aimerais aussi le prendre dans mes bras et l’embrasser, là maintenant tout de suite, goûter l’acidité de l’orange sur ses lèvres et glisser mes mains le long de ses hanches. Je le sais rapide à se raidir, dans le bon sens du terme et si j’étais d’humeur taquine, je soufflerais dans son cou pour retrouver ses réactions d’antan. Mais il est trop tôt, je dois me montrer sage ou je risque de me rendre la tâche plus difficile.

En cette période critique, je n’ai pas d’autre choix que de me lancer corps et âme dans mon travail. La fatigue n’est qu’un détail que l’on peut effacer avec quelques… boissons puissantes. Et puis, je pourrais aisément me reposer cet après-midi en rentrant chez moi. Et donc, tu travailles dans une librairie du coin ? Intéressant. Je passerais peut-être pour faire quelques recherches sur la Sibérie.

Comme je pouvais m’y attendre, il confesse ne pas se ménager et cela se lit dans ses traits tirés, les cernes qui marquent ses yeux clairs pour mieux les faire ressortir. Apprendre qu’il compte sur des remèdes pour se maintenir éveillé n’est pas pour me rassurer. Il ne fera que mettre en péril la santé de son cœur et s’il y a bien une chose que je suis venu reprendre ici, c’est bien son palpitant. Attendez, ça sonnait plus glauque que je ne le voulais mais vous avez compris ma pensée. Sa promesse (techniquement, il n’a pas réellement promis mais je le prends comme tel) de venir dans mon humble boutique pourrait me rendre heureux si le visage de Brivael n’exprimait pas un étrange mélange de sentiments qui m’intrigue. Pourquoi ce regard vague, ce sourire sucré qui éclaire sa figure ? Ce n’est pas l’idée de venir à la librairie qui le rend si songeur, il doit y avoir autre chose. A moins que si… Non, je suis optimiste mais pas stupide. Voilà encore quelque chose que je vais devoir surveiller. N’allez pas croire que je n’ai pas commencé à faire des recherches, il s’agit de mon futur ancien ancien petit-ami alors il faut que je me tienne au courant de ce que fut sa vie en mon absence. La Sibérie ? Qu’est-ce que mon joli sorcier déjà si prompt à se faire mal est parti faire dans une contrée si froide et inhospitalière ? Franchement ! Ça craint comme endroit !

Déjà le visage de Brivael redevient sérieux, il me parle de New-York pour la défendre et ça m’amuse de le voir si passionné. Au fond, rien ne nous empêche de nous installer ici définitivement si c’est son souhait. Il a l’air de se plaire ici et rien ne me pousse à retourner en Angleterre alors c’est d’accord, nous retrouverons notre couple ici. Même si je dois bien avouer que la tension ambiante m’agace. Mais alors à un point… C’est comme être dans un roman policier, on dirait que tout le monde soupçonne tout le monde et ça rend certaines personnes méfiantes. Pas de quoi m’empêcher sérieusement de m’amuser mais tout de même ! Surtout que je ne comprends pas tout ce bruit pour un sorcier qui veut simplement offrir un peu de visibilité à notre communauté. Pourquoi les moldus pourraient-ils se promener en ignorant qui nous sommes, en nous isolant ? Nous ne sommes pas des montres, encore moins des bêtes curieuses ou des pestiférés alors merde à la fin !

Fais attention à toi quand même, j’ai l’impression qu’on peut vite se retrouver entre deux feux ici.

Pas que cela m’inquiète particulièrement mais mon ange a toujours été du genre à se fourrer dans les pires emmerdes alors mieux vaut le prévenir. Et le protéger. Qu’il le veuille ou non, le simple fait qu’il ait encore une tête de mort-vivant me pousse à me dire qu’il a besoin de quelqu’un pour surveiller ses arrières. Ce quelqu’un, c’est moi. Personne d’autre. Je préfère préciser. Brivael paye nos deux consommations et je dissimule un sourire heureux en récupérant mon paquet de cigarettes. Admets-le, chéri, si tu me détestais, tu n’aurais pas payé pour moi. Ton cœur pur et généreux pourrait te perdre avec une personne plus opportuniste et mal intentionnée mais heureusement, tu es avec moi. Nonchalant, je hausse les épaules comme si de rien était en glissant une clope entre mes lèvres.

Je ne m’imagine rien du tout. Merci Brivael. Dis, tu n’aurais pas du feu ? Je suis sorti un peu vite de chez moi…

Ce qui est vrai, je n’ai pas vérifié si j’avais pris de quoi allumer une éventuelle cigarette donc je ne lui mens pas. Je me souviens de quand nous nous amusions à nous cacher pour en griller une lors des sorties à Pré-au-lard ou dans l’obscurité d’un mur au crépuscule. Ce petit goût d’interdit et d’excitation, ajouté à nos baisers…hum, j’aurais presque envie de redevenir élève. Mais non, j’aime être adulte, cela offre bien des possibilités. Mon regard se pose sur ses affaires, je tends une main sans toucher à ses effets personnels, curieux sans me montrer trop intrusif (regarde les efforts que je fais pour toi !).

Qu’est-ce que c’est ? Tu fais des recherches ?

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Il est toujours pressé cet homme, incroyable. Je sors mon briquet et lui tends après l’avoir allumé. Je sais faire preuve de politesse et de courtoisie parfois. Peut-être que je devrais le faire plus souvent ? Une fois sa cigarette allumée, je range mon briquet dans ma poche et tire sur ma propre dose de nicotine. Il me montre mon carnet et je l’ouvre pour lui montrer ce que je fais.

Je suis rentré de Sibérie il y a peu et, j’écris mes découvertes dessus en les agrémentant de dessins. Je n’ai malheureusement pas eu le temps de faire tout ce que je voulais parce que j’ai eu un accident, qui m’a obligé à rester tranquille quelques temps mais, j’ai bien l’intention de repartir à mes prochains congés pour compléter mes recherches.

Il y a aussi les portraits des personnes que j’ai rencontré là-bas, dont quelques pages sur Phineas mais, étant donné que je n’ai fait aucune annotation, et que je n’ai pas vraiment à me justifier auprès de Caleb, cela ne me gêne pas qu’il voit tout.

- J’ai fait une partie pour la flore locale et une seconde pour la faune locale. Il y a d’autres créatures que je n’ai pas eu la chance de croiser, c’est pour ça que je vais y retourner prochainement.

J’ai déjà préparé ma valise même si je ne sais pas quand je vais pouvoir partir. Cette fois, j’ai mis des choses utiles, vitales pour le climat. Je ne veux pas que les incidents qui cs’y sont produits, se reproduisent.

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Mon ange n’est pas méchant, encore moins du genre à refuser une simple faveur alors il tend son briquet pour allumer le bout de ma clope, l’embrasant comme j’avais l’habitude d’embraser ses sens il y a peu. Je le remercie d’un sourire et aspire quelques bouffées pour marquer un silence et le laisser décider de m’expliquer ou non ce sur quoi il travaille. Conciliant comme dans les débuts, il ouvre le carnet pour me montrer ses dessins, ses prises de notes avec ce soin particulier qu’il met dans ce qui le passionne. J’y découvre des paysages enneigés, les croquis de créatures que je ne reconnais pas forcément, des visages aussi.

Je suis rentré de Sibérie il y a peu et, j’écris mes découvertes dessus en les agrémentant de dessins. Je n’ai malheureusement pas eu le temps de faire tout ce que je voulais parce que j’ai eu un accident qui m’a obligé à rester tranquille quelques temps. Mais j’ai bien l’intention de repartir à mes prochains congés pour compléter mes recherches.

Mon attention ne se porte pas vraiment sur ce qu’il me montre, plutôt ce qu’il me raconte et je fronce les sourcils en apprenant qu’il a eu un accident. Au fond, ça ne m’étonne pas vraiment, mon Brivael est tellement maladroit, mais ça ne m’empêche pas d’être un peu inquiet. Avec lui, les accidents sont rarement une simple coupure à cause d’un couteau qui glisse, on parle plutôt d’évanouissements, de chutes quasi mortelles, de rencontres avec des hippogriffes soupe-au-lait. Mes yeux balayent le jeune homme avec plus d’attention, non plus pour l’admirer mais pour chercher la trace d’une blessure, une plaie, une cicatrice, un bandage. Si je l’interroge avec trop de véhémence, il va se braquer mais je me vois mal jouer la totale indifférence, ça ne servirait pas mes plans.

Un accident ? Rien de trop grave ?

Voilà, ce n’est pas trop mal, ni trop angoissé ni trop détaché. Cet homme me fait faire des nœuds au cerveau, c’est une horreur ! En tout cas, comme il fallait s’y attendre, Bribri envisage déjà de repartir pour ses recherches. Quand quelque chose le passionne, il n’y a plus moyen de l’arrêter ou de le détourner, ne serait-ce qu’une minute. J’aime cet aspect-là de sa personnalité, même si ça signifie l’écouter parler de botanique ou d’animaux pendant des heures. Mon ange, pour toi, je serai plus attentif, je prendrai des notes, je t’accompagnerai durant tes excursions pour que tu te sentes écouté, soutenu et aussi pour pouvoir sauver tes fesses en cas de besoin parce que tu es fragile et que je les aime, tes fesses.

J’ai fait une partie pour la flore locale et une seconde pour la faune locale. Il y a d’autres créatures que je n’ai pas eu la chance de croiser, c’est pour ça que je vais y retourner prochainement.

Quoi ? Partir ? Prochainement ?! Attendez, attendez une minute, quand il a parlé de ses congés, le connaissant travailleur acharné, je me suis dit que ce ne serait pas avant des mois voire des années mais ce « prochainement » m’inquiète. Est-ce qu’il a l’intention de disparaître rapidement ? Pour combien de temps ? Où exactement en Sibérie ? Je vois dans son carnet le portrait de plusieurs personnes, est-ce qu’il part avec elles ? Est-ce qu’elles vont le protéger ? A moins qu’il ne passe déjà à autre chose et auquel cas, ça ne se passera pas comme ça. Hors de question.

Non, Caleb, restes calme, tu es en train d’imaginer des choses qui n’existent pas. Pense plutôt à comment tu vas tourner la situation à ton avantage. Tu ne peux pas l’accompagner, si ? Il est encore sur la réserve, je le sens. Comment faire ? Comment faire ?

Ça a l’air intéressant… Qui sait, peut-être que tes recherches serviront pour un ouvrage qui sera dans ma librairie. D’ailleurs, tu feras partie d’un groupe d’expédition ? Comme tu m’as dit avoir eu un accident… Désolé, ce ne sont pas mes affaires, je ne devrais pas m’inquiéter pour toi.

Je me gratte la nuque avec une grimace d’excuse avant de tapoter du doigt une illustration soigneusement exécutée sur le papier. Je complimente le dessin avec un sourire, histoire de détendre un peu l’atmosphère. Je me targue d’être doué pour obtenir ce que je veux mais avec Brivael, j’ai parfois l’impression de marcher sur des œufs en équilibre sur une corde raide.

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Dois-je répondre à sa question ? Ce serait plus intelligent de ma part je suppose. De toute façon, ce qui est passé, reste au passé donc, je ne crains rien de lui dire la vérité après tout.

- Je vais être honnête avec toi sur cet accident, cela ne me sers à rien de te mentir après tout. Si, c’était grave. J’ai chuté dans un ravin, ma jambe s’est brisée et ma tête a pris plusieurs rochers sur le passage. J’ai perdu la mémoire durant quelques jours, j’ai eu des maux de têtes et des nausées mais, je vais mieux aujourd’hui. Pas d’inquiétudes. Ensuite, les gens avec qui j’étais ne faisaient pas vraiment partis d’une quelconque expédition de vacances. Il s’agissait de deux professeurs et de leurs élèves de Durmstrang, c’était une sortie scolaire à la base mais comment dire… ? Une des élèves m’a trouvé inconscient dans la neige. J’avais essayé de fuir un animal furibond, j’avais glissé et, une première fois, ma tête était rentrée en contact avec une pierre…

Je ferais mieux de préciser aussi cette partie-là de mon séjour, il va me poser trop de questions si je reste évasif.

- Oui bon, j’ai eu deux accidents pour être plus exact… Quand je me suis réveillé du premier, j’étais dans la yourte d’un professeur. Il m’avait soigné et protégé du froid. J’ai été stupide de partir à l’aventure si peu équipé au départ… Puis une fois de plus, il m’a sauvé la vie lors de ma chute et s’est occupé de moi pour que je sois sur pieds, et avec tous mes souvenirs, rapidement. Voilà, tu sais tout… Quant à ma prochaine expédition, je vais m’arranger pour repartir avec eux. Un Medicomage peut toujours être utile dans une caravane de promeneurs.

Parfois je me dis que je suis bien trop honnête, que je devrais apprendre à garder les choses pour moi mais, connaissant Caleb, il aurait un peu insisté pour avoir le fin mot de l’histoire. Malgré notre séparation, il ne peut pas s’empêcher de vouloir me protéger… J’en suis flatté évidemment mais, c’est un peu ennuyeux en même temps.

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Mon inquiétude est toute légitime mais je vois néanmoins passer dans les yeux de mon ange une hésitation qui me fait me demander s’il n’y a pas quelque secret honteux là-dessous. Quoique, je le sais déjà maladroit, distrait et attiré par les hommes alors je ne vois pas ce qu’il aurait de plus honteux à me cacher. Après une courte pause, il se décide à tout me raconter et je hoche la tête en restant silencieux (c’est une torture, j’ai juste envie de capturer sa bouche, de sentir la fumée sur ses lèvres en l’embrassant. Bon sang, jouer les attentifs et les patients est une torture).

Je vais être honnête avec toi sur cet accident, cela ne me sert à rien de te mentir après tout. Si, c’était grave. J’ai chuté dans un ravin, ma jambe s’est brisée et ma tête a pris plusieurs rochers sur le passage. J’ai perdu la mémoire durant quelques jours, j’ai eu des maux de têtes et des nausées mais je vais mieux aujourd’hui. Pas d’inquiétude. Ensuite, les gens avec qui j’étais ne faisaient pas vraiment partis d’une quelconque expédition de vacances. Il s’agissait de deux professeurs et de leurs élèves de Durmstrang, c’était une sortie scolaire à la base mais comment dire… ? Une des élèves m’a trouvé inconscient dans la neige. J’avais essayé de fuir un animal furibond, j’avais glissé et, une première fois, ma tête était rentrée en contact avec une pierre…

Que dire, que faire ? Les informations coulent de sa bouche comme une rivière en furie et je dois mobiliser toutes mes forces pour garder mon calme. Sous la table, mon poing se serre et se desserre alors que j’essaie de mémoriser toutes ces informations tout en contenant les émotions qui risquent de se lire sur mon visage et de trahir que non, je ne suis pas calme et non, ce n’est pas rien et bordel pourquoi j’ai toujours l’impression que c’est à moi de sauver ses fesses car cet abruti (que j’aime) n’est pas fichu de faire deux pas sans manquer se rompre le cou ?!

Si je comprends bien, il est parti tout seul dans la neige, s’est blessé une première fois, ne doit sa vie qu’à une greluche pubère qui l’a retrouvé sous la poudreuse puis il est tombé et a manqué se tuer une seconde fois ? Respire Caleb, respire, tu sais très bien que jeter un sort à une personne pour la garder à l’abri dans une chambre n’est pas considéré comme quelque chose de positif mais comme un enlèvement et de la séquestration. Oh putain, ce type me donnerait envie d’utiliser l’Imperium rien que pour être sûr qu’il ne se foule pas un orteil en éternuant. Mais encore une fois, ce serait mal vu. Dommage…

Avant que j’aie le temps d’ouvrir la bouche pour dire quoi que ce soit, Brivael reprend son récit et passe sur mon visage une ombre d’angoisse. Ce n’est pas fini ?! Pitié, faites que je n’apprenne pas une nouvelle catastrophe ou je risque réellement de faire une bêtise.

Oui bon, j’ai eu deux accidents pour être plus exact… quand je me suis réveillé du premier, j’étais dans la yourte d’un professeur. Il m’avait soigné et protégé du froid. J’ai été stupide de partir à l’aventure si peu équipé au départ… puis une fois de plus, il m’a sauvé la vie lors de ma chute et s’est occupé de moi pour que je sois sur pied et avec tous mes souvenirs, rapidement. Voilà, tu sais tout… quant à ma prochaine expédition, je vais m’arranger pour repartir avec eux. Un medicomage peut toujours être utile dans une caravane de promeneurs.

D’accord…un professeur l’a sauvé. Je m’imagine instinctivement un homme d’âge mûr qui aurait su employer les bons sorts pour soigner mon Brivael mais je ne cherche pas vraiment à me remémorer les visages aperçus dans son carnet. Ce qui m’interpelle surtout, c’est le projet de mon ange de repartir avec cette équipe dans un milieu si hostile. Il a l’intention de faire un peu attention ou juste de se reposer sur ce professeur pour soigner ses bobos ? Punaise, si je pouvais être là…l’accompagner pour être sûr qu’il ne lui arrive rien. Mais ça paraîtrait bizarre, il me trouverait trop envahissant.

Je laisse échapper un rire en tirant sur ma cigarette, passant la langue sur mes lèvres en réfléchissant à tout ce que je viens d’apprendre. Sur mon visage se lit une inquiétude mal contenue mais que j’essaie de réprimer, souriant maladroitement en cherchant mes mots.

C’est…ouah, sacrée aventure. Je suis content que tu ailles bien, évidemment. Mais ça fait beaucoup d’accidents. Heureusement que l’on t’a trouvé.

Je me fige un instant en comprenant qu’il aurait très bien pu mourir, seul, dans la neige d’un pays lointain. Je murmure un juron en soufflant la fumée de ma clope avant de me reprendre, l’air perplexe mais faisant de mon mieux pour voir le bon côté des choses.

Et donc tu veux repartir…au fond, ça ne m’étonne pas, tu as toujours été du genre à suivre tes idées jusqu’au bout. Quelque part, je devrais être rassuré de savoir que tu pars avec ce groupe, ils veilleront probablement sur toi. (A voix plus basse) Bri…tu aurais pu mourir et je ne l’aurais même pas su…

Moi qui suis toujours dans la maîtrise, toujours souriant et sûr de moi, je dois avoir l’air très secoué en cet instant même si j’essaie de le cacher, sans grand succès.

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le Chat & la Souris

J’en ai définitivement trop dit. J’ai vu son visage changer, on ne me la fait pas à moi, je le connais ce jeune homme. Et il va se retourner les sens et le cerveau à cause de mes mots. Je suis perturbé. J’ai envie de le prendre dans mes bras, de le rassurer mais, d’un autre côté, nous sommes en public et je ne suis pas sûr que l’idée soit bonne. Après, on pourrait faire croire à un lien fraternel, ou que l’on a appris une horrible nouvelle et du coup, on se réconforte mais c’est trop gros. Je lui offre un sourire que je veux rassurant avant de me lever. Je range mes affaires et le regarde.

- Bien, et si nous allions nous dégourdir les jambes un peu ? Viens, allons marcher un peu Caleb…

Je l’attends patiemment avant de nous mettre en route. Je ne sais pas de quoi nous pouvons parler dans l’immédiat, j’ai dit ce que j’avais à dire sans aucun mensonge. Ces retrouvailles sont un peu incongrues, inattendues je dirais même. Néanmoins, je suis quand même content, allez savoir pourquoi. La foule se fait moins dense au fur et à mesure de notre marche. Je cherche quelque chose, un endroit où je pourrais sans craintes, prendre Caleb dans mes bras. Pourquoi ? Pour lui dire qu’il ne faut pas qu’il s’inquiète de trop pour moi, que je suis devenu plus fort qu’avant malgré mon récit.

J’entrevois une ruelle avec quelques vieilleries qui bouchent plus ou moins la vue. Sans crier gare, et après avoir regardé autour de nous, je l’attrape par le bras et l’y entraîne avant de le serrer dans mes bras, un peu maladroitement.

- …écoute Caleb, je ne veux pas que tu t’inquiètes pour moi. Je veux dire, il faut que tu vives ta vie à ta guise et tu n’auras jamais l’esprit tranquille si tu continues de vouloir t’occuper de moi… Il faut lâcher prise Caleb, tout va bien, je suis en vie et en bonne santé, tu peux t’occuper de toi maintenant… d’accord ?

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Mon ange noir & Moi

Oh, can't you see ? You belong to me. How my poor heart aches. With every step you take. Every move you make, every vow you break. Every smile you fake, every claim you stake, I'll be watching you

Y a-t-il une part de comédie dans mon comportement ? Sans aucun doute mais je suis sincèrement inquiet pour mon ange. Vraiment. Après tout, je l’aime, il est normal que je m’inquiète. Mais je le connais aussi, je sais qu’il a un cœur sensible et généreux alors la meilleure façon de retrouver notre complicité passée, c’est de le titiller au niveau de la corde empathique.

Bien, et si nous allions nous dégourdir les jambes un peu ? Viens, allons marcher un peu, Caleb…

Et bah voilà, ce n’était pas très compliqué. Peut-être que je devrais songer à devenir acteur, il parait qu’un nouveau genre de cinéma se développe et que l’on peut entendre les voix en même temps que regarder les images. Ça peut être une bonne façon de devenir riche et puis, avec mon physique, je pourrais aller très loin. Mais revenons à mon cher Brivaël et au fait que je suis censé ne plus savoir comment dissimuler la terrible inquiétude qui me ronge. Je souris légèrement en hochant la tête, le suivant où qu’il décide de m’emmener tant que nous ne nous séparons pas tout de suite. Je me doute qu’il ne compte pas me faire l’amour dans un recoin sombre (l’idée ne me déplairait pas) mais tout ce qu’il aura en tête en matière de geste ou propos que l’on ne peut pas faire en public à la terrasse d’un café me convient. Nous nous éloignons des lieux trop fréquentés jusqu’à ce que le jeune homme m’attire dans une ruelle où personne ne pourra nous voir. Mon ange, mon ange, dans la pénombre tu me donnes encore plus d’idées…

Brivaël me prend dans ses bras avec d’une façon adorable, je le sens hésitant mais désireux de me rassurer, de me réconforter. Je lui rends son étreinte avec un soupir, humant discrètement son parfum qui m’avait tant manqué. Embrasser la peau de son cou, taquiner le lobe de son oreille, lui ôter son manteau et sa chemise pour en apprivoiser les boutons de chair… Je le serre contre moi avec juste ce qu’il faut de maladresse à mon tour.

…écoute Caleb, je ne veux pas que tu t’inquiètes pour moi. Je veux dire, il faut que tu vives ta vie à ta guise et tu n’auras jamais l’esprit tranquille si tu continues de vouloir t’occuper de moi… Il faut lâcher prise Caleb, tout va bien, je suis en vie et en bonne santé, tu peux t’occuper de toi maintenant… d’accord ?

Evidemment, il veut à la fois me dire que tout va bien et me faire comprendre qu’il peut mener sa vie seul. Comme si c’était possible. Ouvre-les yeux, mon joli, tu es incapable de faire deux pas sans tomber dans un gouffre.
Tu as besoin de moi.

Je ne veux pas te perdre.

Voilà, je l’ai dit et je me mords la lèvre, les mots sont sortis tout seuls, dans un murmure rauque. Je me recule légèrement pour laisser Brivaël respirer et ne pas trop envahir son espace personnel, effleurant sa joue avec des yeux brillants de tristesse et d’inquiétude. Je passe la langue sur mes lèvres en semblant réfléchir, lutter entre deux émotions. En dire plus ? Me rétracter ? Accepter sa demande de me détacher de lui ?

Excuse-moi, c’est stupide, je ne devrais pas me montrer si…collant avec toi. Tu es un adulte, tu as besoin de liberté et tu n’es pas en sucre. Je crois que…que tu me manques, tout simplement. Pas seulement nos baisers -même si ça compte aussi – mais aussi nos moments complices, les discussions tard le soir, ta façon de parler de tes passions. Mon amant, je peux m’en passer mais c’est Brivaël qui laisse un grand vide.

Je grimace en me grattant la nuque, me balançant sur un pied comme on fait souvent lorsque l’on est gêné. C’est d’une maladresse et je ne suis pas sûr qu’il comprenne ce que je veux dire mais tant pis, je tente tout de même puisque nous avons un peu d’intimité. Je ris nerveusement en haussant les épaules dans une tentative laborieuse pour jouer la décontraction.

C’est mauvais, très mauvais. Ce que je veux dire, c’est…tu crois que l’on pourrait rester amis ? Garder le contact ? Que je sache au moins si tu es toujours en vie.

Après tout, je n’obtiendrai rien en y allant totalement de front et en demandant toute la forêt d’un coup. Il faut commencer par un arbre, puis un deuxième et encore un. Soyons amis et bientôt, tu seras de nouveau dans mon lit et tout rentrera dans l’ordre. Tu verras, mon ange noir, ça va te plaire.

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Je souris bien malgré moi. Ses mots me font étrangement plaisir, il s’inquiète encore et toujours pour moi alors que nous avons grandi et que nous avons notre propre chemin de vie. On s’est retrouvé à un carrefour et chacun a pris une direction différente. Enfin je veux dire, je suis parti parce que cela devenait un peu trop étouffant à mon goût. Aujourd’hui, quand je regarde en arrière, je me dis que rien n’arrive au hasard. Surtout pour nous autres Sorciers. Quand j’ai eu mes accidents, ce n’était pas le fruit du hasard selon moi. Une force supérieure m’a guidé sur des routes tortueuses et dangereuses avant de mettre Phineas devant moi. C’est un signe.

Je souris à Caleb et caresse sa joue doucement. Il est comme un petit oiseau blessé et apeuré. Le voir si gêné, me plaît beaucoup. Est-ce bien, est-ce mal ? Je n’en sais rien mais je ne vais pas m’en formaliser davantage.

- Tu ne me perdras pas Caleb, je suis là, devant toi et en pleine forme ! Alors, essaye de ne pas trop te prendre la tête, d’accord ? Quant à savoir si on peut rester amis et garder le contact, il me semble évident que c’est le cas, tu ne crois pas ? Je veux dire, je n’ai aucune haine ou animosité envers toi, et bien que j’aie été très surpris de retrouver, que je n’ai pas forcément eu une bonne réaction de primes abords, ça m’a fait plaisir de te voir. Donc pour moi, il est évident que nous restons en contact quoiqu’il arrive.

Je lui souris toujours avec la même gentillesse avant de déposer un chaste baiser sur ses lèvres, comme pour signer ce contrat amical que je viens de lancer.

- Tu veux venir avec moi à Central Park ? On pourra discuter plus sereinement du temps qui passe et de nos derniers souvenirs. Qu’en penses-tu ?[/color]

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Oh, can't you see ? You belong to me. How my poor heart aches. With every step you take. Every move you make, every vow you break. Every smile you fake, every claim you stake, I'll be watching you

Même s'il le niera sans doute, je sais combien il est friand d'attention, combien il a besoin de se sentir aimé. Je suis peut-être le méchant dans l'histoire, celui qu'il a choisi de fuir mais de savoir que je l'aime encore, même tendrement, doit le réchauffer un peu. Et puis, quelque part, n'est-ce pas lui le plus coupable à avoir fui sans demander son reste, à m'avoir abandonné sans nouvelles moi qui l'aime tant ?

Sa main caresse ma joue, je garde les yeux baissés en reprenant mon souffle après ma tirade, exprimant un mélange de fragilité et de honte de me montrer justement si vulnérable. Vas-y Bri, sens combien tu pénètres facilement ma carapace, combien tu exposes mon âme alors même que je joue les êtres assurés et sans peur. Sous son contact, je ferme brièvement les yeux avec un sourire, ses caresses m'avaient sincèrement manquées. J'ai connu d'autres étreintes mais jamais aucun homme ne m'a remué de l'intérieur comme il le fait.

Tu ne me perdras pas Caleb, je suis là, devant toi et en pleine forme ! Alors, essaye de ne pas trop te prendre la tête, d’accord ? Quant à savoir si on peut rester amis et garder le contact, il me semble évident que c’est le cas, tu ne crois pas ? Je veux dire, je n’ai aucune haine ou animosité envers toi, et bien que j’aie été très surpris de te retrouver, que je n’ai pas forcément eu une bonne réaction de primes abords, ça m’a fait plaisir de te voir. donc pour moi, il est évident que nous restons en contact quoiqu’il arrive.

Ses paroles me font sourire, je me détends légèrement en laissant mes yeux clairs se réchauffer, exprimer un espoir d'enfant à l'idée que l'on ne se quittera plus ou du moins, qu'il ne prendra pas la poudre de cheminette dès que j'aurai le dos tourné. Pour achever de me rassurer, il m'embrasse très doucement et je résiste de toutes mes forces pour ne pas lui rendre ce baiser, pour ne pas en faire quelque chose de plus passionné, pour ne pas le plaquer contre ce mur pour lui faire furieusement l'amour comme je brûle de le faire. Rien qu'à la pensée de sa peau fiévreuse contre la pierre, de ses gémissements...Non, je resterai maître de moi, mon rôle doit encore tenir un peu.

Tu veux venir avec moi à Central park ? On pourra discuter plus sereinement du temps qui passe et de nos derniers souvenirs. Qu’en penses-tu ?

Ainsi donc, tu es prêt à continuer encore un peu cette conversation ? Je te reconnais bien là, mon ange noir et j'accepte avec délice. Les dernières fois que nous nous sommes vus, c'était dans le secret d'une chambre, d'un appartement alors de pouvoir me promener avec lui aux yeux de tous a quelque chose de très excitant. Bien sûr, nous ne ferons que discuter mais je sens monter en moi ce petit courant électrique qui m'anime chaque jour de l'année et me donne envie de croquer la vie à pleines dents. Mon visage tout entier s'éclaire comme un matin de Noël et je hoche la tête en rajustant ma tenue.

Avec plaisir, je ne travaille pas ce matin alors je suis tout à toi...enfin, amicalement, bien entendu.

Petit sourire complice pour montrer que j'ai bien compris les limites qu'il a posées et que je m'en contenterai joyeusement. Rien n'est plus important que lui, de savoir qu'il va bien et de l'avoir près de moi. Je m'extirpe le premier de la ruelle et fait quelques pas en attendant qu'il sorte à son tour, histoire que l'on ne paraisse pas suspect (c'est déjà fait). Puis nous prenons la direction de Central Park pendant que je lui tends une petite flasque avec nonchalance.

J'ai toujours l'écharpe de ta maison, celle que tu m'avais prêté quand nous avons été faire du patin à glace. Je te la rendrai si on passe devant mon appartement...si tu veux.

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