Déjeuner en famille [Mary Lou & Credence]

Modesty soupira, elle venait de finir sa distribution de tracts sur la ligue, elle se demandait bien souvent à quoi cela pouvait bien servir. Si les sorciers avaient autant de pouvoir que ça, ce n'était pas avec des morceaux de papier qu'ils allaient pouvoir faire quelque chose. De plus, si sa père était une "vraie" menace pour eux, nul doute qu'ils auraient déjà agit contre elle. Parfois elle se disait que ça serait bien, au moins elle ne pourrait plus lui nuire, ni à elle, ni à Crédence, ni à Chastity. La petite fille n'aimait pas trop sa grande sœur, qu'elle trouvait souvent un peu molle, mais c'était peut-être parce qu'elle avait peur des coups, et faisait tout pour ne pas en recevoir.

La petite fille de neuf ans, poussa la porte de l'église où les fidèles de la ligue de Salem se regroupait. L'endroit était plein, des enfants étaient alignés pour manger leur soupe, offerte par sa mère, aprés avoir distribuer leur tracts. Sa mère tirait partie de cette situation, elle avait ainsi des distribution quotidienne et gratuite, mais au moins les enfants avaient un repas chaud surtout durant l'hiver, un peu froid du mois de juillet. Modesty regarda de tous les côtés pour essayer de repérer son frère, si elle pouvait le kidnapper (façon de parler), ils pourraient aller dehors un moment hors des murs de cette foutue église, que Modesty ne pouvait plus voir en peinture.

Tous les deux pourraient ainsi partager un moment ensemble sans que leur mère ou Chastity soit dans les coins. Modesty n'avait pas confiance en sa grande sœur pour être assez à l'aise devant elle, notamment dire du mal de Mary Lou Barebone, ou bien parler de sa famille qui lui manquait beaucoup. De toute façon, sa grande sœur ne voulait jamais en entendre parler. Enfin, elle repéra le jeune garçon, et s'avança vers lui, la tête baissée, en espérant que personne ne la remarque, et surtout pas Mary Lou. Elle arriva prés de son frère, et lui tira gentiment la manche, pour lui signifier sa présence. Modesty lui fit un petit sourire, et d'un signe de la tête, elle lui montra la porte, lui demanda ainsi silencieusement si ils pouvaient prendre la poudre d'escampette pendant quelques heures. La jeune fille avait même réussit à avoir quelques pièces, ils pourraient aller boire un chocolat chaud dans un café.

Credence prenait quand même beaucoup sur lui quand il se trouvait dans l’église, en compagnie de sa famille. Cela dit, le jeune homme avait vraiment l’habitude, c’était comme ça depuis… eh bien, c’était comme ça depuis toujours en fait. Credence savait bien que sa mère le détestait, comme elle n’aimait pas ses sœurs non plus. Alors forcément, il avait conscience que le moindre geste de sa part était susceptible de pousser sa mère à le frapper, parce qu’elle trouverait une raison de s’en prendre à lui. Alors, forcément, le jeune homme prenait donc sur lui afin de ne pas s’écarter du droit chemin. Ainsi, il espérait quand même s’en sortir et ne pas se retrouver dans une mauvaise situation avec sa mère.

Surtout que ces derniers temps, Credence ne se sentait pas bien du tout. Il ne parvenait pas à l’expliquer, mais il y avait quand même beaucoup de chose qui lui mettait la pression. Il y avait Monsieur Graves déjà, mais en même temps le jeune homme espérait quand même aider le sorcier dans sa quête. Mais ce n’était pas tout, il avait rencontré d’autres personnes, il avait des sensations étranges, des sentiments particuliers. Il n’était pas au meilleur de sa forme, il ne savait pas comment interpréter tout cela. Autant dire qu’il n’était pas au meilleur de sa forme et qu’il ne savait pas trop comment s’en sortir.

Alors que tout le monde vaquait à ses occupations, pendant la distribution de la soupe aux orphelins du coin, quand Modesty s’approcha de Credence. Il tourna son regard vers sa petite sœur quand elle tira sur sa manche, puisqu’elle cherchait à lui dire quelque chose. Elle lui fit un signe vers la porte. Credence comprenait que la jeune fille avait envie de s’en aller… ce qu’il pouvait comprendre, évidemment, lui aussi avait bien envie de s’en aller de cet endroit et d’aller respirer un peu en dehors de cette église. Sauf que… ils ne pouvaient pas faire n’importe quoi. D’ailleurs, Credence leva son regard vers leur mère, il était persuadé qu’elle les observait. Il reporta son regard vers Modesty avant de lui faire un signe négatif de la tête. Ce n’était pas contre elle, mais il n’avait pas du tout envie de prendre de risque.

Modesty fit un sourire timide à Crédence, elle savait bien que ce n'était pas facile pour lui, et voulait vraiment l'aider de son mieux. Et puis elle voulait aussi quitter cet endroit, au moins pendant un moment, juste quelques minutes. Mais son frère lui fit non de la tête, elle soupira de tristesse et de lassitude, elle laissa retomber son bras, et se tourna vers sa mère, que Crédence observait. La petite fille la regarda à son tour, mais Mary-Lou ne tournait pas son regard vers eux, et Modesty avait bien envie d'insister pour que son frère et elle aillent faire un tour dehors, mais elle savait que ce n'était plus le moment. Pourtant au milieu de tous les autres enfants, qu'il manque deux aurait pu passer inaperçu. Modesty était triste, en même temps, elle était tout le temps triste avec cette famille, sauf peut-être en compagnie de Crédence. C'était le seul point positif de son adoption par la mère Barebone. Elle y avait gagné un grand frère.

"Plus tard alors" murmura-t-elle avec un petit sourire, en espérant que ce petit vœu puisse se réaliser, et qu'ils puissent tous les deux allés faire un tour dans la ville. Aller prendre un chocolat chaud dans un bar bien au chaud, c'était un beau rêve, non? La fillette avait des rêves bien modeste, mais vu leurs vies, c'était bien plus qu'elle ne pourrait jamais avoir, surtout avec une mère comme Mary-Lou Barebone. Elle prit la corbeille de pain qui se trouvait derrière elle, et resta auprès de Crédence pour distribuer le pain, aprés la soupe aux jeunes enfants qui étaient là. Elle espérait que cette initiative ne déplairait pas à leur mère, et qu'elle la laisserait avec Crédence, ce serait plus facile pour se faufiler dés qu'ils le pourraient. La petite fille rêvait déjà de son chocolat chaud.

Modesty sembla déçue que Credence n’accepte pas de venir avec elle en dehors de cette foule, dans le but d’aller boire un chocolat chaud. Le jeune homme s’en voulait de décevoir ainsi sa sœur adoptive, mais en même temps… c’était beaucoup trop risqué. Le jeune homme ne regrettait pas une seule seconde de ne pas avoir donné suite à la demande de sa sœur, parce qu’il ne savait que trop bien ce qu’ils risquaient derrière. Même s’il y avait beaucoup d’enfant en cet instant précis dans leur église, Credence savait bien qu’ils ne passaient pas inaperçu et que Mary Lou saurait à la minute qu’ils étaient partis. Dans l’idée qu’ils parviennent à partir sans qu’elle ne les voie, ce qui était déjà une chose qu’ils n’étaient pas certain de faire. Tant pis, Modesty devait le comprendre, c’était beaucoup trop risqué. Ils n’avaient pas le choix, ils devaient rester là. Même si forcément, le jeune homme ne pouvait pas nier qu’il aimerait bien pouvoir se contenter de partir et ne jamais revenir, mais ce n’était pas un rêve réalisable pour le moment. Un jour, peut-être, mais pour l’heure ce n’était pas possible.

Chacun continua ce qu’ils avaient à faire, jusqu’à ce que tous les enfants partent de leur église dans le but de distribuer leurs tracts. Credence décida de ne pas rester sans rien faire et commença doucement à ranger quelques affaires, dans le but de se concentrer sur autre chose surtout et de ne pas se préoccuper de Mary Lou. Dès qu’il posait son regard sur sa mère de toute façon, le jeune homme se sentait mal. Finalement, ce fut leur mère qui s’approcha d’eux en affirmant qu’elle n’aimait pas les messes basses. Credence senti un long frisson parcourir son échine eux propos de la femme, avait-elle comprit qu’ils se parlaient tous à l’heure et surtout de ce qu’ils étaient en train de se dire ? Le jeune homme ne pouvait pas s’empêcher de s’inquiéter, parce qu’il ne savait que trop bien ce qu’il risquait si jamais Mary Lou décidait de se venger, de les punir pour les quelques mots qu’ils avaient échangés. Enfin, techniquement, Credence n’avait rien dit, donc il n’y avait aucune raison qu’il soit puni pour des messes basses non ? Malheureusement, il en fallait beaucoup moins pour celle qui les avait adoptés…

« On… on ne fait pas de messes basses. » Dit-il en baissant son regard, la voix tremblante comme à chaque fois qu’il parlait à sa mère. Mais surtout, en ne s’empêchant pas de se sentir coupable, même s’il n’avait rien fait de mal. C’était comme ça, il ne pouvait pas s’en empêcher.

Tout le monde fut partit pour distribuer les tracts, aprés leur maigre repas, mais c'était un échange que Mme Barebone avait mis en place pour faire connaître son organisation. Modesty ne savait pas si ça marchait ou pas, et au fond elle s'en fichait un peu de ces sorciers. La plupart du temps, elle lance les tracts qu'elle doit distribuer comme une volée de confettis, et va s'amuser à la marelle, jusqu'à ce que ça soit l'heure de rentrer à la maison pour distribuer le repas aux autres orphelins et d'aller se coucher. Ou alors, elle se débrouillait pour retrouver son frère. Mais aujourd'hui, avec les trois pièces qu'elle avait dans sa poche, elle avait envie de passer un moment avec Crédence, d'aller prendre un chocolat chaud quelque part. Elle soupira et se tourna vers son frère, mais avant qu'elle ait pu dire quoique ce soit, une voix s’éleva derrière elle. C'était leur mère, qui disait qu'elle avait horreur des messes basses. Modesty se figea, et s'inquiéta tout de suite pour son frère, elle savait que c'est lui qui prendrait à cause d'elle. Il fallait donc qu'elle dise ou fasse quelque chose pour l'aider.

"Je ... lui demandais si je pouvais distribuer le pain!" fit Modesty en se tournant vers sa mère, avec une mine aussi sérieuse que possible. Elle ne voulait pas montrer son inquiétude, et elle ne pouvait pas non plus sourire pour ponctuer son propos, on ne sait jamais leur mère pourrait mal l’interpréter. Mais elle leva tout de même la panière devant elle, qu'elle tenait heureusement toujours en main. Il semblait évidement avec tout ça, qu'ils auraient sans doute pas de chocolat chaud pour aujourd'hui, leur mère allait les surveiller comme le lait sur le feu. Peut-être qu'un autre jour, ils auraient plus de chance de pouvoir se retrouver tous les deux autour de cette boisson chaud qui fait tant rêver la petite fille.

Credence savait bien que ce n’était pas forcément une bonne chose de sa part d’affirmer qu’ils ne faisaient pas de messes basses, que leur mère n’allait pas forcément les croire. Ce n’était pas forcément très fin de sa part de répondre ça, mais le jeune homme se sentait clairement paniqué. Parce qu’il savait que quoi qu’il allait répondre, la femme n’allait pas apprécier. Mais le pire fut le moment où Modesty affirma qu’elle lui demandait si elle pouvait distribuer les petits pains. Credence sentit un long frisson parcourir son échine, parce qu’il savait parfaitement que ça n’allait pas convenir à sa mère.

Elle n’allait pas accepter une telle excuse, ce n’était pas possible, parce qu’il n’y avait pas de petits pains, parce qu’elle n’avait aucune raison de lui poser ce genre de question. Quand Mary Lou reprit la parole, affirmant qu’elle n’aimait pas les mensonges, Credence en avait bien conscience et surtout, il comprenait bien qu’elle ne gobait pas les paroles de ses enfants. En même temps... c’était normal. La fillette n’avait pas spécialement été subtile à affirmer une telle chose. Credence ferma un instant les yeux, serrant des dents, alors que leur mère leur demandait de nouveau ce qu’ils faisaient et ce qu’ils se disaient. Ils ne pouvaient pas mentir, ils ne pouvaient pas non plus dire la vérité. Credence ne savait pas du tout ce qu’il devait faire. La voix tremblante, il finit tout de même par reprendre la parole.

« C’est que... je... » Il ne pouvait pas dire la vérité, il ne pouvait pas vendre Modesty. Même si ça pouvait peut-être l’aider... éviter de se faire punir à sa place. Non il ne pouvait pas dire ça, il devait simplement... peut-être prendre sur lui ? Ça ne lui faisait pas plus plaisir que ça, mais il ne pouvait pas laisser Modesty se faire punir. Il baissa son regard, tremblant de tout son corps avant de reprendre la parole. « C’est moi qui... je voulais... je voulais qu’on sorte boire un chocolat chaud. »

Il ne mentait pas réellement, il y avait bel et bien une histoire de chocolat chaud. La seule différence c’était simplement qu’il n’était pas celui qui avait eu cette idée, mais ce n’était pas bien grave en soit. Disons que ça n’allait pas changer grand chose.

Modesty ne se rendit pas tout de suite compte de sa méprise sur les petits pains, il y a bien souvent au menu, sauf que bizarrement le seul jour où elle aurait pu trouver une excuse valable, et bien il n'y avait pas de petits pains à distribuer. Elle posa son regard sur Crédence quand leur mère, leur demanda de lui dire la vérité, elle ne voulait pas gâcher ses chances de pouvoir prendre un chocolat chaud, mais c'était trop tard. Son frère annonça alors que c'était son idée, la petite fille tourna sa tête vers lui, et le regarda avec un peu de colère et de tristesse dans le regard. De la tristesse parce qu'elle savait ce qui allait arriver à son frère, mais aussi de la colère, parce que ce n'était pas à lui de prendre des coups pour elle. La petite fille aurait bien voulu dire que c'était aussi son idée, mais cela ne changerait rien. Comme ils diraient deux choses contraires, elle les punirait tous les deux, ne sachant pas le quel des deux ment. Bah de toute façon, ils seraient punis tous les deux.

Et maintenant, elle était censé faire quoi, baisser la tête et ne rien dire, et laisser Crédence se faire accuser à sa place. Ou bien est-ce que c'était à elle de dire la vérité, et Crédence se ferait aussi punir pour avoir menti. En fait, quelque soit sa décision, il serait puni et elle avec, par la même occasion.
"Je ... partageais cette idée" fit-elle en fixant sa mère du regard, même si ce n'était pas facile de soutenir son regard. De cette façon, même si elle ne pouvait pas empêcher la punition de Crédence, elle partagerait avec lui. Aprés tout la petite fille se sentit responsable de la situation, c'était de sa faute, si ils se retrouvaient dans cette position.

Credence avait conscience qu’il pourrait très bien affirmer que Modesty lui avait suggéré de prendre un chocolat chaud, qu’il avait refusé parce qu’ils avait que sa mère ne serait pas d’accord. Il pourrait, mais en même temps le jeune homme savait aussi qu’elle serait bien incapable de le croire. Sans doute qu’elle se dirait qu’il mentait pour se couvrir et que Modesty n’avait rien fait, parce qu’elle avait toujours eu tendance à se montrer plus dur avec lui qu’avec elle. En même temps, on ne pouvait pas se montrer plus dur qu’elle ne l’était avec Credence. Dans tous les cas, le jeune homme savait qu’elle ne le croirait pas et elle trouverait un moyen de le punir, une raison quelconque. Alors… autant empêcher Modesty d’être punie à son tour. Au moins, comme ça il souffrirait de son côté, mais sa jeune sœur ne le ferait pas. C’était une façon pour lui de la protéger, du mieux qu’il pouvait, en se sacrifiant pour elle. Cela dit, ce n’était pas bien difficile, il savait que dans tous les cas leur mère allait trouver un prétexte de lui faire du mal.

Sauf que Modesty reprit la parole en affirmant qu’elle partageait l’idée. Credence senti un frisson parcourir son échine. Mais pourquoi disait-elle ça ? S’il décidait de porter le chapeau, ce n’était pas pour qu’elle vienne derrière en affirmant qu’elle partageait l’idée. À la limite, si elle avait affirmé que c’était d’elle que venait l’idée, Credence aurait pu se sentir flatté parce qu’elle chercherait comme cela à le protéger également (et en réalité, elle se contenterait simplement de dire la vérité et potentiellement lui permettre de ne pas porter le chapeau pour une idée folle qu’elle avait osé avoir), mais non, elle disait qu’elle partageait l’idée et donc ils allaient être punis tous les deux.

Son corps tremblant un peu plus quand Mary Lou reprit la parole, d’une voix encore douce mais Credence savait parfaitement ce qu’il y avait dans son ton.

« Non… non, bien sûr que non. » Répondit-il vivement quand sa mère lui demandait si cela arrivait souvent qu’ils aient ce genre d’idée. Évidemment que non, d’ailleurs ça n’était jamais arrivé à Credence. « Modesty… ne ment pas… » Articula-t-il doucement, en baissant un peu plus la tête.

D’accord, il prenait vraiment trop sur lui, mais Credence préférait que sa sœur ne subisse pas le gourou de leur mère, qu’il ne fasse pas tout cela pour rien. Ou alors, qu’elle prenne toute la responsabilité, mais il ne pouvait pas lui demander ça.

Modesty ne savait plus ce qu'elle devait faire, mentir et laisser Crédence être le seul à être puni, ce n'était pas trés juste étant donné que c'était elle qui avait eu cette idée. Ou bien dire toute la vérité, et se faire punir, et elle savait que Mrs Barebone n'était pas du genre trés ... aimante. Crédence lui demanda alors de ne pas mentir, elle ne savait plus du tout ce qu'elle devait dire à leur mère. Elle soupira et décida d'assumer son idée, aprés tout c'était elle la coupable, c'était elle qui avait proposer cette idée à Crédence, c'était elle qui avait les trois pièces dans sa poche. Elle les serra fort dans sa main, hésitant à les présenter à sa mère, elle savait que cette dernière allait les prendre pour les mettre dans un de ses projets de chasse aux sorcières, et Modesty préférait vraiment les mettre dans un chocolat chaud.

"C'est ma faute... C'est moi qui ait dit à Crédence que je voulais boire un chocolat chaud. Il ... ne voulait pas venir avec moi" fit Modesty, en baissant la tête, elle ne savait même pas si cela allait permettre à Crédence de pouvoir échapper à la punition, mais au moins, elle avait dit toute la vérité pour aider son frère, dans le fond, elle ne pouvait pas faire grand chose d'autres dans cette histoire. La petite fille ne dit plus rien et baissa la tête, attendant que sa mère dise quelque chose, fasse quelque chose. Elle serra les dents, et ferma les points attendant avec crainte la punition qui allait s'abattre sur elle. Peut-être que Crédence aurait la chance d'y réchapper aprés tout. Elle était en colère contre cette mère qui ne laissait même pas aller prendre un chocolat chaud tranquillement. Elle lui en voulait beaucoup, mais elle ne pouvait rien faire contre cette femme. Elle n'avait pas de pouvoir magique comme ces sorciers qu'elle combattait tant, et pourtant certains jours, elle aimerait bien en avoir.

Credence sentit son corps se tendre tout entier quand sa mère reprit la parole, d’une voix calme qui était bien contradictoire vis-à-vis de la vitesse à laquelle battait son cœur. Le jeune homme savait que quoi qu’il arrivait, si Mary Lou Barebone était calme, c’était que la tempête n’était vraiment pas loin. Quand Mary Lou leur affirma qu’ils avaient mieux à faire que ce qu’ils prévoyaient de faire, Credence baissa encore plus son regard, n’osant pas du tout lever ses yeux vers sa mère. Il avait conscience qu’ils n’allaient pas s’en sortir, qu’ils allaient payer les conséquences de ce moment. Credence se doutait que leur mère allait se montrer plus dur avec lui, parce que c’était toujours le cas, mais en même temps, il aurait bien aimé que sa sœur soit épargnée, qu’elle ne subisse pas le gourou de leur mère. Quitte à souffrir, le jeune homme préférait largement le faire seul.

Malheureusement, Modesty avait parlé, elle avait dit qu’elle était aussi responsable et donc, Credence se doutait que sa sœur allait aussi payer les conséquences de leur discussion. Credence ne répondit rien, se contentant simplement de regarder ses chaussures, quand la femme affirma qu’elle ne supportait pas qu’on lui manque de respect, qu’elle ne tolérait pas le mensonge. Ils le savaient tous évidemment, ce n’était pas pour rien qu’il fallait faire en sorte quand on mentait de ne pas se faire avoir. Credence hésita à s’excuser encore une fois, parce que c’était quelque chose qu’il faisait naturellement.

Mais il ne dit rien, et il ne pensait pas qu’il était réellement utile de dire quoi que ce soit alors que Mary Lou leur demandait maintenant de l’attendre à l’étage. Ils n’avaient pas le choix, quoi qu’ils puissent avoir envie de faire, ils devaient simplement se résigner. En un sens, c’était comme cela que Credence arrivait plus ou moins à s’en sortir, à survivre après toutes ces années de sévices à cause de cette femme. Il fallait simplement qu’il serre les dents, qu’il attende que le moment passe et qu’il prie pour que ce dernier soit rapide, pour qu’il puisse passer à autre chose. Même si ce n’était vraiment pas évident.

Sans rien dire, Credence fit donc un signe de la tête et se dirigea lentement vers les escaliers pour monter à l’étage. Il assumait son sort, il savait bien qu’il n’avait pas le choix dans tous les cas et que ce n’était pas en contredisant les demandes de sa mère qu’il allait pouvoir s’en sortir. Malheureusement…

Modesty ne pouvait pas laisser son grand frère affrontait seul la colère de leur mère, surtout que toute cette histoire était sa faute. Elle aurait mieux fait de tout avouer tout de suite, mais elle avait espéré une chance, malheureusement c'était son frère qui en payait les pots cassés, et ce n'était pas possible pour elle de le laisser seul avec cette femme. Modesty doutait que cette femme ait été une enfant un jour, ou alors elle avait oublié la joie qu'on pouvait ressentir à boire un chocolat chaud, surtout quand on a jamais à la maison. Elle n'avait pas été une enfant, c'était impossible autrement. Elle avait dû apparaitre comme ça, adulte avec des idées étranges sur les sorcières, et maintenant ils allaient devoir subir ... sa déception, et sa colère. Évidemment Modesty, ne comprenait pas vraiment le combat de sa mère, elle passait plus de temps à jeter les prospectus dans la rue, qu'à les distribuer, et plus de temps à arpenter les rues pour jouer, que pour prévenir les pauvres habitants de New York du danger des sorciers. Et puis Modesty était une enfant, et boire un chocolat chaud avec son frère était plus important que tout le reste, mais elle ne pouvait surtout pas dire cela à sa mère.

Leur mère, leur dit d'un ton calme, presque trop calme de l'attendre à l'étage. Modesty savait trés bien ce que cela voulait dire. Ils n'allaient surement pas passer un agréable moment, et elle n'aurait aucune chance de boire un chocolat chaud avec son frère. Elle ne comprenait pas pourquoi cette femme, sa mère, voulait les empêcher de faire une telle chose, ce n'était pas comme si ils allaient pactiser avec des sorcières ou des sorciers. Modesty vit son frère baissé la tête, et prendre la direction des escaliers, tristement, la petite fille suivit à son tour son frère, elle tendit la main pour prendre la sienne, et la serrait doucement, pour ... le soutenir, pour lui montrer qu'il n'était pas tout seul... Mais elle suspendit son geste, après tout c'était de sa faute tout ça. Alors elle ne fit rien et monta les dernières marches des escaliers et attendit en silence avec son frère que leur mère monte à l'étage.