Conseil de crise pour la famille Barebone [feat : Maman et Chastity]

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es événements de la veille s'étaient dissipés comme dans un épais brouillard, et Mary Lou n'aurait su dire ce qui s'était passé exactement. La dernière chose dont elle se rappelait, c'était d'avoir parlé avec Credence, qui revenait à l'église après un nième retard de sa part... Ensuite, plus rien, elle s'était réveillée au milieu de débris, la tête lourde et ensanglantée, l'esprit embrouillé. Un trou gigantesque au-dessus de sa tête. Le toit de l'église était totalement détruit, et les lieux étaient à peine habitables... Elle était allé voir un médecin, qui après l'avoir soignée n'avait pas jugé utile qu'elle reste à l'hôpital plus longtemps, ce qui l'arrangeait franchement, car la situation était si critique qu'elle ne se voyait vraiment pas lambiner dans un lit d'hôpital.

De retour à l'église, elle avait pu faire le bilan des dégâts... L'église avait déjà été mise à sac il y a peu, voilà que l'on en avait détruit une bonne partie de la structure... Les lieux étaient insalubres, il leur faudrait en trouver d'autres, elle n'était pas sûre d'avoir les moyens de couvrir les frais de réparation... d'autant que même si la thèse de l'accident (qui justifierait aussi ses blessures) était la plus plausible, Mary Lou ne trouvait pas que cela tienne la route. On s'en était pris directement à eux, et Credence, de connivence avec les sorciers ou première victime de leur saillie, était aux abonnés absents. Mary Lou l'avait senti, ces derniers temps, qu'il lui échappait. Elle ne s'attendait pas à le voir revenir. A vrai dire, elle n'avait pas envie de le voir revenir. Tout ce qu'elle désirait, à présent... pour tout dire, c'était du repos, car elle se sentait encore faible, mais il n'était pas encore temps d'y penser.

-J'ai ma petite idée sur la question, répondit Mary Lou alors. Elle les regarda, l'une après l'autre. Je suis désolée, mes chéries. Et il était très rare qu'elle les nomme ainsi, mais dans ces circonstances, cela lui semblait parfaitement approprié, et à vrai dire, elle était trop étourdie pour envisager de se montrer vindicatives. J'ai bien peur que votre frère ne soit plus jamais des nôtres.

Peu importe les circonstances, elle était convaincue des conséquences. Et elles, il allait falloir qu'elles aillent de l'avant.

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inquiétude se lisait sur les visages. Et pour cause, ses deux filles s'étaient attachées à Credence. C'était une bêtise de leur part, mais elles l'avaient fait tout de même... Et à présent, elles voulaient comprendre ce qui lui était arrivé... ce qui était normal, et elle aussi. Pas pour les mêmes raisons, néanmoins. Mary Lou n'avait pas signalé la disparition de son fils adoptif. C'était prendre le risque qu'il soit encore en vie et qu'on le ramène sur le pas de sa porte. Elle ne voulait pas que cela arrive. Elle devrait sans doute répondre de l'absence de Credence à un moment ou à un autre, et elle aviserait en temps voulu, en attendant, elle ne voulait rien précipiter. Si Credence était toujours en vie, Mary Lou se chargerait de son cas, discrètement. Et en attendant, il ne tenait pas à ce que Chastity et Modesty se mette en tête de le chercher. Elles devaient faire le deuil de leur frère, un point c'est tout. Mary Lou n'avait pas l'intention de leur en laisser le choix.

Chastity fut la première à l'interroger, et Mary Lou tourna vers elle un regard qui se voulait tendre et bienveillant. Elle avait hébergé un monstre pendant bien trop longtemps, sans avoir su lui mettre le moindre plomb dans la cervelle. C'était au fond une chance qu'elle ait été seule le soir de l'attaque...

-Ils l'ont emmené... Je doute qu'ils lui aient laissé la vie sauve, se contenta-t-elle de dire alors.

"Ils". Les sorciers, donc, ceux-là même qu'elle accuserait, à tort ou à raison, d'avoir détruit son église, de l'avoir blessée au point qu'elle ait bien cru qu'elle y passerait. Si cet événement devait servir à quelque chose, ce devait au moins être à conforter Modesty et Chastity dans les convictions dont elle les assommait depuis le jour où elle les avait recueillis. Les sorciers étaient mauvais et ils s'en étaient pris à leur famille, il était plus que jamais urgent d'obtenir réparation.

Mary Lou aurait voulu affirmer tout net que Credence était mort, et qu'elles ne le reverraient plus jamais, mais elle n'avait aucune certitude à ce sujet. Si le jeune homme était en vie et s'il devait avoir l'audace de revenir ici, elle ne voulait pas que ses mensonges lui explosent en pleine figure. Elle aurait égal

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auvre Credence, pauvre Credence... Tu parles. Aux yeux de Mary Lou, le jeune homme avait entièrement mérité son sort, quel qu'il ait pu être (et au fond, elle espérait qu'il fût cruel), et son seul regret était finalement de ne pas avoir pu participer à l'ultime châtiment, au dernier supplice qui avait dû être le sien. Bien sûr, tout ceci ne tenait qu'à des suppositions, mais elle n'oubliait pas que, avant de perdre connaissance et de se réveiller au milieu d'une église dévastée, faible et blessée, c'était à Credence qu'elle parlait, Credence qui lui affirmait avec une fermeté qui lui ressemblait trop peu qu'il voulait devenir un sorcier... Elle ne pouvait pas fermer les yeux sur une telle chose.

Elle l'avait pressenti. Quelque chose n'allait pas avec son fils adoptif. Cela faisait un moment que cette pensée s'était imposée à son esprit, mais elle en avait eu la confirmation ferme et définitive. Elle avait songé à faire quelque chose de lui en dépit de ses horrifiantes origines, ça avait été peine perdue, et maintenant, mieux valait pour Credence qu'il soit perdu bel et bien, et pour toujours, car s'il y avait une infime chance qu'il soit encore en vie et qu'il passe le pas de l'église, il n'en ressortirait jamais. Ou clairement pas en un seul morceau. Paiuvre Credence, oui, s'il revenait. Le sort le plus clément que ses soeurs puissent souhaiter au frère volatilisé était qu'il soit bel et bien mort...

Mary Lou avait bien envie de faire ravaler à Modesty ses propos quand elle y alla de ses suppositions, mais elle n'en fit rien. C'était une lutte inutile à l'heure actuelle. Les enfants Barebone allaient devoir se faire à l'idée qu'elles n'étaient plus que deux, et que le troisième ne reviendrait jamais, c'était aussi simple que cela, et il n'y avait pas à discuter à ce sujet. Raison pour laquelle elle ne comptait pas non plus débattre sur la question. Elle se contenta d'adresser un regard de pitié à la plus jeune de ses filles, pour la confronter indirectement à ce qu'elle estimait être ses désillusions, avant de prendre la parole, cette fois, pour répondre à la question de Modesty. Si tant est qu'elle exige bel et bien une réponse. Est-ce que ce n'était pas évident. Pourquoi des sorciers choisiraient de s'en prendre à une association qui essayait de trahir leur secret ? La réponse était simple.

-Ils veulent nous faire taire. Elle marqua une légère pause. Ils ont échoué.

Car Mary Lou ne s'arrêterait pas en si bon chemin. Non, elle était plus que jamais déterminée, à vrai dire, à faire éclater la vérité, et cet événement lui tiendrait lieu d'argument de poids.

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hastity l'interrogea sur ce qu'elle allait faire. Il était en effet évident qu'après ce qui s'était passé, ils se devaient de réagir, ceci dit, Mary Lou avait conscience du fait que la situation n'avait pas pour autant élargi leurs capacités d'action. Au mieux elle donnerait plus de valeur à son discours, mais c'était tout. L'ennemi restait invisible et le monde resterait réticent à la perspective d'accepter son existence. Il n'y avait pas grand-chose à faire, non, si ce n'est redoubler encore de vigilance, et Mary Lou en avait la ferme intention.

Elle le savait, elle en avait parfaitement conscience, elle avait de la chance d'être encore en vie, et elle comptait bien mettre à profit la nouvelle chance qui lui était donnée de changer le monde. Alors d'idées précises, elle n'en avait pas encore, non, elle se remettait à peine du choc, à l'heure actuelle, alors si elle avait conscience de la nécessité d'élaborer un plan d'action, c'était à peu près tout ce qui pouvait être certain à l'heure actuelle. Le reste demeurait à déterminer. Les paroles de Modesty le confirmèrent encore.

Mary Lou regarda successivement ses deux, filles. Elle considérait qu'elle y aurait au moins gagné ça. Peut-être que Modesty et Chastity avaient douté, parfois, mais ça ne pouvait plus être le cas, à présent, elles avaient conscience de qui était l'ennemi, et pis encore de quoi l'ennemi était exactement capable. Elles ne devraient qu'être d'autant plus investies dans la cause des fidèles de Salem, et ça, c'était vraiment une excellente chose.

-La tâche ne deviendra pas plus simple sous prétexte qu'ils se sont attaqués directement à nous, mais il va falloir nous montrer fortes. Tout ceci... c'est la preuve que la parole que nous portons est juste. Nous ne pourrons arrêter ces sorciers que lorsque tout le monde aura admis leur existence. Nous avons besoin de soutien. Poursuivre notre combat, c'est ce qui compte, maintenant. Elle marqua une légère pause. Notre combat et rénover l'église, j'ai bien peur que nous devions trouver un autre endroit où nous loger pour quelque temps.

Ce qui semblait simple dans les faits, mais ne l'était pas tant. Les lieux n'étaient pas assurés, et Mary Lou ne roulait pas sur l'or, mais ils s'arrangeraient, il le fallait bien.

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ary Lou hocha la tête avec assurance quand Chastity admis qu'elle avait certainement raison. Pour elle le "certainement" était de trop. Oui, elle avait raison. La situation était difficile, compliquée, elle ne garantissait pas qu'elles s'en sortent sans dommage (les dommages étaient déjà là, d'ailleurs), mais il fallait qu'elles rassemblent ce qu'elles pouvaient de courage, de certitudes et de motivation pour que leur combat ne soit pas vain, pour ressortir plus fortes de cette épreuve.

Les quelques opportunités qu'elles pouvaient bien avoir, elle était déterminée à les faire jouer en leur faveur. Elle avait des ressources, elle en avait toujours eu, elle savait retomber sur ses pattes, on ne pouvait pas le lui ôter. Ce n'était pas la première fois qu'elle se retrouvait en situation de crise, et elle s'en sortirait, elle s'en sortait toujours, et ceci peut-être plus victorieuse qu'elle ne l'avait jamais été. Mais tout restait encore à faire et à bâtir quoi qu'il en soit.

-Commencer quoi ? demanda doucement Mary Lou à l'adresse de Modesty quand cette dernière suggéra qu'elles "commencent".

Elle appréciait la détermination et la volonté de la plus jeune de ses filles adoptives. Il leur en faudrait pour affronter les épreuves à venir, Mary Lou voulait bien parier là-dessus... Et en effet, elles avaient fort à faire, mais il ne servait à rien d'agir dans la précipitation.

-Tant que nous n'avons pas de nouveau toit à disposition, nous restons ici, décréta-t-elle, ce qui était bien sûr évident.

Mary Lou n'avait aucune intention de déambuler dans le froid du mois de janvier en quête d'un abri. Peut-être pourraient-elles demander à un de leurs "associés" de les héberger, ou de financer leur logement temporaire, mais dans tous les cas, avant que ce cas de figure ne se produise, elles ne devaient pas se disperser, ni foncer dans le tas sans aucune certitude. C'était beaucoup trop hasardeux, ce n'était pas ainsi que Mary Lou avait pour habitude de procéder, en aucun cas.

-Pour le moment, rassemblez toutes les affaires qui peuvent être sauvées, nous feront le point à ce moment-là. Je vais veiller à nous trouver un nouveau logement dans les plus brefs délais.

Elle n'aimait pas l'idée de laisser ses deux filles ici pendant qu'elle-même partirait en quête d'une solution, mais en même temps, il était préférable qu'elle ne les emmène pas avec elles.

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