Cela faisait longtemps | Vinda & Yusuf

Mine de rien, Vinda commençait quand même à bien connaître les rues de New-York. Elle n’appréciait pas plus que cela ces rues, cependant, ou cette ville en général, mais à force de flâner ici et là, de glaner des informations et autres joyeusetés, forcément la jeune femme commençait quand même à s’y faire à cette ville. Elle commençait doucement à y avoir ses repères. Vinda espérait tout de même qu’ils n’allaient pas passer leur temps aux États-Unis, parce qu’elle ne raffolait vraiment pas de cet endroit. Enfin, en soit, Vinda n’avait vu qu’une seule ville cependant et elle se doutait que ce pays regorgeait d’endroit différent, mais elle ne portait pas plus que cela New-York dans son cœur. Elle se contentait simplement de faire ce qu’elle devait faire, de jouer son rôle, et de faire en sorte d’être la digne servante de son maître, d’être digne de la confiance qu’il avait mis sur elle.

La jeune femme passait donc pas mal de temps dans les rues de New-York. Elle venait d’avoir un rendez-vous avec un sorcier qu’elle jugeait utile pour la cause qu’elle menait avec son maître. Digne de confiance sans doute pas, mais disons qu’elle savait que leur pouvait leur apporter quelques informations intéressantes ou plus précisément, elle se doutait qu’ils pourraient se servir de lui. Sans aucun scrupule, il n’y avait aucune raison d’avoir des scrupules en même temps. Si elle devait commencer à avoir des scrupules, la jeune femme ne s’en sortirait pas une seule seconde. Et alors qu’elle marchait dans la rue, ne sachant pas encore exactement comment elle allait occuper son temps maintenant, sa route croisa celle d’une personne qu’elle connaissait, mais qu’elle ne s’attendait pas une seule seconde à croiser. Ce qui commençait quand même à être récurent. Et ce n’était pas n’importes qui. Leta Lestrange pour commencer, maintenant Yusuf Kama. Coïncidence ? Vinda n’y croyait pas réellement, parce que ces deux personnes étaient quand même liées et bizarrement, elles avaient traversé l’océan pour se rendre à New-York.

« Monsieur Kama. » Répondit-elle avec un sourire, qu’elle força légèrement parce qu’elle n’était pas non plus du genre à sourire franchement, mais elle n’avait rien contre cet homme. Du moins, pour le moment, elle ne se doutait pas que leurs chemins divergeaient pleinement. « La surprise est la même pour moi, je ne pensais absolument pas vous croiser dans un tel endroit. »

Savait-il que Leta Lestrange était là ? Elle n’en savait rien, en tout cas sa présence la rendait quand même vraiment curieuse. Elle se demandait vraiment pourquoi Yusuf avait fait un chemin si long pour venir jusqu’ici. Vinda avait quand même le sentiment de croiser beaucoup de personne venant de l’autre continent dans les rues de New-York, comme quoi toutes les histoires semblaient tourner autour de cette ville dernièrement.

Le monde était petit, Yusuf ne se trompait pas en affirmant une telle chose. La jeune femme ne pouvait clairement qu’être d’accord avec lui, au vu du fait qu’elle avait tendance à croiser quand même de vieille connaissance ces derniers temps. Après Leta Lestrange, voilà qu’elle croisait son frère. Et quand on connaissait un peu la famille Lestrange – et quelque chose disait à Vinda qu’il y avait quand même peu de personne dans le monde des sorciers qui n’avaient pas entendu parler des Lestrange –, il était évident de se poser la question sur le fait de croiser la jeune sœur et son aîné dans le même endroit. Dans tous les cas, la présence de Yusuf rendait Vinda clairement curieuse, elle ne savait pas ce qu’il faisait ici, mais elle se disait que c’était quand même surprenant de le croiser à New-York, surtout en cet instant précis. Elle espérait bien que l’homme allait lui donner plus de renseignement. Cela dit, rien ne lui prouvait réellement qu’il était là par rapport à l’histoire de l’obscurus, mais on ne savait jamais.

Dans tous les cas, Vinda n’avait pas l’intention de quitter cette conversation sans en savoir plus. Elle ne savait pas exactement où ça allait la mener, mais elle n’avait pas plus de raison de ne pas chercher à en savoir plus sur raison de la venue de son interlocuteur. Et ce dernier ne manqua pas de lui tendre la perche, puisqu’il lui demanda de prime abord pour quelle raison elle se trouvait dans un autre pays que le sien. Il était évident que Vinda n’allait pas pouvoir lui répondre sincèrement, mais en même temps elle en avait l’habitude.

« Je suis en vacances effectivement. » Répondit-elle dans un sourire. La jeune femme n’avait techniquement pas de travail officielle (ce n’était pas comme si elle avait besoin de travailler), mais ça n’enlevait pas le fait qu’elle pouvait très bien prendre des vacances. « J’ai décidé de voyager un peu, de visiter les États-Unis. » Ajouta-t-elle alors, avant de reprendre. « Même s’il semblerait que je n’ai pas choisi le meilleur moment. »

Parce qu’elle n’allait pas prétendre ignorer le fait qu’elle était parfaitement au courant des problèmes qu’il y avait actuellement dans la ville. Elle ne pouvait pas faire comme si elle ne savait rien, parce que mine de rien ça faisait le tour de toutes les informations. Même si, bien sûr, Vinda n’avait aucune envie que son interlocuteur puisse s’imaginer qu’elle avait plus de raison de se préoccuper de ces évènements qu’elle ne voulait laisser croire.

« Et vous ? » Demanda-t-elle alors, parce que c’était ce qu’il lui importait le plus. « Vous êtes en vacances également ? »

Quelque chose lui disait que ce n’était pas vraiment le cas.

Vinda demandait à Yusuf s’il était en vacances, mais au fond la jeune femme connaissait déjà la réponse à la question. Le jeune homme sous ses yeux ne donnait pas vraiment l’air de savoir prendre des vacances, bien au contraire. De ce qu’elle savait, Yusuf était un homme sérieux, beaucoup trop sérieux. Cela dit, quand on connaissait un peu son histoire (et les sorciers de sang pur connaissaient son histoire), il était normal de se dire qu’il ne pouvait pas vraiment prendre la peine de prendre des vacances.

L’homme lui répondit donc que ce n’était pas une chance qu’il avait, qu’il était là pour affaires. Forcément, Vinda ne pouvait pas s’empêcher d’avoir envie d’en savoir plus. Parce qu’elle était curieuse de nature et surtout quand il était question d’une affaire comme celle-ci. Vinda n’était pas certaine qu’elle puisse considérer que la coïncidence était de mise. Elle se contenta d’adresser un sourire à son interlocuteur donc, avant que ce dernier précise que les temps avaient beau être troubles, il espérait quand même qu’elle allait pouvoir profiter de son séjour. Oh, Vinda avait évidemment l’intention d’en profiter un maximum.

« Ne vous en faites pas pour cela, je vais faire en sorte que ça soit le cas. » Et son séjour lui semblait vraiment prometteur en effet, mais il était évident que la jeune femme n’allait pas se permettre de rentrer dans les détails avec Yusuf. Même si en soit la jeune femme n’avait rien contre son interlocuteur, on ne pouvait pas non plus dire qu’ils étaient amis. En même temps, ils n’étaient pas amis et Vinda n’avait pas réellement d’amis en réalité. « Je ferais en sorte, je n’ai pas décidé de venir ici pour que tout soit gâché de cette manière. » Ajouta-t-elle dans un fin sourire, avant de reprendre rapidement la parole. « Vous êtes venus ici pour quels genre d’affaire ? »

Vinda savait bien qu’elle se montrait curieuse, et il était fort possible que Yusuf n’ait aucune envie de répondre à sa question, mais la jeune femme n’en avait que faire. Elle n’avait pas spécialement envie de forcer l’homme à lui répondre, mais si elle pouvait essayer d’en savoir un peu plus, elle n’allait pas s’en empêcher. Elle ne pensait pas perdre grand chose à poser une telle question, elle ne pensait pas que ça puisse lui coûter quelque chose. Au pire, Yusuf ne répondrait pas à sa question et Vinda allait rester sur sa fin. Cela dit, elle avait envie de croire qu’elle pourrait quand même découvrir quelque chose, que ça soit avec l’homme ou non. Elle savait se renseigner. Cela dit, peut-être que ce qu’elle allait découvrir sur les affaires de l’homme n’allait pas changer grand chose, mais en même temps elle était curieuse de nature.

Yusuf répondit à sa question, sans se contenter de détourner la question en théorie. Mais Vinda ne pouvait pas réellement savoir si cet homme disait la vérité ou non. Elle ne pensait pas forcément qu’il mentait, elle avait beau connaître rapidement l’histoire des Lestrange et par extension celle des Kama, elle n’était jamais trop rentrée dans les détails de ces histoires de famille. En même temps, ce n’était pas quelque chose qui la regardait réellement. Même si forcément, au vu de sa position, elle devait quand même se préoccuper des sorciers de sang pur, il fallait bien pour pouvoir les guider sur la bonne voie, celle de son maître. La jeune femme ne pouvait donc pas savoir si cet homme mentait, elle se disait qu’il pouvait très bien cacher certaines choses, parce que de son côté, elle passait sa vie à cacher un tas de chose. Après tout, elle mentait à longueur de journée sur ses réelles intentions à New-York, elle parlait de vacances, alors qu’elle n’était évidemment pas présente ici dans le but d’être en vacances. Mais elle ne pouvait pas dire certaines choses et elle se doutait que c’était possiblement le cas d’autres personnes.

Cela dit, elle ne prenait pas vraiment la peine de mettre en doute les paroles de son interlocuteur. Après tout ce dernier lui racontait quand même une histoire crédible. Une connaissance se trouvait de se côté de l’océan et il avait besoin de lui demander un service, en échange d’une vieille dette familiale. Des dettes familiales il y en avait forcément un paquet un peu partout dans le monde. Elle était certaines que de nombreuses personnes devaient avoir des dettes avec les Rosier par exemple, même si ce n’était pas quelque chose à laquelle elle se préoccupait vraiment pour le coup. Elle n’avait que faire de ces histoires de famille.

« J’espère que ce service n’est pas trop grave quand même. » Dit-elle en ne le pensant pas du tout. Tout cela n’était qu’une question d’image, Yusuf n’était qu’une connaissance pour elle, il pouvait se trouver dans la pire des situations possible, elle n’en aurait bien rien à faire en vérité. À moins que cette situation ne puisse aider ses propres intérêts, la jeune femme n’en aurait que faire, réellement. Mais elle était curieuse de nature et elle prenait la peine de donner la chance, de faire croire qu’elle était capable de s’intéresser aux autres personnes. « Votre famille a déjà connu beaucoup trop de malheur. » Ajouta-t-elle dans un ton sombre, se voulant compatissant.

Mais encore une fois, Vinda ne compatissait pas du tout à l’histoire de cette famille. C’était connu que la mère de Yusuf était partie avec Lestrange, donnant une charmante Leta au passage. Vinda ne connaissait pas les détails de cette histoire, mais elle en savait assez pour savoir que ce n’était pas quelque chose de réjouissant pour les Kama.

Vinda se contenta d’afficher un léger sourire quand Yusuf lui affirma que c’était prévenant de sa part de se soucier de sa famille et du malheur qu’elle avait beaucoup trop subi. Oui, c’était prévenant de sa part… s’il le voulait. Ce qui l’intéressait elle, c’était surtout de pouvoir potentiellement en apprendre toujours un peu plus sur les intentions des personnes qu’elle croisait. La présence de Kama à New-York l’intriguait vraiment, elle se doutait qu’elle n’allait pas pouvoir en savoir plus sur la présence de cet homme dans cette ville, mais elle était quand même curieuse. Elle ne manquerait pas de mettre son nez dans des affaires qui ne la concernait pas. En même temps, c’était comme ça qu’on parvenait à avoir une longueur d’avance et c’était un peu son rôle après tout, d’avoir une longueur d’avance sur tout cela.

L’homme ne manqua pas d’être dramatique en affirmant que de sa famille il n’en restait quasiment plus rien. Et donc, qu’il n’avait pas grand-chose à perdre. Forcément… il ne restait que Leta Lestrange de sa famille, si on pouvait considérer ces deux personnes comme membre de la même famille. C’était le cas, mais Yusuf n’était surement pas le frère que Leta aurait aimé avoir. Et Leta ne devait pas être la sœur que Yusuf aurait voulu avoir. Bref, une famille compliquée, comme ça arrivait bien souvent dans leur monde. Vinda avait décidé de ne pas se préoccuper des soucis familiaux, elle avait coupé les ponts avec sa famille et c’était parfait comme ça. Elle avait sous les yeux tout ce que la famille pouvait poser soucis.

« Vous êtes bien dramatique mon cher Yusuf. » Répondit-elle, en sortant peut-être un peu trop de son rôle. Elle voulait compatir au sort de cet homme, elle essayait vraiment de le faire, mais par moment elle-même avait ses limites quand même. Il était tellement dramatique. Cela dit, ça pouvait quand même s’avérer utile à therme. « L’avantage de ne rien avoir à perdre, c’est qu’au moins on souffre moins. »

S’il n’avait pas grand-chose à perdre, alors il n’avait pas de raison d’être soucieux, d’être attristé, d’être dramatique. Au final, l’homme n’avait donc plus aucune raison de se plaindre. Enfin, bien sûr qu’il en avait, l’histoire de sa vie était une plainte après tout, puisqu’il avait vu sa mère partir aux bras de Corvus Lestrange, un homme qui n’avait visiblement rien d’agréable. Depuis tout ce temps il ruminait tout ça ? Sans doute. Le soucis avec les sorciers, c’était qu’ils ruminaient beaucoup.

« Vous avez probablement raison », une réponse qui au fond n’en était pas tant une. C’était une façon de dire à quelqu’un que ce qu’il disait n’était pas forcément à prendre en compte. Du moins, c’était ainsi que Vinda voyait les choses, quand Yusuf lui disait ça. Il entendait ce qu’elle disait, mais il n’était pas en accord avec ce qu’elle affirmait et continuerait de penser comme il le faisait déjà. Ce qui en soit ne dérangeait pas la française, elle n’en avait que faire de ce que Kama pouvait bien penser. Elle était simplement curieuse de le savoir dans les parages. Et cette curiosité ne saura pas vraiment être assouvie, elle comprenait bien que Yusuf n’avait pas l’intention de se montrer très bavard. Ce qu’elle comprenait, de son côté elle ne l’était pas tant que cela non plus. Elle donnait l’impression de parler d’elle-même, mais ce n’était en aucun cas ce qu’elle faisait. À aucun moment, elle ne parlait vraiment de ses intentions réelles, de la raison précise de sa venue dans ce pays, de ce qu’elle attendait de l’avenir. Elle ne faisait que prétendre, alors elle ne pouvait pas reprocher aux autres de prétendre.

« Absolument rien. » Répondit-elle dans un sourire, quand l’homme lui demanda ce qu’elle avait à perdre de son côté. Elle devait bien avouer qu’elle était un peu surprise qu’il lui pose une telle question. « C’est bien pour ça que je me porte on ne peut mieux. »

Encore une fois, elle se contentait de prétendre quelque chose. Effectivement, elle avait des choses à perdre, la cause qu’elle défendait par exemple. Elle pourrait perdre sa liberté si on savait qu’elle était de mèche avec Grindelwald, et qu’elle donnait une vraie raison d’être arrêtée. Elle pourrait perdre le leader de cette cause. Il y avait donc des choses. Cela dit, elle n’avait en dehors de son maître, personne à perdre. Elle avait quelques proches, des personnes qu’elle pouvait éventuellement considérer comme des amis, mais ces personnes n’étaient pas irremplaçables. Elle ne s’attachait pas de trop, pour éviter d’avoir à perdre des choses. Elle n’avait pas de famille, ou en tout cas aucune famille qui ne lui donnait la peur de les perdre. Elle n’avait plus contact avec ses parents depuis longtemps et quand ils quitteraient ce monde, elle ne ressentirait rien de spécial. C’était comme ça qu’elle pensait pouvoir avancer. Yusuf affirmait n’avoir pas grand-chose à perdre, mais elle voyait bien qu’il y avait quand même quelque chose qui le retenait.

« En parlant de chose à perdre, je pense que je vous fais perdre beaucoup de temps Mr Kama. Je ne voudrais pas vous déranger de trop et moi, j’ai des vacances à profiter pleinement. Peut-être que nous aurons l’occasion de nous croiser de nouveau, ici ou de l’autre côté de l’Atlantique. En tout cas, je vous souhaite bonne continuation dans vos… services. »