La vie reprend son court. (Marlon)

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La vie reprend son court.

La vie avait repris son cours, sans que Jacob ne soit encore réellement capable de s’en rendre compte. Sans qu’il ne réalise qu’il y avait eu tant de changement, qu’il y avait eu des instants incroyables dans sa vie. Il y avait un trou finalement dans sa vie, mais encore une fois Jacob était incapable de s’en rendre compte. En même temps, il n’y avait aucun no-maj en ce bas monde qui ne puissent être capable de se rappeler de ce qui s’était passé pendant la soirée du nouvel an, ou presque. Jacob ne se rappelait donc pas et il ne voyait pas la différence, il ne se rendait pas compte de ce qu’il avait vécu et il avait repris… le cours de sa vie « normale ».

Il passait donc son temps à la conserverie, il passait des journées longues et difficiles à travailler sans aucune motivation. Il y avait une chose que Jacob n’avait pas oublié évidemment, c’était le refus du banquier de lui donner son prêt et sa séparation avec Mildred. Il était loin d’être enchanté en ce moment donc et mine de rien, le no-maj qui ne manquait pas normalement d’être jovial broyait tout simplement du noir. Mildred l’avait quitté, ses rêves d’ouvrir la boulangerie s’éloignaient de plus en plus. Clairement, le jeune homme ne savait pas du tout comment il allait, ce qui allait se passer prochainement. Rien, sans doute… il n’allait rien se passer. Et puis, il avait… il ne saurait trop dire, une étrange impression, un manque. Sans qu’il ne parvienne à mettre la main sur ce manque.

La journée avait été longue ce jour-là, clairement, Jacob était sur le chemin du retour pour aller dans son appartement et… passer une soirée tout aussi morose que toutes celles qu’il avait passé depuis le nouvel an et qu’on lui avait effacé la mémoire. Il n’avait pas grand-chose de prévu en même temps, il allait sans doute manger un repas bien fade avant d’aller se coucher et de recommencer le lendemain. Une belle soirée en perspective donc, une soirée qui l’enchantait d’avance. Il était complètement perdu dans ses pensées alors qu’il marchait dans la rue pour rejoindre son appartement, il ne se rendit pas compte tout de suite de la personne qui se trouvait devant lui, sur son chemin. Mais quand il arriva devant ses yeux, Jacob le vit.

« Oh Marlon. » Jacob afficha un léger sourire, qui n’avait rien de réellement heureux, mais il était quand même content de croiser la route de cet homme. Sans se douter une seule seconde qu’il était un sorcier et qu’il n’avait pas attendu de croiser la route de Newt pour croiser des sorciers (en même temps, puisqu’ils vivaient cachés parmi les no-maj, ce n’était pas étonnant qu’il ait déjà croisé des sorciers). « Ça fait longtemps. » Ça faisait un moment qu’ils ne s’étaient pas vu. « Comment tu vas ? »

Il posa cette question en espérant vraiment qu’il allait bien.

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Q

uand on traversait ainsi les rues de New York, il était difficile, voire impossible, de s'imaginer quels événements avaient entièrement ravagé la ville il y a quelques jours de cela seulement. Des bâtiments avaient été détruits, des hommes avaient été blessés (et il en avait vu défiler plus d'un pour sa part, petite piqûre de rappel quant à la souffrance que l'âme et le corps humains étaient susceptibles d'endurer)... Et à présent, on avait déposé un voile d'ignorance et d'indifférence sur tout ce petit monde. Quelque part, Marlon trouvait cela particulièrement absurde. Cela n'aurait pas forcément été la méthode la plus sûre, mais si ces événements avaient au moins pu servir à exposer le monde magique aux No-maj, ils y auraient très clairement gagnés quelque chose. Alors que là... Tout était à recommencer, la situation n'avait tout bonnement pas évolué. Et c'était assez frustrant. Marlon le vivrait sans doute beaucoup plus mal ceci dit s'il n'était pas en contact avec Grindelwald, ce qui lui permettait de largement relativiser la situation. Même si le changement n'avait pas immédiatement eu lieu, ce serait le cas plus tard, et ce serait sans doute fait dans des conditions totalement contrôlées. Un mal pour un bien, donc... C'était la conclusion, c'était même un objectif. Pour obtenir un monde harmonieux et digne, il fallait accepter un certain dosage de souffrance, ainsi va le monde.

Tout à ses considérations, Marlon marchait donc dans les rues de la ville sans caresser d'objectif particulier ni savoir précisément où il avait l'intention de se rendre. Jusqu'à ce que son chemin croise celui d''une personne qui lui était pour le moins familière. Jacob et Marlon ne s'étaoent pas exactement rencontrés dans les meilleures conditions, c'est certain, puisqu'ils avaient été rapprochés par la mort de Joshua par commencer, qui devait très vite être suivie de celle du frère de Jacob. Ils avaient un deuil en commun, et cela avait servi de prétexte à une amitié qui depuis ne s'était jamais démentie. Voilà un moment que tous les deux n'avaient pas eu l'occasion de se parler, et Marlon était franchement ravi de cette rencontre fortuite.

-Je vais bien, j'ai... beaucoup de travail en ce moment, mais je ne vais pas m'en plaindre. Marlon n'avait pas vraiment menti à Jacob là-dessus, il s'était contenté de lui dire qu'il était simplement médecin. Et c'est un fait, il apprécierait aussi de ne pas avoir à mentir bêtement à son interlocuteur sous prétexte qu'il n'était pas un sorcier. Et toi, comment vas-tu, depuis tout ce temps ?

Il ignorait ce qui avait pu se passer récemment dans la vie de son interlocuteur, mais il était impatient de se mettre à la page... Il rattraperait ainsi son comportement peut-être un peu trop égocentré ces dernier temps. Il s'était focalisé sur ses propres problèmes et s'était oublié dans la foulée.

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Jacob ne s’attendait réellement pas à croiser Marlon en cet instant précis. Le jeune homme en même temps ne pensait pas une seule seconde croiser une personne qu’il connaissait sur le chemin de retour vers son appartement, parce que… eh bien, il ne pensait pas rencontrer quelqu’un tout simplement. Il avait juste envie de rentrer dans son appartement, de se reposer et de se préparer donc pour sa prochaine journée de travail, le lendemain. Parce que c’était comme ça, parce que le jeune homme allait devoir se contenter de constamment retourner à la conserverie, puisqu’on ne lui permettait pas d’avoir de l’argent pour remplir son rêve. Son rêve de pouvoir enfin avoir une boulangerie, de pouvoir enfin avoir un travail qui lui plaisait et surtout un travail qui allait pouvoir aider les autres, qui allait pouvoir donner du plaisir aux autres. Parce qu’il aimait ça, pouvoir donner des sourires, faire plaisir aux autres, faire en sorte que le monde soit un peu plus doux. Enfin… ce n’était pas encore la question.

Marlon lui apprit qu’il allait bien, qu’il avait énormément de travail en ce moment. Jacob pensait que son interlocuteur était un simple médecin non sorcier, et il ne risquait pas de croire le contraire parce qu’il n’avait aucune raison de croire au monde sorcier. Il n’avait plus aucun souvenir du monde sorcier.

« Eh bien, je vais bien. » Répondit-il dans un soupire, ne pouvant pas réellement faire comme s’il allait si bien que cela. Il avait envie de répondre un peu plus positivement, il avait envie d’être plus heureux en fait, mais non, ce n’était pas possible. Parce qu’il ne parvenait pas réellement à prendre du plaisir depuis qu’il avait été refoulé de la banque. « J’ai beaucoup de travail également… » Ce qui n’était pas forcément une bonne chose, bien au contraire.

La conserverie marchait bien, ce n’était pas quelque chose que le jeune homme pouvait nier. Ça marchait bien, malheureusement. Forcément, une conserverie ça marchait bien, alors qu’une boulangerie marcherait moins bien ? Non, bien sûr que ça parfaitement marcher, mais Jacob n’avait aucune garantie à apporter afin d’avoir le financement nécessaire pour pouvoir justement lancer cette boulangerie qu’il avait bien envie de voir espérer marcher. Enfin, Jacob tournait sans doute autour du pot encore une fois, mais il ne parvenait pas à ne pas broyer du noir en ce moment. Il se sentait triste, il se sentait vide… un peu comme s’il lui manquait quelque chose. Et il lui manquait bel et bien quelque chose, sans qu’il ne puisse mettre le doigt dessus, au vu de la situation. Parce qu’on lui avait pris ses souvenirs, normalement les plus malheureux, mais il ne se rappelait définitivement de rien.

« Comment ça se fait que tu as beaucoup de travail en ce moment ? » Demanda-t-il alors, ne pouvant pas s’empêcher de se questionner. Non pas que ça soit étonnant non plus d’entendre un médecin affirmer qu’il avait beaucoup de travail, mais il se demandait s’il n’était pas arrivé quelque chose.

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Messages : 183 Date d'inscription : 05/01/2019

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J

acob lui assura qu’il allait bien. Marlon n’en était pas sûr, bien évidemment, d’autant plus qu’ils n’étaient pas suffisamment proches pour qu’il puisse réellement en juger, mais il avait envie de penser que c’était le cas, effectivement. En son fort intérieur, il se disait que Jacob, dans sa condition de No-Maj, ne pouvait sans doute qu’être heureux, car le bonheur est bien souvent l’affaire des ignorants. Ce n’est pas qu’il voulait qualifier Jacob d’ignare, mais c’était un fait que les No-majs en savaient moins que les sorciers (encore que Jacob avait très clairement été une exception de son côté, mais Marlon ne pouvait rien en savoir). Dans les circonstances actuelles, disons qu’il était… préservé. S’il avait peut-être assisté aux horreurs qui avaient eu lieu le soir du Nouvel An, il n’en avait plus le moindre souvenir, aussi n’en garderait-il pas les séquelles et les traumatismes. Est-ce que c’était une bonne chose ? A titre individuel, Marlon pourrait se dire que oui, car tout le monde recherche le bonheur. A titre collectif, il considérait que si les événements avaient prouvé quelque chose, c’est qu’il était grand temps de lever le secret magique international. Mais ce n’était pas à lui d’apprendre à Jacob ce genre de choses (qu’il avait su et aussitôt oubliées).

Il entendit donc que Jacob avait beaucoup de travail lui aussi. C’était une chose que Marlon appréhendait avec une certaine réserve, pour tout dire. Parce qu’il savait (en tout cas aux dernières nouvelles), que le jeune homme travaillait dans une conserverie, et ce n’était définitivement pas le travail le plus palpitant ni le plus stimulant intellectuellement que l’on puisse imaginer. Mais qui sait si il y trouvait son compte. Marlon n’en avait pas la moindre idée, en réalité. Et il préférait ne pas l’interroger, Jacob pourrait bien lui en parler s’il le désirait, de son côté, il n’avait pas l’intention de se montrer intrusif. Après tout, cette situation ne lui permettait pas franchement d’en juger pour sa part.

-Oh, tu sais, avec la Nouvelle Année, il y en a toujours pour faire des excès, répondit Marlon pour noyer le poisson afin de répondre à son interlocuteur.

Il apprécierait de lui parler franchement, de lui dire de quoi il retournait précisément, mais c’était manifestement nécessaire. Il ne pouvait pas lui donner les vraies raisons de ce trop plein de travail, tout comme il ne pouvait pas véritablement lui dire quelle était la nature exacte du travail en question, même si Jacob savait tout de même qu’il était médecin, puisqu’ils s’étaient connus dans ce genre de condition.

-Et autrement, tout va bien ? Tu es toujours avec cette fille, Mildred ?

Aux dernières nouvelles, les choses étaient plutôt sérieuses entre eux, et Marlon avait bien envie de se remettre à la page concernant la vie de Jacob, sans savoir que la situation était en réalité plus complexe encore que cela, mais bref, il voulait donc en savoir exactement, précisément.

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Jacob s’était étonné du fait que Marlon ait beaucoup de travail ces derniers temps, mais le jeune homme justifia sans soucis la situation en affirmant que la période du nouvel an donnait toujours un peu plus de travail, puisque beaucoup de personne faisait des folies. Forcément, Jacob ne pouvait pas contredire le médecin. Quoi que… enfin, non, il ne pouvait pas lui donner tort, mais en même temps il était bien incapable de savoir exactement ce qu’il avait fait lors du nouvel an. Il ne se rappelait plus réellement de sa soirée, elle avait été normale. Ce qui était sans doute logique, parce qu’on ne pouvait pas dire que Jacob ait grand-chose d’exceptionnel dans sa vie ces derniers temps. Il n’avait plus sa fiancée, il n’avait que son travail, alors à quoi bon faire la fête ?

Le jeune homme comprenait donc mieux pourquoi Marlon avait énormément de travail. Il pensait potentiellement dire quelque chose, mais en même temps, on ne pouvait pas dire que Jacob avait vraiment quelque chose à répondre à cela. Marlon avait beaucoup de travail, lui aussi, tout simplement. Il ne savait quoi dire d’autre, mais dans tous les cas le médecin ne manqua pas de relancer la conversation en lui demandant si autrement, tout allait bien, s’il était encore avec Mildred.

« Heu… eh bien, non en fait. » Répondit-il, un peu mal à l’aise. Le sujet de Mildred était quand même sacrément délicat, quand bien même Jacob ne se souvenait pas une seule seconde d’avoir aimé encore plus fort une autre femme. Il avait été abandonné par sa fiancée parce qu’il n’arrivait pas à ses fins, on faisait mieux pour le moral quand même. Et quand il y pensait, Jacob se sentait un peu triste et en même temps… il avait cru qu’il le serait bien plus. C’était assez perturbant comme sensation, mais il était bien incapable de définir réellement tout ça. « En fait j’ai… je tente d’avoir un prêt pour ouvrir une boulangerie, mais ça ne marche pas réellement. Et Mildred n’a pas supporté mes échecs. »

Il n’était donc pas à la hauteur de ses attentes, et au fond le jeune homme ne pouvait pas nier qu’il la comprenait quand même un peu. Jacob ne pouvait pas en vouloir à Mildred d’avoir décidé de rompre leurs fiançailles, même s’il avait été touché dans sa fierté quand même qu’elle décide de l’abandonner parce qu’il n’avait pas obtenu le prêt qu’il cherchait à obtenir. Mais comment lui en vouloir ? On ne pouvait pas dire qu’il parvenait à lui offrir ce qu’il lui avait promis, il ne pouvait pas lui en vouloir de ne pas supporter de devoir être avec un simple employé de conserverie. Même s’il aurait aimé qu’elle ne l’abandonne pas non plus, il ne pouvait pas entièrement le lui reprocher. Et encore, Jacob ne se doutait pas qu’il avait si facilement tourné la page, parce qu’il ne se rappelait pas des instants magiques qu’il avait eu l’occasion de vivre ces dernières semaines.

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D

écidément, on dirait bien que Marlon avait un don pour mettre les pieds dans le plat. La dernière chose qu'il avait voulu, en parlant de Mildred, était d'aborder un sujet douloureux ou de mettre son interlocuteur mal à l'aise. Il savait que son interlocuteur et cette jeune femme étaient fiancés, il s'était dit qu'ils étaient peut-être mariés, depuis, et il avait espéré entendre une bonne nouvelle, quelque chose qui donnerait le sourire à Jacob. Manifestement, il s'était trompé, mais au moins, il était au courant de ce qu'il en était. Il regrettait d'apprendre que les fiançailles du jeune homme soient tombées à l'eau, mais de ce qu'il entendait de la situation, il ne pouvait s'empêcher de penser que ce n'était sans doute pas une mauvaise chose au bout du compte, parce que si cette Mildred était à ce point vénale, elle ne méritait certainement pas quelqu'un comme Jacob.

-Oh, je regrette de l'apprendre, répondit Marlon, sincèrement désolé.

Aussi bien pour les projets professionnels du jeune homme, qui manifestement n'aboutissaient pas, en aucune manière que pour son mariage annulé. Il espérait vraiment que, d'un moment à l'autre, la situation allait s'inverser pour lui, qu'il obtiendrait les fonds nécessaires à sa boulangerie, qu'il rencontrerait quelqu'un de bien. Une part de lui avait même envie d'aider Jacob en participant financièrement aux projets de Jacob, mais l'argent qu'il avait de côté devait servir à de plus nobles desseins que de tout simplement financer les lubies d'un no-maj parmi tant d'autres. Car oui, le médicomage avait beau apprécier sincèrement son interlocuteur, il n'oubliait pas pour autant sa nature, le genre d'individu qu'il était. S'il devait l'aider, ce serait en agissant au nom de Grindelwald, d'une manière très indirecte, par conséquent.

-Je sais que tu as déjà dû l'entendre des dizaines de fois, mais ce n'était sans doute pas la personne qu'il te fallait.

Et là-dessus, il pensait que ce lieu commun n'existait pas pour rien. Certains, plus cyniques que lui, affirmeraient sans doute que croire dans le fait qu'il y a pour chaque personne un autre être humain qui l'attend et qui sera fait pour lui en tous point tenait de la pure sottise. Mais Marlon, pour sa part, croyait dur comme fer au concept d'âmes soeurs. Et pour cause, il faisait partie de ces chanceux qui avait rencontré la sienne, et qui l'avait même épousée. Jacob était quelqu'un de bien, d'aimable dans tous les sens du terme. Il y trouverait son compte, d'une façon ou d'une autre.

-Tu trouveras la bonne personne, j'en suis convaincu.

Et en prononçant ces mots, Marlon ignorait que, en vérité, Jacob l'avait d'ores et déjà trouvée... pour mieux la perdre peu de temps après. Heureusement, il ne s'en souvenait plus.

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Jacob afficha un léger sourire en coin quand Marlon affirma qu’il regrettait de l’apprendre, sans aucun doute le fait que Mildred ait décidé de le quitter, mais aussi que la banque n’acceptait pas de le suivre dans son envie d’ouvrir son commerce. Le jeune homme appréciait la sollicitude de son ami, évidemment, c’était quand même toujours agréable d’entendre quelqu’un affirmer qu’il regrettait d’apprendre une mauvaise nouvelle (et dans le cas de Jacob il y en avait quand même plus d’une), même si ça ne changerait pas grand-chose dans tous les cas. Que Marlon regrette ou pas ce qu’il avait vécu, ça n’allait pas changer ce qu’il avait vécu justement. Enfin, c’était quand même agréable.

« Sans doute oui. » Dit-il alors, pour répondre à la remarque de son ami quand ce dernier affirma que ce n’était sans doute pas la personne faite pour lui. Jacob ne l’avait pas spécialement entendu cela dit, comme semblait l’affirmer Marlon, mais c’était surtout parce qu’il n’avait pas forcément eu l’occasion de se confier sur ce qu’il avait vécu. Enfin, en réalité, il l’avait fait, mais en même temps il ne s’en rappelait pas du tout puisqu’on avait décidé de lui effacer ses souvenirs. Il ne se rappelait pas non plus qu’il avait déjà eu l’occasion de trouver la bonne personne, celle qui lui ferait complètement oublier Mildred. Ironiquement, il avait oublié celle qui lui avait permit d’oublier la jeune femme qu’il pensait épouser avant qu’elle ne décide de rompre leurs fiançailles. « C’est ce que je me dis aussi, si elle était vraiment faites pour moi, elle aurait tenu le coup. » Bon, en fait Jacob affirmait ça, mais il avait quand même pas mal de mal à digérer le fait que Mildred avait décidé de rompre leur fiançailles, mais Jacob savait aussi que ce n’était pas en décidant de déprimer qu’il allait s’en sortir.

Donc, Jacob n’avait pas spécialement envie de se morfondre sur son sort, il décidait de se contenter juste sur autre chose. Bon, il n’avait pas grand-chose sur quoi se concentrer, puisque son travail ne le passionnait pas du tout et qu’il aimerait bien pouvoir avancer professionnellement parlant au moins. Enfin, avec un peu de chance ça allait marcher à un moment ou à un autre. Jacob ne se rendait pas encore compte que prochainement le destin – ou la valise pour le coup – allait lui faire une belle surprise et qu’il allait pouvoir vraiment se lancer. Pour le moment, sa vie avait simplement repris un chemin qu’il avait quitté en croisant la route des sorciers, même si au final son monde était quand même forcément entouré de sorcier sans qu’il ne s’en rende compte.

« Je vais me concentrer sur ma boulangerie déjà, ça sera une bonne chose. »

Bon, d’accord, le jeune homme ne savait pas encore comment il allait le faire, mais il fallait bien qu’il ne baisse pas les bras quand même. Ce n’était pas son genre, même s’il ne sautait pas de joie ces derniers temps.

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M

arlon savait pertinemment que c'était bien facile que de dire à Jacob que Mildred n'était pas la femme de sa vie, qu'il méritait mieux que ça... Dans les faits, le médicomage le pensait bel et bien... Jacob était un jeune homme généreux, et Mildred, même s'il y avait toujours deux sons de cloche, avait tout l'air d'une femme vénale en diable, qui avait espéré après la richesse de son fiancé, richesse que ce dernier n'était pas parvenu à obtenir en dépit de ses efforts acharnés. Oui, il trouverait mieux. Il trouverait forcément mieux. Jacob Kowalski était un homme aimable, il était la gentillesse incarnée. Marlon ne se faisait vraiment pas de soucis pour lui. Alors certes, ce n'était sans doute pas plus mal qu'il reste célibataire pour le moment, le temps de se remettre de sa précédente rupture, mais quand le moment serait venu, il retrouverait quelqu'un c'était une certitude. Certitude que le jeune homme allait tout de même éviter d'articuler à voix haute malgré tout. Il ne tenait pas à mettre son interlocuteur mal à l'aise, et ce dernier, de toute évidence, avait un plan pour l'avenir.

Marlon était ravi d'entendre que les projets du jeune homme n'étaient pas tombés à l'eau pour autant. Après un énième refus de prêt banquaire, il y avait peut-être de quoi se résigner, mais de toute évidence, il était toujours aussi décidé à donner corps à ses choix de carrière, et c'était particulièrement louable, admirable même, de sa part. Et Marlon comprenait sans mal que, pour le moment, c'était de ce sujet qu'il valait mieux parler afin d'égayer un peu le moral du pauvre Jacob, qui avait forcément pris un peu de plomb dans l'aile après le rejet de sa fiancée. Qu'à cela ne tienne, Marlon n'avait pas la moindre envie de rendre Jacob malheureux, raison pour laquelle il espérait ne pas commettre d'impair quand il reprit la parole.

-Tu as de nouvelles pistes, alors ? Ca se concrétise ?

Certes, il lui avait dit que la banque ne lui avait pas accordé d'emprunt et que c'était ce qui avait fait disparaître sa fiancée du décor, mais même si ça avait été le cas, cela ne signifiait pas pour autant que c'était toujours le cas aujourd'hui. Il ne savait pas, après tout, depuis combien de temps Mildred et lui étaient séparés (même s'il avait quand même le sentiment que la blessure était encore assez fraîche), il pouvait s'être passé tout un tas de choses, entre-temps (il n'avait pas idée). Il sentait que le projet de Jacob demeurait particulièrement concret quoi qu'il en soit, et pour la peine, il avait envie d'en apprendre plus, d'en comprendre davantage. Il était curieux et espérait pouvoir se permettre de l'être. Il voulait se réjouir d'au moins une chose dans la vie de Jacob.

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Jacob avait mille raisons en réalité de baisser les bras et de se contenter de se résigner à sa vie… malheureuse. Sauf que ce n’était pas quelque chose qu’il avait envie de faire. Le jeune homme ne pouvait pas nier que tout cela avait été un coup difficile pour lui, il n’avait pas eu le prêt de la banque, il avait perdu sa fiancée, son moral était loin d’être au meilleur de sa forme. Mais en même temps, il ne pouvait pas tout abandonner. Il n’avait aucune idée de comment il allait s’en sortir, mais il se disait qu’il pouvait quand même finir par y arriver. Comment ? Il allait voir. Quand ? Un jour. Bon, il n’avait pas encore commencé la moindre démarche pour continuer à avancer, mais en même temps ça ne voulait pas dire qu’il n’allait pas le faire à un moment donné. Il avait juste besoin d’un peu de temps tout simplement.

Marlon se montra plus curieux après sa remarque, ce que Jacob pouvait entièrement comprendre. Puisqu’il parlait de sa boulangerie et du fait qu’il avait quand même l’intention de se concentrer dessus, il était logique que l’homme se demande s’il y avait du progrès. En tout cas, Jacob ne le lui reprocha en aucun cas, mais ça ne voulait pas dire qu’il était des plus à l’aise pour répondre à la question non plus. Parce qu’il n’avait vraiment pas d’élément à apporter.

« Pas vraiment. » Répondit-il, d’une façon un peu triste. Il ne pouvait pas entièrement cacher le fait que ça ne lui plaisait pas tant que cela de ne pas avoir d’élément lui permettant d’avancer, de ne pas avoir une idée plus concrète de ce qu’il allait pouvoir faire. « Il faudra que je trouve une autre banque, essayer d’avoir un prêt. » Parce que dans tous les cas, le jeune homme ne pouvait pas envisager de financer sa boulangerie lui-même, il n’en avait pas du tout les moyens. Alors s’il n’avait pas de prêt de quelqu’un, d’une banque donc, il était évident que le jeune homme ne pourra jamais aller au bout de son rêve. « Sans argent, je ne pourrais pas y arriver. »

Et il ne savait pas encore que très bientôt, de l’argent allait tomber du ciel. Radicalement. Bon, celui-ci n’allait pas arriver directement du ciel non plus, mais il allait tomber à point nommé, sans qu’il ne s’y attende et sans qu’il ne sache réellement comment il allait en être. Mais pour le moment, le jeune homme ne savait pas du tout comment les choses allaient se passer et il ne pouvait qu’espérer qu’un banquier allait finir par lui faire confiance, même si on ne pouvait pas vraiment dire que sa situation avait changé depuis le refus qu’il avait eu. Enfin, il ne se souvenait pas du tout des grands changements que sa vie avait connu, puisqu’on avait gentiment décidé de lui effacer la mémoire. Pour l’heure, il avançait tout simplement à l’aveugle, sans savoir comment les choses allaient bien pouvoir se passer.

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M

arlon était déçu d'entendre qu'il n'y avait pas plus de progrès concenant la boulangerie du jeune homme. Il avait espéré qu'au moins de ce point de vue-là, il y ait eu de nouveaux rebondissements. Malheureusement, il n'en était rien. Si sa vie sentimentale était chaotique, sa vie professionnelle n'en menait visiblement pas large non plus, et Jacob ne méritait définitivement pas tout ce qu'il subissait. Heureusement, le jeune homme semblait décidé à ne pas baisser les bras malgré tout. Il lui parlait de sa boulangerie comme d'un projet concret, et c'était une bonne chose, il fallait impérativement qu'il se raccroche à ce rêve, à cette décision, à ce projet, c'est en y croyant dur comme fer qu'il y parviendrait bel et bien. Même si les banques se fichaient bien de la foi que l'on pouvait avoir en un projet... Car de toute évidence, le problème était avant tout financier...

C'était presque toujours le cas. C'était frustrant. Marlon savait que son ami avait du talent, beaucoup de talent, même, et ce talent était gâché alors qu'il s'épuisait à travailler dans une conserverie, un travail qui n'avait que le don de le rendre profondément taciturne et malheureux. Marlon compatissait au sort de Jacob, malheureusement, il ne pouvait pas faire grand-chose pour lui non plus... L'assister financièrement, oui, mais il ne pouvait pas se permettre non plus de lui accorder l'équivalent d'un prêt bancaire. Malgré tout.

-Je pourrais t'aider... si tu as besoin d'argent, je peux t'en prêter.

Mais sans doute pas assez. Ce pourrait sembler contradictoire, de la part d'un fidèle de Grindelwald, que de vouloir apporter son soutien à un moldu, mais ce n'était pas le cas. Marlon n'estimait pas que le voeu de Grindelwald était d'anéantir les moldus, juste d'apporter un contrôle nécessaire à une situation qui n'était plus vivable. Les sorciers étaient supérieurs aux moldus, ce n'était pas une affirmation cruelle ou hautaine, c'était un constat biologique. Les moldus n'étaient bon qu'à détruire ou à se détruire. Et ce n'était vraiment pas possible de laisser les choses se poursuivre ainsi. Alors oui, aider Jacob, ce n'était pas soutenir un moldu, pour lui, c'était simplement venir en aide à un proche, tout simplement. Il ne pouvait pas simplement signer un chèque à Jacob et l'aider à poursuivre ses rêves. En revanche, il pouvait encourager ces mêmes rêves en lui laissant comprendre, même symboliquement, qu'il était de tout coeur avec lui. Jacob méritait qu'on l'aide et qu'on le soutienne. Il le méritait d'autant plus qu'il n'avait vraiment pas la vie facile, il méritait qu'au moins un aspect de sa vie se déroule précisément ainsi qu'il l'entendait exactement. Alors il avait envie de faire un geste, au moins.

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Jacob aimerait bien dire qu’il allait pouvoir ouvrir sa boulangerie dans la minute, qu’il avait le financement pour la monter, mais ce n’était pas le cas. Le jeune homme n’avait pas les fonds pour sa boulangerie, les banques ne lui apportaient pas ce crédit qu’ils avaient envie d’obtenir, qui pourrait lui permettre d’avoir quand même de se lancer dans son rôle. Jacob n’était clairement pas au comble du bonheur en cet instant précis, il était évident qu’il ne sautait pas de joie. Cela dit, Jacob avait conscience qu’il ne devait pas entièrement baisser les bras non plus, sinon c’était évident qu’il ne s’en sortirait jamais. Il avait perdu sa fiancée, il n’arrivait pas à obtenir le crédit pour qu’il puisse ouvrir sa boulangerie… s’il s’écoutait réellement, il se contenterait peut-être de juste baisser les bras et de subir sa vie comme elle était difficile. Et en même temps, Jacob ne pouvait pas s’empêcher de sentir comme une sorte de manque, comme un trou qui ne demandait qu’à être comblé.

Quand il entendit Marlon affirmer qu’il pourrait l’aider, lui prêter de l’argent dans le but de pouvoir arriver à ses rêves, Jacob se sentait un peu… honteux. Oh, il appréciait évidemment la proposition de Marlon et il avait conscience du fait que le jeune homme devait tenir à l’aider, parce qu’il croyait en ses rêves. Mais en même temps, Jacob avait quand même envie d’y arriver par lui-même, de prouver qu’il pouvait le faire tout seul. Bon, une aide providentielle allait l’aider… mais c’était différent d’accepter une aide venue de nulle part, que de l’aide d’un ami. Surtout que mine de rien, c’était une grande quantité d’argent qu’il allait avoir besoin.

« C’est gentil à toi, mais… je ne peux pas accepter. » Il était un peu mal à l’aise à refuser la proposition de son ami, mais en même temps il était évident que le jeune homme serait encore plus mal à l’aise d’accepter ce genre de proposition. Il appréciait sincèrement la demande de son ami, mais il était évident qu’il ne pouvait pas accepter. « C’est une trop grande quantité dont j’ai besoin et… de toute façon, je vais bien trouver une banque pour me soutenir. »

Jacob se montrait peut-être un peu trop optimiste en un sens, mais il devait quand même y croire sinon c’était évident qu’il perdrait pied. En réalité, le jeune homme était réellement au bord du gouffre, il était vraiment en train de perdre pied parce qu’il n’avait pas le sentiment d’avoir quelque chose dans sa vie. Mais il n’allait pas abandonner, il fallait bien qu’il garde la main sur son existence, qu’il… continue à avancer en espérant qu’il puisse un jour voir son rêve s’accomplir. Même si ce n’était pas évident, que ça pouvait lui prendre encore énormément de temps et peut-être qu’en réalité ça allait lui prendre toute sa vie. Ce n’était pas le cas, il allait obtenir de l’aide, mais pour le moment il n’avait pas conscience que son rêve allait vraiment arriver.

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A

u fond, Marlon s'était douté que Jacob n'accepterait pas la proposition de son interlocuteur. Ce n'était même pas une question de fierté comme ce pourrait l'être pour d'autres, qui tiendraient absolument à prouver qu'ils étaient capables de se construire tout seuls, mais en revanche, il n'était pas dans son tempérament de réclamer quoi que ce soit de la part d'autrui parce qu'il ne voulait sans doute pas être redevable aux autres. Il est bien connu qu'amitié et argent font rarement bon ménage, il ne serait pas étonnant que le No-Maj raisonne ainsi en la circonstance. Oui, Marlon s'était douté que Jacob refuserait, mais ce n'est pas pour autant que le médicomage n'avait pas été entièrement sincère dans sa proposition. Jacob était son ami, une personne importante dans sa vie, et s'il pouvait l'aider, en quoi que ce puisse être, il le ferait sans l'ombre d'une hésitation. Mais il n'allait pas insister pour autant. Dans tous les cas, la contribution de Marlon aurait certainement été plus symbolique qu'autre chose, le sorcier se doutait que Jacob devait avoir besoin de beaucoup plus d'argent que ce qu'il avait en réalité... Mais ça aurait pu être un point de départ, toujours ça de pris et aussi la preuve que Marlon le soutenait dans son projet et croyait dans ce dernier.

Mais soit, Jacob ne voulait donc pas de son argent, et Marlon n'allait donc pas insister. Proposer son aide une fois, c'était un acte d'amitié et de générosité, le proposer deux fois, ce serait faire preuve d'une insistance qui deviendrait gênante pour l'un comme pour l'autre, surtout si Jacob devait à nouveau refuser. Non, mieux valait ne pas en arriver là, tant qu'à faire. Alors Marlon se contenta d'accepter la réponse de son interlocuter en agrémentant le tout d'un fin sourire.

-Soit. En tout cas, si tu changes d'avis, n'hésite pas.

Même s'il doutait fort que Jacob changerait d'avis, pour tout dire. Quand bien même il doutait également du fait qu'aucune banque ne lui accorde le prêt qu'il demandait. Sans garantie à offrir aux banquiers, ces derniers continueraient de faire la fine bouche, c'était comme ça. La guerre à peine achevée, l'économie, même aux Etats-Unis, se remettait doucement sur pieds, ils ne pouvaient pas se permettre de forcer quoi que ce soit dans tous les cas.

-Si les banques te tournent le dos, tu devrais peut-être envisager d'en passer par des moyens de subvention un peu moins traditionnels. Il existe d'autres manières de financer des projets.

Des manières qui étaient plus ou moins légales, il est vrai. Mais aux grands maux les grands remèdes, Jacob ne pouvait tout de même pas espérer après l'ouverture de cette fichue boulangerie toute sa vie en gâchant son potentiel dans une bête conserverie.

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Jacob adressa un sourire à Marlon, quand ce dernier accepta son refus et lui affirma que s’il devait changer d’avis, il ne fallait pas qu’il hésite. Il n’hésiterait pas, mais il ne changera pas d’avis. Le no-maj appréciait sincèrement la générosité de son ami, c’était forcément agréable d’entendre quelqu’un être prêt à nous prêter de l’argent. Sauf que Jacob n’avait aucune envie de mêler l’argent de Marlon dans tout cela. Et de toute façon, ça ne l’aiderait sans doute pas entièrement. Non, il préférait largement ne pas attendre de l’aide de Marlon, de pas se retrouver avec des dettes envers ses proches. Les histoires d’argent n’étaient jamais bonnes dans les amitiés, c’était quelque chose que Jacob croyait dur comme fer. Comme l’argent pouvait faire des ravages dans les couples d’ailleurs.

Marlon lui affirma alors que si jamais les banques ne lui accordaient pas ce prêt, il faudrait peut-être qu’il prenne la décision d’envisager de passer par d’autres moyens. Jacob était un peu surpris des paroles de son ami, pas forcément parce qu’il les prononçait, mais parce qu’il ne pensait pas qu’il lui ferait une telle proposition. Jacob y avait songé, parfois, que peut-être qu’il vaudrait mieux qu’il passe par d’autres moyens, mais il ne voyait pas vraiment comment. Et surtout, il n’était pas vraiment à l’aise avec cette idée. Cela dépendait des moyens, bien sûr, mais quand on parlait comme ça, c’était souvent pour mentionner une solution un peu moins légale que la voie « normale ». Ça pouvait n’être rien, emprunter de l’argent à quelqu’un, et rembourser petit à petit… en mettant potentiellement sa vie en danger d’ailleurs si on tombait sur la mauvaise personne. Ou alors des affaires clairement moins légales.

« Eh bien, oui, peut-être. » Dit-il ne se montrant pas forcément convaincu. Le souci ne résidait pas dans le fait qu’il puisse croire au bien fondé des paroles de Marlon, le jeune homme avait surement raison de lui suggérer ça. C’était simplement lui qui avait un peu de mal à se dire qu’il devait se lancer dans une telle solution. Il n’était pas forcément à l’aise, parce qu’il avait envie e faire les choses bien, de prouver que son projet avait réellement de la valeur, qu’il méritait qu’on l’aide. Et en même temps, il avait aussi peur de ne jamais réussi à obtenir de l’argent pour qu’il puisse enfin financer ce projet, et donc de ne jamais arriver à ses rêves. Autant dire qu’il était clairement partagé et qu’il ne savait pas forcément comment s’y prendre. « Je ne sais pas trop, je ne suis pas vraiment à l’aise avec cette idée. Et je ne sais même pas comment je pourrais m’y prendre. »

Rien ne voulait dire qu’il devait faire quelque chose d’illégale bien sûr, mais obtenir autant d’argent sans passer par une banque, ça pouvait que pousser au questionnement. Le jeune homme ne savait pas forcément s’il avait envie de le faire, si même il pouvait le faire. Et dans tous les cas, il ne savait pas s’il serait capable de trouver une solution autre que la banque, il ne savait pas comment s’y prendre.

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M

arlon connaissait bien Jacob. Il le connaissait bien assez, en tout cas, pour savoir qu'il était un homme intègre. Il ne pensait pas qu'il ait un jour fait quoi que ce soit que l'on puisse considérer être en dehors des clous. Il mettait un point d'honneur à faire les choses dans les règles. C'était une chose que Marlon pouvait comprendre. Et que, même, il pouvait estimer. Dans une certaine mesure. Il se reconnaissait beaucoup en Jacob sur cet aspect. Lui aussi, pendant bien longtemps, avait voulu agir en toute conformité avec les exigences gouvernementales et sociales. Mais toutes ces résolutions avaient été mises à mal par les circonstances : la guerre, le décès de son frère, les prédictions de Cassandra, sa rencontre déterminante avec Grindelwald... Tout cela avait contribué à forger une nouvelle vision des choses dans son esprit. Et à ce jour, le jeune homme était bien incapable d'accorder toute sa confiance dans les institutions publiques. A ses yeux, tricher un peu pour obtenir ce que l'on désirait, si c'était pour la bonne cause, ne pouvait pas être considéré comme quelque chose de répréhensible. Cela l'était légalement, mais aux grands maux les grands remèdes, n'est-ce pas ?

Marlon avait toujours considéré Jacob comme un bâton, il avait en lui une force de caractère qu'on ne lui soupçonnerait (et qui ne venait sans doute pas de nulle part non plus - après tout, lui aussi avait perdu un frère, lui aussi avait vu la guerre de très près, de trop près). Alors il pouvait tout réussir s'il s'en donnait les moyens. Les banquiers étaient verreux, ils ne juraient que par des garanties factices, comme si le monde était véritablement à même de vous offrir la moindre garantie. Pour réussir son rêve, le jeune homme se devait de viser plus grand, de voir plus large. Et si Marlon pouvait contribuer à cela, il le ferait avec grand plaisir. Marlon avait entièrement confiance dans son ami. Il était convaincu qu'une fois sa boulangerie ouverte, celle-ci rencontrerait tout le succès que cette dernière méritait. Il fallait seulement que le destin lui donne ce coup de pouce qui lui manquait. Le destin ou... un ami bienveillant. Cela marchait aussi, après tout.

-Si ce n'est que cela, je peux t'aider, je pense pouvoir te donner le contact de quelques personnes qui pourront te soutenir. Rien de compromettant, vraiment, rien qui puisse te causer du tort, je te le promets. Il marqua une pause. Enfin... C'est comme tu le souhaites, bien sûr, je ne t'oblige à rien, mais tu as du talent, je le sais, je ne veux pas que ce talent soit gâché par les circonstances.

Il le pensait sincèrement. Il s'en voudrait à mort si ça devait être le cas, parce qu'il aurait le sentiment de ne pas en avoir fait assez pour son ami. Un ami qui lui importait beaucoup.

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Il attendait depuis tellement longtemps de pouvoir ouvrir sa boulangerie, de pouvoir trouver un moyen de la financer, que Jacob avait un peu le sentiment de se noyer dans toute cette histoire. Il avait vu tellement de banquier, on lui avait refusé tellement de fois des crédits qu’il commençait à se dire au final que ce n’était juste pas quelque chose qu’il pouvait envisager de faire. Il avait conscience qu’il ne devrait pas baisser les bras, mais après tout Mildred avait elle-même baissé les bras. C’était difficile, du coup, de juste garder le cap. Et même en se disant qu’on pouvait trouver une autre solution, ça n’avait rien d’évident. Jacob ne savait plus réellement dans quel sens allait, il ne savait plus vraiment quelle direction prendre. La seule chose qu’il savait, c’était qu’il voyait son rêve s’éloigner de plus en plus de lui.

À moins que Marlon soit celui qui lui apporterait une réponse ? Il ne lui parlait pas d’aller vers des solutions illégales, simplement d’aller vers d’autres solutions que celles des banques. Mais lesquelles ? C’était bien la question. Marlon lui affirma qu’il pouvait lui donner quelques contacts, rien de compromettant, simplement des personnes qui pourraient éventuellement l’aider. Forcément, c’était tentant, surtout qu’il avait confiance en son ami, il osait croire qu’il ne lui ferait pas prendre de risque non plus. Et puis, c’était quand même agréable d’entendre dire qu’on avait du talent. Jacob osait croire qu’il s’en sortait bien en effet, il aimait ce qu’il faisait et il était quand même un juge exigeant. Donc, il considérait en effet qu’il ne s’en sortait pas si mal que cela et qu’il y avait de quoi s’en sortir avec une vraie boulangerie à lui, il suffisait simplement qu’on lui fasse confiance. Et peut-être que les contacts de Marlon étaient la solution. Après tout, au point où il en était, il n’avait quand même plus grand-chose à perdre.

« Tu as raison, il faut bien que je tente après tout. » Il ne pouvait pas juste abandonner. C’était tentant de le faire, et on ne pouvait pas dire que l’absence de Mildred l’aide à ne pas abandonner, mais il ne pouvait pas le faire, il devait continuer de croire en ses rêves. « Je veux bien le contact de ces personnes, je vais voir ce que ça peut donner. »

Et peut-être que ça ne donnerait rien, mais au moins Jacob pourra dire qu’il a tout essayé. En espérant que ça ne le mette pas dans une situation pire que celle où il se trouvait. Quoi qu’en fait, il n’était pas certain que ça puisse réellement être pire. Il pourrait perdre son job, mais il n’aimait pas son job. Et il avait déjà perdu sa fiancée, alors il n’avait vraiment plus grand-chose à perdre. Au final, il avait tout à gagner s’il prenait bien la peine de tenter toutes les solutions possibles pour y arriver. S’il ne le faisait pas, ce serait là qu’il aurait réellement tout perdu.

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M

arlon savait que beaucoup ne comprendraient pas son initiative, les raisons pour lesquelles il s'obstinait à vouloir aider un simple No-Maj quand ses ambitions devraient être plus élevées, quand ses allégeances devraient le mener ailleurs. Bien sûr, cela pouvait sembler particulièrement contradictoire, mais ça ne l'avait jamais été aux yeux du médicomage, et pour cause, il appréhendait son rapport à ceux qui n'avaient pas de pouvoirs d'une manière très différente de la plupart de ses pairs. Il ne cherchait pas la domination sorcières sur leurs pairs sans pouvoir, il estimait seulement que les sorciers étaient plus avisés pour prendre des décisions nécessaires à tous, sans oublier le fait que continuer de dresser des barrières entre eux via le secret magique ne pouvait que mener à la catastrophe. Il voulait empêcher une seconde guerre mondiale, mais pas la vie en bonne entente d'individus qui avaient plus en commun que ce qu'ils voulaient bien soupçonner. Marlon, en mémoire de son frère, traiterait toujours les personnes comme Jacob avec un minimum de tolérance et de respect. Et il considérait par ailleurs que Jacob le méritait plus encore que beaucoup d'autres. Ils étaient amis au-delà de leurs différences, et si le médicomage pouvait lui venir en aide, bien sûr qu'il n'hésiterait pas un seul instant.

En l'occurrence, il ne savait pas si les contacts qu'il avait à lui proposer aideraient en quoi que ce soit, il n'en avait absolument pas l'assurance, mais il était bien décidé néanmoins à faire le nécessaire pour l'aider. Si cela ne devait pas marcher, alors soit, après tout, même les entreprises les mieux intentionnées n'aboutissaient pas toujours, mais il n'allait certainement pas refuser une main tendue à un ami qui, qui plus est, en avait nettement besoin. Ils pouvaient bien réussir, qui sait, à trouver un terrain d'entente.

-Tu prends la bonne décision, répondit Marlon, ravi de voir que Jacob changeait d'avis. Qu'il était prêt à accepter son aide. Evidemment, il se pouvait que ça ne serve à rien, mais pourquoi ne pas essayer ? Cela semblait en valoir la peine dans tous les cas. Laisse-moi parler aux quelques personnes que j'ai en tête, il vaut mieux que je leur parle de toi au préalable, et je leur donnerais ton contact, ça te convient ? demanda-t-il, avec un sourire aux lèvres.

Il tenait véritablement à ce que son ami remonte la pente. Tout le monde avait besoin, de temps à autre, d'un soutien ami, et en l'occurrence, il semblait que ce temps soit venu pour son interlocuteur.

-J'espère ne pas te donner de faux espoirs, je ne peux rien te garantir, mais je pense que ça vaut la peine d'essayer, en tout cas.

Toujours essayer, et parfois, l'affaire se révélait bel et bien payante, et les efforts récompensés comme ils se devaient de l'être.

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Jacob ne savait pas forcément s’il prenait réellement la bonne décision, mais au moins il allait tenter quelque chose. Le jeune homme n’avait pas vraiment perdu espoir de parvenir un jour à ses rêves, mais c’était quand même très limites. Parce qu’il savait parfaitement que sans argent, il ne pourrait pas envisager une seule seconde d’arriver à faire quoi que ce soit. Alors, sans doute qu’il devait trouver d’autres moyens pour parvenir à obtenir cet argent. Marlon lui affirma qu’il allait d’abord parler aux quelques personnes qu’il avait en tête et qui pourrait potentiellement l’aider avec cette histoire d’argent et qu’il donnerait son contact à ces personnes. Il valait sans doute mieux que ça se passe comme ça, que les personnes qui pourraient potentiellement l’aider vienne à lui. Parce qu’au final, Jacob ne savait pas vraiment comment s’y prendre non plus. Déjà qu’il ne semblait pas vraiment doué pour convaincre un banquier de lui prêter de l’argent… même si ces derniers devaient surement être les personnes les moins facile à convaincre (alors qu’ils étaient là pour ça justement, mais ce serait un débat inutile).

« Je sais bien que rien n’est garanti. » Répondit-il quand son ami lui affirma qu’il n’avait aucune envie de lui donner de faux espoirs. Jacob avait parfaitement conscience que ça pouvait ne pas marcher, qu’il ne devait pas trop reposer ses espoirs dessus et qu’il ne devait pas non plus abandonner ses éventuelles autres chances (même si en réalité, on ne pouvait pas réellement dire qu’il avait d’autres chances). Il ne devait donc pas reposer tous ses espoirs sur l’idée de Marlon, ça pouvait juste être une bonne chose, ça pouvait être une très bonne surprise. Avec un peu de chance, ça pouvait aboutir à quelque chose donc. Comme pour beaucoup de solution. Au moins, il fallait essayer, pour ne pas perdre complètement espoir, et ne pas baisser entièrement les bras. « Tu as raison, ça peut être une bonne chose d’essayer et si ça ne donne rien… ce n’est pas grave, je tenterais autre chose. » Il disait ça en se montrant le plus convainquant possible, mais lui-même en réalité considérait que ça sonnait faux.

Il n’avait aucune envie de perdre espoir, mais en même temps on ne pouvait pas dire que les circonstances jouaient vraiment en sa faveur et lui permettait de garder la tête haute. Il avait le sentiment qu’il faudrait un miracle pour qu’il puisse enfin arriver à ses fins. Sauf que des miracles, ça n’arrivait quand même pas tous les jours… Le monde n’était pas simple, il ne suffisait pas de claquer des doigts ou… bouger un bout de bois pour obtenir tout ce qu’on voudrait. C’était beaucoup plus difficile que ça.

Mais bon, il allait essayer de ne pas perdre espoir, à commencer donc par se convaincre lui-même de ne pas baisser les bras. Marlon lui offrait une nouvelle possibilité, une nouvelle piste, c’était déjà beaucoup. Ça signifiait que si cela ne marchait pas, peut-être qu’il serait possible d’envisager encore de nouvelles pistes, il devait y en avoir plus encore.

« Tant qu’il y a des pistes à aborder, rien n’est impossible. » Conclut-il, cherchant à se convaincre lui-même.

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M

arlon ne pouvait rien promettre à Jacob. Ce n'était pas comme s'il possédait les contacts les plus appropriés ou comme s'il pouvait avoir la certitude d'être capable de faire quoi que ce soit pour lui. Mais quand bien même, et parce qu'il était un ami qu'il estimait précieux, il considérait comme tout à fait normal le fait de l'aider autant qu'il pourrait en être capable. Tant que toutes les options n'auraient pas été épuisées (et on trouvait toujours de nouvelles option), il ne fallait pas abandonner. Jacob poursuivait un rêve, un rêve réaliste et légitime. Il était normal de l'encourager dans cette voie. Ce n'était pas, après tout, comme si ses ambitions dépassaient ses compétences, loin de là, même. Non, ils vivaient seulement dans une société, malheureusement, qui ne favorisait pas toujours les compétences et préférait, à la place, mettre en avant tout ce qui avait trait au népotisme ou à la fortune fort peu moralement acquise.

Bref, oui, si Marlon pouvait faire quelque chose pour Jacob, il le ferait évidemment et de bonne grâce. Et le lui dire de la sorte, c'était aussi une manière de lui faire comprendre qu'il ne devait surtout pas perdre espoir. Cela lui serrait le coeur que de voir une personne aussi généreuse et positive que Jacob Kowalski commencer doucement mais sûrement à douter de parvenir à ses fins. Il avait besoin de le voir sûr de lui, sûr de ce qu'il pourrait obtenir, et combattif, qui plus est. Il considérait que c'était définitivement la meilleure manière pour lui de parvenir à ses fins. Il était normal, cependant, qu'il ressente le besoin d'un soutien extérieur pour le pousser vers le haut dans les moments où il doutait trop de lui-même pour réellement voir ce qu'il pouvait y avoir de vraiment positif dans son avenir proche.

-Tes ambitions n'ont rien d'impossibles, Jacob, vraiment. Il suffit que tu continues d'y croire. Tu le mérites largement.

Bien sûr, c'était facile à dire de la part de Marlon, qui de son côté aurait beaucoup trop tendance à se montrer naïf en ce genre de circonstances. Ce n'était pas faute, pourtant, de connaître de la réalité les horreurs et les turpitudes. Il avait connu la guerre, et il avait en horreur l'appréhension d'une nouvelle guerre à venir. Alors oui, il n'était certainement pas de ceux qui s'imaginaient que croire en ses rêves était quelque chose de suffisant. En revanche, il estimait que c'était tout de même un bon début, et qui n'était pas à négliger.

-Je vais devoir te laisser. Mais je n'oublie pas ce que je viens de te dire, d'accord ? Je te tiendrais au courant aussi vite que je le peux. En attendant, interdiction de baisser les bras, c'est bien compris ?

Pas dit que Jacob l'écoute, mais dans tous les cas, il était très sincère pour sa part.

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