Bon retour au bercail [Tina]

L

a vie avait repris son cours, mais plus rien n'était pareil. Si ce constat devait être flagrant pour quiconque avait assisté à la soirée de Nouvel An en en gardant l'intact souvenir, c'était plus certain encore quand on se retrouvait à l'épicentre des événements. Revenir au bureau des Aurors après qu'une grande partie de ses membres ait été décimée, c'était... douloureux. Et pourtant nécessaire. Achilles n'avait certainement pas attendu cet événement pour prendre la pleine conscience de ce que son travail avait d'important et pour développer son sens aigu de la Justice, mais il est certain qu'il ne pouvait qu'exacerber ce sentiment déjà vif en lui. Et il avait la ferme intention de se mettre à l'ouvrage, sans rechigner un seul instant à la tâche.

Il avait pris place à son bureau, non sans jeter un oeil au bureau voisin, où aurait dû se tenir l'un de ses collègues qui avait été grièvement blessé au cours de l'attaque. Il n'avait pas eu de nouvelles très récentes. Mais de ce qu'il savait, son pronostic vital était engagé, et il avait très peu de chances de s'en sortir... Au moins lui en restait-il peut-être une infime. Dans un soupir, il tourna son attention vers la pile de dossiers qui trônait devant lui. Il allait falloir mettre les bouchées double en attendant que d'autres Aurors viennent combler leurs maigres effectifs. Mais avant qu'il ait eu le temps d'ouvrir le premier dossier de la pile, il vit paraître un visage familier... et séduisant.

Achilles se leva immédiatement pour la saluer. C'était étrange de revoir Tina aussi. Etrange, mais surtout rassurant. Dans cette situation catastrophique, le retour de la jeune femme était bien le seul événement positif qu'il savait retirer. Elle lui avait manqué. Beaucoup manqué. Il n'avait cessé de penser à elle, durant sa cavale. La situation lui avait posé de sérieux cas de conscience, pourtant, il n'était pas intervenu. Cela dit, l'essentiel, c'est qu'elle était là, tirée d'affaire, saine et sauve, et la retrouver ne pouvait que lui rappeler que les sentiments qu'il nourrissait pour elle étaient tout simplement inchangés. A la différence près qu'à l'heure où il avait pensé la perdre, il refusait de voir cela arriver de nouveau.

-Tina, si tu savais comme je suis heureux que tu sois de retour.

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chilles répondrait bien à Tina que son attitude n'était pas gentille, qu'elle était seulement naturelle, mais au final, ce n'était peut-être pas réellement nécessaire. Il osait croire qu'elle le connaissait suffisamment pour savoir qu'il avait parlé avec naturel, et ne s'efforçait pas à une quelconque gentillesse pour faciliter son retour. En tout cas, elle semblait ne pas lui tenir rigueur de son comportement (ou plutôt son absence de comportement) quand Graves l'avait condamné au pire. Il s'en sentait soulagé. Il était heureux de retrouver Tina, vraiment heureux, et il avait eu sincèrement peur de la perdre pour toujours... il aurait détesté qu'elle lui en veuille, même si elle aurait eu sûrement raison de le faire. Tina revenait sans rancoeur mais, il n'en doutait pas, avec détermination.

Les circonstances avaient été difficiles pour tout le monde. Pour elle plus que pour n'importe qui, il ne comptait pas nier cela non plus, mais ils seraient sans doute d'accord sur le fait qu'il n'était pas nécessaire de mettre de l'huile sur le feu. Dans tous les cas, il y avait plus urgent à faire, et ils en avaient tous deux conscience. Il poussa un léger soupir quand Tina observa que les circonstances n'étaient malheureusement pas idéales. Il ne saurait la contredire. Il en accusait encore le contrecoup. Sa détermination à réparer la situation, à rétablir l'ordre, à arrêter Grindelwald était bien tout ce qui l'aidait à tenir le coup et à supporter la disparition de ses amis... ça et le retour de Tina. Il ne saurait le lui dire si directement, mais il aurait sans doute cent fois plus de mal à supporter cette situation si elle avait dû elle aussi faire partie des disparus du Nouvel An.

-Malheureusement, dit-il simplement.

Que dire de plus ? Ils étaient là, il savait ce qui s'était passé, et s'ils voulaient l'oublier, les bureaux autour d'eux seraient là pour en raviver le souvenir. Quelque part, Achilles envierait presque tous ceux qui n'auraient plus aucun souvenir des événements. Au moins sauraient-ils dormir à poings fermés. Sans doute...

_Ecoute, Tina... je tenais à m'excuser. Tu sais... j'ai pas réagi comme j'aurais dû, par rapport à toi, à ce qui t'est arrivé. C'était la folie ici. Je sais que ça excuse rien mais... Il marqua une légère pause, à quoi bon se justifier, il avait mal agi, point. Bref. Je suis vraiment désolé de ne pas avoir été là pour toi.

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ina avait beau lui assurer qu'il n'avait aucun besoin de s'en faire, Achilles avait bien du mal à faire autrement, parce que si Tina était suffisamment intelligente, mâture (parfaire comme à son habitude, en somme) pour tirer un trait sur tout ça afin de repartir sur les meilleures bases possibles, il n'oubliait pas à quel point son comportement avait été déplorable et ne mériterait même pas d'être excusé. Ceci dit, il devait bien le reconnaître, il était rassuré de ne pas avoir à faire des pieds et des mains pour se faire pardonner son comportement. Il avait juste envie, besoin même, que tout redevienne comme avant, à l'époque où elle avait été encore Auror et au cours de laquelle ils avaient eu plus d'une fois l'occasion de faire équipe. Et une vraiment bonne équipe, selon lui. Bien sûr, la situation n'était plus la même, et elle ne le serait sans doute plus jamais au vu de tout ce qu'ils avaient malheureusement perdu. Mais savoir qu'il pouvait compter sur Tina, qu'au moins il l'avait, elle... forcément, ça avait le don de l'apaiser, de le rassurer.

Elle avait raison, Achilles avait aveuglément fait confiance en Percival Graves. Outre le fait que le jeune homme avait toujours éprouvé un respect tout naturel, presqu'instinctif envers sa hierarchie, Graves était qui plus est un homme qui avait vraiment fait l'objet de son admiration... Ce qui rendait encore plus difficile la situation. Il n'allait pas affirmer qu'il n'avait pas eu des doutes, il en avait eus, mais il n'avait rien dit, il n'avait rien fait. Alors au final, c'était du pareil au même. Mieux valait ne pas revenir là-dessus, au bout du compte. L'essentiel, c'est qu'elle était là... même si la réintégration n'était visiblement pas des plus simples.

-Ca leur passera, répondit-il sans pouvoir en être sûr, mais confiant malgré tout. tout le monde avait été perturbé par la situation. Mais elle finirait par revenir à une relative normale, ils n'avaient de toute façon pas le choix s'ils voulaient se montrer efficaces dans une situation qui exigeait d'eux qu'ils le soient encore plus que d'ordinaire. En tout cas, moi, je suis vraiment heureux que tu sois de retour pour de bon. Tu avais manqué à ce bureau. Il marqua une légère pause. Tu m'as manqué.

C'était franc et direct, en même temps Achilles avait toujours eu l'habitude de l'être. Et il n'avait eu que trop d'occasions de regretter de ne pas avoir su dire ce qu'il voulait dire quand il le pouvait encore.

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T

ina lui adressa un sourire. Ce sourire était certainement l'un des plus charmants quil ait jamais vu. En même temps, Achilles avait tendance à tout trouver charmant chez son interlocutrice, ça avait toujours été le cas. Il la trouvait belle, brillante, intelligence, en plus de tout un tas d'autres qualités. Et elle prouvait encore sa force de caractère en revenant au bureau des Aurors la tête haute en dépit de tout ce qui s'était passé, non pas rongée par la rancoeur mais déterminée à en découdre. Elle était... exceptionnelle... c'était aussi simple que ça.

Ceci dit, il se rembrunit légèrement en entendant la réponse de son interlocutrice, au début du moins. En même temps, c'était clairement présomptueux de s'attendre à ce que son interlocutrice lui assure avec toute la sincérité du monde qu'il lui avait manqué. Elle avait eu largement à faire et autre chose certainement à penser qu'à lui, d'autant plus qu'on ne pouvait clairement pas dire qu'il se soit bien comporté avec elle... dans le sens où il n'avait rien fait, tout simplement. Mais bon, il aurait bien aimé lui manquer, même un tout petit peu. Seulement, c'était le bureau des Aurors qu'elle évoqua en premier. Et de cette manière, que ce soit volontaire ou non, elle remettait les choses en perspective.

Il ne doutait pas que ce bureau lui avait manqua. Tina était une Auror dans l'âme, elle était taillée pour ce métier, et Achilles se doutait que ça avait dû être dur pour elle de ne pas pouvoir exercer le métier pour lequel elle était faite... surtout pour des raisons aussi injuste. Ceci dit, Tina se rattrapa un peu en lui assurant tout de même qu'elle lui avait manqué aussi. Forcément, il se doutait que c'était à prendre avec des pincettes par rapport à lui, mais il allait s'en contenter. C'était déjà plaisant en soi d'avoir le sentiment de compter ne serait-ce qu'un tout petit peu. Pour le reste, ce serait à lui de prouver qu'il pouvait compter davantage. C'est sûr qu'à l'heure actuelle, il ne devait pas passer pour quelqu'un de fiable.

-Est-ce que ça te dirait qu'on aille boire un verre ce soir, après le travail ? Tu sais, pour célébrer ton retour comme il se doit.

Il tentait le tout pour le tout.

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T

ina sembla hésiter quelques instants, et les petites secondes que dura cette hésitation parurent des heures à Achilles, qui en esprit se maudissait déjà d'avoir fait preuve d'une initiative que son interlocutrice avait peut-être trouvé déplacée. Il avait bien conscience du fait qu'elle avait sans doute d'autres choses en tête, comme eux tous d'ailleurs et qu'elle ne trouverait pas forcément le moment adéquat (même si Achilles estimait que c'était sans doute le moment idéal, avec toutes les tensions accumulées, ça ne leur ferait clairement pas de mal de se détendre un peu et de passer un bon moment autour d'un verre), mais il y tenait tout de même. Il avait envie de passer du temps seul à seul avec elle, dans un contexte un peu moins... compliqué et austère que les bureaux du MACUSA.

Il avait retenu la leçon, quand il avait bien cru que leurs chemins ne se croiseraient plus : il n'avait pas envie de passer à côté d'une éventuelle occasion de lui plaire, si tant est que ce soit possible. Puisqu'elle lui plaisait pour sa part et que les derniers événements n'avaient fait que le confirmer avec une inévitable évidence.

Quoi qu'il en soit, Tina avait fini par reprendre la parole, et Achilles se sentit légèrement soulagé en entendant sa réponse. Si elle acceptait, c'était déjà un premier pas. Peut-être que leur conversation ne serait que vaguement cordiale, mais au moins il se laissait l'occasion de partager avec elle un moment privilégié, où ils pourraient parler de tout et de rien, et au moins se changer les idées, ce qui ne devait bien évidemment pas leur faire de mal.

-J'ignore si c'est vraiment gentil de ma part, c'est surtout très égoïste. J'ai vraiment envie de passer du temps avec toi.

Elle avait peut-être l'impression qu'il en rajoutait pour se faire pardonner, ou parce qu'il avait honte de son silence. Il ne nierait pas qu'il y avait un peu de ça, mais en toute honnêteté, il n'aurait proposé ce verre à personne qui n'aurait pas été Tina, peu importe la situation. Il n'avait pas envie qu'elle se sente mal à l'aise, c'est sûr, mais il ne voulait pas non plus prétendre qu'il lui proposait un verre en tout bien tout honneur quand en réalité, il voudrait que ça signifie davantage. Sans vouloir lui forcer la main, évidemment, mais sans non plus dissimuler son "jeu" outre mesure.

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chilles savait qu'il ne devait pas se réjouir trop vite de la réponse de son interlocutrice, mais il voulait y voir un bon signe néanmoins. Le jeune homme était sincèrement heureux de pouvoir passer plus de temps avec Tina, de pouvoir lui faire comprendre, à sa manière, qu'elle comptait pour lui et que les récents événements lui en avaient fait prendre la pleine conscience. Peut-être que cette soirée n'aboutirait à rien, mais il s'en contenterait, ce ne serait pas rien si cela lui permettait de passer un peu plus de temps en compagnie de la jeune femme. Ils avaient du temps à rattraper, et lui, il avait une attitude négligeante à se faire pardonner.

Il avait en tout cas hâte qu'ils puissent profiter de ce tête-à-tête avec elle, et il se disait que sa journée lui serait déjà moins éprouvante à présent qu'elle avait accepté sa proposition. Il en faudrait davantage pour qu'il se sente totalement mieux, pour que l'ambiance dans ces bureaux lui semble moins éprouvante, mais au moins, il y avait quelques rayons de soleil pour transpercer les nuages, de quoi avoir confiance, de quoi se réjouir, et c'était une perspective qui lui faisait le plus grand bien.

-Dans ce cas, je t'attends ce soir, je connais un café sympa, dans le quartier, je pense qu'il te plaira.

Et il avait envie de dire tout un tas de choses de plus, il n'avait pas envie de s'arrêter en si bon chemin, il avait envie d'avoir avec elle toutes les conversations dont ils avaient été privés ces dernières semaines, il voulait saisir chaque occasion qu'il pouvait avoir de lui parler et de retrouver une complicité qui lui avait manqué. Mais ils avaient du pain sur la planche, et de toute évidence, ils n'avaient absolument pas de temps à perdre. Leur travail resterait la priorité quoi qu'il en soit, et dans ces circonstances, c'était tout naturel. Ils ne pouvaient évidemment pas se permettre de s'éparpiller ou de se laisser distraire. Ils avaient du pain sur la planche, et il était vraiment important qu'ils s'y mettent, donc.

-Il va falloir se mettre au travail... Je ne sais même pas où donner de la tête, avec tout ça...

Mais il fallait y aller, et garder la tête haute autant que possible, se répartir le travail de ceux qui ne gagneraient plus jamais ces bureaux, et préparer l'offensive contre Percival Graves, tout simplement.

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L

e retour de Tina au sein du bureau des Aurors, c'était pour Achilles un rayon de soleil dans un ciel lourd de nuages sombres. Il n'y avait que sa présence qui lui apportait de l'espoir et du réconfort. Il en faudrait plus, bien évidemment, pour qu'il se sente complètement rassuré, pour qu'il ait vraiment l'impression qu'ils étaient capables de progresser, mais au moins, Achilles savait qu'ils étaient capables de former une bonne équipe, une excellente équipe, même, et il était heureux de pouvoir bénéficier de son esprit, de ses capacités d'analyse et d'action. Bref, même si la tâche était ardue, qu'ils étaient comme au pied d'une montagne qui semblait impossible à gravir à l'heure actuelle, ils avaient au moins la force et la volonté, et c'était déjà un excellent début.

Achilles sentit son coeur se serrer un peu en entendant Tina lui parlait de ce qu'aurait été l'initiative de Graves s'il était encore là. Achilles avait évité d'y penser jusqu'ici... c'était... étrange de faire le deuil d'un homme qui avait disparu depuis bien plus longtemps que ce qu'ils s'étaient imaginés, et avait été remplacé par l'homme qu'ils devaient à tout prix abattre. En son nom, ils se devaient de mettre les bouchées doubles... mais il est vrai qu'ils auraient eu besoin de sa supervision à l'heure actuelle.

-Je suppose qu'il va nous briefer très rapidement, suggéra Achilles au sujet de Scamander.

Lui-même ne savait pas trop quoi penser de leur nouveau supérieur. Ce qu'il savait seulement, c'est qu'il avait fait montre d'autorité, de sang froid et d'initiative lors de la soirée du Nouvel An. Il avait su prendre les choses en mains. Alors oui, le jeune homme avait envie de penser qu'il pouvait vraiment être à la hauteur... si qui que ce soit était vraiment susceptible de l'être.

-Et je crois qu'on a tous intérêt à nous fier à nos instincts. C'est vrai que la situation a un peu... dégénéré pour toi... mais ton initiative était la bonne. Il marqua une légère pause. Même si, en matière d'initiative, je ne saurais même pas laquelle prendre. La piste la plus tangible que j'entrevois pour l'instant, c'est Dumbledore. Et cette Britannique, Moore, que la présidente m'a demandé de surveiller. Mais je doute que ça nous mène où que ce soit.

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A

chilles hocha la tête quand Tina parla de Theseus Scamander. Rien ne vaudrait l'expérience pour se faire une bonne idée de la situation et de ses aptitudes, mais lui aussi était tenté de lui faire confiance. Il l'avait vu à l'oeuvre le soir du Nouvel An, et il avait vraiment su se montrer à la hauteur... La suite leur donnerait raison ou tort, mais dans tous les cas, il fallait savoir se concentrer sur le positif. Il n'y en avait pas tant que ça, c'est un fait, alors il était important de savoir se focaliser sur les bons éléments, ceux qui pourraient les propulser vers l'avant et les aider à rendre cette situation... un peu moins dramatique, on va dire.

Il appréciait, dans tous les cas, d'avoir l'opinion de Tina sur tout ça. Elle avait un très bon instinct. Ca lui avait parfois porté préjudice, certes, mais dans les faits, ça faisait d'elle une Auror redoutable et efficace. L'opinion de Tina avait une grande importance pour Achilles. Alors, forcément, entendre son point de vue pourrait aussi l'aider à aiguiser la sienne. En ce qui concernait Albus Dumbledore, elle reconnut ne pas savoir quoi en penser. Ils étaient deux... La seule certitude d'Achilles à l'heure actuelle, c'était qu'ils ne pouvaient tout simplement pas lui faire confiance, c'était impossible, pas avec ce qu'il avait fait... ce qu'il n'avait pas fait, surtout. Il allait falloir qu'ils tirent ça au clair, mais Achilles appréhendait de poursuivre une fausse piste et de manquer au passage ce qu'il avait juste sous les yeux. Ce qui avait été le cas avec Percival Graves... enfin, avec celui qui se faisait passer pour leur supérieur. Que l'ennemi ait agi sous leur nez, qu'il ait même obéli à ses ordres le rendait positivement malade. Elle ne connaissait pas Moore non plus. Tant pis... ils n'étaient pas les seules pistes à poursuivre. Ils finiraient par trouver, il le fallait dans tous les cas. Et Achilles ne ménagerait pas ses efforts pour y parvenir.

-Je ne pourrais pas non plus, répondit Achilles quand Tina remarqua que se contenter de rester à attendre serait forcément au-dessus de ses forces. Il était du même avis. Encore moins après ce qui s'est passé.

C'était une affaire d'ordre générale... mais forcément, elle était devenue personnelle après que tant de ses amis aient péri au combat.

-Déjà, il faudra interroger tous ceux qui ont approché de près ou de loin Percival Graves ces derniers mois, et combiner nos témoignages. Personne n'est parfait, il a forcément commis une erreur.

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chilles afficha à son tour un fin sourire quand Tina le remercia d'être resté le même, juste ça... Est-ce que c'était vrai ? N'avait-il pas changé, ne serait-ce qu'un peu ? Une part de lui avait envie de croire que non, même si les récents événements devaient forcément avoir eu le don de changer certaines choses, de modifier certes pas en profondeur, mais au moins en partie sa mentalité. Le Achilles d'avant les événements du Nouvel An était par exemple moins méfiant, plus prompt à accorder sa chance à n'importe qui. Ce n'était plus le cas aujourd'hui, mais à dire vrai, ce n'était sans doute pas plus mal. La paranoïa ne saurait, dans aucun contexte, être une solution probante... mais davantage de défiance ne pouvait pas faire de mal.

Il était hors de question pour Achilles de se faire avoir encore comme ça avait été le cas avec Graves. Une fois lui avait largement suffi. Si cela devait avoir dû le changer, c'était pour le mieux. Pour le reste, eh bien... il voulait bien rester le même, surtout si ce même était susceptible de plaire à Tina (et il avait le sentiment que c'était le cas). Même s'il réussissait à ce convaincre que le Achilles d'aujourd'hui n'abandonnerait jamais Tina à son sort et saurait défendre ses opinions, quitte à contrevenir à sa hierarchie, pour peu que cela lui permette d'agir en fonction de ce qui lui semblait réellement juste. Elle n'avait pas à s'excuser, non, peut-être s'était-elle égarée un vague instant, mais cela ne risquait pas de poser problème à Achilles puisque c'était plutôt en sa faveur. Et si elle était heureuse de le retrouver comme il avait toujours été à ses yeux, la réciproque était vraie également. A tout point de vue. Pour lui non plus, elle n'avait pas changé, et pourtant, avec tout ce qui s'était passé, il n'aurait pas pu la blâmer si sont comportement avait été différent.

-J'aurais envie de penser que ses sbires seront les plus simples à démasquer, et qu'ils pourront nous mener à lui, mais ce n'est pas si certain. Je suppose qu'il ne les choisit pas au hasard.

Et que l'on pouvait être terriblement aveugle à les reconnaître par moments, surtout quand ils appartenaient à votre famille. Le constat était amer mais bien réel... Il le ferait plus tard. Sans doute.

-Tu sais, ça ne me dérange pas, quand tu digresses, ajouta-t-il innocemment. Et toi non plus, tu n'as pas changé. On a toujours formé une bonne équipe, tous les deux...

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chilles esquissa un fin sourire en entendant la réponse de Tina. Il se demandait s'il se contentait d'entendre ce qu'il avait envie d'entendre ou si la jeune femme cherchait bel et bien à lui faire comprendre que, si elle avait compris son petit manège, elle n'y était pas insensible. Il savait qu'il ne devait pas faire trop de plans sur la comète et que ce serait une fatale erreur que de se reposer sur cette simple hypothèse, mais elle lui était tout de même agréable, et elle avait le mérite de lui donner confiance. Ils étaient compatibles, elle l'admettait elle-même, et Achilles avait envie de penser que s'ils l'étaient professionnellement, ce pouvait également être le cas dans d'autres domaines.

Ils avaient suffisamment parlé et échangé pour savoir qu'ils attendaient de la vie la même chose, qu'ils avaient le même rapport émotionnel à l'existence. L'Auror avait su se convaincure du fait que s'il devait tenter quoi que ce soit avec elle, si elle devait bien vouloir de lui, leur histoire serait faite pour durer, parce qu'il ne voyait aucune raison au monde pour qu'ils se séparent... lui, en tout cas, n'en tolèrerait jamais aucune... Mais il était ceci dit un peu facile et précipité de suggérer la possibilité d'une rupture quand il n'était absolument pas certain qu'ils finissent ensemble.

Achilles avait envie de saisir cette perche qu'il avait le sentiment qu'on lui tendait, il avait envie d'aller plus loin dans son discours, de dire à Tina ce qu'il avait sur le coeur, et l'ampleur de ses sentiments pour elle... Ce ne serait pas une mince affaire, mais il l'avait souhaité tant de fois qu'il s'en sentait capable. Il s'était promis que s'il devait la revoir, quand il la reverrait, il ne resterait pas sur des non-dits, cette fois, et se jetterait à l'eau. Il en avait l'intention. Mais dans un cadre moins formel, de préférence. D'autant plus qu'ils avaient du pain sur la planche, c'était rien de le dire.

-Je l'ai toujours pensé, répondit-il sincèrement, même si le mois passé, il avait peut-être omis d'en donner l'impression. Enfin... excepté le fait que tu as toujours été plus intelligente et plus maline que moi, mais quand même, se permit-il d'ajouter, trait d'humour certes, mais compliment déguisé également.

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chilles n'était pas de nature à véritablement se dévaloriser, il avait conscience de ses atouts, et il estimait qu'il était particulièrement important d'en avoir conscience quand on faisait des métiers comme les leur, mais malgré tout, ce n'était pas pour simplement complimenter Tina qu'il avait affirmé qu'elle était plus intelligente et maline que lui. Il l'admettait sans mal. C'étaient ses qualités. Son défaut, parfois, résidant dans le fait de suivre son instinct au mépris des règles, alors qu'Achilles les respectait toujours à la lettre au mépris de son instinct. Encore qu'il n'était pas sûr que ce puisse être considéré comme un défaut étant donné que cet instinct se trompait tout de même rarement, par la même occasion. Achilles pouvait ceci dit admettre qu'il n'était pas spécialement objectif dès l'instant où il était question de sa collègue retrouvait.

C'est sûr, ses sentiments faussaient son jugement, mais en même temps, ces mêmes sentiments ne venaient pas de nulle part. S'il les éprouvait, s'il était tombé amoureux d'elle (n'ayons pas peur des mots), c'était justement parce qu'elle concentrait à peu près toutes les qualités qui étaient primordiales pour lui, et qui lui laissaient imaginer qu'ils pourraient vraiment... eh bien, faire un beau couple en plus de faire une bonne époque. Bon, pour ça, il fallait qu'il se jette à l'eau, ce qui nétait pas encore chose faite, mais c'était pour bientôt. Ici, sur leur lieu de travail, il estimait que ce n'était ni le lieu ni l'endroit, et même si ça devait être le lieu ou l'endroit, de toute évidence, il ne s'en ressentait pas le courage... encore un défaut à ses yeux.

-C'est ce que j'aime penser aussi, répondit-il. Le ton qu'il employait était toujours aussi léger, mais la vérité, c'est qu'il le pensait effectivement.

Oui, il aimait penser qu'ils étaient complémentaire. A ses yeux, en tout cas, c'était le cas. Il serait peut-être présomptueux d'affirmer qu'ils étaient faits l'un pour l'autre. Mais il avait l'intuition réelle et sincère que leur histoire pouvait naître et durer. Se projeter dans l'avenir avec elle était d'une facilité déconcertante. Il voudrait seulement qu'il le ressente aussi.

-Bon, trève de bavardages, je te distrais. Il prit une grande inspiration. Au travail.

Et ils avaient du pain sur la planche.

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