Le hasard fait parfois bien les choses (pv Isobel)

Messages : 39 Date d'inscription : 05/01/2019

La vie de Mildred était réglée comme du papier à musique, depuis presque toujours, et de manière générale, ça lui plaisait bien. Il en découlait une monotonie confortable et rassurante, qui était devenu comme un air doux, tendre et familier... Seulement, même les mélodies les plus belles, et qu'on a joué tant de fois, comprennent des fausses notes.

Aux yeux de sa famille, les premières dissonnances étaient intervenues le jour où elle avait fait la connaissance de Jacob et était finalement tombée sous son charme... et elle les avait écoutés, avait fini par se convaincre du fait que ses parents avaient raison, et qu'il était temps de revenir à une partition plus familière.

Car il est vrai qu'avec Jacob, tout avait été déflagration de cordes et tambours tonitruants, tout avait été différent, mais elle avait aimé ça. Et elle avait eu hâte, au fond, de l'épouser. La fausse note n'avait pas été sa relation avec Jacob, non, ça avait été sa rupture avec lui... mais ça, elle avait tout bonnement été incapable de s'en rendre compte immédiatement. C'est toujours quand on perd quelque chose qu'on prend conscience de sa valeur, c'est bien connu. Et dans son cas les regrets étaient d'autant plus forts que c'était elle qui avait mis fin à tout ça. Elle ne l'aurait jamais dû.

Et elle le pensait plus certainement encore depuis qu'elle avait à nouveau croisé la route de Jacob...

Mildred n'était pas complètement dans son assiette. Elle avait retrouvé sa routine, oui, et ce n'était pas du tout quelque chose de déplaisant. Mildred n'avait jamais trop aimé le trop... inattendu, mais cette routine ne suffisait plus... Parce que ça n'avait plus été ça, sa vie, un temps du moins. Et à présent, elle devait... s'arranger d'une situation qu'elle trouvait à plus d'un titre déplaisante.

Elle reprenait ses activités familières, ses promenades habituels, ses repas dominicaux avec la famille qui, dernièrement, cherchaient à lui mettre dans les pattes tous les partis de plus ou moins son âge qu'ils étaient susceptibles de lui trouver...

Elle revenait d'ailleurs d'un déjeuner assez éprouvant et avait l'intention de prendre un peu l'air, afin de s'aérer l'esprit, quand elle aperçut une silhouette familière. Un sourire s'afficha sur ses lèvres. Une présence amie, voilà qui lui changerait agréablement les idées.

"Isobel, salut. Comment vas-tu ?"

Messages : 132 Date d'inscription : 22/01/2019 Age du joueur : 35

Le hasard fait parfois bien les choses.

C’était quoi ce tract exactement ? Qu’est-ce que Isobel avait encore trouvé dans le but de nous pourrir la vie ? Par moment, je regrettais sincèrement de ne pas pouvoir me glisser complètement dans la tête de ma colocataire afin de pouvoir réellement savoir ce qu’elle pensait, ce qu’elle faisait. Bon, en un sens, je parvenais quand même à le deviner suffisamment bien pour anticiper un peu ses actions, même si malheureusement j’avais beaucoup moins la main sur la situation qu’elle. C’était dommage d’ailleurs, je trouvais que je m’en sortais quand même beaucoup mieux qu’Isobel. Quand elle me laissait gérer les choses, on s’amusait quand même beaucoup plus. Bon, forcément, Isobel ne pouvait pas complètement s’en rendre compte, ce qui était quand même malheureux, mais j’avais bon espoir qu’à un moment donné elle se décide enfin à m’accepter, à m’apprécier comme j’étais.

Pour l’heure, je découvrais donc un tract des fidèles de Salem. Je ne pouvais donc pas savoir exactement ce qu’elle avait en tête, mais quelque chose me disait que ce n’était pas du tout dans notre intérêt qu’elle traîne de trop avec ces personnes. De ce que j’avais pu entendre, ceux-ci affirmaient à qui va que les sorciers existaient, que la magie était dans leur monde. Je n’y crois pas un seul instant, même si évidemment je suis quand même bien placé pour savoir qu’il y avait des choses un peu particulières dans le monde.

Peut-être que normalement, il faudrait que Isobel travaille, qu’elle se rende dans son bureau barbant avec son patron barbant, mais pour le coup je n’avais aucune envie de suivre le quotidien de ma colocataire. J’avais envie de profiter de pouvoir avoir le pouvoir sur la situation, j’avais envie de m’amuser un peu. Et ça commençait par une petite promenade, tout tranquille. J’étais en train de me promener tout simplement dans la rue, la tête haute plutôt heureuse du moment que je pouvais avoir en ma possession. Quand soudain, j’entends une voix qui m’appelle. Enfin… qui m’appelle… ce n’était pas exactement le cas, on était en train d’appeler Isobel. Heureusement que j’avais pris l’habitude de répondre à ce nom également, même si encore une fois je le trouvais bien trop barbant. Bon, Isobel était barbante, c’était tout, elle l’était tant qu’elle n’était pas moi. Je me retourne, affiche un grand sourire, en tentant de comprendre qui était cette personne. Je n’avais pas souvenir de l’avoir déjà croisé, mais à tous les coups ça devait être une amie de Isobel. En même temps, elle ne prendrait pas la peine de m’aborder si elle ne la connaissait pas.

« Salut. » Répondis-je donc, décidant de jouer un peu le jeu, même si je savais que je faisais quand même une mauvaise Isobel. Enfin, pour l’heure, il n’y avait aucune raison que l’inconnue comprenne quoi que ce soit. « Ça va plutôt bien et toi ? » Demandai-je donc.

Pour le moment, c’était pas mal comme début. On allait voir ce que ça allait donner ensuite.

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Messages : 39 Date d'inscription : 05/01/2019

« Salut. »

Rien, dans le ton de la voix de la jeune femme ou dans son comportement, ne laissa entendre à Mildred qu’elle n’avait pas affaire à son amie mais à l’alter ego de cette dernière. En même temps, comment pourrait-elle aboutir à une conclusion à ce point capillotractée alors que la jeune femme ignorait tout des troubles mentaux dont souffrait son interlocutrice.

Oui, il lui était arrivée quelques fois de la trouver, disons, un peu lunatique, mais elle ne s’était jamais interrogée davantage malgré tout. Ce qu’elle savait, c’est qu’Isobel avait su être présente pour elle dans de nombreuses situations, qu’elle lui avait adressé une oreille attentive, exempte de tout jugement, et que dans les circonstances actuelles, elle aurait bien besoin de bavarder un peu avec elle. Elle espérait d’ailleurs qu’Isabel avait du temps devant elle, car Mildred avait la ferme intention de s’épancher auprès de son amie, quitte à générer en elle une profonde et compréhensible lassitude.

« Ça va plutôt bien et toi ? »

Plutôt bien, ce n’était pas bien, mais Mildred décidait tout de même de considérer que c’était une très bonne chose. La jeune femme connaissait bien son amie, elle était en temps normal sincère (même si elle lui cachait en réalité une vérité que Mildred serait totalement incapable de ne serait-ce que soupçonner), alors si elle lui disait qu’elle allait bien, même si c’était « plutôt bien », elle pouvait le croire.

Les réponses de convenance pouvaient parfois prendre place dans leurs discussions, mais assez rarement. Aussi, quand Mildred lui retourna la question, la jeune femme n’eut tout simplement aucune envie de mentir.

"Disons que j’ai connu mieux…"

C’était une façon comme une autre d’amorcer les choses. Mildred fut bien tentée de se montrer un peu plus explicite, de lui apprendre d’entrée de jeu qu’elle avait revu Jacob, et tout ce que ces retrouvailles avaient engrainé de trouble en elle. Mais chaque chose en son temps. Peut-être que ce n’était pas le lieu, ou encore que ce n’était pas le moment. Ce que Mildred pouvait évidemment comprendre sans grande difficulté.

"Est-ce que tu as du temps devant toi ? Pour aller boire un café, par exemple ?... Mais tu dois aller travailler, peut-être."

Maintenant qu’elle y pensait, Isobel devrait même être au travail à l’heure actuelle. A moins que ce ne soit son jour de congé ? Mildred espérait que oui, afin de pouvoir passer un peu plus de temps avec son amie.

Messages : 132 Date d'inscription : 22/01/2019 Age du joueur : 35

Le hasard fait parfois bien les choses.

Elle avait connu mieux… Donc, je me retrouvais en compagnie de Isobel qui ne semblait pas aller très bien. C’était bien ma veine ça. Je n’avais pas la moindre idée de ce qui pouvait bien arriver à la jeune femme, mais visiblement elle n’allait pas si bien que cela. Isobel s’était encore trouvée de bonnes amies, en même temps quand on voyait la risible femme qui contrôlait notre existence la plupart du temps, ce n’était pas étonnant. Et quelque chose me disait que la situation n’allait pas s’arrêter là. Je ne fus donc pas surprise de l’entendre me demander si j’avais du temps devant moi, afin d’aller boire un café (par exemple) …

Isobel devrait travailler en effet, il faudrait peut-être que je saute sur l’occasion de cette excuse afin de m’épargner la compagnie de cette fille. Non parce que je n’ai rien contre elle, mais en même temps, je n’avais pas spécialement envie de l’entendre se plaindre à longueur de temps. Cela dit, l’idée d’aller travailler n’était évidement pas envisageable. Même si j’avais envie de le faire – et ce n’était évidemment pas le cas –, il était surtout évident que je ne ferais pas l’affaire. Je n’avais rien de ma colocataire, même si je parvenais à me débrouillait quand même un peu.

« Non, je ne travaille pas aujourd’hui. » Répondis-je en tentant de me montrer la plus convaincante possible. Bon, je n’allais plus pouvoir utiliser cette excuse et j’allais peut-être le regretter au final mais… je devais bien avouer que j’étais quand même un peu curieuse. Je n’ai pas spécialement envie d’entendre la jeune femme sous mes yeux se morfondre sur ses problèmes, mais en même temps je n’avais pas souvent l’occasion de parler avec des amies de Isobel. Et pour qu’elle soit au stade de m’inviter à boire un café, c’était qu’elles devaient quand même être proches. Alors… j’avais bien envie de voir ce que ça donnait. « Je suis partante pour aller boire un café, avec grand plaisir ! » Ajoutai-je donc avec un enthousiasme que je forçais peut-être un peu trop.

Je ne l’étais pas tant que cela, mais en même temps je prenais quand même la décision d’accepter l’invitation de la jeune femme sous mes yeux, alors je n’allais pas y aller à reculons. Et avec un peu de chance, si jamais ça devait trop m’ennuyer, je trouverais bien un moyen de me défaire de cette situation. Ça n’était pas moi qui allait en payer les conséquences, comme à chaque fois que je faisais quelque chose toute façon, c’était toujours Isobel qui rattrapait les coups, qui devait arranger les choses. Bon, je ne lui demandais rien et elle ne se rendait pas compte de tout ce que je faisais, mais en même temps elle était toujours là pour réparer les pots cassés, ou simplement subir mes actions. Si je devais finir en froid avec mon interlocutrice de toute façon, ce n’était pas moi qui allait pleurer.

Code by Gwenn

Messages : 39 Date d'inscription : 05/01/2019

« Non, je ne travaille pas aujourd’hui. »

Mildred hocha la tête avec un sourire, c’était la réponse qu’elle avait voulu entendre de la part de son interlocutrice. Elle ne s’interrogeait pas sur la possibilité qu’Isobel puisse mentir ou non, à ses yeux, c’était totalement improbable, et surtout, elle n’aurait absolument aucune raison de le faire. Elle n’avait aucune idée de la dualité qui se tramait dans l’esprit de son amie. Dans sa réponse, elle n’entendait qu’une opportunité, celle de passer plus de temps avec la jeune femme, ce qui lui convenait particulièrement bien.

L’idée que la personne qui lui faisait face puisse potentiellement ne même pas la reconnaître était bien trop insupportable pour qu’elle permette qu’elle l’effleure seulement. Non, elle, elle se disait seulement qu’elle allait seulement pouvoir passer du temps en compagnie amie. Et elle ne demandait que ça en ce moment. Elle n’avait aucune envie de se laisser ronger uniquement par ses états d’âme, elle avait envie de sourire, de rire, elle avait envie de passer un bon moment, elle avait envie de retrouver un peu de joie de vivre, tout simplement.

« Je suis partante pour aller boire un café, avec grand plaisir ! »

Bon, eh bien, dans ce cas, inutile de traîner plus longtemps, autant se mettre en route et profiter de ce moment privilégié. Enthousiaste au possible, peut-être trop pour juste passer un moment à boire du café entre amis – mais les petites joies se trouvaient où on pouvait, disons. Et elles étaient vraiment bonnes à prendre, ces derniers temps, aucune ne devait être négligée.

"Allons-y, alors, je connais un salon de thé, pas loin, tu verras, il est très agréable, et il ne devrait pas y avoir trop de monde à cette heure-ci."

Elles se mirent donc en route, et tandis que Mildred menait le pas en direction du café, elle tourna son regard en direction de son amie. Pas besoin d’attendre d’être installées autour de leurs tasses fumantes pour engager la conversation. Mais elle laisserait le soin à Isobel de parler d’elle tout d’abord, aborder les sujets qui la concernaient elle lui paraissait perspective bien trop déprimante, et elle n’avait aucune envie de plomber inutilement l’ambiance d’entrée de jeu, loin d’elle cette idée.

"Alors dis-moi tout, quoi de neuf depuis la dernière fois ?"

Mildred avait toujours été curieuse de la vie d’autrui, elle voulait absolument tout savoir.

Messages : 132 Date d'inscription : 22/01/2019 Age du joueur : 35

Le hasard fait parfois bien les choses.

J’affichai un sourire sur mon visage quand l’amie d’Isobel reprit la parole pour affirmer qu’elles n’avaient plus qu’à aller boire ce café, qu’elle connaissait un salon de thé pas très loin très agréable et où il n’allait pas y avoir trop de monde. J’aurai largement préféré me rendre ailleurs en réalité que dans un salon de thé simplement pour boire un café ou autre boisson sans alcool, un bar m’aurait bien plus plu clairement. Mais en même temps, je me doute que ce n’est vraiment pas dans l’habitude de la jeune femme sous mes yeux de boire de l’alcool en pleine après-midi. En même temps ce n’était pas l’habitude de Isobel, frigide comme elle était.

Je suivis donc la jeune femme vers ce fameux salon de thé, en prenant sur moi pour agir le plus « normalement » possible. Enfin, la norme selon Isobel bien évidemment. Je ne devrais sans doute pas continuer à faire semblant et me contenter de prendre la tangente. Mais en même temps, je ne pouvais pas m’empêcher d’être un peu curieuse. C’était qu’au final, j’avais une vision assez limitée de la situation quand Isobel prenait un peu trop le contrôle de notre corps. Je ne connaissais pas tout et j’avais bien envie d’en apprendre un peu plus et pourquoi pas en apprendre plus aussi sur Mildred. Il y avait peu de chance que ça dure très longtemps, parce que j’avais certes de la patience mais pas pour ce genre de chose.

Sur la route, Mildred ne manqua pas de reprendre la parole pour me demander ce qu’il y avait de neuf dans ma vie depuis la dernière fois. Le souci c’était bien évidemment que je ne pouvais pas réellement dire qu’il y avait du neuf dans ma vie, qu’il y avait peu de chance qu’elle apprécie ce que j’avais à dire et surtout, je n’avais aucun souvenir de quand cette fille avait pu me croiser (enfin me croiser, tout était relatif).

« Eh bien, je t’avoue que je n’ais pas grand-chose à raconter malheureusement. » Le pire, c’était que c’était vrai en prime. « La routine, tu t’en doutes bien. » Ce qui pouvait clairement correspondre à Isobel, qui avait une vie bien routinière. À se demander si la jeune femme était capable de s’amuser dans la vie. « Et toi alors ? Dis-moi tout. »

C’était plus simple pour moi de retourner la question, comme ça la jeune femme allait donc pouvoir lui raconter tout ce qu’elle avait à lui dire. Si elle avait quelque chose à me dire, ce qui n’était pas sûr non plus, mais à choisir je préférais qu’elle me parle, plutôt que de devoir parler.

En attendant, à force de parler, on arriva sur place au salon de thé que Mildred m’avait parlé et m’invitait à rejoindre. Au moins, on allait pouvoir s’installer et boire une boisson chaude.

Code by Gwenn

Messages : 39 Date d'inscription : 05/01/2019

« Eh bien, je t’avoue que je n’ais pas grand-chose à raconter malheureusement. »

Mildred n'était pas étonnée. Elle savait qu'Isobel était quelqu'un d'assez secret, qui ne parlait pas beaucoup d'elle-même. Mildred était convaincue qu'elle avait de nombreuses choses à raconter, c'était seulement qu'elle ne les trouvait pas assez intéressantes pour les dire.

Ce que Mildred trouvait dommage, elle se serait intéressée même à l'information la plus anodine concernant son amie, mais elle savait aussi que le dialogue se dénouerait au fil de leur conversation, et elle l'espérait, surtout, car Mildred n'aimait pas l'idée de parler d'elle quand la personne en face n'ajoutait rien à son propre sujet. Dans ces moments-là, elle avait toujours le sentiment d'être très égoïste et de déranger les autres par son étalage de vie.

« La routine, tu t’en doutes bien. »

Elle s'en doutait, effectivement, mais même dans la routine, elle considérait qu'il y avait toujours l'une ou l'autre chose à dire, à raconter. Isobel avait sa routine, et c'était très bien. Elle avait ses habitudes quotidiennes, son travail... C'est ce qui façonnait le quotidien et rendait n'importe quelle vie équilibrée, donc Mildred faisait partie de ces personnes qui ne couraient pas après l'inattendu, et qui considéraient que la routine était une très bonne chose.

Elle aurait été heureuse d'entendre malgré tout de bonnes nouvelles de la part d'Isobel... une promotion, un heureux événement dans sa famille, la rencontre d'un charmant jeune homme ? Les possibilités pouvaient après tout être nombreuses, mais Mildred avait bien compris qu'elle ne devait s'attendre à rien de cela.

« Et toi alors ? Dis-moi tout. »

Mildred hésita à donner une réponse égale à son amie et simplement affirmer qu'il n'y avait rien à dire pour sa part non plus, mais ce n'était pas entièrement vrai. Isobel était au courant des derniers remous dans sa vie, elle savait que Jacob et elle s'étaient séparés, elle avait été là pour la consoler à ce moment-là.

Et Mildred ne voulait pas donner l'impression de se morfondre encore plus en évoquant une nouvelle fois sa relation alors qu'après tout, c'était elle qui avait décidé d'y mettre un terme. Malgré tout, il y avait une information sur laquelle elle ne se voyait pas faire l'impasse, elle espérait simplement qu'Isobel ne lui en voudrait pas d'éventuellement plomber l'ambiance avec ses histoires.

"C'est toujours un peu la même chose en ce qui me concerne aussi." Mais il y avait un mais. "J'ai revu Jacob, l'autre jour..."

Messages : 132 Date d'inscription : 22/01/2019 Age du joueur : 35

Le hasard fait parfois bien les choses.

Je devais bien reconnaître que j’étais quand même un peu curieuse d’entendre ce que la jeune femme devant moi avait bien à raconter. Je n’avais aucune envie de parler de moi, je ne voyais pas vraiment ce que je pourrais dire en même temps. Oh, il m’arrivait de broder un peu, mais ce n’était pas comme si je savais grand-chose de ce que ma colocataire faisait de ses journées. Donc, autant que je tourne la conversation de sorte que ça soit cette femme qui parle. Ça aurait été bien plus raisonnable sans doute que je prenne la peine de m’en aller, que je ne cherche pas à continuer cette conversation, mais en même temps….

Je devais bien avouer que j’étais quand même sacrément curieuse de parler avec une amie d’Isobel. Généralement, quand ça arrivait, ça ne se passait jamais très bien, pour la grande raison que je ne parvenais pas à être aussi patiente qu’il le faudrait. Je perdais mon calme, j’en avais assez de ces discussions et je finissais par envoyer bouler tout le monde. Est-ce qu’il y avait des conséquences ? Je n’en savais rien, mais si ça pouvait rendre cette vie un peu plus fun, je ne me retenais pas. Est-ce que cette fille allait avoir des choses intéressantes à raconter ? Je n’en savais rien, je ne demandais qu’à voir.

Ça commençait mal puisqu’elle répondit un peu comme je lui avais répondu avant, que c’était toujours la même chose de son côté également. Si on continuait comme ça, c’était évident qu’on allait quand même très rapidement s’ennuyer. Je n’avais pas l’intention de parler de moi, il fallait que cette femme parle d’elle, sinon on n’irait pas loin du tout. Et je n’allais pas me contenter de parler du beau ou mauvais temps avec une inconnue qui me semblait aussi insipide que ma colocataire. Cela dit, Mildred ne se contenta pas de ça, elle ajouta… qu’elle avait revu Jacob.

« Jacob ? » Demandai-je en ne pouvant contenir ma surprise. Je ne connaissais pas ce Jacob, je n’avais aucune idée de qui il était. Un amant ? Un frère ? Les deux en même temps (non parce que je n’allais pas croire que le monde entier était dépourvu de vice, c’était idiot). Ça semblait être important en tout cas, sinon elle n’en parlerait pas. Isobel était évidemment au courant, mais ça se saurait si elle était capable de me partager ses petites confidences. Alors, je fis comme si j’étais au courant… du mieux que je pouvais. « Comment ça s’est passé ? » Demandai-je alors, en tentant de me montrer compatissante. Vu comment elle en parlait, ça devait être quelqu’un qu’elle n’avait pas l’occasion de voir, peut-être un homme qu’elle avait quitté ou qui l’avait quitté. « Vous vous êtes dit quoi ? »

Si elle en parlait, c’était qu’elle avait envie d’en parler non ? Et j’avais envie d’en savoir plus, juste comme ça, par curiosité.

Code by Gwenn

Messages : 39 Date d'inscription : 05/01/2019

« Jacob ? »

Isobel semble étonnée d’entendre ce nom, mais à aucun moment Mildred ne s’imagine que ce puisse être parce que la femme qui lui fait face n’a pas la moindre idée de qui est cet homme et de ce dont elle lui parle. Elle voit dans sa réaction la surprise légitime d’une amie concernée, et elle la trouve normale. Après tout, Mildred aussi a été la première étonnée de se retrouver nez à nez avec son ancien fiancé. Elle n’avait pas du tout prévu de le revoir.

Elle n’avait pas prévu de le revoir, mais en même temps, elle l’avait espéré. Même si leurs retrouvailles avaient été… houleuses, Mildred pensait aussi qu’elles avaient été nécessaires, parce qu’ils s’étaient quittés – d’accord, correction, elle l’avait quitté – trop rapidement, sans qu’ils aient cette vraie conversation qui devait leur être nécessaire. Et à présent qu’ils s’étaient revus, Mildred pensait constamment à Jacob. Elle avait besoin de vider son sac, de dire ce qu’elle avait sur le cœur, et pour ça, parler à une amie qui la connaissait bien (sans réaliser que la femme face à elle n’avait rien de son amie) lui paraissait essentiel.

« Comment ça s’est passé ? Vous vous êtes dit quoi ? »

« C’était… particulier », admit tout d’abord Mildred, car c’était pour elle le terme qui convenait le mieux pour expliquer la situation. Où toutes les émotions s’étaient bousculés : la joie de le revoir et de le savoir en bonne santé et proche de réaliser ses projets, la tristesse de se rappeler qu’elle l’avait perdu, les remords bien mérités, et aussi un léger malaise, forcément inévitable dans des circonstances comme celle-ci. « Je l’ai croisé par hasard. Il travaille à l’ouverture de sa boulangerie… comme quoi, il y est arrivé finalement. » Elle esquissa un sourire un peu amer. « C’était peut-être moi, le problème, je lui coupais peut-être les ailes sans m’en rendre compte. » Elle marqua une pause. « En le revoyant, je me suis rappelée tout ce que j’aimais tant chez lui, et à quel point il me manque… » Elle poussa un soupir. « J’ai senti qu’il m’en voulait énormément, c’est normal en même temps. »

Oui, c’était normal. Même au moment de le quitter déjà, elle avait eu des scrupules. Pour autant, elle ne pouvait pas se réfugier éternellement derrière la même sempiternelle excuse. Oui, bien sûr, ses parents l’avaient poussée à bout. Mais elle aurait dû se battre, elle aurait dû faire des efforts, elle aurait dû insister. Et elle avait laissé tomber.

Messages : 132 Date d'inscription : 22/01/2019 Age du joueur : 35

Le hasard fait parfois bien les choses.

Ma curiosité me poussait à vouloir en savoir plus sur ce fameux Jacob que Isobel devait connaître, sans que moi je ne sois capable de connaître. J’allais peut-être le regretter au final, mais pour le moment je devais bien avouer que j’étais curieuse. Ce Jacob, je ne savais pas du tout qui il était pour elle, je ne savais pas quelle était la nature de leur relation, mais je me doutais que j’allais surement vite le découvrir. Mildred m’apprit que c’était donc particulier. Certes. Ça me faisait une belle jambe. Elle reprit en affirmant qu’elle l’avait croisé par hasard, qu’il était en train de travailler sur l’ouverture de sa boulangerie comme quoi, il y arrivait finalement. Donc, c’était un boulanger. On faisait mieux quand même comme parti, si c’était bien d’un parti qu’il était question. Elle affirma que le souci venait peut-être d’elle, que c’était de sa faute s’il n’arrivait pas à faire ce qu’il espérait de faire, qu’elle lui avait coupé les ailes sans s’en rendre compte.

En le revoyant, elle se rappelait donc tout ce qu’elle aimait chez lui et à quel point il lui manquait. D’accord, on était bel et bien sur un amant, ou en tout cas une personne qu’elle aimait. Et visiblement, ils n’étaient plus ensemble, mais ils l’avaient été. Maintenant qu’ils ne l’étaient plus, l’homme en question arrivait à réaliser ses rêves. C’était triste. Si j’étais capable de compatir au sort d’amie d’Isobel, je le ferais peut-être. Mais ce n’était pas le cas. Elle avait senti qu’il lui en voulait énormément, que c’était normal après tout. Il me manquait une grande partie de l’histoire, je ne comprenais pas tout. Mais avec les informations qu’elle venait de me donner, je pensais pouvoir imbriquer quelques briques de puzzle.

Il était question d’un homme, un boulanger, qu’elle aimait et qui lui manquait. Ce dernier ne parvenait pas à obtenir son rêve quand ils étaient ensemble peut-être. Est-ce qu’elle l’avait quitté ? Ou lui l’avait quitté ? Je n’en étais pas si certaine, mais en tout cas c’était évident qu’ils n’étaient plus ensemble maintenant. Cependant, puisqu’il lui en voulait, je penchais un peu plus sur le fait que Mildred avait décidé de le quitter, ou qu’elle avait fauté d’une quelconque manière possible.

« Alors, fais tout pour le récupérer. » Dis-je en haussant les épaules. Je sortais peut-être un peu trop de mon rôle, mais en même temps ce n’était pas vraiment mon truc de jouer les psychologues de l’amour. « S’il te manque, tu devrais tout faire pour l’avoir de nouveau. Même si en même temps, tu mérites surement mieux que de t’attacher à un simple boulanger. Enfin, à n’importe qui. »

Le méritait-elle mieux vraiment ? Je n’en savais rien, la seule chose que je savais c’était que s’attacher aux autres était une sacrée connerie. Dépendre de quelqu’un pour son bonheur, c’était l’assurance d’être malheureux à un moment ou à un autre. Il n’y avait rien de mieux que la liberté qui était malheureusement beaucoup trop difficile à obtenir.

Code by Gwenn

Messages : 39 Date d'inscription : 05/01/2019

« Alors, fais tout pour le récupérer. »

Mildred ne put s'empêcher d'adresser un regard surpris à Isobel. Elle ne s'était absolument pas attendue à une telle réaction de sa part. Elle avait attendu de son amie qu'elle se montre attentive et compatissante, et elle le faisait à sa manière, mais en lieu et place de l'abreuver de lieux communs qui n'auraient sans doute fait qu'entretenir sa douleur sans pour autant l'apaiser, elle la poussait à intervenir, à agir. C'était inattendu... mais pas déplaisant, au fond. Il avait fallu que son amie dise ces mots pour que Mildred saisisse combien elle avait eu besoin de les entendre, mais c'était effectivement le cas.

Seule, elle n'aurait certainement pas le courage de se battre pour récupérer l'homme qu'elle aimait pourtant toujours, mais si on l'y encourageait, si on parvenait à la rassurer quant au fait que ce n'était pas juste une immense et improbable erreur... alors elle s'imaginait très bien sauter à pied joint dans ce scénario complètement improbable mais totalement séduisant. Jacob lui manquait, il fallait qu'elle fasse quelque chose. Isobel avait raison : elle devait faire tout ce qui était en son pouvoir pour récupérer l'homme qu'elle aimait, ou bien elle ne cesserait jamais de le regretter. Elle ne pourrait jamais s'empêcher de se demander ce qui se serait passé si elle avait écouté son coeur plutôt que ses parents, si elle aait été plus attentive à ce qu'elle désirait, elle.[i][/i]

« S’il te manque, tu devrais tout faire pour l’avoir de nouveau. Même si en même temps, tu mérites surement mieux que de t’attacher à un simple boulanger. Enfin, à n’importe qui. »

Mildred serra les dents. Cela, en revanche, ce n'étaient pas des mots qu'elle avait voulu entendre, mais ils avaient le mérite de lui confirmer où elle en était avec son ancien fiancé : elle n'avait pas du tout tourné la page. Et n'avait aucune envie de tourner la page au demeurant. Elle tenait à le reconquérir, par tous les moyens.

"Jacob n'est pas n'importe qui", répondit-elle, incapable de ne pas prendre la défense du jeune boulanger. "C'est l'homme le plus doux et le plus prévenant que je connaisse... je m'en veux d'avoir tout gâché. Tu as sans doute raison, je devrais me battre pour lui, mais je ne sais pas comment faire. Vu la manière dont les choses se sont terminées, je ne vois vraiment pas comment il pourrait encore vouloir de moi."

Messages : 132 Date d'inscription : 22/01/2019 Age du joueur : 35

Le hasard fait parfois bien les choses.

La réaction de Mildred ne se fit pas attendre après mes propos, elle défendit le fameux Jacob. Je n’avais aucune idée de qui était ce boulanger, d’à quoi il pouvait bien ressembler, de s’il était charmant, beau, intelligent où que sais-je encore. La seule chose que je savais de cet homme, c’était que visiblement il avait été amoureux de Mildred, qu’elle était amoureuse de lui au vu de comment elle le défendait, mais qu’ils n’étaient plus ensemble. Je n’avais aucune envie de jouer les conseillères matrimoniales et ce petit jeu allait quand même rapidement m’agacer. J’étais curieuse d’en savoir plus sur la jeune femme sous mes yeux, mais je n’avais aucune envie de passer mon temps à lui donner des conseils sur comment récupérer l’homme qu’elle aimait.

Parce que très clairement au vu de la manière dont elle en parler, il était évident qu’elle en était folle amoureuse. Ce Jacob était l’homme le plus doux et le plus prévenant qu’elle connaissait. Mais alors pourquoi ils n’étaient plus ensemble ? Je ne savais pas précisément comment ils s’étaient séparés, la seule chose que je pouvais deviner c’était que Mildred en était en cause, puisque le boulanger avait de bonne raison de lui en vouloir. S’attacher à un homme était parfaitement idiot à mes yeux, mais au vu de la situation, je ne comprenais pas pourquoi elle l’avait lâché de prime abord. Et maintenant, elle avait envie de se battre pour le récupérer après avoir tout gâcher, parce que je lui disais de le faire, mais elle ne savait pas comment s’y prendre. Je connaissais un moyen, mais quelque chose me disait que ce n’était pas du tout du genre de mon interlocutrice.

« Je sais pas moi… c’est… un homme ? » Affirmai-je en haussant les épaules, sur le ton de l’évidence. Isobel ne parlerait pas comme ça, prude comme elle était. La sainte nitouche n’oserait pas affirmer une telle chose parce que ça ne se faisait pas. Pourtant, elle ne se rendait pas de ce que son corps était capable de faire lui. « Tu as tout ce qui faut pour le convaincre. » Elle ne dirait pas une telle chose, mais moi si. Je devrais jouer le jeu un peu plus longtemps, mais le naturel revenait beaucoup trop au galop. Je n’avais rien contre mon interlocutrice en soit, mais ses histoires de cœur (qui manquait surement d’histoire de fesses) me passaient bien au-dessus de la tête. Je l’avais cherché, j’étais curieuse d’en savoir plus. C’était le cas maintenant et très clairement, je n’étais pas de très bons conseils sans doute, mais je donnais des conseils qui pouvaient marcher quand même. « Ça se voit que tu es complètement sous son charme encore. Tu n’aurais jamais dû tout gâcher comme tu l’as fait, mais tu l’as fait. Alors, reprends juste les choses en main pour réparer ton erreur. C’est la seule chose que tu peux faire. Foncer. Au pire tu risques quoi ? De le perdre plus encore ? »

Non, vu qu’elle l’avait pas du tout.

Code by Gwenn

Messages : 39 Date d'inscription : 05/01/2019

« Je sais pas moi… c’est… un homme ? Tu as tout ce qui faut pour le convaincre. »

Mildred en doutait fort. Outre le fait qu'elle ne pensait pas que son statut d'homme pousserait forcément Jacob à se laisser contrôler par ses hormones plutôt que par sa raison, elle avait aussi conscience du fait que ses charmes n'étaient pas si nombreux.

Elle était loin d'être une beauté fatale, et pour réapprivoiser son ancien fiancé, il faudrait bien plus que quelques battements de cils. Elle le savait, ça ne l'empêchait pas pour autant de vouloir faire quelque chose, et d'espérer, aussi, qu'Isobel n'ait pas complètement tort. Si ça pouvait être simple. Si elle pouvait faire oublier son comportement en quelques secondes et faire comme si de rien n'était ! Mais il ne fallait pas qu'elle compte trop là-dessus non plus. Vu les circonstances, elle préférait avancer prudemment et s'épargner toute désillusion éventuelle, qui serait forcément difficile à encaisser.

Mildred s'étonnait un peu aussi, parce qu'elle ne trouvait pas forcément que ce discours correspondait à Isobel et à sa manière habituelle de la conseiller. D'un autre côté, la situation en elle-même, déjà, n'était pas habituelle. Alors elle exigeait sans doute des conseils un peu inhabituels, c'est vrai.

« Ça se voit que tu es complètement sous son charme encore. Tu n’aurais jamais dû tout gâcher comme tu l’as fait, mais tu l’as fait. Alors, reprends juste les choses en main pour réparer ton erreur. C’est la seule chose que tu peux faire. Foncer. Au pire tu risques quoi ? De le perdre plus encore ? »

"Donc selon toi, je devrais juste aller le retrouver, lui dire que je l'aime encore et espérer que ça suffise magiquement à ce qu'il me pardonne ?"

Oui, c'est ce qu'elle disait, et tel qu'elle le présentait, ça avait l'air simple. Il suffisait de se jeter à l'eau, et d'espérer ne pas se noyer. Elle avait raison, évidemment, ce n'était pas comme si elle risquait de le perdre plus qu'elle ne l'avait déjà perdu, mais en même temps, elle avait du mal à croire que Jacob saurait la pardonner si facilement.

"Il va penser que je reviens uniquement parce qu'il réussit à fonder son commerce..."

Et elle allait passer pour aussi intéresser qu'elle l'a été en le quittant en le reprenant.

Messages : 132 Date d'inscription : 22/01/2019 Age du joueur : 35

Le hasard fait parfois bien les choses.

Au fond, je ne devrais même pas m’occuper des histoires de cœur de Mildred. Je devrais me contenter de m’en aller et de la laisser à ses questionnements, ça ne m’apportait absolument rien de l’aider. Mais, je dois bien avouer qu’au fond toute cette histoire me rend quand même assez curieux et je trouve ça assez amusant de voir Mildred être éprise de nouveau par son bel âtre maintenant qu’il avait réussi dans la vie. Je ne connaissais de cette histoire que ce que j’apprenais maintenant, je n’avais aucune idée de qui était ce Jacob, de comment il était, de s’il en valait réellement la peine. Et en soit, je m’en moquais un peu si mes conseils ne devaient pas permettre à mon interlocutrice de réussir à le reconquérir. Je me contentais simplement de dire ce que je pensais, encore que je me retiens sur certaine chose.

Est-ce qu’il suffisait simplement que Mildred se pointe devant Jacob et lui affirme qu’elle l’aimait encore, qu’il lui manquait, et ils allaient avoir la possibilité de reprendre où ils en étaient. Eh bien, peut-être bien. En soit, je ne voyais pas réellement ce qu’elle pouvait faire d’autre. Bon, elle pourrait prendre plus de gant, mais de mon côté je trouve ça particulièrement ennuyeux de prendre des gants.

« Pourquoi pas ? » Demandai-je donc.

Ça pouvait ne pas marcher, mais ça pouvait très bien marcher. Franchement, il y avait un moment dans la vie où il fallait arrêter de tourner autour de pots inutiles et foncer. Cela dit, c’était fort possible aussi que ça ne marche pas, mais si c’était le cas, je m’en moquerais pas mal. Au moins, Mildred aurait tenté quelque chose plutôt que de s’apitoyer sur un sort qu’elle avait en plus causé elle-même. Ah… la vie serait beaucoup plus facile si les gens arrêtaient un peu de se prendre la tête pour tout. Mais ils ne se rendaient pas compte de la chance qu’ils avaient, celle d’avoir une vraie vie entre leurs mains.

« Et… ce n’est pas un peu le cas ? » Elle allait sûrement me répondre que non, qu’elle avait toujours aimé Jacob, mais que le fait qu’il soit un raté ne lui permettait pas d’envisager une vie avec lui. Je ne connaissais pas grand-chose de cette histoire, mais j’avais bien compris que Jacob avait réussi sa vie que depuis que Mildred l’avait quitté. Maintenant, ça devait être plus facile d’envisager de partager sa vie avec lui puisqu’il avait réussi. « Tu vas me dires que tu l’aimes depuis toujours mais… au fond, tu ne crois pas que c’est justement parce qu’il a réussi qu’il te manque autant ? Si tu l’avais croisé comme le raté que tu as quitté, tu crois que tu te serais rendu compte qu’il t’avait manqué autant ? »

Bon, d’accord, j’avais conscience que j’allais légèrement trop loin. Mais à un moment, c’était pénible aussi de jouer le jeu. Et j’étais d’avis que Isobel devrait avoir la même façon de penser et d’agir que moi, ça lui simplifierait vraiment la vie.

Code by Gwenn

Messages : 39 Date d'inscription : 05/01/2019

« Pourquoi pas ? »

Parce que ça avait de très bonnes chances de ne pas fonctionner. En prenant la décision d'écouter ses parents, en faisant le choix de le quitter, elle avait définitivement brisé quelque chose entre Jacob et elle, et elle ne pensait pas que quoi que ce soit puisse être en mesure de réparer ce qui avait été brisé.

Elle le voulait, elle comptait faire les efforts pour, mais elle savait qu'il ne suffirait pas qu'elle prononce ces mots pour que ça fasse une vraie différence. Parce que même si elle s'exprimait avec son cœur, Jacob ne pourrait que douter de sa sincérité. Et ce n'était pas une chose qu'elle pourrait lui reprocher. Ce ne serait pas simple à accepter, à supporter, mais ce serait tout naturel malgré tout.

« Et… ce n’est pas un peu le cas ? »

Cette remarque faisait mal, mais elle avait le mérite d'être honnête, et au fond, Mildred elle-même s'était posé la question elle aussi. La jeune femme ne pouvait pas nier que si la situation de Jacob n'avait pas été différente, elle serait peut-être restée campée sur ses positions. C'était difficile, vraiment difficile, que d'être placée face à ses contradictions.

D'un autre côté, devait-elle s'excuser d'avoir espéré, pour son futur mariage, une vie stable et agréable ? Ils n'auraient pas pu envisager de fonder une famille avec les maigres revenus de Jacob. Et elle n'avait pas voulu non plus que sa famille se détourne d'elle. Tous ces éléments combinés l'avaient empêchée de trouver une issue digne de ce nom à une situation qui paraissait pour le moins inextricable.

« Tu vas me dires que tu l’aimes depuis toujours mais… au fond, tu ne crois pas que c’est justement parce qu’il a réussi qu’il te manque autant ? Si tu l’avais croisé comme le raté que tu as quitté, tu crois que tu te serais rendu compte qu’il t’avait manqué autant ? »
"Il n'a jamais été un raté", se sentit-elle la nécessité de se justifier. "Cette indélicatesse ne te ressemble vraiment pas. Il n'a pas cessé de me manquer, et je te l'ai dit suffisamment je pense pour que tu le saches. Je t'ai parlé de ces fois où j'ai cherché à le revoir avant de renoncer, je ne dis pas que je ne suis pas influencée, mais je t'interdis de me traiter de quelqu'un de vénale. Il m'a manqué tous les jours depuis notre rupture, sa réussite ou non n'entrait pas en ligne de compte."

Messages : 132 Date d'inscription : 22/01/2019 Age du joueur : 35

Le hasard fait parfois bien les choses.

J’y vais fort, j’en ai bien conscience, mais il est de plus en plus difficile pour moi de jouer la comédie. Je n’avais rien contre Mildred, je n’étais pas réellement étonnée que Isobel s’entende bien avec elle, elles ont plusieurs points communs. Et c’était justement ces points communs qui me donnaient envie de répondre un peu plus franchement, sans continuer à jouer sagement le rôle de la bonne amie qui irait forcément dans le sens de son interlocutrice. Les bonnes images et les faux semblants, ça allait bien quelques minutes, mais au bout d’un moment il fallait avouer la vérité.

J’écoutai sans dire quoi que ce soit les explications de Mildred, qui se justifiait suite à mes propos. Jacob n’avait jamais été un raté, soit… Je ne pus m’empêcher de me mordre légèrement la lèvre inférieure en entendant mon interlocutrice affirmer que cette indélicatesse ne me ressemblait pas. Ça ne ressemblait pas à Isobel en effet, mais elle me ressemblait en tout point et encore je me contenais énormément. Elle revint sur tous ces moments où elle avait pris la peine de me parler qu’il lui manquait, je n’avais effectivement pas cet aspect en tête, et tant mieux je n’avais aucune envie d’avoir la vie pale et inutile d’Isobel trop en tête, je trouvais que je l’avais déjà beaucoup trop comme ça. En tout cas, elle allait sans doute ne rien comprendre du tout ma petite Isobel, quand Mildred la recroisera et lui fera des réflexions sur son comportement odieux, puisque visiblement mon interlocutrice était très en colère contre moi. Ou du moins, elle ne supportait pas que je la traite de vénale. Ce n’était pas réellement ce que j’avais dis non plus, je me contentais d’exposer des faits. Au fond, je ne reprocherais pas du tout à Mildred de se rattacher à ce Jacob juste parce qu’il avait enfin réussi sa vie, ou encore de ne pas l’avoir fait avant. Ça ne servait à rien de s’attacher à quelqu’un qui nous descendait.

« D’accord, d’accord, il t’a manqué, au temps pour moi. » Répondis-je en levant les mains. « Et franchement, je ne te trouve absolument pas vénale, si tu l’étais tu ne te contenterais pas d’un simple boulanger. » J’y allais franco, autant dire très clairement ce que je pensais. Je n’avais pas l’intention de m’en prendre à Mildred, bien au contraire, au fond cette discussion m’était agréable. « Je ne te juge pas une seule seconde tu sais, je te comprends parfaitement ! Je veux juste que tu t’avoues à toi-même qu’au fond… tu ne te poserais sans doute pas autant de question s’il ne réussissait pas enfin. Si tu l’avais croisé et qu’il était toujours au même point, incapable d’ouvrir son commerce, tu ne te poserais pas autant de question pour le récupérer. Qu’il te manque d’accord, mais tu aurais quand même continué dans la même lancée. » Je m’arrêtai deux secondes, étais-je en train de crée un fossé entre Mildred et Isobel ? Sans doute que je ne le saurai jamais. « Mais je ne te juge pas du tout tu sais, au contraire je te comprends. On ne peut pas se permettre de faire n’importe quoi malheureusement, on risque gros à s’attacher à la mauvaise personne. À ta place, j’aurais agi exactement de la même manière. »

Mais je ne me serais jamais retrouvé à sa place en vérité, j’étais bien incapable de m’attacher sincèrement à quelqu’un.

Code by Gwenn

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