The Cell Block Tango [pv Jane :33]

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B

illie avait fait une affaire... Cet appartement était parfait. Un peu en dessous de ses standards, mais il ferait l'affaire durant le temps imparti. Un vaste appartement dans l'un des quartiers les plus cotés de New York, le tout garanti par la discrétion de son propriétaire moldu, qu'elle tenait par l'entrejambe. Billy n'avait aucune intention de rester ici très longtemps, mais pour le moment, ça ferait très bien l'affaire. Ce n'était de toute manière que très temporaire, le temps qu'elle harponne un autre de ces vieux riches no-majs qui ne verrait absolument rien venir et se ferait prendre comme un bleu dans ses filets. Ce serait d'une simplicité enfantine... mais ce genre de chose demandait un minimum de temps... Alors elle n'allait pas se laissait dépérir en attendant. Billie avait trouvé un appartement à la hauteur de ses standards, et elle était impatiente de le faire découvrir à Jane, qu'elle avait invitée à la rejoindre à cette adresse dans la plus grande décision.

Il y avait trois chambres dans ce vaste appartement : Billie n'avait jamais vécu seule, ce n'était pas maintenant qu'elle avait l'intention de commencer. Le plan était très clair dans son esprit dès l'instant où elle et ses deux camarades de cellule avaient pris la décision de s'évader de la prison pour sorcières de New York : la suite, elles la gérèreraient ensemble. Elles devaient se serrer les coudes. Donc une chambre pour elle, une chambre pour Jane. Et la dernière pour Eleanora. Sauf que pour le moment, Eleanora faisait la difficile... Tant pis... Ce n'est pas grave, il y aurait plus d'espace pour Jane et elle en attendant. Jane à qui elle faisait la surprise de son acquisition.

Elle n'avait absolument pas parlé de ce projet à Jane, elle aurait pu refuser. Mise devant le fait accompli, elle n'aurait pas forcément le choix, et ce n'était pas plus mal. Ce n'est pas qu'elle voulait l'obliger si cette dernière devait être défavorable à ses plans, mais elle avait tout de même plus de chances de la faire plier si elle agissait de cette manière. C'était dans tous les cas le mieux qu'elle puisse lui proposer à l'heure actuelle.

L'appartement était à peine meublé et décoré, mais chaque chose en son temps. Les détails, ce serait à Jane et elle de les peaufiner ensemble. Elle attendit donc, à peine patiente, et finalement, on frappa à la porte. Billie accueillit Jane avec le sourire. Elle était enfin là, pile à l'heure. Bref, parfait.

-Jane, entre je t'en prie. Elle n'attendit pas plus longtemps pour refermer la porte derrière elle. Elles savaient toutes les deux qu'elles se devaient d'être prudentes autant que possible. Et bienvenue chez toi, ajouta-t-elle, qui n'aurait pas été capable de garder la surprise trop longtemps.

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La liberté avait un goût plus qu’agréable, vraiment. Jane n’avait aucune raison de penser autre chose, au vu de la situation. Parce que la jeune femme avait passé bien trop de temps en prison pour ne pas avoir envie de pleinement profiter de sa liberté. Quand on n’avait pas eu la possibilité de profiter pleinement de sa liberté, comme elle, on appréciait forcément de la retrouver. Bien mais sûr, Jane avait conscience qu’elle ne pouvait pas non plus faire n’importe quoi, elle devait se montrer le plus prudent possible. Justement parce qu’elle n’avait aucune envie de perdre de nouveau cette liberté qu’elle retrouvait, parce qu’elle n’avait aucune envie de retourner en prison. Alors elle se devait de se montrer la plus prudente possible, même si ça avait un côté très restrictif. Mais c’était un mince prix à payer pour continuer d’être libre.

Ce fut donc la plus prudente possible que Jane se rendit à l’adresse que Billie lui avait communiqué, sans lui dire vraiment pourquoi elle la faisait venir là. La jeune femme savait que son amie avait souvent des coups en cours, alors elle devait simplement avoir besoin d’elle pour quelque chose. Du moins, c’était ce qu’elle se disait. Alors, elle s’y rendit, dans ce quartier qui avait clairement la classe, dans cet immeuble qui devait contenir un max d’appartement de haute qualité. Jane ne savait pas quel homme Billie avait pris dans ses filet, mais elle avait dû faire fort encore une fois. Jane ne doutait pas des capacités de son ancienne camarade de cellule de toute façon, elle savait bien qu’elle était particulièrement douée quand il était question de faire tourner les têtes des hommes les plus riches et influents. Ce n’était pas pour rien qu’elle s’était retrouvée en prison. En même temps, Billie avait clairement tout ce qu’il fallait pour réussir à faire tourner la tête de tous ces hommes.

Elle arriva à l’heure du rendez-vous et frappa à la porte, sans se douter une seule seconde ce qui l’attendait de l’autre côté. Enfin, elle savait qu’il allait y avoir Billie, évidemment. Et quand elle ouvrit la porte, Jane lui adressa un sourire en entrant dans l’appartement, pendant que son ancienne camarade fermait rapidement la porte derrière elle. Jane avait été prudente, il n’y avait normalement aucun risque à avoir, mais elles savaient bien qu’elles devaient se montrer les plus prudentes possibles. Jane pensait dire quelque chose, mais Billie reprit la parole plus rapidement qu’elle.

« Quoi ? » Demanda-t-elle surprise en entendant les mots de la sorcière qui lui souhaitait la bienvenue chez elle. Jane observa son amie étonnée, avant de tourner un regard vers l’appartement qui était mille fois trop grand par rapport à ce dont elle avait l’habitude. « Comment ça ? »

Bon, d’accord, Jane comprenait plus ou moins ce que son amie avait préparée, mais en même temps elle avait besoin de l’entendre le lui dire.

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L'

expression de stupéfaction que Billie vit s'afficher sur le visage de son amie valait tout l'or du monde, et la veuve noire était ravie d'avoir fait son petit effet, puisque ça avait été en partie l'effet escompté... ce même si son intention restait tout de même la même, elle tenait quoi qu'il en soit à ce qu'elles vivent le plus décemment du monde. Ce n'était pas parce qu'elles étaient échappées de prison et recherchées par le MACUSA qu'elles devaient se laisser aller et de vivre sous les ponts. C'était important de garder un certain standing.

-Ne te fais pas plus idiote que tu ne l'es, répondit-elle.

Ce qui n'était pas difficile ceci dit, car justement, Jane était loin bien loin d'être une idiote, bien au contraire. Billie la tenait d'ailleurs pour être la femme la plus intelligente qu'elle ait jamais connue, même. Donc elle se doutait bien du fait que son interlocutrice voulait seulement être certaine de ne pas se laisser fourvoyer, quand bien même elle avait parfaitement compris de quoi il retournait. Qu'elle se rassure, cet appartement était bel et bien le leur, et elle pourrait aller et venir à sa guise, dormir au chaud et profiter d'un confort qui leur avait beaucoup trop longtemps manqué. Un tort qu'il était donc important de réparer.

-J'avais laissé quelques économies en lieu sûr, se justifia-t-elle simplement sans estimer qu'il soit nécessaire de rentrer dans les détails.

Par "économies", elle entendait bien évidemment les précédents héritages qu'elle avait touché après le décès "malheureux" de ses différents époux. De l'argent, Billie en avait à revendre, c'était seulement qu'il ne s'agissait pas là du genre de fortune que l'on plaçait dans une banque lorsque l'on était bien avisé.

-Je n'allais quand même pas te laisser dormir dans la rue, précisa-t-elle ensuite sur le ton de l'évidence.

Ca aurait pu être chacune pour soi, après tout, Billie était peut-être la plus égoïste du trio de fugitive, ça serait tombée sous le sens qu'elle abandonne Jane et Eleanora à leur misère et qu'elle reprenne le cours de sa vie sans se soucier d'elles. Mais elle n'oubliait pas que sans ses camarades de cellules, elle croupirait encore au pénitentier, et par ailleurs... et bien c'était comme ça, elle les aimait bien, ses petites âmes en détresse. Elles avaient su éveiller en elle une forme d'attachement à laquelle personne d'autre ne serait capable de prétendre, même tout au long de sa vie.

-Je n'ai pas encore réparti les chambres, donc si tu veux visiter et choisir celle que tu préfères, fais-toi plaisir.

De toute façon, elles se valaient toutes. C'était plutôt une invitation envers Jane de faire le tour du propriétaire et de s'approprier les lieux comme il se doit. Il serait important qu'elle se sente chez elle.

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Jane comprenait bien ce que Billie était en train de faire, elle comprenait bien que cette maison était pour elles. Forcément c’était quelque chose que la jeune femme appréciait, parce qu’elle n’avait pas spécialement envie de vivre dans la rue quand même. Elles avaient quitté l’horreur de la prison, ce n’était pas pour se retrouver dans la rue, surtout qu’elles risqueraient quand même de se faire avoir. Mais cet appartement lui semblait quand même beaucoup trop grand. Billie confirma donc que c’était bel et bien l’endroit où elles allaient vivre toutes les deux, parce qu’elle avait mis des économies de côté. Jane n’avait pas besoin que son amie entre dans les détails, la jeune femme comprenait bien que c’était l’argent qu’elle avait pu récupérer de ses vieux maris. Elle savait bien d’où venait l’argent donc.

Et peut-être que Jane aurait pu refuser de s’installer ici avec Billie autrement, mais… en regardant l’appartement comme ça, elle ne pouvait pas dire non. Elle n’avait pas d’autres pieds à terre. Et Billie avait raison, sans cela, elle risquait quand même de dormir dans la rue. Jane afficha un sourire donc, ne pouvant pas s’empêcher de sourire. Billie n’était pas forcément une femme généreuse, Jane en avait bien conscience, mais forcément ce qu’elles avaient vécu, ça avait crée un lien incroyable. La jeune femme la considérait comme une grande sœur, et leur famille n’était pas forcément complète en cet instant.

« Avec plaisir. » Dit-elle quand Billie affirma qu’elle n’avait pas réparti les chambres et donc qu’elle pouvait aller visiter pour choisir la sienne. Elle n’allait pas s’en priver, puisque Billie l’invitait à le faire. Ce qu’elle fit donc, elle se permit de faire le tour des lieux, d’ouvrir les portes dans le but de regarder les différentes pièces. Une chambre, deux chambres… trois chambres. Les chambres se ressemblaient plus ou moins, il n’y en avait pas une bien mieux que l’autre. Cela dit, elle fit son choix. « Je prends celle-là ! » Dit-elle alors, en sortant de la chambre qu’elle avait choisi.

Puisqu’on l’avait invité à choisir, elle ne se retenait pas de le faire. Même si ça n’allait pas forcément changer grand-chose. En tout cas, la jeune femme n’avait aucun souci à se dire qu’elles allaient être bien ici, qu’elles allaient avoir plus ou moins la belle vie.

« Mais… tu sais qu’elle n’acceptera pas de venir vivre ici ? »

Jane ne pensait pas avoir besoin de rentrer dans les détails pour que Billie comprenne de quoi elle était ne train de parler. Elle avait bien remarqué qu’il y avait trois chambre et Jane comprenait bien que c’était pour Eleanora. Clairement, la jeune femme aimerait bien qu’elle vienne vivre avec elles, qu’elles soient toutes les trois réunies et qu’elles soient toutes les trois auprès de Grindelwald. Mais elle avait aussi compris que Eleanora n’accepterait jamais, qu’elle avait fait son choix et qu’on ne pouvait pas vraiment la forcer. C’était sa liberté après tout… même si elle lui manquait quand même.

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M

atildus se réjouissait du sourire qu'elle voyait fleurir sur le visage de Jane. Faire le bonheur d'autrui n'avait jamais forcément fait partie de ses priorités, on pouvait même dire que c'était le cadet de ses soucis, mais quand il était question de ses anciennes camarades de cellule, la donne changeait tout de même un peu. Parce que leur bonheur faisait son bonheur... Enfin, dans une moyenne mesure malgré tout. Car présentement, Eleanora pourrait bien être la femme la plus heureuse du monde que Billie n'en aurait franchement rien à carrer. Elle n'avait le droit de l'être qu'en compagnie de ses deux soeurs. C'était ainsi, et la question ne devait même pas se poser.

Elle observa Jane faire le tour des chambres. Si l'une d'entre elles avait vraiment été plus grande et luxueuse, elle n'aurait pas laissé à la jeune femme le choix de décider en premier, elle se serait appropriée d'office et d'autorité la chambre la plus grande et la plus élégante. Mais en l'occurrence, ça ne faisait pas vraiment de différence, alors elle pouvait se permettre, voilà tout. Après son petit tour d'horizon, Jane prit donc sa décision. Matildus se contenta de hocher la tête. Elle pourrait lui suggérer d'y apporter ses affaires quand elle le voudrait mais, Billie s'en doutait, elle n'avait de toute façon pas beaucoup d'affaires à emporter. C'était une chose à laquelle elles devraient remédier incessamment sous peu. Billie inviterait Jane à renouveler sa garde-robe, c'est sûr, c'était important. Elle ne dit donc rien à ce sujet, de toute façon, la jeune femme avait déjà enchaîné. Et abordé un sujet qui était bien sûr inévitable.

Cet appartement était destiné à trois personnes, c'était évident, et la jeune femme ne s'en cachait pas, elle n'avait aucune raison de le faire, elle assumait totalement ses intentions. Elle avaient regagné ensemble la liberté, c'était ensemble qu'elles devaient la vivre (ce qui était techniquement une restriction à leur liberté, mais évidemment, Matildus s'interdisait de penser de cette manière - comme toujours, elle avait des idées très arrêtées sur n'importe quelle question.

-Oh si, elle le fera, répliqua Matildus d'un ton confiant, comme si la question ne se posait même pas. Elle ne le sait peut-être pas encore, mais elle le fera.

Peu importe les moyens qu'il lui faudrait employer, Matildus ramènerait Eleanora à la raison. Et donc à la maison, et elle comptait sur Jane également pour contribuer au forcing. Car partir d'instinct du principe qu'Eleanora refuserait toujours, et qu'il allait falloir faire avec, c'était une façon de voir les choses que la veuve noire estimait défaitiste, et qu'elle refusait de prendre en considération. Il ne pouvait tout simplement pas en être question. Jane avait tout intérêt à se ranger de son côté sur ce coup, d'ailleurs, car une seule déception suffisait largement comme ça.

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Le sujet de Eleanora était forcément un peu délicat, mais ce n’était pas quelque chose de tabou non plus, les deux femmes pouvaient en parler. Jane voyait bien que Billie avait décidé de leur offrir une maison qui comportait trois chambres et ce n’était évidemment pas dans le but d’inviter des amis à dormir chez eux. Cette chambre, c’était pour la dernière membre du trio. Enfin, la deuxième techniquement, puisqu’elle était plutôt la cadette de ce trio. L’épreuve de la prison avait vraiment été difficile pour tout le monde, Jane avait eu besoin de s’attacher à d’autres personnes pour s’en sortir, comme c’était le cas pour ses sœurs de cœur… c’était ça, en vivant cette expérience, elles étaient devenues comme les membres d’une famille. L’aîné directive, prenant les choses en main, la cadette rebelle et la benjamine un peu plus… sensible ?

Dans tous les cas, Jane ne doutait pas une seule seconde que cette chambre était pour Eleanora et elle adorerait vraiment que la jeune femme vienne vivre avec elles. Quand elles avaient quitté la prison, la jeune femme avait cru qu’elles vivraient tout ensemble, qu’elles seraient inséparables. Jane s’attachait peut-être trop aux autres, mais elle n’y pouvait rien, sans Billie et sans Eleanora, elle ne serait plus là aujourd’hui elle le savait parfaitement. Son interlocutrice ne manqua pas d’affirmer que leur amie allait bel et bien venir, que Eleanora ne savait pas encore, mais qu’elle allait bel et bien venir vivre avec elle. Jane adorerait qu’elle ait raison, mais elle ne pouvait pas s’empêcher de se dire que Billie se montrait top… sûre d’elle. Trop dure avec Eleanora aussi peut-être d’ailleurs, parce que la veuve noire n’était pas habituée à ne pas avoir ce qu’elle voulait. Jane n’avait aucune envie de se dire que c’était comme ça et tant pis, elle ne voulait pas renoncer à sa sœur de cœur, elle voulait qu’elles se retrouvent. Mais elle savait aussi que parfois… certaine chose était impossible.

« J’aimerais tellement qu’elle vienne. » Répondit-elle, en se montrant donc sceptique vis-à-vis des propos de son amie. « Je pensais qu’on serait inséparable toutes les trois. Mais tu ne peux pas non plus la forcer à faire quelque chose qu’elle ne voulait pas. »

Cela dit, Eleanora pourrait peut-être accepter de venir s’installer avec elle sans pour autant suivre Grindelwald ? Non, parce que c’était quand même ça le sujet de discordes. Billie avait décidé de suivre le mage noir, elle avait invité ses amies à le faire, ce que Jane avait fait, mais Eleanora s’y était refusée. Et ça avait été le début de la séparation. Si seulement leur amie avait pu suivre leur trace, elles ne se poseraient pas de question et elles seraient là toutes les trois. Cela dit, Billie ne devait pas spécialement se poser de question de son côté, puisqu’elle semblait si sûre d’elle que Eleanora allait finir par venir s’installer avec elle. Jane aimerait bien avoir son assurance, elle enviait beaucoup de chose à ses amies d’ailleurs, et croire réellement qu’elle allait venir vivre avec elles.

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illie se contenta d'afficher un léger sourire quand Jane affirma qu'elle voudrait vraiment qu'Eleanora les rejoigne. Matildus le savait. Elle savait pertinemment que Jane était aussi importante qu'elle-même aux yeux de Jane. Et c'était logique. Elles formaient un trio, une sororité, c'était le cas depuis la prison, et ça devait rester le cas par la suite. Ce qui dérangeait Matildus, ce n'était pas seulement qu'Eleanora décide de ne pas rejoindre les fidèles de Grindelwald (même si c'était une grande partie du problème)... non, elle considérait plutôt cela comme le symptome d'une situation bien plus agaçante. Eleanora était un électron libre. Elles avaient beau être liées par une expérience que personne d'autre ne saurait être capable de comprendre, elle avait simplement attendu d'être libre pour leur tourner le dos et jouer la carte de son indépendance regagnée. Ce n'était pas comme ça que les choses devaient fonctionner, ce n'était pas comme ça que les choses fonctionneraient. Peut-être qu'Eleanora estimait que son amie se montrait un peu trop dure avec la rebelle de la bande, Billie n'était pas de cet avis. Elle estimait que si quelqu'un était capable de cimenter leur trio, c'était elle. Et il était hors de question qu'elle transige à ce sujet. Oui, elle avait tendance à prendre les décisions pour leur petit groupe. Mais c'était pour leur bien, et parce qu'elle les aimait. Même si elle avait parfois une manière très singulière de le montrer.

-Eleanora est une enfant, répondit Billie d'un ton détaché.

C'était sans doute un drôle de terme à employer pour désigner une femme de 39 ans, et dans le fond, leurs âges à toutes les deux n'étaient pas si éloignés (c'était surtout Jane, l'enfant du trio, en fin de compte, mais ça ne comptait pas)... Mais c'était comme ça qu'elle le percevait. Elle était effrayée par la simple notion de responsabilité, d'entrer dans un moule. Même si ce dernier était bon pour elle.

-Toute cette histoire n'a rien à voir avec ce qu'elle veut ou non... ce n'est qu'une affaire d'ego et d'esprit de contradiction, remarqua-t-elle. Si personne n'est là pour la recadrer, elle va retourner en prison aussi vite qu'elle en est ressorti, et cette fois, personne ne sera là pour l'aider à se libérer.

N'était-elle pas un peu de mauvaise foi ? Si, complètement. La vérité, c'est qu'elle voulait que les choses se passent telles qu'elle l'avait décidé, elle. Elle s'était façonné un plan très précis, codifié, strict. Elle entendait qu'il soit respecté. Le pire, c'est qu'elle était convaincu que si leur amie cessait de faire sa mauvaise tête, elle serait heureuse de son sort. Billie voulait bien tout donner et tout sacrifier à Jane et Eleanora... mais si elles n'y mettaient pas du leur, il faudrait qu'elle leur force la main.

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Jane avait conscience qu'on ne pouvait pas faire changer d'agir Billie facilement. Elle était plus têtue qui quiconque, en tout cas Jane n'avait jamais rencontré de femme aussi sûre d'elle, aussi attachée à ses décisions. Mais elle savait aussi que leur amie ne manquait pas d'être têtue également à son tour. La preuve, elle ne se trouvait pas ici pour l'heure, alors qu'elle aurait quand même une bonne vie avec elles. Parce que pour cela il aurait fallu que Eleanora rejoigne Grindelwald et ce n'était pas quelque chose qu'elle avait envisagé. Comme elle refusait de rejoindre le mage noir, la jeune femme avait tout simplement coupée les ponts. Et Billie ne l'acceptait pas vraiment. Jane n’aimait pas voir ses deux amies se déchirer de cette façon, elle aimerait qu’elles puissent simplement trouver un terrain d’entendre. Que Eleonora vienne vivre avec elles, mais sans pour autant suivre Grindelwald si ce n’était pas quelque chose qu’elle voulait. La jeune femme avait conscience qu’elle était peut-être trop utopiste, mais elle avait surtout besoin de ses deux sœurs de cœur. Depuis qu’elle s’était retrouvée enfermée en prison, Jane n’avait eu qu’elles. Elle le savait, sans Billie et Eleanora, elle ne serait pas là aujourd’hui. En même temps, elles n’auraient pas pu sortir si elles n’avaient pas été trois.

La jeune femme ne dit rien du tout quand Billie affirma que Eleanora n’était qu’une enfant. Jane n’aimait pas vraiment entendre son amie parler comme ça de leur amie. Billie précisa que tout cela ne concernait pas réellement ce qu’elle voulait ou non, que ce n’était qu’une question d’égo et de contradiction. Bon, Jane se rangeait un peu de l’avis de son amie en effet, elle avait conscience que tout cela n’était qu’une histoire d’égo et c’était la même chose pour la rousse flamboyante sous ses yeux. Sauf que Billie ne se contenta pas de lui dire ça, elle continua et les propos de son amie firent froid dans le dos de Jane. Parce qu’elle précisa que si personne n’était là pour la recadrer, Eleanora allait retourner en prison et bien évidemment, elle n’aurait pas la chance de pouvoir sortir une deuxième fois. Jane gardait un souvenir douloureux de son passage en prison, elle était heureuse depuis qu’elle était sortie. Elle ne souhaitait évidemment pas que son amie y retourne, c’était hors de question, elle ne la laisserait pas partir comme ça.

« Il est hors de question qu’on laisse ça se produire. » Elle savait bien qu’elle ne pouvait pas non plus être sur le dos de Eleanora dans la but de la protéger, mais il n’était quand même pas question qu’elle laisse son amie se retrouver dans une horrible situation. Elle ne supporterait pas d’apprendre qu’elle était de retour par la case prison. Et Jane comptait peut-être un peu trop sur Billie pour empêcher ça. Mais en même temps, si elles ne pouvaient pas compter l’une sur l’autre, elles n’allaient pas s’en sortir. « S’il y a bien quelqu’un pour la convaincre c’est toi. »

Et elle espérait que ça allait être le cas oui, parce qu’il ne devait rien arriver à leur amie.

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illie hocha la tête, satisfaite, ravie que ses arguments aient finalement fait mouche, après que Jane lui ait opposé quelques réticences qu'elle n'était bien évidemment pas capable d'entendre à l'heure actuelle. De manière générale, dans tous les cas, elle ne supportait pas qu'on la contredise. Il fallait se ranger à son opinion, point, il n'y avait pas d'alternative. En l'occurrence, en évoquant la possibilité qu'Eleanora finisse à nouveau en prison (ce qui était une perspective tout à fait réaliste, on ne va pas se mentir), elle avait visiblement atteint sa cible, et c'était tant mieux, elles ne seraient pas trop de deux pour ramener leur "soeur", leur brebis égarée à la raison. Elle était allée faire un petit tour dans son coin, elle s'était bien amusé, elle avait repris ses vieilles habitudes, elle en avait profité, tant mieux pour elle. Mais à présent, il était plus que temps de revenir à la raison et de faire les choses de la seule bonne manière. A sa manière, donc.

Elle hocha la tête quand Jane ajouta que si quelqu'un pouvait bien être capable de convaincre Eleanora, c'était bien Matildus. Cette dernière n'allait certainement pas chercher à contredire son interlocutrice. Elle estimait en effet que quand Eleanora rejoindrait les fidèles de Grindelwald (quand, pas si), ce serait en grande (si ce n'est en totale) partie grâce à elle, grâce à son talent de persuasion... à ses techniques de manipulation et d'intimidation s'il le fallait, également. Billie ne reculait devant rien, absolument rien. Elle était habituée à obtenir ce qu'elle voulait... Et ce qu'elle voulait, à l'heure actuelle, c'était le retour d'Eleanora, que la jeune femme reprenne sa juste place auprès d'elles, qu'elle prenne possession de la chambre qui attendait qu'elle l'occupe, et qu'elle accepte enfin de faire les choses qu'on lui demandait de faire, sans prétendre que c'était impossible, inconcevable, sous un prétexte stupide.

-Nous, la corrigea tout de même Billie.

Certes, elle comptait bien être à la tête des opérations, et elle se disait qu'elle serait capable de davantage de "poigne" vis-à-vis d'Eleanora, à l'inverse de sa soeur de coeur, qui ferait peut-être preuve de davantage de délicatesse... Une délicatesse qui n'était pas acceptable dans les circonstances actuelles.

-Je veux que tu sois à cent pour cent de mon côté. Sans toi, mes chances sont quasiment nulles.

Elle caressait Jane dans le sens du poil, c'était évident, mais dans le fond, il y avait tout de même du vrai dans cette affirmation, en effet. Jane saurait toucher un point sensible que Billie ne serait peut-être pas capable d'atteindre de son côté. C'est pour cette raison qu'il était très important qu'elles sachent conjuguer leurs forces quoi qu'il puisse advenir. Et elle voulait surtout s'assurer qu'elle pouvait compter sur le plein soutien de Jane.

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Jane se disait sincèrement que s’il y avait une personne capable de ramener sa sœur de cœur à la raison, c’était bel et bien Billie. Il ne fallait pas grand-chose pour comprendre que quand la veuve noire voulait quelque chose, elle se donnait les moyens pour les obtenir et elle ne laissait rien au hasard. La jeune femme ne se posait donc pas de question, elle savait que Billie allait parvenir à convaincre Eleanora, même si ça risquait quand même d’être difficile parce qu’on ne pouvait pas non plus dire qu’on faisait plus têtue que leur sœur de cœur. Cela dit, Billie reprit la parole pour la corriger, en affirmant que c’était elles deux qui étaient capable de faire reprendre raison à la sorcière. Jane devait bien reconnaître qu’elle appréciait d’entendre de telles paroles. Forcément, elle se laissait pleinement brosser dans le sens du poils et ne se rendait pas forcément compte que Billie cherchait surtout à faire en sorte qu’elle ne se détourne jamais d’elle. Cela dit, ce n’était pas comme si la situation la dérangeait quelque part, elle n’avait pas grand-chose maintenant pour ne dire rien. Elle n’avait techniquement plus rien, en dehors de Billie et de Eleanora (même si elle n’avait pas la possibilité de la voir autant qu’il le faudrait).

« Ne t’inquiète pas pour ça, je suis à cent pour cent de ton côté. » Elle l’était et ce n’était pas quelque chose qu’elle avait l’intention de changer. Elle avait suivi Billie au service de Grindelwald, sans le regretter une seule seconde. Elle se trouvait à ses côtés à l’heure actuelle, pouvant quand même jouir d’un appartement parfait. Et surtout, elle n’avait aucune envie de se détourner de sa sœur de cœur. C’était comme ça, Billie et Eleanora avaient été tout ce qu’elle avait pendant son enfermement, ses seuls repères et maintenant elle avait beaucoup trop besoin d’elles. Quand bien même, pour le moment, il n’y avait qu’une de ses sœurs qui se trouvaient avec elle, mais elles allaient vraiment faire en sorte que la dernière partie de leur trio les retrouve pleinement. « Je serais toujours de ton côté. »

La jeune femme ne savait pas si elle devait se montrer plus explicite, si elle devait… rassurer ? son amie. Elle ne pensait pas que Billie puisse douter d’elle, parce qu’il n’y avait aucune raison de douter d’elle. Elle n’avait pas lâché la veuve noire depuis qu’elles étaient sorties de prison, c’était bien la preuve qu’elle n’avait pas l’intention de l’abandonner.

« On va réussir à lui faire comprendre qu’elle doit… rentrer à la maison. » Parce qu’au final, où elles habitaient, les jeunes femmes se trouvaient réellement à la maison quand elles étaient ensemble. C’était ainsi qu’elle voyait les choses. Parce qu’on lui avait tout pris quand on l’avait envoyé en prison et qu’elle n’avait pu que se raccrocher à ces deux sorcières pour s’en sortir. Certain diront qu’elle faisait un transfert et c’était très clairement le cas, mais la jeune femme n’en avait que faire… c’était ce qu’elle ressentait et elle ne reviendrait pas dessus.

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illie estimait que l'une de ses forces, c'était d'avoir conscience de ses faiblesses. Oh, elle considérait qu'elles n'étaient pas bien nombreuses, mais elles existaient bel et bien, et les ignorer serait d'une bêtise sans nom. La veuve noire savait, par exemple, que contrairement à ce que Jane soupçonnait, elle était plus à même de faire revenir Eleanora qu'elle-même. Certes, Billie obtenait toujours ce qu'elle désirait, mais il n'était pas rare qu'elle le fasse en se servant des autres. En l'occurrence, Jane était une jeune femme plus douce, davantage dans l'affect, contrairement à ce que son apparence et son passé criminel pouvait laisser imaginer. Elle saurait appuyer sur les cordes sensibles nécessaire, Billie était assez convaincue de cela pour tout dire... Est-ce qu'elle se servait de Jane pour autant ? Non, il était dans leur intérêt à toutes les deux de réunir de nouveau le trio diabolique. Unir leurs forces était par conséquent la moindre des choses. Billie ne supportait pas qu'une chose lui cède ou lui échappe. Rien ne devrait jamais déroger à cette règle.

Billie hocha donc la tête, un sourire plus que satisfait aux lèvres quand Jane admit qu'elles parviendraient bel et bien à ramener leur agneau égaré "à la maison", que c'était ce qu'elles devaient faire. Là résidait tout le talent de persuasion de la mariée en série. L'instant d'avant, on lui demandait si elle n'avait pas conscience du fait qu'Eleanora ne reviendrait pas, celui d'après, on admettait avec certitude que oui, elle reviendrait quoi qu'il en soit, même si elle ne pensait certainement pas le vouloir. Oui, leur victoire était prochaine. Certes, ce n'était pas gagné, pas gagné du tout, mais elles ne manquaient pas de ressources et de volonté.

-Exactement, répondit Jane, un sourire rayonnant aux lèvres, ravie de la tournure que leur conversation avait prise. Même s'il ne servait à rien, en réalité, d'en rajouter encore. Tant qu'Eleanora ne serait pas de retour, il ne s'agirait jamais que de spéculations sans grand intérêt. Elles devraient attendre une situation concrète pour se prononcer, mais en attendant, elles n'allaient certainement pas attendre leur amie retardataire pour pendre dignement la crémaillère, si elle tardait trop à venir, c'était son affaire, mais elles, elles avaient tout intérêt à profiter de leur nouveau foyer. Et maintenant... Elle leur dénicha deux flutes et une bouteille de champagne qu'elle avait achetée exprès pour l'occasion, et qui valait évidemment une fortune, cela va sans dire. Que dirais-tu de trinquer à notre avenir ? Elle tendit sa coupe à Jane. Quels sont tes projets, maintenant ?

Même si elles vivaient ensemble, elles allaient forcément avoir leurs propres projets individuels, en dehors, bien évidemment, du service de Grindelwald, même si ce dernier devait bien évidemment accaparer une majeure partie de leur temps quoi qu'il en soit.

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Jane ne pouvait que croire que Eleanora allait bel et bien les rejoindre, il n’y avait aucune raison qu’elle doute alors que Billie était si convaincu de son côté. Donc leur sœur de cœur allait revenir à la raison et rentrer chez elle, chez elles. En attendant, elles allaient donc trinquer à leur avenir. Billie sorti une bouteille de champagne ainsi que deux flutes. Jane afficha un grand sourire quand son amie et sœur de cœur lui tendit sa coupe de champagne pleine. Quand elles avaient vécu ce qu’elles avaient vécu, très clairement elles ne pouvaient que savourer énormément ce moment présent. Elles étaient libres, elles s’installaient dans un appartement gigantesque. Franchement, elles ne pouvaient pas rêver mieux ou presque.

Billie lui demanda ce qu’étaient ses projets pour l’avenir. Maintenant qu’elles étaient libres, elles pouvaient se permettre d’avoir enfin de vrais projets. Évidemment, elles étaient quand même un peu limitées, parce qu’elles ne pouvaient pas non plus aller et venir comme si elles n’étaient pas recherchées par le MACUSA. Mais c’était quand même bien mieux que la prison. Rien ne pouvait être pire que la prison de toute façon. Jane pouvait donc se permettre de rêver de nouveau, d’avoir des projets. Mais est-ce que c’était de bons projets ? Elle avait envie d’en parler à sa sœur de cœur, mais elle devait bien reconnaître qu’elle redoutait un peu sa réaction.

« Eh bien… j’ai bien l’intention de reprendre une activité, parce que c’est agréable de vivre au crochet de tes défunts maris, mais j’ai bien envie d’avoir mon propre argent ! » Répondit-elle pour commencer, même si ce n’était pas réellement ce dont elle avait envie de parler le plus. Mais elle disait ça, juste avant de lancer une autre information. « J’ai envie de revoir Cherryl. »

Billie n’ignorait rien de l’histoire de Jane, mais ça ne voulait pas dire qu’elle allait forcément apprécier le fait qu’elle ait envie de voir son ex moldue. Parce que c’était quand même à cause de cette histoire qu’elle s’était retrouvée en prison. Jane avait conscience qu’elle prendrait un grand risque à aller voir la moldue, mais en même temps elle ne pouvait pas ne pas y aller, c’était beaucoup trop… important. Elle n’en savait rien, elle avait juste besoin de la voir une fois, pour être sûr que Cherryl ne se souvenait réellement pas d’elle. Non pas que ça soit une bonne chose qu’elle se rappel de tout, mais elle ne pouvait pas ignorer son envie d’aller revoir la femme qu’elle aimait tant, même si c’était sûrement là où le MACUSA allait la chercher en premier. Mais dans tous les cas, la jeune femme avait bien l’intention d’être prudente parce qu’il était hors de question qu’elle se fasse arrêter de nouveau. Jane ne retournerait pas en prison, ce n’était pas possible. Si elle devait être enfermée de nouveau, la jeune femme ne s’en remettrait pas, elle en mourrait très clairement. Mais en même temps, elle serait bien incapable de ne pas aller voir Cherryl.

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illie était heureuse d'apprendre que Jane avait dans l'intention de reprendre ses anciennes activités. Ce n'était pas du tout d'un point de vue financier qu'elle s'en réjouissait. Cela ne la dérangeait absolument pas de payer pour elles deux (pour elles trois quand Eleanora retrouverait la raison), mais elle estimait que Jane avait besoin de retrouver son ancien rythme, ou bien elle se sentirait de nouveau prisonnière, d'une prison bien plus somptueuse que celle qui l'avait enfermée jusqu'alors, mais tout de même, donc c'était très bien pour elle, et cette part de son projet lui plaisait totalement. Mais ce projet ne s'arrêtait pas là. Jane avait autre chose en tête. Et cet autre chose, Matildus n'était tout simplement pas capable de l'accepter.

Le sourire confiant et encourageant qu'elle affichait jusqu'alors disparut immédiatement de son visage quand elle entendit l'intention de Jane de revoir son ex. Quand Billie avait appris l'histoire de Jane, elle ne l'avait pas jugée. Elle estimait les relations entre personnes du même sexe contre nature, mais elle considérait dans le même temps qu'il n'y avait pas vraiment de mal à agir à l'encontre de la nature, au contraire, cela contribuait d'un tempérament rebelle qu'elle appréciait chez son ancienne camarade de cellule. Elle ne l'avait pas non plus jugée pour ce qui était d'être tombée sous le charme d'un moldu. Ce serait particulièrement hypocrite de sa part compte tenu de sa propre histoire. En revanche, si elle pouvait passer l'éponge sur les erreurs de Jane, la voir affirmer si frontalement qu'elle se sentait prête à les réitérer décevait profondément. Comment osait-elle seulement la regarder en face et lui annoncer de but en blanc qu'elle avait l'intention de revoir Cherryl ? Hors de question.

-Je te l'interdis, formellement. Tu m'entends ? dit Billie d'un ton ce qu'il y a de plus sévère pour lui faire comprendre qu'elle ne plaisantait pas.

Certes, elle n'avait techniquement pas d'ordres à donner à Jane, mais auprès d'elle, elle agissait en grande soeur, parfois bienveillante, mais bien souvent directive. Et pour cause, elle estimait qu'en temps qu'aînée, il était de son devoir de veiller sur sa cadette, et surtout d'éviter qu'elle ne s'égare. Et définitivement, Jane était en train de s'égarer. Les sentiments étaient une chose qui se contrôlait difficilement, elle en avait bien conscience, mais ce n'était pas une raison de se laisser dominer par eux, surtout quand ces derniers pouvaient se révéler dangereux. Pour soi-même avant tout.

-Si j'apprends que tu es allée la revoir, c'est moi que tu ne reverras plus, c'est bien compris ?

Les mots étaient durs, mais s'il fallait cela pour que Jane renonce à cette folie qui ne conduirait à rien de bon, elle n'hésiterait définitivement pas.

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Jane senti un frisson parcourir son échine en voyant le sourire de Billie disparaitre de son visage. Elle su dans la seconde que son ancienne camarade de cellule n’appréciait en aucun cas d’entendre ses paroles. Jane avait bien conscience que la situation était délicate, mais elle ne se voyait pas ne pas tout partager avec son amie. Elle n’avait pas envie de lui cacher quelque chose, encore moins ses envies, ses désirs, ce qu’elle voulait tout simplement. Mais elle regrettait quand même d’avoir parlé de Cherryl en cet instant.

Et quand Billie prit la parole, ce fut sans appel. Jane se crispa en l’entendant lui interdire tout bonnement de voir Cherryl. Elle était tellement choquée qu’elle ne sut quoi répondre sur le coup. Elle eut le sentiment d’être une gamine prise en flagrant délit par un parent qui était en train de l’engueuler. Elle n’en revenait pas d’entendre Billie lui parler de la sorte. Bien sûr, sa sœur de cœur avait toujours été directive et elle avait parfois parlé durement à Eleanora, mais c’était la première fois qu’elle lui interdisait tout bonnement quelque chose. Et le pire, ce fut qu’elle ajouta que si jamais elle devait revoir son ex petite amie, alors c’était elle qu’elle ne reverrait pas. Quoi ? Sérieusement ? Elle était en train de lui dire ça.

« Tu… » Jane était sans voix sous les propos de sa meilleure amie. Elle n’en revenait pas de l’entendre lui parler de la sorte. « Tu… tu n’as pas le droit de m’interdire quoi que ce soit ! » Se défendit-elle comme elle put, comme une adolescente tentant de tenir tête à la figure d’autorité. Évidemment que Billie n’avait aucun droit de lui interdire quoi que ce soit, mais en même temps Jane ne pouvait pas non plus rester indifférente à ce qu’elle entendait. Elle n’avait aucune envie que Billie décide de ne plus la revoir simplement parce qu’elle aurait décidé de revoir juste Cherryl une fois. Et ce n’était pas parce qu’elle avait besoin d’elle pour avoir un toit où vivre, même si effectivement elle avait quand même besoin d’elle pour ça. C’était parce qu’elle ne supporterait tout simplement parce qu’elle l’abandonne… « Et tu… tu n’as pas le droit de m’abandonner toi aussi ! » Lança-t-elle en tentant de se montrer la plus autoritaire possible, mais ce n’était pas du tout dans son caractère.

Elle avait le sentiment d’avoir reçu une gifle en plein visage. Elle n’en revenait pas de ce qu’elle venait d’entendre et du ton de Billie. Et surtout… elle se sentait empli d’une inquiétude soudaine. Elle n’avait aucune envie de voir Billie disparaitre soudainement. Eleanora lui manquait cruellement, elle était déçue d’avoir perdue l’une de ses sœurs – même si Billie affirmait qu’elle reviendrait –, elle savait bien qu’elle ne s’en remettrait pas si jamais Billie devait l’abandonner à son tour. Mais était-elle capable de renoncer à l’idée de revoir la femme qu’elle aimait pour éviter que Billie disparaisse de sa vie ?... elle n’en était pas sûre.

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illie avait bien conscience de s'être montrée particulièrement sévère à l'adresse de son amie, mais elle n'avait pas la moindre intention d'y revenir et de s'en excuser. Elle pensait chacun des mots qu'elle venait de prononcer. Il était hors de question que Jane revoie Cherryl, qu'elle se compromette avec une stupide No-maj, ce serait non seulement stupide mais également inconscient, et Jane était plus intelligente que cela. Elle voulait bien croire que pour le moment, Jane souffrait d'avoir perdu la personne qu'elle aimait. Billie, dans un passé lointain, dans une autre vie, avait été amoureuse, elle aussi, avait vécu une idylle aussi interdite que celle de son amie (la sexualité déviante en moins), elle savait pertinemment par quels états sa soeur de coeur passait, et c'était justement parce qu'elle en avait conscience qu'elle ne la laisserait pas commettre cette erreur.

En aucun cas et sous aucun prétexte revoir Cherryl ne pourrait faire de bien à Jane, et si la menaçait de la mettre à la porte et de ne plus la revoir pouvait encourager son amie à l'écouter et à faire profil bas, alors elle ne regretterait certainement pas de prendre cette décision précise, de lui donner cet ordre qu'elle trouvait peut-être injuste mais qu'elle ne faisait définitivement formuler que pour son bien. Elle était sûre et certaine de bien faire, et comme toujours, c'était dans sa nature que de vouloir tout contrôler et prendre la décision à la place des autres. En même temps, quand elle n'intervenait pas, on voyait ce qui se passait. Il suffisait de regarder Eleanora : elle était en roue libre totale.

-J'ai tous les droits, répondit simplement Matildus avec toujours la fermeté.

Ce ne fut que quand elle se rapprocha de Jane pour caresser affectueusement ses cheveux, marque de tendresse fraternelle, qu'elle voulut bien faire preuve d'un peu plus de douceur. Jane était un petit animal apeuré. Il fallait parfois savoir la pousser dans ses retranchements, mais il fallait aussi savoir la rassurer quand elle se montrait un peu trop apeurée, si elle ne voulait pas qu'elle lui file entre les pattes comme s'obstinait à le faire ce maudit agneau fou.

-Ma belle... Ne le prends pas comme une attaque. Je m'inquiète pour toi, tu ne le vois pas ? Tu attends que je réponde quoi ? Bien sûr que je ne vais pas te précipiter dans une situation qui te fera inévitablement souffrir ! C'est en te laissant agir sans intervenir que je serais une très mauvaise amie. Tu comptes faire quoi ? La voir et après ? Si elle ne te reconnaît pas, tu vas souffrir, si elle te reconnaît, tu vas souffrir encore plus. Si mes menaces sont le seul moyen de te faire entendre raison, alors je continuerai de les maintenir, et je n'ai pas l'intention de m'en excuser.

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Jane fronça des sourcils en entendant Matildus affirmer qu’elle avait tous les droits, en réponse à ce qu’elle lui disait. Alors qu’elle lui rétorquait qu’elle n’avait pas le droit de lui interdire quoi que ce soit. Jane était libre enfin, elle avait passé trop de temps en prison, et maintenant elle était enfin libre de faire ce qu’elle le voulait, elle avait justement l’intention de faire ce qu’elle voulait. Peu importait ce que Billie pouvait bien penser, même s’il était évident que Jane n’avait aucune envie de prendre le risque de perdre Matildus non plus.

Billie s’approcha d’elle, se montrant soudainement moins ferme, plus… affectueuse. Elle lui caressa les cheveux avant de reprendre la parole en lui demandant de ne pas prendre ses propos comme des attaques. Jane entendait bien ce qu’elle lui disait, mais il était quand même difficile pour elle de ne pas prendre pour une attaque ce qu’elle venait de lui dire. Même si elle lui disait ça parce qu’elle se faisait du souci pour elle. Elle n’avait pas envie de la laisser faire quelque chose qui pourrait la faire souffrir, que si elle le faisait, elle serait une très mauvaise amie. Forcément, Billie la prenait très clairement par les sentiments, elle appréciait forcément que son amie se préoccupe d’elle, qu’elle se fasse du souci pour elle. Et forcément, quand Billie lui demanda ce qu’elle comptait faire après avoir vu Cherryl, Jane ne pouvait pas réellement répondre à cette question.

« Je comprends… » Oui, elle comprenait bien que son amie et sœur de cœur cherchait surtout à la protéger, à prendre soin d’elle et éviter qu’elle souffre… puisqu’il était évident que dans tous les cas la situation ne pouvait que la faire souffrir. Mais en même temps, elle ne se voyait pas capable de se retenir d’aller voir Cherryl. « D’accord, je… je n’irais pas la voir. » Dit-elle à contre cœur.

Elle disait ça, mais en vérité la jeune femme n’était quand même pas sûre de pouvoir y arriver et de pouvoir se contenir d’aller voir Cherryl. Même si elle entendait bien qu’elle allait sans doute souffrir, parce que celle qu’elle aimait n’allait pas la reconnaître, parce qu’elle allait la voir sans que la jeune femme ne sache ce qu’elles avaient vécu ensemble. Mais elle n’avait aucune envie que Billie décide de se détourner d’elle.

« Je sais que tu veux juste prendre soin de moi… » Même si pour cela, Billie devait se montrer dure avec elle. Matildus se comportait comme une grande sœur avec elle, elle tenait simplement à la protéger. Ce qu’elle ne pouvait qu’apprécier bien sûr, elle savait qu’elle pouvait compter sur elle, qu’elle ne s’en sortirait sans doute pas sans elle d’ailleurs. Sans Billie et Eleanora, elle ne pouvait pas grand-chose en vérité, c’était à trois qu’elles avaient réussi à sortir de cet enfer. « Mais tu ne peux pas juste me donner des ordres. »

Même venant de Billie, elle ne pouvait pas supporter les ordres. Elle ne pouvait plus maintenant qu’elle était enfin libre.

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illie hocha la tête, approbatrice, quand Jane lui confirma qu'elle n'irait pas voir Cherryl. Est-ce qu'elle pouvait entendre ces paroles comme une promesse et avoir l'assurance que son amie, sa soeur de coeur, ne trahirait pas sa parole ? Pas complètement, non. Elle gardait à l'esprit la possibilité qu'elle se contente de lui dire ce qu'elle avait envie d'entendre pour ne pas avoir à endurer une conversation qui lui serait déplaisante, une stratégie qu'elle était elle-même capable d'adopter quand le coeur lui en disait. Cela dit, si Jane avait encore besoin d'être convaincue, Matildus ferait ce qu'il faudrait pour s'assurer une bonne fois pour toutes que les choses se passeraient ainsi qu'elle l'avait décidé - pour le bien de Jane, évidemment. Dans tous les cas, elle comptait bien la garder à l'oeil. S'il devait prendre à Jane l'envie d'aller retrouver sa No-Maj, elle ne manquerait pas d'être au courant.

Dans tous les cas, son intention, elle, demeurait entièrement sincère, qu'on la croie honnête ou non. Elle se souciait très sincèrement de Jane, tout comme elle se souciait très sincèrement d'Elanora. Elle avait tendance à pratiquer l'amour vache, c'était dans sa nature, mais ça n'ôtait rien à la très pure sincérité de ses sentiments envers ses deux anciennes camarades de cellule. Par ailleurs, elle avait le sentiment que l'autorité qui lui imputait en tant qu'aînée n'était pas un luxe, car sans sa supervision, force lui était de constater qu'elles faisaient n'importe quoi. Ce n'était pas une invention de sa part, c'était un fait, ni plus ni moins, et Billie tenait à ce que cette situation se décante, elle tenait à garder la maîtrise de la situation. Puisque Jane tenait cette place d'importance, de la plus haute importance même, dans son coeur, il lui apparaissait logique de s'assurer qu'elle ne devienne pas... une contrainte. Pour cela, si elle devait se montrer vindicative ou autoritaire, elle n'hésiterait pas le moins du monde, pas même un seul instant.

Mais elle connaissait suffisamment Jane, aussi, pour savoir qu'elle pouvait facilement se braquer, et que sa fierté et son esprit de contradiction, qu'elle savait parfaitement apprécier en d'autres circonstances, pourraient être un frein à l'état de leurs relations et de leurs projets, que ce soit auprès d'elle mais pas seulement, auprès de Grindelwald également. Alors il semblait impératif d'arrondir les ongles au bout du compte, même si ça ne devait être qu'en apparence.

-Tu as raison, je n'aurais pas dû te donner d'ordres.

Et donc, elle ne le ferait plus, mais elle trouverait, en revanche, d'autres manières de lui imposer son autorité. Ce n'était pas l'imagination qui lui manquait pour ce faire. Elle avait l'intention de voir Jane agir ainsi qu'elle le désirait. Et quand il était question de Cherryl, elle estimait qu'elle n'agissait jamais que pour son bien.

-Ne m'en veux pas, c'est seulement que je prends tes intérêts très à coeur, c'est tout. Je tiens beaucoup trop à toi pour te laisser te détruire si je peux l'empêcher, tu le comprends, n'est-ce pas ?

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Jane hocha de la tête en entendant Billie affirmer qu’elle n’aurait pas dû lui donner d’ordre. La jeune femme appréciait que son amie le comprenne et réagisse de cette façon. Elle n’avait aucune envie de se disputer avec Billie et qu’elles soient en froid, comme ça pouvait être le cas avec Eleanora. Jane avait beaucoup trop besoin de Matildus pour prendre le risque de la perdre, mais en même temps elle ne pouvait pas tout accepter non plus. Elle ne supportait pas les ordres, elle ne supportait pas qu’on lui dicte sa façon de penser, sa façon d’agir, elle avait besoin d’être libre comme l’air, elle avait besoin de faire les choses à sa manière. Même si elle comprenait quand même que Billie se fasse du souci et ne souhaite que la protéger.

Et d’ailleurs, Jane était incapable de lui en vouloir. Même si elle n’appréciait pas spécialement que son amie l’empêche de voir son ex petite amie, elle savait bien qu’elle ne faisait que ça parce qu’elle cherchait à la protéger, c’était parce qu’elle l’aimait qu’elle se montrait si ferme avec elle. Jane avait juste besoin d’un juste milieu, elle avait besoin que Billie la protège, sans pour autant lui ordonner quoi que ce soit. Même si sans cela, elle n’obtiendrait sans doute pas gain de cause. Jane avait beau dire qu’elle n’irait pas voir Cherryl, au fond d’elle, elle savait parfaitement qu’elle sera incapable de ne pas le faire, autant dire qu’elle trahissait la promesse qu’elle faisait à sa meilleure amie. Mais ce n’était pas contre elle, c’était juste… qu’elle était incapable de taire cette envie ardant en elle.

« Je le comprends oui. » Répondit-elle, quand Billie lui demanda si elle comprenait qu’elle tenait juste trop à elle pour la laisser se détruire si elle pouvait l’en empêcher. Elle comprenait en effet que les actes de sa sœur de cœur n’étaient pas mauvais, qu’elle cherchait seulement à la protéger. « Et je ne t’en veux pas du tout. »

Elle ne pouvait définitivement pas en vouloir à sa sœur de cœur de la protéger quand même. Même si sa manière de lui parler ne lui avait pas plu, elle savait bien que c’était juste parce qu’elle l’aimait qu’elle avait agit comme ça. Elle ne lui en voulait donc pas, et elle savait qu’elle ne lui donnerait plus d’ordre comme elle l’avait fait, parce que Billie avait aussi compris qu’elle avait été trop loin. Si elle le comprenait, c’était évident qu’elle n’irait pas plus loin, même si elle devait apprendre que Jane n’avait pas du tout écouté ses conseils… Parce que définitivement, elle savait qu’elle sera incapable de se retenir d’aller voir Cherryl, même si elle allait prendre soin de ne pas en parler à sa sœur de cœur.

« Bon ! Je vais aller profiter de mon énorme chambre et de ce lit qui a l’air tellement confortable ! » S’exclama-t-elle joyeuse, mais cherchait peut-être aussi à mettre court à cette conversation. « Merci encore pour tout ça ! » Ajouta-t-elle en tournant sur elle, avant d’aller rejoindre cette fameuse énorme chambre où elle n’allait pas pouvoir s’empêcher de ressasser sa conversation avec Matildus.

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