Je connais mes limites, c'est pourquoi je vais au-delà || PV Eleanora

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Je connais mes limites, c'est pourquoi je vais au-delà

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Édouard était perdu dans ses pensées lorsqu'il entendit l'un de ses collègues lui demander s'il était au courant pour Charles Wyndam-Matson. L'Auror leva les yeux vers lui et répondit simplement que non, il ne savait pas ce qu'était devenu ce non-magique. Au vu des yeux que faisait son camarade, Édouard n'avait que peu de doutes concernant le sort de cet homme.

Son collègue lui expliqua que le no-maj avait trouvé la mort dans des circonstances qui restaient encore à déterminer. Oh, quel dommage, vraiment... Le trentenaire fit alors mine de se mettre en colère et répliqua à son interlocuteur qu'il avait pourtant été clair lorsqu'il avait remis son rapport : les jours de ce no-maj étaient comptés, mais visiblement le nouvel Auror chargé de la mission n'avait pas été fichu de lui sauver la vie. Qui fournissait au MACUSA cette bande de bras cassés ? C'était une question à laquelle il ne pouvait pas répondre...

Édouard avait était curieux de voir si Eleanora était capable de venir à bout de sa cible, et il ne pouvait pas nier qu'il était surpris par les talents de cette dernière. Elle était arrivée à remplir son contrat plus vite que prévu. L'Auror devait bien l'admettre, la souris se transformait régulièrement en chat, c'était indéniable.

***

Sa mission du jour consistait à patrouiller tranquillement aux alentours de Manhattan. Deux de ses collègues étaient avec lui, mais il n'y avait rien à signaler. Édouard pensait qu'il était temps d'abandonner lorsqu'on lui informa qu'une sorcière recherchée avait été aperçue non loin d'ici. Apparemment, il s'agissait d'Eleanora Shanks. Les Aurors poursuivirent la fugitive dans les ruelles du quartier, bien décidés à remettre cette femme derrière les barreaux. Édouard regarda ses collègues se séparer, non sans un soupir silencieux, avant de se mettre en route de son côté.

Durant ses recherches, il se demandait comment allait la sorcière. Alors oui, il savait parfaitement ce qu’on pourrait lui dire si on savait quel genre de femme il fréquentait. Passer du temps avec une ex-détenue n’était certainement pas l’idée du siècle, mais il ne pouvait malgré tout pas nier qu'il appréciait passer du temps avec elle. Ce n'était pas simplement parce qu’il aimait retrouver cette dernière dans son lit. Échanger avec elle était agréable, et c'était une sorcière qui l'attirait. Il se sentait... bien avec elle. Certains diraient qu'il était stupide de s'attacher à quelqu'un comme elle, c'était d'ailleurs pour cette raison que personne n'était au courant. Enfin, Matildus Heinzenbert avait vu clair dans son jeu lorsqu'elle lui avait parlé. La rouquine avait été plutôt explicite dans ses intentions : soit il parvenait à rallier Eleanora avec eux du côté de Grindelwald rapidement, soit elle emploierait des méthodes plus violentes. Tss. Édouard avait du mal à comprendre l'obsession de cette jeune femme à vouloir faire de son ancienne camarade de cellule une alliée "pour le plus grand bien". Certes, l'Auror aurait été heureux si Eleanora les suivait, mais il ne pouvait pas forcer la sorcière à les rejoindre si elle n'avait pas la conviction que c'était ce qu'elle désirait vraiment.

Cela faisait désormais plus de deux heures qu'ils déambulaient dans les rues, sans remarquer quoi que ce soit. Édouard vit alors sa silhouette familière dans l'une des ruelles. Il la regarda, non sans avoir cette foutue impression que le temps tournait au ralenti. Le regard de la brune croisa ensuite le sien, et, pour le coup, le temps s'arrêta pour de bon.

L'Auror la plaqua contre le mur et mit une main sur sa bouche. Il entendit au loin l'un de ses collègues lui demander si tout allait bien. Il répondit alors sans hésiter que oui, tout allait bien et qu'il n'y avait rien à signaler de son côté. Il sentit l'impatience de son collègue qui finit par déclarer que leur journée était terminée et qu'ils poursuivraient les recherches le lendemain. Édouard ne pouvait que se satisfaire de cette décision et sourit en entendant son autre associé approuver son camarade. Il les laissa alors s'éloigner. Les deux mages étaient frustrés de rentrer bredouilles, cela ne faisait aucun doute. De son côté, Édouard ne pouvait qu'être rassuré.

Une fois qu'il était certain que ses deux collègues étaient loin, il daigna enlever sa main de la bouche d'Eleanora.

- Toujours au mauvais endroit au mauvais moment, à ce que je vois. dit-il en souriant.

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Les affaires reprennent enfin, et sur les chapeaux de roue, qui plus est, depuis que j'ai refroidi Charles Wyndam-Matson sous le nez des Aurors chargés de sa protection (merci Edouard), on se rappelle que j'existe, et surtout, que je suis capable d'être diablement efficace. Mon carnet d'adresse se remplit lentement mais sûrement, et je crois bien que je serai bientôt capable de trouver un rythme plus appuyé encore que celui qui m'était imposé avant mon petit détour en prison. On ne le croirait peut-être pas, comme ça, mais c'est dingue le nombre de gens qui trouvent quidam à liquider pour un prix parfaitement acceptable. Et moi, ça me va, ça renfloue les caisses, et je peux envisager de ne pas dormir dans la rue la plupart du temps (quand je ne suis pas accueillie dans un lit plus confortable, mais ça c'est une autre affaire).

On pourrait croire que j'ai attiré l'attention des Aurors après telle ou telle mission accomplie d'une main de maître, ce n'est pas le cas. Je me contentais de faire tranquillement ma vie dans les rues de New York, et on m'a repéré. Je le reconnais, je n'ai pas forcément été très discrète, mais il sera toujours hors de question pour moi de passer ma vie à raser les murs. Question de fierté... et cette putain de fierté, croyez bien que j'en ai masse à revendre. Pas grave, je doute fort de me faire coincer dans tous les cas. J'admets quand même qu'il serait préférable que je transplane ailleurs fissa quand mon regard croise un autre, familier.

Edouard. C'est inexplicable, ce qui se passe, avec lui. Des hommes, j'en ai fréquentés, beaucoup. Jamais de comme lui. Avec lui, il y a... autre chose, c'est pas juste de l'attirance (même si elle est clairement présente), c'est quelque chose qui tient de l'alchimie. J'aime pas étiqueter les choses, encore moins les sentiments, mais ce que je sais, c'est que quand je le vois, l'idée de fuir m'abandonne complètement. A la place, je me laisse complètement faire quand il me plaque contre le mur le plus proche et pose sa main sur mes lèvres pour me pousser au silence. Les battements de mon coeur s'accélèrent. Je le trouve encore plus attirant, en cet instant, si c'est vraiment possible.

Je souris contre la paume de sa main quand il décrète à ses collègues qu'il n'y a rien à signaler, collègues qui se résignent finalement à s'en aller. Tant mieux, il n'y a qu'un seul Auror avec qui j'ai envie de passer du temps à l'heure actuelle.

-Question de point de vue, je réponds avec un fin sourire quand il me dit que je m'arrange toujours pour me retrouver au mauvais endroit au mauvais moment. C'est vrai, mais je n'aurais pas voulu être ailleurs à cet instant précis, c'est assez clair. Je vais devoir envisager de te remercier de m'avoir sauvé la peau, je suppose.

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Il aurait certainement dû la laisser filer. Elle aurait sans problème pu transplaner, mais au fond de lui, il espérait pouvoir passer du temps avec elle. Cela lui faisait du bien, et pas uniquement sur le plan physique. Sa simple présence parvenait à lui faire oublier ses problèmes et il pouvait déconner avec Eleanora sans se prendre la tête, sans se rappeler qu’il y avait des limites à ne pas franchir à cause de son poste. Ce genre de relation ne lui arrivait pas souvent, et encore moins de coucher avec ladite relation.

En vérité, il n’avait pas spécialement envie d’y penser. Parce qu’il avait déjà assez de choses qui lui prenaient la tête en ce moment pour se concentrer pleinement là-dessus. Il passait de bons moments, ça n’avait pas l’air de déplaire à Eleanora, autant ne pas chercher plus loin, non ?

Oh, normalement il devrait plutôt passer son temps libre à poursuivre son travail d’agent-double au MACUSA, faire des choses plus importantes que ce qu’il faisait avec elle. Sauf qu’il ne pouvait pas s’en empêcher. Et ce qui était peut-être une connerie… était devenue une habitude.

Il rit à sa remarque. Décidément, cette femme avait un don pour le provoquer, autant que pour l’attirer. Il la scruta droit dans les yeux, mais il était difficile de ne pas s'étendre sur ses lèvres. La fugitive n’était pas décontenancée par la situation. Non, elle en jouait. Il n'était pas surpris puisque la brune semblait ne jamais être inquiète, même lorsqu’elle était à deux doigts de se retrouver une nouvelle fois derrière les barreaux. Fort heureusement pour elle, Eleanora pouvait compter sur l’appui d’Édouard pour éviter qu’une telle chose ne se produise de nouveau. Le sorcier répondit alors, une lueur amusée dans son regard :

- J'imagine que rejoindre Grindelwald serait trop te demander.

Il avait dit cela à moitié pour plaisanter car il savait parfaitement que ses copines de cellule lui avaient déjà fait la morale à ce propos. Évidemment, il souhaitait voir Eleanora dans les rangs du mage noir. Malgré la confiance qu’il s’accordait pour séduire et faire en sorte qu’un individu rejoigne son maître, il était évident qu’il n’avait pas le même pouvoir sur Eleanora. Édouard n’avait jamais rencontré une sorcière comme elle, et même en décelant les sentiments que cette dernière pouvait éprouver à son égard, il se sentait de plus en plus incapable de la manipuler. La sorcière n’était pas du tout indifférente à ses charmes, mais de son côté, il n’était pas indifférent non plus. Elle avait un pouvoir sur lui, tout comme il avait un pouvoir sur elle.

Pourtant, au début, tout était simple. Les deux sorciers prenaient un malin plaisir à tenter de déstabiliser l'autre et à prendre le dessus. Les choses avaient changé depuis. L'Auror éprouvait toujours le même plaisir à jouer avec la sorcière, mais la tournure de leur relation avait était... surprenante.

L’Auror s’avança vers elle. Il ne s’arrêta qu’à quelques centimètres de la sorcière, et esquissa un sourire en haussant les épaules.

- Enfin, j'ai commencé à prendre goût à te sauver la vie, on dirait. Je n’attends aucune compensation de ta part.

Édouard lui fit un clin d’œil, avant de l’embrasser au coin des lèvres. Son sourire s’agrandit un peu.

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Je ne relève pas tout de suite quand Edouard suggère que me demander de rejoindre les rangs de Grindelwald serait trop demander. Décidément, ils se sont tous passé le mot. Et il a raison, ce serait trop demander. Je ne brade pas ma liberté à n'importe quel prix, je ne la brade pas du tout, je ne la cède ni ne la prête. On me l'a dérobée une fois, ça m'a bien assez suffi comme ça. Mais dans le fond, je sais qu'il en a parfaitement conscience. Il ne pense pas réellement me faire entendre raison ou quoi que ce soit de la sorte. Il me connaît. A un point assez troublant, même, à vrai dire, qui me fait me demander s'il ne me connaîtrait pas mieux que quiconque d'autre, au fond.

-Dommage, je réponds sans perdre le fin sourire qui orne mes lèvres quand il affirme qu'il n'attend aucune compensation de ma part.

Je me passerais bien de le voir me sauver la peau à tout bout de champ, tant qu'à faire, mais je pense en effet qu'il a intérêt à y prendre gout voire habitude, car je n'aime rien mieux que frôler le danger d'aussi près que je le peux, et ce constamment... et il est dans la meilleure position pour empêcher cela de me conduire tout droit derrière les barreaux. Pourtant, je n'ai pas le sentiment de me servir de lui. bien sûr, je ne vais pas m'en cacher, ça m'arrange bien qu'il couvre mes arrières, et je ne demande qu'à le voir continuer. Mais ce n'est pas pour ça que j'ai toujours autant de plaisir à le revoir. Non, ça se rapprocherait plus de ce qu'il me fait éprouver quand ses lèvres se posent à la commissure des miennes.

-J'avais quelques idées quant à la manière de te témoigner ma gratitude, j'ajoute avant de l'embrasser à mon tour.

Dans ces circonstances, c'est forcément dangereux, n'importe qui et potentiellement l'un de ses collègues pourrait sans doute tomber sur nous mais bon... comment dire... je m'en fiche pas mal, là.

-Aucune qui implique Grindelwald, cela dit, les plans à trois c'est pas mon truc, j'ajoute une fois nos lèvres séparées. Par contre je devrais vraiment commencer à réclamer un gallion chaque fois qu'on me parle de le rejoindre, je deviendrai richissime.

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La réponse d’Eleanora était prévisible. Elle refusait catégoriquement de rejoindre Grindelwald. Dommage… C’était une sorcière douée, elle pouvait être utile pour la cause qu’il défendait, il en était persuadé. Quoi qu’il en soit, pour le moment, l’Auror préféra ne pas s’appesantir sur ce refus, quelles qu’en soient les conséquences, et se focalisa sur le désir qu’il lisait dans les yeux de la jolie brune. Profiter du moment présent, ne pas se poser de questions. Tout paraissait tellement simple en présence de cette sorcière... Il lui sourit.

- Je ne doute pas de ton inventivité pour te montrer reconnaissante envers moi.

Son sourire se fit plus taquin. Oh, il ne pouvait pas nier qu’il brûlait de désir pour la sorcière à chaque fois qu’il la voyait, et elle était diablement douée pour combler ses envies. Mais s’il se laissait tenter maintenant, il risquait de se contenter de la conduire chez lui sans réfléchir davantage. Et il voulait un minimum discuter avec elle. Mettre au clair certaines choses.

Il se décida donc à répondre au sujet qui fâche. Enfin, ce n'était pas vraiment le sujet qui fâchait, c’était plutôt une incertitude qui flottait dans l'esprit d’Édouard. Il toussa de rire face à la remarque de la sorcière, avant de rétorquer :

- Je sais bien que je ne suis pas le premier à t'avoir fait cette proposition. Ton amie Matildus, enfin Billie, m'a bien fait comprendre qu'elle ne te lâcherait pas tant que tu n'aurais pas accepté de te joindre à Grindelwald. Je n'ai pas franchement sympathisé avec elle, mais j'admire sa ténacité à vouloir faire de toi l'une des nôtres.

Est-ce que Matildus était encore l'amie d'Eleanora ? Il ne saurait le dire, même si la rouquine affirmait tenir énormément à sa camarade de cellule. En tout cas, il avait suffisamment écouté et observé Matildus pour savoir qu'elle était déterminée à convaincre Eleanora de la suivre, peu importe le prix. C’était là une différence entre elle et lui : jamais il ne pourrait se montrer brutal avec la fugitive. Le cas d’Eleanora était… problématique. Bordel, c’était quand même un peu dingue d’être autant attiré par quelqu’un. En tout cas, l’Auror n’avait pas souvenir que ça lui soit déjà arrivé auparavant.

Ce qui le tracassait, c’était les intentions actuelles de Matildus. Il ignorait toujours ce qu’elle trafiquait pour faire changer d'avis Eleanora et il se demandait si la brune était prête à lui faire face. Alors peut-être qu'il devrait se contenter de la laisser se débrouiller seule, mais quelque chose lui disait qu'Eleanora ne pouvait pas gérer cette situation sans son aide.

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Si ça ne tenait qu'à moi, on oublierait bien vite Grindelwald et la possibilité que je le rejoigne un jour et on passerait juste à autre chose, parce que même si un jour je dois changer d'avis, ce dont je doute, ce n'est certainement pas en remettant constamment le sujet sur le tapis qu'on réussira à me convaincre, ou bien ce serait mal connaître mon esprit de contradiction à toute épreuve. Je suis impossible, comme fille, et il faut faire avec, c'est tout ce que je peux vous dire. Si ça ne tenait qu'à moi, je l'embarquerai ici ou n'importe où, je ferais avec lui tout ce que mon esprit me dicte de faire, rendrait réelles toutes les images que le simple fait de poser les yeux sur lui m'inspire... Parce que là, j'ai pas envie de parler de Matildus ou de Grindelwald, j'ai juste envie... de lui.

Et c'est pas juste parce qu'on s'est prouvé qu'on était physiquement sacrément compatible, c'est pas juste quand il est sous mes yeux et que les regards qu'on s'échange son empreints d'une tension telle que je peux pas y échapper. Même quand il est pas là, j'ai envie de lui, pas juste de son corps, pas juste de son odeur ou je sais pas quoi. De lui. Mais je suppose qu'on doit bien aborder plus longuement le sujet qui fâche. Surtout qu'apparemment, Edouard a fait la connaissance de Matildus. Et je ne suis pas étonnée d'entendre que les deux ont eu du mal à s'entendre. Même s'il était logique qu'ils se rencontrent, tout comme je suppose qu'il rencontrera Jane, car après tout, ils appartiennent à la même communauté, c'est tout de même étrange à concevoir, comme si l'un et l'autre appartenaient à des épisodes distincts de ma vie, qu'il est impossible de faire cohabiter.

-Billie n'a jamais accepté qu'on lui dise non. Je l'adore mais je pense qu'elle sera capable de m'écarteler vivante quand elle en aura eu assez de me courir après. Je le dis en plaisantant, mais en même temps... En même temps je pense que c'est assez vrai. Mais je n'ai pas l'intention de m'en angoisser mille ans non plus. Je ne pensais pas qu'elle te parlerait de moi, par contre.

Est-ce qu'elle sait. Billie a un putain de sixième sens, je serais pas surprise. Je serais pas surprise non plus qu'elle sache mieux que moi.

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La plaisanterie d'Eleanora fit à moitié sourire Édouard. Il ne pouvait que la prendre au mot lorsqu'elle lui dit que Matildus serait prête à l'écarteler vivante si elle n'obtenait pas ce qu'elle voulait. Cette veuve noire n'était pas le genre de femme à rester sur un échec. Même si Édouard avait fait la connaissance de Matildus il y a peu, il avait immédiatement cerné cette caractéristique chez la jeune femme : elle était extrêmement têtue. Sur ce point, elle ressemblait bien à Eleanora.

Donc, si Matildus n'avait pas obtenu de sa camarade ce qu'elle voulait la première fois, elle n'abandonnerait pas facilement, quitte à employer toutes les méthodes nécessaires pour réussir à la faire changer d'avis. Il faut dire que dans le trio de fugitives, seule Eleanora s'était montrée réticente à vouloir rejoindre Grindelwald pour suivre sa propre voie. Visiblement, cela n'avait pas du tout plu à la rouquine qui comptait bien tout mettre en œuvre pour faire de son ex-partenaire de cellule une fidèle de Grindelwald. En tout cas, Édouard s’apercevait que malgré leurs différends, Matildus et Eleanora se ressemblaient sur certains points et il était évident que les deux femmes étaient encore très proches.

Étonnamment, la sorcière rajouta qu'elle ne s'attendait pas à ce que Matildus parle d'elle à l'Auror. Et pourtant...

- Notre conversation a tourné principalement autour de toi.

Si ce n'est exclusivement à propos d'elle. Si Matildus lui avait parlé ce soir-là, ce n'était certainement pas pour échanger tranquillement autour d'un verre. Elle était venue à lui pour lui demander son aide et faire en sorte qu'Eleanora se montre plus encline à rejoindre les rangs du mage noire. Il avait expliqué à Matildus qu'il parlerait à la brune pour tenter de lui faire changer d'avis, même s'il avait de sérieux doutes quant à ses chances de lui faire entendre raison. Si Matildus était convaincue de pouvoir faire d'Eleanora une fidèle de Grindelwald, Édouard en doutait beaucoup plus. Il savait à quel point la jeune femme tenait à sa liberté et qu'elle ne l'échangerait pour rien au monde. Il l’acceptait, même si ç'aurait été clairement différent avec quelqu'un d'autre. Généralement, Édouard avait pour habitude d'obtenir ce qu'il désirait sans faire de compromis et sans la moindre difficulté. Là, c'était différent. Jouer avec les sentiments d'Eleanora ne faisait pas partie de ses projets.

- Si elle est venue me parler, c'est parce qu'elle sait que je suis proche de toi.

En tout cas, Matildus savait que les deux sorciers couchaient ensemble, et qu’Édouard tenait plus à Eleanora qu'il ne voulait bien l'admettre. Enfin, il ne cherchait plus désormais à cacher l’effet qu’elle avait sur lui, ce serait ridicule de toute façon.

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Je ne vais pas le cacher, mais l'idée que Billie soit venue trouver Edouard dans l'unique but de lui parler de moi ne me déplaît pas. Je devrais m'en inquiéter pour tout un tas de raisons, mais je me sens plutôt flattée. Même si dans le fond, rien ne va là-dedans. Parce que le fait qu'elle soit venue trouver l'Auror prouve bien qu'elle explorera toutes les options pour m'obliger à faire ce que je ne veux pas... et je connais Billie, je ne pense pas qu'elle puisse nuire à Edouard mais... le doute est permis. Et le fait qu'elle nous ait surpris est aussi quelque part alarmant.

Moi, je m'en fiche que la terre entière sache que je couche avec Edouard Blum, mais lui, si quelqu'un l'apprenait, il perdrait direct sa place au MACUSA. Quelque part, c'est peut-être le coup de pied au train dont il aurait besoin pour embrasser la vie qui lui convient vraiment et que je ne pense pas compatible avec la vie de l'Auror qu'il est pour le moment. Enfin, là encore, je pense que pour l'instant, il n'y a pas de quoi en faire tout un plat. M'angoisser inutilement, ce n'est pas mon genre du tout de toute façon. Je pense que Billie n'a pas encore abattu toutes ces cartes, et si je n'aime pas franchement savoir qu'elle a inclus Edouard dans l'équation, je n'ai pas l'intention de me prendre la tête malgré tout. Non, ça servirait à rien.

-Je dois avouer que l'idée ne me déplaît pas, je me contente de dire en affichant un sourire. J'adore être au centre de l'attention.

Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de dramatiser la situation à outrance, pas tant qu'on en sait pas plus. Je m'y pencherais quand même vite fait. Peut-être en allant trouver Jane, j'aurais plus de chances de raisonner Billie avec elle que toute seule dans mon coin. Mais ce sera pour plus tard. J'ai bien mieux à faire pour le moment.

-J'ai une assez bonne idée de ce que Billie a dû te dire, j'ajoute, laissant quand même parler ma curiosité. Je peux me le permettre, après tout, je suis la principale concernée, pas vrai ? En revanche, je me demande ce que tu lui as répondu.

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Il risquait gros. Très gros. Si jamais quelqu’un apprenait le genre de relation qu’il pouvait entretenir avec une criminelle recherchée, il pouvait dire adieu à sa réputation durement reconstruite depuis qu’il était arrivé aux États-Unis. Il ne s’était pas donné autant de mal pour voir sa carrière balayée en quelques secondes. Non, il n’en était pas question. Édouard avait espoir que la jeune femme comprenne les risques qu’il encourait à traîner avec elle, et qu’elle ne prendrait aucun risque inutile susceptible de briser sa couverture. Si elle pouvait ne pas trop attirer l’attention en ce moment, cela l’arrangerait grandement. La brune lui demanda ensuite ce qu’il avait dit à Matildus. C’était assez simple.

- Que j'essaierai de te faire changer d'avis.

Parce que c’était ce qu’il espérait, au fond. Lui qui jouait d’habitude la subtilité, on ne pouvait pas être plus explicite que lui à cet instant. Pour obtenir ce qu’il désirait de sa cible, il savait parfaitement qu’il fallait s’armer de patience et employer les mots justes qui pourraient l’amener à aller dans son sens. La patience était la vertu la plus essentielle lorsqu’il s’agissait de manipuler quelqu’un. Édouard en avait parfaitement conscience sauf qu’en l’occurrence, il ne considérait pas Eleanora comme une cible. Pas en ce moment. Il ajouta :

- Mais je sais que tu tiens bien trop à ta précieuse liberté pour l’abandonner.

Il n'avait pas dit cela sur un ton de reproche. Édouard pouvait aisément comprendre qu'après un séjour en prison, elle n'avait pas spécialement envie de se retrouver enchaînée à une cause qu'elle n'approuvait peut-être pas totalement. Pourtant, l'Auror ne pouvait s'empêcher de se dire qu'Eleanora avait tout intérêt à rejoindre Grindelwald car cela lui éviterait pas mal d’ennuis. Il savait parfaitement que la sorcière était le genre de personne qui ne se prenait jamais vraiment la tête. C’était d’ailleurs ce qui lui plaisait chez elle. Lui qui avait tendance à prendre ses missions trop à cœur, il trouvait en Eleanora un sentiment d’évasion qu’il ne ressentait jamais. Cependant, elle semblait minimiser les menaces qui pesaient sur elle actuellement. Enfin, c'était une grande fille, elle pouvait décider ce qu'elle voulait, même si sa décision n'était pas forcément celle que l'Auror espérait.

Édouard n'aimait pas qu'on lui résiste, mais la brune était un cas particulier. Du côté de Matildus aussi, il y avait une aversion pour l'échec. Le trentenaire songeait que le désir de Matildus de voir Eleanora dans leur camp était certes motivé par sa conviction dans les idéaux de Grindelwald, mais il y avait aussi une part d'ego là-dedans. Il ignorait quel était le point de vue de Jane dans cette histoire puisqu'il ne l'avait jamais vu, mais il serait sûrement amené à la rencontrer un jour car elle avait fait le choix de se joindre au mage noir. Étrange de la part d'une femme qui avait eu une relation avec une no-maj, enfin il se ferait un avis sur elle lorsqu'il la verrait. Pour l'heure, il avait d'autres préoccupations.

Bon, il n'avait pas non plus l'intention d'éterniser la conversation sur ce sujet avec Eleanora. Elle était libre de choisir ce dont elle avait envie et si rejoindre Grindelwald ne faisait pas parti de ses projets actuellement, eh bien tant pis. Peut-être qu'un jour elle se déciderait à sauter le pas, ou peut-être pas. Seul l'avenir le dira.

- A part ça, j'ai appris que t'avais tué Wyndam-Matson ?

Elle l'avait éliminée rapidement. Bon, elle avait eu un précieux coup de main pour y parvenir, mais c'était assez impressionnant qu'elle s'en soit chargée aussi vite.

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Au fond, je me doute que ça arrangerait Edouard également, que je rejoigne Grindelwald. Je pourrais choisir cette solution de facilité qui contenterait tout le monde, et le pire c'est que je serais capable de me plaire au service de Grindelwald. Après tout, j'approuve ses idées, et je pense pouvoir m'adapter à ses méthodes... mais non, c'est comme ça. Je ne veux répondre aux ordres de personnes, peu importe les circonstances.

J'affiche un nouveau sourire quand il observe que je tiens trop à ma précieuse liberté pour ça. Il me connaît bien. Il a raison. Je veux rester libre quoi qu'il m'en coûte, et si la prison m'a bien appris une chose, c'est que cette liberté que je savoure ici et maintenant est ce que je possède de plus précieux. Je ne saurais la troquer contre quoi que ce soit d'autre. Il n'y a pas vraiment de reproche dans sa voix. Il le respecte, je le sais. Je sens bien que ça l'emmerde un peu mais quand même. Il ne m'obligera pas à aller dans son sens, et rien que pour ça, il me plaît encore davantage.

Inutile d'en parler plus longuement. Je ne pense pas changer d'avis un jour, mais si ça doit être le cas, ce ne sera sûrement pas parce qu'on m'aura forcé la main. Je préfère largement changer de sujet. Je gérerais par mes propres moyens la frustration de Billie... j'aimerais juste qu'elle ne revienne pas faire chier Edouard plus tard dans l'intention de m'atteindre moi. C'est lui qui change de sujet, il évoque la mort du No-Maj. Forcément, il ne peut qu'être au courant.

-On dirait presque que ça te surprend, je vais me vexer, je réponds sans en penser un seul mot. Je le regarde droit dans les yeux, avec une intensité toute travaillée. Au risque de t'étonner, je suis sacrément bonne dans ce que je fais. Dans certains domaines, je pense qu'il a pu en juger. Et je l'aurais refroidi même sans ton aide, au passage.

Bon, ça ce n'est pas dit. Mais je ne manque dans tous les cas pas de confiance en moi, et puisque nous ne pourrons plus en juger, je peux bien me permettre de le dire.

-Je commence à t'être un peu trop redevable, je ne suis pas sûre d'aimer ça, j'ajoute avec un nouveau sourire.

Oui et non, en vérité ça ne me dérange pas tant que ça. Mais je n'ai pas envie de dépendre de lui non plus. Je ne veux surtout pas dépendre de qui que ce soit. Et parfois, je me dis pourtant que je pourrais facilement basculer.

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Édouard se demandait à quel moment il allait se décider à écouter cette petite voix qui lui glissait que l'aborder là, discuter avec elle et continuer à en vouloir était une très, très, très mauvaise idée. Probablement la pire du monde en cette période. Enfin, lorsqu’il la regardait, c’était déjà trop tard. Et cette aventure pourrait potentiellement mal finir. Surtout pour lui, en fait. L'Auror chassa cette pensée d’une pichenette mentale avant d’esquisser un sourire amusé.

Elle avait envie de changer de sujet, tout comme lui. D’un ton où il ne sentait aucune susceptibilité de sa part, elle lui répondit qu’elle était vexée face à son étonnement pour le meurtre du no-maj. Non pas qu’il doutait des capacités de tueuse de la brune, il savait bien qu’elle était douée dans ce domaine… comme dans d’autres.

Elle insinuait qu’elle l’aurait refroidi sans son aide. Édouard ne le pensait pas. De son côté, il était persuadé qu’il aurait empêché l’exécution de Wyndam-Matson si une personne autre qu'Eleanora s'en était prise à lui. Enfin, aucun des deux sorciers ne pouvaient prouver le contraire puisque désormais, cet individu n’était plus de ce monde.

Eleanora insinua ensuite qu'elle n'appréciait pas le fait d'être redevable envers l'Auror. Édouard esquissa un sourire, avant d'afficher une moue faussement insatisfaite.

- Ah oui ? Là c’est toi qui me vexes. Je pensais que ce petit jeu te plaisait bien…

Il marqua une pause, avant d'ajouter :

- Je pourrais te laisser tranquille, si c’est ce que tu veux.

Il l'enlaça, avant de l'embrasser. Avait-elle réellement envie que ça s'arrête ? Édouard était intimement persuadé que non. Mais de son côté, il ne pouvait pas dire qu'il était capable d'arrêter non plus. Elle était une femme vraiment intrigante. Même s'il la côtoyait depuis longtemps, et même si leur relation avait pris un chemin auquel il ne s'était pas attendu, il songeait qu'il lui restait encore tellement de choses à découvrir qu'il ne pouvait pas la laisser partir maintenant.

Messages : 397 Date d'inscription : 31/01/2019

Je connais mes limites, c'est pourquoi je vais au-delà
Ft. Edouard & Eleanora

Est-ce que ce petit jeu me plaît ? Je serais bien incapable de le nier. Oui, il me plaît, il me plaît même trop, sans doute. C'est comme ça, ça a toujours fait partie de moi, j'aime jouer... en revanche, je déteste perdre. Mais à ce jeu où nous n'avons jamais pris la peine de fixer les règles, je me dis qu'il risque de n'y avoir que des perdants. Ou que des gagnants, peut-être ? Le meilleur moyen de ne pas m'inquiéter de cela, c'est encore de m'assurer que cette partie ne touche pas à sa fin, ou bien le plus tard possible. Sauf que ça ne dépend pas que de moi. Ceci dit, les propos et surtout les gestes d'Edouard me laissent penser sans trop craindre de me tromper qu'il n'est pas plus lassé que moi de ce jeu-là.

Il pourrait me laisser tranquille, dit-il, je sais qu'il le suggère uniquement parce qu'il sait ne prendre aucun risque. Je n'ai pas la moindre envie qu'il me laisse tranquille. C'est assez étrange, au fond. Il fait partie de ma vie depuis longtemps, mais maintenant, il en deviendrait presque un élément indispensable. Non... je saurais me passer de lui... Juste... je n'en ai vraiment, mais vraiment aucune envie. Encore moins quand il m'embrasse comme il le fait. Je devrais être sacrément conne pour me passer de ça.

-Tu veux venir chez moi ? je lui propose quand mes lèvres acceptent enfin de se séparer des siennes (c'est pas si simple qu'on pourrait le croire).

Je pourrais demander à aller chez lui, dans son appart bon chic bon genre aux antipodes de l'endroit où je vis actuellement, mais visiblement, c'est pas le bon plan. Si Billie m'a peut-être vue sortir de chez lui, les "amis" d'Edouard au MACUSA le pourraient bien aussi. Bon, s'il accepte, il va découvrir l'inconfort et l'insalubrité de ce qui me sert de piaule en ce moment (et sûrement pas pour longtemps, vu que je change d'adresse le plus souvent possible), mais ça fait partie du jeu, de ma vie, et de ce que je suis. Et puis, même si j'adore l'idée de ces étreintes qui pourraient bien être surprises à tout moment, flirter avec le danger a ses limites.

:copyright: Belzébuth

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