Nightmare ••• Les vacances scolaires permettaient à Lucius de souffler un peu et de se recentrer sur lui-même. Enfin, il ne pouvait pas non plus se permettre de ne rien faire, il avait tout un tas de copies à corriger. Plus tôt il s'y mettrait, plus tôt il terminerait. Il passa donc sa soirée à s'exaspérer sur des erreurs stupides ou à pousser des soupirs de soulagement quand, enfin, il lisait des choses intéressantes.
L'horloge de Lucius indiquait 1 heure du matin. Hésitant, il attrapa tout de même une autre copie et commença sa lecture, mais rapidement ses yeux commencèrent à se fermer tout seuls. Lorsque sa plume glissa de ses doigts et se posa délicatement sur le sol, il se dit qu'il était temps pour lui de se coucher. Exténué, il ne mit pas longtemps à s'endormir. Malheureusement, c'est un cauchemar qui l'accueillit dans son sommeil. Il vit sa femme et sa fille en train de se noyer, poussant des cris, le suppliant de leur venir en aide. Ses pieds refusaient de bouger, il était impuissant et ne pouvait rien faire pour les sauver. Les larmes aux yeux, il vit les deux êtres auxquels il tenait le plus au monde couler et ne plus remonter à la surface. Lucius gémit faiblement et se redressa brusquement de son lit, en sueur. Haletant, il sentit des larmes couler le long de ses joues. Il se frotta les yeux et regarda l'heure : 3 heures du matin. Peu à peu, il parvint à se calmer. Il se leva et passa dans la salle de bain pour prendre une douche fraîche, essayant d'évacuer ses pensées noires. Ce n'était pas la première fois qu'il faisait un tel cauchemar, et il savait pertinemment que ce n'était pas la dernière fois non plus.
Lucius sortit sur son balcon et alluma une cigarette. Il n'arriverait jamais à se rendormir avant un long moment, alors autant profiter de la fraîcheur nocturne pour s'apaiser. Il resta une bonne demi-heure dehors, les yeux fermés, incapable d'effacer de son esprit les visages d'Ewa et Julia.
Un bruit attira son attention dans son salon. Il tourna aussitôt la tête. D'abord, le sorcier cru avoir halluciné, mais le bruit persista. Aucun doute : quelqu'un se trouvait chez lui. Son sang se figea lorsqu'il prit conscience que sa baguette était posé sur la table de nuit de sa chambre. Jamais il ne pourrait la prendre sans passer par le salon. Merde. Lentement, il rentra et vit une silhouette dans l'obscurité. Il glissa discrètement derrière elle et la plaqua contre le mur avec une main, l'autre poing serré, prêt à frapper. La lumière de la lune lui permit d'analyser quelques instants le visage de l'intrus et ses yeux s'écarquillèrent. Un tel visage ne pouvait s'effacer de sa mémoire, même s'il ne l'avait pas vu depuis de nombreuses années. Lucius lâcha son emprise et s'écarta.
- Crazy Lamb. Ce surnom. Ça faisait un baille qu'il ne l'avait pas utilisé. Le sorcier se posa immédiatement tout un tas de questions. Déjà, comment était-elle rentrée chez lui ? Il n'en avait aucune putain d'idée. Et qu'est-ce qu'elle faisait là ? Leur chemin s'était séparé à la fin de leur scolarité à Ilvermorny. La revoir fit ressurgir en lui tous les agréables moments qu'il avait passé en sa compagnie. Elle était la première femme à lui avoir fait tourner la tête et ensembles ils avaient foutu un bordel monstre à Ilvermorny. Lucius avait rapidement arrêté de compter le nombre d'heures de colle et de travaux à faire à cause de leurs conneries.
Enfin, l'école était loin derrière eux maintenant et Lucius était un autre sorcier. Il ne pouvait pas dire qu'Eleanora avait évolué dans le bon sens. Il avait appris qu'elle s'était retrouvée en prison pendant trois ans et qu'elle s'était échappée. Une fugitive donc. Peut-être était-elle justement traquée en ce moment-même.
- Mais bordel, qu'est-ce que tu fous là ?
Le sorcier était totalement confus. Il ne savait pas s'il était heureux ou en colère de la revoir. Surtout dans son salon, à 3 heures du matin.
Eh ben mon vieux, ça doit bien payer, d'être professeur à Ilvermorny, je songe en considérant l'étendue de l'appartement dans lequel je viens de mettre les pieds. En même temps, j'avoue qu'à force de vivre de contrats mirobolants et de séjours en prison, j'ai un peu oublié ce que cela pouvait bien faire que de vivre d'un salaire fixe. Enfin non, c'est pas que je l'ai oublié, disons plutôt que je ne l'ai jamais su, c'est différent. Qu'est-ce que je fais là ? vous demanderez-vous en lecteurs consciencieux. Eh bien... moi-même je ne saurais pas vraiment l'expliquer. J'avais besoin d'une planque, rapidement. Et c'est cette adresse qui m'est venue en premier lieu.
Reprenons du début, ce sera sans doute plus simple. Le dernier contrat - dont je me suis parfaitement bien acquittée, on s'en fout mais je considère que c'est important - qu'on m'a confié s'est passé à la perfection. Pour une fois, c'était la tête d'un sorcier qui était mise à prix. Pas mes victimes préférées. Les No-Majs sont plus simple à taire définitivement. C'est pas de la discrimination, c'est un constat. Et aussi, quand les No-Majs veulent venger leurs copains morts, ils n'ont ni les moyens ni les capacités de me retrouver. C'est pas le cas des petits copains de ma dernière victime qui l'ont visiblement mauvaise... J'aurais dû demander plus, pour le coup. Comme si c'était pas assez de devoir échapper aux Aurors, je me retrouve avec les membres d'un gang obscur sur le dos. Il faut que je me retourne, que je me pose et que je me planque quelque temps, juste le temps de me retourner. Je ne pouvais pas retourner dans mon chez-moi improvisé que je squattais dernièrement.
Evidemment, l'option la plus logique aurait été de retrouver Jane et Billie. Je sais qu'il y a une chambre qui m'attend chez elles. Mais je ne peux pas faire ça. Et encore moins avoir une dette envers Billie. Je les adore vraiment, mais si je les retrouve, je sais que je peux dire adieu à mon indépendance... Alors je suis ici. C'est Eric qui m'a reparlé de Lucius, qui apparemment est devenu prof, le genre type carré, rangé, rien à voir avec mon compagnon d'adolescence avec qui j'avais fait les quatre cents coups. A la base, j'avais récupéré son adresse en me disant que ça me ferait plaisir de le revoir, en souvenir du bon vieux temps et de notre complicité passée, même si c'était prendre le risque qu'il me dénonce au MACUSA dans la seconde, mais finalement, c'est dans l'urgence que je me suis rendue chez lui...
L'appartement semble vide, peut-être qu'il crèche à l'école en ce moment ? La suite détrompe mon hypothèse. Il me plaque contre le mur sans que j'ai le temps de réfléchir. Il a gardé de sacrés réflexes, le bougre. Un sourire s'esquisse sur mes lèvres quand j'entends sa voix, et le surnom qu'il a presque inauguré et qui me poursuit encore.
-Moi aussi je suis contente de te revoir, Lucius, dis-je en le regardant dans le blanc des yeux. C'est une très longue et moche histoire. Si tu veux mon avis, un verre ne sera pas de trop pour te la raconter.
:copyright: Belzébuth
Lucius Miller
Messages : 101 Date d'inscription : 09/04/2020 Age du joueur : 25
Nightmare ••• Contrairement à lui, elle n'avait visiblement rien perdu de son espièglerie. Une qualité qui lui plaisait énormément autrefois mais les choses avaient changé. Lucius était désormais un professeur respectable qui avait un temps servi le Bureau international des lois magiques au MACUSA. Autant dire que la justice était quelque chose qui lui tenait à cœur. Certes, il n'était pas du tout en accord avec certaines lois et continuait de se battre pour davantage de progressisme, mais il n'était pas question pour lui d'accorder des faveurs à des hors-la-loi.
Enfin... à quelques exceptions près, peut-être. Il jaugea Eleanora de la tête aux pieds, incapable dans un premier temps de lui répondre lorsqu'elle déclara qu'elle était contente de le revoir et qu'un verre serait une bonne idée. Elle était décidément très culottée de se pointer chez lui et de lui dire ça, comme si de rien n'était. Malgré tout, cette réponse ne le surprit qu'à moitié. Lorsqu'il avait connu Eleanora, elle était une femme du style je-m'en-foutiste alors ce n'était pas très étonnant qu'elle le soit toujours.
Les choix de vie de la sorcière ne correspondaient pas aux siens. Leurs destins étaient opposés. S'il écoutait sa petite voix intérieure, il la dénoncerait aux autorités sur le champ. Mais cette petite voix n'était pas de taille contre le reste de sa conscience. Il hésitait. Avait-il encore au plus profond de lui une quelconque affection pour la sorcière ? Hm. Il faut croire qu'il ne peut pas oublier les années de bonheur à l'école. Des années chaotiques, certes, mais des années de bonheur tout de même. Et Eleanora en était pour quelque chose.
- Généralement on demande avant de s'inviter chez quelqu'un.
Jamais il n'aurait pensé faire ce genre de remarque au petit agneau. La politesse, les bonnes manières, ne faisaient clairement pas parties de leur vocabulaire auparavant. Elle devait être plutôt surprise de ce qu'il était devenu. Un professeur avec une vie rangée, loin des quatre cents coups qu'ils avaient pu faire à Ilvermorny. C'était loin d'être le genre de vie auquel il aspirait lorsqu'il était adolescent.
Méfiant, Lucius se dirigea vers le bar et sortit une bouteille de whisky pur-feu. Il s'installa dans son fauteuil et versa le liquide dans deux verres scintillants. Ses yeux verts perçants ne quittaient pas la fugitive.
- Poser des problèmes au MACUSA ne te suffit pas, il faut aussi t'attirer les foudres de sorciers peu fréquentables.
Il savait lire en elle et il n'avait pas l'intention de prendre des pincettes. Il rajouta, tendant un verre à Eleanora :
- Mais je t'en prie, donne-moi les détails.
La curiosité l'emportait pour l'instant sur la rationalité.
Je ne relève même pas la remarque de Lucius quand ce dernier observe que généralement on s'annonce avant de s'inviter chez les gens. Mais où serait l'effet de surprise, alors ? Même si l'urgence ne m'avait pas poussé à choisir son adresse dans l'immédiat, il est sûr que je ne lui aurais pas envoyé un hibou pour le prévenir de mon arrivée, et pas seulement parce que ce serait trop risqué dans la situation, parce que ce serait moins drôle autrement. Mais il semblerait que nous n'ayons plus exactement le même humour. Eric n'avait rien exagéré au sujet de Lucius. Je m'en rends compte en quelques mots seulement. Il n'est plus le même. Est-ce que je suis déçue ? Non, intriguée serait un mot plus juste. Je ne sais pas encore quoi en penser en vérité.
Il consent à me servir un verre, mais me coupe un rien dans mon élan en résumant en quelques mots ma situation. Certaines choses ne changent pas. La tentation constante de Lucius à fouiner dans les pensées de ses interlocuteurs non plus. C'est drôle, j'avais fini par oublier cette habitude de sa part. Déstabilisante de prime abord, mais que j'avais vite apprécié. Il faut dire que si j'ai mes petits secrets comme tout le monde, Lucius était de ceux avec qui je pouvais me montrer transparente. A nu dans tous les sens du terme. J'ignore la part de jugement qu'il y a ou non dans son propos. Mais j'admets par contre que ça me refroidit un peu. Je bois une gorgée du verre qu'il m'a tendu avant de répondre.
-Pourquoi t'embarrasser avec les détails si tu sais déjà tout ? dis-je de mauvaise foi. Les détails qu'il n'a pas encore, je ne doute pas qu'il les récupérera bien vite, au gré de mes pensées volatiles, qui ont très souvent tendance à partir dans tous les sens. J'ai besoin d'un endroit où crécher, juste pour quelques jours. Sous-entendu chez lui. Même si je sens qu'il ne sera pas prêt comme autrefois à m'aider. Les temps ont changé. Il a changé. Pas moi. Je suis sans doute pire que du temps d'Ilvermorny. Et j'avais envie de te revoir.
Sincèrement. Même si notre discussion doit prendre une tournure déplaisante, ça ne change rien. Il m'a manqué. Lucius, c'est tout un pan de ma vie. Il a rendu ma scolarité plus heureuse, plus amusante, plus animée. Il a compté. Alors il compte encore.
:copyright: Belzébuth
Lucius Miller
Messages : 101 Date d'inscription : 09/04/2020 Age du joueur : 25
Nightmare ••• Elle évita de s'attarder sur les détails, prétextant qu'il savait déjà tout grâce à ses facultés de legilimens. Certes, Lucius peut lire dans les pensées, mais il ne pouvait pas savoir exactement les mésaventures d'Eleanora. Il porta le verre à ses lèvres et bu une petite gorgée. Ce n'était pas très malin de boire ce genre de boisson à une heure pareille, il ne voulait pas que son esprit se brouille en la présence de la fugitive. En même temps, il savait que son esprit était assez résistant pour encaisser un verre, d'autant plus qu'après le cauchemar qu'il avait subit, il ne pourrait très certainement pas se rendormir de la nuit. Il fit une mine bougonne et marmonna :
- Dommage, j'étais partant pour une petite histoire.
La sorcière ne mit pas longtemps à donner les véritables raisons de sa présence ici. Lucius haussa un sourcil, toisant Eleanora du regard. Non seulement elle se permettait de débarquer chez lui à l'improviste, mais en plus elle souhaitait rester ici quelques temps. Son audace n'avait aucune limite.
- Tu n'as décidément pas changé.
Tout le contraire de lui, en somme. Elle déclara qu'elle avait eu envie de le revoir. Après toutes ses années sans nouvelle, était-elle sincère ? En s'attardant sur les pensées du petit agneau, il se rendit compte qu'il l'était, ce qui le surprit un peu. Avec le temps et avec sa vie de famille, il avait peu à peu finit par effacer ses anciennes relations. Pas entièrement, bien évidemment. Eleanora avait une place spéciale dans son cœur puisqu'elle était sa partenaire à Ilvermorny, celle qui le comprenait le mieux et qui s'était ouverte à lui, complètement. Ils avaient vécu beaucoup de choses ensembles, trop de choses pour qu'il se montre totalement froid avec elle, malgré les années qui s'étaient écoulées.
- Mais je suis content de te revoir. finit-il par avouer.
Cependant, il lui était impossible de fermer les yeux sur les actes d'Eleanora. Elle avait du sang sur les mains. Les bêtises d'Ilvermorny, bien que très mesquines et dangereuses parfois, n'égalaient pas l'acte de supprimer une vie.
- Pourquoi devrais-je accepter d'héberger une criminelle, recherchée pour meurtres par les autorités ?
Je ne serais pas vraiment capable de dire si Lucius est sérieux ou non quand il réplique d'un ton bougon qu'il aurait pourtant été partant pour une petite histoire. Incapable pour moi de savoir où se situe le sarcasme, la sincérité, le mépris. Tout ça se mélange, parce que je ne sais simplement plus déterminer ce qu'il reste en l'homme que j'ai face à moi de celui qui a contribué à rendre ma scolarité à Ilvermorny, et mon adolescence, bien plus heureuse. Eric ne plaisantait vraiment pas en m'assurant que Lucius n'était plus le même, j'aurais presque le sentiment de marcher sur des oeufs. Sauf que ce genre de démarche, c'est justement pas mon truc du tout. Moi, je mets les pieds dans le plat, en règle générale. Au mépris de la prudence, bien sûr, et au mépris de ma propre sécurité encore davantage.
Clairement, quand il dit que je n'ai pas changé, je ne peux pas lui retourner le compliment. Je songe à le formuler de vive voix, mais je sais que ce n'est pas nécessaire. Il est capable de lire en moi comme dans un livre ouvert, comme il le fait avec tout le monde, alors il doit déjà savoir ce qu'il en est. Je ne sais pas si me découvrir si semblable à qui j'étais autrefois lui déplaît tant que ça ou non. Dans tous les cas, il ne me changera pas, personne ne me changera. Peu importe les extrêmes, bons ou mauvais, vers lesquels l'on cherche à m'entraîner.
Mon sourire s'élargit quand il confesse tout de même être heureux de me revoir, ce que j'interprète comme un bon signe. J'aurais regretté qu'il soit vraiment capable de faire table rase de tous nos souvenirs communs. Ils sont si nombreux, si essentiels. Ils m'ont façonnée en partie, sans mentir, même si de toute évidence ils n'ont pas eu un impact aussi durable sur Lucius. Certains diront qu'il a grandi, pas moi. Je ne leur en tiendrais pas rigueur. Je reconnais que je suis une grande enfant.
Mon sourire ne disparaît pas quand il refait mon curriculum, histoire de me signifier qu'il n'a aucune vraie bonne raison d'accepter de m'héberger au nom de mon statut. Criminelle en fugue, et pas de moindres crimes. Il sait, il savait avant que je ne passe le pas de son appartement. Mais puisqu'il ne m'a toujours pas dénoncé, je prends ça pour un bon signe.
-Je ne sais pas, je réponds avec nonchalance. En souvenir du bon vieux temps ? Je marque une pause. Tu sais, j'ai jamais refroidi personne qui l'ait pas franchement mérité. C'est sûr, c'est moins valorisant que de rabâcher de vieilles histoires à des salles gosses mais...
Mais c'est moi, c'est ma vie, et j'aimerais qu'il choisisse de ne pas en tenir rigueur, même si c'est gros, pour ne se soucier que de nos retrouvailles.
:copyright: Belzébuth
Lucius Miller
Messages : 101 Date d'inscription : 09/04/2020 Age du joueur : 25
Nightmare ••• Il s'attendait à ce qu'elle fasse mention de leur passé. Forcément que cela comptait pour Lucius. S'il faisait abstraction de tous, il aurait accepté d'héberger la fugitive sans la moindre hésitation, mais il ne pouvait pas faire comme si de rien n'était et tout risquer pour elle. Son travail, sa réputation.... Alors oui, il y a des jours où Lucius a envie de tout foutre en l'air. A quoi bon continuer à vivre de la sorte en ayant perdu ce qui comptait le plus à ses yeux ? Il se demandait parfois pourquoi il n'avait pas déjà perdu la raison. Et puis il pensait à ses amis, à ses élèves, et il se disait qu'il lui restait tout de même des choses qui lui permettaient de se raccrocher à sa vie d'aujourd'hui.
La sorcière insinua qu'elle n'avait jamais tué quelqu'un qui ne le méritait pas. Ça se discutait. Après tout, elle tuait pour de l'argent. Si le contrat était alléchant, se posait-elle vraiment des questions sur sa cible ? Elle ironisa ensuite sur son poste de professeur, et il ne put s'empêcher de rire. Il est vrai que si on lui avait dit qu'il deviendrait enseignant lorsqu'il était élève à Ilvermorny, il aurait cru à une bonne blague. Ce n'était pas franchement ce à quoi il aspirait dans ses jeunes années. Cependant, il avait vite réalisé à quel point son métier le passionnait et lui permettait de retrouver un équilibre qu'il avait perdu. C'est avec un fin sourire qu'il appuya la remarque d'Eleanora.
- Nous sommes d'accord, c'est beaucoup moins valorisant.
Son métier était ce qui lui permettait de s'évader. Peu importe qu'on lui dise qu'il n'avait pas fait un choix très judicieux en abandonnant son poste plus prestigieux au MACUSA. Du moment qu'il s'épanouissait, c'était la seule chose qui comptait à ses yeux. Il se sentait tout de même coincé, incapable de rembarrer la sorcière et de la dénoncer, même si une part de lui en avait envie. Pensif, le sorcier leva la tête. Il ne s'attendait pas vraiment à devoir accepter ou non la présence de la fugitive sous son toit ce soir-là. Enfin, cela rendait sa soirée plus excitante et lui changeait les idées. Ce n'était pas plus mal.
- El', j'ai envie de t'aider mais...
Choisir d'aider Eleanora, c'était choisir d'aider une meurtrière. Bien évidemment il y avait d'autres facteurs qui entraient en jeu. Si une tueuse lambda avait débarqué chez lui en lui demandant de l'aider à se cacher pour quelques jours, il sait qu'il n'aurait pas hésité à la dénoncer. Ici, les choses n'étaient pas aussi simples.
- Tu te doutes que je ne peux pas accepter comme ça, sans réfléchir.
Si le MACUSA apprenait qu'il hébergeait Eleanora Shanks, nul doute qu'il aurait de sérieux ennuis. Et si ce groupe obscur qui lui courait après lui tombait aussi dessus, les choses ne seraient pas moins pires. Était-il encore prêt à risquer sa vie pour elle ? Leur relation avait changé, mais il se rendait compte que même en ne l'ayant pas revu depuis de nombreuses années, elle comptait encore pour lui. Après un silence pesant, il finit par soupirer et dire :
- J'ai l'impression de faire une belle connerie, mais soit. Ce n'était pas qu'une impression, il faisait une belle connerie. Il envoyait valser tous ses principes en acceptant de l'aider, mais il ne se voyait pas l'abandonner non plus. J'accepte de t'héberger pour cette nuit, dans un premier temps. J'aviserai par la suite. Marché conclu ?
Il ne voulait pas faire de promesses en l'air. S'il voyait que la présence d'Eleanora chez lui était un problème, il mettrait un terme à ce petit jeu déjà bien dangereux. Il fallait croire qu'elle était capable de raviver une part du Lucius d'autrefois.
Il a envie de m'aider. Le simple fait qu'il daigne le formuler de cette manière pourrait me suffire en soi, en réalité, car au fond, j'aurais pu comprendre qu'il décide d'office de me dénoncer sans se poser plus de questions. Je l'aurais eu mauvaise, bien évidemment, mais une fois ma mauvaise foi mise de côté, j'aurais su admettre qu'il ne me devait rien, et que son bon sens apparemment acquis en dépit de la mauvaise graine qu'il avait été avait parlé pour lui. Mais non, qu'il finisse par le faire ou non, il a envie de m'aider, et ça me rassure sur ce que nous avons été, et sur ce que nous continuons d'être, malgré le temps écoulé, l'absence et nos chemins de vie différent. J'ai laissé une trace indélébile dans sa vie, comme il en a laissé une dans la mienne, et c'est une chose que j'aime à penser.
Il doit y réfléchir... mais il ne le fait pas longtemps. Après quelques instants, sa décision est prise, et il accepte de m'aider et de m'héberger. Je reconnais dans cette décision sans doute trop impulsive le Lucius d'autrefois. Celui qui m'aiderait coûte que coûte, et ne me foutrait jamais dans la merde, même dans des circonstances qui justifieraient largement qu'on me laisse complètement tomber. Mon sourire s'agrandit. J'ai envie de le prendre dans mes bras, mais je vais peut-être éviter ce genre d'effusions. Dans un premier temps, en tout cas. Je ne pourrais pas nier le fait qu'il fait sans doute une grosse connerie, et qu'il est bien possible que je sois en train de le foutre dans la merde. Mais...
Il me garde pour cette nuit. Ensuite on verra. Le deal est parfaitement honnête et me convient très bien. Au moins, ça me laisse le temps de me retourner. Dans l'urgence, cette nuit, j'aurais été dans une sacrée merde s'il avait décidé de m'abandonner à mon sort. Encore plus s'il avait dû décider de me dénoncer.
-Merci ! Tu verras, tu le regretteras pas, je lui affirme avec un grand sourire. Même si une nuit, ça va être à peine suffisant pour rattraper le temps perdu, je crois bien. J'ai pas mal de chapitres en retard, en ce qui me concerne, si j'ai bien compris.
:copyright: Belzébuth
Lucius Miller
Messages : 101 Date d'inscription : 09/04/2020 Age du joueur : 25
Nightmare ••• Évidemment, sa décision ne put que soulager Eleanora. Même s'il n'avait donné son accord que pour une nuit dans un premier temps, nul doute qu'il lui rendait un énorme service.
- On verra bien. répliqua-t-il lorsqu'elle lui affirma qu'il ne le regretterait pas. Il afficha un sourire en coin en la regardant. La nuit porte conseil.
Elle lui dit qu'elle avait pas mal de chapitres en retard. Effectivement, plus d'une quinzaine d'années sans se voir, ça faisait beaucoup. Il reporta le verre à ses lèvres, songeur. Pouvait-il vraiment se livrer à la sorcière comme ça, sur sa vie ? Il s'était confié à elle auparavant, n'hésitant jamais à lui faire part de ses émotions. Mais les années ont passé et il ne savait plus vraiment s'il pouvait lui faire confiance. Son intuition lui disait que oui, son raisonnement lui disait que non. Au fond, il ne trahissait aucun secret en discutant de son passé avec elle.
Il aurait aimé pouvoir dire que sa vie après Ilvermorny avait été un long fleuve tranquille, mais les choses étaient bien plus complexes que ça. Après tout, les deux sorciers n'avaient jamais été très friands de la normalité.
- Tu as pas mal d'années de retard, en effet. Je veux bien te mettre à la page.
Par où commencer ? Pas facile de trouver un point d'entrée. Autant se lancer sans trop se poser de question, laisser les choses lui venir instinctivement.
- Alors... Des études médiocres dans une école de médecine magique. Même médiocre n'était pas un terme assez représentatif de cette période ô combien catastrophique. Ses enseignants le lui avaient bien fait comprendre et il avait vite fait de se barrer. Un passage en taule expéditif, parce que j'ouvrais trop ma gueule sur certains sujets et ça ne faisait pas plaisir au MACUSA. Il n'était pas resté longtemps en prison, fort heureusement. Cette brève incarcération n'avait pas altéré sa vision du monde et il comptait bien le montrer. Des premiers pas dans le journalisme plutôt bons. Il avait même finit par devenir rédacteur en chef d'un périodique reconnu. Sa réputation montait petit à petit, et un poste en or lui avait été proposé. Puis membre du Bureau des lois internationales magiques au MACUSA. Est-ce qu'il s'était attendu à bosser pour l'organisme qu'il n'appréciait pas ? Non, mais cela lui avait permis de mieux comprendre le système et de proposer des choses concernant les lois sur les no-majs.
Il se racla la gorge, abordant un sujet bien plus douloureux. Marié, père de famille... Pas le genre de situation qu'elle aurait envisagée pour lui, il n'avait aucun doute là-dessus. Cependant, rien que de penser à cette étape de sa vie le remplissait de bonheur. Un bonheur qui n'avait malheureusement pas duré. Et puis veuf, avec la disparition de ma fille.
C'était bien merdique. Il ne savait même pas pourquoi il parlait de tous ça avec Eleanora. Sûrement un besoin trop grand de se confier, quitte à ce que ça tombe sur elle. Il n'était pas à ça près, en vérité. Les décisions inconscientes, il passait maître en la matière en ce moment.
- Et enfin prof. Te voilà on ne peut plus à jour. dit-il, une fois certain qu'il n'allait pas se mettre à craquer devant le petit agneau.
- J'ai décidément bien trop parlé de moi. Alors toi, qu'est-ce que tu deviens ? Je ne connais la nouvelle Eleanora qu'à travers les journaux, alors un récapitulatif de ta vie ne serait pas de refus.
La nuit porte conseil. Cette remarque peut sembler éculée, mais je suis bien placée pour savoir qu’elle ne manque pas de sens, loin de là, je n’ai pas toujours pris les meilleures décisions de bon matin, mais dormir sur une situation n’est pas sans conséquence en tout cas. J’espère, dans le cas de Lucius, que la nuit ne lui conseillera pas de m’envoyer paître dans les grandes largeurs et de me dénoncer aux autorités une fois le jour levé. On va espérer qu’il n’agira pas de la sorte. En attendant, on va rattraper le temps perdu. Lucius m’assure que j’ai plus d’un train de retard, je le crois sans mal, mais je suis prête à rattraper tous les wagons nécessaires.
Il a donc étudié la médecine magique. Quelle drôle d’idée. Je ne l’imagine pas du tout dans ce domaine, pas parce qu’il n’en aurait pas les compétences mais.. je ne sais pas, je n’arrive pas à le visualiser en tenue de médicomage. D’un autre côté, j’aurais été incapable de le visualiser en professeur, et c’est ce qu’il est devenu. Bref, les études, ça n’a pas fonctionné. Il a fait un séjour en tôle – cette remarque me fait sourire, au moins ça nous fait un point commun. J’aimerais connaître toutes les circonstances de son séjour à l’ombre, mais je garde mes questions pour plus tard. En attendant, il a encore beaucoup de choses à m’apprendre. Il a été journaliste, a rejoint le MACUSA, s’est marié, a fondé une famille. Putain de merde… Mais il a vécu combien de vies en si peu d’années ? Je veux bien qu’on soit plus tout jeunes mais quand même. Je m’attendais pas à cette masse de rebondissements. Et c’est pas encore fini. Il a perdu sa femme, il a perdu sa fille. Mon sourire s’estompe à cette nouvelle. Je peux être cruelle mais j’ai un cœur. Je regrette que Lucius ait vécu un tel déchirement.
-Ma vie va paraître bien insipide à côté de la tienne, je réponds en choisissant de ne pas enfoncer le clou en lui présentant mes condoléances. J’ignore à quel point cette histoire est fraîche dans sa vie, je n’ai aucune envie d’enfoncer le clou plus que nécessaire. Comme tu sais, j’étais une élève horrible, alors forcément, j’ai foiré mes diplômes de fin d’année. J’allais certainement pas retaper une année à Ilvermorny, et j’avais rien, pas de perspective et pas de famille pour me soutenir. Alors j’ai commencé à faire dans le trafic d’à peu près tout ce que tu peux imaginer d’illégal, et quand j’ai eu mes entrées dans la pègre magique, je me suis… spécialisée. Dans le meurtre à gage. Il le sait, pas besoin de lui faire un dessin. Ça marchait plutôt bien. Puis on m’a coffrée. Je me suis rapprochée de mes camarades de cellule et on s’est enfuies ensemble. Et maintenant, ma vie reprend son cours, comme tu vois.
:copyright: Belzébuth
Lucius Miller
Messages : 101 Date d'inscription : 09/04/2020 Age du joueur : 25
Nightmare ••• Eleanora, malgré son audace et son assurance, ne rejetait pas l'idée que Lucius puisse la dénoncer. Il n'avait pas déclaré lui accorder uniquement la nuit à la légère, et il était satisfait de voir qu'elle envisageait devoir trouver un nouveau toit le lendemain. Mais d'un autre côté... il voyait bien qu'il était de plus en plus heureux de retrouver cette vieille connaissance qui avait énormément comptée pour lui par le passé. Et qui continuait de compter, visiblement.
Il était reconnaissant envers elle de ne pas s'attarder sur la mort de sa femme et de sa fille. C'était un sujet qui le mettait toujours mal à l'aise alors si elle pouvait éviter de remuer le couteau dans la plaie par des condoléances qui, même sincères, n'auraient fait que le plonger un peu plus dans sa dépression, il ne s'en portait que mieux.
Elle choisit donc de répondre à sa question concernant son passé. En l'écoutant (et en lisant dans ses pensées bien évidemment), il voyait qu'elle se confiait à lui ouvertement, ce qui était une bonne chose. Ça lui rappelait tellement de souvenirs... Le professeur ne pouvait s'empêcher d'être nostalgique, de repenser à ce bon vieux temps, lorsque tout n'était qu’insouciance. A Ilvermorny, ils étaient loin de leurs problèmes actuels. Le destin d'Eleanora correspondait peut-être davantage à ce qu'ils étaient censés devenir une fois l'école achevée. Lucius ne savait pas du tout ce qu'il serait devenu s'il n'avait pas eu le soutien de sa famille, sans compter sur sa rencontre avec Ewa qui avait marquée un tournant important dans sa vie. Elle l'avait changée, d'une façon radicale.
Oui, le professeur se souvenait qu'Eleanora n'avait pas réussit les diplômes de fin d'année à Ilvermorny. Lucius les avait eu, mais ça relevait du miracle. La sorcière disait qu'elle n'avait personne à cette époque pour la soutenir, ce qui le culpabilisait un peu. Il était parti de son côté, des ambitions pleins la tête, alors qu'elle ne cherchait qu'un moyen de survivre. Peu à peu, ils avaient arrêté de se voir, ce qui était assez logique compte tenu de leur choix respectif. Peut-être que les choses auraient été différentes pour les deux sorciers s'ils étaient restés ensembles après Ilvermorny. Enfin, il était inutile de se questionner sur ce point, l'important étant le moment présent. Eleanora se portait plutôt bien. La sorcière s'était faite une réputation dans la pègre, et s'était acoquinée avec ses camarades de cellule. Elle disait que sa vie semblait bien insipide comparée à la sienne, ce qui le fit sourire. Il trouvait plutôt que la vie du petit agneau était pleine de surprises. Eleanora avait dû se battre, se démerder seule pour survivre dans une situation qui n'était pas des plus évidentes, d'autant plus que son statut de femme ne l'aidait pas beaucoup.
- Ta vie est loin d'être insipide. T'en as quand même bien chié.
Bon elle n'avait pas perdu un mari et un enfant, mais sa situation n'était pas des plus faciles.
C'est sûr, on ne peut certainement pas qualifier ma vie d'insipide, ou alors il faut quand même accepter de faire preuve d'une certaine mauvaise foi, mais lui a disons un parcours qui impose soit le respect, soit la pitié, soit les deux. Moi, ma vie a été mouvementée, mais c'était prévisible. Je pense qu'aucun de mes anciens professeurs n'a franchement été surpris de découvrir que l'agneau cinglé avait fini derrière les barreaux, ou même qu'elle était parvenue à s'évader.
Ma vie n'est pas insipide, mais on en a vite fait le tour, à moins de rentrer dans des détails beaucoup plus sordides, mais je vais épargner ça à Lucius, encore pour l'instant. Certaines choses n'ont pas changé, malgré tout ce temps, comme ce sentiment de confiance que je veux garder envers lui, alors que tout doit me rappeler qu'il faut que je reste sur mes gardes. Je suis imprudente, oui, mais... je ne veux pas retourner en prison. J'en ai vécu, des situations merdiques, mais j'ai vraiment cru que je n'allais pas survivre à ça. Au final, Lucius résume effectivement très bien les choses. Oui, j'en ai bien chié. Mais qui n'en a pas chié, en vérité. Tout le monde a une vie merdique, tout le monde souffre. C'est ça la vie. Déprimant si on décide d'en faire tout un plat.
-Ouais, je le reconnais, je réponds avec un sourire, comme si ce n'était quand même rien de grave. Mais bon, c'est pas un concours, hein, encore heureux.
Je pense qu'au grand loto de la vie de merde, Lucius remporte le gros lot. Cela dit, il a réussi à rebondir par certains aspects. Il a une position, une réputation. Et il finira sûrement par retrouver l'amour, et refonder une famille. Il n'est pas une cause perdue, un cas désespéré. Moi je le suis.
-C'est con, tu te ressembles à peine et j'ai quand même l'impression d'avoir rajeuni de vingt ans. Je sais pas, ça s'explique pas. On avait un lien fort, Lucius et moi, du temps d'Ilvermorny. On pourrait dire que ce genre de choses s'effacent avec le temps, mais c'est pas le cas. Tu m'avais manqué.
Je m'en rendais pas forcément compte avant de le revoir, mais oui, il m'avait manqué, c'est la vérité.
:copyright: Belzébuth
Lucius Miller
Messages : 101 Date d'inscription : 09/04/2020 Age du joueur : 25
#Sujet: Re: Nightmare | EleanoraDim 10 Mai - 16:26
Nightmare ••• C'était tout de même étrange. Lucius échangeait presque comme si de rien n'était avec Eleanora. Il ne saurait dire pourquoi mais au fur et à mesure de leur discussion, les tensions qu'il avait au début s'effaçaient. Il en avait encore, bien sûr. Ce serait très con de sa part de ne pas être sur ses gardes. C'était déjà très inconscient de sa part de se montrer amicale avec la criminelle, mais il ne pouvait pas faire totalement abstraction de son passé avec elle. Et puis elle lui évitait de s’apitoyer sur son sort en ce moment. Rien que pour animer cette soirée, il voulait remercier le petit agneau. Surtout qu'Eleanora semblait avoir en réserve encore quelques détails intéressants. Des détails "sordides", d'après elle. Cela piquait bien évidemment la curiosité de Lucius.
En lisant dans l'esprit de la brune, il se rendait comte qu'elle pensait exactement la même chose que lui. Elle ignorait si elle pouvait totalement lui faire confiance dans cette situation, mais elle avait quand même décidé de se pointer dans son appartement. Le professeur continuait de se poser quelques questions sur elle, mais il aurait certainement des réponses au fur et à mesure de cette discussion. Il espérer ne pas se tromper en estimant qu'Eleanora n'allait pas crier sur tous les toits qu'elle bénéficiait de la protection d'un ancien membre du Bureau des lois internationales magiques. Parce que si ça tombait dans l'oreille de certains sorciers, il était bien baisé. Après, il ne voyait pas ce qu'elle y gagnerait.
Elle reconnut que oui, sa vie n'était pas insipide, mais qu'ils ne se trouvaient pas dans un concours pour savoir qui avaient eu le plus d'emmerdes. Encore heureux, effectivement. Lucius ne souhaitait à personne de vivre son traumatisme. Son malheur était indescriptible. Parfois, il s'étonnait de tenir encore debout, de se lever tous les matins. Il n'avait plus tellement le sentiment de devoir accomplir quelque chose. Eleanora se considérait comme une cause perdue, il pensait l'être également.
En tout cas, elle avait l'impression de rajeunir en sa présence. Cette remarque le fit sourire. Revoir cette sorcière provoquait en lui deux sentiments distincts : il avait l'impression de revoir une connaissance lointaine, mais en même temps familière. Eleanora ajouta qu'il lui avait manqué, sincèrement. Lucius mentirait s'il disait que ce sentiment n'était pas partagé.
- Tu m'avais manqué aussi. finit-il par avouer. Il fallait qu'il le reconnaisse : la situation, aussi invraisemblable soit-elle, n'était pas pour lui déplaire, finalement.
#Sujet: Re: Nightmare | EleanoraJeu 14 Mai - 10:43
Nightmare. Ft. Lucius & Eleanora
Je ne m’attends pas forcément à ce que Lucius me rende le « compliment ». En fait, de Lucius, je préfère ne m’attendre à rien, car c’est évident que le temps qui s’est écoulé a fait de nous deux personnes bien différentes de qui nous étions autrefois. Il serait plutôt absurde de prétendre le contraire. Même moi, je suppose que j’ai un peu changé, même si beaucoup moins que lui. Même s’il m’accepte sous son toit, ça ne voudrait pas forcément dire que cet échange est plus incommodant qu’autre chose pour lui. Mais il me fait bien vite comprendre que ce n’est pas le cas. J’aime le léger sourire qui s’imprime sur ses lèvres, il me rappelle des souvenirs.
J’aime qu’il avoue que je lui manqué aussi, parce que je sens que ce ne sont pas des mots lâchés en l’air pour rebondir sur ceux que j’ai moi-même prononcés. C’est quelque chose qu’il pense réellement, et l’air de rien, ça me va bien. Je ne m’attends pas à ce qu’on retrouve tout à coup notre ancienne complicité comme si rien ne s’était passé, comme si nous n’avions pas emprunté les chemins que nous avons empruntés, très différents, aux antipodes, mais je crois qu’on peut vraiment passer un bon moment. Et se dire que les liens qui nous ont forgé ont une consistance sur la durée, c’est pas rien. Mais je deviens beaucoup trop sentimentale. Ça doit être l’âge, ça, ça a tendance à me ramollir, je crois.
-Alors, c’est comment, l’ambiance à Ilvermorny ? je demande pour ne pas laisser un long silence embarrassant s’imposer dans notre discussion (il ne manquerait plus que ça). Ça a beaucoup changé ? Est-ce que t’as trouvé nos dignes remplaçants ? Merlin, j’espère que non, j’aime bien penser qu’on est restés dans la légende de l’école comme les pires éléments qu’ils aient jamais accueillis.
Je sais bien que c’est faux, mais cette pensée m’amuse. Mon passage à Ilvermorny n’en a valu la peine que parce qu’il y avait Lucius, et Eric aussi. Et si les cours représentaient une corvée constante pour moi, leur compagnie était une chose dont j’aurais pu ne jamais me passer, et pour longtemps. Mais parfois, la vie décide pour vous. Et à d’autres moments, vous prenez des décisions moisies, et faut juste les assumer, que ça vous plaise ou pas.
:copyright: Belzébuth
Lucius Miller
Messages : 101 Date d'inscription : 09/04/2020 Age du joueur : 25
#Sujet: Re: Nightmare | EleanoraVen 22 Mai - 15:53
Nightmare ••• Heureusement, la sorcière reprit la parole, empêchant un blanc plutôt gênant de s'installer. Elle demanda des nouvelles d'Ilvermorny, comment la vie là-bas avait évolué, si de nouveaux jeunes rebelles avaient fait leur apparition et si ces derniers leur arrivaient à la cheville. Pour Lucius, même si les générations n'étaient jamais les mêmes, certaines choses ne semblaient jamais changer. A commencer justement par les élèves perturbateurs. Du fait de son expérience en la matière, le professeur d'Histoire de la magie pouvait se targuer d'être un maître en la matière, sachant reconnaître toutes les combines, toutes les conneries possibles et imaginables. Mais à chaque génération son lot d'inventivités, et il admettait donc que certains élèves redoublaient d'effort pour trouver les meilleures bêtises possibles et échapper à la vigilance des enseignants.
- On était sans doute les meilleurs pour foutre la merde. répondit-il en prenant une gorgée de whisky. Eleanora était bien placée pour savoir qu'il n’exagérait pas en prononçant ces mots. Foutre la merde, c'était ce qui les motivait le plus. Ce n'était certainement pas les cours. Mais je dois admettre que certains élèves se révèlent assez doués pour tenter de nous arriver à la cheville. C'était rare, mais ça pouvait arriver. Lorsqu'il s'en apercevait, les élèves en question passaient un sale quart d'heure.
Tout en discutant, il ne lâchait pas les pensées de son "invitée". A l'évocation du nom d'Eric, il ne put s'empêcher de grimacer. Pourtant, les deux sorciers avaient été de très bon amis du temps d'Ilvermorny. Ce n'était plus du tout le cas. Comme pour Eleanora, il n'avait plus revu Eric depuis l'école, et si au départ Lucius était heureux de le retrouver à New York après toutes ces années, leur discussion lui avait vite fait comprendre qu'ils ne pouvaient plus s'entendre. Eric Sangster était devenu ce que Lucius détestait, alors forcément ils n'avaient plus d'atomes crochus. C'est dommage, mais c'est comme ça. Les gens changent (lui-même avait radicalement changé), et les amis d'hier peuvent devenir les ennemis d'aujourd'hui.
#Sujet: Re: Nightmare | EleanoraMar 26 Mai - 15:47
Nightmare. Ft. Lucius & Eleanora
Les meilleurs pour foutre la merde. C’est pas forcément glorieux d’en être encore fière alors que j’approche des quarante ans, mais si on devait me demander de modifier quoi que ce soit, je changerais rien à mes années passées à Ilvermorny. Je n’en ai pas que de bons souvenirs, parce que par pleins d’aspects, l’adolescente reste une période de merde… mais quand même, pour plein de raisons, je ne peux y penser qu’avec beaucoup de nostalgie. Je ne veux de toute manière pas vivre avec des regrets. Pour ce que ça vaut, j’ai tendance à penser que c’est une faiblesse de voir les choses de cette manière.
Et je suis encore capable de rire à gorge déployée des quelques frasques dont on s’était rendus coupables à l’époque. Et j’espère qu’au fond, malgré sa vie bien rangée (même si particulièrement triste) d’aujourd’hui, il ne regrette pas non plus de ne pas avoir été un élève discipliné et d’avoir préféré faire les quatre cents coups avec moi plutôt que de travailler assidument à ses devoirs.
J’accepte d’entendre que certains élèves actuels nous arrivent à la cheville, je nierais en bloc, en revanche, la possibilité que certains nous dépassent. Même si c’est totalement faux, j’ai envie de croire qu’on contribue à notre manière à la légende d’Ivermorny, et personne n’aura le droit de me laisser imaginer le contraire. Lucius laisse réémerger à la surface mes illusions adolescentes, et ça fait du bien. Ça me plaît, même.
Comme surgi de nulle part, Lucius me demande si je vois encore Eric. En fait, pas vraiment surgi de nulle part. Eric est la personne qui a le plus compté pour moi avec Lucius du temps d’Ilvermorny. Nous trois ensemble, on faisait un terrible carnage. Et je suppose qu’il a entendu mes pensées à son sujet. Même si je sais qu’il est legilimens, j’arrive quand même à l’oublier au fil de notre conversation. Je devrais mieux protéger mes pensées.
-Oui. On a jamais perdu contact, en fait. Contrairement à Lucius et moi, donc. Il faut dire que quand Lucius a radicalement changé de trajectoire, Eric et moi sommes restés sur des chemins similaires. Enfin, à part pour… mes quelques années à l’ombre, j’ajoute d’un ton détendu.
Et on s’est retrouvés récemment. Des retrouvailles dont je garde un très bon souvenir au passage. Surtout la partie plus… physique de ces retrouvailles.
-C’est lui qui m’a fait penser à toi et à venir te voir.
Accueil 
Dim 12 Avr - 0:24
