Rien de plus beau qu'une famille unie | Langdon, Debrah, Billie & Henry

L

angdon avait longuement hésité quand son père avait lancé cette invitation à célébrer son anniversaire... Une part de lui avait envie d'être présent et de profiter de cette occasion pour tenter de recoller encore un peu les morceaux de leur relation brisée et fragile, une autre avait envie de s'épargner ces festivités qui avaient de bonnes chances de tourner au désastre... pas parce que son père n'y mettrait pas du sien, mais d'une part parce qu'il n'était jamais évident pour le père et le fils de se retrouver dans la même pièce sans se prendre la tête, et d'autre part parce que c'était le premier événement qu'ils célèbreraient ensemble depuis le décès de Henry Jr.

Langdon ne savait pas qui son père avait invité exactement, il lui avait assuré que ce serait un repas en petit commité, et c'était ce qui l'avait en partie convaincu de venir, il n'avait aucune envie de se retrouver parmi les grands pontes de la haute société new-yorkaise, très peu pour lui... même si au final, cela lui permettrait de se fondre dans la masse, ce qui là ne serait pas vraiment possible. Ils n'allaient pas être nombreux, ça non... En fait, Langdon voyait bien mal qui pourrait se retrouver autour de la table de son père en dehors de lui... et Debrah, certainement, qui restait malgré les circonstances un membre à part entière de leur famille... mais autant dire que leur présence à tous les trois aurait surtout le don de raviver la mémoire douloureuse de son frère. Quelque part, ils le lui devaient bien, de se souvenir de lui, et il aurait voulu ce genre de rassemblements... N'empêche que c'était définitivement à reculons que Langdon se rendait chez son père.

Il avait fait simple, il s'était habillé, rasé (ce qui de sa part ces derniers temps tenait déjà du petit exploit en soi) et avait acheté une bouteille de whisky dont il ne présumait pas de la qualité, mais qui avait le mérite d'être raisonnablement chère. Ca et une boîte de cigares. On faisait plus original comme cadeau, mais c'était plus simple s'il voulait espérer taper juste.

En entrant dans l'immeuble, il mit un pas dans l'ascenseur quand une femme rousse et élégante lui demanda de retenir la porte. Elle se rendait au même étage que lui. Et après une ascension absolument silencieuse, il eut le sentiment désagréable que cette femme le suivait. La paranoïa de Langdon augmenta d'un cran quand il constata qu'elle le suivait bel et bien, jusqu'à la porte de l'appartement de son père.

-Eh bien, qu'est-ce que vous attendez pour sonner ? demanda-t-elle d'un ton amène et amusé avant de frapper à la porte à sa place. Langdon demeura interdit alors que la femme ajoutait. Vous devez être Langdon, n'est-ce pas ? Henry m'a beaucoup parlé de vous.

Langdon avait eu l'intention de répondre, mais c'est à cet instant que la porte s'ouvrit, laissant Langdon plus désorienté encore quand l'inconnue salua son père d'une étreinte.

-Joyeux anniversaire Henry, merci de m'avoir invitée.

Langdon suivit prudemment, sa motivation en berne.

-Salut papa, dit-il d'une voix morne. C'est qui, elle ?

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P

as du tout incommodée par l’hostilité de Langdon, Billie s’en trouvait plus amusée qu’autre chose, en réalité, elle aimait constater combien le fils la considérait comme une intruse… Si elle pouvait retourner définitivement le père contre le fils, elle ne s’en privait pas, ça lui était complètement égal. Elle ne comptait pas se laisser démonter et ferait mine de vouloir arrondir les angles qu’en apparence seulement. Elle était tout de même curieuse en attendant de savoir de quelle manière il allait décider de la présenter auprès de son fils. « Une amie », c’est suffisamment évasif pour que Langdon puisse s’imaginer tout et n’importe quoi, et ça plaisait bien à l’ancienne prisonnière.

- Ava Woodley, se présenta-t-elle sous sa fausse identité avec aplomb et un grand sourire tout en tendant à Langdon une main que ce dernier fit le choix de ne pas serrer. Ravie de te rencontrer enfin, ton père m’a tellement parlé de toi.

Ces mots n’étaient pas prononcés à la légère, bien évidemment : ils venaient établir une forme de relation de complicité et de confidences entre elle et Henry, qui était en partie faussée, même s’il était vrai qu’elle s’éait arrangée pour devenir la grande confidente de Henry, et elle ne pensait pas avoir trop mal réussi sur ce point.

-Mais bien sûr, se contenta de répliquer Langdon d’un ton absolument pas convaincu.

Ce fut à ce moment-là qu’une autre jeune femme, très belle, fit son apparition. Si Billie s’était payé le luxe d’être jalouse, elle l’aurait peut-être considérée comme une menace, mais ce n’était pas le cas, parce qu’elle savait qui était cette jeune femme : Debrah, cette jeune femme qui avait eu le malheur de se fiancer avec Langdon Shaw Jr et avait vu le fiancé mourir avant de l’épouser… tout l’inverse des habitudes de Billie. La faute à pas de chances, elle était à deux doigts de mettre la main sur la fortune des Shaw. Mais bon, si elle gravitait encore dans le cercle des Shaw, elle espérait peut-être apporter un morceau de gâteau… Mais Billie, très gourmande, n’avait pas l’intention de lui en laisser trop quand elle-même déciderait de s’emparer de cette fortune qu’elle convoitait tant.

Finalement, Henry fit les présentations officielles, et Billie salua tout le monde d’un signe de tête ravi avant de rejoindre le salon à la demande de leur hôte afin de prendre l’apéritif. Quand leurs verres étaient remplis, elle s’empara du sien et le leva en l’air. Elle ne pouvait pas s’en empêcher.

-Je voudrais porter un toast, décida-t-elle d’une voix assurée, comme si elle n’était pas du tout l’intruse au milieu de cette tablée. A une soirée d’exception. Elle tourna un regard attendri vers Henry, évidemment totalement calculé. Et à un homme d’exception.


   

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