Vide ton esprit de toi-même. Queenie)

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ueenie se mordilla légèrement la lèvre inférieure, se sentant comme prise en faute quand son interlocuteur observa que ce n'était pas forcément nécessaire de l'interroger sur la question puisqu'elle savait déjà la réponse. A ses yeux, pourtant, ce n'était pas tout à fait vrai. Même si elle était parvenue à lire les pensées de son interlocuteur, jusqu'à découvrir un secret qu'il aurait peut-être voulu garder pour lui-même, ce n'est pas pour autant qu'elle estimait savoir exactement ce que son interlocuteur avait ressenti ni comment il se remettait réellement de la situation qu'il lui fallait affronter à présent. Alors oui, elle se doutait que le bilan en soi n'était pas réellement positif, mais ce n'était pas exactement ce qu'elle avait eu en tête malgré tout. Ceci dit, elle espérait ne pas avoir blessé son interlocuteur en s'exprimant de la sorte. Il semblerait que non, cependant, puisque quand il reprit la parole, il ne semblait pas lui tenir rigueur de quoi que ce soit.

Bien sûr, elle savait très bien que ce n'était pas parce que les choses ne s'étaient pas passées au mieux pour Albus (et ne pouvaient se passer autrement dans le fond) qu'il en serait de même pour elle, et elle savait pertinemment que leurs situations n'étaient pas comparables. Mais elle ne réusissait pas à se contenter de se dire que tout irait bien sous prétexte qu'elle en avait envie. Elle était optimiste, pourtant, en temps normal, mais là, ça ne suffisait pas. Elle ne voulait pas qu'on lui dise seulement que tout allait bien. Elle avait besoin de quelque chose, une idée, une solution, et rien ne venait... C'était pour elle un sentiment de désarroi total que de constater à quel point elle était démunie face à la situation, au point qu'aucun mot de réconfort ne saurait réellement la tirer de ces considérations. Si bien que cette conversation lui faisait finalement autant de bien que de mal.

-Je sais bien, oui..., dit-elle doucement sans savoir quoi dire de plus.

Elle savait que son interlocuteur la comprenait, elle regrettait malgré tout pour sa part de ne pas être à même de mieux le comprendre au bout du compte. Elle aurait envie de savoir lire entre les lignes afin d'atteindre la sorte de sérénité qu'Albus semblait éprouver vis-à-vis de son histoire à elle. Mais peut-être au fond la jugeait-il... Simple. Parce que la sienne avait été douloureuse, tourmentée, avait des répercussions bien a-delà de ce qu'il est possible d'envisager. C'est sûr qu'en comparaison, la relation entre Queenie et Jacob devait sembler inutilement mélodramatique à son interlocuteur. Il en avait vu d'autres, c'est certain.

-Je regrette, vous devez trouver mes histoires plus embarrassantes qu'autre chose, ajouta-t-elle doucement. Et elle ne voulait surtout pas se laisser complètement dominer par elles...

Seulement, c'était plus fort qu'elle.

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ueenie esquissa un fin sourire quand son interlocuteur lui assura que son histoire était belle. Elle pouvait jauger de sa sincérité, et cette dernière lui faisait du bien, vraiment... même si ça n'y changeait pas grand-chose. Que son histoire soit belle ou non, son histoire était surtout cruelle et insoluble. Elle devrait arrêter de se plaindre, même en pensée, elle le savait, surtout au vu de ce que son interlocuteur avait vécu de son côté, mais c'était plus fort qu'elle. Jacob accaparait la moindre de ses pensées, chacune de ses considérations. C'était comme ça, elle n'y pouvait tout simplement rien... Depuis que le jeune homme avait fait irruption dans sa vie, il avait su occuper cette place de choix dans sa tête et dans son coeur, et elle était convaincue que personne ne saurait jamais l'en détrôner, ni maintenant, ni plus tard.

Ce qui les liait était plus fort que tout. C'était de l'amour, un amour pur et sans frontière. Et ça, oui, c'était sans doute quelque chose de beau. Mais si tout ce qui était beau devait être à ce point douloureux, elle n'était pas certaine de savoir apprécier la beauté de quoi que ce soit à l'avenir. Certes, pour le moment, Jacob était encore là, et elle pouvait profiter de lui tout son soûl encore. Mais ce n'était pas non plus comme si elle pouvait occulter l'avenir. D'ailleurs, même si elle devait essayer de le faire, les réflexions de Tina l'en dissuaderaient bien vite, car elle savait pertinemment ce que cette dernière pensait de cette situation.

Elle se contenta de hocher la tête quand son interlocuteur suggéra qu'ils boivent une nouvelle tasse de thé. C'était sans doute une bonne idée, mais à vrai dire, toute cette conversation lui avait noué l'estomac, et elle n'était pas vraiment sûre d'être capable d'avaler quoi que ce soit. Ceci dit, peut-être aussi que ça ne lui ferait pas de mal, elle ne pouvait pas le nier. Il fallait qu'elle fasse un effort, qu'elle se détache ou qu'elle essaie du moins, et elle avait sans doute trouvé le meilleur interlocuteur pour ça. D'autant que, l'air de rien, c'était agréable de parler à quelqu'un qui se rangeait à son opinion, qui ne jugeait pas d'office ses sentiments vains et inutiles. Car elle ne s'attendait pas au moindre encouragement de la part de sa soeur ou encore de Newt, même si elle savait pourtant que les deux appréciaient Jacob. Si ce dernier avait été un simple sorcier, personne ne lui aurait fait remarquer qu'elle s'emballait inutilement. Seulement, le mal était fait. Plus que fait, même.

-J'aimerais que tout le monde soit de votre avis, soupira-t-elle doucement quand Albus lui répondit que tout ce qu'ils comptaient, c'était qu'ils s'aimaient.

C'était une chose qu'elle se répétait sans cesse. Mais elle ne pouvait pas oublier l'opinion de Tina. Qui était la voix de la sagesse pour elle.

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ueenie afficha un fin sourire quand son interlocuteur observa que ce monde serait bien pâle si tout le monde devait avoir le même avis. Bien sûr, c'était vrai. Il était parfois difficile de se confronter à l'opinion d'autrui, surtout quand elle entrait en contradiction totale avec la nôtre. Mais comme chaque individu était différent, toute expérience l'était également, et la diversité du monde était ce qui le rendait si beau... en même temps que profondément angoissant, il faut bien le dire. La jeune femme aimerait pouvoir affirmer savoir se contenter de cette réponse, qui après tout était tout à fait juste, et difficilement contestable.

Queenie savait qu'elle ne pouvait pas obliger Tina à penser comme elle le désirerait sous le prétexte que ce serait plus simple ainsi, mais il fallait tout de même reconnaître que ce serait on ne peut plus tentant... Parce que la seule perspective de se brouiller sans cesse avec sa soeur au nom de l'homme qu'elle aimait lui tordait le coeur, la seule idée de devoir choisir entre Tina et Jacob lui était insupportable. Dans le fond, les circonstances devraient certainement choisir pour elle, mais même ainsi, elle avait bien du mal à l'accepter.

-Sans doute, répondit simplement Queenie sans être certaine de ce qu'elle avançait.

Car tout de même, elle connaissait suffisamment sa soeur pour savoir ce qu'il en était, pour savoir que ses convictions, ses responsabilités et son sens moral iraient toujours à l'encontre de ses sentiments à elle. Et ce serait pour la préserver, pour son bien, selon la perspective de ce qui devrait être la sienne, et qui ne coïncidait pas avec Queenie. L'une des deux avait peut-être raison, l'autre tort. Ou peut-être bien qu'aucune des deux n'avait tort ou raison, en fin de compte. Quoi qu'il en soit, elle craignait fort que le conflit ne se résolve pas si simplement. Enfin si, il le pourrait... si Queenie renonçait définitivement à Jacob. Mais bien évidemment, la jeune femme n'avait qu'une envie, et cette envie, c'était d'écouter les conseils de son interlocuteur et de se lancer à corps perdu dans une histoire, une romance, qui ne pouvait sans doute pas aboutir à quoi que ce soit de bon, pourtant.

-Votre frère, lui, il a fini par comprendre ? demanda la jeune femme avec douceur.

Elle n'allait pas donner tort ou raison à son interlocuteur. A la place, elle inversait simplement la situation. Elle avait bien compris que le troisième homme, dans ce que le professeur de métamorphose lui avait permis de voir de souvenirs du décès de sa soeur, en dehors d'Albus et de Grindelwald, était le frère d'Albus. Elle n'en déduisait rien de particulier, mais c'était encore une façon de ne pas s'appesantir sur sa situation tout en essayant de la comparer à la sienne propre.

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ueenie savait bien qu'elle devait cesser de comparer sa situation avec celle de son interlocuteur, que ce n'était ni utile, ni sain, mais c'était plus fort qu'elle. Bien sûr, la jeune femme savait - contrairement à ce qu'elle laissait peut-être imaginer - que leurs situations étaient très différentes, que leurs histoires n'avaient que peu de rapport, mais elle avait envie, besoin de leur trouver un lien. Parce qu'elle avait besoin de pouvoir s'identifier à quelqu'un, et que quelqu'un puisse s'identifier à elle. Oui, leurs histoires étaient sans rapport ou presque. Mais ce qu'elles avaient de similitudes étaient tout de même notable.

Déjà, il était la première personne qu'elle découvrait capable des mêmes aptitudes qu'elle (bien sûr, elle savait très bien qu'il y en avait d'autre, ce n'était pas la question, mais elle n'avait jamais eu l'occasion d'en rencontrer), ensuite, ils avaient tout de même quelques points communs. Il y avait cette histoire d'amour par essence vouée à l'échec, et par essence taboue, les relations fraternelles complexes... Oui, il y avait au fond nombre de points de divergence, mais Queenie avait besoin de se raccrocher, presque avec trop d'obstination, aux éléments qui parvenaient à se rejoindre. C'était plus fort qu'elle... et elle avait envie qu'on lui laisse ça, au moins ça. Elle avait besoin d'être comprise, pleinement comprise, et même si elle avait peut-être tort, elle avait le sentiment que la jeune femme était capable de ce potentiel de compréhension.

Ceci dit, elle avait sans doute été égoïste de mettre ainsi le frère de son interlocuteur sur le tapis, alors qu'il était évident que la situation était bien plus complexe les concernant. Pour ce qui était de Tina et Queenie, elles ne vivaient pas avec un souvenir morbide et douloureux qui les culpabilisait. Alors que les deux hommes avaient sans doute d'excellentes raisons de se déchirer. Et ça resterait certainement le cas tant que l'homme n'aurait pas fait son deuil, ainsi que le suggérait le professeur de Poudlard. Mais le deuil était sans doute chose impossible dans ces circonstances. S'il avait déjà pu être possible, il aurait déjà eu lieu. Il était sans doute trop tard pour eux. Et c'était malheureux. Queenie, positive, voudrait affirmer que rien n'était jamais trop tard. Mais de ce qu'elle savait... ça l'était sans doute un peu, tout de même.

-Et vous, vous avez fait votre deuil ? demanda Queenie. S'il ne s'était pas pardonné à lui-même, il y avait peu de chance pour que d'autres lui pardonnent, et réciproquement, d'ailleurs.

Et pouvait-on vraiment faire le deuil de sa propre soeur ? Queenie n'était même pas certaine d'avoir fait celui de ses parents... Et ils étaient décédés dans des circonstances disons plus... naturelles... Même si tout restait relatif, évidemment.

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ueenie afficha un fin sourire, légèrement attristé, en entendant la réponse de son interlocuteur. Etait-ce une surprise pour elle ? Non. Elle l'avait bien compris. Cet homme était fort de ses compétences et de ses opinions, sans flagornerie mais sans fausse modestie non plus, mais il resterait toujours dans sa vie deux grands regrets, trois même, sur lesquels il ne pouvait pas passer l'éponge. Peut-être parce qu'il était impossible de passer l'éponge sur une telle chose. Les trois grands regrets étant évidemment étroitement liés : son attachement à Grindelwald, sa culpabilité vis-à-vis d'Ariana, sa relation conflictuelle avec son frère... Le seul regret qui semblait pouvoir évoluer en quelque chose de positif était le dernier point, et Queenie espérait de tout coeur que son interlocuteur parviendrait à faire la paix avec son frère. Sauf que, pour faire la paix avec son frère, il fallait sûrement qu'il fasse, qu'ils fassent table rase de ce passé douloureux, et donc des deux premiers grands regrets du professeur de métamorphose. Mission impossible, donc.

Il n'a pas la réponse à sa question, mais la réponse, en vérité, coule de source. Il n'a pas fait le deuil de sa soeur parce qu'il est incapable de se pardonner les circonstances de son décès. Comment le lui reprocher ? C'est sans doute normal, au fond. Dans une situation similaire, le pardon était-il seulement possible ? Queenie, même si elle avait conscience que son intrusion dans les pensées de son interlocuteur n'avaient pas été très... dignes, ne regrettait pas d'avoir découvert ce visage de lui. Elle s'en sentait plus proche. Elle aimait voir des hommes les fêlures, pas parce qu'elle se réjouissait de ces mêmes fêlures, ça non, mais parce que la perfection était une chose qui l'angoissait plus que profondément, en vérité.

-C'est vrai, j'aime Tina plus que tout, répondit Queenie avec douceur quand son interlocuteur affirma qu'elle pouvait être fière de la relation qu'elle et sa soeur entretenaient.

Oui, elles s'aimaient plus que tout. Enfin... Queenie aimait Tina au-delà de tout, mais elle aimait Jacob tout autant, et elle n'était pas certaine que sa soeur soit capable de le comprendre. L'amour qu'elle ressentait pour l'un et pour l'autre n'étaient évidemment pas les mêmes du tout... mais ils étaient aussi indispensables l'un que l'autre. Pourtant, il semblait presque impossible de préserver l'un sans anéantir l'autre.

-C'est pour ça que je déteste savoir ce qu'elle pense de tout ça. Je m'en veux de la blesser, et en même temps ça me blesse qu'elle le soit.

Et pourtant, leur situation n'avait pas encore atteint ce point de non-retour où Queenie avait dû renoncer pour de bon à Jacob. Moment qui arriverait, peu importe tout l'optimisme que savait lui insuffler son interlocuteur, et qui comptait pour beaucoup malgré tout.

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ueenie hocha la tête. C'était en partie pour cette raison qu'elle avait à ce point tenu à se confier à son interlocuteur, même s'ils se connaissaient au fond très peu (et en même temps, ils connaissaient l'un de l'autre des secrets que très peu d'autres connaissaient). Lui, était capable de comprendre sa malédiction. Et à ses yeux, le terme n'était pas trop fort. Bien au contraire, même, il était tout à fait approprié. Queenie n'arrivait pas à comprendre que certains sorciers s'évertuent à étudier la legilimancie alors qu'elle-même aurait rêvé de naître privée de ce don qui l'handicapait plus qu'autre chose. Elle voudrait pouvoir éprouver le silence, l'apaisement lié au fait de ne connaitre le fond de la pensée de personne. Mais voilà, c'était ainsi, sa malédiction, qui savait parfois être un cadeau, faisait partie d'elle. Cette situation avait même façonné sa personnalité d'une certaine manière. Malgré tout, il était parfois difficile de ne pas avoir des regrets, de ne pas vouloir tout recommencer d'une autre manière, évidemment radicalement différente.

Queenie écouta les conseils d'Albus avec sérieux. Il avait raison, bien sûr, si elle-même pouvait facilement lire en Tina, Tina ne pouvait pas si aisément lire en elle. Certes, Queenie faisait tout son possible pour être ce qu'il y a de plus transparente, au point que l'on pouvait parfois lui reprocher sa franchise, elle était de nature à dire les choses comme elle le pensait, et la franchise la plus totale avait toujours fait partie de ses plus grandes qualités. Elle avait toujours tenté de ne rien cacher à Tina, y compris de ses émotions, mais il était plus difficile de le faire quand Tina, justement, tournait ces mêmes émotions en dérision.

-J'ai l'impression que c'est ce que j'ai toujours fait, mais j'imagine que je le fais très mal. Je crois que je ne sais pas m'y prendre, reconnut Queenie.

Elle ne voulait pas rejeter le conseil d'Albus, elle ne savait tout simplement pas comment le mettre en application, en réalité. Parce qu'elle avait eu le sentiment de tout lui dire... mais en même temps, il n'est pas facile de décrire des émotions en mots. Pour Queenie, c'était simple, en lisant dans l'esprit des autres, elle avait par la même accès à leurs émotions les plus profondes. Elle, de son côté, ne réussissait pas vraiment à dire convenablement ce qu'elle éprouvait. Ou quand elle le disait, elle devait sembler niaise et irrationnelle. Parce que pour s'identifier aux sentiments qu'elle avait pour Jacob, il fallait sans doute les avoir éprouvés soi-même, et c'était une possibilité à laquelle Tina avait tendance à se fermer (raison pour laquelle elle refusait d'entendre le fait qu'elle puisse avoir ne serait-ce qu'une légère inclination pour Newt). Mais peut-être que Queenie se cherchait des excuses, au fond, et qu'elle n'essayait pas suffisamment.

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on, clairement, la communication n'était pas un exercice facile, et quand on pouvait estimer qu'avoir accès aux pensées des autres devrait nous faciliter la tâche, dans les faits, cela compliquait encore plus les choses. Il était difficile de faire la distinction entre ce qui pouvait se dire et ce qui ne devrait pas être dit, il était difficile de connaître les frontières que l'on pouvait se permettre de franchir et celles qui ne devaient pas l'être, il était difficile de savoir quand on dépassait la limite de l'irrespect, bien qu'involontairement. Oui, c'était compliqué, et Queenie était loin d'avoir les réponses à ces questions. Elle avait l'impression qu'elle était douée pour parler et écouter, et il n'y a pas si longtemps encore, elle aurait estilé que la communication était justement ce qui faisait la force de sa relation avec sa soeur, au-delà du fait que les circonstances avaient exigé d'elles qu'elles veillent l'une sur l'autre envers et contre tout.

Là, elle ne savait plus trop ce qu'il leur restait, si elles n'étaient pas capables de ça, et c'était désarmant et assez désagréable, surtout que, même si elle savait les conseils de son interlocuteur avisés, il était difficile de discerner dans quelle mesure il pouvait vraiment être possible de les appliquer, s'il était seulement possible de les appliquer, d'ailleurs. Faire preuve de patience, d'accord, mais à quel point exactement ? A quel moment estimait-on que patienter ne servirait à rien et qu'il était préférable d'agir différemment ?

En tous les cas, elle n'avait que la parole optimiste de ceux qui lui assuraient que sa soeur finirait par comprendre sa situation. Elle voulait le croire aussi, mais il avait été si rare pour les soeurs Goldstein de se retrouver dans ce genre d'impasses qu'il était particulièrement difficile de savoir de quelle façon y réagir plus précisément. Pour sa part, si elle devait laisser faire le temps, elle craignait fort de ne pas réussir à se laisser submerger par ses émotions.

Ne pas se perdre de vue, hein ? Le conseil paraissait avisé, mais là encore, comment savoir quand et comment on finissait par se perdre de vue exactement ? Elle ne pensait pas qu'il y ait des signes avant-coureurs de ce genre de choses. Et comment pourraiit-elle ne pas se perdre, ne serait-ce qu'en partie, si elle devait finir par perdre Jacob ?

Queenie ne savait que répondre à tout ça. Elle ne pouvait qu'écouter ces conseils précieux et espérer savoir les respecter, même si elle ne pensait pas en être capable.

-Je ferai attention, assura-t-elle avec un fin sourire aux lèvres sans y croire tout à fait pour autant, parce qu'elle redoutait fort que l'on touche à quelque chose de trop sensible pour que ce soit vraiment envisageable. Je vais... refaire du thé, se contenta-t-elle d'ajouter, surtout parce qu'elle avait besoin d'une excuse pour s'isoler un peu.

Cette conversation, édifiante, était tout de même bouleversante pour elle, elle avait besoin de prendre un peu de recul.

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