Il faut savoir se donner les moyens d'obtenir ce que l'on veut | Aileen & Eric

ileen aimait passer du temps au Blind Pig. Ce n'était définitivement pas l'endroit le plus agréable et le plus accueillant du monde, mais elle s'y sentait bien. Elle avait découvert l'endroit grâce à Skender, qui lui avait laissé entendre qu'elle pourrait bien récupérer quelques clients à cet endroit. Des clients pas forcément respectables, mais après tout. Tant qu'ils avaient de quoi payer, l'argent n'avait pas d'odeur. La jeune femme ne pensait pas qu'elle se sentirait forcément bien à cet endroit, et pourtant c'était le cas. Comme ailleurs, elle se faisait reluquer lourdement, mais d'un autre côté, le blind pig accueillait toutes sortes de créatures à conscience humaines. Pour les gobelins, elfes de maison et autres abrutis de troll, ses charmes n'avaient absolument pas le moindre effet, et c'était définitivement plaisant. Par ailleurs, leurs boissons n'étaient pas mauvaises, et le prix restait abordable.

Elle avait donc décidé de s'y rendre. Elle avait pris l'habitude de traîner le soir, avant de rentrer chez elle. C'était une bonne façon pour elle de se donner du courage et d'appréhender le retour à la maison, qui n'était jamais un moment agréable. Elle avait beau aimer profondément son père, tenir sincèrement à son frère, elle se sentait toujours comme une étrangère en son propre foyer. Alors oui, boire un verre, en solitaire, et se laisser éventuellement porter par les rencontres qu'elle allait faire, ça lui convenait parfaitement.

En l'occurrence, la rencontre qu'elle allait faire serait loin d'être anodine. Quand cet homme poli et élégant demanda à s'asseoir avec elle, elle leva les yeux de son verre et l'observa avec attention. Il était séduisant, difficile de ne pas le constater, et il semblait sûr de lui. Il connaissait son nom, mais elle ne s'en alarmait pas, ce n'était pas réellement un secret d'Etat. Ce qu'il pouvait bien lui vouloir, en revanche, demeurait un véritable mystère.

-Rien ne vous l'interdit, répondit-elle finalement. Vous savez mon nom et je n'ai pas la moindre idée de qui vous êtes, dit-elle alors, plus curieuse qu'embarrassée.

Son charme avait plus ou moins d'effet sur les hommes, et elle ressentait que son interlocuteur n'était pas sous "emprise". Quelque part, elle trouvait cela encourageant. La conversation qui les attendait ne ressemblerait peut-être pas à toutes les autres.

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L'

homme s'appelait donc Eric Sangster, un nom qui ne disait absolument rien à Aileen. Le monde des sorciers avait beau être petit, surtout si on le réduisait aux seuls contours de New York, ce n'était pas pour autant qu'elle connaissait tout le monde, y compris de réputation. Dans ce cas précis, savoir la réputation de son interlocuteur n'aurait pas été un luxe, c'est certain, mais le fait est qu'elle ne savait absolumen rien, et donc, elle prenait parti de se laisser surprendre.

Pour l'heure, l'homme était avennt et agréable, elle n'avait aucune raison de se rembarrer. Et puis, si son interlocuteur cherchait à exploiter ses talents sans qu'elle le sache, la jeune femme n'était pas innocente non plus, loin de là. Au contraire, pour chaque rencontre qu'elle faisait, surtout avec un homme, elle avait toujours tendance à tâter le terrain, des fois qu'il soit propice à ce qu'elle puisse obtenir quelque chose en retour.

Il l'avait croisée au cirque Arcanus, tiens. C'était tout à fait possible, mais Aileen s'étonnait de ne pas l'avoir remarqué, de ne pas avoir prêté plus attention à lui alors qu'elle admettait sans problème que ce n'était pas le genre d'individu à passer inaperçu. Mais soit, parfois, il est vrai, elle passait à côté de certaines rencontres sans même s'en rendre compte. L'essentiel était de se rattraper par la suite, et c'était ce qui se passait à présent.

Il ajouta qu'il n'était pas tombé sous son charme (c'était presque décevant, mais en même temps, ça lui faisait des vacances) mais qu'il avait conscience de son potentiel de séduction. Bien, c'était déjà ça, après tout. Et il semblerait que ça l'avait inspiré, puisqu'il avait une offre d'emploi à lui faire. Aileen fronça les sourcils, intriguée. Si elle avait eu la moindre idée des affaires dans lesquelles baignaient cet homme, elle aurait tout de suite mis le hola, mais comme elle n'en savait rien, elle était plus intriguée qu'autre chose.

-Si vous m'avez rencontrée au cirque, vous devez savoir que j'ai déjà un emploi, répondit-elle avec légèreté. Ce qui n'était pas un non pour autant. Si l'homme avait à lui offrir plus que Skender, ce n'était certainement pas elle qui allait refuser. Encore que... Quel genre de boulot ?

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ileen pouvait difficilement prétendre être insensible à la perspective de gagner davantage d'argent. On observera qu'elle était certainement quelqu'un de vénal, et elle laisserait ces personnes penser ce qu'elles voulaient. Pourtant, elle n'estimait pas posséder ce défaut-là. Elle en avait des milliers d'autres, qui étaient ce qu'il y a de plus évidents, mais l'appât du gain... Si elle tenait à accumuler le plus d'argent possible, ce n'était pas pour elle-même, mais pour que son frère et son fils en bénéficient de leur côté. Peut-être qu'elle aurait simplement choisi de profiter de tout ce dont ses charmes lui permettaient de bénéficier avec une totale indifférence si elle n'éprouvait pas cette culpabilité tenace qui l'obligeait à se rattraper auprès de ce père qui n'avait jamais voulu d'elle, en espérant qu'il finirait par l'accepter comme si elle était sa propre fille... Sans être franchement certaine que ce jour adviendrait un jour.

Son interlocuteur n'y mit pas plus longtemps les formes et rentra dans le vif du sujet : en bref, cet homme était un proxénète, et il voulait qu'elle devienne une de ses putains. Merveilleux. C'était la première fois qu'on la lui faisait, celle-là. Mais c'était sans doute inévitable. Elle n'avait pas attendu l'arrivée d'un maquereau pour se vendre, à sa manière bien à elle. Qui sait combien elle se ferait en vendant son corps ? Peut-être pas tant que ça, elle ne connaissait aucune prostituée qui roulait sur l'or non plus... Mais elle aurait peut-être davantage à apporter à son père. Est-ce qu'elle l'envisageait ? Elle mentirait si elle disait que l'idée n'avait pas fait un peu de chemin dans ses pensées. Mais non, elle ne pouvait tout simplement pas accepter. Parce que si elle devenait littéralement une fille de joie, alors elle deviendrait très exactement ce que son père considérait déjà qu'elle était, et elle ne pourrait définitivement pas s'en défendre, quoi qu'il advienne.

-T'es pas gêné, toi, hein. Si je devais décider de vendre mon corps, je ne vois vraiment pas pourquoi je m'embarrasserais de donner la majeure partie de ce que je gagne à un type comme toi.

Elle devrait peut-être plutôt jouer les offusquées et lui faire remarquer qu'elle avait des valeurs et des principes, mais il devait l'entendre constamment, celle-là.

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A

ileen afficha un sourire amusé en entendant la réponse de son interlocuteur. Elle n'avait pas envie de baigner dans un commerce aussi sordide que le sien, mais elle devait bien reconnaître qu'il savait parler et donner à ses interlocuteurs ce qu'ils avaient envie d'entendre. Non, elle ne voulait pas se prostituer... ou en tout cas pas au sens le plus direct du terme. Coucher pour de l'argent, c'était la limite qu'elle ne voulait pas franchir, mais il était difficile d'être complètement insensible aux arguments et à la personnalité du proxénète.

Il savait ce qu'il voulait, oui, et ce n'était certainement pas un mal. Au contraire, Aileen était convaincue que pour réussir et arriver où que ce soit dans la vie, il était important, pour ne pas dire essentiel, de savoir ce qu'on voulait, et faire de son mieux pour l'obtenir. Elle se doutait que, tout comme elle, il avait dû, très tôt au court de sa vie, jouer à la débrouille, au culot, et ça lui avait réussi. Et il continuait, logique.

Il la voulait elle, lui assurait-il. Elle se demandait à combien de filles il avait sorti le même discours, elle devinait qu'elles devaient être nombreuses, et qu'il devait s'arranger à chaque fois pour avoir le sentiment d'être uniques, de ne ressembler à aucune autre. Il devait promettre à chacune un traitement de faveur, leur faire miroiter très précisément ce qu'il pensait qu'elles voulaient entendre. Et elle était assez convaincue qu'il devait souvent taper juste. Une fois encore, elle n'avait pas l'intention d'accepter, mais elle commençait à admirer son aplomb.

Il lui promettait d'être une poule de luxe, d'avoir accès à des hommes riches et influents. Ce point-là était tentant... ça ne changerait du moins pas grand-chose de ce qu'elle faisait déjà, abuser de ses charmes auprès des plus riches, ses vêtements en plus. Dans tous les cas, il ne fallait pas qu'elle oublie que son interlocuteur ne lui disait jamais que ce qu'il savait qu'elle pourrait avoir envie d'entendre.

-Si intéressante soit ta proposition, répondit-elle finalement, je suis dans l'obligation de décliner. Elle planta son regard dans celui de son interlocuteur. Je ne couche pas pour de l'argent, c'est comme ça, ça ne changera pas.

Elle ne serait pas capable de se détacher, de ne pas ressentir de dégoût de l'autre ou d'elle-même. Elle n'était pas capable d'aller jusque-là, c'est tout.

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ileen  ne saurait dire si elle avait contrarié ou non son interlocuteur. Impossible pour elle de déterminer s'il était contrarié ou s'il était simplement indifférent. Peut-être qu'il avait formulé cette demande au petit bonheur de la chance, sans avoir particulièrement besoin de ses services. Il était tombé sur elle, il savait qu'elle avait un talent particulier pour séduire, il avait tenté sa chance, elle avait refusé, fin de l'histoire. Difficile pour Aileen d'en tirer de véritables conclusions, à vrai dire... Si ça en devait en rester là, tant mieux, quelque part, même si la jeune femme avait bien conscience de passer à côté d'une occasion de se faire un petit pactole qui pourrait plus que raisonnablement aider son père et son frère.

Prétendre qu'elle n'avait pas éprouvé  ne serait-ce que l'ombre d'une hésitation, ce serait mentir. Bien sûr que c'était le cas. Mais si elle dépassait certaines limites, elle savait qu'elle pourrait se retrouver sur un chemin duquel elle ne reviendrait pas. Puisqu'ils en étaient là, Aileen resta un moment interdite. Juste un "comme tu voudras" et rien d'autre. Et maintenant ? Est-ce qu'elle devait juste prendre congé de lui ? Sans doute. Le truc, c'est que quelque part, elle avait le sentiment de passer à côté d'une occasion. Si Eric Sangster était vraiment en contact avec tous les gros bonnets de la ville, il pourrait la mettre en contact avec des hommes qu'elle serait éventuellement capable de ruiner jusqu'à la dernière noise, et sans forcément avoir eu besoin d'ôter ses vêtements.

-Je ne couche pas pour de l'argent, reprit-elle prudemment, mais je n'ai pas besoin de coucher pour faire vider leur porte-feuille aux hommes qui sont sous mon charme.

Elle ne disait pas, parfois, il y avait des risques que ça dérape, et selon le tempérament de la personne face à elle, elle pouvait se mettre en danger, mais c'était un risque qu'elle avait déjà assumé. La plupart des hommes qu'elle manipulait étaient si désespérés de lui plaire qu'ils en perdaient tout sens commun. Et le sexe devenait dès lors quelque chose de totalement accessoire, qui ne méritait pas forcément que l'on s'y attarde trop longtemps.

-Si tu me présentes ces hommes influents dont tu parles. On pourra partager les gains.

Elle tentait le tout pour le tout. Tout en sachant qu'il ne se contenterait peut-être pas de l'alternative qu'elle lui proposait.

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ileen afficha un sourire mi-amusé, mi-cynique en entendant Eric affirmer que ses clients n'étaient pas des pigeons. Peut-être qu'il le pensait vraiment, mais honnêtement, la demi-vélane ne s'était pas attendue à ce que son interlocuteur se trouve une telle conscience professionnelle en exerçant le boulot de proxénète. Tous ceux qui avaient quelque chose à vendre et qui avaient les dents qui rayaient le parquet avaient pour leur client un respect limité. Mais pour autant, pigeonner quelqu'un, ce n'était pas pour autant lui donner satisfaction. Aileen ne pensait pas qu'aucun des hommes qui ait un jour dépensé des fortunes pour elle l'ait regretté.

Mais de toute évidence, Eric ne voyait pas de quelle façon elle procédait. Logique, de toute évidence, il était insensible à ses charmes, il avait simplement constaté que ces charmes faisaient de l'effet à d'autres. Alors il sous-estimait très certainement ce dont elle était capable d'un simple battement de cils. Au fond, ce n'était pas bien grave. Aileen ne savait pas vraiment ce qu'elle aurait pu attendre de leur collaboration. Elle avait pourtant été curieuse. Mais soit. C'était une opportunité qu'elle n'avait pas demandé, et puisque ni l'un i l'autre n'avaient quoi que ce soit à y gagner.

-Je n'ai jamais entendu aucun des hommes que j'ai séduit se plaindre de moi. Et ils reviennent toujours. Aileen afficha un sourire. Mais je comprends, va, je ne voudrais pas porter atteinte à ta très grande conscience professionnelle.

C'était vrai, les hommes sous son charme revenaient et donnaient autant qu'elle le demandait. Bien sûr, il fallait l'être, sous son charme, mais en même temps, si elle ne convenait pas à un client, elle pouvait toujours le renvoyer à une de ses gagneuses favorites. Mais bon, c'était pas ses affaires. Au sens propre comme au figuré. Elle ne pouvait pas prétendre connaître quoi que ce soit de son petit business. Et ce n'était peut-être pas plus mal. Elle aurait pu s'engager sur un chemin qui n'était pas le plus glorieux. Certes, le cirque, ce n'était pas glorieux non plus, mais quitter une emmerde pour plonger dans une autre, ce n'était pas forcément la meilleure des idées, loin de là.

-C'est pas plus mal que ça, je vois pas vraiment quel intérêt j'aurais pu avoir à partager.

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onvaincue du fait que cette conversation ne les mènerait plus nulle part (mais aurait-il pu en être autrement, en réalité ?), la jeune femme ne pouvait plus que l'endurer, à présent. Puisqu'elle ne serait pas la vache à lait d'Eric Sangster, ce dernier n'avait sans doute plus qu'à déverser sa vexation et sa frustration sur elle. Soit, il ne serait pas le dernier, ni le dernier, et elle, de son côté, conserverait intact le peu qu'elle avait encore d'intégrité... bon, soyons honnête, il ne lui restait vraiment pas grand-chose de ce côté-là, mais ça restait mieux que rien malgré tout. Et il allait bien falloir qu'elle s'en contente dans tous les cas. Car elle ne reviendrait pas sur sa décision et dans tous les cas, elle ne pensait pas que son interlocuteur lui proposerait une deuxième fois de se joindre à sa collection de potiches prêtes à écarter les jambes pour un pourcentage médiocre de ce que lui-même gagnait.

Elle n'était pas particulièrement impressionné quand son interlocuteur affirma qu'il possédait la plus grosse fortune sorcière du pays. Bon, peut-être bien que c'était vrai, mais elle se permettait d'en douter. Et quand bien même c'était le cas... De toute évidence, les filles qui travaillaient pour lui, elles, ne devenaient pas riches comme Crésus. Ce qui était sans doute une preuve de plus s'il en fallait vraiment qu'il était préférable de ne pas frayer avec les hommes tels que lui. Aileen ne demandait pas à devenir invraisemblablement riche, elle ne demandait même pas à être riche tout court, juste à gagner des revenus suffisants pour subvenir aux besoins d'une famille qui la détestait, et un peu plus pour se faire pardonner sa naissance. Mais elle allait garder cette réponse misérabiliste pour elle-même. Elle n'avait pas le sentiment de passer à côté d'une opportunité, elle avait en revanche le sentiment de se tirer à temps d'un guêpier qui aurait pu lui coûter cher... Et gagner autant qu'elle le pouvait n'aurait pas remboursé le déshonneur.

-Je ne cherche pas à t'impressionner, se contenta de répondre posément Aileen. Et écoute, tant pis, c'est la vie, je vais me contenter d'être pauvre encore un moment, je pense que ce sera très bien.

Elle n'allait tout de même pas pleurer après une prétendue fortune perdue. Elle n'y croyait pas dans tous les cas. Alors peu importe. Eric avait sa fierté, Aileen avait la sienne. Ce qui faisait que leur collaboration aurait pu très bien fonctionner. Ou être un fiasco total. Au final, ils ne le sauraient jamais.

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I

l arrivait à Aileen d'être susceptible, et de l'être pour rien, vraiment, mais en l'occurrence, les mots d'Eric ne l'atteignirent pas, ils l'amusèrent, plutôt, à la vérité. Parce qu'elle pensait sincèrement que si jouer les tapins était une voie pavée d'or et de bonheur, alors le plus vieux métier du monde ne serait pas aussi sordide et les proxénètes si étonnamment bien munis en comparaison des pauvres filles qu'ils exploitaient. Eric Sangster pouvait lui laisser entendre qu'elle venait de renoncer à une montagne d'or, à l'opportunité de sa vie, elle n'oubliait pas, en sous-texte, qu'il avait surtout voulu qu'elle fasse la pute et qu'il était vexé qu'elle ait dit non.

Si encore il avait accepté ses conditions... Mais non, ce n'était pas le cas. Alors tant pis. Elle était convaincue de pouvoir trouver d'autres moyens de trouver de quoi aider sa famille et leur apporter le soutien financier dont son frère et son père avant tant besoin. Si vraiment elle décidait de vendre ses charmes - ce qu'elle faisait d'ailleurs déjà plus ou moins, dans une certaine mesure, elle n'avait besoin de l'aide de personne.

Elle pouvait tout à fait, par ses propres moyens, faire ses choix, au moins, elle ne serait pas soumise à l'autorité d'un type véreux qui avait de très bonnes chances de choisir, à un moment ou à un autre, de la lui mettre à l'envers.

Oh, elle estimait être ambitieuse, ou du moins, elle avait ses propres ambitions. Elle ne recherchait pas la gloire, elle ne recherchait même pas une fortune incommensurable, elle voulait seulement rembourser le prix de son existence à ceux qui en avaient le plus souffert. C'est sûr, si elle avait des mille et des cent à offrir à son père, alors peut-être que la situation s'apaiserait, entre eux, mais rien de ce qu'elle pourrait gagner - ou presque rien, il fallait tout de même bien vivre - ne rentrerait dans ses poches.

Alors oui, elle avait de l'ambition, l'ambition d'être enfin une fille dont son père pourrait être fière. Mais certainement pas au point d'accepter n'importe quoi non plus. Il y avait être ambitieux et être intelligent, et c'était deux choses radicalement différentes.

-Bon... tu as fini ou tu as encore d'autres choses à me dire ?

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