Le chaos des esprits [pv Vinda :333]

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a journée avait été particulièrement longue, comme toutes les journées qu’elle passait au MACUSA. Assaillie par les pensées de ses « collègues », et plus encore par leurs suspicions, elle avait le sentiment d’être un animal en cage, une cage faite de pensées déplaisantes, qui détruisaient complètement la réputation de Tina. Elle avait beau avoir conscience de l’intérêt de sa présence au sein du comité magique américain et avoir même insisté pour y rester, c’était de plus en plus éprouvant. Pour cause, la situation qu’il avaient espéré pouvoir rapidement résoudre (sans forcément y croire, ceci dit) traînait en longueur. Et plus le temps passait, plus les protagonistes s’accumulaient, plus il devenait difficile de garder la tête froide et de comprendre où tout ceci allait les amener. Et au-delà de toutes ces considérations, il y avait bien évidemment Jacob. Jacob qui était sans doute ce qu’il y avait de plus beau dans cette sinistre histoire… De plus beau mais de plus douloureux malgré tout… On lui offrait ce qu’elle avait connu et connaîtrait jamais de plus exceptionnel au monde, le tout pour le lui dérober plus tard. Cette seule pensée lui était absolument insupportable et ne l’aidait pas non plus à garder l’esprit complètement clair.

Mais rien de mieux pour lui remettre de l’ordre dans ses pensées que de retrouver l’étrange groupe que les sœurs Goldstein formaient maintenant avec Newt Scamander et Jacob Kowalski. C’est drôle comme Queenie avait le sentiment de vivre à la fois les moments les plus terribles et les plus heureux de son existence. Elle avait au fond d’elle la légère envie que ça ne s’arrête pas. Tout en sachant qu’il fallait absolument que ça s’arrête. Elle s’était rendu aussi discrètement que possible (elle devait calculer le moindre de ses faits et gestes quand elle sortait, à présent, elle ne savait que trop que le moindre écart ou la moindre maladresse de sa part pourrait leur coûter cher à tous) dans la chambre modeste qu’ils occupaient à l’heure actuelle, faute de mieux… Sauf que quand elle arriva sur place, il n’y avait personne. Queenie sentit aussitôt une vague d’angoisse la saisir. Que s’était-il passé ? Pourquoi n’y avait-il personne ?  Etaient-ils partis une fois de plus à la recherche de Dougall ? Mais dans ce cas, pourquoi tous les quatre ? Et s’il leur était arrivé quelque chose.

Elle quitta précipitamment les lieux, le cœur battant. Queenie savait que le plus logique serait sans doute de les attendre au moins un moment et de ne pas céder à la panique, mais elle était tout bonnement incapable de rester juste… statique, et d’attendre sans rien faire, c’était au-deçà de ce qu’elle s’estimait capable d’endurer. Alors elle allait partir à la recherche… retourner dans les locaux du MACUSA, peut-être, pour s’assurer que les Aurors ne les avaient pas retrouvés, avec les conséquences que l’on ne pouvait que supposer dès lors. Le pas précipité, pas suffisamment attentive à ce qui se passait, elle ne fit pas attention à la présence de la personne qui avança face à elle et qu’elle bouscula sans le vouloir.

-Désolée, s’excusa-t-elle avec un fin sourire. Je ne regardais pas où j’allais.

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a femme qu’elle avait bousculée sans s’en rendre compte ne semblait pas lui en tenir rigueur, et ce fut pour Queenie un sincère soulagement. La jeune femme n’aimait pas déplaire ou déranger, et la dernière chose qu’elle puisse vouloir dans ces circonstances était de se faire remarquer inutilement. Il semblait qu’il n’en était rien, alors… tant mieux, oui. Elle l’observa un instant, un peu perturbée. La jeune femme s’exprimait dans un anglais impeccable, en dépit d’un accent relativement prononcé… mais quelque chose ne tarda pas à perturber Queenie chez elle. Et il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre quoi. Les pensées de cette femme s’exprimaient dans une langue qui lui était parfaitement étrangère. Latine, sans doute, mais elle ne s’y connaissait pas assez pour le jurer.

Ce n’était en soi qu’un détail, bien sûr, mais qui n’oublia pas d’ajouter à sa confusion présente. Elle songeait qu’elle ferait sans doute mieux de retourner bien vite à l’intérieur, mais elle n’en fit rien. Ce ne serait pas poli, surtout que son interlocutrice se montrait aussi agréable que polie, visiblement soucieuse de savoir comment elle se portait. De toute évidence, son trouble ne devait pas passer inaperçu. En même temps, Queenie aurait été prête à le parier. Elle n’avait jamais été la plus douée quand il était question de dissimuler ses émotions… et c’était pire encore quand elle était prise au dépourvu. Et il était certain que c’était présentement le cas.

-Oui oui, je vais bien, répondit la jeune femme dans un fin sourire.

Que pouvait-elle répondre d’autre en même temps ? Elle ne pouvait évidemment pas se permettre de lui dire de but en blanc que quelque chose n’allait pas, non, parce qu’elle était inquiète, puisqu’elle ne savait pas où se trouvait sa sœur, ni Jacob, ni Newt… les deux premiers recherchés par le MACUSA… Dans cette situation, et même en présence d’une personne bienveillante, il semblait assez certain que la meilleure des solutions restaient tout de même d’en dire le moins possible et de simplement faire comme si tout allait bien… même si on devait ne pas être crédible.

-Je pensais avoir… reconnu quelqu’un, mais j’ai dû me tromper.

Elle n’avait pas su trouver mieux comme excuse. Bon, le mieux aurait sans doute été de ne pas se justifier du tout, mais elle n’avait pas su s’en empêcher. C’était toujours mieux que de dire la vérité, quelque part… Elle ne voulait pas courir le risque de dire qu’elle cherchait quelqu’un, des fois que son interlocutrice saisisse l’opportunité de l’aider à mener ses recherches. Même si elle avait sans doute mieux à faire de son temps malgré tout. Elle se montrait sûrement polie, rien d’autre. Ce qui était déjà remarquable en réalité, car la politesse n’était pas forcément une qualité bien commune, du moins dans une ville telle que New York (ou n’importe quelle grande ville, sans doute), où chacun menait bien souvent sa vie sans se soucier des autres. Par commodité.

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C'

était étrange pour Queenie d’entendre son interlocutrice s’exprimer de la sorte… parce que, en réalité, elle se reconnaissait un peu dans ce comportement, l’attitude d’une personne naturellement empathique, qui s’inquiétait instinctivement pour les personnes qui l’entouraient, même si elle faisait à peine leur connaissance. Elle ne pouvait pas se laisser démentir par les pensées de cette femme, formulées dans une langue latine qu’elle n’identifiait même pas comme du français… tout ce qu’elle savait, c’est qu’elle n’y comprenait bien. Elle se contentait simplement d’interpréter le geste et la parole sans entendre la pensée… et à vrai dire, la jeune femme semblait… sympathique, bienveillante, et c’était agréable de tomber sur elle dans l’état de détresse où elle se trouvait à l’heure actuelle… même si, à choisir (et ça ne faisait pas le moindre doute), elle préférerait tomber sur Tina, sur Jacob, sur Newt… peu importe qui, elle avait besoin de savoir où ils étaient et s’ils allaient bien… elle avait du mal à donner de l’importance au reste en comparaison.

Queenie aurait voulu ne pas sembler si bouleversée, mais elle voulait bien croire qu’elle n’était pas convaincante. Si c’était elle qui avait le don de lire dans les autres, elle savait qu’elle était particulièrement transparente de son côté, son esprit était un livre ouvert dans lequel il était aisé de se plonger, pas parce que ses pensées étaient à la portée du premier venu, mais parce qu’ils se lisaient dans son regard, dans le tremblement de sa voix. Toujours à fleur de peau, la jeune femme laissait tout transparaître, et n’y voyait pas de problème… Il faut dire que, en règle générale, elle n’avait rien à cacher. Maintenant, c’était différent, et si elle appréciait la considération de son interlocutrice, elle ne savait pas réellement de quelle façon y réagir… parce que ce n’est pas parce que cette dernière insisterait, même pour son propre bien, qu’elle allait pouvoir lui dire la vérité.

-Tout va bien, je vous assure, dit-elle en affichant un sourire.

Elle ne pouvait pas s’épancher sur ce qui la travaillait… D’autant plus qu’il était très probable qu’il ne s’agisse de rien du tout au bout du compte. Elle ne devait pas céder à la panique pour un oui ou pour un non. Elle était sous pression, c’était un fait, mais elle ne rendrait service à personne en s’abandonnant à la paranoïa. Elle en avait tout à fait conscience. Elle n’arrangeait pas son cas, pas du tout même. L’angoisse appelait l’angoisse, et elle ne devait pas se laisser happer par ce cercle vicieux.

-Je vous remercie, mais vous n’avez aucune raison de vous inquiéter, et je suis sûre que vous devez avoir tout un tas de choses à faire, madame… ?

Elle ne connaissait même pas le nom de cette inconnue qui se montrait pourtant si douce et attentive envers elle. Aux yeux de Queenie, c’était la moindre des choses que de lui en demander davantage, au moins de connaître son nom. Elle n’insisterait pas au-delà, mais déjà, ce serait un premier pas.

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a jeune femme en question s'appelait donc Rosier... c'était un nom qui lui était vaguement familier, comme lui était celui de Lestrange, car famille de sang pur étrangère renommée, mais elle n'avait cependant pas d'a priori à son sujet, pour le moment, la seule impression qu'elle avait d'elle pour le moment était une impression entièrement positive. Elle se sentait rassurée en compagnie de cette inconnue qui paraissait se faire honnêtement du souci pour elle. Alors elle retiendrait son nom comme celui de la femme qui aura su la rassurer un peu tandis qu'elle se révélait un peu trop... sujette à une panique immodérée, renforcée par sa sensibilité accrue.

-Queenie... Goldstein, répondit-elle avec un fin sourire, se présentant à son tour.

Elle avait hésité à donner son nom de famille à son interlocutrice. Quand bien même la jeune femme était manifestement étrangère, elle pouvait avoir entendu parler des acteurs présumés des récents événements, ou bien voir le nom et levisage de sa soeur sur un avis de recherche. Si tel était le cas, elle ne tenait pas à être associée d'office à la situation, ça ne soulèverait que beaucoup trop de questions, et c'était des interrogations qu'ellle n'avait pas la moindre envie de susciter. Pour le coup, et pour la première fois depuis un moment...elle voulait être perçue comme une personne normale... fragile et perturbée, peut-être, mais normale malgré tout dans tous les cas. Elle espérait que son interlocutrice ne ferait pas le lien, elle estimait bien lui devoir un semblant de sincérité en échange de la sienne. Et qui sait, Vinda aurait peut-être la délicatesse de ne pas poser la moindre question embarrassante.

Elle lui apprit qu'elle était là en vacances, Queenie ne remettait pas sa parole en doute. Après tout, c'était les fêtes de fin d'année, même si c'était difficile à croire, peut-être avait-elle simplement voulu voir New York sous la neige ? La jeune femme était d'avis qu'il n'y avait rien de plus beau. Même si Vinda n'avait certainement pas pu en profiter ainsi qu'elle l'aurait forcément voulu. Tous ceux qui avaient choisi New York comme lieu de destination dernièrement devaient s'en mordre très largement les doigts.

-Vous devez regretter d'avoir choisi cette destination pour passer vos fêtes de fin d'année, observa Queenie avec un léger sourire.

Et encore, l'épisode du Nouvel An n'avait pas eu lieu encore, mais déjà c'était la panique. Un sénateur no-maj était mort... une créature inexplicable et inexpliquée ravageait la ville, sans parler des créatures dont l'origine avait en revanche une explication plus concrète. Dans tous les cas, oui, l'ambiance n'était pas clémente à New York, dernièrement, et Queenie préférait en plaisanter plutôt que d'admettre qu'elle était directement et terriblement concernée par toute cette situation, ce qui n'est rien de le dire.

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ueenie se doutait qu'il devait être singulièrement frustrant de partir en vacances, des vacances planifiées de longue date et attendues avec impatience, et de se retrouver dans un climat aussi... peu propice à la détente. Queenie ne remettait pas une seule seconde en cause les propos de son interlocutrice, dont les pensées continuaient de lui être inaccessibles, elle ne voyait aucune malice à son attitude et à son propos, comment pourrait-elle se douter de quoi que ce soit, après tout ? Elle songeait simplement qu'elle était mal tombée, mais elle semblait avoir du caractère, suffisamment pour ne pas se laisser atteindre par ce coup du sort et choisir de tirer le meilleur parti de son voyage quoi qu'il en soit. La jeune femme n'était pas certaine que, de son côté, elle aurait été capable de faire preuve d'une telle philosophie. Elle avait tendance à se laisser submerger par ses émotions, quand elle ne se laissait pas submerger par les pensées des autres.

Alors elle serait sûrement beaucoup trop stressée et déçue pour avoir la réaction adéquate... ceci dit, elle aurait peine à en juger, elle n'était pas partie en vacances depuis... En fait, elle n'était jamais partie en vacances, pas qu'elle s'en souvienne, du moins. Peut-être quand elle était toute petite, avec ses parents, mais elle n'en avait plus le moindre souvenir (elle peinait déjà à se rappeler son père et sa mère, alors...). Mais depuis qu'il n'y avait plus que sa soeur et elle... eh bien, elles n'avaient tout simplement pas le temps, ni forcément les moyens.Tina se donnait toujours corps et âme à son travail, et la justice prenait difficilement du repos. Elle avait appris à faire avec, tout simplement. Mais il est vrai que, parfois, elle rêverait de voir d'autres choses, d'explorer de nouveaux horizons, d'apprécier d'autres paysages. A quoi pouvait bien ressembler la France, par exemple ? Elle serait assez curieuse de le découvrir.

-Du moment que vous réussissez à en profiter tout de même..., répondit Queenie avec un fin sourire. Qu'étiez-vous venue visiter ?

La ville en générale, bien sûr, mais il y avait sûrement des lieux et des monuments qui l'intéressaient plus que d'autres ? A ce genre de détails tout simples, on pouvait parfois en apprendre plus sur autrui, et la question de Queenie n'était par conséquent pas anodine, même si elle le faisait surtout pour détendre l'atmosphère, et surtout pour rejeter au loin toutes les préoccupations qui pouvaient être les siennes afin de ne se préoccuper que de cet instant. Les conversations simples, détendues, sans aucun enjeu dramatique n'étaient plus vraiment monnaie courante, ces derniers temps, et ce serait mentir que de prétendre que ça ne lui manquait pas, qu'elle n'en avait pas besoin, par moments... Pour ne pas céder à la panique ou ne pas devenir complètement folle, tout simplement. Ca pouvait n'avoir l'air de rien, mais ça comptait tout de même.

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ueenie sourit en entendant son interlocutrice lui parler de cette ville qui comptait tant pour elle. Queenie qui était amoureuse de cette ville. Elle n'avait presque connu aucun autre décor, en dehors d'Ilvermorny, en fait, mais ça ne l'avait jamais dérangé, parce qu'elle était amoureuse de la ville qui l'avait vu naître et grandir. Elle rêvait parfois d'autres horizons, parce qu'elle rêvait de tout, mais elle serait toujours capable de vanter les mérites de la grosse pomme auprès de n'importe qui. Et gare à celui ou celle qui prendrait le risque de dire du mal de cette ville. Oui, cette ville était belle, et elle appréciait qu'on le reconnaisse outre-Atlantique, même s'il était amusant d'entendre son interlocutrice rêver d'Amérique... quand bien des Américains rêvait d'Europe et de France également... et de Paris plus encore. S'il y avait bien une ville où la jeune femme rêverait de se rendre un jour, c'était bien Paris... mais ce n'était pas demain la veille que ça arriverait.

Elle lui parla de Central Park, elle lui parla de la statue de la Liberté, dont la construction avait été orchestrée en France. Queenie hocha la tête, oui, elle le savait, mais elle trouvait toujours cette anecdote amusante, et elle n'en savait pas grand-chose de plus. Tout ce qui avait trait à l'histoire et l'architecture moldue lui était globalement inconnu. Même si, dernièrement, elle avait plus que jamais l'envie de tout savoir sur les No-Majs. Elle parla également des parades de Broadway. Là encore, Queenie n'était pas bien informée, en fin de compte... encore une chose qui avait trait à la culture moldue, et qui par conséquent lui échappait assez.

-Et vous avez réussi à en profiter tout de même un peu depuis votre arrivée ? demanda-t-elle avec un fin sourire.

Elle devait bien le reconnaître, sa conversation avec cette inconnue lui faisait le plus grand bien, un bien immense, même. Elle se sentait moins angoissée... Elle ne savait rien de cette personne, pourtant, ou très peu, mais le peu qu'elle découvrait réussissait à l'apaiser. Et il était définitivement plus simple de discuter des ambitions touristiques de la belle Française que de se focaliser sur ses propres inquiétudes.

-Vous venez d'où, en France ? J'ai toujours rêvé de visiter Paris...

Mais elle se doutait que tous les Français n'étaient pas Parisiens, tout comme tous les Américains n'étaient pas New-Yorkais, même si c'était un lieu commun inévitable, tout comme vouloir parler romantisme, tour Eiffel et croissants avec son interlocutrice, juste parce que son accent charmant en donnait quelque peu l'envie. Son interlocutrice était d'un abord agréable et aimable. Elle donnait immédiatement et instinctivement envie d'apprendre à mieux la connaître. Et Queenie se prenait au jeu, un jeu finement orchestré sans même qu'elle s'en rende compte. Et elle, elle était tout simplement abusée par cette situation.

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V

inda lui confirma, sans surprise, qu'elle n'avait pas vraiment eu l'occasion de faire du tourisme. Logique, en effet, vu les circonstances. Effectivement, ses vacances avaient dû être largement perturbées, mais la jeune femme ne semblait pas particulièrement contrariée par ce coup du sort. Queenie songeait qu'elle l'aurait été bien davantage, à sa place. Queenie était de nature à se laisser, bien trop souvent, contrarier par rien. Quand elle planifiait ou organisait quelque chose, elle tenait à ce que tout soit parfait, alors si une chose ou l'autre ne se passait pas comme elle l'avait voulu, sa sensibilité exacerbée prenait le dessus, et l'empêchait de relativiser, en dépit de son évident optimisme.

La famille de Vinda possédait un manoir en province, la province, c'était vaste, mais Queenie n'allait pas l'interroger davantage à ce sujet, car en réalité, ses connaissances géographiques de la France étaient extrêmement limitée. Elle ne saurait déjà pas citer tous les Etats des Etats-Unis, alors elle n'allait clairement pas prétendre savoir quoi que ce soit de l'Europe. De la France, elle connaissait Paris, parce que Paris, à ses yeux, c'était la ville de l'amour. Elle l'associait à la beauté, à l'art, au romantisme, et c'était tout ce qu'elle retenait. Vinda avait donc vécu à Paris, et Queenie l'enviait un peu, comme beaucoup de Parisiens enviaient peut-être les New-Yorkais. L'herbe est toujours plus verte chez le voisin, au bout du compte. Queenie sourit et hocha la tête quand son interlocutrice lui apprit que la capitale française était magnifique, elle aussi espérait de tout coeur qu'elle aurait l'occasion de s'y rendre un jour. Mais de toute évidence, ce n'était pas pour tout de suite. Pour le moment, Queenie devait se contenter de son décor familier, et de tous les problèmes qui accompagnaient ce cadre bien particulier et pourtant si habituel.

-Oui. En fait, je n'ai jamais vécu ailleurs. Enfin... A part quand j'étais à Ilvermorny. Je ne suis jamais partie en vacances, je n'ai jamais voyagé. Nous n'avons jamais vraiment eu le temps... ni les moyens, ma soeur et moi.

Pas de manoir dans la province française pour Queenie et Tina Goldstein. Leurs parents avaient toujours vécu très humblement, et elles-mêmes devaient faire des pieds et des mains pour payer leur loyer, pour joindre les deux bouts, Tina avait beau mener une brillante carrière (à part un récent gros couac, on ne va pas se mentir), elles ne roulaient vraiment pas sur l'or, alors les voyages faisaient d'autant plus rêver Queenie qu'ils ne leur étaient pas vraiment accessibles. De toute façon, pour prendre des vacances, il faudrait que Tina daigne prendre ne serait-ce qu'un jour de congé, et ce ne semblait vraiment pas prévu au programme. De toute façon, il y avait plus important pour l'heure, beaucoup plus important.

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ueenie afficha un fin sourire en réponse à son interlocutrice quand cette dernière s'affirma navrée d'apprendre qu'elle n'avait jamais eu l'occasion de voyager. Bien sûr, c'était dommage, mais Queenie le vivait avec philosophie. Bien sûr, elle aimerait découvrir le monde, bien sûr, certains pays étrangers lui faisaient de l'oeil (l'Angleterre notamment, au nom de leurs lois progressistes, pour une raison qu'il n'est pas nécessaire de nommer), mais elle se contentait tout de même bien de son pays et de sa ville natales. C'était là qu'elle et sa soeur avaient grandi et s'étaient construites. Ces lieux avaient une grande valeur pour elles, et la legilimens était sincèrement heureuse de ce qu'elle avait pu vivre ici, même si la vie n'avait pas toujours été très simple, évidemment. Donc il n'y avait pas de quoi être navrée pour elle. Pas pour cela, en tout cas. Des occasions de voyager, elle en aurait d'autres, et quand elles se présenteraient, la jeune femme avait bien l'intention de les saisir. En espérant qu'elle ne serait pas seule à ce moment-là.

Queenie allait répondre qu'elle avait encore du temps devant elle, qu'elles réussiraient peut-être à s'accorder des vacances plus tard, elle et sa soeur, mais son interlocutrice la prit de court avec une question certes indiscrète, mais à laquelle la jeune femme ne voyait pas de souci à répondre. Queenie ne faisait pas de sa vie un mystère, même si ces derniers temps, trop de secrets y avaient pris place pour qu'elle puisse réellement tout en dire au premier venu. Mais pour le reste, elle était capable de parler librement de ce qu'était sa vie... Après tout, elle estimait que si l'on voulait faire connaissance avec quelqu'un, c'était quelque part la moindre des choses, et cette femme lui était sympathique. Elle ne s'imaginait pas que la curiosité de la Française puisse être malsaine, qu'elle cherche surtout à endormir sa méfiance pour s'en faire une amie. La crédule Queenie était seulement heureuse d'avoir trouvé quelqu'un à qui parler, même s'il s'agissait d'une personne qu'elle venait tout juste de rencontrer et dont elle ne savait pour ainsi dire pratiquement rien.

-Oh, vous n'êtes pas indiscrètes, ne vous en faites pas, répondit-elle avec un sourire. Mes parents sont décédés de la dragoncelle quand j'étais petite, il n'y a plus que ma soeur et moi. Mais c'était il y a longtemps.

Et Queenie s'était faite au fait que Tina soit sa seule famille. Elle n'en souffrait pas, elle en était même heureuse... Elle n'aurait pas pu espérer meilleur soutien au quotidien que celui de sa soeur.

-Vous avez des frères et soeurs, vous ? l'interrogea-t-elle à son tour, ce qu'elle estimait être la moindre des choses, d'autant que son interlocutrice la rendait bel et bien curieuse.

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ueenie afficha un fin sourire en entendant la réponse de Vinda. Elle n'avait pas à être désolée. Elle appréciait son discours, elle accueillait toujours les condoléances avec beaucoup de douceur, mais elle avait réussi à faire le deuil de ses parents. Ils lui manquaient bien souvent, mais elle s'était remise, et si elle s'était aussi bien remise, elle savait que c'était grâce à Tina, qui avait accusé le coup beaucoup plus douloureusement qu'elle. Queenie était petite, ses souvenirs de cette époque étaient flous, mais elle savait que sa grande soeur, elle, pensait souvent à leurs parents. Cette situation l'avait obligée à devenir adulte et responsable avant l'âge, lui avait forgé le caractère... Ces événements avaient décidé de la dynamique de leur relation, pour le meilleur et pour le pire, et c'était une chose qu'elle ne pouvait certainement pas regretter, loin de là.

Elle savait qu'elle avait de la chance d'avoir une soeur comme elle, elle savait que sa famille réduite au nombre de deux ressemblait malgré tout davantage à une famille que n'importe quelle autre famille nombreuse, comme ce qu'avait été, était la famille de Vinda, donc. Queenie avait parfois envié les grandes familles de sangs purs, pour le luxe dans lequel elles vivaient, pour ce fort esprit de famille qui les unissait, mais c'était un sentiment qui l'abandonnait très vite. Elle était heureuse d'être une Goldstein, elle était fière de sa famille, quand bien même elle n'était réduite qu'à sa grande soeur, bien plus qu'elle ne le serait d'être une Rosier. Sans offense à l'adresse de son interlocutrice, loin de là.

-Ma soeur est ce que j'ai de plus précieux au monde, et je ne sais pas ce que je deviendrais sans sa présence et sans son soutien, confirma Queenie quand Vinda observa qu'elle aurait véritablement aimé avoir une soeur et avoir une relation comme celle qu'elle partageait avec Tina.

Comme pour toute relation, il y avait du bon et du mauvais, mais Queenie n'irait certainement pas prétendre que c'était toujours un long fleuve tranquille. Les récents événements mettaient à jour entre elles des frictions et des failles jusqu'alors étouffées. Sa relation avec Jacob, le danger auquel elles s'exposaient, tout ça, forcément, jouait sur leur relation. Queenie ne blâmait pas Tina, non, mais elle ne pouvait pas ignorer combien cette situation était complexe, et parce que son interlocutrice lui inspirait confiance, elle ne voyait pas vraiment de problème à lui en dire davantage à ce sujet.

-Mais nos relations ne sont pas toujours apaisées malgré tout, je pense que ça doit toujours être le cas entre frère et soeur, encore plus quand on a toujours pu compter que l'une sur l'autre comme c'est notre cas, ajouta-t-elle, ne lésinant définitivement pas sur les confidences, dont certaines qu'elle aurait peut-être dû s'épargner.

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ueenie ne savait pas réellement pourquoi elle se montrait aussi confiante envers son interlocutrice, alors qu'elle venait à peine de la rencontrer. Elle en venait à lui confier des choses sur sa relation avec sa soeur qu'elle n'avait jamais dites à personne. Elle en était la première perturbée, mais dans tous les cas, elle était tout à fait sincère dans ce qu'elle affirmait, et ce n'était pas méchant en soi, c'était un fait, ça ne changeait rien au fait que sa soeur était ce qu'elle avait de plus précieux au monde (ou presque) et qu'elle ne serait rien sans elle... Elle ne pouvait définitivement pas s'imaginer la tournure que prendrait leur relation dans les semaines à venir. Et non, ce n'était pas trop pesant pour elle. Ou en tout cas, elle refusait d'admettre que ça pouvait l'être, d'une façon ou d'une autre. Le dire à voix haute serait déjà comme une petite trahison.

-Oh, on ne s'est jamais disputées plus d'une heure, et encore, vraiment rarement, répondit Queenie d'un ton rassurant quand Vinda évoqua leurs disputes en évoquant la possibilité que celles-ci soient allé trop loin.

Jamais quand il était question des soeurs Goldstein. Bien sûr, il y avait des frictions, et c'était normal : elles étaient ensemble tout le temps, l'une était sensible, l'autre susceptible, à certains moments, ça devait faire des étincelles. A plus forte raison que les talents de legilimens de Queenie ne plaisaient pas forcément toujours à Tina. Peu importe ce qu'elle pensait, et qu'importe si cette pensée était juste fugace, Queenie savait tout et ne pouvait s'empêcher de fouiner dans l'esprit de sa soeur. Tina avait le mérite d'être habituée, ce n'est pas pour autant que ça devait toujours être facile à vivre pour autant, cela dit.

-Je ne veux pas imaginer non plus ce que ça fait, confia-t-elle doucement quand Vinda observa qu'elle n'osait imaginer ce que cela faisait d'être en froid avec son frère ou sa soeur.

Pour Queenie, c'était un scénario qu'elle voulait éviter à tout prix, et pourtant il lui pendait au nez.

-Mais c'est facile de voir comment s'est possible. On ne peut détester profondément qu'une personne qu'on a aimée profondément. Dans le cas contraire, au mieux elle nous agace, au pire elles nous indiffèrent.

Les gens qui se présentaient en ennemis avaient souvent été déçus préalablement, et l'inverse de l'amour, c'est bien connu, n'a jamais été la haine. Ces sentiments étaient intrinsèquement liés, il était assez normal de pouvoir éprouver l'un plus l'autre. Comme ces couples qui s'étaient adorés et qui finissaient par s'entre-déchirer.

-Pourquoi est-ce que vous vous intéressez autant à cette question ? demanda Queenie avec curiosité.

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