Les grands esprits se retrouvent [Adalbert]

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dalbert avait toujours été en grand solitaire. Du temps d'Ilvermorny, il ne tolérait presque personne dans son entourage à l'exception d'Elizabeth, et il ne pouvait pas prétendre que cela ait beaucoup changé avec le temps. Il avait quelques amis, oui, et il ne cherchait pas à tout prix à mettre les autres à l'écart, mais c'était ainsi, il était quelqu'un de relativement asocial, et il trouvait davantage d'intérêt à la compagnie d'ouvrages et manuscrits anciens qu'à la présence de ses pairs, même si certains échanges avec quelques-uns d'entre eux pouvaient se révéler particulièrement révélateurs, intéressants et fructueux.

Dernièrement, pourtant, son besoin presque maladif de solitude ne se constatait pas particulièrement, parce que même si Adalbert trouvait toujours plus d'une occasion de se retrouver seul avec son travail, le fait est tout de même qu'il n'était plus si rare de le voir entouré, chose qui avait tendance à le surprendre lui-même, pour tout dire.. et d'autant plus qu'il y prenait, contre toute attente, un certain plaisir. Parce que s'il était entouré, c'était de personnes infiniment intéressantes, et qui avaient tendance à l'élever et à le stimuler intellectuellement. Sa rencontre avec Dumbledore, cet homme qu'il admirait et avec qui il avait tant correspondu avait été un déclencheur, son projet d'études mené pour la première fois en commun, avec la brillante Eulalie Hicks, avait été un second déclencheur, tout aussi important. Il avait découvert que partager son travail pouvait être aussi intéressant que stimulant, et qu'il avait manqué certaines choses à trop se replier sur lui-même. D'ailleurs, ses travaux progressaient pour le mieux. Certes, ils avaient encore du pain sur la planche (avec un sujet d'étude aussi exigeant que la magie primitive, il ne fallait pas s'attendre à autre chose, en même temps), mais il était vraiment satisfait de leurs programmes.

Enfin, il y avait l'ordre, et toutes les rencontres pour l'immense majorité remarquables et stimulantes que la création de ce groupuscule essentiel à une situation chaotique. Il y investissait beaucoup de son temps et de son énergie, ce qui lui donnait d'autant moins l'occasion d'être seul, mais par la même, il se découvrait capable de rechercher la compagnie de ses camarades, qui tous savaient l'accompagner, à chaque fois d'une manière différente, dans son parcours intellectuel. C'était notamment le cas de Nicolas Flamel, dont il admirait autant la personnalité que le parcours. C'était pour lui un honneur que d'accueillir cet homme chez lui, et ce dernier semblait toujours prendre plaisir à passer du temps en sa compagnie. Et à peine arrivé, il donna le ton, lui prouvant une fois encore que cette amitié providentielle n'était définitivement pas à regretter.

-Je te remercie, répondit Adalbert avec un fin sourire. Et mes recherches progressent mieux que je ne l'aurais imaginé alors que j'ai techniquement moins de temps à y consacrer, c'est à n'y rien comprendre, s'amusa-t-il en invitant Nicolas à s'installer confortablement dans son salon. Je vais nous préparer du thé. Pendant ce temps, sens-toi libre de me poser toutes les questions que tu souhaites.

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dalbert afficha un fin sourire alors que Nicolas accueillait sa proposition de prendre le thé avec enthousiasme. Le thé était une tradition très anglaise, mais c'était un empreint que le jeune homme faisait avec grand plaisir à ses camarades outre-Atlantique, d'autant que ses contacts de ce côté de l'océan lui permettaient de parfumer son thé de concoction plus agréables que celles que l'on pouvait escompter trouver en Amérique. Il s'affairait donc à la tâche, afin de réserver le meilleur des accueils à son ami, tandis que ce dernier lui partageait donc ses impressions sur son ouvrage et commençait à lui poser ses questions.

Nicolas avait apparemment accordé une attention toute particulière au chapitre, long, fourni, et sans cesse agrémenté, qui concernait la présence de magie chez les individus non sorciers et de l'expression de la magie en dehors des individus. C'était un sujet passionnant, et que ses études sur la magie primitive allaient lui permettre de creuser d'autant plus. Il estimait que c'était là l'une des choses les plus passionnantes dans son domaine d'expertise, parce que le sujet était non seulement fascinant mais complexe. Il n'y avait que des questions et très, très peu de réponses. Pour ne pas dire qu'il n'y en avait pour l'heure aucune. C 'était par certains aspects vraiment frustrant, mais en même temps stimulant. Explorer des champs où tout restait à découvrir, c'était forcément bien plus exaltant que de se cantonner à des sujets mille fois explorés, et concernant lesquels il n'y aurait absolument plus rien à dire.

-J'ai entendu cette question plus d'une fois, oui, mais elle est normale. J'ai eu la faiblesse de mettre de côté le sujet. Je l'ai à peine effleuré jusqu'ici. Le phénomène paraissait éteint... Rétrospectivement, m'être contenté de ce constat tiendrait presque de la pure paresse intellectuelle. Le cas des obscurus est passionnant, c'est la forme la plus évidemment pure de magie à l'état brut, mais c'est un phénomène que je n'ai pu observer que de beaucoup trop loin. Et le cas de Credence Barebone tend à suggérer que toutes les recherches effectuées à ce jour sur la question sont caduques.

C'était un constat qu'il pourrait faire avec défaitisme, il n'en était rien, il était au contraire franchement enthousiasmé par ce "coup du sort". Les circonstances avaient évolué, mais elles étaient d'autant plus fascinantes, et elles le passionnaient. Même s'il n'avait pas assez d'éléments - pas encore - pour en discuter réellement dans le plus grand détail.

-Tu as peut-être une opinion sur la question ? Tu en as peut-être rencontrés, non ?

C'était dit sans jugement, avec pure curiosité. Nicolas avait traversé les siècles, et connu une époque où les obscurials étaient bien plus nombreux, la création d'obscurus un phénomène bien plus fréquent, alors forcément, il avait peut-être de nouvelles connaissances à puiser chez son sage interlocuteur.

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dalbert était très curieux de connaître l'opinion de l'alchimiste au sujet des obscurials, comme il appréciait toujours de bénéficier de l'immense expérience de Nicolas Flamel, qui disposait de par son parcours d'un savoir absolument encyclopédique qu'Adalbert ne pouvait bien évidemment qu'admirer. Le théoricien n'était pas vraiment attiré par le concept de vie éternelle en soi, il estimait que le sentiment de finitude était justement ce qui faisait de sa vie cette gigantesque course contre la montre qui le poussait toujours à donner le meilleur de lui-même. Mais en même temps, avoir un temps presque infini devant soi était certainement ce qu'il fallait pour pouvoir escompter tout connaître sur tout... et encore... La connaissance totale et infinie était une illusion, un leurre. C'était une leçon que Nicolas avait sans doute bien intégrée, et qu'Adalbert, de son côté, n'acceptait qu'à moitié de concevoir pour ce qu'elle était en dépit de son évidence... sans admettre complètement qu'il trouvait une grande majorité de son contentement dans la recherche plutôt que dans la découverte.

Ainsi qu'Adalbert l'avait présumé, donc, l'alchimiste avait en effet été le témoin des sursauts de l'histoire qui étaient susceptibles en partie de justifier que le phénomène des obscurus était autrefois bien plus fréquent qu'aujourd'hui, où on le pensait quasiment éteint. La chasse aux sorcières n'existait plus, des mesures adéquates étaient prises. En bref, les jeunes sorciers avaient logiquement moins de raisons de taire à tout prix leurs pouvoirs... même s'il y avait manifestement des exceptions, et impressionnantes, qui plus est, comme ne manqua pas de faire remarquer Nicolas à Adalbert, qui n'avait jamais été le témoin d'un cas d'obscurus aussi immense que celui du jeune Credence, qui selon les dernières rumeurs serait en plus toujours en vie.

-Peut-être bien..., reconnut Adalbert qui lui-même s'était posé la question. En tout point, ce que renfermait le jeune homme était un obscurus, mais quand il échappait aux définitions mêmes des obscurus et obscurials, ne fallait-il pas donner une nouvelle définition à ces termes, ou envisager de donner une définition à part entière au phénomène qu'incarnait le jeune Credence Barebone. Il sera sans doute impossible d'en apprendre davantage sans le rencontrer en personne. Et ce ne semblait pas bien parti pour le moment. Est-ce que le ministère des affaires magiques français aurait gardé des traces des mesures prises à l'époque ? Je serais curieux d'y jeter un oeil.

Il était probable que non, cela remontait à il y a des siècles, le ministère français s'était renouvelé plus d'une fois depuis. Mais Adalbert savait que Nicolas y avait travaillé au moins un temps, même si ce n'était pas à cette période, alors qui sait s'il n'en savait pas plus. Et qui sait si ces documents ne pourraient pas leur être diablement précieux.

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a réponse de Nicolas n'était malheureusement pas pour surprendre Adalbert, il n'en attendait pas vraiment d'autre de la part de son interlocuteur. Ils faisaient ici référence à des documents, s'ils avaient existé, qui avaient près de cinq siècles d'âge, il semblait assez logique que beaucoup de ces documents se soient perdu, et que le visage du ministère français ait évolué en même temps qu'avait évolué leur politique. Ainsi, apprendre que beaucoup d'archives avaient été détruites après la Révolution n'avait effectivement rien d'une surprise en soi. Pour autant, Adalbert gardait un fin espoir. Qui sait en effet si l'alchimiste ne parviendrait pas à faire jouer ses contacts afin de permettre au moins de jeter ne serait-ce qu'un oeil à même un seul document datant de cette époque et faisant mention des obscurus, quand ceux-ci étaient un phénomène bien plus fréquent.

Adalbert remercia son interlocuteur d'un hochement de tête accompagné d'un sourire. Il ne pourrait peut-être rien faire des informations qu'il récupérerait, et elles s'éloignaient sans doute un peu de ses perspectives actuelles, mais il avait le sentiment que tout élément, n'importe lequel, avait son importance, et qu'aucun d'eux ne devait jamais être négligé. Par conséquent, il était d'un intérêt sûr et véritable d'y garder un oeil plus qu'attentif. Ce n'étaient pas seulement ses recherches personnelles qui pouvaient être impactées par un tel travail, c'était également la cause poursuivie par l'Ordre, et en conséquence, il semblait d'autant plus important d'y accorder tout l'intérêt nécessaire, et au-delà de l'intérêt nécessaire, même.

-Nous verrons bien, je l'espère, en tout cas, répondit Adalbert sans perdre son fin sourire quand Nicolas, qui semblait lire dans ses pensées, lui adressa une réflexion qu'il avait très certainement besoin d'entendre dans ces circonstances.

Oui, il était frustré, c'était la vérité, et il avait le sentiment qu'un trop grand nombre d'informations lui échappait encore, ce qui bien évidemment avait le don de le frustrer terriblement, et plus il creusait, plus il trouvait à creuser, les perspectives se multipliaient, à perte de vue, il était impossible de ne pas le constater, de ne pas vouloir en tirer son parti. Et c'était très exactement ce qui se passait dans son cas particulier, il ne pouvait pas le nier.

-Tu as parlé de dizaines de question, ne crois pas que j'ai oublié. Tu m'as mis au pied du mur dès la première, mais je pense que je suis capable d'entendre les autres, proposa Adalbert avec le sourire, surtout parce que ses connaissances trop limitées en la matière ne lui permettraient pas de creuser davantage le sujet des obscurials, ou du moins pas autant qu'il pourrait bien le souhaiter. Mais son dernier ouvrage, dans sa réécriture, de même que ses derniers travaux, brassaient bien assez de sujet pour tenir toute une conversation.

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