Langdon Shaw

Toute sa vie, Langdon a eu le sentiment de vivre dans l’ombre de. L’ombre d’un père influent dont la réputation et le non précédait toujours sa propre personne, l’ombre d’un frère intelligent et brillant qui avait toujours su éclipser son propre potentiel… S’il fallait brièvement résumer les choses, c’est ainsi que Langdon en parlerait, mais permettons-nous d’observer la situation plus objectivement. Langdon est né à New York, au sein de la riche et influente famille Shaw. Son père, Henry Shaw, patron de presse influent, et multimilliardaire, offrit à son fis tout ce que ses hauts revenus pouvaient lui accorder. Une éducation de haute volée, des précepteurs expérimentés, des voyages à travers le monde entier pour perfectionner les langues étrangères. Au fond, il ne manquait à Langdon qu’une seule chose : la présence de son père, bien souvent accaparé par son travail et ses nombreuses obligations sociales…

Après la mort de sa mère, Langdon avait d’autant plus ressenti cette absence, mais il aurait pu l’accepter, ou au moins la comprendre, si le temps que Henry Shaw Sr. ne parvenait pas à lui consacrer, il ne l’adressait pas plutôt à son fils aîné, Henry Shaw Jr. Langdon appréciait beaucoup son frère, mais il supportait de plus en plus mal la concurrence constante qu’il ressentait entre eux… une concurrence où il était toujours perdant, cela va sans dire, du moins le voyait-il ainsi. Quand son frère ainé brillait par ses résultats scolaires, son attitude exemplaire et ses ambitions admirables, Langdon était à la traîne. Certes, il n’était pas mauvais élève, mais loin d’avoir les mêmes résultats que son frère. Quand ce dernier pouvait revendiquer un poste de sénateur, Langdon peinait à achever ses études de journalisme… Il faut dire que le journalisme n’était peut-être as sa vocation, mais il n’avait tout simplement pas su vers quoi d’autre se tourner. Choisir la branche qui était celle de son père, c’était à ses yeux une manière de se rapprocher de lui… en vain… Langdon n’a jamais eu le sentiment que son père soit touché ou impressionné par ses études en cours.

Mais Langdon ne désespère pas de se faire remarquer de son géniteur de lui prouver sa valeur, d’autant qu’il pense avoir entre les mains une main d’or. Très intéressé par le discours des Fidèles de Salem et de Mary Lou Barebone, il croit dur come fer en l’existence des sorciers. Il a voulu alarmer son père à ce sujet, lui demander de faire connaître la nouvelle dans son journal, mais Henry Shaw, accaparé par la campagne de son autre fils, n’a pas voulu l’entendre… Trop tard. Son frère est mort sous leurs yeux, et cette mort n’avait rien de naturelle. Langdon regrette d’avoir dû perdre son aîné pour que son père ouvre enfin les yeux, mais il ne pense plus pouvoir être contredit dorénavant, et il compte bien prendre une revanche sur la vie en même temps que venger la vie de son frère, qui l’exaspérait certes, mais qui lui manque énormément à présent.

Langdon a nourri, à force de déceptions, un certain complexe d’infériorité. Mais loin de se lamenter sur son sort, plutôt que de se plaindre, il compte faire tout son possible pour prouver au monde mais surtout à son père qu’il vaut plus que ce que lui-même a fini par croire. Eprouvant un besoin constant de reconnaissance, il saisit toutes les occasions à sa portée de prouver aux autres qu’il est capable de beaucoup… Et de la ressource. Quand il croit en quelque chose, Langdon est prêt à tout pour faire entendre raison à ceux qui l’entourent, il peut déployer des trésors de volonté et d’ingéniosité dans l’espoir de se faire entendre.

Il dissimule son manque de confiance en lui derrière une assurance de façade qui n’est jamais que feinte. Il est toujours en train d’en faire trop avec le sentiment de ne pas en faire assez. Obstiné, il peut parfois se jeter à corps perdu dans une cause sans en connaître les tenants et aboutissants et ne reconnaître ses torts que beaucoup trop tard. Des faiblesses, il en a un grand nombre, et il lui est très difficile de s’en défaire. Sa fierté blessée a besoin d’être constamment réconfortée, ce qui n’a rien de très simple. Il peut très vite agacer, de la porte, et plus il agace, plus il perd en confiance, en somme, c’est un cercle vicieux.

Langdon est curieux de nature. S’il n’est pas sûr d’être fait pour le métier de journaliste, il possède quand même cette qualité essentielle. Il tient la vérité et sa révélation lui tient à cœur.