Une vie est façonnée par ses inspirations | Adalbert & Nina

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ne réunion exceptionnelle des membres de l'Ordre à New York, la première à réunir tous ceux qui avaient rejoint le groupe depuis sa création, l'opportunité de faire le point, de prendre de nouvelles décisions. Pour Adalbert, c'était aussi l'opportunité de découvrir celles et ceux du groupe qu'il ne connaissait pas encore, mais à bien y regarder, ils n'étaient finalement pas bien nombreux. Ceux qu'il ne connaissaient que de nom, il les connaissait du moins de réputation, ou en avait eu l'écho par l'un ou l'autre des membres du groupe dont il était un peu plus proche.

Cette réunion avait été... infiniment stimulante. Il y avait quelque chose de presque... honteusement glorifiant à se retrouver ainsi parmi les esprits les plus brillants de sa génération (enfin, toutes les générations étaient globalement représentées, ceci dit, même les plus improbables, via Nicolas et Pernelle). Oh, il ne remettait pas du tout sa place en question pour autant, bien au contraire : il était entièrement convaincu de pouvoir apporter sa pierre à l'édifice, et il était plus qu'impatient de pouvoir le faire plus concrètement.

La réunion touchait à sa fin, chacun repartait petit à petit, chacun à sa manière. Certains venaient de très loin pour assister à ces réunions. Ce n'était pas le cas d'Adalbert, qui savait que sa position pouvait d'autant plus être stratégique. Il était de ceux qui vivaient à New York au quotidien, où l'ennemi se trouvait. Et il devait profiter de cette situation qui pouvait véritablement apporter un plus à leurs actions.

Mais pour le moment, il était temps de rentrer chez lui. Adalbert était en train de ranger ses notes dans son sac. Le jeune homme savait que ce pouvait sembler trop impoli ou scolaire, mais c'était ainsi qu'il procédait toujours. Il avait une bonne mémoire, certes, mais il appréciait de ne pas seulement s'y fier. Ses notes donnaient une teneur concrète à chaque réunion, comme s'il en devenait le greffier involontaire. Et il relisait régulièrement ses notes, les retouchait, en tirait des conclusions qui ne lui étaient pas venues sur le moment. Ce fut à ce moment-là qu'on l'aborda.

-Oui, Nina, bien sûr, Nicolas m'a parlé de vous, répondit Adalbert quand la jeune femme se présenta à lui. La jeune femme était peut-être celle qu'Adalbert connaissait le moins de tous ceux réunis, mais il se fiait totalement à l'opinion des Flamel. Ils lui faisaient confiance, ce n'était certainement pas pour rien. Nina, elle, le connaissait, et loin de se sentir embarrassé de l'entendre lui parler de ses livres, son regard s'illumina. De l'ego ? Peut-être. Le fait est qu'il adorait que l'on s'intéresse à son travail, qui était toute sa vie. Eh bien... je vous remercie. Lequel avez-vous préféré ?

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enthousiasme de Nina n'était manifestement pas feint, et c'était une chose qu'Adalbert ne saurait qu'apprécier. Il en avait croisés, des flagorneurs, qui pensaient s'attirer un quelconque profit en faisant mine de s'intéresser à ses ouvrages quand ils n'en avaient lu que la table des matières, mais avec Adalbert, les "imposteurs" étaient vite révélés, car quand il était lancé sur son sujet de prédilection, il devenait inarrêtable, et ceux qui manifestaient leur lassitude (une lassitude on ne peut plus logique, cela va sans dire) étaient très vite remarqués.

Il devait tout de même reconnaître que ceux qui s'investissaient dans son travail au point de l'avoir même lu plusieurs fois n'étaient pas forcément si nombreux, mais cela ne faisait que renforcer en lui l'idée d'avoir à faire à une jeune femme avec qui il serait plaisant de s'engager dans des conversations à rallonge, de celles qu'il préférait bien sûr, sur les tenants et aboutissants de la magie.

-Je vous remercie, répondit Adalbert avant de réaliser que ça il l'avait déjà dit.

Mais en même temps, alors qu'elle le couvrait de compliments, comment réagir autrement ? Il pourrait lui rendre la pareille, c'est certain, mais il lui serait difficile de lui rendre effectivement la pareille sans la connaître. Adalbert était quelqu'un de généralement honnête, trop honnête pour son propre bien, affirmeraient certains. Et par conséquent, il était impossible d'attendre de sa part qu'il s'amuse à vanter les mérites d'une personne qu'il ne connaissait pas. Pour le moment, la plus grande qualité de cette jeune femme, en dehors du fait d'être dans les petits papiers des Flamel, ce qui en soi était beaucoup, c'était d'avoir su accorder à son travail toute l'attention que ce dernier méritait à ses yeux.

-Je m'étonne que mon Traité sur la théorie magique européenne au seizième siècle ait votre préférence. Rétrospectivement, je ne suis pas fier de cet ouvrage, je ne regrette pas qu'il soit un peu tombé dans l'oubli. J'étais jeune à l'époque, j'étais pétri de certitudes et je manquais de méthode. Et ce n'est pas un ouvrage sur lequel on m'a permis de revenir régulièrement, contrairement à Magie théorique, malheureusement, mais on apprend de ses expériences, n'est-ce pas ? Il marqua une pause. Vous êtes l'assistante de Pernelle, il me semble, c'est bien ça ? Vous êtes passionnée d'alchimie ?

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dalbert ne pouvait pas donner tort à Nina sur ce point : même si sa première oeuvre lui déplaisait beaucoup, et qu'elle reflétait toutes ses erreurs et tous ses tâtonnements de jeunesse, tout n'était pas à jeter dedans. Déjà, le contenu n'était peut-être pas si imbuvable si on lui avait donné la chance d'être publié, et ces premiers écrits avaient été un tremplin pour lui, ils lui avaient permis de progresser, de se faire un nom parmi les théoriciens de la magie et de faire la connaissance de personnes infiniment compétentes et intelligentes. Oui, il ne devait pas renié cette première œuvre, en revanche, il n'avait pas envie qu'on se souvienne de lui (parce que, par contre, il estimait comme une chose très importante le fait que l'on se souvienne de lui) pour ce premier ouvrage un peu brouillon, il aimait mieux que son nom soit associé à ses œuvres les plus abouties. Ceci dit, il appréciait vraiment le discours de son interlocutrice. Elle avait une vision très aiguisée des choses, et il sentait d'avance qu'il allait être plaisant de parler avec elle, d'autant qu'elle semblait avoir la langue aussi bien pendue que lui.

Nina lui confirma que cela faisait plusieurs années à présent qu'elle travaillait avec Pernelle. Il devinait que ce devait être un vivier d'expériences enrichissantes pour elle. Pernelle était une femme fascinante autant par son histoire, son intellect et son esprit d'innovation. Toutes les conversations qu'il avait eues avec elle, de même qu'avec Nicolas, avaient toujours été infiniment enrichissante. Il n'y avait sans doute pas meilleur départ dans la vie que de travailler à ses côtés. Malgré tout, Nina n'était donc pas passionnée par l'alchimie à proprement parler.

C'était la recherche, le progrès qui la fascinaient avant toute chose, et c'était une chose dans laquelle il voulait bien se reconnaître de son côté également. Il voulait toujours repousser les limites de ce qui était connu pour apporter au monde des connaissances supplémentaires. Malgré tout, il trouvait étonnant de n'avoir aucun domaine de prédilection particulier. Justement, quand on laissait voguer sa curiosité, venait toujours un moment où l'on voulait s'arrêter sur un domaine particulier, pas vrai ?  

-Je suis certain que vous faites un travail admirable, Pernelle et Nicolas ne s'embarrasseraient pas de poids morts.

Il choisissait sans doute mal ses mots, mais en matières d'interactions sociales, Adalbert n'était pas forcément le plus civilisé ni le plus éloquent. Il l'était à l'écrit, c'était ce qui importait, même s'il avait parfois le sentiment qu'entre ce que son cerveau agitait de pensées et ce qu'il posait sur le papier, il n'y avait pas grand-chose.

-Et vous n'envisagez pas de faire carrière à titre individuel ? De voler de vos propres ailes ? Vous devez bien avoir un domaine de prédilection en particulier, n'est-ce pas ?

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es arguments de Nina ne firent, pour commencer, aucun sens dans l'esprit d'Adalbert, qui ne parvenait pas à comprendre que de tels projets puissent ne pas être accessibles à une jeune femme telle qu'elle. Elle semblait brillante (une fois de plus, jamais Pernelle et Nicolas ne lui adresseraient sa confiance autrement), et elle était jeune, bien jeune même, alors se projeter sur le long terme ne devrait techniquement pas être un problème, pas vrai ? A l'évidence, il lui manquait des informations essentielles à ce sujet, concernant lesquelles la jeune femme ne tarda pas à l'éclairer, sous son regard embarrassé.

C'était sa santé qui l'empêchait de caresser un tel projet. Il était sincèrement au regret de l'apprendre. Il la voyait, si jeune, si motivée, si énergique, il était impossible d'imaginer que le temps puisse lui être compté - mais ce n'est pas pour autan qu'il ne la croyait pas, bien sûr. Il en avait vu d'autres, dans la fleur de l'âge, qui semblaient avoir la vie devant eux et qui avaient été fauchés en plein vol. C'était terrible, certes, mais ce n'était pas exceptionnel, en revanche.

Elle ajouta tout de même un "pour le moment" qui laissait supposer que tout espoir n'était pas perdu. A quel point fallait-il y croire ? c'était autre chose ça. Elle ne lui donnait pas de détails, mais il devinait que le mal dont elle souffrait était de ceux qui jusqu'ici n'avaient pas su trouver de solution digne de ce nom.

-Vous dites que ce n'est pas si dramatique, mais à vous entendre, ça l'est bel et bien, remarqua Adalbert avec le manque de tact qui lui était habituel.

Il ne cherchait pas à mettre les pieds dans le plat, mais c'était généralement plus fort que lui. Il était du genre direct, et quand une question le taraudait, il n'y mettait généralement pas les formes : il ne passait pas par quatre chemins, il se contentait de poser les questions telles qu'elles lui venaient, et sans réfléchir davantage. Il finissait parfois par le regretter a posteriori, mais dans les faits, se remettre en question n'était pas le fort d'Adalbert non plus. Donc, en somme, il se contentait de dire les choses, un point c'est tout, et il réfléchissait aux conséquences plus tard, quand il prenait seulement la peine d'y réfléchir, parce qu'il aurait eu l'intelligence émotionnelle pour ça.

-Sans vouloir me montrer indiscret, de quoi souffrez-vous ?

C'était indiscret, bien sûr que c'était indiscret.

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a question était parfaitement indiscrète, et Adalbert en avait bien conscience, c'était d'ailleurs, pour ainsi dire, sa spécialité que de poser les questions qu'il ne fallait pas, à croire que c'était ni plus ni moins que son domaine de prédilection, en fin de compte. Il avait déjà cru constater que c'était en posant les questions frontalement, et sans tergiverser, que l'on obtenait les réponses les plus sûres et les plus efficaces. Bien sûr, c'était une vision très biaisée des choses, et qui ne se confirmait pas forcément tout le temps. Il arrivait aussi très fréquemment qu'on l'envoie promener parce que son attitude était proprement insupportable et que personne n'avait envie de lui consacrer plus de temps. Mais donc, en quelques rares et précieuses occasions, cela fonctionnait.

Peut-être Nina était-elle, au fond, habituée à parler de sa condition et était-ce pour cela qu'elle parvenait à s'exprimer à ce sujet sans spécialement de difficulté. Peut-être qu'elle n'était pas, au contraire, de nature à s'épancher mais qu'elle estimait pouvoir faire une exception dans ce cas bien précis. Va savoir, en fin de compte, pourquoi elle avait pris le parti de lui répondre, toujours est-il qu'elle le fit, et qu'Adalbert recueillit ses confidences avec ce qu'il estimait être le respect de rigueur en de telles circonstances.

Ce qu'elle avait, sans trop avoir idée de ce qu'elle avait malgré tout, était donc une maladie de sang, quelque chose qui courait dans ses veines, peut-être de génétique, et contre quoi elle ne pouvait manifestement pas grand-chose, si ce n'est quoi que ce soit. Ce qu'Adalbert retenait surtout, c'est que face à l'incompétence des médecins, la pauvre Nina ne pouvait rien faire d'autre que de subir, et ce devait être particulièrement éprouvant à vivre au quotidien, Adalbert en était certain.

-Je suis sincèrement désolé pour vous, répondit-il alors en toute sincérité, parce que c'était le cas. Adalbert était très centré sur lui-même, pas tant par égoïsme que par facilité, mais ça ne l'empêchait pas de compatir au sort d'autrui malgré tout. Vous savez, vous devriez vous lancer dans tout ce que vous désirez, même au risque de ne pas réussir à le terminer. Déjà parce qu'aucun travail n'est jamais pleinement achevé - j'en sais quelque chose. Il peut toujours être amélioré. Ensuite parce que la médicomagie progresse de jour en jour. Ce qui rend les médecins perplexes aujourd'hui trouvera peut-être une résolution demain, qui sait ?

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dalbert afficha un fin sourire. Il devait bien avouer qu'il aimait qu'on lui donne raison. Et pour cause, il avait consacré sa vie entière à la recherche de la vérité, alors forcément, c'était quelque chose qui comptait immensément pour lui, quelque chose qui comptait même au-delà de tout le reste. Ceci, dit, ce n'était pas forcément parce qu'il faisait une supposition qu'il disait vrai. Le "peut-être" utilisé par Nina n'était pas forcément de trop, en l'occurrence, et même si ce n'était pas quelque chose d'agréable, il fallait savoir rendre à César ce qui était à César.

-En ce moment, je travaille sur les formes de magie primitives, celles qui ont précédé la magie telle que nous la connaissons et la maîtrisons aujourd'hui, répondit Adalbert quand Nina lui demanda si il travaillait sur quelque chose en particulier en ce moment.

Le fait est qu'il travaillait toujours sur quelque chose de particulier, puisque c'était un fondamental de ses travaux, mais oui, il s'attaquait dernièrement à un sujet des plus vastes mais aussi des plus stimulants. Fort heureusement, afin de creuser le sujet en profondeur, il pouvait compter sur le soutien d'Eulalie Hicks dont les propres recherches et la collaboration lui étaient d'une aide des plus précieuses, véritablement.

-Je ne dirais pas non à un café. Je pourrais vous parler plus en détail de mes recherches, ainsi.

Il se ravisa au moment de prononcer ces mots. Si Adalbert s'écoutait, il ne parlerait que de son travail constamment. C'était tout ce qui le portait, c'était tout ce qui l'intéressait, il vivait pour ce travail, et il se donnait corps et âme à ce dernier.

-Ou d'autre chose, bien sûr, je ne voudrais pas vous ennuyer avec tout ceci.

Mais elle avait l'air sincèrement intéressée, et également passionnée, alors peut-être que cela ne la dérangerait pas tant que ça, en réalité. Il l'espérait, car lui était un véritable moulin à parole. Il ne pouvait s'empêcher de parler, encore et encore et encore, de ce qui l'intéressait au-delà de tout le reste. Adalbert était un homme épuisant tant il était passionné. Et il n'était pas toujours facile à suivre, par conséquent.

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ous sommes à New York, aucun café ne mériterait d'être bu ici, fit Adalbert avec un fin sourire en coin, encore nostalgique de son séjour en Amérique du Sud, qu'il avait effectué dans le cadre de ses recherches, et qui lui avait offert de goûter au meilleur café colombien que l'on puisse imaginer - pas de retour en arrière possible, après ça, tous les cafés vendus dans les troquets de New York avaient vocation à avoir un goût de jus de chaussettes, après ça. Mais soit, je connais un endroit où le café n'est pas si terrible, ajouta-t-il d'un ton complice avant de l'inviter à le suivre.

L'avantage, avec Nina, c'est qu'elle le mettait en confiance. Ce n'était pas donné à tout le monde d'avoir ce genre de pouvoir sur lui. Adalbert était quelqu'un de très ouvert quand il parlait de ses recherches, mais contradictoirement très fermé socialement. Il était assez difficile de faire la part des choses, par conséquent. Mais justement, puisque Nina semblait s'intéresser très sincèrement à ses recherches, et ne pas seulement le faire en surface, il était plus simple d'en discuter avec elle, et c'était, bien sûr, non sans énergie et enthousiasme qu'Adalbert s'impatientait d'apprendre à son interlocutrice tout ce qu'il pouvait bien savoir, et de la mettre au courant de toutes les recherches, toutes les trouvailles qui avaient pu être les siennes ces dernières semaines, où il n'avait clairement pas chômé, se répandant en recherches qui elles-mêmes menaient à d'autres recherches, puis encore à d'autres... de quoi donner le tournis à absolument n'importe qui, à vrai dire. Il attendit tout de même qu'ils soient tous deux installés dans un confortable café pour en dire plus long à son interlocutrice.

-Le plus simple est que je vous présente mes notes et que je vous les commente au fur et à mesure, qu'en pensez-vous ? Peut-être qu'en en discutant ensemble, nous trouverons d'autres pistes pertinentes ? suggéra-t-il d'un ton concernant tout en, une fois assis, extirpant de sa sacoche une pochette contenant un nombre très conséquent de parchemins griffonné de ses pattes de mouche.

Il partit alors du début et commença à détailler ses recherches à son interlocutrice. Quand il partait dans de telles litanies, il était capable de durer des heures de temps. Nina avait plutôt intérêt à avoir le coeur bien accroché.

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es compliments de Nina allaient droit au coeur du théoricien de la magie. Il faut dire que s'il était bien une chose qu'il refusait que l'on remette en question le concernant, c'était bien sa méthode. Que l'on ne soit pas d'accord sur les propos qu'il tenait (même s'il estimait ne jamais rien soutenir qui ne soit factuel), il était dans une certaine mesure capable de l'entendre, et cela lui permettait par ailleurs d'argumenter des heures durant sur ce qu'il estimait véritablement digne d'être entendu et également de renforcer ses recherches jusqu'à ce que ne subsiste plus aucun contre-argument, mais le sérieux qu'il mettait à l'ouvrage, bien souvent au mépris de sa santé physique et mentale, tant il en oubliait bien souvent de vivre (quand il était plongé à fond dans son travail, il en oubliait même de boire, manger et dormir, c'est dire), il aimait qu'on le souligne et qu'on admette que c'était bel et bien quelque chose d'impressionnant.

Il ne voulait pas non plus être couvert d'éloges, d'autant qu'il était homme à très mal gérer le fait d'accepter les compliments et se montrait toujours d'une pitoyable maladresse à ce sujet. Il tenait à ce que les choses soient faites et bien faites, de préférence dans les règles de l'art... Donc oui, Nina était parvenue à le brosser dans le sens du poil en lui adressant très précisément les compliments qu'il pourrait avoir envie d'entendre, et il était d'autant plus ravi d'avoir daigné partager ses travaux avec une personne véritablement capable de les apprécier sans faire semblant le moins du monde.

-Oui, c'est en effet mon propos, confirma Adalbert quand Nina résuma à la perfection son discours théorique. C'est la magie dans son essence pure que je veux appréhender, comprendre et analyser, au-delà des moyens que nous avons par la suite su employer en tant que sorciers afin de la canaliser. De même que s'il existe une prédisposition chez les êtres humains qui font qu'ils sont en mesure de se servir de cette magie ou au contraire n'en seront jamais capable, c'est un point qui mérite d'être éclairci.

En bref, il avait encore du pain sur la planche, et il trouvait tout ceci très stimulant.

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