Les adieux ne sont jamais éternels [pv Jacob <3333]

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ueenie n'était pas de ces individus qui se laissaient émouvoir par le temps qu'il faisait et laissaient leurs émotions fluctuer en fonction de la météo. Bien sûr, comme tout un chacun, elle préférait les jours ensoleillés aux moments pluvieux, mais ça n'allait pas au-delà. Jusqu'à aujourd'hui. Mais aujourd'hui, plus rien n'était pareil... parce qu'aujourd'hui et pour le restant de ces jours, elle le savait, elle haïrait profondément la pluie, cette cruelle effaceuse de mémoire.

Bien sûr, bien sûr, c'était une chance qu'une solution miracle ait été trouvée afin d'oublietter efficacement tous les no-majs qui devaient oublier les événements surnaturels dont ils avaient été les témoins. Mais les autres no-majs pouvaient bien perdre leur mémoire, Queenie, égoïstement, s'en moquait, et pouvait même reconnaître que c'était une bonne chose, et que c'était nécessaire... Sauf que Jacob était de ces no-majs, et là, ça changeait tout.

Queenie avait eu beau répéter à Jacob qu'il était des leurs, ils avaient eu beau se promettre de ne jamais se séparer, de trouver le moyen de rester ensemble même quand tout serait fini, les faits les avaient rattrapés. Ils savaient, évidemment, que le temps passerait trop vite, que les circonstances joueraient en leur défaveur... et c'était arrivé. La conclusion de cette histoire laissait définitivement à la jeune femme une impression douce amère. Oui, évidemment, Queenie était soulagée que Tina soit mise hors d'affaire, qu'elle ne soit plus contrainte de jouer les fugitives et puisse peut-être même retravailler pour le MACUSA. Mais le reste... Eh bien, le reste se révélait bien moins glorieux. Grindelwald était de retour, et elle, elle devait dire adieu à Jacob. Elle avait laissé au jeune homme le soin de dire au revoir à Newt et Tina en bonne et due forme, et ils étaient à présent là, tous les deux, derrière la porte qui s'ouvrirait sur cette pluie battante qui le laverait du moindre souvenir d'elle. Et il était temps de se dire au revoir... Ce qui lui demandait l'effort le plus douloureux qu'elle ait jamais eu à fournir.

La jeune femme avait les larmes au bord des yeux, le sentiment que son coeur allait exploser, l'impression qu'elle ne saurait plus jamais être heureuse de toute sa vie... Elle ne voulait pas qu'il s'en aille, elle ne savait pas comment elle avait vécu sans lui avant de le connaître, elle ne savait vraiment pas comment elle vivrait sans lui après l'avoir connu. Elle ne savait réellement pas comment faire, de quelle manière s'y prendre. Avant de dire quoi que ce soit, elle enlaça Jacob, le serrant si fort contre elle qu'il était très possible qu'elle lui fasse mal, tant pis. Elle voulait encore se donner l'illusion de pouvoir lui retenir.

-Je veux pas..., dit-elle doucement...

Même si ce qu'elle voulait n'entrait évidemment pas en ligne de compte.

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ueenie tentait de sourire quand Jacob affirmait que tout irait bien. Le problème, c'est qu'elle savait pertinemment que non, tout n'irait pas bien... Comment serait-ce possible seulement ? Queenie avait rencontré l'homme de sa vie. Jacob était son âme soeur, elle en était intimement convaincue, et maintenant, elle devait lui dire adieu... Comment est-ce que ça pourrait bien aller ? Comment vivre sans lui ? Comment reprendre le cours d'une vie de laquelle il ne ferait pas partie ? Elle n'arrivait pas à le concevoir, et pourtant, elle savait qu'elle ne pouvait pas se permettre de flancher. Ce n'était pas juste. Elle devait plutôt communiquer à Jacob le courage d'aller jusqu'au bout, sans essayer de le retenir. Après tout... c'était pour son bien à lui.

Il ne se souviendrait plus d'elle, alors au moins ne souffrirait-il pas de son absence, et même si sa vie ne connaissait pas les meilleurs auspices pour le moment, ce n'était peut-être que partie remise. Queenie pourrait peut-être l'aider à distance ? Il parviendrait peut-être à ouvrir sa boulangerie ? Et quand ce serait fait, qui sait, il retrouverait peut-être aussi sa charmante fiancée, ou une femme qui le méritait davantage. Il serait heureux, bien plus qu'avec elle, à vivre une relation clandestine qui leur interdirait de se marier ou même de fonder une famille. Alors elle n'avait pas le droit de le retenir, oui. Mais c'était dur de ne pas tout simplement fondre en larmes et de prendre la décision la plus inconséquente possible, par amour pour lui. Tout reprendrait son cours, mais rien ne serait jamais pareil. Queenie y avait pensé... peut-être qu'elle devrait se laisser oublietter, elle aussi, effacer tout souvenir de Jacob de sa mémoire ? Mais c'était inconcevable, en réalité. Si déjà elle ne pouvait pas vivre avec lui, elle se devait de vivre avec son souvenir. C'était tout ce qu'il lui resterait de lui.

-C'était toi, tu sais, dit-elle doucement, tout en sachant qu'elle devrait se taire. Mais si elle ne lui disait pas maintenant tout ce qu'elle pourrait lui dire, elle n'en aurait plus jamais l'occasion, et ça, c'était une idée tout sauf acceptable pour elle. Elle effleura doucement la joue de Jacob du bout des doigts. L'homme de ma vie.

Et elle ne voulait pas accepter de contre-arguments à ce sujet. Si ce n'était pas lui, alors ça ne devait être personne, il ne fallait pas que ce soit qui que ce soit d'autre. Elle s'en fichait, elle pourrait bien passer le reste de son existence seule. Au moins, elle l'aurait connu, au moins, ils se seraient aimés. C'était peut-être plus que ce qu'ils auraient jamais pu espéré. Et à cette pensée, il fallait aussi qu'elle se raccroche.

-Je ne t'oublierai jamais, Jacob.

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ueenie esquissa un nouveau sourire triste quand le jeune homme affirma que lui aussi, voudrait ne jamais l'oublier. Elle en était certaine... Malheureusement, ce n'était pas à eux de décider. Eux, ils avaient seulement le choix de subir, et quelque part, Queenie était rassurée de savoir que Jacob n'aurait aucun souvenir de tout ça. Bien sûr, ça lui faisait du mal d'imaginer que même l'évocation de son nom ne lui dirait plus rien, mais elle voulait qu'il soit heureux, qu'il réussisse à mener une vie belle, simple, et équilibrée. Puisqu'il devait la mener sans elle, c'était sûrement une excellente chose qu'il perde ce pan de sa mémoire. Oui, elle voulait qu'il soit heureux, et elle le savait, la réciproque était vrai. Pour lui faire plaisir, elle devrait mentir, sans doute, affirmer qu'elle trouverait son bonheur, loin de lui, et qu'elle réussissait à reprendre le cours de sa vie sans angoisse ni regrets. Mais elle n'avait pas envie que des mensonges viennent entâcher les derniers moments qu'ils partageaient, ce même si ça devait les rendre plus douloureux encore. Elle voudrait le soulager, oui, mais elle n'y arrivait pas. Parce qu'en cet instant, elle avait le sentiment qu'on lui arrachait le coeur. Et comment peut-on encore sourire à la vie quand on ne possède plus de coeur ? Peut-être qu'elle dramatisait trop les choses, qu'elle n'avait pas la distance nécessaire pour ça... mais elle devait essayer.

-Je peux pas te promettre ça... Elle ne retenait définitivement plus ses larmes, et il lui devenait de plus en plus compliqué de s'exprimer à travers ses sanglots, mais il le fallait bien... Les derniers mots qu'ils avaient à se dire étaient forcément trop importants. Je peux te promettre d'essayer, c'est tout...

Même si elle doutait des efforts qu'elle serait capable de fournir, en tout cas au début. Être heureuse sans lui, elle aurait le sentiment que ce serait le trahir, quand bien même c'était ce qu'il voulait, et qu'elle savait qu'il ne le faisait pas par bonté d'âme, juste par amour... Oui, elle pourrait essayer d'être heureuse, mais elle ne reviendrait pas sur son constat. Oui, il était l'homme de sa vie. Même s'il devait y avoir d'autres hommes, ils ne seraient pas lui, alors son bonheur ne serait pas aussi... fort.

-Et je peux te promettre que je prendrai toujours soin de tes souvenirs.

Puisqu'il n'y aurait plus qu'elle pour les garder. Elle avait l'intention de les protéger, de les chérir, de les préserver avec la plus grande attention. Le temps passe et la mémoire s'efface, inexorablement... Mais les quelques semaines qu'elle avait passées avec Jacob, elle refusait de laisser qui que ce soit ou quoi que ce soit les lui ôtait. C'était d'autant plus important pour elle que ces instants communs ne résideraient plus que dans un seul et unique esprit.

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ueenie afficha un nouveau très fin sourire, avalant au passage quelques-unes de ses larmes quand Jacob lui assura qu'il lui faisait confiance pour ce qui était de prendre grand soin de ses souvenirs. Il n'avait en effet aucune inquiétude à se faire (elles se résorberaient toutes sous peu quoi qu'il en soit). Il n'y avait aucun souvenir qu'elle pourrait chérir davantage que ceux qu'ils avaient en commun. Elle vivrait encore de nombreuses choses, elle en était certaine, des moments tristes, des moments heureux, de bonheur comme de douleur, mais ce qui était certain, c'est que les pensées qu'elle rattachait au jeune homme resteraient parmi les plus importantes. Ils auraient toujours une place dans son esprit et dans son coeur. Alors oui, il pouvait lui faire confiance, en effet.

La jeune femme frissonna légèrement quand, d'un geste de la main, Jacob vint tenter de débarrasser son visage des larmes qui l'humidifiaient. C'était peine perdu, car sitôt effacées, d'autres larmes reparaissaient. Elle n'y pouvait rien, elle était incapable de les retenir. Elle aimerait prendre sur elle, mais c'était impossible. Elle ne pouvait pas faire semblant d'avoir moins mal. Tant pis si leurs adieux étaient noyés de la sorte. Dans tous les cas, ce simple geste de tendresse, d'affection, lui faisait un bien et un mal fou en même temps. Il lui était impossible de rester indifférente à cette pensée, à ce sentiment, c'était au-delà de ce que les mots même pouvaient exprimer. C'était ancré en elle... Et maintenant, il fallait...

Il fallait qu'il s'en aille. Mais Queenie ne réussissait pas à le laisser partir. C'était horrible... Pourquoi cette seconde-ci et pas la suivante ? Et pourquoi la suivante et pas celle d'après encore ? Elle serra Jacob contre elle, l'emprisonna de ses bras aussi fort qu'elle le pouvait. Encore un peu, juste un tout petit peu... Elle garda cette étreinte aussi longtemps que possible, elle devait se souvenir. Son parfum, les battements de son coeur, le rythme de sa respiration, tout ce qui était lui. Le goût de ses lèvres aussi... Elle l'embrassa avec fougue, un baiser qu'elle éternisait volontairement. Elle voudrait le garder captif de ses lèvres pour toujours, mais c'était impossible. Et quand leurs lèvres se détachèrent l'une de l'autre, elle voulut recommencer, revenir en arrière. Elle voudrait être bloquée dans une boucle temporelle... et ne jamais s'en échapper encore.

-Attends, dit-elle dans un souffle.

Attendre quoi ? Attendre tout court. Pas maintenant, pas tout de suite... qu'il lui laisse encore un peu de temps. Elle se libéra de leur étreinte, inquiète qu'il lui échappe. Elle fouilla ses poches, réfléchit, à toute vitesse. Elle ne pouvait pas le laisser partir simplement comme cela. Finalement, elle se décida, détacha le collier qu'elle portait à son cou, le déposa au creux de la main de Jacob.

-Garde-le, tu veux bien ?

Qu'il garde au moins quelque chose d'elle. Ce qui n'était sans doute pas prudent, mais peu importe, elle allait tenter d'ignorer la culpabilité que lui ferait ressentir Tina si elle la voyait faire. Elle ne regrettait pas ce choix.

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ueenie avait bien conscience du fait qu'elle n'agissait pas le moins du monde comme elle le devrait. Elle devait accepter que Jacob l'oublie, complètement, elle ne devait pas, surtout pas, se raccrocher au vain espoir qu'il garde ne serait-ce qu'un infime souvenir de lui. Ce n'était pas leur rendre service, mais c'était plus fort qu'elle. Elle ne se voyait pas vivre - pour ne pas dire survivre - à un monde duquel Jacob aurait disparu, un monde dans lequel Jacob n'aurait pas la moindre idée de qui elle est. Bien sûr, ce n'était pas un simple collier qui rendrait la mémoire au jeune homme, Queenie n'avait pas la naïveté de le croire.

Mais elle avait envie de penser, en revanche, que le jeune homme découvrirait le collier en question, s'interrogerait sur sa provenance, et le simple fait qu'il se laisse animer par cette sorte de questionnement constituerait un lien, même infime, avec elle. Bien sûr, il fallait espérer que l'homme conserve précieusement le bijou et ne prenne pas la décision de s'en débarrasser. Le jeu en valait la chandelle. C'était simple, après tout, c'était innocent... et ça leur faisait gagner un peu de temps. Même si l'horloge tournait, et ils ne pouvaient définitivement pas en arrêter le cours.

Ils pourraient se satisfaire d'étreintes, de baisers, Queenie pourrait tenter par tous les moyens de laisser son parfum imprégner aussi longtemps que possible les vêtements de Jacob, au bout du compte, ils en étaient au même stade : ils faisaient face à l'échéance... et si elle tardait trop encore, il était très probable que Tina les rejoigne et gâche leur dernier instant. à raison et par bienveillance, mais le résultat serait là, quoi qu'il en soit.

La jeune femme esquissa un fin sourire, triste pour sa part à elle aussi, quand le jeune homme lui assura qu'il garderait ce collier pour se rappeler qu'elle était la personne la plus importante de sa vie. Il ne pouvait rien en savoir, il ne pouvait pas savoir s'il garderait véritablement ce collier, il ne pouvait pas savoir s'il se rappellerait vraiment du fait que la personne à qui il appartenait comptait plus que tout pour lui. Elle était la personne la plus importante de sa vie, elle savait qu'il le pensait quand il le disait, et c'était absolument tout ce qui comptait à ses yeux, bien plus que n'importe quoi d'autre au monde. Elle voulut ajouter quelque chose. D'autres paroles, un autre baiser, une autre étreinte... Mais c'était le moment... Elle n'était pas prête, certes, mais elle ne le serait jamais, elle ne pourrait jamais l'être en de telles circonstances. Alors il fallait juste... accepter.

-Vas-y, l'encouragea-t-elle avec douceur.

C'était le moment, puisqu'il fallait qu'il y ait un moment.

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