Tout n’est qu’apparence, non ? (Mary Lou)

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l ne manquait vraiment plus que ça. L'église avait été ravagée dans d'immenses proportions, et cela ne faisait que quelques jours maintenant que l'on pouvait à nouveau y vivre sereinement... Mary Lou n'avait pas idée de qui étaient les fauteurs de troubles, mais elle était convaincue, quoi qu'il en soit, du fait qu'on avait cherché à la faire taire. En contrepartie, elle n'avait pas la moindre intention de se laisser faire, loin de là, et comptait plutôt faire tout son possible pour riposter... Elle restait au moins, sur un point, satisfaite de la situation. Si on avait cherché à les faire taire, c'est que le message des fidèles de Salem dérangeait. Et donc, que ce message faisait son petit bout de chemin.

Mary Lou ne remettait jamais en cause le bien fondé de son combat, et pour cause, elle le poursuivait depuis une éternité. Les idées qu'elle défendait aujourd'hui, on les lui avait inculqué dès sa plus tendre enfance, et elle avait décidé d'en tirer son parti, et d'agir en conséquence. Non, elle était vraiment sûre de son combat et comptait bien faire tout son possible pour le mener comme il se doit. En revanche, elle était moins confiante dans sa méthode. Elle ne se leurrait pas, elle constatait bien qu'elle ne portait pas ses fruits, et qu'il fallait donc la faire passer à un niveau supérieur s'ils voulaient escompter aller plus loin. Malheureusement, ce n'était pas tout de vouloir, il fallait pouvoir également, et on semblait vouloir leur mettre des bâtons dans les roues, constamment. Elle savait par quelles étapes il fallait procéder. Pour arrêter les sorciers et constituer un nouveau Salem, il fallait que le gouvernement soit alerté et agisse en conséquence. Ce n'était pas en menant une petite vendetta personnelle ou en brassant du vent qu'ils parviendraient à leurs fins. Alors il fallait frapper plus fort, et faire entendre sa voix plus haut. L'idéal serait de faire appel à la presse, mais jusqu'ici, les quelques tentatives qu'elle avait effectuées ne s'étaient pas vraiment révélé d'une grande efficacité... Malgré tout, elle ne baissait pas les bras, et redoublait d'efforts. Il y avait de plus en plus de personnes qui semblaient s'intéresser et se sensibiliser à sa cause, l'air de rien, alors rien ne semblait perdu, tout cela demandait certes du temps, mais le bouche à oreille restait la meilleure des méthodes quoi qu'il en soit. Et à propos de nouvelles recrues, l'une d'elles fit justement irruption alors que Mary Lou s'appliquait à remettre de l'ordre dans quelques affaires qu'elle n'avait pas encore eu le temps de ranger.

-Bonjour monsieur Bryce, ça pourrait aller mieux, dit-elle en faisant référence au désordre fraîchement rangé des lieux. Qu'est-ce que je peux faire pour vous ?

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than lui apprit qu'il avait été mis au courant du saccage de l'église qui tenait lieu de point de rencontre et de réunion des fidèles de Salem.Mary Lou n'était pas vraiment surprise de l'entendre : les nouvelles se répandaient comme une traînée de poudre à New York, et elles n'auraient eu aucun mal à parvenir à une oreille attentive à la cause des fidèles de Salem comme la femme avait su se convaincre que son interlocuteur l'était. Bien sûr, c'était une erreur que de le croire, et elle aurait tôt fait de le regretter, mais en attenant, elle appréciait sincèrement que l'homme se soit fait du souci pour elle et pour ses enfants. Il y avait de quoi s'en faire en effet. Cet acte de vandalisme n'était pas anodin, Mary Lou avait même tendance à le considérer comme une déclaration de guerre, et l'entendant comme tel, elle avait la ferme intention de se montrer sans pitié avec la personne (ou les personnes) qui avaient décidé de semer ce désordre. En attendant, elle adressa à Ethan un sourire contrit afin de bien lui faire comprendre que l'attention qu'il portait à la situation lui allait droit au coeur. C'était le cas, Mary Lou pouvait paraître bien insensible, et sans doute l'était-elle, mais le fait est qu'elle était surtout obnubilée par ce qu'elle estimait être sa mission sur cette terre et elle ferait absolument tout ce qi était nécessaire pour accomplir cette mission, peu importe le nombre de bâtons que l'on choisirait de lui mettre dans les roues, les nombres d'obstacles que l'on placerait sur son chemin. Elle savait en quel nom elle agissait, et cela devait suffire.

-Eh bien, il me semble assez évident que le succès grandissant que rencontre notre cause et la propagation de l'information que nous communiquons n'a pas plu à tout le monde, suggéra-t-elle très sérieusement.

Elle se prenait certainement, elle ainsi que les fidèles de Salem, beaucoup trop au sérieux, à véritablement imaginer que sa cause puisse sensibiliser tant de personnes alors qu'il était quand même évident que pour la plupart, elle était une illuminée qui se confortait dans des lubies qui ne sauraient jamais la mener nulle part. Mais elle y croyait malgré tout, elle avait vraiment le sentiment que sa voix se faisait entendre de plus en plus fort alentours, et que de plus en plus de personnes étaient sensibles à son discours. Et ça, l'air de rien, ça ne manquait pas d'avoir de l'importance pour elle. Quelque part, le fait qu'on cherche à l'intimider ou à la provoquer (car elle était convaincue que c'était bel et bien cela qui se produisait, elle y voyait un signe qu'ils inquiétaient, et en ce sens, c'était une victoire. Même si elle se serait quand même bien épargnée ce carnage.

-Je suis convaincue qu'un ou des sorciers ont fait le coup.

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ary Lou hocha la tête, approbatrice, quand son interlocuteur se rangea à son opinion, affirmant qu'il estimait également que le saccage de l'église ne pouvait qu'être l'oeuvre de sorciers. Cela semblait évident aux yeux de la jeune femme, mais cela n'ôtait rien au fait que la femme autoritaire et sûre d'elle aimait par-dessus tout que l'on se range à son opinion... D'autant plus que cela n'arrivait définitivement pas suffisamment souvent. Elle était d'accord, ils étaient sur la bonne voie et ils devaient continuer. Plus ils dérangeraient, plus ils supporteraient l'opposition... Maintenant, il fallait qu'ils soient capables de se dresser face à l'adversité et de l'affronter. C'est sûr que le combat semblait plus qu'inégal, mais cela n'empêcherait pas Mary Lou, pour sa part, de se battre bec et ongles, et d'être fière de tout ce que cela signifiait. Elle était prête à lutter, lutter jusqu'à son dernier souffle. Et rien ne l'arrêterait, jamais. Oui, ils devaient se protéger, tous leurs progrès ne mèneraient nulle part s'ils devaient se laisser affaiblir à présent. Seulement, c'était une chose que de vouloir se protéger, c'en était une autre que de réussir à le faire de manière efficace quand face à soi, on avait des tricheurs, des personnes qui pouvaient user de pouvoirs surnaturels pour parvenir à leurs fins. Combattre le mal par le mal, faire appel à la magie pour se protéger, semblait presque être la seule solution. Mais outre le fait que Mary Lou n'avait aucun sorcier sous la main pour ce faire, le fait est qu'elle n'y tenait pas davantage non plus. Pas du tout, même, ce serait se compromettre. Elle ne voulait rien avoir à faire avec ces gens-là. Tout ce qui comptait pour elle, c'était de les exterminer, et c'était absolument tout. Et de ne pas être exterminé avant de les exterminer.

-C'est évident, en effet, confirma-t-elle, puisqu'en effet, il était hors de question pour elle de supporter un saccage de plus. Les risques devaient être pris, mais ils devaient être mesurés, ou bien leur faudrait-il repartir de zéro, et ce n'était pas une chose qu'elle pouvait accepter ou tolérer, c'était même parfaitement hors de question. J'envisage d'engager du personnel dévoué à la protection et à la surveillance de l'église. Malheureusement, je doute d'avoir les fonds nécessaire. Il devient de plus en plus urgent de trouver un financement, un mécène.

Des demandes de subventions, elle en avait tant fait qu'elle ne les comptait plus. Son organisation avait beau être qualifiée officiellement d'association, ce n'est pas pour autant qu'elle pouvait vraiment compter après la générosité de ses pairs, bien au contraire. La plupart d'entre eux avaient tendance à se dérober à cette possibilité. C'était une chose à laquelle il leur fallait d'urgence réfléchir. C'était même une nécessité.

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ary Lou appréciait les conseils et le discernement de son interlocuteur, elle savait que parler avec lui de ce qui la préoccupait ou des solutions à adopter pourrait etre source de solutions majeures, et c'était un peu ce qui lui avait manqué jusqu'ici, l'opportunité de discuter concrètement de ses projets. Elle était constamment entourée d'enfants, ça n'aidait pas. Bien sûr, il y avait Langdon Shaw, mais s'il appréciait sa compagnie pour ce qu'il avait d'influençable, elle ne pensait pas pouvoir compter sur lui pour le reste, d'autant plus que le jeune homme - pardonnez l'expression mais c'était la réalité - était un véritable déchet depuis la mort de son frère. Et à ce sujet, d'ailleurs, le nom de Henry Shaw Sr arrivait sur le tapis. Mary Lou comprenait très bien pour quelles raisons Ethan mettait l'accent sur cette option. Henry Shaw était le patron de presse le plus influent de tout New York, et tant qu'ils n'auraient pas le soutien de médias puissants, les fidèles de Salem seraient coincés. Malheureusement, la mort même de son fils ne serait peut-être pas un argument suffisamment puissant pour peser dans la balance encore aujourd'hui... parce qu'ils étaient desservis par ce qui aurait dû les encourager en premier lieu.

-J'en doute fort, répondit-elle alors en hochant doucement la tête de gauche à droite.

Elle en doutait fort, oui, pas parce que l'idée était mauvaise, mais parce qu'elle avait le sentiment que c'était encore trop tôt. Le sénateur était décédé il y a peu de temps, s'en servir comme d'un argument pour lui offrir de rejoindre leur cause serait sans doute le refermer comme une huître... Même s'ils ne pouvaient pas se permettre d'attendre trop longtemps, Mary Lou estimait que même si démarcher Henry Shaw Sr de nouveau était une nécessité, et qu'il faudrait s'y appliquer à un moment ou à un ajutre, il n'y avait pas encore de bonne occasion pour cela.

-Je ne crois pas qu'il soit encore près à se rallier à notre cause... et nous n'aurons qu'une seule autre chance.

Venir trouver le patron de presse une deuxième fois, c'était une chose, et cela pouvait se justifier, mais une troisième fois ? Cela passerait pour du harcèlement, et jamais ils n'obtiendraient gain de cause. Ils devaient la jouer fine, les circonstances les y contraignaient, sans aucun doute possible. Il allait falloir trouver la bonne ouverture, la bonne occasion, et pour cela, pour distinguer ce moment, elle comptait sur Langdon... Mais les relations entre le pèure et le fils, de ce qu'elle savait, ne s'étaient pas améliorés. Ce qui n'était pas difficile, puisqu'ils ne se parlaient tout simplement pas.

-Je suis d'avis d'attendre... même si le temps nous manque, je le crains fort.

Mais elle ne pouvait pas agir à la légère, elle devait tout prendre en compte, ne rien ommettre. C'était une obligation.

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ary Lou n'aimait pas avoir le sentiment de stagner, surtout quand elle savait que ce n'était pas entièrement le cas non plus, plus une sensation qu'une réalité, mais qui pourrait devenir handicapante si elle daignait y prêter trop d'attention. Oui, Mary Lou avait bel et bien le sentiment que rien n'avançait selon son bon vouloir alors même que la présence d'individus tels que son interlocuteur à ses côtés devaient lui prouver le contraire. Pendant trop longtemps, il n'y avait eu qu'elle et ses enfants, et elle avait beau chercher à transmettre son message de toutes les manières possible, les manants curieux qui acceptaient de l'écouter le faisaient sns rien entendre de ce qu'elle disait ni de l'urgence de la situation. Maintenant, de plus en plus de personnes venaient grossir ses rangs.

Outre Langdon, il y avait Ethan, aussi, et cette fille, Elsa, même si Mary Lou n'était pas complètement encore convaincue de pouvoir lui faire confiance (ce qui n'était pas du tout le cas d'Ethan, qui avait son entière confiance, lui, à tort). Alors oui, rien n'était désespérée : ils avaient une ligne directrice et ils devaient s'y tenir. En parallèle, les récents événements, si dramatiques étaient-ils, avaient tout du moins le mérite de faire se poser les bonnes questions à ceux qui avaient pris pour habitude de demeurer aveugles à tout.

Les preuves étaient déjà bien présentes avant cela, pourtant, c'est un fait, l'homme moyen avait tout bonnement besoin de sensationnel pour se sentir investi, peu importe dans quoi. C'était stupide,  c'était absurde, mais c'était comme ça. C'était la vérité. En ces circonstances, bénéficier du plein et entier soutien d'une personne qui soit susceptible de le comprendre était un sentiment rassurant parmi beaucoup d'autres malheureusement bien plus déplaisant.

-Je vous remercie. Je trouverai un moyen, peu importe le temps que ça prendra, mais je pense que vous nous serez plus utile de votre côté en essayant de démarcher des mécènes potentiels en notre faveur, observa-t-elle.

Loin de se douter de combien les talents d'Ethan pourraient servir à assurer la protection des fidèles de Salem (mais si elle le savait, elle le fuirait au maximum), elle considérait que ce serait gâcher le potentiel de son interlocuteur, et sans aucun doute. Il présentait bien, était éloquent, avait le sens de la tournure et de la conversation. Mary Lou était convaincue qu'il pourrait véritablement l'aider dans sa quête. Certes, lui aussi manquait sans doute du carnet d'adresse adéquat, mais parfois, il fallait savoir y aller au culot. Cela n'avait pas marché avec Henry Shaw (encore que Mary Lou ne perdait pas espoir pour autant), ça ne voulait pas dire que ça ne fonctionnerait pas avec d'autres. Après tout, si le patron de presse avait lle mérite de pouvoir leur apporter une couverture médiatique appréciable, ça ne voulait pas dire que d'autres ne pourraient pas en être capables.

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enthousiasme d'Ethan et sa dévotion à la cause des fidèles de Salem (qui en réalité n'étaient que factices, mais cela, Mary Lou, peut-être plus naïve qu'elle ne le soupçonnait, était bien incapable de véritablement le réaliser) étaient très largement appréciés par Mary Lou, qui avait définitivement besoin que certains décident de se battre avec autant de ferveur qu'elle en mettait elle-même à plaider sa cause. Elle ressentait chez lui la volonté de bien faire, et surtout la capacité de bien faire, et c'était plaisant. Evidemment, Mary Lou comptait sur les enfants, les bouches qu'elle nourrissait pour répandre la nouvelle, mais elle savait qu'elle avait besoin de soutien d'adultes aux airs sensés et responsables pour lui donner du crédit. Elle avait compté dans un premier temps sur Langdon pour remplir ce rôle, mais force lui était de remarquer que ce ne serait pas possible. S'il le fut peut-être avant la mort de son frère, on ne pouvait pas vraiment dire à ce jour qu'il ait encore l'air sensé et responsable.

Certes, il était quoi qu'il en soit utile, mais il avait gâché une partie de son potentiel, et elle le déplorait. Ce n'était pas encore le cas d'Ethan... mais encore fallait-il que le potentiel en question qu'elle pensait discerner chez lui ne soit pas seulement un écran de fumée mais se confirme d'une manière ou d'une autre dans l'avenir. Car c'était une chose que de faire des promesses, c'en était une autre, bien différente, que de les tenir, et personne n'était mieux placée que Mary Lou pour savoir cela en fin de compte. Elle hocha la tête, néanmoins. Pour le moment, il ne l'avait jamais déçue, elle ne pouvait donc que lui accorder le bénéfice du doute, quand bien même elle comptait malgré tout sur des preuves plus concrètes dans l'avenir. Les mots convenaient un temps, mais ils ne favorisaient qu'à une moindre échelle le combat qu'elle avait à coeur de mener... Et qu'elle mènerait, envers et contre tout.

-Je compte sur vous, approuva-t-elle d'un ton qui avait un léger accent de défi.

Elle ne devait pas perdre patience, c'était déjà une aubaine que de plus en plus de personnes s'intéressent à la cause qu'elle défendait et choisissent de la défendre en conséquence, mais elle avait le sentiment, dernièrement, qu'ils brassaient beaucoup de vent pour un moindre résultat. Elle tenait à ce que cette situation se décante. Elle avait besoin de la voir évoluer dans un sens qui lui soit favorable. Qui leur soit favorables à tous. Et même si ce devait forcément être, du moins en partie, une affaire d'ego, elle considérait tout de même agir pour le bien commun, dans le sens d'une histoire qui demeurait encore à écrire.

-N'hésitez pas à me faire part de vos moindres pistes ou progrès. J'aime ne pas être prise au dépourvu.

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