Qui va à la chasse | Eleanora & Eduardus

Qui va à la chasse

Le retour d’Eduardus à New York ne signait pas la fin de ses activités létales et illégales, non. Il avait toujours l’envie de se trouver des victimes, et il n’était jamais contre un peu de distraction. Il choisissait presque toujours ses victimes au hasard, parce que l’occasion se présentait, parce qu’il répondait à une pulsion, ce genre de choses, mais quand il en avait choisi une, il était hors de question qu’elle lui échappe, ou qu’il lui faille en trouver une autre. Une fois que sa cible est identifiée, elle le reste jusqu’à ce qu’il ait terminé de jouer avec.

C’était une sorte de possessivité malsaine qu’il avait à l’égard de ses victimes, alors évidemment, quand une tierce personne tentait de se les approprier, ça ne lui plaisait pas, et il faisait en sorte de montrer qu’il n’avait pas l’intention de céder sa place. Ce n’était même pas une question de priorité, ou autre, c’était juste qu’il estimait qu’il devait passer avant les autres. Après tout, New York était une grande ville, avec de nombreuses victimes potentielles, alors ce n’était pas nécessaire de venir empiéter sur son territoire. Les autres n’apprécieraient probablement pas qu’il en fasse de même, alors il n’y avait aucune raison pour qu’il tente de se montrer plus souple sur la question.  

Alors il était normal que de voir Eleanora Shanks en planque devant la maison abritant sa prochaine victime, ça ne lui plaisait pas. Pas du tout. Il connaissait bien la jeune femme, il savait ce qu’elle faisait dans la vie, alors il se doutait bien du sort qu’elle réservait au no-maj, sauf que pour cette fois, elle allait devoir s’assoir sur la récompense prévue, elle ne toucherait pas à un seul de ses cheveux. Cet homme était à lui, et il comptait bien le lui faire comprendre.

Il n’avait rien contre elle, il pouvait même affirmer qu’il savait l’apprécier, mais il appréciait davantage ses propres intérêts, alors il était normal qu’il y veille et qu’il les protège. Il s’approcha doucement d’elle, sans un bruit. Il espérait que cette discussion seule réussirait à la faire déguerpir, mais il savait qu’elle avait la tête dure, et qu’il risquait de s’y prendre à deux fois.

« Shanks, qu’est-ce que tu fais là ? »

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Eduardus n’avait pas envie de perdre du temps en discutant avec Eleanora durant des heures et des heures. D’autant qu’il savait pertinemment que ni l’un ni l’autre ne tomberait d’accord. Même s’il avait posé la question, il se doutait bel et bien de la raison de sa présence ici, et cela l’ennuyait fortement. Il voulait juste se divertir, et là, c’était clairement un contre-temps qui n’allait pas l’amuser. Il n’avait rien contre elle à proprement parler, mais elle restait parfaitement soûlante quand elle s’y mettait. Mais bon, le jeune homme ne comptait pas se laisser faire non plus.

Il ne partageait pas ses victimes, ou ses éléments de jeu. Le meurtre en groupe, ça ne l’intéressait pas, il avait besoin d’être seul, pour faire tout son petit rituel, bien tranquillement. En soit, il pourrait envisager d’avoir un partenaire, ou une partenaire, mais pas Eleanora. Elle n’était pas du tout dans le même trip que lui. Elle ne faisait ça que parce qu’on lui avait demandé, elle faisait le sale boulot à la place des autres, et il trouvait ça parfaitement pathétique. Lui le faisait pour le plaisir, il avait un véritable but, une action à mener, mais ce n’était pas quelque chose sur laquelle il voulait débattre cependant, il voulait juste qu’elle se tire, et le laisse faire ce qu’il avait à faire.

-A ton avis ?

Eduardus claqua sa langue contre son palais. Mécontent de la tournure de la situation. Lui qui avait planifié toute sa soirée, et qui en avait hâte, voilà que cette fille menaçait de tout faire capoter. Mais ça n’allait pas se passer ainsi. Il ne comptait pas lui laisser le champ libre, il avait choisi cet homme bien avant qu’on lui commandite ce meurtre. Bon en fait, il n’en savait rien, mais il estimait que c’était le cas, puisqu’il prenait toujours le temps pour choisir sa proie, et ensuite l’observer.

- Fais-nous gagner du temps à tous les deux et cherche-toi un autre os à ronger, j'ai du boulot.

Elle avait de l’espoir. Dans certaines circonstances, Eduardus était capable de beaucoup apprécier la jeune femme. Mais là… il avait l’impression qu’elle allait juste l’enquiquiner, et il n’était pas véritablement partant. Il se contenta de l’observer, avant de bruyamment soupirer. Voyant sa soirée de rêve se faire la malle, puisque cette contrariété n’en faisait absolument pas partie.

« Alors là n’y compte même pas. Je suis sur le coup depuis plus longtemps que toi, va donc tuer ton client et pique lui son fric au lieu de venir chasser sur mon terrain. »

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Il arrivait au jeune homme de ne pas suivre ses plans, mais dans ces cas-là, c’était lui qui décidait de ne pas le faire. Là, on lui imposait de changer de projets, et il n’en avait strictement pas envie. Il n’allait pas en démordre, et ce n’était pas Eleanora qui allait le faire changer d’avis. Il n’en avait rien à faire, qu’il y ait un contrat sur la tête de ce type, qu’elle en aille se chercher un autre. Si elle ne savait pas comment gagner de l’argent autrement que comme ça, ce n’était pas son problème. Il n’avait pas l’intention de se montrer galant, ou conciliant, elle se débrouillait, c’était aussi simple que ça.

-Mais bien sûr, je vais tuer mes clients, tu as raison, c'est comme ça que ça marche.

Il haussa les épaules. C’était une solution. Elle les tuait, elle prenait leur argent, et donc plus que ce qui était prévu à la base, et elle ne marchait pas sur ses plates-bandes. Lui trouvait que c’était une merveilleuse idée. Mais Eleanora était bien trop fermée pour voir à quel point elle l’était. Tuer pour vivre, c’était tellement barbare, il n’y avait aucun enjeu, aucune dimension émotionnelle, Eduardus ne voyait pas l’intérêt. Prendre une vie devenait banale, simple, et ce n’était pas ce qu’il cherchait de son côté.

-Le jour où tu auras de meilleurs arguments que "moi d'abord", on en reparlera, en attendant, il n'en est pas question. Pourquoi lui en particulier, de toute façon ? Il y a un milliard de ces connards à refroidir, t'es vraiment obligé de te focaliser sur lui ? A ce que je sache, New York, c'est buffet à volonté, pour toi, non ?

Eduardus leva les yeux au ciel, tout de même un peu insulté. Un buffet à volonté ? Allons, il avait plus de classe que ça. Il ne se contentait pas de tuer comme une bête sanguinaire, sans avoir conscience de ce qu’il faisait, ce n’était pas des pulsions incontrôlables. C’était réfléchi, calculé. Il choisissait ses cibles, ce n’était pas pour laisser des piètres tueuses à gage les lui dérober.

« Mais tu vois, c’est là la différence entre toi et moi. Je ne suis pas à la recherche d’un de ces connards. Qu’il soit bon ou mauvais m’importe peu. Je les choisis parce qu’ils attirent mon attention, de manière volontaire ou non. C’est tout un processus, ça a un véritable sens. Je ne me contente pas de faire en sorte d’être payé. C’est bien trop fade et banal. Mais si ces connards sont si nombreux, va donc en chercher un autre sur qui repose un contrat. »

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-Si en plus tu n’attends pas de savoir s’ils sont bons ou mauvais, tu devrais avoir d’autant plus l’embarras du choix pour ne pas piétiner sur mes plates-bandes, pas vrai.

Ce n’était pas Eleanora qui allait faire sa loi ici. Eduardus n’était pas du genre à baisser la tête, et encore moins dans cette ville. Même s’il venait de revenir, Eduardus était tout de même d’ici, et il estimait avoir une certaine légitimité. Lui avait un but, un véritable objectif, Eleanora ne faisait cela que pour l’argent. Il était hors de question qu’il s’efface. Et il fallait bien qu’elle comprenne que les représailles ne lui faisaient pas peur, il pouvait totalement les lui donner si jamais elle s’entêtait un peu trop, et décidait de le doubler. Il n’allait pas se laisser faire, c’était tout bonnement hors de question.

« Tes plates-bandes ? Tu es une femme cupide et superficielle qui je pense, se donne beaucoup trop d’importance. On te donne de l’importance momentanément parce que tu t’es échappée de prison, mais tous finiront par t’oublier et tu ne seras plus personne de spécial. Qu’une chasseuse de prime parmi tant d’autres. »

Eduardus n’y allait pas si fort qu’il le pourrait, mais il se braquait très vite quand ses plans étaient contrariés, et il était très fréquent pour lui de perdre le contrôle dans ces cas-là. Alors il vaudrait mieux que la situation ne continue pas de s’envenimer entre les deux. Au cas d’une action spontanée, impulsive, et malheureuse.

-Prétendre que ce que tu fais a du sens, c’est ça qui n’a aucun sens. Ça ne te rapporte jamais rien, et faire mine du contraire pour te faire passer pour ce que tu n’es pas, c’est définitivement le comble du pathétique. J’honore tous mes contrats, et tu ne me convaincras pas que ce type mérite davantage d’être tué par toi que l’inverse. Alors maintenant, tu me fous la paix et tu te trouves un autre os à ronger. Je n’ai pas le temps pour tes pathétiques envolées lyriques qui justifieraient tes crimes. T’es un putain de psychopathe et ta place est dans un asile, fin de l’histoire.

Le jeune homme plissa les yeux en la regardant. Comment osait-elle pour lui parler comme ça ? Il se fichait qu’on le qualifie de psychopathe, ce n’était pas la première fois, mais il n’aimait vraiment pas son ton. Il avait envie, très envie de changer de cible en cet instant précis, et de lui apprendre la vérité des choses. Il pourrait très bien s’en satisfaire. Il s’attaquait beaucoup au no-majs, mais Eleanora pourrait être une cible de choix, tout compte fait. Mais il était beaucoup trop énervé pour penser clairement, et il ne sentait que ses pulsions qui le travaillaient. Ses doigts se crispèrent sur sa baguette mais il la laissa rangée pour le moment et réussit à se calmer. A la place, il réussit à lui offrir un sourire, puis il la plaqua violemment contre le mur derrière avec son autre main.

« Tu devrais faire attention ma patience a des limites. Je ne voudrais pas avoir à te faire subir des répercussions quelles qu’elles soient, et crois moi que j’ai de l’imagination dans ce domaine. Tu peux me traiter de tous les noms, j’en ai rien à faire, mais je ne suis pas un homme qu’il est bon de contrarier. »

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