La rancune est tenace. (Seraphina)

Les affaires marchaient bien, Johannes n’avait vraiment pas de raison de se plaindre, il avait largement de quoi vivre sans soucis. Il habitait dans un appartement plutôt agréable à New-York, histoire d’être proche de sa boutique, où il n’avait évidemment pas à se plaindre non plus. Bon… cet appartement avait tout d’un appartement vide, d’un appartement d’un célibataire pensant sans aucun doute un peu trop à son travail plutôt qu’à sa vie personnelle. Pour ainsi dire, Johannes passait de toute façon bien plus de temps dans sa boutique et son atelier que chez lui, quand il ne vendait pas ses baguettes, il se trouvait dans l’atelier à en fabriquer d’autre. Et quand il ne travaillait pas, il passait du temps chez lui donc, mais ce n’était définitivement pas grand-chose par rapport au reste.

Cela dit, ça lui arrivait quand même de se retrouver seul chez lui, enfin, de se retrouver chez lui tout simplement. En éternel célibataire qu’il était. Enfin, en homme n’aillant pas eu d’histoire sérieuse depuis qu’il avait été rejeté quelques jours avant de passer devant l’autel afin de s’unir pour la vie… Bref c’était une histoire à laquelle Johannes n’avait pas forcément envie de penser, même si forcément quand il était seul chez lui il ne pouvait pas réellement s’en empêcher.

Cela dit, toujours chez lui, Johannes ne pouvait pas non plus s’empêcher de réfléchir quand même à son travail. Présentement, il se trouvait à son bureau en train de dessiner une baguette. Il n’avait pas forcément besoin de faire de croquis à chaque fois, mais en ce moment il travaillait sur une baguette qu’il avait l’intention de rendre exceptionnelle, une fois qu’il aurait l’occasion de trouver le cœur qui conviendra à merveille. Mais pour le moment, il n’était pas encore arrivé à son but concernant ce fameux cœur. Alors qu’il était en train de se pencher sur ce dessin donc, il entendit quelqu’un frapper à la porte. Johannes n’attendait aucune visite, alors il fut quand même étonné d’en recevoir. Il n’hésita pas cependant à se lever afin d’aller ouvrir, parce qu’il n’avait de toute façon aucune raison de se retenir d’ouvrir la porte. Il n’était pas casanier à ce point, au contraire. Cependant, quand il ouvrit la porte, l’homme ne put s’empêcher d’être surpris et peut-être même un peu déçu. Seraphina…

« Oh, bonjour Seraphina. » Dit-il à la présidente du MACUSA. Ils se connaissaient bien, ils étaient amis… enfin, avant que Johannes ait le sentiment de se faire trahir le jour où la sorcière décida de se procurer une baguette auprès de Violetta quand elle était devenue présidente du MACUSA. Depuis, ils avaient eu l’occasion de se revoir évidemment, et Seraphina comptait toujours autant pour Johannes, mais forcément il ne pouvait pas s’empêcher de lui en vouloir. Comme il en voulait à son ex fiancée de ce qu’elle lui avait fait, mais aussi de lui faire concurrence aujourd’hui. « Qu’est-ce qui t’amène ? »

Johannes n’avait pas spécialement envie de se mettre la présidente du MACUSA, mais en même temps il ne pouvait pas faire comme si de rien n’était. Il avait la rancune tenace et il en voulait énormément à son amie d’avoir été trouver son ex fiancée dans le but de se procurer une nouvelle baguette, surtout que Seraphina connaissait leur histoire. Les baguettes de son ex fiancée n’étaient pas aussi bonnes que les siennes, la présidente aurait dû venir le trouver pour changer sa baguette. Mais non, elle ne l’avait pas fait. Bon, évidemment, Johannes ne manquait pas d’être d’une grande mauvaise foi, mais il n’avait aucune envie de le reconnaître.

La jeune femme le salua, affirmant qu’elle avait envie de le voir, discuter un peu. Elle ne manqua pas de préciser que si elle le dérangeait, ce n’était pas un souci, qu’elle pouvait très bien s’en aller. Au fond, ça serait sans doute mieux comme ça. En tout cas, Johannes devait bien reconnaître qu’il était tenté de répondre que oui, elle le dérangeait, et que oui, il n’avait aucune envie de lui parler. Qu’il n’avait aucune envie de passer du temps en sa compagnie parce qu’il considérait qu’elle l’avait trahi. Sauf qu’en même temps, le jeune homme n’avait pas spécialement envie de se mettre son amie à dos… parce qu’il tenait énormément à elle quand même. Cela dit, ce n’était pas comme s’il pouvait faire comme si de rien n’était.

« Je ne suis pas capable de faire comme si de rien n’était comme toi Seraphina. » Répondit-il. Il ne parlait pas si durement qu’il aurait pu le faire, mais il ne se montrait pas non plus des plus aimables. Ce n’était évidemment pas comme ça qu’on devait traiter la présidente du MACUSA, mais en même temps ce n’était pas comme s’il s’adressait à la présidente pour le coup, il parlait à son amie. Une amie qui l’avait énormément déçue. « Tu ne peux pas décider de me trahir comme tu l’as fait et revenir comme une fleur. »

Sans doute que Johannes agissait très clairement comme un enfant, mais en même temps il ne pouvait pas vraiment changer ce qu’il était réellement. Il était rancunier et il en voulait vraiment profondément à son amie d’être allée trouver son ex fiancée dans le but de récupérer une baguette. Même s’il avait conscience de l’être un peu trop, il était évident qu’il n’allait pas pouvoir changer quoi que ce soit. C’était plus fort que lui, il ne se contrôlait pas du tout. Pour lui, les baguettes étaient une histoire sérieuse, il ne pouvait pas prendre tout ça à la légère. Ce n’était pas juste « pas grave » que Seraphina ait décidé d’aller voir un autre fabricant de baguette, et son ex d’autant plus, c’était bien plus important que ça aux yeux de l’homme.

Johannes utilisait peut-être des mots forts pour exprimer ce qu’il ressentait au vu de ce que Seraphina avait fait, mais en même temps il se contentait simplement de dire ce qu’il avait sur le cœur. Quand il parlait de trahison, c’était bien parce qu’il le prenait de cette façon. Ils étaient amis et le fabricant de baguette n’avait aucune envie de se disputer avec elle, il n’avait aucune envie qu’ils soient en froids. Mais en même temps, comme dit, l’homme ne pouvait pas faire comme si de rien n’était et malheureusement tout cela avait un rapport avec Violetta. Autant dire que dès que ça touchait à la jeune femme, Johannes avait beaucoup de mal à rester calme et à garder la tête froide. Il était beaucoup trop rancunier et on allait sans doute penser qu’il agissait trop vivement et surtout trop bêtement en faisant de tels reproches à son amie, mais en même temps il n’y pouvait rien.

Seraphina lui affirma qu’elle ne l’avait pas trahi, mais quand elle se justifia, elle lui affirma que si elle n’était pas venue le trouver, c’était parce qu’il n’était pas disponible. Johannes se serait forcément rendu disponible pour son amie et la présidente du MACUSA quand même, même s’il avait eu quelque chose d’urgent, si elle lui avait demandé. Peu importe ce qui lui occupait le temps, il aurait tout arrêté pour aider son amie. Mais elle avait préféré se tourner vers un autre fabricant. Ce qui n’était pas la chose qu’il lui reprochait, Seraphina aurait demandé à n’importe quel autre fabricant de baguette, Johannes n’aurait pas du tout réagit de la même façon. Le souci résidait présentement dans le fait qu’il lui avait demandé à ELLE. Cette femme qui lui avait brisée le cœur en le quittant avant leur mariage quand même.

Elle remit en cause leur amitié, ce qui était quand même gros aux yeux de Johannes, parce que ce n’était pas lui qui avait commis cette trahison. Oui, le mot était rude, mais en même temps c’était comme ça que l’homme ressentait les choses, il ne pouvait pas non plus ignorer entièrement ses sentiments. Mais le pire c’était qu’elle remettait en cause le fait qu’il puisse tenir à elle.

« Ne retourne pas la situation Seraphina, ne me met pas en cause dans cette histoire. » Répondit-il en croisant les bras. Ça n’allait pas aider leur conversation de répliquer de la sorte, mais l’homme ne pouvait pas juste faire semblant. « Quand bien même je n’étais pas disponible, tu sais que j’aurais pu me rendre disponible pour toi. Et même si ce n’était pas le cas, pourquoi tu es allée lui demander à elle ? D’autres de mes confrères sont très bien dans ce domaine. » Johannes marqua une pause, tentant de se calmer un peu. Ce n’était pas en faisant que des reproches à son amie qu’ils allaient s’en sortir, il valait mieux qu’il exprime réellement les choses. « Tu sais à quel point j’ai souffert à cause d’elle…, tu ne peux pas l’ignorer. »

Quand Seraphina lui affirma qu’elle savait que Violetta lui avait fait beaucoup de mal, Johannes ne pouvait pas s’empêcher de douter des paroles de son amie (s’il pouvait encore la qualifier d’amie), parce qu’elle ne donnait pas réellement le sentiment de le savoir. Et pourtant, qu’est-ce qu’il en avait parlé, il avait le sentiment d’être en boucle avec tout ça depuis que son ex fiancée avait décidé de le quitter. Johannes ne pouvait pas s’empêcher de remettre donc en doute les paroles de la présidente, quand bien même elle donnait le sentiment d’être sincère quand elle s’excusait.

Elle confirma qu’il n’était pas disponible, qu’elle n’avait pas eu envie de le déranger, Johannes ne put s’empêcher de lever encore une fois les yeux au ciel en entendant ces mots. Mais elle continua en affirmant qu’elle aurait dû le consulter, ce qu’elle n’avait pas fait, et donc que c’était de sa faute « s’il le voulait ». Johannes avait bien sûr envie de continuer de lui en vouloir, mais elle s’expliquait encore, affirmant qu’elle avait agit dans l’urgence, que Violetta était la seule disponible, et qu’elle aurait dû trouver une autre option. Johannes poussa un soupir en entendant Seraphina affirma qu’elle ne pouvait lui dire mieux maintenant, mais qu’elle était prête à casser sa baguette juste parce qu’elle n’avait pas envie de le perdre.

Johannes avait envie de continuer de lui en vouloir bien sûr, mais en même temps il devait quand même reconnaître que les explications de la jeune femme se valaient un peu. Il n’avait pas pour autant l’intention de passer complètement l’éponge, mais lui non plus n’avait pas spécialement envie de perdre une amitié qui comptait pour lui. Surtout à cause de Violetta. D’ailleurs, il se disait que la jeune femme cherchait peut-être justement à lui faire perdre ses proches, raison pour laquelle elle n’avait pas hésité à vendre l’une de ses baguettes à la présidente. Oui, parce que ça tournait forcément autour de lui, ça ne pouvait pas en être autrement.

« Bon… » Dit-il, en soupirant de nouveau, décidant de prendre sur lui un peu et de ne pas se laisser emporter par… l’agacement. « Montre-moi ta baguette. » Dit-il en tendant la main. « Je veux juste vérifier qu’elle… ne t’a pas vendu de la camelote. »

Non, il ne dirait pas qu’il allait vérifier qu’elle avait fait du bon travail, parce qu’il n’avait aucune envie de reconnaître qu’elle puisse faire du bon travail. Alors qu’en vérité, il était parfaitement bien placé pour savoir que Violetta était douée dans son domaine (à lui, pas à elle).