Des questions sans réponses (pv Dumbledore)

Albus avait conscience que sa situation n’était pas idéale, qu’il se trouvait au pied d’un mur. Cela dit, ce n’était pas son genre de se laisser abattre, quand bien même il avait parfaitement conscience que beaucoup de personne lui en voulait de ce qu’il avait fait – ou pas fait –, mais ça n’allait pas changer grand-chose dans tous les cas. Il ne pouvait pas revenir en arrière sur ce qu’il avait fait, ou pas fait, il ne pouvait que se contenter d’assumer les conséquences. Des conséquences qu’il pensait bien assumer en effet, même s’il préfèrerait largement que le MACUSA ne soit pas à ce point sur son dos. Même s’il ne pouvait rien y faire et tant que ces derniers n’auraient pas confiance en lui, ça ne risquait pas d’arriver. Il allait donc devoir patienter un moment avant de parvenir à retourner à Poudlard.

En soit, Albus ne pouvait pas non plus cacher le fait que d’être dans la même ville où se trouvait Grindelwald ne manquait pas d’être quelque peu… perturbant. C’était potentiellement une chance au final, de l’arrêter complètement. Est-ce que c’était vraiment ce qu’il voulait ? Disons… qu’il faudrait sans doute faire quelque chose à un moment ou à un autre, même si pour l’heure dans tous les cas Albus Dumbledore ne pouvait rien faire. Enfin, pour l’heure, le professeur de métamorphose devait quand même rencontrer une personne bien particulière. Albus avait été un peu étonné en voyant la demande du vrai Percival Graves de le rencontrer. L’homme n’était pas certain que ça soit vraiment une bonne idée, parce que le MACUSA le surveillait, parce que ça avait peut-être un côté malsain, mais en même temps Albus était quand même curieux de faire la rencontre de l’homme.

Le professeur se rendit donc à l’endroit indiqué par son interlocuteur, un endroit public fréquenté par pas mal de monde. Ce qui était une bonne chose sans doute, parce que Albus se doutait que le MACUSA n’allait pas forcément apprécier qu’il rencontre dans un endroit discret. Il arriva sur place un peu en avance et finalement, Graves arriva. Évidemment, Albus ne put que le reconnaître, parce qu’il avait déjà eu l’occasion d’avoir à faire à son… image. Le professeur devait bien avouer qu’il était un peu perturbé de se retrouver devant cet homme, en repensant à la dernière fois qu’il avait eu l’occasion de se retrouver devant cette image. Évidemment, il n’était pas question de Gellert en cet instant précis, quand bien même son ancien ami aurait pu être à ce point malsain, mais non Albus savait bien qu’il avait à faire au vrai Percival Graves.

« Bonjour Monsieur Graves. » Dit-il en se levant dans le but de saluer l’homme sous ses yeux. « Vous avez besoin de me parler ? »

L’homme jouait les innocents, mais il savait parfaitement que le sorcier sous ses yeux voulait lui parler du fait qu’il avait gardé pour lui l’information que Gellert avait pris son apparence.

Albus se doutait effectivement parfaitement de la raison pour laquelle Monsieur Graves avait l’intention de lui parler. Il l’avait su directement. L’homme avait l’intention de lui parler du fait qu’il avait découvert que Gellert Grindelwald avait pris son apparence, sans rien dire. C’était une chose à laquelle le professeur ne pouvait pas répondre. Il savait bien que quoi qu’il allait dire, de toute façon, ça ne conviendrait à personne. Ça lui conviendrait à peine en même temps.

Il y avait peu de chance que cette conversation se passe bien, mais en même temps Albus avait l’habitude de ce genre de rapport. Il avait déjà été longuement interrogé par le MACUSA, puisque son frère n’avait pas manqué de parler de ses révélations au MACUSA. Albus avait donc l’habitude et il se doutait que l’homme sous ses yeux allait attendre des réponses de sa part. Percival Graves ne manqua pas d’ailleurs de lancer directement le sujet en affirmant que son silence avait prolongé son supplice plus longtemps et qu’il avait envie d’obtenir des réponses donc. Au moins, ils ne tournaient pas autour du pot, Albus préférait quand même ça. Au moins, ils allaient droit au but.

« Je comprends que vous aillez besoin de réponse. » Il le comprenait, ça ne voulait pas dire non plus que le professeur allait accorder à son interlocuteur les réponses qu’il voudrait, les réponses qu’il allait attendre. Il y avait peu de chance que ça lui plaise. « Je suis sincèrement désolé pour le supplice que vous avez subi, vous ne méritiez pas cela. » Avoua-t-il, sincèrement.

Albus l’était. Il ne disait pas toujours la vérité, mais en cet instant précis il le faisait. Il était sincèrement désolé pour Graves, il était clair et net qu’il ne méritait pas ce genre de chose. En même temps, peu de personne méritait de se retrouver dans une telle situation. Albus avait conscience qu’il ne répondait évidemment pas aux questions de son interlocuteur, que ce dernier attendait bien plus que ça. Il avait envie de savoir pourquoi il n’avait rien dit. Il en voulait à Grindelwald, évidemment, il avait sans aucun doute besoin de se venger. Même si officiellement, tout cela aurait un côté bien plus professionnel. Percival Graves était un membre du MACUSA, il était quand même le directeur de la justice magique, autant dire que Albus avait bien conscience qu’il passait une sorte d’interrogatoire. Sauf que le sorcier sous ses yeux risquait vraiment d’être déçu.

« Vous pouvez me poser toutes les questions que vous voudrez. » Ajouta-t-il.

Il pouvait le faire, mais ce n’était pas dit que l’homme allait avoir les réponses qu’il attendait à ces questions. Cela dit, Albus restait encore ouvert d’esprit, se doutant que sa situation ne pouvait pas vraiment s’aggraver. Il n’avait déjà pas le droit de rentrer dans son pays, de reprendre son travail à Poudlard.

Albus était sincère en affirmant à Percival Graves qu’il avait l’occasion de poser toutes les questions qu’il désirait, mais il n’avait évidemment pas affirmé qu’il allait être possible d’obtenir toutes les réponses. Le professeur de métamorphose n’avait pas spécialement envie de mentir à son interlocuteur, mais il y avait évidemment certaines choses qu’il ne pouvait pas vraiment se permettre de dire. Surtout qu’il avait évidemment conscience que l’homme sous ses yeux n’était vraiment pas dans une « bonne » disposition. Ce qui était normal, il avait été torturé par Grindelwald, si Albus avait pris la peine de parler un peu plus tôt, peut-être que son interlocuteur aurait été libéré plutôt. Enfin, avec des « si » on mettrait Paris en bouteille, alors en soit, Albus avait surtout envie de croire qu’ils ne pouvaient rien en savoir et qu’ils ne pouvaient que prétendre. Autant dire que ça n’aurait peut-être rien changé, mais il était évident que s’il disait cela à l’homme sous ses yeux, ce dernier n’apprécierait pas sa remarque.

De toute façon, il était évident que Percival Graves était à prendre avec des pincettes. Pour le moment, Albus décidait de le laisser diriger la conversation, de le laisser poser les questions à laquelle Albus pourrait bien répondre directement. Parce qu’il savait que l’homme sous ses yeux avait envie de savoir pourquoi il n’avait pas parlé plus tôt. En même temps, c’était précisément ce qu’il lui reprochait, de ne pas avoir parlé plus rapidement. Alors, Albus ne fut pas étonné de l’entendre lui poser cette question en priorité, même s’il se doutait que sa réponse n’allait pas forcément lui plaire non plus. Parce que cette réponse n’allait pas lui être suffisant, forcément.

« Je n’avais aucune preuve tangible pour affirmer que Grindelwald avait pris votre place, malheureusement. » Répondit-il, sérieusement, même si son ton pouvait sembler un peu léger. Il se montrait parfaitement honnête, parfaitement sincère. Il ne mentait pas, il n’avait aucune raison de mentir, même si la vérité n’était pas non plus forcément une bonne chose. « Et votre… remplaçant était particulièrement convaincante. Personne ne m’aurait pris au sérieux, comment s’imaginer qu’il n’était pas vous ? »

Mais on allait lui dire qu’il aurait quand même dû essayer de le faire quand même, qu’il aurait pu tenter de convaincre les bonnes personnes, comme il l’avait fait au dernier moment. Sans aucun doute, mais ça ne changerait rien à sa réponse. Réponse qui en resta là, alors que Albus pourrait parfaitement bien continuer, se montrer plus précis, se défendre un peu plus. Cela dit, il avait conscience que quoi qu’il allait dire, son interlocuteur ne serait pas ravi, alors Albus préférait ne rien dire du tout et le laisser continuer à poser des questions. Il ne prendrait pas les devants. Certains diront que c’était une attitude de lâche, mais ce n’était pas le cas aux yeux du professeur.

Albus avait bien conscience que peu importait ses explications, cela ne suffirait pas à Percival Graves. Et il ne pouvait pas lui en vouloir, clairement pas. L’homme avait énormément souffert emprisonner comme il l’avait été, il était normal qu’il cherche un responsable. Si Albus avait pris la peine de parler plus tôt, il aurait pu trouver la liberté plus rapidement. Malheureusement, le professeur de métamorphose n’allait avoir aucune excuse valable pour justifier le fait qu’il n’avait pas parlé plus tôt. Il ne l’avait pas fait, pour des raisons personnelles et il n’en dirait pas plus. Ce qui n’allait pas arranger sa relation avec l’homme sous ses yeux, mais ça se saurait si Albus avait réellement besoin d’être aimé. Il avait un peu l’habitude qu’on lui reproche des choses.

Effectivement, lui d’une manière ou d’une autre avait imaginé que ce n’était pas Graves qui se trouvait sous l’apparence de Graves, qu’il s’agissait du tristement célèbre Gellert Grindelwald. Et il n’avait pas essayé de convaincre quelqu’un de ce qu’il avait découvert. Effectivement, malgré le risque. De nombreuses vies avaient été mise en jeu, beaucoup de personne étaient morte, mais Albus avait envie de croire que cela ne résidait pas seulement parce qu’il n’avait rien dit. Qu’il ait parlé ou non, l’obscurus aurait quand même fini par exploser.

« Je vous l’ai dit, je ne l’ai pas pleinement compris, ce n’était vraiment qu’un sentiment fugace. » Faux. Mais il n’avait pas besoin de dire la vérité, ça n’allait pas du tout aider Percival à se sentir mieux qu’il apprenne qu’il avait eu une conversation sans faux semblant avec Grindelwald et qu’il savait parfaitement que c’était lui qui se cachait sous ses traits. « J’ai eu… l’occasion de le rencontrer il y a de nombreuses années. » Ce qui n’était pas forcément une façon très exacte de parler de ce qui avait unis les deux hommes à l’époque, mais encore une fois ce n’était pas quelque chose que le professeur de métamorphose avait envie d’aborder avec son interlocuteur. « Ça a été une impression vraiment… légère, rien qui ne pouvait me garantir vraiment d’avoir raison. Si j’avais su que j’avais à ce point raison, j’aurais bien sûr agi bien différent. »

Il mentait encore une fois, mais c’était vraiment pour le bien être de son interlocuteur. Cela n’aiderait en aucun cas Graves d’apprendre qu’il savait parfaitement que c’était Grindelwald à la place de Percival Graves, il n’avait pas besoin de connaître la vérité si c’était pour le faire souffrir. Il cherchait aussi en parti à se dédouaner bien sûr, il n’avait pas forcément envie qu’on le tienne responsable de tous les méfaits de son ancien « ami », même s’il était évident que Albus n’agissait pas comme il le devrait. Comme il le pourrait s’il en avait la possibilité, même si ça lui faisait quand même une bonne excuse pour ne pas avoir besoin de trop se mouiller non plus.

Ce qui était fait était fait… tout à fait. Quand l’homme l’affirma, Albus savait parfaitement qu’il ne pensait pas une seule seconde ce qu’il venait de dire, mais qu’il avait conscience que tout ce que le professeur pourrait dire ne changerait rien à la situation. Albus ne pouvait évidemment pas ignorer le fait que Percival Graves allait sans nul doute le détester, qu’il allait lui reprocher éternellement de ne pas avoir agit plus rapidement pour le faire sortir de là. Albus ne pouvait pas lui en vouloir, c’était un sentiment parfaitement humain qu’il ne pouvait pas contrôler. Il avait bien conscience que souvent les autres avaient beaucoup de mal avec lui. Ça ne le dérangeait pas spécialement, il se contentait simplement de faire ce qu’il devait faire, ce qu’il pensait devoir faire en faisant fi des sentiments des autres. Quand bien même il était facile pour lui de ressentir le ressentiment de ses interlocuteurs.

En attendant, que les choses soient faites ou non, Graves n’avaient pas pour autant l’intention de lâcher l’affaire. La curiosité était une qualité que Albus affectionnait beaucoup, sauf quand cette curiosité était tournée vers sa propre personne. Percival avait l’intention de tirer quelque chose de cet entretien, d’obtenir des informations qui pourraient l’aider dans le but de faire tomber Grindelwald. C’était tout à son honneur, mais Albus considérait que cet homme avait beaucoup trop de colère contre Gellert pour arriver à en faire quelque chose de bien. Oh, c’était normal, c’était compréhensible, mais Albus ne pensait pas qu’il prendrait la peine de lui faire confiance. Sans doute parce qu’il avait conscience que cet homme ne l’aimait pas. Il avait à cœur d’arrêter Grindelwald, il pourrait aider une cause… mais non, Albus ne pensait pas que cela serait possible. Il prit la peine de réfléchir un instant à la manière dont il allait répondre à ces questions. Mentir ne lui posait pas de problème, il le faisait depuis un moment avec son interlocuteur, mais il savait que sur certain point il valait mieux ne pas trop mentir. Après tout, il suffisait que Percival ait l’idée de s’entretenir avec son frère pour mettre encore plus à mal sa confiance envers le professeur.

« Lors de mes jeunes années. » Répondit-il donc honnêtement. Était-il si vieux que cela ? Oh non, mais cette période lui semblait bien lointaine tout de même. « Il avait de la famille proche de la mienne. » Connaissant Aberforth, ce denier avait peut-être déjà parlé de tout cela avec le gouvernement, autant éviter de s’attirer encore des foudres inutilement. « Il s’est installé un temps, cela à durer quelques semaines seulement. Avant qu’il ne disparaisse et devienne l’homme qu’il est aujourd’hui. »

Non, sur ce point Albus mentait. Gellert était déjà l’homme qu’il était aujourd’hui, il l’avait toujours été. Ce n’était pas lui qui avait changé, mais le professeur.

Albus ne se vexait pas que Percival n’accepte pas ses réponses, il avait l’habitude qu’on ne le comprenne pas, en grande parti sans doute parce qu’il faisait tout pour qu’on ne le comprenne pas. Le professeur voyait bien que Graves avait l’intention d’obtenir toutes les informations possibles dans le but de pouvoir se venger de Grindelwald. Albus comprenait son désir de vengeance, au vu de ce qu’il avait vécu, il était évident qu’il ait envie de faire quelque chose contre Grindelwald, mais en même temps… Albus se disait que ce désir était beaucoup trop bouillonnant. Graves ne pouvait rien faire directement contre Gellert, et Albus craignait qu’il soit capable de foncer tête baissée contre lui. Est-ce que plus d’information ne l’aiderait pas à se préparer à une éventuelle rencontre ? Sans doute, mais ça pouvait aussi le pousser encore plus à aller vers ce choix funeste.

Peut-être que ce dont il avait besoin, c’était d’un cadre dans le but de parvenir à se rendre utile et avoir le sentiment d’avancer vers cette vengeance. L’Ordre pourrait l’y aider… mais encore une fois, Albus craignait de trop les conséquences de son désir de vengeance.

« Je ne me considère pas comme bête en effet. » Répondit-il légèrement, aux propos de son interlocuteur. « Je pense même avoir la chance de pouvoir profiter d’une intelligence plutôt confortable. » Non, il ne se moquait pas de Percival, même si ça pouvait donner le sentiment. « Mon intention est bel et bien de coopérer, et j’ai conscience que les détails comptent, toutes les informations utiles, je vous les donne. »

Percival n’avait pas besoin de savoir ce qui s’était passé cet été-là, personne n’avait vraiment besoin de le savoir d’ailleurs. En dehors des personnes déjà au courant de la plupart des événements évidemment. Bien sûr, Albus pourrait prendre la peine de parler plus longuement ici et là du pacte de sang, histoire de justifier une partie de ses actes, mais il n’en avait aucunement l’envie. Ce pacte était son fardeau, il trouverait un moyen de s’en occuper de son côté, avec les bonnes personnes, ceux en qui il avait entièrement confiance (ils n’étaient pas nombreux). Malheureusement, il ne faisait pas vraiment confiance en ce Graves, même s’il n’avait rien contre lui.

« Mr Graves, j’ai conscience que vous avez envie de vous venger et je ne peux que le comprendre. Et je sais pertinemment que ce qui s’est passé ne vous donne pas… le sentiment de pouvoir me faire confiance. Mais nous sommes dans le même camp, je ne suis pas votre ennemi. »

Beaucoup le considérait comme un ennemi, parce qu’il n’agissait pas forcément comme on aimerait qu’on le fasse, mais il n’en était pas un. Même si présentement il ne pouvait rien faire contre Gellert et qu’une part de lui n’avait peut-être pas si envie que ça de faire quelque chose, il n’était pas dans le mauvais camp. Il avait juste besoin de régler certaine chose, avant de pouvoir réellement prouver sa bonne foi.