On ne peut pas fuir son passé // FT. Yusuf

On ne peut pas fuir son passé

Yusuf profitait d’un petit temps de calme. Maintenant qu’il avait retrouvé la trace de Corvus, ou du moins le pensait, il pouvait souffler un peu. Pas trop longtemps non plus, évidemment. Mais au moins le temps de se remettre les idées en place. De bien réfléchir à ses futures actions, histoire de ne pas trop commettre des erreurs. Ce n’était pas le moment, il approchait de son but, il pouvait d’ores et déjà le toucher du doigt. Il avait hâte, c’est vrai, d’enfin accomplir sa mission. Mais il savait aussi qu’il devait faire preuve de patience. Il ne voulait pas faire de faux pas. Se tromper. Tout faire rater par trop de précipitation. Il était arrivé trop loin pour ça. Alors, autant s’accorder un peu de temps pour décompresser et remettre de l’ordre dans ses idées. Surtout qu’il n’avait pas encore de plan établi et solide pour tuer Corvus, il l’avait simplement retrouvé. Ce qui était déjà excellent, en soit. Mais ce n’était pas suffisant, il le savait que trop bien.

Il avait attendu des années, de pouvoir se trouver dans cette situation. Et il ne comptait pas reculer maintenant. Même si ce pauvre Credence n’y était pour rien, et qu’il ne savait probablement rien de quel homme horrible fut son père, il devait mourir. Il n’y avait pas d’autres choix, et Yusuf ne faisait pas cela par cruauté, mais par vengeance. Yusuf prendrait tout de même le temps de lui dire toute la vérité, avant de prendre sa vie, et il ne le ferait pas de manière douloureuse non… Mais c’était ainsi. Il avait donné sa parole, et il ne pouvait plus revenir dessus, sinon, c’était sa propre vie qu’il perdrait, ainsi que tout honneur et loyauté envers sa famille. Perdu dans ses pensées, c’est alors qu’il aperçoit… une jeune femme qu’il ne connaît que trop bien. Il hésite un instant, se demandant si c’était vraiment elle. Que viendrait-elle faire ici au juste ? Elle ne devrait pas être là… Aux dernières nouvelles, elle était fiancée à un anglais. Il avait vu ça dans la presse, par hasard, il ne cherchait pas à avoir de contacts avec elle, elle avait participé à la mort de sa mère, même indirectement.

-Yusuf.

Il n’y avait ni chaleur ni tendresse dans sa voix, mais il n’en attendait pas moins d’elle. Pauvre Leta… destin si cruel. Mais après tout, il ne comptait pas la plaindre. Quand il la regardait, il voyait sa mère, il voyait Lestrange… Trop de sentiments contraires qui ne l’aidaient pas à y voir clair à son sujet. Pourtant, il apprécierait que ce soit le cas.

« Leta. Cela faisait longtemps… Tu sembles bien te porter, j’ai même lu que tu étais fiancée… J’espère au moins que tu n’utilises pas les mêmes procédés que ton père. »

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Yusuf ne s’attendait pas du tout à rencontrer Leta ici. Ce n’était pas comme s’il mettait un point d’honneur à entretenir un quelconque lien avec elle, c’était même tout l’inverse. S’ils avaient la même mère, c’était bien l’unique chose qui les rattachait l’un à l’autre. Et encore, sa mère était morte en mettant Leta au monde, si la jeune femme n’était pas responsable, Yusuf ne pouvait pas faire autrement que de lui en vouloir. Même si ce sentiment n’avait rien à voir avec la haine qu’il éprouvait à l’égard de son père. Corvus Lestrange, quatrième du nom. Il était mort bien trop vite, bien trop doucement, malheureusement, mais Yusuf n’y pouvait plus rien à présent. Il pouvait juste passer par son fils pour rétablir les choses, et c’était pour cela qu’il était ici, à New York. Il faut croire que c’était la ville parfaite pour réunir cette famille atypique.

-J'ai dépassé cette histoire il y a bien longtemps

Ce genre d’affirmation le mettait vraiment en colère. Comment le pouvait-elle au juste ? N’éprouvait-elle rien au sujet de sa mère, de leur mère ? Comment pouvait-elle être aussi indifférente au sort qui avait était celui de Laurena Kama. Il ne s’abaisserait jamais à appeler sa mère Lestrange, parce qu’elle n’aurait jamais voulu ça. Il le savait, elle et son père s’aimaient profondément, elle n’aurait jamais abandonné sa famille pour partir avec Lestrange, jamais. Même si Leta n’avait pas connu sa mère, elle ne devrait pas lui témoigner autant de dédain et de mépris, c’était un manque de respect que Yusuf ne pouvait pas tolérer.

-Tu ferais bien de faire de même

En plus de cela elle en rajoutait une couche, décidément, elle était bien la fille de son père, et n’avait rien pris de sa mère. Corvus avait eu beau ne jamais témoigner d’amour à sa fille, cela n’avait pas empêcher cette dernière de lui ressembler… en tout cas, Yusuf leur voyait beaucoup de ressemblances, et cela ne lui plaisait pas vraiment.

-Tes félicitations me vont droit au coeur, en tout cas. Tu ne m'en voudras pas de ne pas te transmettre d'invitation, j'espère ?

Il sourit légèrement, moqueur. Pensait-elle l’atteindre d’une quelconque façon ? Si c’était le cas, elle allait être déçu. Il n’attendait pas de considération de sa part, tout comme il aurait préféré qu’elle ne vienne jamais au monde. Elle n’aurait pas dû. Mais il ne comptait pas la tuer non plus, sa mère avait donné sa vie pour lui donner naissance, même si c’était contre son gré.

« Dépasser cette histoire ? Ton père a forcé ma mère à l’épouser et l’a violée pour qu’elle meurt en accouchant de toi. Tu crois que je peux dépasser cela ? Quoiqu’il en soit, tu lui ressembles de plus en plus, à ton père. Tu es bien présomptueuse, si tu crois que ton mariage aboutira. Tu ne mérites pas ton fiancé, ou disons qu’il mérite beaucoup mieux, j’espère qu’il se rendra compte avant la cérémonie qu’il commet une grosse erreur. »

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Il est vrai que le jeune homme n’était pas tendre envers sa sœur. Loin de là. Mais il n’estimait pas qu’elle mérite autre chose, et puis, elle lui donnait raison. Même s’il pourrait admettre qu’elle ne faisait que répondre à ses attaques à peine dissimulées. Mais il ne pouvait pas, Yusuf préférait voir les choses en noir, plutôt qu’en blanc. Parce que sa vie n’avait été qu’une succession d’évènements horribles et traumatisants, depuis l’enlèvement de sa mère auquel il avait assisté. Il ne pourrait jamais, jamais, s’enlever cette image de la tête. Encore aujourd’hui, parfois, quand il doutait de sa mission, il lui suffisait de fermer les yeux pour revoir cette scène. La dernière qu’il avait de sa mère. Comment pouvait-on passer au-dessus de ça ? Leta ne pouvait pas comprendre, et c’était désolant. Si c’était le cas, peut-être que leurs rapports seraient moins électriques, moins teintés d’animosité.
Mais elle continuait de le provoquer, et cela n’aidait pas. Bien au contraire. Et si elle ne le comprenait pas, eh bien… c’est qu’elle ne portait aucun intérêt à leur mère, et à l’horrible destin qui avait été le sien. Et ça, il ne pouvait le tolérer, et la comparer à son père lui venait tout de suite à l’esprit. Sans cœur et sans pitié, tout comme lui.

Cela ne lui ferait pas plaisir, du moins il l’espérait. Personne ne voudrait se voir comparé à Corvus Lestrange IV quand on connaissait le personnage qu’il avait été. Et il était mort trop tôt, bien trop tôt. Yusuf devait porter sa vengeance sur son fils, mais il était pourtant confronté à la fille, là tout de suite. Et ce n’était pas mieux.

Et non, il n’abandonnerait pas sa vengeance, et il ne tirerait pas un trait sur toute cette histoire. Il avait trop souffert, sa famille avait trop souffert. Il ne pouvait pas laisser les choses ainsi, ils devaient payer pour ce qu’ils avaient faits. Tous autant qu’ils étaient.

-Tu finiras par te laisser consumer par l'amertume, Yusuf, je ne m'étonne pas vraiment que tu n'aies pas trouvé, pour ta part, la perle rare. Personne ne trouve grâce à tes yeux.

Peut-être, qu’il se laisserait consumer par l’amertume, mais il s’en moquait bien, pour être tout à fait franc. Il ne vivait que pour sa vengeance, pas pour trouver femme et faire des enfants, pour avoir une vie heureuse et bien rangée. Ce n’était pas dans ses plans.

« Je ne vois pas ce que ça peut te faire. La perle rare ? Je ne la cherche pas. Et je ne pense pas que tu puisses être celle de qui que ce soit. Ou du moins, pas Theseus Scamander. Ni son jeune frère. Personne ne trouve grâce à mes yeux, c’est vrai. Je ne vois pas pourquoi cela devrait être le cas. »

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Ils agissaient un peu en chien de faïence tous les deux, sans aucun doute. Mais cela avait toujours été ainsi entre eux. Ils avaient beau être frère et sœur par leur mère, ils avaient passé très peu de temps ensemble, et cela n’avait jamais été chaleureux et fraternel entre eux. C’était froid, distant, méchant, cherchant à piquer l’autre. Yusuf s’était déjà dit que peut-être, sa mère n’aurait pas désiré ça, mais en même temps, elle n’avait pas désiré Leta, elle avait été forcée de la concevoir et la mettre au monde. Si Leta n’y était pour rien, elle était quand même le fruit, et la preuve du crime de Corvus. Il ne pouvait donc pas consentir à ressentir de l’affection pour elle. Il ne pouvait juste pas, quand bien même elle était sa sœur. Yusuf était très catégorique, trop sans doute. Mais il s’était enfermé dans un schéma dans lequel il ne pouvait plus sortir. Et cela faussait beaucoup les choses autour de lui. Ainsi que sa vision des personnes qui l’entouraient.

Mais il ne pouvait pas faire autrement. Il avait été trop loin pour pouvoir reculer. Une fois qu’il aurait accompli son devoir, une fois que Corvus serait mort, il ne savait pas ce qu’il ferait, quelle sera sa vie. Il n’y avait jamais songé, seule la vengeance le motivait depuis toutes ces années. Il n’avait ni passion, ni loisir, ni emploi, ni amis… il n’avait jamais cherché tout cela, il voulait juste laver le nom de sa famille, venger ses parents et punis Corvus IV Lestrange.

Alors non, il ne cherchait pas la perle rare. Même s’il la trouvait, elle ne pourrait pas lui apporter grand-chose. Yusuf le savait. Il n’y avait que la vengeance, et le serment qu’il avait fait avec son père qui comptait. C’était comme ça, pas autrement. Des vies étaient en jeu, la sienne, et celle de Corvus Jr. Les deux ne pouvaient coexister, compte tenu de ce qu’il avait promis à son père.
Mais il comptait bien y remédier, et tuer le jeune Corvus, c’est pour ça qu’il était ici, à New York.

-Parce que tu devrais t'autoriser à vivre. Ce que tu fais, ce n'est pas lui rendre hommage, c'est raviver sans cesse le pire de son existence.

Cela l’agaçait qu’elle dise ce genre de choses. Qu’elle parle au nom de leur mère alors qu’elle ne l’avait pas connue. Yusuf pourrait faire un effort, et tenter de voir ce qu’essayait de lui dire Leta au lieu de mal le prendre, mais il n’y arrivait pas, tout simplement. Tout était toujours négatif avec lui. Surtout quand cela venait des Lestrange.

-Qu'est-ce que tu es venu faire ici ?

Yusuf ne pouvait décemment pas lui dire qu’il avait retrouvé son petit frère et qu’il comptait le tuer. Il ne savait pas si Leta était triste de la perte de son frère, mais dans tous les cas, il ne voulait pas lui révéler ses plans. C’était sa besogne à lui seul, et il n’avait aucunement besoin de mettre du monde au courant de tout cela.

« Je suis là pour affaire. Et puis, New York est une belle ville, tu ne trouves pas ? »

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Yusuf n’avait pas d’avis sur la ville de New York, parce qu’il n’y faisait absolument pas attention. Cela l’importait peu à dire vrai. Il n’était pas ici en touriste, il était là en mission, et il comptait bien la mener à bien, il ne laisserait personne se mettre en travers de son chemin, Leta encore moins. Même si elle ne savait rien, comme tout le monde, de ce qui le motivait vraiment à venir jusqu’ici, ils pouvaient tout faire rater, et il n’en était pas question. Il ne savait pas encore, que les affaires de Scamander étaient liées à Credence, mais il voulait juste qu’elle s’occupe de son futur beau-frère, pas de lui. De toute façon, il se doutait bien qu’elle se fichait un peu de tout ce qui le concernait, et l’inverse était tout aussi vrai, même s’ils étaient frères et sœurs, ils n’en avaient que le nom, et encore.

-Pas vraiment, non. Ces gratte-ciel qui n'en finissent pas... disons que ce n'est pas ma tasse de thé.

Si elle n’était pas contente, elle pouvait toujours rentrer chez elle, en Angleterre, personne ne la retenait ici. Enfin si, elle avait son fiancé, mais il devait être occupé avec son frère, et n’avait peut-être pas besoin de sa fiancée dans les pattes. Ce n’était que son avis, Theseus Scamander faisait ce qu’il voulait. Même si Yusuf trouvait cela totalement ridicule que l’on traverse un océan pour une seule personne. Pour Theseus il pouvait comprendre, c’était son frère, mais les autres… c’était juste des parasites, ils n’avaient rien à apporter. Mais encore une fois, cela ne le concernait pas.

-Quelles affaires exactement ?

Il haussa un sourcil, pensait-elle vraiment qu’il allait lui dire ? Yusuf n’en avait aucunement l’attention en tout cas. Ni à elle, ni à personne. Pourtant, il ne pouvait dire que cela ne la concernait pas. Mais il se voyait mal lui confier que son frère était encore en vie, ici, et que Yusuf avait décidé de le tuer. Peut-être le lui dirait-il une fois la besogne effectuée, ou alors il ne le lui dirait jamais. Qu’importe, cela ne changeait pas grand-chose. Mais en tout cas, il n’allait pas lui dire ce qu’il était venu faire ici.

« Tu ne crois tout de même pas que je vais te fournir un compte rendu détaillé. »

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Il est normal que Leta s’interroge sur sa présence ici, Yusuf en aurait fait de même s’il n’avait pas su qu’elle était là pour Scamander. L’un ou l’autre, qu’importe. Même s’il ne vivait que dans le but d’obtenir vengeance, il possédait tout de même une certaine curiosité, surtout lorsque cela touchait sa sœur. Alors oui, il comprenait qu’elle pose des questions, mais ce n’était pas pour autant qu’elle allait lui répondre et lui donner les informations qu’elle désirait avoir, mais elle devait s’en douter, après tout. Elle était intelligente, et elle avait le même cheminement de pensées que lui, du moins en partie.

Mais ce n’est pas pour autant qu’il allait lui révéler quoique ce soit. Il n’était pas stupide non plus. Il n’avait pas envie d’avoir Leta dans les pattes, si jamais il lui disait qu’il avait retrouvé son frère, leur frère et qu’il comptait le tuer. Il ne savait pas si elle s’en moquerait, ou si elle tenterait de l’en empêcher, mais il ne voulait pas prendre ce risque. Tant pis si elle restait frustrée et qu’elle n’avait pas ce qu’elle voulait, ce n’était pas son problème. Elle n’avait qu’à s’intéresser à autre chose, ou retourner aux frères Scamander si elle préférait.

-Loin de moi l'envie de t'écouter de répandre en détails. Mais si tes affaires sont parfaitement légales et au-delà de tout soupçon, je pense que ça ne devrait pas vraiment te poser de problème de me dire ce que tu fais là.

Bien tenté, mais cela ne changera absolument rien au fait que Yusuf ne comptait rien lui dévoiler du tout. Il allait faire ce qu’il avait à faire, sans attirer l’attention sur lui, ni parler de cela à qui que ce soit. Il n’avait pas envie de se faire mettre en prison une fois Credence mort, ni que l’on sache que c’est lui. Même s’il est vrai que la satisfaction d’avoir accompli sa vengeance et lavé le nom de ses parents rendrait la prison supportable. Mais quoiqu’il en soit, il n’avait aucune intention d’en informer Leta, et de lui donner une possibilité de l’atteindre en contrecarrant ses plans.

« Ma chère petite sœur, je ne vois pas du tout pourquoi tu t’intéresses à ma présence ici. »

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Que Leta veuille connaître la raison de sa présence ici, il pouvait le comprendre, mais ce n’est pas pour autant qu’il allait lui dire la vérité. Ni à elle, ni à qui que ce soit d’autre. Même s’il réglait une histoire de famille, et que techniquement, Leta était sa petite sœur, elle pourrait en faire partie, mais il ne souhaitait tout de même pas l’intégrer à tout cela. Il allait tuer son frère, il ne voyait pas pourquoi il lui dirait cela. Elle le saurait peut-être plus tard, un jour ou l’autre. Ce n’était pas comme s’ils étaient proches, loin de là. Ils avaient peut-être la même mère, mais c’était tout. Et encore, elle avait eu Leta indépendamment de sa volonté, ce qui révoltait encore plus Yusuf à considérer Leta comme sa sœur.

En tout cas, il ne lui donnerait rien du tout, comme information. Et s’il la laissait sur sa fin, eh bien tant pis. Il ne s’attendait déjà pas à la voir ici, il n’avait aucune envie de lui faire plaisir. Elle ne le méritait pas. Dans tous les cas, encore une fois, c’était ses affaires, et cela ne la concernait pas. Il savait bien, qu’elle se montrerait sûrement insistante, mais cela ne changerait pas grand-chose. Yusuf possédait une très grande patience, et ce n’était pas Leta qui allait l’exacerber, aussi douée et enquiquinante pouvait-elle être. Leta était une femme particulière, il pouvait en témoigner, pas forcément pour les bonnes choses, évidemment, mais tout de même, il fallait le reconnaître. Est-ce qu’elle tenait de son père ? Il ne pouvait pas en être certain, mais en tout cas, elle ne tenait rien de leur mère. Il ne voyait pas sa mère en elle. Peut-être quelques ressemblances physiques, mais elle gâchait tout dès qu’elle ouvrait la bouche.

-Mon cher grand frère. C'est seulement que je ne crois pas aux coïncidences. Tu n'aurais pas fait tout ce chemin sans une excellente raison. Et je suis quelqu'un de curieux.

Ils étaient là pour la même chose, enfin la même personne. Mais pas pour les mêmes raisons. Leta ne pouvait pas s’en douter, évidemment. Mais Yusuf ne comptait pas l’éclairer. Elle était curieuse… c’était dommage pour elle, mais il ne pouvait pas y faire quoique ce soit. Ou plutôt ne voulait pas le faire.

« Les coïncidences sont rares en effet. Et je te confirme que je n’ai pas fait ce chemin sans raison, mais je ne te donnerai pas cette raison Leta. Quoique tu puisses dire ou faire. »

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La probabilité que Yusuf partage ses projets avec Leta était totalement nulle. Il ne le ferait sous aucun prétexte. Même si au fond, cela lui éviterait des démarches inutiles, mais même si elle lui disait qu’elle était responsable en parti en de la mort de son frère, ce n’est pas pour autant qu’il la croirait. Il n’avait pas confiance en Leta, et il y verrait sûrement là une façon pour elle d’essayer de protéger Corvus, peut-être. Il ne savait pas si elle était capable de donner de l’affection à qui que ce soit, mais il n’avait quoiqu’il en soit aucune confiance en elle. Et il était de toute façon hors de question qu’il lui dise quoique ce soit.

Ni à elle, ni à personne d’autre même. C’était sa mission et son fardeau, et il n’avait aucunement besoin de se mettre seul des bâtons dans les roues en mettant d’autres personnes dans la confidence, surtout qu’il n’était assez proche de personne pour confier de telles choses. Il n’avait pas non plus envie d’en parler à qui que ce soit, cela ne regardait personne à part lui.

-Je n'en attendais pas moins de toi.

Elle pouvait bien attendre ce qu’elle voulait de lui, il ne se sentait pas vraiment concerné. Ce n’était pas comme si l’opinion de Leta avait une quelconque importance pour lui, c’était même tout l’inverse. Ils ne s’étaient jamais considérés comme frère et sœur de toute façon. Même si le rôle de Leta dans le drame familial était involontaire, il était tout de même important, et Yusuf n’avait aucune envie de passer outre et de faire comme si.

-Tu es venu seul ?

Il leva les yeux au ciel. Elle ne lâchait pas l’affaire semblait-il, pas que cela ne l’étonne vraiment mais bon. A ce compte-là, c’était presque du harcèlement. Il lui avait pourtant dit plusieurs fois qu’il ne lui dirait rien, c’était donc totalement inutile qu’elle continue sur cette lancée. Mais ce n’était pas comme si elle le ferait dans tous les cas. Elle n’était pas là pour lui faciliter la vie, elle ne l’avait jamais fait, elle n’allait très certainement pas commencer maintenant, et c’était bien dommage. Il se serait bien passé de cela, mais il fallait toujours qu’il ait des galères.

« Oui, on n’est jamais mieux servi que par soi-même, tu ne le savais pas ? »

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A l’heure actuelle, Yusuf ne savait pas si Leta lui posait des questions parce qu’elle voulait des réponses, ou parce qu’elle voulait l’ennuyer. Il y avait probablement un peu des deux. S’il acceptait de la laisser l’agacer un peu, il ne lâcherait cependant aucune information sur la véritable raison de sa présence ici. Mise à part le fait qu’il était là pour affaire. Si personne ne l’avait employé pour cette tâche, ou peut-être son père d’une certaine façon, c’était tout de même une réelle affaire qui l’amenait ici. L’affaire de sa famille, du différent entre la famille Kama et la famille Lestrange, qui pourrait enfin être réglé, d’une certaine manière. La douleur serait toujours présente dans le cœur de Yusuf, mais peut-être qu’elle pourrait être allégée.

Enfin quoiqu’il en soit, il ne dirait rien à Leta. Et il n’y avait aucune chance pour qu’il craque, là-dessus, il était sûr de lui. Il ne devait rien à sa « sœur » dans tous les cas. Et il ne savait pas pourquoi elle se donnait la peine de lui poser des questions, elle devrait savoir d’emblée qu’il ne lui dirait rien. Elle ne faisait que perdre son temps. En même temps, vu qu’elle était là parce qu’il fallait toujours qu’elle court après les frères Scamander, elle ne devait pas avoir grand-chose à faire.

-A ton avis ?

Il n’avait pas vraiment d’avis la concernant. Parce qu’il ne s’intéressait pas assez à elle pour cela. Et puis, dans sa plus grande mauvaise foi, il estimait que Leta n’avait pas à se plaindre de la vie qu’elle avait eu. Quand on voyait où elle en était maintenant, ce serait se faire passer pour une victime que tenter de dire qu’elle avait eu une vie difficile. Ce n’était pas le cas aux yeux de Yusuf.

-Mais parfois, on n'a pas le choix. Si tu as le luxe d'être venu seul ici... c'est qu'il doit s'agir d'une affaire personnelle ?

De toute évidence, elle n’était pas encore prête à lâcher l’affaire. Peu importe, Yusuf ne lui dirait rien. Elle pouvait tenter toutes les tactiques possibles, cela ne changerait rien du tout. Mais bon, si cela lui faisait plaisir d’insister… elle n’avait vraiment rien à faire de son temps. C’en était presque désolant, mais bon, tant pis pour elle. Il n’allait certainement pas la plaindre, il ne fallait tout de même pas trop lui en demander.

« Si tu crois que c’est un luxe, grand bien te fasse. Je suis ici pour affaire, point. Je ne te dirai rien de plus Leta. Au moins, moi j’ai un but, toi… cela ferait presque de la peine. »

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Certes, cela faisait un moment que le frère et la sœur ne s’étaient pas vus. Yusuf ne saurait dire à quand remontait la dernière fois, mais ce n’était pas très important au final. A chaque fois qu’ils se voyaient, ils agissaient de la même manière. Ils s’agaçaient, ils se méprisaient. Ils n’avaient pas d’autre façon de communiquer, car les choses avaient toujours été ainsi. Yusuf n’avait jamais voulu être un frère pour Leta, parce que sa mère, leur mère, n’avait jamais désiré avoir cette enfant. Elle avait été forcée de le faire, et il ne pouvait pas passer outre cette information. Que Leta soit responsable ou non n’avait aucune importance aux yeux de Yusuf.

Dans tous les cas, Leta n’était pas non plus la femme la plus agréable qui lui a été permis de rencontrer. Cela serait même plutôt l’inverse. Peut-être agissait-elle ainsi à cause du comportement de Yusuf, c’était possible, mais il ne changerait pas les choses pour autant. Après tout, il n’avait jamais demandé à devenir ami avec elle ou quoique ce soit du genre. Mais bon, ils sembleraient qu’ils étaient destinés à se quereller. En soit, c’était ce que faisait un frère et une sœur, mais Yusuf et Leta ne faisait que ça. Il n’y avait pas tout le côté affectif, le côté protecteur, et le côté tendre. Et il ne viendrait probablement jamais. Parce que cela passé ne pouvait être changé, que Leta resterait ce qu’elle était. Le fruit des abominations de Corvus Lestrange contre sa mère. Qu’elle le veuille ou non.

-Oh, je t'en prie, tu n'es capable de t'appitoyer que sur ton propre sort. Mais ça m'arrange, ta pitié est la dernière chose que je souhaiterais encourager.

Elle pouvait penser ce qu’elle voulait de lui, cela ne l’atteignait pas. Yusuf était capable d’avoir de l’empathie et de la compassion, mais pas pour Leta, c’était une évidence. Quoiqu’il en soit, elle ne contredisait pas le fait qu’elle n’avait pas de véritable but, et moteur dans la vie, et c’était une presque preuve d’intelligence. Sans l’admettre vraiment, elle ne le réfutait pas, elle savait qu’il avait raison après tout. Pourtant, elle pourrait bien s’en trouver un, n’importe quoi. Mais son existence ne semblait pas avoir de grande importance, de toute évidence, et oui, c’en était presque triste. Comme si leur mère, était morte pour rien.

« N’essaie pas de prétendre ce dont je suis capable ou non, tu n’en sais rien. Ce n’est pas comme si on se connaissait si bien après tout. Mais je trouve tout de même cela dommage que le sacrifice de notre mère n’ait servi à rien. Tu aurais pu faire un effort pour faire quelque chose de ta vie, avoir ne serait-ce qu’un peu d’ambition. »

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Yusuf était dur dans ses propos. Malgré tout, il s’en rendait compte. Au fond, c’était d’une évidence certaine que Leta n’avait absolument rien à voir avec les agissements de son père, elle n’en était que le résultat. Il ne devrait pas ainsi parler de sa mère, de leur mère. Surtout que Yusuf avait bien connu sa mère, contrairement à Leta, et il savait qu’elle était d’une très grande bonté. Jamais elle n’aurait rejeté Leta, ni même aurait été déçue de la femme qu’elle était devenue. Même en étant dans son état normal, elle l’aurait aimé. En tant que frère aîné, cela aurait sûrement dû être son rôle de lui parler de leur mère, de la décrire et lui dire qu’elle aurait été fière d’avoir une aussi belle jeune femme, mais il en était tout juste incapable.

C’était plus fort que lui. A bien y réfléchir, ce serait peut-être de lui que sa mère aurait honte, d’être aussi dur envers sa demi-sœur. Mais rien le fait qu’elle porte le nom de son père était trop pour lui. Elle était la fille de son pire ennemi, et cela effaçait tout ce qui les reliait. Il se moquait de faire du mal à Leta, ou plutôt, il espérait l’atteindre, comme si cela pouvait apaiser un peu la peine qu’il ressentait chaque jour. S’en prendre à elle était pourtant inutile, parce qu’en plus de cela, le père de Leta n’avait jamais eu vraiment de sympathie ou de tendresse pour elle. C’était Corvus, sa plus grande réussite, et c’était justement la cible de Yusuf. Mais c’était face à Leta qu’il était pour le moment, et on ne pouvait pas dire qu’il faisait en sorte d’arrondir les angles avec elle, c’était même tout l’inverse.

Il fut surpris de la gifle qu’il reçut de sa part. Il ne s’attendait pas à un tel geste de la part de Leta, qu’il soit justifié ou non. C’était bien la première fois qu’elle témoignait vraiment d’un quelconque sentiment en sa présence. Il ne fut pas énervé cependant, au moins, il avait touché sa cible. Il ne se sentait pourtant pas vraiment fier de ses actes, mais il se voyait mal s’excuser à présent. Yusuf aussi avait de l’ego, même s’il n’était pas forcément très développé, comparé à certains. Mais il ne comptait pas continuer sur sa lancée cependant.

« T’aurai-je blessée ma sœur ? J’en conviens que mes paroles n’étaient pas très délicates. Je me suis laissé un peu emporter, c’est un fait. »

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Si Yusuf voulait bien admettre qu’il ne s’était pas comporté de la meilleure des façons avec Leta, surtout en ce qui concernait ses paroles, il n’allait pas non plus se mettre à genoux et lui supplier de le pardonner. Il ne donnerait pas plus d’excuses que cela. Ce n’était pas de vraies excuses, il ne prononçait pas le mot excuse, mais il estimait que cela valait tout de même quelque chose. Il avait peut-être été loin dans ses propos, mais il n’en restait pas moins qu’en règle générale, ils ne se récitaient pas des poèmes lorsqu’ils se voyaient. Quoiqu’il en soit, Leta devrait s’en contenter, il lui semblait avoir déjà fait un effort en reconnaissant avoir eu tort d’agir ainsi, c’était beaucoup.

D’autant que même s’il y avait été fort, il trouvait que Leta avait tout de même réagi violemment. Il n’attendait pas d’excuses de sa part, parce qu’il n’attendait strictement rien d’elle, mais c’était un fait. Elle n’avait jamais connu leur mère, parce que la pauvre était morte dans la souffrance de sa naissance, mais Yusuf savait à quel point sa mère avait été une femme extraordinaire, et que malgré le fait qu’elle ait été forcée, elle aurait tout de même aimé Leta, parce qu’elle était sa fille. Chose que Yusuf n’aurait pas accepté évidemment, mais si cette dernière était restée en vie, il n’est même pas certain qu’il l’aurait revu, tant le père de Leta la gardait cachée, emprisonnée, contre sa volonté. Elle n’aurait donc sans doute pas été déçue de Leta, mais Yusuf avait simplement cherché à lui faire mal, et de toute évidence, il avait réussi.

Pourtant, il n’en tirait pas vraiment de satisfaction. Il ne s’en voulait pas non plus, la seule personne à qui il avait envie de demander pardon, c’était sa mère. Sa seule consolation, c’était qu’il espérait que ses parents aient pu se retrouver, où qu’ils soient. A moins que Corvus n’ait eu encore l’envie de s’en prendre à eux, mais il doutait fort qu’ils soient au même endroit, et il avait envie de croire que ses parents étaient heureux ensemble.

-Est-ce ta manière de t'excuser ? Dans ce cas, elle est bien singulière.

Singulière ou non, elle devra s’en contenter. Il ne lui donnera pas plus. Elle ne s’était pas excusée non plus, alors pourquoi devrait-il faire tous les efforts ? Ce n’était pas équitable. Et encore une fois, il s’était excusé à sa manière, à demi-mot et presque sous la contrainte, mais il ne fournirait pas plus d’efforts, qu’elle se débrouille avec cela, et si elle n’était pas contente, ma foi, ce serait la même chose.

« Interprète les choses comme tu en as envie, cela ne fait pas de grande différence. Je ne te dois rien Leta. J’admets juste que je n’aurai pas dû évoquer notre mère de cette façon, surtout qu’elle n’aurait probablement pas supporté que l’on se déchire de cette façon, mais c’est ainsi. »

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