On ne peut pas fuir son passé // FT. Yusuf

On ne peut pas fuir son passé

Yusuf ne comptait absolument pas arrondir les angles avec Leta. Il estimait que c’était trop tard pou ça. Ils avaient depuis longtemps, dépassé le point du non-retour. Pourtant, ce n’était pas vraiment de la haine que Yusuf éprouvait pour sa demi-sœur. Ça n’allait pas aussi loin. S’il était conscient qu’elle n’y était pour rien dans toute cette histoire, il avait du mal à s’y faire, parce qu’elle était une des seules personnes encore en vie (sinon la seule en réalité) à qui il pouvait déverser sa colère. Il se serait cependant montré plus clément, si Leta avait été une femme moins détestable.

Il n’aimait pas du tout la femme qu’elle était. Il lui trouvait beaucoup de défauts pour peu de qualités, et il trouvait qu’elle ressemblait bien trop à son père sous certains aspects. Il se faisait peut-être une mauvaise image d’elle, à cause de son ressenti pour sa personne, mais c’est tout de même ainsi qu’il la voyait. Fourbe, manipulatrice, menteuse, hautaine… il se n’estimait pas aprfat non plus, loin de là, mais il était très différent d’elle. Pour sûr, elle n’avait pas été élevée par leur mère, sinon elle n’aurait pas été ainsi, à moins que ce ne soit ancré dans ses gênes, et dans ce cas, même l’éducation de leur mère n’aurait rien pu y changer.

-Et qui est responsable de ça ? Tu as choisi de me haïr à l'instant de ma naissance. Je n'avais rien demandé.

Elle disait cela comme si elle n’était qu’une pauvre victime dans toute cette histoire. Il ne lui donnait pas tort, Yusuf l’avait condamnée à sa naissance, mais elle n’avait jamais rien fait pour inverser la tendance, et pour lui donner tort. Elle lui avait toujours montré qu’il avait raison d’agir ainsi avec elle, et encore aujourd’hui, elle le lui prouvait. Alors il ne fallait pas qu’elle s’étonne, ou bien qu’elle ne considère qu’il était le seul fautif dans leur mésentente, car c’était faux.

« Tu t’es toujours montrée détestable Leta, je ne suis pas le seul responsable. Tu n’as jamais rien fait pour tenter de me faire changer d’avis, alors ne commence pas à vouloir te faire passer en victime, car ce rôle te va très mal. »

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Yusuf savait pertinemment que les choses ne changeraient pas entre eux, et que leur relation serait toujours aussi compliquée. Tant qu’aucun des deux ne ferait d’effort de comportement, la situation ne changerait pas de visage. Et Yusuf savait, que ce n’était pas près d’arriver. Ils étaient tous les deux fiers. Et cela ne venait pourtant pas de leur mère. Yusuf ne l’avait jamais vue sa mère vaniteuse, arrogante, méprisante… elle n’avait jamais montré aucune prétention non plus. Sa mère avait été une femme parfaite, et le père de Leta la lui avait enlevée, et à son père aussi. Leta n’y était pour rien, mais c’était plus fort que lui. Elle avait résulté de tout cela. De ce viol, puisqu’il fallait appeler les choses par leur nom. Résultat, elle était morte en couche. Encore, si elle était morte pendant la grossesse, les choses auraient encore été différentes. Mais Leta était une preuve, une conséquence, et Yusuf ne pouvait pas l’accepter. Encore que, il n’avait jamais tenté de la supprimer. Mais s’il l’avait fait, alors sa mère serait morte pour rien. Elle avait donné sa vie pour elle, même si ce n’était pas ce qu’elle voulait, et qu’elle n’avait jamais désiré Leta. Elle était là, et Yusuf devait faire avec, mais ce n’est pas pour autant qu’il se comporterait un jour en grand frère avec elle.

-Tu n'as pas à décider du rôle que je choisis d'endosser

Il ne décidait rien, Leta le montrait d’elle-même, par ses actes, sa façon d’agir. Yusuf n’avait fait qu’interpréter tout cela, rien de plus. Elle pouvait le blâmer si elle le voulait, mais ça ne changerait rien. Les choses étaient actées à présent, du moins, c’est ce qu’il pensait sincèrement, et Leta ne faisait rien pour le faire changer d’avis, alors il ne voyait pas, pourquoi il prendrait la peine de se soucier de son rôle, ou quoique ce soit d’autre qui s’en rapproche.

-J'aurais voulu te faire changer d'avis à une époque. Plus maintenant. Mais je ne te déteste pas, tu sais.

Yusuf avait bien du mal à la croire, ce n’était pas du tout ce qu’elle lui montrait. Il ne voyait pas pourquoi elle lui disait qu’elle ne le détestait pas, si elle ne souhaitait plus qu’il change d’avis. L’information devenait fade et inutile. Qu’elle le déteste ou non, clairement, ça ne changerait pas la vie de Yusuf. Il n’avait que très peu de rapports avec elle, et lorsqu’ils se voyaient, comme maintenant, ce n’était jamais volontaire, alors il ne passait pas ses journées à penser à Leta.

« Non je ne sais pas, mais je suppose que cela n’a pas grande importance. Je ne te déteste pas non plus, je n’ai pas de temps à perdre avec ça. »

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Yusuf ne mentait pas. Il ne détestait pas Leta. Parce qu’il considérait qu’on ne pouvait haïr deux personnes avec la même intensité. Comme on ne pouvait aimer deux personnes d’un amour égal. Il y avait forcément quelqu’un tout en haut de la chaîne, c’était ainsi. Leta n’était pas en haut de sa chaîne, mais il serait mentir de dire qu’elle s’approchait plus du côté de ceux qu’il aimait, que de ceux qu’il n’aimait pas. Il aurait pu aimer Leta parce qu’ils partageaient la même mère, mais l’identité du père venait tout gâcher. Inéluctablement. Corvus Lestrange était la personne qu’il haïssait de tout son être et le fait qu’il soit mort ne changeait rien à cela, au contraire.

Yusuf aurait voulu pouvoir se venger de lui, pour ce qu’il avait fait aux Kama, pour les dernières années de sa mère qui avaient été contraintes, forcées… il lui avait fait vivre un enfer, et Yusuf n’avait pas eu le loisir de pouvoir lui rendre la monnaie de sa pièce. Il ferait tout de même en sorte que la famille Lestrange paye ce qu’ils avaient à payer aux Kama. Il l’avait juré à son père, les marques du serment étaient ancrées dans sa peau. Mais il ne pouvait pas en informer Leta, puisque cela ne lui servirait définitivement à rien, au pire, cela rendrait sa tâche plus ardue.

-Et à quoi perds-tu ton temps, dans ce cas ? Tu sembles constamment occupé, pour ne pas dire préoccupé, mais je ne t’ai jamais vu faire autre chose que brasser du vent.

Leta pouvait bien lui poser la question sous toutes les formes possibles, elle n’obtiendrait jamais la réponse. Yusuf ne comptait pas lui dévoiler ses plans, ni maintenant ni jamais. Ou bien quand il en aurait terminé. Il n’avait aucune idée de ce qu’il allait faire une fois Corvus Jr mort. Reprendre le cours de sa vie ? Cela lui semblait bien impossible. Il avait toujours vécu dans la vengeance, dans le passé, et il était bien incapable de faire autrement. Mais dans tous les cas, il ne révèlerait rien à Leta maintenant. Que cela la frustre ou l’agace, il s’en moquait. Ils n’avaient jamais été proches, et il n’avait aucun compte à lui rendre.

« Pourquoi me poses toujours la question, n’as-tu pas compris que je ne te dirai rien ? Je suis surpris. Tu as beau être curieuse, pour quelqu’un qui n’a aucune considération pour moi, je trouve que tu t’intéresses beaucoup. »

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Leta pourrait bien insister autant qu’elle le voudrait, Yusuf ne lui dirait rien sur les raisons qui l’avaient mené jusqu’ici. Ce serait totalement stupide de sa part, et ne l’avancerait à rien. Même si au final, cela lui épargnerait bien des peines, puisque la jeune femme aurait pu lui apprendre que Corvus était déjà mort, mais peu importe. Il ne comptait pas lui dire quoique ce soit, et il faudra bien qu’elle s’y fasse, il n’y avait aucun moyen pour qu’il ne change d’avis. Il n’était même pas censé la voir normalement, ce n’était qu’une incartade, un bref interlude qui se terminerait bientôt, et il pourrait ensuite reprendre son projet.

-Je te considère, Yusuf.

Bah tiens… il avait tout de même un peu de mal à y croire. Ils ne s’étaient jamais adressés l’un à l’autre comme un frère à une sœur, ils avaient toujours été dans l’attaque, il voyait mal comment elle pourrait avoir de la considération pour lui. Mais bon, si elle voulait se faire passer pour la gentille sœur aimante qu’elle n’était pas, libre à elle, il s’en moquait un peu à dire vrai. Pour lui, il savait bien que Leta le détestait, et ce n’était pas très grave, il n’agissait pas trop différemment envers elle.

-Tu t'obstines à penser que je te méprise, ce qui est faux. Je veux savoir ce que tu fais là, et même si tu ne me répondras pas, je ne m'excuserai pas d'essayer de tirer les vers du nez. Si tu ne me dis rien, je m'arrangerai pour découvrir ce que tu trames d'une autre manière.

Elle ne le méprisait peut-être pas, mais elle n’avait pas non plus d’affection pour lui, alors les choses revenaient au même. Mais pour le moment, c’était elle qui s’obstinait à espérer qu’il lui dise la moindre petite chose sur l’affaire qu’il avait à effectuer ici. Elle ne découvrirait rien du tout, ou alors elle le ferait une fois qu’il aurait terminé, et ce ne serait pas bien grave. Yusuf n’avait pas de but dans la vie, si ce n’est de terminer sa vengeance. Une fois que cela sera fait, eh bien… qu’importe ce qu’il adviendrait de lui, il pourra terminer ses jours en prison si c’était sa destinée, mais il ne comptait pas reculer devant quoique ce soit.

« Oh allons, tu ne vas pas me faire croire que tu m’aimes, ce serait un peu trop gros. Mène ton enquête si cela te chante, mais tu perds ton temps. Tu ferais mieux de te mêler des affaires des Scamander, cela te concerne davantage. Mes affaires en revanches n’ont rien à voir avec toi. »

C’était faux, évidemment, mais elle n’avait pas besoin de le savoir.

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Si Leta voulait tenter de lui faire avaler qu’il existait de l’amour fraternel entre eux, elle allait avoir bien du mal. C’était loin d’être le cas, c’était comme ça. Leur situation familiale était compliquée, ils n’avaient pas été élevés ensemble, leur mère avait conçu Leta sous la force, et elle était morte en la mettant au monde. Yusuf était juste incapable de l’aimer. Parce que ce serait accepter ce qu’il s’était passé. Leta n’y était pour rien, mais elle lui rappelait sans cesse la nuit où sa mère était partie, où il l’avait suppliée sans qu’elle ne lui adresse un seul regard. C’était au-dessus de ses forces, et il savait bien que Leta ne le voyait pas vraiment sous un bon jour.

-Je l'espère.

Elle pouvait bien espérer ce qu’elle voulait, ce n’était pas son souci. Certes, ses affaires avaient effectivement à voir avec Leta, elle était indirectement concernée, puisque c’était son frère, enfin son demi-frère que Yusuf était venu éliminer, mais il savait pertinemment que ce serait une idiotie de le lui dire. Elle pourrait tenter de l’en empêcher, et il n’avait absolument pas besoin de bâtons dans les roues. Il touchait enfin au but. Il allait pouvoir honorer la promesse faite à son père Suite à cela, il n’avait aucune idée de ce qu’allait être sa vie, mais il n’y pensait pas. Tout ce qui comptait, c’était le serment, et la vengeance des Kama, enfin.

-J'ai dit que je te considérais, c'est très différent d'aimer. Je viens en aide à ceux que j'aime même si ce doit être contre leur gré, parce que je les aime, et c'est pour ça que je suis là. Et je m'intéresse à ce que tu mijotes parce que je ne peux pas prétendre que tu n'es pas là même si je faisais tous les efforts du monde pour ça. Et tant que tu seras dans le coin, je préférerais m'intéresser à ta présence que de feindre l'ignorer. Ne t'inquiète pas pour les Scamander, je suis tout à fait capable de faire plusieurs choses en même temps.

Yusuf ne comprenait pas vraiment pourquoi elle ne serait pas capable de faire comme s’il n’était pas là. New York était une grande ville, et s’ils s’étaient croisés par hasard aujourd’hui, ils pourraient très bien s’éviter par la suite. Il n’avait pas du tout envie que Leta fouine dans ses affaires, ou reste dans ses pattes. Elle n’avait rien à y faire, il n’avait pas envie d’avoir un nouveau problème dont il lui faudrait s’occuper, ce n’était pas du tout ce qu’il voulait. Mais elle ne semblait pas vouloir comprendre, ceci dit.

« Quelle femme altruiste et généreuse tu es Leta. »

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Leta ne lui ferait pas croire qu’elle n’avait rien à gagner en venant ici jouer les supports au frère de son fiancé. Il serait faux de dire qu’il la connaissait parfaitement, mais il savait qu’elle n’était pas le genre de femme à faire don de sa personne par pur altruisme. Yusuf ne l’était sûrement pas plus qu’elle, et il ne poursuivait qu’un seul but, mais il ne se cachait pas derrière de faux prétextes. Il ne savait pas ce que Leta pourrait gagner dans le contexte actuel. Se faire bien voir auprès de son fiancé ? Elle ne semblait pas avoir besoin de cela, ou alors craignait-elle qu’il tombe sous le charme d’une américaine. Ou alors elle était ici pour le plus jeune des Scamander. Yusuf n’avait pas la réponse à ces interrogations, mais il restait certain qu’elle avait une idée derrière la tête.

Enfin, quoiqu’il en soit, ça ne le regardait pas. Il s’intéressait à Leta que parce qu’il l’avait devant les yeux, mais en réalité, la plupart du temps, il arrivait facilement à l’occulter de ses pensées, et son existence. Rien de personnel là-dedans, mais il était occupé, et préoccupé, et il n’avait pas besoin de la rajouter au tableau. Même si son existence était le résultat de ce pourquoi il était là, elle n’était pas directement impliquée dans le processus. Il n’avait pas l’intention de s’en prendre à Leta, leur rencontrer était fortuite, même si un peu grosse toute de même, et il était certain que la prochaine fois qu’ils se verraient pourra bien se compter en années, ou alors ne se reverraient-ils jamais, rien n’était impossible, et l’avenir de Yusuf était particulièrement incertain, quoiqu’il en soit.

-Un compliment que je te retourne. Toute ta vie semble graviter autour d'une obsession toute personnelle. Je suis certaine que cette pensée te déplaît profondément, mais nous avons ceci en commun, grand frère. Nous n'avons jamais été des exemples d'altruisme.

Si elle voulait jouer le jeu des ressemblances, elle allait devoir s’y atteler seule. Yusuf n’avait jamais cherché ce qu’il pouvait partager avec Leta, hormis leur mère. Peut-être que certains leur trouverait quelques ressemblances physiques, ou de caractères, mais Yusuf n’avait aucune envie de s’y intéresser. Parce qu’il ne l’acceptait pas comme sa sœur, tout simplement. Et ce n’était pas maintenant que cela allait changer, trop d’années avaient passé. Ils avaient eu des vies totalement différentes, et séparées. Si sa mère avait été consentante dans cette union avec Corvus Lestrange, peut-être aurait-il considéré Leta autrement, mais ce n’était pas le cas.

« Je n’ai jamais prétendu l’être. Je n’essaye pas d’être quelqu’un d’autre que moi-même pour me faire bien voir, parce que je me fiche bien de ce que l’on peut penser de moi. Je me contente de faire ce que j'ai à faire. »

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