Il n'y a que la vérité qui déplaise [pv Cherryl ]

L

a situation n'avait en soi rien d'idéale pour Mary Lou et ce qu'il restait encore des Barebone (autant dire que manquer du tiers de ses effectifs - pour peu qu'elle puisse qualifier ainsi ses enfants adoptifs... et elle ne se gênait pas pour le faire - en l'absence de Credence n'avait absolument rien de pratique et utile pour elle)... L'église toujours détruite et insalubre, sa voix peinait à s'élever aussi haut et clair qu'elle le désirait, sa recherche de mécène se révélait compliquée... mais elle gardait la tête haute. Au bout du compte, la situation n'était pas forcément aussi désespérée qu'elle pouvait bien le laisser soupçonner. Les New-Yorkais s'évertuaient peut-être à l'ignorance, mais ils n'étaient pas complètement aveugles non plus, et elle avait le sentiment que de plus en plus de ses confrères se révélaient sensibles à sa cause.

Après tout, ses effectifs avaient tout de même augmenté, et elle avait à ses côtés quelques "fidèles" qui pouvaient bien lui garantir un réseau et un carnet d'adesse dont l'importance n'était pas du tout à négliger, loin de là. Rien n'était perdu, et dans tous les cas, Mary Lou comptait bien se battre et faire entendre ses idées jusqu'à son dernier souffle. Elle ne saurait avoir de répit que lorsque la vérité serait enfin entendue par le plus grand nombre, mais aussi et surtout acceptée. Ce qui n'avait rien d'une mince affaire, à l'heure actuelle, elle s'en rendait bien compte.

Elle revenait d'une de ses plaidoieries enflammées sur quelque lieu public largement fréquenté du paysage new-yorkais et constata que quelqu'un se trouvait là, une jeune femme. Elle lui disait vaguement quelque chose, mais elle n'aurait su dire si elle l'avait déjà rencontré ou si elle lui trouvait un air de famille avec qelqu'un de sa connaissance. Dans tous les cas, elle ne semblait pas ici par hasard, Mary Lou, peut-être à tort, avait même le sentiment qu'elle était en train de l'attendre. Bien évidemment, elle ne pouvait que vouloir en avoir le coeur net.

-Je peux faire quelque chose pour vous ? lui demanda-t-elle du ton amène qu'elle adressait au tout-venant, mais qui pourrait certainement devenir beaucoup moins douceureux si la conversation en venait à s'envenimer.

Ce qui avait effectivement de fortes chances d'advenir.

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C

herryl Matthews. Voilà donc pourquoi le visage de cette jeune femme lui était familier : il s'agissait de la soeur de Clyde, qui se montrait particulièrement assidu auprès des fidèles de Salem depuis qu'il avait pris la décision de se joindre à leur cause. Elle ne savait pas grand-chose d'elle, sinon donc qu'elle était la soeur de son frère, et qu'elle appartenait à la police. Elle ne pouvait donc rien conclure pour le moment des raisons de sa présence, si ce n'est que la jeune femme était effectivement là pour la voir.

Mary Lou lui adressa un fin sourire. Au moins, la jeune femme se montrait polie et agréable, n'avait pas cherché à lui sauter à la gorge. L'entourage de ceux qui choisissaient de rejoindre les fidèles de Salem était bien souvent agressif, ou en tout cas au-delà de réticent, mais dans tous les cas, il semblait que la prénommée Cherryl ne soit pas venue ici lui parler de son frère. Dans le cas contraire, pourquoi prendrait-elle la peine de préciser qu'elle était en charge de l'enquête sur la mort du sénateur ?

Mary Lou hésita un instant. Elle ne savait pas vraiment où tout ceci pouvait les mener. Elle n'avait rencontré qu'une fois Henry Shaw Jr, et le moins que l'on puisse dire, c'est que les choses s'étaient relativement mal passées. Le soir même, Henry Shaw Jr. trouvait la mort dans des circonstances suspectes et son frère cadet, Langdon, devenait complètement dépendant à la cause qu'elle affichait haut et fort... Forcément, elle se demandait si son interlocutrice la considérait comme une suspecte ou non... Mais même dans ce cas, elle avait d'autant plus d'intérêt à répondre à ses questions... Qui sait, elle réussirait peut-être à aiguiller son interlocutrice sur la seule piste qui méritait d'être prise en compte ? Même si elle en doutait un peu...

-Bien sûr, entrez, je vous prie.

Elle l'invita à entrer à sa suite dans l'église en état de délabrement avancé. Trouver un autre lieu où s'installer avait été plus complexe que Mary Lou ne l'aurait voulu. Elle avait nettoyé l'endroit, mais les Barebone vivaient néanmoins dans des ruines.

-Installez-vous... malheureusement, je n'ai pas grand chose à vous proposer, s'excusa-t-elle avant de s'asseoir à la table demeurée intacte où Cherryl pouvait choisir de prendre place à son tour. Je vous écoute, qu'est-ce que vous voulez savoir ?

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M

   

ary Lou ne voyait aucun inconvénient à collaborer avec la justice. Bien au contraire, même, elle estimait même que c'était indispensable pour que sa cause soit entendue et surtout reconnue comme telle. Collaborer avec la justice comme avec la politique et les médias était à ses yeux une nécessité, et si sa parole pouvait être entendue, même dans le cadre d'une enquête que d'aucuns s'obstineraient encore à considérer sans lien avec les idées qu'elle avait pour vocationde répandre, alors c'était une excellente chose. Après, elle ne savait pas réellement si le fait que cette femme soit la soeur de Clyde Mathews soit un avantage ou un inconvénient au vu des circonstances. Dans tous les cas, la femme semblait honnêtement prête à prendre son discours au sérieux, et c'était déjà un excellent point.

Son discours et son comportement étaient tout à fait professionnels et elle appréciait. Ceux qui savaient ce qu'elle faisait et les idées qu'elle défendait, et elle en faisait forcément partie, avaient bien souvent et inutilement tendance à la considérer comme une simple illuminée, être considérée autrement n'était par conséquent pas déplaisant. elle était un témoin attentif que l'on acceptait d'écouter, et dont le discours pouvait avoir de la valeur, et ça changeait tout. D'autant qu'elle avait une opinion très arrêtée sur le décès du jeune sénateur Shaw, surtout après avoir entendu le témoignage de son frère, et elle comptait bien le laisser entendre subtilement, en tentant tout de même de ne pas braquer son interlocutrice au passage. Elle savait bien que ce serait contre-productif, et elle n'avait pas la moindre intention de se saborder si cela lui était possible.

-Nous ne l'avons rencontré que brièvement, mes enfants et moi. Nous avions obtenu un entretien avec son père, et il était présent. Nous avons très peu parlé. Elle marqua une pause. Il s'est montré assez... méprisant. Elle n'avait pas l'intention de nier ce fait sous prétexte que l'homme était mort, cela ne changeait rien à l'attitude qu'il avait adopté en leur présence, et même si elle souhaitait à son âme de reposer en paix, elle ne comptait pas lui trouver des excuses pour son comportement passé. C'était un homme nerveux, mais on le serait à moins dans sa position. A part cela, je n'ai rien constaté de particulier.

Mais elle comptait bien en dire davantage tout de même dès qu'une ouverture se présenterait.
   
   

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L

a jeune femme prit note de son témoignage. Mary Lou devait bien reconnaître que ce constat ne lui déplaisait pas. Son propos était pris au sérieux, et cela n'arrivait pas si souvent. Enfin, elle n'apprenait en l'occurrence rien à Cherryl de vraiment sidérant ou sujet à débat, elle se contentait de dire la vérité (en même temps, elle disait toujours la vérité, du moins le considérait-elle). Mais son interlocutrice aurait pu choisir, par principe, de remettre en question beaucoup de ses propos (comme c'était le cas de beaucoup d'autres). Elle ne lui donnait pas le sentiment d'avoir l'impression de perdre son temps, elle était très professionnelle, et ses questions étaient pertinentes. Peut-être allait-on enfin lui permettre de faire entendre sa voix et ses théories ? La chef de file des fidèles de Salem commençait à le penser réellement. Et c'était une opportunité qu'elle ne pouvait que vouloir saisir.

-Pauvre Langdon... Il est très éprouvé par la mort de son frère, n'importe qui le serait, bien sûr, mais ils n'étaient pas en excellents termes avant tout ceci, alors il n'est pas étonnant qu'il soit si investi dans... sa quête de vérité.

Autant ne pas aller trop loin tout de suite, même si le sous-entendu était évident, d'autant que Cherryl savait forcément que Langdon avait rejoint les fidèles de Salem, tout comme son frère avait choisi de le faire également de son côté. Elle jouait, concernant la carte de la compassion au sujet de Langdon. En éprouvait-elle vraiment à son égard ? Pas vraiment... parfois, le comportement de Langdon l'exaspérait plus qu'il ne l'attendrissait, d'ailleurs. Parfois pour ne pas dire souvent. Mais elle pouvait bien reconnaître que le drame qui l'avait happé avait eu le mérite de faire de lui l'une des personnes les plus déterminées à remettre la chasse aux sorcières au goût du jour, alors elle ne risquait pas de s'en plaindre.

-Quant à son père... je lui ai trop peu parlé pour vous en dire beaucoup plus. Je sais que Langdon et lui sont en froid, à présent - Ce qui au passage n'arrangeait pas ses affaires, si Langdon était resté proche de son père, peut-être serait-il parvenu à convaincre ce dernier de financer leur cause, ou tout du moins de médiatiser leur message -, je n'en sais pas beaucoup plus.
   
   

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S

i Mary Lou savait pourquoi le père et le fils Shaw étaient en froid ? Oh oui, elle le savait, c'était le moins que l'on puisse dire. Et pour cause, elle n'était pas exactement étrangère à cette rupture. Certes, ni Langdon, ni Henry n'avaient eu besoin d'elle pour que des tensions préexistent à son intervention dans leur vie. Langdon avait toujours souffert d'un complexe d'infériorité vis-à-vis de son frère aîné, et cela avait été un terreau propice aux rancoeurs qui n'avaient fait qu'enfler ensuite, mais s'il fallait parler plus directement de ce qui avait porté le coup de grâce à une relation déjà fragile... Elle savait précisément quoi répondre. Et elle avait l'intention de répondre honnêtement.

Elle ne voyait aucune raison de mentir, elle assumait la vérité, ou en tout cas elle assumait sa vérité. Ce n'était pas, après tout, comme si elle avait vraiment cherché à éloigner le jeune homme de son père. Ce n'était pas dans son intérêt. Dans l'idéal, elle aurait d'ailleurs préféré que les deux s'entendent... ainsi aurait-elle pu bénéficier de la fortune et de l'influence du patron de presse... Mais elle avait compris qu'elle ne pourrait pas y compter, malheureusement, ce qui finissait par faire de Langdon un poids mort dans la cause des fidèles de Salem. Certes, il était volontaire, et il croyait dur comme fer dans leur message, mais elle avait le sentiment que sa manière de disperser leur message avait plutôt tendance, en fin de compte, à tenir à l'écart des personnes qui auraient potentiellement pu être intéressées, pourtant.

-Plus ou moins, répondit-elle alors, même si elle devrait plutôt affirmer qu'elle savait précisément comment la discorde entre eux avait été semée. Langdon a une opinion très tranchée quant à ce qui est arrivé à son frère. Il a été témoin de certaines choses... je suppose qu'il vous en a parlé ?

Elle marqua une pause. Oui, elle se doutait que Langdon n'aurait pas dissimuler l'information aux enquêteurs qui cherchaient à rendre justice à son frère. Déjà qu'il n'hésitait pas vraiment à disperser sa vérité aux quatre vents en règle générale.

-Son père ne veut rien entendre, et Langdon ne l'a plus supporté, je suppose.

Elle ne supposait pas, elle le savait. Henry Shaw était un homme sûr de ses convictions, qui avait obstinément refusé de voir la vérité en face. Et à présent, il semblait que rien ne le raisonnerait sinon une preuve si manifeste qu'elle en deviendrait certes dangereuse mais au moins salvatrice pour tout le monde (mais difficile d'accumuler des preuves quand on les effaçait systématiquement de votre esprit).
   
   

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S

i Mary Lou avait espéré trouver une oreille attentive à sa cause en la personne de son interlocutrice, quelques mots suffirent bien vite à la faire déchanter et à lui faire comprendre que la jeune femme ne diffèrerait pas de tous ceux qu'elle avait voulu persuader mais étaient restés obtus malgré tout. Dommage, si la police acceptait enfin de se ranger à la version des faits de Langdon (soit à la vérité, n'en déplaise à tous ceux qui la contestaient), ils feraient définitivement un grand pas en avant.

En toute franchise, Mary Lou se moquait bien que justice soit faite ou non au jeune sénateur. Elle n'avait pas la moindre sympathie pour lui, et ce n'était certainement pas leur seule et courte entrevue qui pourrait l'encourager à pleurer sur son sort... elle n'avait pas beaucoup plus d'empathie pour Langdon, en réalité, d'autant que ce dernier, s'il lui avait semblé utile en premier lieu au vu de son lien de parenté avec Henry Shaw lui apparaissait à présent davantage comme un poids mort que comme un atout valable. Elle était heureuse, en réalité, que le jeune homme soit mort, car elle estimait que c'était peut-être l'événement qui allait changer la donne et inviter les uns et les autres à ouvrir les yeux. Encore eut-il fallu pour cela que cet aveuglement de longue date ne les pousse à rejeter d'emblée toutes les théories qui sortaient de leur champ habituel de réflexion. Demander depuis quand Langdon croyait en ses idées, c'était ne pas même faire mine d'accorder du crédit à sa cause et à ses convictions.

-Ce ne sont pas mes idées, répliqua-t-elle sèchement, qui n'aimait pas ce qu'elle entendait comme une manière de sous-entendre que son combat était animé uniquement par des théories issues de son imagination. Comme si vraiment elle se donnerait autant de mal et ferait autant d'efforts pour une simple lubie... Plus le temps passait, plus elle voyait ce monde condamné par l'ignorance humaine. Ce sont des faits. Elle avait bien envie de mettre fin à cet entretien tout de suite, pour la peine, mais ne le fit pas et répondit tout de même. Car quand tout le monde s'imaginait qu'elle avait lavé le cerveau de Langdon Shaw, elle estimait préférable de rappeler que c'était lui qui était venu la trouver et non l'inverse. Il est venu assister à un de mes discours, ce devait être au début du mois de décembre. Puis il est venu me trouver à la fin du meeting. Je n'ai pas eu besoin de le convaincre. Même si elle ne rougissait pas d'essayer de convaincre les uns et les autres, c'était son but, pour leur bien. Il l'était déjà.
   
   

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éfinitivement, Mary Lou cessait de voir en son interlocutrice une alliée potentielle. Elle avait été décidée à se montrer dans les meilleures dispositions, elle avait sincèrement cru qu'en dialoguant avec cette femme, qui lui semblait avoir la tête sur les épaules et être déterminée à bien faire son travail, elle parviendrait à faire entendre une vérité qui à ses yeux n'était pas que la sienne mais celle de ce monde, qu'il était grand temps de révéler à ce dernier.

Mais comme tous et toutes, cette femme n'avait fait que semblant de prétendre pour pouvoir obtenir des réponses avant d'afficher aussitôt ses doutes et son rejet de ce que Mary Lou présentait pourtant comme une vérité indéniable. Elle ne se sentait plus témoin à présent, mais accusée, or elle estimait très sincèrement n'avoir jamais rien fait de mal (si ce n'est à ses enfants, mais les concernant, les excuses qu'elle se donnait à elle-même pour justifier ses actes de maltraitance étaient si ancrées dans son quotidien qu'elle avait fini par y croire elle-même et se sentait totalement légitime dans sa manière d'agir). Mais soit, elle n'avait pas envie de devoir faire son propre plaidoyer, mais si la situation devait l'exiger, alors elle acceptait l'exercice.

-C'est lui qui a émis l'idée de rencontrer monsieur Shaw. Avant cela, je ne savais même pas qui était son père.

C'était une moitié de mensonge, on va dire. En vérité, quand le jeune homme s'était présenté à elle, Mary Lou avait deviné son lien de filiation avec Henry Shaw et s'était arrangée pour que Langdon lui confirme ses soupçons, après quoi elle avait su orienter la conversation de sorte que l'initiative de cette rencontre avec le père de jeune homme (rencontre qui avait malheureusement été infructueuse) passe pour l'initiative de ce dernier. Elle n'allait pas faire ces précisions, elle n'en voyait pas l'intérêt, si cela devait décrédibiliser son message, quand bien même elle ne voyait pas quel mal il pouvait y avoir à avoir voulu une couverture médiatique pour prévenir à grande échelle les uns et les autres des dangers que représentaient les sorciers, à l'heure où ils étaient plus actifs que jamais à New York, qui plus eux. Le jeune sénateur Shaw l'avait sûrement payé de sa vie. Au fond, il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même.
   
   

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ary Lou n'était pas certaine des déductions que tiraient son interlocutrice de la réponse qu'elle venait de lui donner. Ce qu'elle savait en revanche, c'est que son interlocutrice s'était d'ores et déjà fait une vision très arrêtée de qui elle était, comme beaucoup d'autres avant elle. Et comme tous ces autres, ce n'était pas à grand renfort de discours éloquent qu'elle la ferait changer d'avis, alors autant ne pas insister. Elle avait répondu à ses questions. Pas toujours entièrement sincèrement, certes, mais sans jamais entièrement lui mentir du moins.

Si Cherryl Mathews n'en tirait pas les conclusions qui, à ses yeux, s'imposait, alors Mary Lou n'y pouvait plus rien. Elle ne pouvait pas faire de miracles, manifestement, même si elle était lasse de l'obstination de tous et toutes à fermetr les yeux sur la réalité qu'elle leur agitait sous le nez à longueur de journées. Bénéficier du soutien et de l'attention d'une inspectrice de police aurait pu grandement faire évoluer les choses, prouver que l'affaire était prise au sérieux, que l'on cherchait effectivement à mettre la main sur les vrais coupables. Mais comme elle n'était pas parvenue à convaincre Henry Shaw, qui lui aurait pourtant permis une couverture médiatique appréciable, elle ne convaincrait pas non plus son interlocutrice. Alors elle n'avait pas l'intention de s'égosiller en vain. Elle préférait largement rechercher à attirer l'attention de personnes qui étaient effectivement capables de l'entendre et par la même de faire évoluer la cause des fidèles de Salem dans le sens de l'histoire, une histoire qui à ses yeux stagnait à force de cécité volontaire. Parce que c'était évidemment plus simple de ne pas admettre une vérité terrifiante, quand bien même elle était ce que l'on fait de plus réelle.

-Rien qui ne me vienne à l'esprit, non, répondit alors Mary Lou qui ne se voyait pas collaborer plus longuement avec son interlocutrice.

Peu importe les informations qu'elle pourrait vouloir communiquer, elle songeait qu'elles pourraient se retourner contre elle, d'une manière ou d'une autre. Autant dire qu'elle préférait dépenser son nergie à autre chose, d'autant que ce cas de figure se produisait bien assez fréquemment, du moins. Se lancer dans une chasse aux sorcières, c'était aller affronter des moulins à vent lance à la main. Force était d'admettre que l'on faisait plus reposant.
   
   

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