L'espoir permet de manipuler les hommes || PV Percy

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L’espoir permet de manipuler les hommes

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Percival Graves était de retour. Pas son maître, le vrai Percival Graves, celui qui s’était laissé avoir par le mage noir, celui qui avait perdu son identité et avait permis à Grindelwald d’opérer tranquillement au sein du MACUSA, de placer soigneusement ses pions pour être le joueur le mieux engagé pour remporter la partie. Malgré son retour, ce dernier avait décidé de ne pas récupérer son poste de directeur du département de la justice magique et de laisser le poste à Theseus Scamander, au grand bonheur d’Édouard. Cependant, même hors du MACUSA, Graves s'attelait activement à retrouver par tous les moyens le mage noir.

En tant qu'Auror, Édouard se devait donc de l'aider... Tout en l'orientant vers des fausses pistes, bien évidemment. Pour cela, il avait donné rendez-vous à Graves dans son bureau, au MACUSA. En plus des missions habituelles, Édouard enquêtait pour le Congrès Magique sur le mage noir et il avait prétexté avoir besoin de tout ce que Graves pourrait lui dire à son sujet afin de trouver un moyen de l'attraper. De cette manière, il saurait exactement les connaissances que Graves possédait sur Grindelwald, tout en incitant ce dernier à chercher dans la mauvaise direction. La manipulation était le point fort d’Édouard et la perte des repères de Graves pouvait jouer en sa faveur. Il ne devait pourtant pas le sous-estimer. Malgré son état actuel, son passif en tant que directeur du département de la justice magique témoignait qu’il était un sorcier puissant. De plus, ce dernier devait désormais être très suspicieux envers les sorciers qu’il ne connaissait pas, et le trentenaire n’avait encore jamais rencontré Graves. Cependant, Édouard savait comment mener cet homme dans ses filets. Il allait lui donner ce qu’il voulait : un espoir de retrouver Grindelwald.

Quelqu'un frappa à sa porte, il demanda à la personne d'entrer et Graves fit son apparition. Il lui tendit aussitôt la main pour le saluer :

- Bonjour, Monsieur Graves. Merci d’avoir accepté de venir.

Cela devait faire bizarre à Graves de se retrouver à nouveaux dans les bureaux du MACUSA, en tant que simple sorcier. Tout en le laissant s’installer en face de lui, il observa cet homme qui semblait en effet particulièrement affaibli par les évènements dont il avait été victime. Bien, très bien… Mais restons concentrés.

- Désolé par avance de vous infliger un entretien aussi pénible. Je me doute que vous n’êtes pas enchanté à l’idée de devoir vous remémorer cette nuit où Gellert Grindelwald vous a attaqué, mais le MACUSA a besoin de toutes les informations possibles pour pouvoir avancer dans son enquête pour sa capture.

Il se doutait que Graves ne devait pas se souvenir de grand-chose sur cette fameuse nuit, mais un détail pouvait peut-être lui revenir et avoir de l'importance.

Messages : 108 Date d'inscription : 26/04/2019

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Même s'il n'y travaillait plus, c'était quasiment quotidiennement que Percival se rendait au MACUSA ces derniers temps. C'était normal, ça faisait partie du jeu. En revenant à la vie publique, il savait pertinemment que les choses allaient se passer ainsi, et il avait choisi de jouer le jeu. Son retour constituait une piste non négligeable dans la traque de Gellert Grindelwald pour quiconque avait un semblant de jugeote, et il le savait très bien. Dans tous les cas, ce genre de visite était préférable à toute inactivité potentielle, chose qu'il n'était pas en mesure de tolérer. Il avait sciemment décidé de ne pas récupérer son poste.

Même s'il l'avait voulu, il n'était pas convaincu qu'on le lui aurait cédé dans tous les cas. Il n'était pas en mesure, ni physiquement, ni mentalement, à l'heure actuelle, de revenir sur le terrain, en tout cas pas officiellement, mais ces rendez-vous réguliers et ses acquointances avec le MACUSA lui permettaient au moins de ne pas demeurer en dehors de l'enquête et d'événements qui le concernaient d'aussi près. Le département dont il n'assurait plus la direction était à présent aux mains de Theseus Scamander, avec qui il correspondait bien avant l'intervention du mage noir dans sa vie, il était un remplaçant de choix. Il avait les épaules. Et ce qu'il avait appris du rôle qu'il avait joué auprès des Aurors lors de la soirée de Nouvel An le mettait en confiance également. Même si la confiance était quelque chose de très relatif pour lui maintenant.

Percival avait ce jour-là rendez-vous avec un Auror qu'il ne connaissait pas... Apparemment, il avait été engagé après son enlèvement. Donc il avait reçu l'aval de Grindelwald, d'une certaine manière... Graves partait défiant, sur ses gardes (en même temps l'était-il avec tout le monde), mais dans tous les cas, il gagnait autant que ses interlocuteurs à se livrer au jeu des interrogatoires, même s'il n'aimait pas vraiment ça. C'était un côté de la barrière duquel il se serait bien passé de se trouver. Mais c'était ainsi. Et ce n'était que temporaire.

Il se contenta de hocher la tête quand l'Auror qui s'appelait donc Edouard Blum le remercia d'avoir accepté de le voir. C'était normal. Surtout, ce n'était pas sans raison.

"Je commence à avoir l'habitude, maintenant", se contenta-t-il de répondre d'un ton très neutre. "Je vous écoute. Qu'est-ce que vous voulez savoir ?"

Qu'ils en viennent au fait.

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Il semblait fatigué. Terriblement fatigué. Édouard avait la désagréable impression que l'homme faisait tache dans son bureau, comme un moucheron qui se serait involontairement égaré dans une pièce. Petite rectification : il avait convoqué ce moucheron-là, pour en apprendre davantage sur le fameux Percival Graves et pour l'entraîner dans la mauvaise direction.

Tout en s'affaissant davantage dans son siège, l'Auror scrutait avec attention son interlocuteur. Il se montrait coopératif, mais Édouard décelait parfaitement la pointe de suspicion qui brillait dans ses yeux. Il lui fallait impérativement réussir à gagner, ne serait-ce qu'un peu, sa confiance s'il voulait le faire tomber. Cet interrogatoire n'était qu'un prétexte pour connaître son adversaire, ses faiblesses comme ses qualités. Édouard n'avait pas besoin de grand-chose pour se faire une idée sur une personne, une simple conversation pouvait en dire énormément.

Avant de répondre à la question de Graves qui désirait grandement entrer dans le vif du sujet, il songea à lui servir une tasse de café. Nul doute qu'elle lui ferait le plus grand bien, et Édouard tenait à ce que son interlocuteur se sente le mieux possible pour pouvoir lui soutirer le plus d'informations susceptibles de l'aider. D'un coup de baguette magique, il fit apparaître deux tasses de café et déposa l’une d’elles devant Graves. Il se servit la deuxième et prit une gorgée du liquide délicieusement chaud. Enfin, il ouvrit la bouche, ne voulant pas faire patienter Graves plus longtemps. Cependant, ce n'était pas pour répondre directement à sa question, mais pour poser les bases avant de débuter l'entretien.

- Si je puis me permettre, je vois dans vos yeux de la méfiance. Oh, je ne vous en blâme pas. Nous ne nous sommes jamais rencontrés avant aujourd'hui, il est donc tout à fait naturel que vous ailliez des soupçons me concernant. Après tous ces affreux événements, la tendance est aussi à la paranoïa au MACUSA : tout le monde doute de tout le monde.

Édouard ne pouvait qu'être admiratif envers le mage noir pour s'être montré aussi habile dans sa manière d'infiltrer le Congrès Magique. Il avait imité Percival Graves à la perfection et personne n'avait été capable de découvrir la supercherie, pas même la présidente ! Lorsqu'Édouard avait intégré le MACUSA, il avait d'ailleurs dans un premier temps cru s'adresser au véritable Graves, jusqu'à ce que ce dernier ne lui révèle, après qu'il est pu juger de sa fidélité pour sa cause, sa vraie identité.

- Pour être tout à fait franc avec vous, moi-même j’ai quelques doutes sur vous. Revenir - pardonnez-moi l'expression - d'entre les morts comme vous l'avez fait, il y a de quoi se poser un tas de questions...

Édouard savait parfaitement qu'il n'y avait aucune raison pour le MACUSA de douter de Graves, mais ça, Graves ne pouvait pas le savoir. En y réfléchissant, si l'ancien directeur du département de la justice magique avait finalement voulu récupérer son poste, le MACUSA ne le lui aurait peut-être pas redonné. Il marqua une pause, laissant son interlocuteur juger ses réflexions, puis reprit :

- Vous semblez être une personne digne de confiance, cela dit. Seraphina Picquery vous avait accordé la sienne, et si Madame la présidente en personne vous fait confiance, alors je me fie à son jugement.

Seraphina Picquery se montrait plutôt méfiante au début, lorsqu'il était réapparu, mais Édouard voyait bien qu'elle était heureuse de le retrouver. Elle avait raison de faire confiance à son ancien collègue car celui-ci représentait très certainement un atout dans la traque de Grindelwald. Cet atout était un problème à résoudre.

- Je ne vous cache donc pas que cet entretien est également un moyen pour moi de mieux vous cerner, tout en essayant d'obtenir des pistes qui pourraient nous aider dans notre cause commune : la capture du mage noir. De la même façon, cet entretien vous permettra de vous faire une opinion sur moi.

Il était désormais temps d'en venir aux faits, ce qu’Édouard fit :

- Bien, cela étant dit, j'ai quelques questions à vous poser. Tout d'abord, que s'est-il passé exactement le soir de votre agression ?

Il leva les yeux dans la direction de Graves, attendant posément sa réponse. Ce ne devait pas être un souvenir facile, si souvenir il y avait. Dommage que son maître ne l'ait pas tué, au final. Édouard se demandait si laisser en vie ce sorcier avait fait partie des plans de Grindelwald, ou bien si ce dernier avait réussi à échapper au mage noir. Dans tous les cas, Édouard avait la ferme intention de ne pas donner une chance à Graves d'avoir l'avantage. Cet interrogatoire ne pouvait qu'être bénéfique pour l'Auror, mais pas pour son interlocuteur. S'il connaissait les véritables intentions d’Édouard, il saurait qu'il perdait son temps actuellement. Seulement voilà, Graves n'était pas un legilimens et ne pouvait pas l'entendre penser. Magnifique invention de l'esprit humain que ce cloaque de silence !

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L'Auror fit apparaître devant eux deux tasses de café... Au fond, il apprécierait vraiment d'en boire, et ça lui ferait clairement du bien, mais il ne toucha pas à sa tasse malgré tout. Rattrapé par sa paranoïa (enfin, "rattrapé"... elle ne le lâchait jamais en vérité), il refusait de boire la moindre boisson qu'on lui proposait. Il se doutait bien qu'on n'allait tout de même pas l'empoisonner au sein même des bureaux du MACUSA, mais c'était au sein de ces mêmes bureaux que Grindelwald avait pu déambuler en toute liberté en prenant son apparence. Alors il choisissait de se méfier, tant pis si cela défiait les convenances.

De toute évidence, son interlocuteur avait constaté sa méfiance, et il ne manqua pas de l'exprimer. En effet, Percival était méfiant, et il n'avait pas l'intention de s'en cacher, pas une seule seconde. L'Auror avait l'air de comprendre, tant mieux. Dans tous les cas, ce n'était pas contre lui, à l'heure actuelle, l'ancien directeur du département de la justice magique se méfiait d'absolument tout le monde, et quelque part, il était rassuré que la paranoïa soit monnaie courante au sein du MACUSA. Ce n'était pas forcément le sentiment le plus productif, mais dans les circonstances actuelles, accorder sa confiance à la légère serait la plus grossière des erreurs.

Percival appréciait l'honnêteté de son interlocuteur. Il comprenait qu'on se méfie de lui également, et il préférait être mis à l'épreuve plutôt que cru sur parole dans tous les cas. La franchise d'Edouard Blum le faisait légèrement monter dans l'estime de celui qui n'avait jamais eu l'occasion d'être son supérieur. Il se contenta de hocher la tête aux premiers propos de son interlocuteur. Ils étaient d'accord sur la nature de la situation à l'heure actuelle et la méfiance qui régnait logiquement entre eux deux.

"Je n'en ai plus qu'un souvenir assez flou, malheureusement", admit Percival. Il n'aimait pas dire ça, il n'aimait pas ne pas être capable de mettre des mots précis sur cette soirée lointaine, mais c'était un fait. Il ne voulait pas enrober la situation avec des détails complètement inventés. Surtout pas. Mais il savait qu'il était important de commencer par le début, que chaque détail comptait, et il était prêt à raconter cette histoire des centaines de fois si cela pouvait aider à la capture du mage noir. "Je rentrais du travail, et il m'attendait chez moi. Le combat a duré plusieurs minutes. Puis j'ai perdu connaissance."

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Édouard remarqua que Graves semblait moins tendu qu'au moment où il était rentré dans ce bureau. De toute évidence, ses paroles avaient eu l'effet que l'Auror espérait : rassurer son interlocuteur sur ses intentions et le mettre un peu en confiance. Maintenant que c'était chose faite, la conversation allait être plus simple à mener et obtenir des informations sur l'ancien directeur du département de la justice magique serait facile. Bien sûr, Édouard restait sur ses gardes, il ne devait certainement pas crier victoire trop vite car même en ayant réussi à convaincre légèrement Graves, ce dernier était très loin de lui faire totalement confiance. Seul un idiot naïf l'aurait fait, et Graves n'était pas un idiot. Il en avait l'intime conviction, même s'il le rencontrait véritablement pour la première fois en cet instant.

Il étira un sourire sur ses lèvres. Sourire qui disparut bien vite lorsqu'il s’aperçut que Graves avait eu l'audace de ne pas toucher à sa tasse de café, comme si le trentenaire avait pu chercher à l'empoisonner. Vraiment ? C'était là l'opinion qu'il avait de lui ? Il pensait vraiment qu'il se contenterait de jouer les empoisonneurs et de le tuer, ici, dans les bureaux du MACUSA ? Qu'il allait gâcher une tasse de café, pour le simple plaisir de le voir disparaître ? Pour qui le prenait-il ?

Consciencieusement, Édouard compartimenta sa colère dans un coin de son esprit, laissant de la place à une forme d'amusement. Inutile de s'énerver pour un sujet aussi futile. La paranoïa de Graves était plutôt drôle, mais au fond il comprenait bien que cet homme avait de bonnes raisons d'être constamment sur ses gardes. Après le traumatisme qu'il avait vécu, nul doute qu'il devait être très difficile de reprendre une vie normale.

Il posa sa propre tasse de café et s'empara de celle que l'ancien directeur du département de la justice magique avait délaissé, y trempant ses lèvres. Ce n'était pas empoisonné. Définitivement pas empoisonné. Édouard ne s'abaisserait jamais à ce genre de viles pratiques. Il n'avait de toute manière pas besoin d'une quelconque drogue pour obtenir ce qu'il voulait...

Bon, comme il l'avait pensé, Graves n'avait plus qu'un souvenir très flou du soir où il s'était battu contre Grindelwald. Cela n'avait rien d'étonnant. Il prit son carnet de notes et commença à écrire dedans. Sans quitter les yeux sur la feuille où il écrivait, il poursuivit l'entretien :

- Je vois. Et lorsque Grindelwald opérait au sein du MACUSA, vous n'avez aucun souvenir de l'endroit où vous étiez ?

Tout en interrogeant Graves, Édouard songeait déjà au prochain rendez-vous qu'il aurait avec son maître. Il fallait qu'il l'interroge sur certaines choses. Si Graves avait perdu connaissance cette nuit-là, Grindelwald aurait facilement pu le tuer. Pourtant, il avait fait le choix de ne pas le faire alors que l'ancien directeur du département de la justice magique représentait une grande menace pour lui. En le laissant en vie, le mage noir prenait le risque que sa couverture vole en éclats si jamais Graves finissait pas réapparaitre. Il avait probablement gardé le sorcier dans un endroit secret où il lui était impossible de sortir. Du moins, jusqu'à maintenant.

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Percival était impatient de dépasser le stade des interrogations constantes, de ne plus être au centre de l'attention et de pouvoir poursuivre ses propres objectifs sans avoir besoin de répondre de ce qui s'était passé constamment. Bien sûr, il savait que c'était normal, et il n'aurait pas fait les choses différemment de son côté de la barrière, s'il avait été à son poste d'antan et si un autre avait été la victime de Grindelwald... même si admettre qu'il avait été une victime, se placer dans cette position délicate, était quelque chose de vraiment désagréable. Mais il fallait quand même qu'il reconnaisse ce qui était. Et oui, c'était vrai, il avait été la victime de Grindelwald. Trop longtemps. Autant de temps que ce qu'il fallait pour nourrir sa haine, inévitablement, et il n'attendait que les représailles, à présent. La prochaine fois, il ne se ferait pas avoir, c'était hors de question.

"Oh si, je m'en souviens très bien", répondit Percival d'un ton amer.

C'est vrai, du combat qu'il avait mené contre le mage noir, il ne se remémorait que des fragments. Tout était allé trop vite, et le choc avait effacé le reste. Mais du calvaire continuel qu'avait été sa séquestration, il gardait en revanche le souvenir le plus vivace, de l'instant où il s'était réveillé à celui où il avait pu se réapproprier son identité.

"Il me gardait chez moi", ajouta-t-il, ce qui éveillait en lui un sentiment d'humiliation en plus d'amertume.

Il le gardait sous le coude, pour disposer à loisir de ses souvenirs, de toutes les informations qui pouvaient lui permettre de tenir son rôle à la perfection. Il le maintenant dans l'immobilisme le plus total. Il était enfermé dans son propre décor. Les repères étaient familiers, mais ses capacités d'action réduites à néant. Il s'était souvent dit, dans ces moments-là, qu'il aurait préféré que Grindelwald le tue. Et pourtant, sa rage de vivre avait été la plus forte quoi qu'il en soit. Maintenant, c'étaient des choses qu'il avait déjà dites, il ne savait pas vraiment si ces informations, qui n'étaient pas neuves, serviraient à son interlocuteur, mais peu importe. Il était là pour aider les Aurors du ministère à mettre la main sur Grindelwald. Il faisait sa part du travail. Officiellement.

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L’Auror écoutait attentivement Graves lui expliquer les supplices de sa séquestration. Oh il imaginait sans mal l'épreuve que cela avait dû être, sans parler des tortures qu'il avait certainement subies. Faire perdre toute crédibilité au directeur du département de la justice magique... Grindelwald avait frappé très fort et avait parfaitement réussi son coup. En agissant de la sorte, il avait sapé le moral du MACUSA et la coopération au sein du Congrès Magique était difficile à cause des tensions qui régnaient.

Si l'Auror était seul dans cette pièce, il n'aurait pas hésité à éclater de rire tant l'aura intimidante de Graves diminuait au fur et à mesure de l'entretien. Il avait de plus en plus l'impression de discuter avec un sorcier pathétique qui, malgré sa puissance magique, avait été incapable de rivaliser avec le mage noir. Certes, Grindelwald était le sorcier le plus puissant aux yeux d’Édouard mais il aurait tout de même pensé que Graves aurait les capacités de se défendre avec plus d'intensité. C'était décevant. Enfin, il était plutôt rassuré de se retrouver avec un mage qualifié de puissant qui ne semblait désormais plus être que l'ombre de lui-même.

Édouard toussota pour faire passer son envie de rire et continua d'écrire dans son carnet. C'était amusant de faire se remémorer de douloureux souvenirs à cet homme. Ce dernier n’était pas franchement bavard, se contentant de répondre par des phrases courtes sans vraiment développer et entrer dans les détails. L’enquête peinerait à avancer s’il se contentait de répondre de la sorte, alors il fallait qu’Édouard parvienne à faire en sorte que Graves offre des réponses plus fournies. Il savait que ce n’était pas évident pour ce dernier, qui par ailleurs ne devait pas être enchanté de se trouver ici à l’heure actuelle. Malgré tout, Graves était assez intelligent pour savoir qu’il était obligé de faire part de toutes les informations qu’il possédait pour venir en aide au MACUSA.

- Et vous avez réussi à vous échapper ? Comment ?

Voilà un point pour le moins curieux. La seule chose qui continuait d'intriguer le trentenaire, c'était tout de même la capacité de Graves à être toujours en vie. N'importe qui aurait été brisé psychologiquement et physiquement, mais l'ancien directeur du département de la justice magique avait montré une rage de vivre intense. Et cette rage contre Grindelwald se faisait clairement sentir dans ce bureau. L'Auror ne pouvait pas remettre en doute la détermination du sorcier pour obtenir une vengeance, mais il n'allait certainement pas l'aider à l'accomplir.

Ce qui intéressait également l'Auror, c'était les informations dont Graves disposait sur le mage noir. En effet, il avait côtoyé Grindelwald puisque ce dernier le retenait contre son grès dans sa propre demeure. Il avait peut-être décelé des faiblesses chez le mage noir qui pourrait jouer en la faveur du MACUSA. Il fallait qu’Édouard le sache, c’est pourquoi il ajouta une deuxième question :

- Et pendant ce temps-là, avez-vous découvert un point faible ? Quelque chose qui puisse nous aider à le vaincre ?

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Percival avait bien conscience du fait que cet interrogatoire, toute cette situation, ne le mettait pas particulièrement en valeur. Graves avait sa fierté, il était un sorcier puissant, qui avait conscience de sa valeur. Et cette situation, en plus d'avoir été douloureuse, et éprouvante aussi bien physiquement que mentalement, était également humiliante. Bien sûr, Grindelwald était un adversaire de taille, il le savait très bien, et qu'il ait eu le dessus avait toujours été une possibilité. Mais dans ces circonstances... Même s'il ne décelait rien du mépris qu'il inspirait à son interlocuteur, il se sentait humilié malgré tout. Il n'avait pas besoin du regard des autres pour se juger déjà avec la plus grande sévérité. Car non content d'avoir subi l'ennemi tout ce temps... il n'avait su disposer d'aucune arme capable de renverser la situation. S'il s'en était sortie, il n'avait qu'une maigre responsabilité là-dedans.

"Je l'ignore... Je crois qu'il voulait que je m'échappe. Ou bien il a considéré après l'officialisation de son retour que je n'étais plus une menace."

En tout cas, après avoir été découvert plus tot qu'il ne l'avait prévu (seule satisfaction de Percival dans toute cette histoire), les sortilèges qui le maintenaient captifs avaient été brisés. Devait-il seulement en déduire que Grindelwald avait simplement estimé qu'il n'était pas un sujet de préoccupation majeur ? (dans ce cas, Percival se ferait un plaisir de lui donner tort.) ou cela faisait-il partie d'un plan plus élaboré dont les rouages échappaient encore à sa connaissance ? Il était bien incapable de le savoir à l'heure actuelle. Mais il comptait bien repasser tous ses souvenirs au crible jusqu'à discerner cet élément clé qui inverserait la tendance.

"Je sais seulement qu'il recherchait quelqu'un. Sûrement l'obscurial, mais ça vous le saviez déjà. La suite de ses plans dépendait entièrement de cet enfant."

Sauf qu'aux dernières nouvelles, l'enfant était mort.

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Bien, Graves se montrait un petit peu plus bavard désormais. La situation n'avançait pas très vite, mais au moins il lui apprenait des choses intéressantes et très curieuses.

Donc, l'ancien directeur du département de la justice magique n'avait aucune idée des raisons de sa libération. Il ignorait totalement s'il était parvenu à fuir le mage noir ou bien si ce dernier avait jugé préférable de le laisser partir, songeant qu'il ne représentait plus une réelle menace pour sa cause. Si la seconde option était la bonne, Édouard n'avait rien à craindre de son interlocuteur. Graves était à présent dépassé, trop faible pour pouvoir représenter une quelconque menace pour Grindelwald. Et pourtant...

L'Auror était du genre à sous-estimer très vite les personnes qu'il côtoyait. Seuls quelques rares individus avaient du mérite à ses yeux. Graves n'en faisait pas parti mais il ne pouvait s'empêcher de se dire qu'il ne fallait pas crier victoire trop vite avec lui dans les parages. Il était affaibli maintenant, mais le serait-il dans plusieurs semaines ? En se reposant, Graves pourrait certainement retrouver ses anciens pouvoirs et montrer au mage noir l'étendu de sa puissance. Il n'en était pas question ! Le cas de Graves était assez urgent à régler. Si Grindelwald lui en donnait l'autorisation, il se ferait un plaisir de mettre un terme à son existence une bonne fois pour toute.

Le sorcier fatigué aborda ensuite un point intriguant : l'obscurial. Si Édouard était un Auror fidèle au MACUSA, il lui aurait immédiatement dit qu'il était effectivement sur la bonne voie. Seulement voilà, il servait Grindelwald et toutes les informations qu'il obtiendrait ici, il les transmettrait à son maître. Ainsi, Graves avait-il mené une enquête sur Credence Barebone. Intéressant. Mais il fallait impérativement que le MACUSA évite de mettre ses sales pattes dans cette affaire. Le Congrès Magique considérait l'obscurial comme décédé, et il fallait absolument qu'il en demeure ainsi. Édouard déclara, en affichant un regard qui se voulait le plus honnête possible :

- Sachez que vous n'avez aucune raison de vous en vouloir. Grindelwald a agi lorsqu'il a senti que vous n'étiez pas en mesure de vous servir totalement de vos pouvoirs. Il vous a pris par surprise, mais la prochaine fois ce sera totalement différent.

Édouard avait dit ça avec détermination, bien qu'il ne croyait pas un traître mot de ce qu'il venait de dire. Toujours mettre en confiance sa cible pour mieux la surprendre par la suite, c'était le b.a.-ba pour le jeune sorcier. Il ajouta ensuite, pour reprendre l'entretien sur le sujet concernant Credence Barebone :

- Et sinon oui, on raconte que Grindelwald souhaitait en faire l'un des siens. Mais le MACUSA a réussi à exterminer l'obscurial, alors nous avons une légère longueur d'avance sur lui.

Du côté de Grindelwald, les recherches avançaient et Édouard était quasiment certain qu'il mettrait la main sur cet obscurial très vite. Son maître attachait effectivement une très grande importance pour ce jeune garçon, alors il avait hâte que sa trace soit retrouvée.

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Son interlocuteur (son interlocuteur ou n'importe qui d'autre, d'ailleurs, à ses yeux c'était du pareil au même) aurait beau dire, il ne penserait pas d'une autre manière pour autant : il avait sa part de responsabilité dans ce qu'il était arrivé. Se trouver des excuses ou une quelconque consolation, ça n'y changerait rien... Il aurait dû être prêt, il aurait dû être à même de combattre Grindelwald lorsque ce dernier l'avait surpris chez lui, il aurait dû réussir à s'échapper quand il était sous sa coupe. Le responsable des derniers événements, c'était le mage noir, bien sûr, mais rien de tout ça n'aurait été possible si Percival ne s'était pas montré vigilant jusqu'au bout, ça n'avait pas été le cas.

Il n'avait pas envie d'entendre que la situation avait été inévitable, ou bien qu'il n'y était pour rien... Il fallait bien qu'il assume ses actes... ou l'absence de ses actes. Là où Percival voulait donner raison à Blum, en revanche, c'est quand ce dernier affirmait que la prochaine fois serait différente. Oui, en effet, ce serait différent, Percival y veillerait. La prochaine fois, il serait prêt. La prochaine fois, les rôles seraient inversés. Il ferait ce qu'il faut pour qu'il en soit ainsi, en tout cas. Car oui, son objectif était définitivement de prendre sa revanche sur le mage noir, et il ne laisserait personne l'en empêcher ou l'en dissuader.

Pour ce qui était de l'obscurial, Percival savait en effet qu'il avait été détruit... et donc, logiquement, ça devait s'arrêter là... mais il avait tendance à trouver trop simpliste l'hypothèse selon laquelle il ne recherchait ce gamin que pour l'avoir dans ses rangs. Certes, le gosse s'était révélé d'une puissance aussi instable qu'insoupçonnée, et à un âge beaucoup plus avancé que la moyenne. Mais pourquoi chercher à tout prix à l'avoir, pourquoi être venu jusqu'aux Etats-Unis, pourquoi la nécessité d'emprunter son apparence ? Et que planifiait-il, maintenant ? Les questions en suspens étaient nombreux, et il s'interrogeait sur l'opinion des Aurors sur la question.

"Et selon vous, que recherche-t-il maintenant ?"

Ce n'était pas à lui de poser les questions, techniquement, mais les vieilles habitudes ont la vie dure, et il était las de répondre à tous les interrogatoires possibles et imaginables.

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Par les temps qui courent, il n’était pas difficile de remettre en doute l’autorité du MACUSA. Entre la défaite cuisante contre Grindelwald et la perte de l'obscurial, on ne pouvait pas dire que la situation était très réjouissante.

Par ailleurs, il n’était pas beaucoup plus dur de faire preuve d’un peu de cynisme concernant Percival Graves. Après tout, ce dernier avait tendance à être plutôt risible. Il faut dire que les choses avaient beaucoup changé pour lui : de directeur du département de la justice magique, il était désormais... personne.

Le MACUSA, plutôt que de passer à la vitesse supérieure, se perdait et s'éloignait complètement du sujet principal qui serait censé l'intéresser à l'heure actuelle. Une aubaine ? C’était à se demander si le Congrès Magique retrouverait ses lettres de noblesse un jour.

Dans ce contexte-là, difficile d'agir car il semblait que le MACUSA avait toujours un train de retard. Il se disait pourtant tant bien que mal prêt à rattraper ce retard accumulé. Et il y en avait. Un retard qui avait eu ses conséquences : perte d’influence et d’autorité, ce n'était qu'une question de temps avant que Grindelwald ne triomphe.

Depuis le début de son entretien, tout ressemblait à un cirque. Une mauvaise pièce de théâtre dans laquelle Graves jouait à merveille le dindon de la farce.

Tiens, ce dernier se mettait à poser des questions maintenant. Après avoir bu une gorgée de café, Édouard hocha lentement la tête, tout en répondant à son interlocuteur :

- Bonne question, monsieur Graves.

Cependant, le trentenaire ne souhaitait pas lui livrer ce que le MACUSA savait déjà sur Grindelwald. Pas avant que Graves n'offre sa propre vision des choses. Il dit alors :

- J'aimerai justement avoir votre point de vue sur la situation avant de vous donner notre avis.

A chaque seconde qui passait, à chaque phrase qu’il prononçait, il sentait sa force prendre le dessus. Maintenant qu’il se livrait à une activité délicate, mais familière, toujours imprévisible, à savoir mentir, il retrouvait une force de maîtrise, ce même sentiment de complexité et de contrôle dont il s’habituait chaque jour un peu plus, depuis qu’il avait rejoint le MACUSA.

Il devrait par la suite prendre garde à ne pas dire des choses trop improbables ; il faudrait demeurer dans le vague tout en inventant des détails plausibles. Bref, il devrait faire du travail d’artiste.

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Percival ne prit même pas la peine de réagir quand son interlocuteur souligna la pertinence de sa question. Il savait qu'elle l'était, il n'attendait pas qu'on lui donne un bon point pour cela, il attendait seulement qu'on y réponde. Que ferait-il de l'opinion de l'Auror qui se trouvait face à lui ? Il n'en savait rien encore, mais dans tous les cas, il avait envie de la connaître malgré tout. Recueillir n'importe quelle hypothèse, à ce stade, pourrait être d'une grande utilité, et cet homme, comme ses collègues, avait dû être formé à élaborer des hyporthèses justement dignes de ce nom.

Est-ce qu'il se fierait à l'avis et aux suggestions de son interlocuteur ? Rien n'était moins sûr, en revanche. A force de se méfier de tout et de tout le monde, il avait aussi la fâcheuse tendance à se méfier des dires de chacun, mais ce n'était pas parce qu'il les prenait avec des pincettes qu'il devait refuser catégoriquement à en évaluer la validité. Il n'en était pas question. Mais la réponse du jeune Auror sous ses yeux allait devoir attendre, visiblement, parce qu'il lui retourna la question sans y répondre de suite. C'était le genre de pirouettes rhétoriques que Percival avait en horreur, mais il ne pouvait reprocher à son interlocuteur de l'employer.

Lui aussi ne s'était pas privé de le faire, et à plus d'une reprise, dans des situations similaires. Alors oui, il allait répondre, de toute manière, il n'avait rien à dire de nouveau ou d'édifiant, rien que son interlocuteur n'aurait déduit par lui-même en tous les cas. Ce n'était pas comme si, durant sa pérode de séquestration, Grindelwald s'était posé pour le regarder dans le blanc des yeux et lui exposer ses plans dans le moindre détail. Le simple fait qu'il soit en vie à l'heure actuelle en disait long sur l'indifférence que le mage noir portait au peu d'informations dont disposait l'ancien directeur du département de la justice magique du MACUSA.

"Eh bien... si ce qui intéressait vraiment Grindelwald, c'était mettre l'immense pouvoir de l'obscurus à son service, je suppose qu'il est en quête d'une source de puissance magique similaire."

Voilà, rien que son interlocuteur ne sache déjà, donc.

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L’espoir permet de manipuler les hommes

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La réponse de Graves le rassura. Il n’était pas véritablement avancé concernant les actions qu’effectuait Grindelwald actuellement. Cela dit, il valait mieux rester prudent et ne pas juger trop vite ce sorcier. Certes, il était difficile à cet instant de considérer Graves comme une menace réelle pour son maître, mais peut-être qu’il se rétablirait plus vite qu’Édouard le pensait et une fois remis de ses émotions, l’ancien directeur du département de la justice magique serait certainement un adversaire redoutable. Durant les mois où il s'était retrouvé séquestré dans sa propre maison, il avait dû nourrir une haine profonde pour l’homme qui l’avait humilié et torturé, aussi bien psychologiquement que physiquement. Édouard songeait que cette haine devait être extrêmement puissante. Par conséquent, il fallait être sur ses gardes même si pour le moment Graves avait davantage la carrure d’un agneau que celle d’un loup.

L'Auror prit le temps de trouver les mots adéquats pour répondre à son interlocuteur. Le sorcier devait se montrer habile ; il devait donner une réponse convaincante à Graves sans mettre en péril les réelles intentions de Grindelwald. Le plus simple restait donc d’aller dans le sens du sorcier puisque ce dernier avait plus ou moins vu juste. Le mage noir était bien à la recherche d’une magie puissante, mais il s'agissait toujours de Credence maintenant qu’il savait que l'obscurial était encore en vie.

- Grindelwald est très certainement en train de rechercher une magie similaire. En revanche, nous ignorons où il pourrait se fournir une telle magie.

Des êtres possédant une telle force magique ne courraient pas les rues. Heureusement que l’obscurial n’avait pas trouvé la mort le soir du nouvel an car cela n’aurait pas du tout facilité les plans du mage noir.

- Peut-être avez-vous déjà quelques pistes à suggérer au MACUSA ?

En tout cas, du côté du Congrès Magique, les choses peinaient encore à évoluer, alors peut-être qu’une personne extérieure avait des informations intéressantes à donner. Si le MACUSA avait autant de mal à faire avancer la situation, c’était à cause de la paranoïa qui planait dans les locaux du Congrès Magique. Les récents évènements n’avaient épargné personne, et même si des sorciers tentaient tant bien que mal de reprendre leur travail normalement, personne ne pouvait véritablement faire mine que rien n’avait changé. Au contraire : tout avait changé. Les gens ne se faisaient plus du tout confiance et il était difficile de démêler le vrai du faux. Cela arrangeait bien les affaires de Grindelwald, et c’était tant mieux.

Messages : 108 Date d'inscription : 26/04/2019

l’espoir permet de manipuler les hommes

Percival hocha la tête en entendant la réponse de son interlocuteur. Il n'avait pas de raisons de remettre en cause ses paroles. Même s'il devait se mettre à jour sur la situation et mieux interpréter les signes qui lui échappaient encore, il estimait que les Aurors du MACUSA ne devaient, en réalité, pas être beaucoup plus avancés que lui, même s'ils le voudraient bien. Aussi avait-il tout lieu de penser que, en effet, si les Aurors en étaient arrivés aux mêmes déductions que lui, ce n'est pas pour autant qu'ils avaient une idée très précise de ce que le mage noir convoitait à présent. Cette incertitude, toutes ces indécisions étaient déplaisantes, mais l'ancien directeur du département de la justice magique du MACUSA ne comptait pas se laisser abattre, ou partir défaitiste. Il était affaibli, certes, mais déterminé à se battre malgré tout, et il ne reculerait devant rien, il n'en était pas question.

"J'en ai peut-être quelques-unes", reconnut Percival quand son interlocuteur évoqua l'idée que l'homme dispose de quelques pistes.

Plus ou moins... ce restait à déterminer. Disons que son esprit malmené avait eu le temps de mitonner un nombre conséquent d'hypothèses, malheureusement, beaucoup d'entre elles n'étaient pas forcément dignes d'intérêt ou cohérentes. Il avait encore besoin de faire le tri dans ses pensées, ce qui n'était pas simple quand ces derniers étaient parasités sans cesse par le souvenir des supplices qui lui avaient été infligés. Malgré tout, les partager avec le MACUSA, leur laisser faire le tri, était semble-t-il une chose importante à faire. Sauf que la paranoïa proche de devenir légendaire de Percival avait tendance à prendre le dessus. Il lui était presque impossible d'avoir encore confiance en qui que ce soit après ce qu'il avait vécu, après tout ce qu'il avait traversé.

"Mais... ne le prenez pas pour vous, mais pour le moment, quelles que soient mes hypothèses ou mes suspicions, je préfère les confier à la présidente et seulement à elle. Je lui laisserai le soin de les partager ou non."

Peut-être qu'il avait tort d'avoir confiance en Seraphina, après tout, elle s'était laissée berner comme tous les autres. Mais c'était ainsi, il avait choisi de croire en elle et elle était la seule personne en laquelle il croyait encore, sans avoir le moindre doute.

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L’espoir permet de manipuler les hommes

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Dire qu’Édouard était frustré par la tournure que prenait l’entretien serait un euphémisme. Il était extrêmement déçu que Graves ne daigne lui apporter aucune information. Bluffait-il en lui insinuant qu’il avait peut-être quelques pistes en ce moment ? Le trentenaire ne voyait pas pourquoi il ferait une chose pareille. Dans tous les cas, il allait dans la mauvaise direction puisque Credence était toujours la principale occupation de son maître en ce moment. C'était une bonne chose. Il hocha la tête et répondit :

- Je comprends. J'imagine que vous avez raison de faire confiance à la présidente.

Cela, il devait bien l’admettre. S’il y avait bien une personne en qui l’ancien directeur du Département de la justice magique devait avoir confiance à l’heure actuelle, c’était bien Seraphina Picquery. Visiblement, Graves était doué pour reconnaître les personnes de confiance et celles qui ne l'étaient peut-être pas... Il ignorait si Graves se comportait de la même façon avec les autres Aurors ou si il avait décelé chez Édouard quelque chose qui le poussait à se montrer méfiant envers lui. Ce serait étrange puisqu'il n'avait rien dit qui pourrait faire penser qu'il se trouvait dans le camp ennemi. Non, Graves se comportait de la sorte avec lui car il ne pouvait se permettre de faire confiance à n'importe qui, qui plus est à un individu qu'il venait à peine de rencontrer. Même en étant Auror, Édouard ne pouvait pas prouver qu'il n'avait aucun lien avec Grindelwald. De plus, il n'était pas un cas isolé. Certains Aurors étaient comme lui, et d'autres encore fréquentaient le milieu de la pègre. Bref, tous les Aurors n'étaient pas de bons agents au service du MACUSA. A l'inverse, Seraphina Picquery était une femme que Graves devait bien connaître car avant que le mage noir ne prenne son apparence, il travaillait avec la présidente depuis de nombreuses années. Cette dernière tenait à lui, c'était certain.

Bien que le commité du Département de la justice magique ait encouragé ce petit entretien, Graves se montrait avare en informations. C’était tout à son honneur, mais Édouard aurait aimé en savoir davantage. Bah, ce petit questionnaire était loin d’être inutile pour l’Auror puisqu’il avait obtenu des informations intéressantes à transmettre à Grindelwald. Le mage noir considèrerait-il Graves comme un problème urgent à régler ? Au vu de l’allure de cette homme en cet instant, Édouard avait du mal à le penser mais son maître serait le seul à décider quoi faire de lui.

- Souhaitez-vous savoir autre chose, monsieur Graves ? Ou bien avez-vous une quelconque information à me faire part ?

De son côté, il en avait terminé avec le sorcier et n’avait pas d’autres questions à lui poser. Édouard avait analysé son interlocuteur avec le plus grand soin et il avait un avis sur ce dernier : Graves était un sorcier en apparence faible mais qui pourrait potentiellement devenir un adversaire redoutable à l’avenir. Selon lui, il ne fallait pas le sous-estimer, même si la situation actuelle l’y incitait. Le temps et l’expérience lui faisait prendre conscience que la prudence était nécessaire. Le trentenaire était un sorcier puissant qui ne remettait que très rarement en question son potentiel, mais force était de constater que des sorciers tels que Graves pourraient lui donner du fil à retordre.

Messages : 108 Date d'inscription : 26/04/2019

l’espoir permet de manipuler les hommes

L'Auror ne lui reprochait pas de se montrer ainsi laconique. Tant mieux. Même si cela avait dû le contrarier, cela n'aurait rien changé à la position de Percival, il avait mieux à faire que de ménager les sensibilités des uns et des autres. D'ailleurs, sa décision n'avait rien de personnelle, et il était loin de se douter de qui il avait vraiment en face de lui (dans le cas contraire, il se montrerait d'une toute autre virulence), il était juste défiant au point d'en être devenu un rien paranoïaque, il l'admettait. Et donc oui, c'était à la présidente et à elle seule, pour le moment, qu'il se sentait capable de faire confiance, à personne d'autre. Et il appréciait que son interlocuteur le comprenne.

Certes, cela ne faisait pas progresser ses affaires outre mesure, mais en même temps, s'il devait disposer de quelque information que ce soit qui puisse lui être utile, dans la mesure où Seraphina lui ferait confiance, il les connaîtrait en temps voulu. Pour le moment, tout le monde devait se méfier de tout le monde, c'était comme ça. Même Edouard avait intérêt à se méfier de lui, d'ailleurs, qu'est-ce qui leur garantissait, à tous, qu'il n'ait pas développé une sorte de syndrome de Stockholm tordu qui aurait fini par lui faire prendre le parti de son séquestrateur, après tout ?

Percival prit le temps de réfléchir aux questions que lui posaient son interlocuteur. Puisqu'il avait un Auror sous la main, il pourrait éventuellement saisir l'occasion de lui poser certaines questions, sur l'organisation du bureau à présent, sur la fiabilité de leur nouveau directeur, sur les événements du Nouvel An. Des questions, il y en avait, mais il n'était pas convaincu qu'elles méritaient d'être posées, il avait déjà obtenu plus ou moins toutes les réponses qu'il voulait... Alors ce serait tout. Mais il reviendrait peut-être sur ses propos plus tard, il avait dans tous les cas de nombreuses choses à faire au MACUSA, on le verrait beaucoup rôder dans le coin dans les semaines à venir.

"Non, ce sera tout", répondit-il finalement.

Il était sans doute temps de mettre fin à cet entretien, Edouard avait mieux à faire de son temps de toute façon. Comme participer activement à l'arrestation de Gellert Grindelwald.

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