En désespoir de cause (pv Zelda)

Elizabeth n'avait pas la moindre idée de ce qu'elle était en train de faire... Elle avait beau avoir conscience de l'absurdité de son initiative, elle avait choisi de ne pas faire marche arrière. Elle se sentait démunie, à court d'options, vulnérable, et dans cet état déplorable, elle n'avait pas su quoi faire d'autre, purement et simplement.

Elizabeth s'inquiétait... elle devait se marier dans quelques mois, et elle avait la sensation que son couple se délitait alors qu'Ethan et elle ne s'étaient même pas encore dit oui. Elle aurait peut-être pu rechercher du réconfort auprès de ses proches, qui lui auraient assuré que l'angoisse des futurs mariés était chose courante et qu'elle ne devait pas s'en formaliser, surtout qu'Ethan n'avait pas que les festivités à venir à gérer et était très affecté par son métier d'Auror en ces temps particulièrement troublés....

Mais elle n'avait parlé à personne, ou à personne d'objectif, du moins (le fait que son meilleur ami déteste cordialement Ethan et que ce soit réciproque - au-delà du fait qu'Adalbert était un handicapé sentimental quoi qu'il en soit), et c'était ce qui lui manquait. Elle ne se serait peut-être pas ainsi précipitée dans cette sorte d'initiative incongrue autrement.

Mais peu importe, elle était là, maintenant... Et elle ne comptait pas faire marche arrière. Si elle devait réaliser que c'était une mauvaise idée, elle pourrait toujours faire abstraction de cet épisode et prétendre que rien ne s'était passé, mais en attendant... En attendant, était-ce si absurde de vouloir obtenir les conseils d'une personne qui, dans le domaine concerné, était forcément plus expérimentée qu'elle.

Car c'était de cela qu'il s'agissait. Elizabeth avait le sentiment de ne plus plaire à son fiancé. Elle avait peur de l'ennuyer... Et comme elle se sentait en compétition avec une femme aussi sulfureuse que Milla Holloway, sa confiance en elle-même s'en voyait réduite à néant. Elle devait peut-être faire des efforts, elle en avait bien conscience, et c'est ce à quoi elle allait s'appliquer.

Raison pour laquelle elle se trouvait dans ce bar sorcier du Bronx où elle n'aurait jamais mis les pieds en d'autres circonstances, trop mal famé pour elle. Elle savait que des femmes se... vendaient à cet endroit.

Et elles étaient repérables : à leur accoutrement, leur attitude... Enfin, si elle avait l'oeil, et elle l'espérait, parce qu'en cas d'erreur, elle se sentirait encore plus mal. Au comptoir du bar, elle vit une jeune femme qui lui semblait chercher son prochain client. Très belle, à peine plus jeune qu'elle, elle semblait... abordable, ce qui la rassurait un peu. Elle se rapprocha donc d'elle et se racla légèrement la gorge, un peu mal à l'aise.

"Excusez-moi... Je... hum... J'aurais besoin de vos services."

Elle savait que cette remarque pouvait prêter à confusion, mais tant pis, la maladresse était dite.

- C'est la première fois que tu viens ici, toi.

Elizabeth afficha un léger sourire qui ne dissimulait rien de la gêne qu'elle éprouvait. Elle se sentait terriblement mal à l'aise, et elle ne doutait pas que cela se voie comme le nez au milieu de la figure. Oui, c'était bien la première fois qu'elle mettait les pieds ici, et elle sentait que ça avait de bonnes chances d'être aussi la dernière.

La femme l'observait de la tête aux pieds, la jaugeait, et Elizabeth détestait ça. Elle pourrait difficilement le reprocher à son interlocutrice au vu de ses... fonctions, mais s'il n'était jamais agréable d'être passé au crible d'un seul regard, c'était encore plus compliqué dans une situation aussi inconfortable. Elle avait définitivement envie de prendre ses jambes à son cou, de partir sans se retourner. Mais elle estimait qu'elle était allée bien trop loin, qu'il était beaucoup trop tard pour qu'elle envisage seulement de faire marche arrière.

Alors, c'est quoi le problème ma chérie ? Tu veux essayer avec une fille ? Ton fiancé ne satisfait plus tes attentes ?

S'il était possible d'atteindre encore un nouveau degré de malaise, ce serait le cas au moment où la prostituée suggéra qu'elle voulait "essayer avec une fille". La prude et conservatrice Elizabeth était révulsée à cette seule idée, en contradiction totale avec sa morale puritaine, même s'il fallait évidemment s'attendre à ce genre de suggestions quand l'on venait seule rencontrer une fille de joie en affirmant que l'on voulait faire appel à ses services.

Elle se mordilla légèrement la lèvre inférieure quand Zelda évoqua son fiancé. Elle n'avait fait que supposer qu'elle en avait un, bien sûr, mais elle avait tapé juste. Ou en partie, du moins, et Elizabeth se sentait un peu plus désoeuvrée. Mais au moins, cette simple question avait le mérite de lui rappeler ce qu'elle faisait là et pourquoi elle avait pris l'initiative de venir à la rencontre de cette plantureuse jeune femme. Pas de retour en arrière possible. Il était trop tard pour ça.

"Ce serait plutôt moi qui..." Elle se racla la gorge. Elle était capable de s'exprimer de façon claire et limpide face à toute une classe d'adolescents sans broncher. Mais là, elle perdait décidément tous ses moyens. "Je voudrais... reconquérir mon fiancé."