On n'échappe pas à la magie, même quand la magie nous échappe [pv Lucius]

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arlene n'était pas la femme la plus intelligente au monde, mais elle était motivée et débrouillarde, elle se donnait toujours à cent pour cent dans tout ce qu'elle faisait, et pour cette raison, elle considérait être une bonne employée, elle estimait sincèrement faire du bon travail... et c'était d'ailleurs ce que son patron pensait d'elle la plupart du temps. Pas aujourd'hui, malheureusement. La jeune dactylographe s'était fait passer un savon en règle par son employeur, qui lui avait mis la larme à l'oeil au point qu'elle ait eu bien du mal à retrouver son sérieux et sa bonne humeur après ça. Pour autant, elle ne pouvait ni protester, ni se plaindre. Parce que ce n'était pas dans sa nature d'une part, mais aussi parce qu'elle savait pertinemment, d'autre part, que son patron avait effectivement raison.

Erreurs d'inattention à répétition avaient ponctué son travail ces derniers jours. Elle devait se faire une raison. Elle n'arrivait pas à se concentrait, elle ne réussissait pas à fournir un travail correct et digne de ce nom. Parce que même si son travail n'était pas le plus exigeant du monde, il nécessitait une concentration totale, dont elle avait manqué. L'esprit de la jeune rouquine vagabondait sans cesse, presque malgré elle, veers de dangereux territoires qui étaient à mille lieues de ce que devraient être ses considérations professionnelles. Si bien que, forcément, elle perdait pied et commettait l'une ou l'autre maladresse. Elle pensait à son frère, à Emmett, aux révélations qu'il lui avait faites. Et elle se sentait complètement perdue, à vrai dire... Elle devait remettre de l'ordre dans ses pensées et dans ses choix, mais ce n'était pas facile.

Ce n'était pas faute d'en parler, pourtant. Pas à Illan, bien sûr, ce dernier ne comprendrait évidemment pas, et elle savait d'avance ce qu'il lui dirait. Mais à Wade, du moins, qui jusqu'alors avait toujours su lui prêter une oreille attentive. Malheureusement, même s'il était toujours à l'écoute et de bon conseil, il ne pouvait pas faire de miracles non plus face à une situation comme celle-ci. Alors oui, elle était préoccupée, et quand elle était préoccupée, elle commettait des maladresses.

Elle n'était pas mécontente, pour la peine, de pouvoir rentrer enfin chez elle afin de pouvoir ruminer dans le confort douillet de son petit appartement. Elle était perdue dans ses pensées embrouillés, tandis qu'elle faisait chemin depuis son travail jusqu'à chez elle, si peu attentive à ce qui l'entourait qu'elle ne vit pas la personne qui avançait dans la direction opposée à la sienne, et elle le bouscula sans le vouloir.

-Oh..., dit-elle vraiment confuse, en réalisant son geste. Je suis désolée, je ne faisais vraiment pas attention, c'est ma faute, se répandit-elle en excuses.

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arlene se sentit soulagée d'entendre la réponse de son interlocuteur, qui s'avéra plus cordial qu'elle ne l'avait soupçonné au moment de poser les yeux sur lui. Il s'excusa en retour, semble-t-il que lui non plus n'avait pas été très attentif à où il mettait les pieds. Peu importe, au fond, il n'y avait personne à blâmer pour ce qui n'était jamais qu'une simple bousculade sans conséquence, et qui pouvait bien arriver à tout le monde. La jeune No-Maj envisageait d'adresser encore l'une ou l'autre politesse à son interlocuteur avant de prendre congé de lui et de reprendre sa route, mais c'était sans compter sur la question qu'il lui posa ensuite, et qui la désarçonna un peu.

Elle donnait l'air d'aller si mal que ça ? Au fond, c'était bien possible. Elle s'était sentie au bord des larmes quelques secondes seulement avant de faire si brusquement la connaissance de l'inconnu qui lui faisait face. Elle n'avait pas envie de l'inquiéter pour autant. Darlene était une personne discrète. Elle n'aimait pas se mettre en avant, et elle n'avait pas envie de forcer la compassion de cet inconnu, qui n'en aurait dans tous les cas sans doute rien à faire, de ses états d'âme et de ses histoires de travail... qui étaient bien les seuls qu'elle serait susceptible de lui confier, puisque le reste de sa vie, son frère, Emmett, touchait à un territoire où elle était supposée n'avoir jamais mis les pieds, et qu'elle ne pouvait pas partager avec le premier venu, même si c'était parfois très tentant... et ne serait pas si dangereux (ou presque), si elle savait la nature de son interlocuteur.

-Ce n'est rien, ne vous en faites pas, dit-elle avec douceur, voyant combien son interlocuteur était confus tout à coup. Elle aurait pu le laisser partir tout de suite. Mais cet homme lui inspirait une sincère sympathie. Il avait eu l'air de s'inquiéter de son sort. Alors... même si elle ne le connaissait ni d'Eve ni d'Adam, répondre à sa question, même sans entrer dans les détail, ce ne serait pas une corvée non plus. J'ai passé une mauvaise journée, c'est tout. Elle marqua une pause, hésita un instant. Une indiscrétion pour une indiscrétion. Vous n'avez pas l'air dans votre assiette, vous non plus.

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et inconnu et elle avaient un point commun, manifestement. Pas le meilleur point commun entre tous, mais c'était toujours ça de pris malgré tout. Ils avaient passé de sales journées. Et en parler, même à quelqu'un qu'ils ne connaissaient ni d'Eve ni d'Adam, pouvait bien leur faire le plus grand bien. Elle adressa à son interlocuteur un sourire empreint de compassion. Elle comprenait parfaitement ce qu'il avait traversé, une situation que beaucoup d'autres avaient dû connaître.

Il avait revu une personne qu'il n'avait pas eu l'occasion de revoir de longue date. Et il avait été déçu. C'était une chose que Darlene pouvait comprendre. La vie vous changeait irrémédiablement. Et vos amis d'hier ne devaient pas forcément rester vos amis de demain. Darlene avait eu son lot de rencontres issues du passé, elle aussi, elle ne pouvait pas forcément dire que ces rencontres l'avaient déçue, mais elles l'avaient bouleversée, ça c'est certain. Dans tous les cas, cet homme qu'elle ne connaissait absolument pas, et qui jugeait peut-être, qui sait, trop sévèrement son ami décevant, lui inspirait une certaine compassion. Assez naturelle de sa part, il est vrai, car Darlene était une jeune femme relativement empathique.

-On peut dire ça, oui, reconnut la rouquine avec un fin sourire quand son interlocuteur présuma qu'elle avait dû passer une rude journée au travail.

La déduction n'était pas forcément si évidente à faire. Beaucoup de femmes, après tout, ne travaillaient pas. Mais Darlene songeait que cela devait se voir dans son accoutrement, tout simplement. Elle avait presque envie de rentrer dans les détails des mots qui avaient été prononcés et du mal que ces mots lui avaient fait. Mais ce serait définitivement se faire du mal assez inutilement. Elle préférait se sortir la tête de ses idées noires. Si elle réussissait à se recentrer un peu, elle finirait bien par se sentir mieux, après tout.

-Il y a des jours, comme ça, où tout va de travers. Elle esquissa un fin sourire. Mais ça ira mieux demain.

Ou pas. Demain, ses problèmes ne se seraient pas effacés. Demain, elle s'inquiéterait toujours pour son frère qui risquait sa place et sa réputation en la fréquentant alors qu'il ne le devrait pas. Demain, elle continuerait de penser à Emmett et à leur histoire qui n'avait presque aucun sens. Demain, elle commettrait sans doute de nouvelles erreurs.

-Les gens changent. C'est triste mais c'est ainsi. Mais peut-être que vous ne devriez pas juger si sévèrement cette personne sur la base de vos retrouvailles ? Elle était peut-être mal lunée, qui sait ?

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emain sera meilleur... C'était si facile et naïf de dire ça... Evidemment qu'il n'y avait pas de raisons pour que le lendemain soit annonciateur de moments plus doux et plus agréables que ceux de la veille... Mais Darlene avait toujours été quelqu'un de positif, une indécrottable optimiste, même. Et cela valait mieux, d'ailleurs, car dans des journées comme celle-ci, si on ne réussissait qu'à se convaincre du fait que celles qui suivraient seraient tout aussi chaotique, alors autant perdre d'office et sans chercher plus loin tout l'attrait que l'on pouvait avoir pour l'existence.

Mais de l'attrait pour l'existence, Darlene en avait à revendre, en réalité. Et elle préférait tirer le meilleur de n'importe quelle situation. Y compris de rencontres totalement fortuites comme celle-ci. Elle n'avait pas forcément prévu de bousculer cet homme ou de se taper la causette avec lui, mais il lui était sympathique, tout compte fait, et elle aimait bien faire de nouvelles connaissances. Des fois, ça ne tenait pas à grand-chose. Et puis, il était attentif à ce qu'elle lui disait, et réciproquement.

C'était sincèrement que Darlene s'intéressait à ce que son interlocuteur pouvait avoir à lui dire, sans arrière-pensée d'aucune sorte, sans a priori aucun. Elle l'écoutait et sentait sa curiosité largement piquée en entendant parler de cet homme qui n'aurait rien de fréquentable, qui avait donc déçu son interlocuteur. Sans doute était-il plus fréquentable autrefois et avait-il mal tourné ? Darlene pourrait bien affirmer que n'importe qui avait droit à une seconde chance, mais ce serait faire preuve d'une certaine mauvaise foi. elle-même était capable de se montrer sacrément rancunière, Emmett en savait quelque chose (mais en même temps, il l'avait cherché).

Elle préféra ne faire aucun commentaire à ce sujet et n'en aurait de toute manière pas eu le temps, car l'homme reprit la parole pour observer l'étrangeté de la situation. Il est vrai que ce n'était pas tous les jours que l'on faisait face à un tel cas de figure. Et qui sait, peut-être que cela mettait son interlocuteur mal à l'aise ? Elle ne l'avait même pas envisagé, bêtement...

-Oh non, ce n'est pas vraiment dans mes habitudes non plus, je dois bien l'avouer. Mais croyez-moi, j'ai vu bien plus étrange dernièrement. C'était rien de le dire. Elle avait découvert qu'elle avait un frère, sorcier qui plus est, et dont on avait effacé toute trace de l'existence dans son esprit, elle avait découvert que son ex était lui aussi un sorcier... Comment dire, parler avec un inconnu en pleine rue, ce n'était rien en comparaison. Enfin, vous devez avoir tout un tas de choses à faire, je ne vais pas vous déranger davantage...

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arlene s'apprêtait à prendre congé de son interlocuteur. Même si leur conversation n'avait rien de désagréable, loin s'en faut même, il semblait assez logique qu'elle touche rapidement à son terme étant donné les circonstances dans lesquelles ils s'étaient rencontrés. Alors oui, ils n'auraient plus qu'à tracer leur route l'un et l'autre et à poursuivre le fil de leurs vies qui étaient définitivement plus complexes que ce qu'ils pouvaient bien vouloir. Mais alors qu'elle allait adresser quelques banalités teintées de politesse, son interlocuteur la prit de court en lui laissant entendre qu'il ne voulait pas que leur conversation s'achève si vite et si brusquement.

Il connaissait un café dans le coin, il lui proposait de prolonger leur conversation à cet endroit. Darlene hésita. Elle savait bien qu'il n'était pas forcément stratégique de répondre favorablement à un homme dont pour l'heure elle ne connaissait même pas le nom pour ce qui était de ce genre de proposition. A aucun moment, elle n'avait eu le sentiment que le regard qu'il posait sur elle était déplacé, à aucun moment elle ne s'était sentie draguée ou quoi que ce soit qui y ressemble. Mais on n'était jamais trop prudent... Elle ne voulait pas se retrouver prise au piège d'un flirt qui ne l'intéressait pas du tout.

D'un autre côté, elle aimait penser que cet homme avait simplement envie de parler plus longuement avec elle et sans arrière-pensée. Et pourquoi pas après tout ? C'était son cas à elle aussi. Elle avait bien envie de mieux connaître cet homme qui lui paraissait en soi plutôt sympathique. Pourqui pas autour d'une tasse de café ? Il n'y avait aucun mal à accepter après tout. Ils seraient dans un lieu public, et si elle devait se sentir mal à l'aise, elle pourrait toujours trouver une excuse pour se soustraire à leur discussion sans plus tarder. Alors, après un bref moment d'hésitation, elle accepta l'invitation.

-D'accord... Volontiers, décréta-t-elle dans un sourire. Je vous suis. Elle espérait qu'elle pouvait effectivement se fier à ses goûts en matière de troquets divers et variés, mais là encore, il n'y avait pas vraiment de raison, après tout. Au fait, je m'appelle Darlene.

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arlene répondit par un "Enchantée, Lucius", tout à fait sincère quand son interlocuteur déclina à son tour son identité. Lucius, ce n'était pas un nom qu'on entendait tous les jours, mais la jeune femme estimait que de prime abord, c'était un nom qui lui allait bien. Un nom qui avait du caractère, une certaine forme d'autorité et de rigueur qui semblaient bien lui convenir, quand bien même ces seuls adjectifs ne suffiraient évidemment pas à qualifier cet homme. S'il avait été austère comme pas deux et aussi aimable qu'une porte de prison, Darlene ne se serait évidemment pas donné la peine de passer davantage de temps avec lui.

Ils arrivèrent au café en question. Un endroit chaleureux, agréable et surtout fréquenté. Aussitôt, la jeune femme se sentit à l'aise, et c'était bon signe. L'endroit n'était pas assez "intime" pour prêter à confusion et lui autorisait une voie de sortie si ça devait être nécessaire. Un serveur leur apporta la carte et Darlene plongea son nez dedans sans trop savoir quoi prendre. Après la sale journée qu'elle venait de passer, elle ne serait pas contre une boisson chaude et réconfortante. Un chocolat chaud peut-être ? Sa réflexion n'avait rien de franchement profonde et spirituelle, mais en tous les cas, Lucius y coupa court de telle sorte que la No-Maj sentit un frisson d'angoisse l'envahir. Elle reposa la carte sur la table avec précaution et considéra son interlocuteur avec une méfiance nouvelle.

-Comment est-ce que vous...

Elle n'arrivait même pas à savoir comment finir sa phrase tant elle se sentait prise au dépourvu. Cet homme savait qu'elle connaissait des sorciers, et la sorcellerie. Cet homme, semble-t-il, était lui-même un sorcier (mais Darlene s'était faite une raison, ils étaient partout). Elle savait ce qui arrivait aux No-Majs qui apprenaient la vérité. Elle était l'exception qui ne devrait pas exister grâce à Illan, mais pourquoi cet homme l'épargnerait-il ? C'est sûr que l'inviter dans un café pour l'oublietter dans la foulée, c'était assez absurde comme méthode mais... elle ne jurait plus de ce qui était absurde ou non. Puis elle pensa à Illan. Et si le but de cet homme n'était pas de la piéger elle mais de piéger son frère ? Elle se sentait terriblement mal en cet instant.

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arlene eut la réponse à sa question inachevée quand son interlocuteur suggéra qu'elle prendrait un chocolat chaud. Elle voulait bien ne pas cacher le fait qu'elle était quelqu'un de gourmand, et c'est vrai qu'après une sale journée, elle pouvait avoir envie de plus réconfortant qu'un simple café serré, mais tout de même, la déduction qu'il y avait à en faire était évidente... Il lisait dans ses pensées... Et cette idée la mettait terriblement mal à l'aise.

Darlene n'était pas du genre à avoir honte de ce qu'elle pensait, même si les circonstances faisaient qu'elle gardait beaucoup de choses pour elle-même, mais le fait qu'un inconnu puisse lire dans son esprit comme un livre ouvert, c'était... désarmant et particulièrement désagréable. Elle se sentait mise à nu face à cet homme. Et le fait qu'il en sache tant sur elle alors qu'elle-même ne comprenait pas grand-chose de lui... c'était pire encore. Il était un sorcier, ça elle l'avait bien compris, mais pour le reste... Est-ce qu'il découvrait vraiment à l'instant ses connivences avec le monde des sorciers ou bien l'avait-il su dès l'instant où ils s'étaient croisés ? Est-ce qu'il avait programmé cette rencontre ?

Il lui assurait ne pas lui vouloir de mal, certes, mais en quoi pourrait-elle le croire ? Il pouvait lui dire exactement ce qu'elle avait envie d'entendre puisqu'il était capable de s'immiscer dans sa tête. Cette seule pensée la fit frissonner. Même s'il disait ne pas lui vouloir de mal, pas plus qu'à Illan. Pour elle, cela restait à prendre avec des pincettes. Elle ne comprenait tout simplement pas ce que cet homme lui voulait, s'il lui voulait quelque chose.

-Vous... vous lisez dans mes pensées ?

En vérité, elle l'avait bien compris, mais elle avait besoin d'en avoir la confirmation. Elle se sentait terriblement mal à l'aise en cet instant. Elle cherchait, d'une façon ou d'une autre,à calmer ce malaise.

-Si vous ne nous voulez aucun mal, qu'est-ce que vous nous voulez ?

Est-ce qu'il voulait faire chanter Illan en échange de son silence ? Ou bien s'agissait-il d'autre chose ? Peu importe ce dont il était question, elle avait peur que la situation finisse mal pour elle et pour son frère.

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e dénommé Lucius avait l'air sincèrement navré de sa réaction, tout comme il semblait entièrement bien intentionné, mais il était difficile pour la jeune femme de se rassurer et d'en avoir la certitude. Elle avait peur de tomber dans un piège. Et que ce piège fasse tomber son frère. On lui avait déjà menti et manipulé. Par certains aspects, elle continuait de penser que c'était ce qu'Emmett avait fait avec elle, alors elle avait peur que l'on profite à nouveau de sa naïveté et qu'elle en pâtisse.

En cet instant, elle aussi voudrait sincèrement pouvoir lire dans les esprits des autres. Sur le principe, c'était un don qui l'angoissait (et elle commençait à se demander si tous les sorciers le possédaient. Est-ce qu'Illan lisait dans sa tête à chaque fois qu'ils se voyaient ? Cette pensée n'avait rien de plaisante), mais en cet instant, il lui aurait permis de mieux cerner les intentions de son interlocuteur.

Elle n'avait pas envie d'être désagréable, et si Lucius était véritablement sincère, elle avait d'autant plus envie d'apprendre à le connaître et de partager avec ce sorcier qui l'acceptait sans ses pouvoirs. Sa version des faits n'était pas si incongrue, après tout. Il avait lu dans ses pensées et il avait été curieux, c'était compréhensible. Si vraiment il lui voulait quoi que ce soit, l'aurait-il invité à boire ce chocolat chaud ? A moins une fois encore qu'il soit question de son frère... L'ennui, c'est que même si elle devait chercher à le protéger, en ayant libre accès à ses pensées, ça pourrait bien se retourner contre nous.

-Je ne sais pas si je peux vous croire ou pas... Elle marqua une pause. J'ai passé presque toute ma vie en pensant que je n'avais pas de frère... Je ne veux pas prendre le risque de le perdre de nouveau... de ne même pas me souvenir que je l'ai perdu. Et je ne veux pas lui faire pendre de risques non plus. Si ça se sait, il peut perdre son travail, sa réputation... Elle marqua une pause. Je veux vous faire confiance mais... je ne sais pas comment.

Elle aimerait pouvoir avoir une preuve d'avoir raison, qu'elle ne se laissait pas abuser. Mais ça n'avait rien de simple en vérité.

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arlene hocha la tête, quand bien même ce n'était pas forcément nécessaire qu'elle confirme les propos de son interlocuteur. Ce dernier était capable de lire dans ses pensées, elles n'avaient aucun secret pour lui, alors il avait dû comprendre l'attachement qu'elle avait pour Illan, qui occupait forcément nombre de ses pensées à l'heure actuelle, alors qu'elle s'inquiétait des conséquences néfastes que pourrait avoir cette conversation sur celui qui avait pris tous les risques en la retrouvant, alors qu'elle aurait dû continuer d'ignorer son existence jusqu'au bout. Oui, elle tenait à Illan, et elle ne voulait surtout pas devenir la cause de tous ses malheurs.

Darlene restait défiante... Elle avait envie de finir par y croire, bien sûr, à la gentillesse et à la bienveillance de Lucius, car si cet homme était vraiment désintéressé, elle serait ravie de pouvoir parler de son histoire avec quelqu'un qui était familier avec le monde de la sorcellerie... sauf que tant qu'elle ne serait pas totalement sûre, elle aurait l'impression de se tenir au sommet d'un volcan tout prêt à entrer en éruption.

-Quoi comme sortilège exactement ? demanda Darlene.

Si on devait décider d'utiliser elle ne savait quel sort sur elle (même s'il n'avait pas spécifié que le sort agirait sur elle directement), elle préférait avoir une idée de ce qui l'attendait. Qui sait si ce n'était pas un nouveau stratagème pour endormir sa confiance et l'oublietter ? Dans le contexte, ça ne faisait pas beaucoup de sens, c'est vrai, mais Darlene avait bien du mal à raisonner logiquement et convenablement quand elle craignait à ce point pour sa vie et celle de ses proches. Car au-delà d'Illan... et si l'accès qu'elle donnait sans le vouloir à ses pensées à Lucius devait avoir des répercussions sur Illan ? ou sur Wade ?

Mais si ce sortilège pouvait lui prouver à coup sûr la bonne foi de Lucius, elle voulait lui donner cette chance de lui montrer qu'il ne lui voulait aucun mal et qu'il tenait bel et bien à mieux la connaître, et à échanger avec elle sans mauvaise intention derrière. Il était dommage de devoir en passer par là, mais qui sait si sa prudence ne serait pas par la suite récompensée ? Au moins, Lucius n'y semblait pas réfractaire.

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n sortilège qui lui permettrait d'accéder à ses pensées et à ses souvenirs, vraiment ? Darlene devait bien reconnaître que cette possibilité la rendait pour le moins... perplexe. Jamais elle ne se serait imaginé que par la volonté d'un sorcier, un no-maj puisse être doté, même temporairement, de cette faculté. D'un autre côté, elle ne s'était pas imaginée non plus que des sorciers pouvaient être capables d'une telle chose.

Même si elle découvrait de plus en plus de choses sur le monde des sorciers et la sorcellerie, la jeune femme devait tout de même reconnaître qu'il lui restait encore d'assez nombreuses lacunes à combler. Sur ce point, Illan l'aidait beaucoup, mais le monde qu'il avait rejoint en renonçant par la même à sa famille était si vaste et complexe que le plus simple était encore d'apprendre à Darlene les choses au fur et à mesure, au fil de ses questionnements et de ses interrogations... Et donc, pour certains, de nombreuses choses restaient encore en suspens. Comme les compétences que l'homme lui apprenait posséder.

Ainsi donc, l'art de lire dans les pensées d'autrui se nommait la legilimancie. La jeune femme n'était pas vraiment certaine d'être capable de retenir ce nom. En revanche, elle retenait que c'était un don que tous les sorciers ne possédaient pas. Heureusement, à la pensée que son frère ait pu le posséder sans l'en avertir, elle s'était sentie un instant mal à l'aise.

Les mains agrippées à sa tasse de chocolat chaud qu'on venait de lui servir (et qu'elle n'était pas certaine d'être capable de boire convenablement tant la curiosité, la défiance et l'anxiété avaient chez elle pris le pas sur la gourmandise), elle toisa son interlocuteur comme s'il pouvait lui être possible de lire en lui sans son aide. Comment être certaine de pouvoir lui faire confiance. Qui sait si les pensées et les souvenirs qu'il daignerait lui montrer ne seraient pas inventés de toute pièce. Qui sait si elle n'avait pas d'ores et déjà mis les pieds dans un piège très élaboré duquel elle n'avait aucune chance de sortir indemne. Mais elle avait envie de tenter le coup, elle avait envie de laisser le bénéfice du doute à cet homme, quand bien même une telle décision ferait peut-être pâlir Illan d'agacement.

-D'accord, décida-t-elle dans un hochement de tête, la voix légèrement basse, comme si elle se parlait plus à elle-même qu'à Lucius. C'est d'accord, dit-elle en relevant les yeux pour  planter son regard dans celui de son interlocuteur. Allez-y.

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arlene devait être un peu folle. Ou bien même suicidaire. Elle n'avait pas la moindre idée de ce à quoi elle s'engageait en acceptant l'idée pour le moins... intrigante de son interlocuteur. Ce qu'elle savait en revanche, c'est que c'était peut-être là la seule et unique façon viable de calmer ses inquiétudes, et elle ne voulait certainement pas passer à côté... Elle avait besoin de comprendre cette situation pour mieux savoir qu'en faire, et pour cela, il n'y avait aucune autre solution, pensait-elle.

Il lui adressa une fine esquisse de sourire. Elle le laissa faire. Elle n'était pas vraiment confiante. Mais au final, elle avait surtout envie de déterminer ce qu'il en était. Et qui était cet homme exactement... Si c'était vraiment possible. Elle ferma les yeux, tandis qu'elle découvrait son esprit assailli d'images et de souvenirs qui n'étaient pas les siens, qui assurément appartenaient à son interlocuteur. C'était si vif, si fort, si douloureux qu'elle avait le sentiment que ces souvenirs étaient à elle, que c'étaient ses émotions à elle que l'on malmenait. La douleur d'avoir perdu sa femme et sa fille, elle avait le sentiment que c'était elle à qui l'on arrachait d'une partie d'elle-même. Ses doutes, sa souffrances, ses craintes, tout se mélangeait dans son esprit.

Quand il lui lâcha la main, elle s'autorisa à rouvrir les yeux, elle n'était même pas capable de voir les larmes sur le visage de son interlocuteur, tant ses yeux étaient détrempés, elle était empathique en temps normal, mais là... Comment aurait-elle pu se sentir insensible à ce qu'elle découvrait de son interlocuteur, qui avait déposé toute sa vulnérabilité à ses pieds afin de la convaincre. Il s'excusa de lui avoir faire subir ça. Elle ne lui en voulait absolument pas.

-C'est... Elle se racla la gorge. Elle se sentait terriblement mal, en cet instant. Elle avait la voix atrocement tremblante. Elle avait du mal à rassembler ses esprits. Elle avait l'impression d'avoir vécu plusieurs vie en une fraction de seconde... Comment pouvait-on vivre avec un tel poids sur la conscience. Comment pouvait-on vivre tout court dans ces circonstances. C'est moi qui suis désolée...

Le mal qu'il avait subi, elle ne le souhaitait à personne. Et elle n'était même pas capable de vraiment comprendre cette douleur.

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on, bien sûr, elle n'était pour rien dans ce qui était arrivé à son interlocuteur, mais pour autant, ce "désolée", faute de mieux, elle ne le retirerait pas. Elle se sentait terriblement mal pour cet homme qui avait enduré des épreuves au-delà de douloureuse. Elle ne savait pas comment on pouvait survivre à ça, à la mort de ceux qu'on aime. C'était beaucoup trop injuste, c'était beaucoup trop cruel. La jeune femme était perturbée, tremblante. Elle avait le sentiment que c'était sa femme, son enfant qu'elle venait de voir mourir, elle avait le sentiment d'avoir immédiatement et très directement, trop peut-être, vécu les émotions de son interlocuteur, et c'était éprouvant. Elle avait le sentiment de devoir à présent faire le deuil de ces personnes qu'elle ne connaissait même pas, et cette image, à coup sûr, resterait bien trop longtemps gravée dans son esprit.

-Je... ça va aller, dit-elle en tentant d'afficher un sourire rassurant quand Lucius lui demanda comment elle se sentait.

Elle se doutait qu'il s'inquiétait de l'impact que ce sortilège pourrait éventuellement avoir eu sur elle, et elle ne pouvait absolument pas le lui reprocher, en réalité, car si elle devait lui assurer que tout allait bien dans le meilleur des mondes et qu'elle n'allait garder aucune séquelle, même infime, de cet échange, elle mentirait effrontément. Mais elle allait autrement bien malgré tout. Elle avait besoin de se remettre de ses émotions, ou plutôt des émotions de son interlocuteur, mais ça finirait par aller, il fallait bien que ça aille.

-J'ai l'impression de tout savoir de vous, maintenant, ajouta-t-elle, car c'était effectivement une sensation très étrange, surtout à ressentir au sujet d'une personne qu'elle venait tout juste de rencontrer. Alors qu'au final vous ne savez rien de moi.

Enfin, manifestement plus que ce qu'elle avait bien voulu lui dire, mais en même temps, elle ne pensait pas toute sa vie sur l'instant, il demeurait donc forcément quelques zones d'ombre, et c'était elles qu'elle évoquait en cet instant. Il pouvait poser toutes les questions qu'il souhaitait, elle accepterait d'y répondre, du mieux qu'elle le pouvait, dans la mesure de ce qu'elle pouvait bien acceptait de confier. Elle estimait qu'après ce qui venait de se passer, elle lui devait bien cela, d'une certaine manière.

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on, c'est vrai, "rien" n'était effectivement pas un terme approprié. Il l'était encore moins si l'on admettait le fait que, puisqu'il avait conscience de secret qu'elle devait cacher à tous les autres (à l'exception de Wade, parce qu'elle avait tout simplement été incapable de résister), il en savait certainement plus sur elle, ou du moins sur ce que son coeur renfermait, que la plupart de ses amis desquels elle se considérait pourtant très proches, et à qui elle devait pourtant taire ce qu'elle savait. Cherryl, Jacob, Mildred... ce n'était définitivement pas l'envie qui lui manquait de leur apprendre ce qu'elle savait, mais elle se taisait, bien sûr, parce que les risques qu'elle prenait pour elle-même, elle ne voulait pas les faire subir à d'autres, déjà qu'elle avait bien conscience du fait qu'elle mettait au quotidien son frère en danger, lui qui était revenu vers elle alors que les lois qu'il était supposé servir et faire respecter le lui interdisaient.

Donc oui, il en savait beaucoup sur elle, mais il était loin de tout savoir malgré tout, et elle voulait croire que ce qui flottait à la surface de ses pensées ne rivalisait en rien avec ce que son coeur gardait sous clé. Lucius lui avait donné accès à ses émotions les plus profondes, Darlene n'était pas certaine d'être capable de lui rendre la pareille. Mais dans tous les cas, elle voulait au moins se rendre digne des confidences qu'il lui avait faites sans même prononcer un mot, et qui étaient certainement les aveux les plus sublimes et les plus cruels qu'elle ait jamais eu encaissé, au point qu'elle se sente encore un peu blessée, moralement, affectée par des émotions qui ne lui appartenaient pas.

-Je ne saurais pas vraiment par quoi commencer, répondit doucement Darlene quand Lucius lui demanda son point de vue sur le monde magique. Elle lui devait bien une réponse plus précise, mais il n'était pas si simple de s'exprimer en mots sur la question. Quand Illan - mon frère - a frappé à ma porte pour m'apprendre qu'il était mon frère, qu'on avait effacé une partie de mon existence pour que je ne me souvienne plus de lui, j'ai d'abord pensé que les sorciers étaient cruels, et j'en ai voulu à Illan et à mes parents d'avoir accepté ça. Même maintenant, je leur en veux toujours un peu... mais c'est comme si je m'étais réveillée d'un long sommeil, et maintenant... j'ai l'impression que je ne peux pas faire un pas sans qu'un sorcier croise mon chemin.

Et pour le coup, Lucius en donnait la preuve.

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