Comment ouvrir son coeur quand on a jeté la clé ? [pv Jamie <333]

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erpetua se réveilla brusquement, avec le sentiment qu'on venait de lui marteler le crâne avec des milliers de petits marteaux... Sans doute parce que son cauchemar l'avait tirée de son sommeil un peu trop précipitamment... ou plus sûrement parce qu'elle s'était endormie sur sa table d'atelier, le nez dans ses ustensiles de travail... Oui, ça devait être ça, surtout. C'était quelque chose de courant chez elle. Elle dormait très mal. En proie à de nombreuses insomnies, elle avait tendance à travailler, travailler, jusqu'à ce que le sommeil n'ait raison d'elle et que Morphée ne daigne enfin l'accueillir entre ses bras. Et c'était encore pire après chaque pleine Lune. Elle avait le sentiment que son corps avait à peine le temps de se remettre que déjà un nouveau cycle lunaire touchait à sa fin, et ainsi de suite, encore et encore.

Elle jeta un coup d'oeil à l'horloge murale suspendue au mur. Il faisait encore nuit noire dehors, comme il fallait s'y attendre pour un mois de mars, mais il n'était plus si tard que ça, du moins selon les critères de Perpetua. L'horloge annonçait six heures tapantes. Perpetua ne dormirait pas davantage. Elle s'étira et se décida à se lever, pour le bien de ses membres engourdis qui semblaient définitivement n'attendre que cela. Elle fit quelques pas en bâillant. Son regard croisa un miroir de sa confection. C'était une de ses pires idées, qu'elle ne s'étonnait pas de n'avoir jamais su breveter. Un miroir qui ne montrait pas votre reflet exact mais de la manière dont vous vous percevez. Un vrai bonheur pour les narcissiques, un enfer pour ceux qui vivaient dans l'insécurité permanente comme elle. C'était supposé provoquer un déclic chez les gens comme elle, mais c'était tout sauf le cas. Miroir déformant ou pas, elle avait une mine affreuse, avec ses cheveux décoiffés, ses cernes de six pieds de long, sa peau beaucoup trop pâle et les taches d'encre qui constellaient sa figure. Bon, elle avait besoin d'un café.

La jeune femme se dirigea vers sa petite cuisine, le tout pour constater qu'elle avait oublié de faire le plein de café. Elle poussa un profond soupir. Elle écouta un instant le silence. Elle pensait entendre du mouvement dans l'appartement voisin. Elle hésita... Et en même temps... Avoir un prétexte pour passer du temps avec Jamie était loin de lui déplaire, même cette idée rendait ses mains encore plus moites non plus. Elle tenta de s'arranger, de discipliner ses cheveux et de se laver la frimousse. Pas séduisante pour un sou, songea-t-elle. Tant pis. Tant mieux, non ? Plaire au moins de monde possible devrait honnêtement l'arranger. En douceur, elle sortit donc chez elle, et alla frapper à la porte de chez elle.

-Salut, je te dérange pas, j'espère ? J'ai entendu du bruit alors je me disais que t'étais réveillée et... Elle se mordilla la lèvre inférieur, signe d'embarras. Tu as du café ? J'ai oublié d'en racheter...

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erpetua afficha un sourire en entrant à la suite de Jamie, tout de même légèrement embarrassée. Elle n'avait pas envie de l'embarrasser plus que nécessaire, mais en même temps, elle n'avait aucune envie de juste récupérer son paquet de café avant de tourner les talons. Elle avait beau avoir vraiment besoin de café et n'en avoir effectivement plus chez elle, elle ne pouvait nier que ce n'était pas innocent si elle avait frappé à la porte de Jamie. Elle avait autant besoin de café que de sa compagnie, en réalité, même si elle se sentait toujours un peu gauche, encore plus que d'habitude, en sa compagnie. Toujours impressionnée, toujours inquiète de passer pour une idiote en présence d'une des personnes les plus intelligentes qu'elle connaisse. Qu'il suggère ne serait-ce que de passer du temps en sa compagnie était déjà un privilège à ses yeux.

-Avec plaisir, répondit la jeune femme quand son interlocuteur suggère qu'ils prennent leur café ensemble.

Elle ne comprenait pas que le jeune homme venait à peine de rentrer chez lui et ne devait qu'avoir l'envie de s'effondrer sur son lit, si elle s'en rendait compte, elle se ferait toute petite et retournerait immédiatement chez elle. Elle n'avait vraiment aucune envie de s'imposer. Mais en même temps, elle ne voulait pas retourner chez elle et passer sa matinée en tête à tête avec sa tasse de café brûlant.

-Pas du tout, au contraire, j'ai besoin de me sortir la tête du guidon, j'ai travaillé toute la nuit ou presque. Pour ne rien te cacher, je me suis endormie sur ma table d'atelier, ajouta-t-elle nerveusement, avec un sourire un peu gêné aux lèvres. Elle craignait vraiment de passer pour une gourde, en l'occurrence. Elle aimerait être capable de se présenter sous un meilleur jour quand elle passait du temps avec Jamie. Il l'impressionnait. Il lui plaisait... Elle aussi avait envie de l'impressionner et de lui plaire, mais elle avait l'impression d'être à mille lieues d'en être capable. Est-ce que tu vas bien ? Tu as l'air épuisé...

Maintenant qu'elle calmait un peu sa nervosité, elle prenait le temps d'observer son interlocuteur plus attentivement, et force lui était de constater que Jamie était bel et bien fatigué, ou en donnait l'air, en tout cas. Elle espérait ne pas s'être trompée et ne pas l'avoir tiré du sommeil. Il avait le visage pâle, un peu cerné. En matière de fatigue, ils pouvaient clairement rivaliser l'un avec l'autre à l'heure actuelle. Elle s'en voudrait d'autant plus de s'imposer si Jamie devait avoir seulement besoin de solitude et de repos. Mais maintenant, ils étaient là, tous les deux, et elle n'avait franchement pas envie de retourner chez elle.

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erpetua n'était pas franchement convaincue par la première réponse que lui donna Jamie, et qui eut encore davantage le don de la préoccuper. Elle comprenait qu'il cherche à garder contenance, y compris en sa compagnie, c'était une parade qu'elle utilisait très souvent. C'était une habitude pour elle de dire qu'elle allait bien quand ce n'était pas le cas, de prétendre qu'il n'y avait aucune raison de s'en faire quand c'était pourtant le cas. Mais elle ne devrait peut-être pas s'angoisser plus que nécessaire non plus. Le plus simple et le plus judicieux pour le moment restait d'écouter son interlocuteur, qui semblait au moins ne pas vouloir lui cacher ce qui justifiait tant de fatigue. Elle était en train de porter sa tasse de café brûlant à ses lèvres quand Jamie lui en apprit davantage : il venait de rentrer, il avait passé la nuit au MACUSA. Elle n'avait pas besoin d'en entendre beaucoup plus pour comprendre de quoi il retournait.

Et en effet, c'était une habitude pour Jamie. Une mauvaise habitude. Ce n'était pas nouveau, il se retrouvait très souvent confronté à ce genre de situation. Ses happenings activistes n'étaient jamais hostiles mais ils étaient virulents, ils bouleversaient l'ordre établi, alors forcément, ça devait finir comme ça. Jamie était vu, il était entendu, mais ce n'était pas pour autant que quiconque avait l'intention de l'écouter. Elle avait beau admirer la ténacité et la détermination de Jamie, Perpetua songeait bien souvent que le demi-elfe brassait du vent. Il se mettait en danger pour rien, parce que personne ne l'écouterait jamais, quoi qu'il fasse et peu importe l'énergie qu'il déploierait pour que ça change.

-Ce n'est pas parce que tu as l'habitude que tout va bien, répondit résolument Perpetua en reposant sa tasse de café sur la table un peu trop brusquement, ce qui eut le don de répandre quelques gouttes de boisson à côté. Ce genre de choses ne devraient pas arriver, ajouta-t-elle presque plus pour elle-même que pour Jamie.

Elle était agacée, contre le MACUSA qui ne semblait avoir rien de mieux à faire que de venir mettre dans les bâtons dans les roues d'un homme dont les intentions n'étaient jamais que nobles, après tout, et qui surtout, payait suffisamment au quotidien sa situation sans devoir en rajouter. Elle était aussi agacée contre Jamie d'insister à ce point alors qu'il devait bien avoir compris, à la longue, que les lignes ne bougeraient jamais, que son combat étaient vains. Ils étaient des anomalies, et ils le resteraient. Au moins, être une anomalie cachée du monde la préservait de nuits passées au MACUSA.

-Je suis désolée, tu devais juste avoir envie d'aller te coucher et je débarque comme ça, sans prévenir... Je devrais te laisser te reposer, ça vaut mieux...

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u fond, Perpetua ne sut s'empêcher de se sentir soulagée quand Jamie la retint de s'en aller. Elle aurait compris. Il était à l'évidence fatigué, et il avait eu une nuit compliquée, il était absolument normal qu'il veuille se reposer. Mais, justement parce qu'il avait eu une nuit des plus compliquées, elle voulait aussi être là pour lui, elle se doutait que c'était nécessairement dans des moments comme celui-là que l'on avait besoin de soutien, et peut-être que ça lui ferait du bien d'en parler. C'est vrai, leurs avis divergeaient, et par bien des aspects, mais ce n'était pas pour autant qu'elle échangerait ses conversations avec Jamie contre aucune autre, bien au contraire. Chaque moment passé en sa compagnie lui était infiniment précieux, elle était convaincue, d'ailleurs, qu'il serait sans doute incapable de soupçonner réellement à quel point sa présence à elle seule savait lui faire du bien.

-D'accord, répondit Perpetua avec un fin sourire, recalant, par nervosité, une mèche derrière une de ses oreilles. Quand il était question de Jamie, elle se sentait plus que jamais dans ses petits souliers, mais heureuse, tout de même, que sa présence lui plaise suffisamment pour qu'il ne veuille pas s'en priver alors qu'elle lui offrait une occasion en or de s'épargner sa compagnie.

Elle s'installa donc à l'intérieur, tandis que Jamie lui donnait au moins raison sur un point, à savoir que ce genre de choses ne devraient pas arriver : la belle affaire, qu'il en ait conscience, en réalité ! Au final, ce n'est pas comme si cela changeait grand-chose malgré tout, bien au contraire, même... Et c'était ça qui la tuait, pour sa part : cette impossibilité de voir quoi que ce soit changer un jour, cette conviction que jamais rien ne changerait jamais au bout du compte.

-Parce que ça a vraiment servi à quelque chose, concrètement ? Elle poussa un soupir. Je sais, ça ne sert à rien qu'on ait de nouveau ta conversation. Mais tu dépenses tellement d'énergie, tu mets ta sécurité, ta vie en danger constamment, quand le MACUSA ne lève le petit doigt que pour empirer davantage les choses... C'est insupportable. Elle laissa passer un temps de silence, daigna plonger son regard dans celui de Jamie, ce qui eut le don d'altérer les battements de son coeur complètement malgré elle. Je m'inquiète pour toi, je m'inquiète constamment pour toi. J'ai peur de frapper à ta porte un matin et que tu ne sois pas là, que tu ne sois plus jamais là.

Et elle ne voulait pas que ça arrive. Parce qu'elle avait besoin de lui, beaucoup trop besoin de lui. Elle ne serait pas capable de vivre sans lui, c'était aussi simple... et aussi difficile que ça en même temps.

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